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ARMANDO Esprit, Laurent, Antoine.
Né le 6 février 1904 à
Toulon (Var), mort en déportation le 29 mars 1945 à Neuengamme
(Allemagne) ; ouvrier menuisier ; militant syndicaliste CGTU aux Forges
et Chantiers de la Méditerranée à La Seyne (Var) ; militant communiste,
secrétaire adjoint de la section de La Seyne du Parti communiste en
1939.
Fils d’un ouvrier à l’usine à gaz de Toulon, originaire d’Italie (province de Cuneo), Esprit Amando reçut, comme son frère Edouard Armando,
les premiers sacrements catholiques. Mobilisé pendant la guerre du Rif,
il fut réformé. Ouvrier menuisier modeleur, il travailla vers 1925,
avec plusieurs jeunes seynois, aux usines Renault à Boulogne. Il revint
dans le Var au début des années 1930 en raison de la crise. Toutefois
il ne figurait pas dans le fichier du personnel de Renault. Il
rencontra une militante communiste, Léontine, Hortense, Georgette
Boursignon (née le 31 juillet 1904 à Laval en Mayenne, décédée le 17
août 1978 à Boulogne). Ils se marièrent en octobre 1933 à La Seyne.
Elle tint un bar sur la route de Tamaris, devenu le bar Armando.
Esprit Armando devint ouvrier menuisier aux Forges et Chantiers de la
Méditerranée. Membre du Parti communiste depuis 1927, pour l’élection
législative de 1932, il figurait dans le comité électoral qui soutenait
le candidat communiste. Vers 1934, trésorier du syndicat CGTU des
Chantiers, il devint secrétaire du syndicat et appartenait à la cellule
communiste de l’entreprise. Responsable de La Voix des Chantiers, publication syndicale, il fut licencié pour son « action subversive », selon la police.
Lors de la réunification syndicale, Esprit Armando fut désigné comme
trésorier adjoint du syndicat des FCM, le 26 novembre 1935. Sans doute
fut-il licencié de l’entreprise, puisque cinq mois plus tard, membre du
syndicat du bâtiment, il faisait partie de la commission exécutive de
l’Union locale CGT. Pour les élections municipales de mai 1935, son
frère avait été annoncé comme candidat. Finalement, Esprit Armando le
remplaça sur la liste du « Bloc ouvrier et paysan », indiqué comme
dirigeant du comité de chômeurs de la ville. Le 5 mai 1935, il obtenait
environ 920 voix sur 5 893 inscrits. En 1936, selon la police, il était
membre de la cellule communiste des FCM. Il ne travaillait pourtant pas
dans l’entreprise. Entré comme ouvrier métallurgiste, comme son frère,
aux ateliers Doyen à Toulon, il devint délégué d’atelier en 1939. À la
veille de la guerre, il était secrétaire adjoint de la section
communiste de La Seyne et membre du comité de la région communiste du
Var.
Esprit Armando, à la déclaration de guerre, participa à l’organisation
du travail clandestin jusqu’à sa mobilisation en 1940. Le 18 novembre
1939, il figurait parmi les trente militants jugés « dangereux pour la
défense nationale à interner au centre de surveillance de Saint-Maximin
». Cette décision de la Préfecture ne reçut pas d’exécution. Démobilisé
au Mans (Sarthe), arrêté, prisonnier à Tours (Indre-et-Loire), il
s’évada et revint à Toulon. Il participa à nouveau au travail
clandestin jusqu’à son arrestation le 22 novembre 1940 à la suite d’un
arrêté préfectoral du 14 novembre 1940. Il fut interné peu après au
centre de séjour surveillé de Chibron, près de Signes (Var). Toutefois,
les archives du camp ne signalaient pas sa présence alors que des
témoignages oraux l’attestaient tandis que, selon d’autres témoignages,
à la fin de 1940, il aurait fait partie d’un triangle chargé de
reconstituer le Parti communiste dans la région seynoise. Surveillé par
la police, une première fois convoqué en janvier 1941, relâché, il fut
à nouveau arrêté peu après et incarcéré à la Prison maritime de Toulon.
Le 24 juillet 1941, le Conseil de guerre maritime de Toulon le
condamnait à dix ans de travaux forcés et à vingt ans d’interdiction de
séjour et à la saisie de ses biens. Quelques jours plus tard, la
Préfecture proposait sa déchéance de la nationalité française. Détenu à
la prison Saint-Roch de Toulon, il fut transféré à la centrale d’Eysses
(Lot-et-Garonne), puis le 2 juin 1944, au camp de Compiègne (Oise). Le
25 juillet 1944, il fut déporté à Neuengamme où il mourut.
A La Seyne, son nom fut donné à une artère.
SOURCES : Arch. Dép. Var, 4
M 48, 54, 59 4 2, 3, 4 ; 7 M 12 2 ; 3 Z 2 6, 12 ; 3 Z 4 30, 6 16.
—Secrétariat d’État des Anciens combattants et victimes de guerre. —
Section Histoire des usines Renault. — Presse locale. — Sources orales.
— Notes de Jean-Marie Guillon.
Pour citer cet article :
http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article10218,
notice ARMANDO Esprit, Laurent, Antoine par Jacques Girault, version
mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 10 octobre
2008.