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CRESP François, Augustin.
Né le 28 août 1887 à La Seyne (Var) ; mort le 31 octobre 1960 à La Seyne (Var) ; marié ; commerçant ; adjoint au maire communiste de La Seyne à partir de 1945.
Fils d'un marin de la Marine marchande, originaire des Alpes-Maritimes, et d'une épicière, Cresp reçut les sacrements catholiques. Titulaire du Certificat d'études, il s'engagea en 1905, puis mobilisé en 1914, fut affecté dans une entreprise toulonnaise en 1917. Marié à La Seyne en décembre 1913, socialiste avant 1914, il travaillait dans les bureaux des Forges et Chantiers de la Méditerranée. Sportif, il devint par la suite commerçant-artisan en cycles.
Cresp fut élu comme " candidat sportif " sur la " Liste d'action républicaine et socialiste - Bloc des gauches " où dominaient les socialistes SFIO aux élections municipales de La Seyne en 1919. Le 30 novembre, il arrivait en neuvième position avec 1 204 voix sur 4 760 inscrits ; il obtint, le dimanche suivant, 1 540 voix (cinquième position). Il fit partie de la commission des finances. Lors de l'élection sénatoriale, le 11 janvier 1920, à Draguignan, il siégea au bureau comme assesseur en tant que plus jeune délégué sénatorial du département.
Cresp, selon des témoignages, se rallia à la IIIe Internationale en 1920. Nous ne savons pas quelle fut son attitude au sein du conseil municipal à partir de 1921. Selon République (2 juillet 1920), il avait " cessé de s'intéresser aux affaires de la ville ". Le rapport pour le congrès fédéral du Parti communiste indiquait, le 14 janvier 1923, qu'il venait de quitter la Ligue des Droits de l'Homme. Quand le Parti communiste s'organisa à La Seyne, Cresp participa aux réunions. Le 10 novembre 1921, il siégeait au bureau d'un rassemblement à la Bourse du Travail avec Marthe Bigot. Pour l'élection au conseil général en 1922 où le Parti communiste présentait la candidature Marty contre le conseiller sortant SFIO, Lamarque (voir ce nom), Cresp anima la campagne.
Quand le rayon de La Seyne fut créé en 1924, Cresp faisait partie de son bureau. Après la fusion avec le rayon de Toulon, il devint trésorier adjoint, le 24 juin 1925. Cresp, avec Lehujeur (voir ce nom) fut dans la période qui suivit, le pivot des communistes français dans la cité ouvrière. Le 13 avril 1927, la police le verbalisa pour distribution de tracts intitulés " La Russie vivante ".
Cresp était en deuxième position sur la liste des candidats " du Bloc ouvrier et paysan " aux élections municipales de 1929. Le 5 mai, il obtint 447 voix sur 5 077 inscrits. En novembre 1931, un rapport de police signalait qu'il avait succédé à Lehujeur comme responsable du Parti communiste à La Seyne. À la fin de 1933, un autre rapport précisait qu'il était secrétaire et trésorier de la cellule aux faibles effectifs. L'année précédente, dans la préparation des élections législatives de 1932, il siégeait au Comité central de la deuxième circonscription de Toulon.
Les événements de février 1934 touchèrent fortement la région d'autant plus que les émigrés antifascistes italiens étaient nombreux. Cresp parla, le 11 février, dans un meeting organisé par le comité de vigilance républicaine et, le lendemain, siégeait au bureau du meeting commun aux organisations syndicales. La crise frappait durement la région et le Parti socialiste venait de subir les conséquences d'une importante scission (Renaudel était député du secteur, mais le conseiller général Lamarque, après des hésitations était resté à la SFIO). Dans ce contexte, avant le pacte national, communistes et socialistes signèrent un accord pour l'unité d'action antifasciste. Cresp qui n'avait pas perdu ses relations avec ses anciens amis, toujours conseillers municipaux, joua un rôle important dans ce rapprochement.
Cresp fut présenté aux élections pour le conseil général dans le canton de La Seyne. Le 7 octobre 1934, il arrivait en troisième position avec 827 voix sur 7 196 inscrits. Le soir même des résultats, il annonça son désistement pour Lamarque au balcon de l'Hôtel de Ville et signa une affiche " Unité d'action ", où il affirmait " s'abstenir, c'est donner sa voix au fascisme ". Lamarque conservait son mandat menacé par les amis de Renaudel grâce à l'action des communistes. Quelques jours après, le Cercle des travailleurs de La Seyne, à direction socialiste, offrait un banquet pour fêter l'élection et Cresp y fut l'invité d'honneur.
Cresp participa à la renaissance du Parti communiste dans la ville et fut notamment l'orateur désigné lors du meeting du Premier mai 1935. Aux élections municipales de 1935, il était en tête de la liste du " Bloc ouvrier et paysan ". Elle arriva en troisième position et son désistement assura la victoire de la liste sortante présentée par la SFIO. Grâce au Parti communiste, la scission à l'intérieur de la SFIO n'avait pas abouti au renforcement électoral des amis de Renaudel. Les retombées immédiates furent l'élection du communiste Bartolini (voir ce nom) après le décès de Renaudel.
Cresp fut remplacé aux responsabilités principales dans l'organisation communiste de La Seyne ; il restait membre du comité de section. Il devait être en 1937 secrétaire de l'organisation " Paix et Liberté ". Quand la région communiste du Var se constitua, le 19 novembre 1938, il fut désigné comme membre de la commission de contrôle du comité régional.
D'autre part, Cresp entretenait des relations avec les milieux anarchistes de la ville, nombreux et influents. Le 13 août 1936, il présidait une réunion du Comité de défense de la révolution espagnole qui demandait au gouvernement de Front populaire de soutenir plus efficacement l'Espagne républicaine.
Le 10 octobre 1937, Cresp fut candidat au conseil d'arrondissement dans le canton. Pour la première fois, le Parti communiste précédait le Parti socialiste SFIO dans une telle élection. Il arrivait en deuxième position avec 1 655 voix sur 7 917 inscrits et se désistait pour le conseiller sortant, le radical-socialiste Simon.
Un décret préfectoral, le 18 novembre 1939, le classait parmi les trente " individus dangereux pour la défense nationale à interner au centre de surveillance de Saint-Maximin ". Ce voeu ne fut pas appliqué. Le commissaire spécial de Toulon demanda son internement, le 19 mars 1940, puisqu'il était au centre des activités communistes clandestines dans la région. Le 26 mai 1940, il fut interné au camp de Chabanet (Ardèche). Il fut transféré au camp de Nexon (Haute-Vienne) le 1er février 1941 puis en octobre 1942, au camp de Saint-Paul d'Eyjeaux (Haute-Vienne), d'où il fut libéré, le 30 mars 1943. Il vécut alors jusqu'à la fin de la guerre replié au Beausset (Var). Membre de la délégation municipale de La Seyne en septembre 1944, de la commission des finances, Cresp fut élu conseiller municipal de La Seyne sur la liste " d'Union républicaine et antifasciste " où ne figuraient pas les socialistes SFIO. Elle avait obtenu une moyenne de 5 021 voix sur 11 637 inscrits, le 29 avril 1945. Il fut délégué au ravitaillement. Il figurait à nouveau sur la " liste d'union républicaine et résistante et de défense des intérêts communaux " présentée par le Parti communiste. Le 19 octobre 1947, quatorze candidats obtenaient une moyenne de 4 599 voix sur 13 411 inscrits. Cresp devenait adjoint au maire. Il fut réélu, le 18 juin 1950, sur la " liste d'union républicaine et résistante et de défense des intérêts communaux présentée par le PCF " (moyenne de 5 187 voix sur 13 062 inscrits), le 26 avril 1953 sur la " liste d'union ouvrière et démocratique, de défense des intérêts communaux dans l'indépendance nationale et la paix " (moyenne de 6 215 voix sur 14 265 inscrits) et le 8 mars 1959, sur la " liste d'union républicaine de défense des intérêts communaux et de défense des réalisations sociales " (moyenne de 7 677 voix sur 17 730 inscrits).
SOURCES : Arch. Nat. F7/13021 ; 13096 ; 13164. - Arch. Dép. Var, 2 M 4.II ; 2 M 5.285 ; 2 M 6.25 ; 2 M 7.24.3 ; 2 M 7.32.3 ; 2 M 7.35.3 ; 4 M 46 ; 4 M 49.4.2 ; 4 M 49.4.3 ; 4 M 55.2 ; 4 M 59.4.1 ; 4 M 59.4.3 ; 4 M 59.4.4 ; 7 M 12.2 ; 18 M 14 ; 3 Z 2.5 ; 3 Z 2.6 ; 3 Z 2.9 ; 3 Z 2.20 ; 3 Z 4.29. - Affiches conservées à la Bibliothèque nationale (annexe de Versailles). - Arch. Com. La Seyne. - Archives privées : fonds P. Fraysse. - Renseignements fournis par la famille et par J.-M. Guillon. - Sources orales. - Presse locale.