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COSTE Baptistin [COSTE Jean-Baptiste, Léon, Baptistin].
Né le 11 avril 1893 à La Seyne (Var) ; mort le 18 juillet 1960 à La Seyne ; tour à tour ouvrier-tôlier à l'Arsenal maritime de Toulon (Var), mécanicien-matelot, soudeur ; militant socialiste de la Seyne (Var) et syndicaliste cégétiste de l'Arsenal maritime de Toulon.
Baptistin Coste était le fils d'un chaudronnier en fer à l'Arsenal maritime de Toulon puis aux Forges et Chantiers de la Méditerranée. Son père habita rue Évenos, puis rue Franchipani et lui fit donner les sacrements catholiques. Sa soeur entra à l'École normale et devint institutrice, Après avoir obtenu le Certificat d'études, il entra comme apprenti tôlier à l'Arsenal (Direction des constructions navales, atelier de la Petite chaudronnerie) le 5 octobre 1909. Il effectua son service militaire à partir du 25 novembre 1913, comme matelot mécanicien, notamment sur le croiseur d'Iberville (avril 1916-juin 1918), et resta sous les drapeaux jusqu'au 9 février 1919, date à laquelle il fut réadmis à l'atelier de la Grosse chaudronnerie.
Marié à La Seyne, en février 1917, son épouse tint une chapellerie, rue Franchipani, à la fin des années 1920. Ils eurent un fils, Albert Coste (voir ce nom) qui fut seulement baptisé. Ce dernier devint lui aussi militant socialiste de La Seyne (Var) et militant syndicaliste de l'Arsenal.
Coste travailla au Mourillon comme soudeur autogène, puis revint à l'atelier de la Grosse chaudronnerie en janvier 1923. Il était en septembre 1919, le trésorier provisoire des Jeunesses syndicalistes de Toulon. Élu le mois précédent au conseil d'administration du syndicat CGT des travailleurs de la Marine, secrétaire aux procès-verbaux, il se rangea très vite aux côtés de Lamarque et de Bérenguier (voir ces noms) contre l'offensive des " révolutionnaires ". Aussi, succéda-t-il à Bérenguier comme secrétaire du syndicat CGT vers 1926. Il participait régulièrement aux congrès de l'Union départementale. Notamment, le 6 avril 1929, il fut de ceux qui attaquèrent Portalis (voir ce nom) et les syndicalistes qui n'avaient pas respecté le " boycott " du Petit Var. Il fit partie de la commission d'apaisement nommée pour trouver les conditions du retour à la vie normale du syndicalisme. Au début des années 1930, il n'était plus que secrétaire adjoint du syndicat et était élu à la commission locale des salaires.
Son action s'exerçait aussi dans le domaine politique. Membre de la section socialiste de La Seyne, il s'était prononcé en décembre 1920 pour la motion Blum et partagea jusqu'en 1930 les analyses de La Vie socialiste. Élu conseiller municipal de La Seyne, le 2 mai 1925, sur la liste " rouge du Cartel " avec 2 356 voix sur 4 667 inscrits, il participait aux commissions des finances et des fêtes. Il fut aussi désigné en décembre 1936 au conseil d'administration du sous-comité du patronage laïque. Candidat en 1929 sur la liste " socialiste et d'union des rouges ", il fut réélu, le 5 mai, avec 2 106 voix sur 5 077 inscrits.
Membre des mêmes commissions, il fut à nouveau candidat sur la liste socialiste en 1935. Le 5 mai, il obtenait 1 458 voix sur 5 893 inscrits et fut élu au deuxième tour avec 2 465 voix. Il n'était que membre de la commission des finances et comme ses collègues fut révoqué au début de 1941.
Membre du comité qui soutenait la candidature de Renaudel aux élections législatives de 1928, il était souvent délégué dans les congrès de la Fédération SFIO. En janvier 1930, il marqua des distances avec les analyses de Renaudel en intervenant contre la participation pour que le " Parti reste le parti de la classe ouvrière " (selon les comptes rendus du Petit Provençal du 12 janvier 1930).
Lors de la scission de 1933, Coste, comme d'autres socialistes seynois, choisit de rester dans l'autonomie. Les événements de 1934 eurent une grande influence pour expliquer son évolution. Le 10 janvier 1934, il participait au nom du Comité de vigilance de La Seyne, à une réunion organisée dans la ville par le Comité de lutte contre la guerre et le fascisme (Amsterdam-Pleyel) et le Comité de vigilance républicaine et laïque. Le 12 février 1934, il était un des orateurs du meeting CGT-CGTU à la Bourse du Travail de La Seyne. Aussi dans les discussions entre socialistes seynois, pesa-t-il de toute son influence pour la réadhésion à la SFIO annoncée dans la presse le 19 mars 1934. Il devint secrétaire adjoint de la section SFIO de La Seyne en janvier 1935 et président du cercle des Travailleurs, le 1er février suivant.
Ces choix politiques avaient aussi leurs correspondances dans ses engagements syndicaux. En 1934, comme délégué à la commission locale des salaires, il s'adressa en de nombreuses occasions aux travailleurs de l'Arsenal. Le 13 septembre, bien que non mandaté par la CGT, il participa à un meeting du Comité d'unité d'action de l'Arsenal. Aussi figurait-il sur la liste unique présentée par la CGT et la CGTU pour l'élection de la nouvelle commission locale des salaires, le 4 octobre 1934. Il fut élu avec 4 648 voix. Le 8 février 1935, le ministre le nomma membre titulaire de la commission mixte consultative du travail. Pourtant lors de la réunion de Comité d'unité d'action, Bartolini (voir ce nom), approuvé par Coste, estimait qu'il devait être désigné pour cette responsabilité puisqu'il avait obtenu le plus de voix. Le 1er Mai 1935, il parlait à nouveau dans le meeting intersyndical à la Bourse du Travail de La Seyne. Quand la réunification syndicale se fit à l'Arsenal en novembre 1935, il devint membre du conseil d'administration du syndicat. Réélu le 1er octobre 1936 à la Commission locale des salaires, il était élu le 26 octobre 1936, comme délégué au comité local des oeuvres sociales.
Coste avait refusé de faire partie de l'Amicale socialiste qui s'était créée à l'Arsenal maritime. Quand les Amis de Syndicats amplifièrent leur offensive contre les dirigeants anciens unitaires du syndicat, il prit ses distances. Ainsi, le 13 mai 1937, adjurait-il dans un meeting syndical " les ouvriers de rester étroitement unis et de faire abstraction de toute politique devant les problèmes corporatifs ".
Quand le débat s'engagea à propos des décrets-lois, Coste se prononça contre toute grève qui, dans le contexte, ne pouvait être selon lui que politique. Mis en minorité, il fit malgré tout grève le 30 novembre 1938, fut sanctionné d'une journée de mise à pied et d'une réduction de 0,10 franc horaire pendant trois mois. Pourtant critiqué par les communistes, il démissionna du conseil d'administration du syndicat et, en février 1939, refusa d'être candidat à la Commission consultative mixte du travail pour se consacrer à la Commission locale des salaires.
On pensait que Coste était franc-maçon. En fait, selon le témoignage de son fils, il ne l'était pas mais pensait souvent comme un franc-maçon. Le 20 décembre 1935, il fut nommé délégué cantonal de La Seyne. Il intervint lors d'une réunion, le 13 août 1936, organisée à La Seyne par le Comité de défense des révolutionnaires espagnols animé par des anarchistes. Il y préconisa l'aide effective et immédiate. Le Parti communiste fit une démarche auprès de lui pour qu'il acceptât de succéder à Victor Étienne (voir ce nom) à la tête du Comité local de Front populaire en février 1938. Il refusa.
Non mobilisé pendant la guerre, Coste refusa tout engagement syndical. En contact avec les socialistes clandestins et les membres du MLN, il ne reprit pas d'activité. Nommé chef ouvrier le 1er juillet 1944, il fut rayé des cadres de l'Arsenal, comme chef d'équipe, le 15 avril 1949.
Membre non militant de la SFIO, adhérent à la CGT-FO, toujours délégué cantonal, militant de la Ligue de l'Enseignement, il devint en 1950 président de la délégation cantonale.
Coste mourut à La Seyne, le 18 juillet 1960 et fut enterré civilement. La municipalité communiste donna son nom à une école primaire.
Son épouse Coste Clotilde, née Caluri, commerçante, était la secrétaire adjointe du groupe de femmes SFIO de La Seyne en janvier 1935. Quant à son oncle Joseph Coste, né en 1847, (voir ce nom), il avait été président du cercle des Travailleurs de La Seyne.