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MERLE Toussaint, Constant, Fernand.
Né et mort à La Seyne (Var), 31 mars 1911 - 24 mai 1969 ; instituteur ; marié ; trois garçons ; communiste ; maire (1947-1969) de La Seyne ; conseiller général (1945-1949, 1955-1967) du canton de La Seyne ; conseiller de la République (1945-1948), puis député (1956-1958, 1967-1968) du Var.
Son grand-père, né à Toulon, travailla comme ouvrier charpentier aux Forges et Chantiers de la Méditerranée avant de devenir concierge du patronage laïque. Son père, ouvrier serrurier aux chantiers, termina sa carrière comme chef-ouvrier et habitait rue Victor Hugo, au centre de la ville. Sa mère était originaire du Buti (Italie, province de Pise, Toscane). Après avoir fréquenté l'Ecole primaire supérieure Martini, Toussaint Merle réussit le concours d'entrée de l'Ecole normale d'instituteurs de Draguignan en 1928. Le conseil municipal de La Seyne accorda alors, à son père, le 26 novembre un prêt d'honneur de 800 francs.
Marié à La Seyne, en décembre 1933, avec une institutrice suppléante, Merle enseigna successivement à Collobrières (1932-1935), à Montmeyan (1935-1938), à Ollioules, avant d'être nommé à La Seyne en 1939. Il effectua son service militaire dans les Chasseurs alpins à Antibes (Alpes-maritimes) à partir d'octobre 1931.
Adhérent du Syndicat national, élu au conseil syndical de la section départementale à l'automne 1938, membre de la commission exécutive, puis de la commission corporative, Merle fut chargé de présenter, lors de l'assemblée générale du 29 juin 1939, un rapport sur la titularisation qu'il avait défloré dans un article du bulletin de juin. Il écrivit aussi dans le bulletin une réponse à Forestiéri (voir ce nom) qui avait signé un article
"Nous voulons travailler en paix". En décembre 1938, Merle se demanda si la chronique d'action sociale du bulletin ne devrait pas s'intituler "Tribune anticommuniste". Il regretta les attaques contre le Parti communiste qui divisaient le mouvement syndical. Pour mieux lutter contre le fascisme, il préconisa :
"Autour d'une C.G.T. puissante, le Front populaire qui se meurt en France pourra renaître et être le prélude du «Front populaire des nations pacifiques». Ce jour-là nous en aurons fini avec le péril fasciste, c'est-à-dire avec la guerre."
Il précisa en post-scriptum ne pas avoir d'attache "de loin ou de près" avec le Parti communiste. Il signa aussi, dans le bulletin, (mars 1939), un long article favorable au plan de la C.G.T.
Politiquement, en 1932, à Collobrières, Merle adhéra au Parti socialiste S.F.I.O. Comme son directeur d'école, Victor Mathieu, secrétaire de la section socialiste, il passa au Parti socialiste de France à la fin de 1933 et participa au premier congrès fédéral de l'organisation.
Mobilisé au début de la guerre dans les Chasseurs alpins à Antibes, Merle, après sa démobilisation, reprit son enseignement à La Seyne. Il noua des relations avec les militants communistes locaux qui réorganisaient clandestinement le Parti, se réunissant chez le garagiste Monaco. Il donna son adhésion au Parti communiste en mai 1941. A partir de décembre 1942, il anima une feuille ronéotée L'Echo seynois, qui critiquait la politique du conseil municipal nommé par le gouvernement. Dans le courant de 1942, il constitua, avec d'autres militants, le groupe du Front national dans la commune et devint le responsable du secteur seynois du Parti communiste jusqu'en janvier 1944.
Les autorités décidèrent l'évacuation des écoles de la ville vers les Alpes. Arrivé, avec sa famille, à Chamonix (Haute-Savoie), Merle devint très vite un des responsables du Front national et du Parti communiste, collaborant régulièrement au Travailleur alpin. Prenant part aux combats de la Libération, désigné comme président du comité cantonal de Libération de Chamonix, il assura, pendant quelques temps, le secrétariat à l'organisation de la Fédération communiste de Haute-Savoie.
En mars 1945 (selon Rouge-Midi, 20 septembre 1945), de retour dans le Var, Merle occupa d'emblée des postes de responsabilités (il ne se confond pas avec Merle, délégué à la propagande du Mouvement de Libération nationale, avocat de Gap, qui assura plusieurs réunions dans le département à la fin de 1944). Il remplaça le communiste Luciano au Comité départemental de Libération durant l'été 1945 et en devint le secrétaire général (selon Rouge-Midi, 20 septembre 1945). Membre du bureau de la Fédération communiste depuis la conférence fédérale de juin 1945, responsabilité qu'il conserva quelques années, il assura le secrétariat fédéral jusqu'en juillet 1946, selon des témoignages. Pourtant, lors de la conférence fédérale des 14-15 juin 1947, il présenta le rapport en tant que secrétaire fédéral à la propagande. Il demeura membre du comité fédéral pendant plusieurs années. S'ajoutèrent très vite des responsabilités électives.
Merle cessa d'enseigner en avril 1945 et reprit son poste quatorze ans plus tard.
Merle devint conseiller général du canton de La Seyne, le 23 septembre 1945, avec 5 355 voix sur 9 668 suffrages exprimés. Membre de la commission des finances, il participa aussi aux commissions des transports, des Ïuvres de sécurité sociale, des H.B.M., des sinistrés, des bourses scolaires et du travail. Membre du comité de patronage des H.B.M., il représenta le Conseil général au Conseil départemental de l'instruction primaire, au conseil d'administration de l'Office départemental des pupilles de la Nation, au Syndicat des communes du littoral varois. Candidat au renouvellement, le 27 mars 1949, il fut battu par le candidat socialiste S.F.I.O. Montagne. Au premier tour, il obtint 5 629 voix sur 16 751 inscrits et au deuxième tour, réunit 6 241 voix. Il retrouva son siège contre le conseiller sortant, le 17 avril 1955, dès le premier tour, avec 7 085 voix sur 19 749 inscrits. Membre de la deuxième commission (travaux publics, bâtiments départementaux, vicinalité), remplacée peu après par la première commission (Finances), il participa aux commissions des transports, du tourisme et au Syndicat des communes du littoral varois. Au renouvellement du 4 juin 1961, il conserva ce mandat, dès le premier tour, avec 7 906 voix sur 24 654 inscrits. Toujours membre de la commission des finances, il fut le principal porte-parole du groupe communiste de l'assemblée départementale. Il ne se représenta pas en fin de mandat, en septembre 1967.
Après vingt années de municipalité socialiste S.F.I.O. avant la guerre, la ville de La Seyne, détruite en bonne partie par les bombardements, fut administrée à la Libération par une municipalité comprenant, sous l'égide du Front national, des communistes, union qui l'emporta à nouveau aux élections municipales d'avril 1945. Merle, sans être candidat, contribua à enraciner le Parti communiste par une intense propagande, notamment lors des nombreuses campagnes électorales. Compte tenu de son mandat de conseiller général, il dirigea la liste "d'union républicaine et résistante de défense des intérêts communaux" présentée par le Parti communiste français aux élections municipales du 19 octobre 1947. Elle obtint 4 599 voix sur 13 411 inscrits et 14 sièges sur 27. Merle devint maire de la ville et occupa cette fonction jusqu'à sa mort. Tout était à régler : reconstruction des bâtiments et des habitations, voirie, assainissement, aménagements sociaux, sportifs etcÉ Chaque réalisation portait la marque de son empreinte personnelle tant il tenait à suivre chaque affaire.
Lors de l'érection de Saint-Mandrier en commune, de nouvelles élections furent organisées. Le 18 juin 1950, la liste "d'Union républicaine et résistante et de défense des intérêts communaux" conduite par lui, reçut 5 148 voix sur 12 313 inscrits (15 sièges). Peu après, prétextant l'attribution d'un local au Comité mondial des partisans de la Paix (appel de Stockholm), le Préfet le suspendit pour un mois.
Sa liste "d'union ouvrière et démocratique de défense des intérêts communaux dans l'indépendance nationale et la paix", avec 6 215 voix sur 14 265 inscrits, le 26 avril 1953, obtint à nouveau 15 élus. Sorti renforcé de ces épreuves, Merle ne cessait de répondre aux attaques de ses adversaires alimentant le plus souvent la rubrique "L'Estancaïre" dans le quotidien communiste Le Petit Varois. L'inauguration de l'Hôtel de Ville, le 4 janvier 1959, symbolisa la dernière étape de son action pour la reconstruction et la modernisation de la cité.
Avec le changement dans la désignation des édiles, la commune fut, à partir de 1959, administrée par les listes entières qu'il dirigea : "Union républicaine de défense des intérêts communaux et de défense des réalisations sociales" (8 mars 1959, 7 677 voix sur 14 171 suffrages exprimés) et "Union républicaine de défense des intérêts communaux de réalisations sociales pour l'élimination du pouvoir personnel, pour la démocratie" (14 mars 1965, 9 387 voix sur 17 161 suffrages exprimés). Ces municipalités associèrent, aux côtés d'une majorité de communistes, des démocrates et des francs-maçons. Des responsables de l'Action catholique ouvrière s'y ajoutèrent à partir de 1965, résultat d'une décision nationale du Parti communiste. Lors de ce dernier mandat, les réalisations furent complétées par les multiples actions et interventions pour la défense des emplois menacés aux chantiers navals.
Le 26 mai 1969, Merle, malade depuis plusieurs mois, quittant l'Hôtel de Ville, s'effondra, victime d'une nouvelle crise cardiaque. Ses obsèques rassemblèrent le plus grand cortège que connut l'histoire de la commune. Son nom fut attribué au boulevard des chantiers navals, à une école, au foyer des anciens.
Merle, enfin, occupa des fonctions électives nationales. Elu au Conseil de la République, le 8 décembre 1946, il échoua au renouvellement, le 7 novembre 1948, avec 157 voix sur 702 inscrits. Par la suite, il dirigea la liste des candidats communistes, le 8 mai 1952, (144 voix sur 706 inscrits), puis aux élections sénatoriales, le 26 avril 1959 (121, puis 116 voix sur 807 inscrits), le 22 septembre 1968 (145 sur 956 inscrits).
En outre, Merle figura sur les listes communistes aux élections législatives qui eurent deux élus sous la Quatrième République :
- le 2 juin 1946, , sur la liste "communiste et d'union républicaine et résistante" (quatrième position), 59 747 voix sur 218 263 inscrits ;
- le 10 novembre 1946, sur la liste "communiste et d'union républicaine et résistante " (quatrième position), 60 209 voix sur 216 683 inscrits ;
- le 17 juin 1951, 69 485 voix sur 219 061 inscrits.
Pour les élections du 2 janvier 1956, Zunino (voir ce nom), député communiste sortant, ne se représentant pas, Merle passa en position éligible derrière Bartolini. La liste recueillit 69 831 voix sur 251 749 inscrits. A l'Assemblée nationale, Merle participa à la commission de la marine marchande. Avec l'avènement du scrutin uninominal à deux tours, Merle se présenta dans la quatrième circonscription regroupant le premier canton de Toulon et le Sud-Ouest du département. Il perdit son siège, le 30 novembre 1958, avec 15 322 voix sur 72 225 inscrits. Battu à nouveau le 25 novembre 1962, après avoir obtenu 18 078 voix au premier tour et 25 488 voix au deuxième tour sur 79 540 inscrits, il retrouva son siège, le 12 mars 1967, avec 35 578 voix sur 69 222 suffrages exprimés alors qu'il avait réuni 24 162 voix au premier tour sur 94 240 inscrits. Toutefois, le 30 juin 1968, il le perdit avec successivement 22 700 et 29 088 voix sur 93 676 inscrits. Il participa, pendant ces mandats, au bureau de l'Amicale des élus républicains municipaux et cantonaux.
Merle reprit un poste de professeur d'enseignement général en 1959 au Collège Martini qu'il conserva jusqu'à sa retraite en 1966. Membre du Syndicat national des instituteurs, il entra en conflit, en 1955-1956, avec l'organisation à propos de l'indemnité de logement. Il pensait, comme le Parti communiste, qu'elle devait être versée aux instituteurs par l'Etat. La section départementale du S.N.I. intervint auprès du Préfet qui le mit en demeure, en tant que maire, de régler ces sommes. Un violent conflit s'ensuivit. Il adhéra au syndicat C.G.T. des employés communaux et continua par conviction profonde à cotiser à la centrale ouvrière après 1959.
Toussaint Merle marqua profondément la vie politique de La Seyne et du département après la seconde guerre mondiale. Son action personnelle en fit le maître d'Ïuvre du développement d'une cité, action locale qu'il tenait à connaître dans toutes ses implications.
Son épouse, née DUFOURG Marie-Louise, Thérèse, née à La Seyne, le 20 février 1913, fille d'un marin mécanicien, originaire des Basses-Pyrénées, institutrice, figura sur la liste "d'union républicaine et résistante présentée par le P.C.F." pour le collège départemental devant élire le Conseil de la République, le 24 novembre 1946. Retraitée, elle siégea au conseil municipal de La Seyne de 1971 à 1977. Elle mourut à Brignoles (Var), le 16 février 1986.
Son fils aîné, MERLE René, ancien élève de l'Ecole normale d'instituteurs d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), entra à l'Ecole normale supérieure de l'Enseignement technique. Professeur, marié, père de deux enfants, membre du Parti communiste, il siégea au conseil municipal de La Seyne de 1977 à 1983.
SOURCES : Arch. Dép. Var : 18 M 5, 18 M 13, 18 M 43, 3 Z 2.10, 3 Z 2.23. - Arch. Assemblée nationale. - Arch. Com. La Seyne. - Presse locale. - Renseignements fournis par la famille de l'intéressé. - Sources orales.
Marius AUTRAN et Jacques GIRAULT