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Dictionnaire du Mouvement Ouvrier Seynois
Notices rédigées par
Jacques GIRAULT
 
MAZAN Paul
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MAZAN Paul, Léon, Marius.

Né le 2 août 1898 à La Seyne (Var) ; mort le 27 juin 1956 à Toulon (Var) ; ouvrier à l'Arsenal maritime ; secrétaire du syndicat CGTU des travailleurs de la Marine (1930).

Fils d'un ouvrier journalier originaire des Basses-Alpes, Paul Mazan devint en septembre 1912 apprenti charpentier en bois et fer à l'Arsenal maritime. Après avoir effectué son service militaire comme matelot charpentier, à partir d'avril 1917, il réintégra l'Arsenal. A l'issue de la grève des 6-8 mai 1920, il subit vingt-quatre jours de retenue de salaire.

Syndiqué à la CGTU, élu au conseil d'administration, Mazan devint secrétaire adjoint du syndicat en février 1926 et forma, pendant quatre années, un tandem efficace avec le secrétaire Laurent Roubaud (voir ce nom). Il fut candidat pour les immatriculés à la commission locale des salaires, le 30 septembre 1926. Fut-il élu ? Il était suppléant à la commission en octobre 1927. Membre du Parti communiste, il présida le 16 juillet 1926 la réunion des communistes toulonnais où fut décidée, en présence de Roques, l'exclusion de Paul Viort (voir ce nom). Dans la réorganisation qui suivit, il joua un rôle important et devint secrétaire général du rayon communiste de Toulon, le 26 avril 1927. Responsable de l'école d'agitation et de propagande, il recevait à Saint-Jean-du-Var, quartier où il habitait, la correspondance des matelots pour le journal communiste, la Provence ouvrière et paysanne. Il dut occuper les fonctions de secrétaire, quelques mois seulement mais resta membre du comité de rayon.

Candidat sur la liste de l'Union locale de Toulon à la commission exécutive de la 9e Union régionale CGTU, il ne fut pas élu, comme ses camarades, le 27 mars 1927, mais le fut au congrès suivant, le 20 mai 1928, et fut réélu par la suite.

Le répertoire saisi surGeorges Kraus (voir ce nom) indiquait qu'il avait été élu, en octobre 1928, membre de la commission locale des salaires et qu'il était membre du comité de rédaction de l'Émancipateur de l'Arsenal, puis du Cri de l'Arsenal.

Mazan participa aux congrès de la CGTU de Bordeaux (15-24 septembre 1927), mandaté par les syndicats de l'Arsenal, des typographes de Draguignan, des Métaux de Saint-Tropez, des travailleurs des Salins d'Hyères, et fut délégué (15-21 septembre 1929) des syndicats de la Marine, du Bâtiment, du Parc d'artillerie et des cheminots de Provence.

Candidat sans succès sur la liste Bloc ouvrier et paysan aux élections municipales en 1929, Mazan fut en 1929-1930 au cÏur de l'opposition violente entre Parti communiste et animateurs de la cellule de l'Arsenal. Il fut accusé le 11 août 1929 d'" inactivité absolue ". Aucune manifestation, en effet, n'avait été organisée pour la journée du 1er août contre la guerre impérialiste. La CGTU et le Parti communiste manifestèrent leur mécontentement. Mazan répliqua qu'il refusait de " reconnaître l'autorité de la Région marseillaise [direction régionale du parti] en ce qui concerne le syndicat unitaire de l'Arsenal ".

Accusé de " capitulation effective devant la bourgeoisie ", il aurait eu, selon le rapport du comité régional, le 12 janvier 1930, " un soubresaut extrême gauchiste ", préconisant l'abandon des positions acquises par la CGTU, notamment à la commission locale des salaires. Les confédérés seraient élus et ainsi pourraient être mieux critiqués. Sa position reçut, en général, un bon accueil parmi les militants varois qui s'opposèrent eux aussi à la direction marseillaise. Aussi fut-il réélu au comité de rayon et à la commission exécutive de la Région unitaire en juin et avril 1930.

Quand Roubaud mourut accidentellement, Mazan devint le secrétaire du syndicat en janvier 1930 et lui succéda à la commission mixte consultative du travail. Il fut au cÏur du succès du nouveau journal le Cri de l'Arsenal et dut lutter contre les tentatives de la Région communiste de l'utiliser pour sa propagande. La tension s'aggravait. Pourtant, les positions de Mazan n'étaient pas toujours conformes aux vues de ses camarades. Ainsi, par exemple, proposa-t-il, en juin 1930, d'enlever de la manchette du Cri de l'Arsenal, " organe de la CGTU ". Le point de rupture fut atteint en août 1930. Le nouvel envoyé pour assurer la direction de la région syndicale, Gabriel Diné (voir ce nom), fut emprisonné. Le 28 août, une manifestation très importante réunit plusieurs milliers d'ouvriers de l'Arsenal. Quelques manifestants voulaient aller crier leur colère près de la prison. Mazan, qui avait fixé l'itinéraire avec la police, refusa. Aussi, Victor Étienne (voir ce nom) qui s'exprimait au nom de la direction régionale, le critiqua peu après très durement. Mazan exprima sa lassitude et accusa la Région de ne pas connaître " l'état d'esprit des ouvriers du port dont, en dehors de la question des salaires, il n'y a rien à attendre. " Fin octobre-début novembre, il démissionna de ses responsabilités et ne s'occupa plus de politique ni de syndicalisme.

Tout en continuant à travailler à l'Arsenal, Mazan commença à exploiter en association la ligne d'autocars entre La Seyne et Toulon. Le 18 juin 1936, il négocia, en tant que secrétaire patronal du syndicat des transporteurs, à la sous-préfecture, les conditions de travail entre les entrepreneurs de transport en commun et leur personnel. Aussi fut-il mis en demeure, en tant que responsable de la Société des transports en commun de la région du Var, le 24 décembre 1937, par le préfet maritime, de fournir des explications sur ce cumul d'activités. Depuis le 18 juin 1937, il lui avait été enjoint de cesser ses activités de membre du comité technique départemental des transports du Var. Mazan travaillait toujours le 30 novembre 1938, fit grève et fut sanctionné d'un jour de mise à pied. Il fut admis à la retraite le 6 juillet 1942.

SOURCES : Arch. Nat. F7/12763, 13021, 13107, 13118, 13123, 13163, 13164, 13584. - Arch. Dép. Var, 2 M 7.30.3, 4 M 59.4.1, 16 M 19.5, 3 Z 4.21, 22, 29, 16.7. - Arch. IIIe Région mar., 2 A1 2110, 2 A2 224, 2 A2 126, 2 A4 21, 2 A4 222, registres de matricules AN 10, CN 54. - Arch. J. Charlot (CRHMSS). - Journaux cités.