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MOUSKA Edmond, Honoré.
Né le 15 janvier 1892
à Vallauris (Alpes-Maritimes), mort le 31 décembre
1945 à Toulon (Var) ; ouvrier métallurgiste ;
militant syndicaliste ; militant communiste, conseiller municipal de
Toulon.
Fils d’un cultivateur et potier qui avait huit enfants, Edmond
Mouska fut seulement baptisé. Après avoir obtenu le
Certificat d’études primaires, il commença un
apprentissage de serrurier à Antibes (Alpes-maritimes) et
s'engagea à l'école des apprentis mécaniciens de
la Marine à Brest, le 14 octobre 1909. Affecté au
cinquième dépôt à Toulon, en avril 1913,
embarqué sur des sous-marins ("Surcouf", août 1913-octobre
1916, "Dupuy de Lôme", octobre 1916-mars 1917, à nouveau
"Surcouf", janvier 1918-janvier 1919), après un séjour
à Bizerte (Tunisie) de janvier à juin 1919, il fut
démobilisé le 15 juin 1919 à Toulon.
Marié en juillet 1916 à Toulon, où il habitait
avec ses beaux-parents, cité Montéty, Edmond Mouska ne
fit donner aucun sacrement religieux à son fils.
Secrétaire du syndicat CGT des travailleurs de la mer en janvier
1920, il trouva un emploi à la société
métallurgique des Grands travaux de Marseille à La Seyne
(Var), quartier des Mouissèques, et le conserva jusqu’en
1928.
En septembre 1924, Edmond Mouska était secrétaire du
syndicat CGTU des Métaux de la région toulonnaise.
Désigné en août 1925 pour participer à
Marseille au congrès ouvrier et paysan contre la guerre du
Maroc, il devint membre de la commission exécutive de
l’Union départementale du Var et du conseil syndical de
l’Union locale de Toulon, responsable de la diffusion de {La Vie
ouvrière}. Candidat sur la liste présentée par
l'Union locale de Toulon, pour la commission exécutive de la
neuvième Union régionale, au congrès de Cannes, le
27 mars 1927, il ne fut pas élu, comme les autres Toulonnais.
Secrétaire de la section de Toulon du Secours rouge
international, nommé secrétaire général en
juin 1929, il participa en 1927 aux réunions en faveur de Sacco
et Vanzetti. Le 22 octobre 1927, signalé comme
secrétaire général du comité
d’enquête sur les incidents de la prison maritime, le
14 février 1928, il faisait partie de la commission
exécutive de la 9e Union régionale.
Licencié en 1928, Edmond Mouska travailla épisodiquement.
Il entra aux Forges et Chantiers de la Méditerranée
d'où il fut licencié au début de 1929. Il parvint
à se faire embaucher par une entreprise chargée du
montage d'une machine sur un bateau grec.
En 1929, ses responsabilités s’accrurent. Membre de la
commission exécutive de l’Union locale CGTU, Edmond Mouska
fut candidat au conseil d’administration de la Bourse du Travail
de Toulon, le 11 avril 1929. Membre de la commission
exécutive de l’Union régionale CGTU, très
assidu (dix présences sur treize réunions), il
remplaça temporairement Léon Pothier
comme secrétaire régional en mars 1929. Ce dernier,
fatigué, voulait abandonner sa responsabilité. Dans le
rapport pour le congrès régional de mai 1929, il
déclara continuer puisqu'il n'avait pas trouvé de
successeur : "Notre camarade Mouska, sollicité, ne croit pas
devoir accepter de poser sa candidature". Finalement, à
l’issue du congrès, le 20 mai 1929, il devint le
nouveau secrétaire régional appointé, assumant
aussi le secrétariat de l’Union locale CGTU de Toulon.
Dès lors, il eut à effectuer de nombreux
déplacements dans les Alpes-maritimes, le Var et les
Bouches-du-Rhône. A ce titre, il publia dans L'Humanité,
le 28 octobre 1929, un article sur les manifestations ouvrières
de l'Arsenal maritime de Toulon. Malade, il ne participa pas aux
démonstrations du 1er août 1929. A tort, la police le
signala comme chef d'équipe aux Grands travaux de Marseille. Il
prit part au congrès national de la C.G.T.U. (15-21 septembre
1929), représentant les syndicats des pêcheurs des
Salins-d'Hyères, des métaux de Toulon et de Saint-Tropez,
des dockers de Toulon et des cheminots de Nice (pour le seul rapport
moral).
Candidat aux élections municipales de Toulon sur la liste du
"Bloc ouvrier et paysan", Edmond Mouska obtint, le 5 mai 1929, 1 272
voix sur 25 500 inscrits et en conserva 903 au deuxième tour.
Non membre du Parti communiste, il fut pressé de donner son
adhésion en novembre 1929. Selon la police, il aurait
adhéré en janvier 1930. Dès lors, activités
politiques et syndicales s'imbriquèrent. Elu au comité du
rayon communiste à la conférence de Carnoules qu'il
présida, le 26 janvier 1930, il fut signalé dans le
répertoire saisi sur Georges Kraus, en novembre 1930, comme membre du "bureau de rayon-org.", c'est-à-dire responsable à l'organisation.
Sur le plan politique, Edmond Mouska, en accord avec la Région
communiste marseillaise, s'employa à combattre "l'opportunisme"
des militants de l'Arsenal maritime. Sans emploi, après avoir
vendu un temps (Le Cri de l'Arsenal), en juin 1930, il devint représentant de commerce.
Sur le plan syndical, Edmond Mouska fut critiqué.
Dépourvu de talent oratoire, jugé peu convaincant dans
ses argumentations, épié, mal secondé, mal
appointé (on lui dut pendant longtemps de l'argent), il
n’était pas considéré comme un bon
administrateur et s’en justifiait par les multiples
déplacements que sa fonction lui imposait. Aussi, le
14 juillet 1930, au congrès de Nice, bien que
proposé à la réélection par ses camarades
toulonnais, fut-il remplacé et chargé de former la
région méditerranéenne du Secours rouge
international.
En janvier 1931, à la suite de difficultés
financières, Rouffianges, dirigeant national, envoyé
à Toulon, déchargea Mouska de ses responsabilités
au Secours rouge international. Quelques mois plus tard, la police
précisait qu'il n'exerçait plus aucune
responsabilité. Plus tard, en mai 1941, il écrivit que,
depuis décembre 1929, il avait cessé d'appartenir aux
organisations ouvrières, "Je n'ai plus participé ni de
près ni de loin à aucune responsabilité politique
ou syndicale".
Edmond Mouska travailla épisodiquement jusqu’en 1932,
époque où il fut employé chez un artisan, lointain
parent, puis chez un artisan serrurier. Il postula pour un emploi
à l’Arsenal maritime en 1936. Admis comme ouvrier
temporaire traceur, le 29 janvier 1937, il devint ouvrier
auxiliaire, le 1er juin 1937, à la direction des
constructions navales, atelier des machines. Petit (1 m 62), corpulent
(90 kilos), syndiqué, connu comme sympathisant communiste, il
tenait à ce que son fils fasse de bonnes études.
Gréviste, le 30 novembre 1938, il subit une retenue du salaire
horaire de 10 centimes pendant trois jours et un jour de mise à
pied.
Le 28 mars 1941, le préfet maritime demanda le licenciement de
ce "militant actif de l’ex-Parti communiste". Le 9 avril
1941 et le 5 mai 1941, Edmond Mouska écrivit au
préfet maritime. Il indiqua qu’il ne militait plus depuis
1929, qu’il était membre de la Légion, que son fils
était aux chantiers de jeunesse. Il demanda sa
réintégration pour participer "au redressement de notre
cher pays par le travail". Il était alors employé par la
Société provençale, entreprise de constructions
mécaniques. Il fut réintégré à
l’Arsenal maritime, le 29 septembre 1941 au titre
d’ouvrier réglementé à compter de la date de
son licenciement. Toutefois, le préfet maritime indiquait
qu’ "une discrète surveillance sera faite afin de
contrôler sa conduite et sa moralité". Malgré une
dénonciation anonyme, la police le considérait encore, en
janvier 1942, comme rallié au régime.
À l’Arsenal, Edmond Mouska adhéra à
l’organisation syndicale reconnue par la Charte du Travail.
Parallèlement, il contribua à la renaissance du Parti
communiste clandestin et de la CGT clandestine. Travaillant à
l’atelier de traçage, membre du réseau de
renseignements F2 franco-polonais, exerçant une grande
autorité morale sur ses camarades, il fut au cœur de la
résistance ouvrière.
A la Libération, Edmond Mouska fut désigné par la
C.G.T. pour siéger à la délégation
spéciale mise en place à l'hôtel de ville de
Toulon, le 7 septembre 1944. Délégué aux
cimetières et à l'abattoir, il participa à la
commission du théâtre. Candidat aux élections
municipales sur la liste "d'union patriotique républicaine
antifasciste" conduite par Jean-Baptiste Bartolini,
il obtint, le 25 avril 1945, 19 390 voix sur 60 365 inscrits. Elu au
deuxième tour avec 31 910 voix, il fut
délégué à l'état-civil.
Edmond Mouska, en raison de sa délégation aux
cimetières, s'intéressa à la société
"L'incinération varoise" que son fils présida en 1949.
SOURCES : Arch. Nat. F7/13021, 13118, 13123, 13164, 13584. - Arch.
Dép. Var, 2 7 32 3, 4 M 46,
59 4 1, 4.2, 3 Z 3 40, 4 30, Cabinet. -
Arch. Troisième Région maritime, registre de matricules,
dossier individuel. - Arch. privées Julien Sauli. - Témoignage de Joseph Bessone. - Renseignements fournis par le fils de l’intéressé. - Notes de Jean-Marie Guillon.