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LAMY
Paul, Marie.
Né le 30 août 1870 à Apt (Vaucluse), mort le 26 janvier 1964 à La
Seyne-sur-mer (Var) ; instituteur dans le Vaucluse ; militant
syndicaliste ; militant socialiste SFIO.
Fils d’un quincaillier,
après sept ans de service militaire (Dahomey, Tonkin, Siam) au cours
desquels il perdit l’œil gauche, Paul Lamy fut, en 1912, instituteur à
Apt. Pacifiste et socialiste, membre de l’Amicale des instituteurs du
Vaucluse, il signa, en septembre 1912, le Manifeste des instituteurs
syndiqués après le congrès de Chambéry. Il écrivit deux articles «
violents » qui lui valurent d’être convoqué par l’inspecteur
d’Académie, en octobre 1912. Il déclara que l’expression avait dépassé
sa pensée. L’inspecteur d’académie notait dans sa lettre au préfet qui
demandait une réprimande, « M’a donné l’impression d’un sentimental et
d’un nerveux, obéissant facilement à une impulsion première, mais ce
n’est point un de ses écrits ou une de ses révoltes qu’on pourrait
considérer comme dangereux pour l’enseignement primaire ». En juillet
1914, lors de la grève des ouvriers confiseurs d’Apt, il expliqua la
nécessité de constituer un syndicat tout en exhortant les ouvriers au
calme.
Pendant la Première Guerre
mondiale, il ne perdit pas de vue l’action corporative. Secrétaire de
l’Amicale du Vaucluse, il protesta au conseil départemental de
l’enseignement primaire du Vaucluse, en 1916, pour défendre les droits
du personnel. Zimmerwaldien, il se fit le défenseur des époux Marie et François Mayoux et d’Hélène Brion
avec laquelle il échangea une correspondance. Après l’arrestation de
cette dernière, le 17 novembre 1917, et la grande offensive
gouvernementale contre les instituteurs pacifistes, Paul Lamy subit une
perquisition. Il dirigeait un journal local, La Petite Gazette Aptésienne,
et, le 17 novembre 1917, il y publia un article intitulé « La paix du
Soviet » où il déclarait notamment : « Elle est émouvante et belle la
déclaration par laquelle le Soviet propose la paix », article auquel
l’inspecteur d’Académie répondit : « Le programme de « paix du Soviet »
est de toute évidence un document extrêmement pénible pour la
conscience française, puisqu’il offre à nos ennemis une base de
discussion des plus avantageuses, qu’il veut ignorer de quel côté a été
l’agression, qu’il met à la charge commune des belligérants les
réparations dues par les auteurs responsables du conflit et qu’il
subordonne la question d’Alsace-Lorraine à des conditions dérisoires
pour nous ». Cet article s’ajoutait à d’autres qu’il avait publiés dans
L’École, le journal de la
Fédération des syndicats d’instituteurs et d’institutrices publics.
Aussi le préfet demanda-t-il une mesure disciplinaire contre lui, que
le ministre refusa.
En 1919-1920, membre du
Parti socialiste SFIO, président du congrès socialiste du Vaucluse à
Avignon le 12 janvier 1919, Paul Lamy fut déçu de voir qu’aux élections
législatives son parti ne le choisissait pas comme candidat. Après le
congrès de Tours (décembre 1920), il n’adhéra pas au Parti communiste
et demeura au Parti socialiste sans jouer un rôle de premier plan. On
le vit encore prendre la parole, comme doyen des militants socialistes
du département, le 19 juillet 1936, à l’occasion de la visite de Léo Lagrange à Apt.
Paul Lamy, veuf, se remaria le
29 juillet 1922 à La Seyne avec Marthe Gobil, institutrice, veuve.
Retraité, il vint habiter La Seyne dans le quartier de Saint-Elme où,
propriétaire, il était inscrit sur les listes électorales. Veuf à
nouveau, il se remaria le 3 octobre 1931 à La Seyne avec Marie Roux,
sans profession, fille d’un entrepreneur. Il adhéra à la section
socialiste de La Seyne. Après la scission des néos-socialistes, lors du
congrès de reconstitution de la Fédération socialiste SFIO du Var, le 3
décembre 1933, il fut désigné à la commission de propagande du deuxième
canton de Toulon.
SOURCES : Arch. Dép. Vaucluse, 1 M 817, 825, 841, 855 ; 10 M 30. —
Bernard, Bouet, Dommanget, Serret, Le syndicalisme dans l’enseignement,
coll. de l’IEP de Grenoble, tome II, p. 49, p. 63. — Thierry Flammant,
L’École émancipée : une contre-culture de la Belle époque, Treignac,
Les Monédières, 1982, pp. 223 et 266. — Notice par François Roux dans
le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, t. 33. —
Notes de Jacques Girault.
François Roux