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ROCHILD Marius, Clairin.
Né et mort à La Seyne (Var), 4 avril 1900- 15 mars 1981 ; ouvrier à l'Arsenal maritime de Toulon (Var) ; marié ; une fille ; dirigeant communiste et syndicaliste.
Marius Rochild, fils unique d'un ouvrier immatriculé ajusteur à l'Arsenal maritime et d'une modiste à son compte à Ollioules qui tint une chapellerie à La Seyne après la première guerre mondiale, reçut les premiers sacrements catholiques. Son père, coopérateur, sympathisant socialiste, le demeura après 1920. Il obtint le Certificat d'études primaires et suivit le cours supérieur à l'Ecole pratique d'industrie Martini. Entré comme apprenti à l'Arsenal maritime (direction de l'Artillerie navale, atelier du montage), le 10 septembre 1914, ouvrier ajusteur en avril 1918 (Pyrotechnie, atelier.de la mécanique), il s'engagea dans la Marine nationale (août 1918- juillet 1921). Embarqué sur diverses unités, il participa à la guerre de Syrie et fut démobilisé comme quartier-maître armurier. Jusqu'alors, il avait été volontairement indiscipliné comme en témoignent les diverses sanctions à l'Arsenal ou sa participation à un mouvement de protestation sur la canonnière La Décidée, pour obtenir une meilleure nourriture. De retour dans son atelier, il fut déplacé dans un autre atelier en raison de ses attitudes passées.
Rochild, après son mariage en avril 1926 à Toulon, avec une employée de banque, vint habiter à Toulon où travaillait sa femme jusqu'en 1929. Il ne fit pas baptiser sa fille. Ayant voté communiste aux élections législatives de 1924, il adhéra à la C.G.T.U. en 1925 et au Parti communiste en 1928. Lors de la réunion des communistes de Toulon, le 15 mars 1929, il se prononça pour que les grévistes du 1er mai demandent une permission, position qui fut repoussée. Elu membre du commission exécutive de la neuvième Union régionale C.G.T.U., il devint archiviste du syndicat C.G.T.U. des travailleurs de la Marine peu après. Membre du comité du rayon communiste en 1930, participant à la commission du Cri de l'Arsenal (noté comme tel sur le répertoire saisi sur Kraus, voir ce nom), il fut réélu à la commission exécutive de la neuvième Union régionale C.G.T.U., le 20 novembre 1930. Secrétaire-adjoint du syndicat, il signa la demande d'autorisation d'absence pour Bartolini (voir ce nom), délégué au congrès de la Fédération des personnels civils des établissements et services de l'Etat en juillet 1930. Elu délégué suppléant à la commission locale des salaires en octobre 1932 avec 2 135 voix sur 4 600 suffrages exprimés, il devint par la suite trésorier du syndicat et participa souvent aux bureaux des réunions corporatives des ouvriers de l'Arsenal au milieu des années 1930. Membre de la commission d'agitation et de propagande de l'Union locale C.G.T.U. réorganisée en février 1934, il fut élu membre suppléant du conseil d'administration de la Bourse du Travail le 28 février 1935. Secrétaire-adjoint du bureau provisoire du syndicat des travailleurs réunis, le 10 octobre 1935, il demeura trésorier du syndicat après la réunification à la fin de 1935. Au congrès de fusion de l'Union départementale C.G.T., le 22 décembre 1935, il participa à la commission de contrôle. Enfin, il devint membre de la commission exécutive de la nouvelle Union locale C.G.T., le 18 février 1936 et le demeura jusqu'à la guerre. Délégué de la direction de l'Artillerie navale à l'hygiène et à la sécurité, il était assisté dans ces tâches par son épouse, non membre du Parti communiste, qui assurait la correspondance et la dactylographie du journal L'Emancipateur. Secrétaire- adjoint du syndicat, il fut à l'origine de l'affaire Martin (voir ce nom). À la suite d'une altercation avec ce jeune syndicaliste, ce dernier, exclu du syndicat, se suicida. Rochild fut l'objet d'une campagne de dénigrements orchestrée par les Amis de Syndicats et l'Amicale socialiste de l'Arsenal.
Rochild militait aussi dans la ville. Il fut le premier secrétaire de la section du Secours ouvrier international qui se constitua en juillet 1929. Candidat aux élections municipales sur la liste du "Bloc ouvrier et paysan", il obtint 1 267 voix sur 25 500 inscrits, le 5 mai 1935, et conserva 895 voix au deuxième tour. Trésorier de la section toulonnaises des Amis de l'U.R.S.S., vendeur de la presse communiste, il eut divers accrochages avec des militants d'extrême-droite en février 1934. Candidat aux élections municipales le 5 mai 1935, il occupa les fonctions de trésorier du bureau départemental de Front populaire.
Rochild fut un des dirigeants de la grève des bras croisés le 30 novembre 1938. Aussitôt, le Préfet maritime proposa son congédiement. Cette mesure fut approuvée par le Ministre de la Marine, le 11 février 1939. Son congédiement d'office, prononcé le 14 février, fut annulé le 10 mai 1939 avec déplacement d'office à l'Arsenal maritime de Brest (Finistère). Il y devint membre à titre auditif du bureau syndical et participa à la rédaction de la Bretagne ouvrière et paysanne. Dès le début de la guerre, mobilisé à Karouba en Tunisie, il fut envoyé en Algérie à l'atelier de l'Amirauté. À la suite d'une perquisition à son domicile, il fut inculpé par le Préfet, le 26 octobre 1940, comme "individu dangereux pour la défense nationale" et interné à la prison militaire de Maison Carrée, puis dans l'ancien bagne militaire de Djenien-Bou-Rezg, dans le Sud-Oranais. Libéré après le débarquement, le 22 février 1943, il reconstitua en Algérie la Fédération des travailleurs de l'Etat des territoires libérés. De retour en France en octobre 1944, il devint secrétaire fédéral des Arsenaux et Etablissements de la Marine au sein de la Fédération C.G.T. des travailleurs de l'Etat. Cette responsabilité fut confirmée lors du congrès fédéral d'Issy-les-Moulineaux (3-7 septembre 1945). Participant au congrès confédéral (8-12 avril 1946), il détenait les mandats de sept syndicats. Il avait été réintégré à l'Arsenal de Toulon comme ouvrier titulaire au début de 1947. Mais il demeura en fonction à Paris jusqu'en 1949, année de sa retraite.
Habitant le quartier de la Verne, à La Seyne, Rochild, communiste, siégea au conseil municipal pendant trois mandats (1959-1977).
SOURCES : Arch. Nat. F 7/13021, 13118, 13123, 13134, 13164, 13644. - Arch. Dép. Var, 2 M 7 32 3, 4 M 47, 48, 49 4 2, 3, 50, 54, 59 3, 4 1, 4, 3 Z 4 22, 29. - Arch. IIIe Région mar., Registre des matricules A.N. 10, dossier personnel. - Presse locale. - Sources orales. - Renseignements fournis par l'intéressé.