|
RONSOUX Eugène, Valentin.
Né le 22 octobre 1923 à
Toulon (Var), décédé le 9 mars 2012 à La
Garde (Var) ; instituteur ; militant du SNI ; directeur de la section
départementale du Var de la Mutuelle générale de
l'Éducation nationale (1947-1979).
Son père, originaire de Normandie, employé de banque puis
d'une compagnie d'assurances, habitait avec sa mère et son
frère aîné, place Martin Bidouré, dans le
populeux quartier toulonnais du Pont-du-Las. Eugène Ronsoux
reçut les premiers sacrements catholiques. Il entra à
l'école primaire supérieure Rouvière puis à
l'École normale d'instituteurs de Draguignan en octobre 1939. A
partir d'octobre 1941, les écoles normales ayant
été supprimées, il effectua divers stages
(école d'agriculture, éducation physique à
Boulouris, école du quartier Saint-Roch à Toulon
où il rencontra l'instituteur syndicaliste [Adrien Audibert],
ancienne école normale de Nice devenue Institut
pédagogique). Nommé instituteur stagiaire à
Saint-Zacharie, en octobre 1942, il devança l'appel et partit le
4 novembre pour les Chantiers de Jeunesse. Affecté dans le
groupement de Nyons (Drôme) au château de Monjoux à
La Palette-Dieulefit, il exerça les fonctions de chef
d'équipe d'abattage forestier. Ayant devancé l'appel, il
ne fit partie de la classe mobilisable, envoyée sous escorte en
Allemagne au titre du Service du travail obligatoire. Puis
concerné par la réquisition, il fut réfractaire au
STO.
Son temps terminé, le 2 août 1943, Ronsoux obtint un poste
d'instituteur à l'école Martini à La Seyne en
octobre 1943 et réussit au Certificat d'aptitudes
pédagogiques à la fin novembre 1943. Les bombardements
rendirent obligatoire l'évacuation des élèves et
des maîtres. Ronsoux, affecté comme instituteur au centre
du service social de l'armée à Luz-la-Croix Haute (Hautes
Alpes), devint responsable de l'unité d'enseignement
installée au Logis de l'Ours. Il vécut ainsi quelques
mois dans un lieu stratégique pour la Résistance à
mi-chemin entre le Vercors et les vallées alpines.
Ronsoux regagna Toulon en septembre 1944. Son logement ayant
été bombardé, il habita avec sa famille, chemin de
Forgentier, dans le quartier de Valbertrand, et fut nommé en
décembre 1944 à l'école Saint-Roch. Il dut
accomplir son service militaire, à partir du 22 février
1945, au centre de formation de sous-officiers d'infanterie de
Marseille. Libéré comme sergent, le 26 février
1946, trois semaines plus tard, il rejoignait l'école du Plan du
Castellet où il avait été nommé en octobre
1945. Détaché pour une année à nouveau
à l'école Martini à La Seyne (octobre 1946), il
fut par la suite administrativement rattaché à
l'école du quartier Font-Pré (octobre 1947), puis
à l'école du Pont-Neuf (octobre 1950).
Ronsoux devint membre du conseil syndical et du bureau de la section
départementale du Syndicat national des instituteurs à
partir de novembre 1946. Responsable de la commission des fêtes,
loisirs et sports jusqu'en février 1954, responsable de la
commission des jeunes de mai 1948 à février 1954, il
signa la motion revendiquant l'autonomie et demandant le
"reconstruction d'une CGT démocratique" adoptée par le
conseil syndical, le 2 juin 1949. Il fut réélu au conseil
syndical à la fin de 1949 sur la "liste pour un syndicalisme
indépendant et constructif" tout en figurant aussi sur la liste
des amis de L'École émancipée. Il fut
délégué au congrès national du SNI en 1951
au titre de cette tendance. Il fut candidat au bureau national du SNI
en 17eme position sur la liste « École
émancipée», lors de la réunion du conseil
national du 27 décembre 1951. A nouveau en janvier 1952 et en
1956, il figurait sur la liste "d'action et d'indépendance
syndicale", rassemblant autour d'une plate-forme commune majoritaires
et militants, candidats par ailleurs au titre de L'École
émancipée. Il fut le responsable départemental de
ce courant de pensée jusqu'en 1956. Parallèlement, membre
de la commission administrative de la section départementale de
la Fédération de l'Éducation nationale, il
exerça les responsabilités d'archiviste de 1952 à
1958.
Dans le cadre de ses responsabilités à la commission des
jeunes, Ronsoux participa à la création du Club sportif
de l'enseignement, le 5 décembre 1946, qui possédait une
équipe de basket-ball dans laquelle il jouait et qui organisait
des sorties pédestres dans la région. Ce club
adhéra à la Fédération française de
basket-ball et à la Fédération sportive et
gymnique du travail sur décision du conseil syndical du SNI au
début 1947. Il fonctionna jusqu'en 1949-1950.
D'autre part, Ronsoux participa à l'encadrement, comme
sous-directeur, d'une colonie de vacances de la ville de Toulon en
Italie. Ces séjours de plus de 250 enfants, pris en charge par
la Fondazione degli figli italiani all'estero, organisme
gouvernemental, dans le collège de Nocera Umbra (1948-1949) dans
la province de Pérouse, ne se poursuivirent qu'une année
(1950) à Bardonecchia (province de Turin) sous l'égide
maintenant de la Pontificale commissione d'assistenza.
En 1947, l'organisation de la Mutuelle générale de
l'Éducation nationale devint la grande priorité.
L'instituteur retraité [Paul Blanc], responsable de la
société de secours mutuels et de la mutuelle, demandait
à être remplacé. La section départementale
du SNI proposa Eugène Ronsoux, responsable de la commission des
jeunes, pour assurer la direction de la MGEN, qui gérait aussi
la Sécurité sociale du personnel enseignant, à
compter du 1er juin 1947. Lors de l'assemblée
générale de la MGEN du début 1948, l'inspecteur
d'Académie le présenta comme un "excellent maître".
Ronsoux signa alors un premier article dans le bulletin
départemental du syndicat "Sécurité sociale et
MGEN" (mai-juin 1948).
Ronsoux organisa la section qui siégea dans un premier temps
dans une classe désaffectée de l'école
Rouvière avant d'acquérir ses propres locaux. Il prenait
part aussi régulièrement aux réunions du conseil
d'administration de la section MGEN avec voix consultative. Il
participait aux réunions annuelles des présidents de
sections et des directeurs de caisse ; il prit sa part dans
l'organisation de la première assemblée
générale de la MGEN qui se tint à Toulon en 1948.
Il eut par la suite une activité régionale au sein de la
Société d'hygiène mentale du Sud-Est (membre du
conseil d'administration de 1960 à 1975, puis invité
permanent). Ronsoux cessa ses fonctions de directeur de la section
départementale de la MGEN, le 13 septembre 1979.
Pour les élections à la commission administrative de la
Caisse primaire de Sécurité sociale, le 8 juin 1950, la
MGEN présenta sa propre liste, "liste d'action mutualiste et
d'amélioration de la Sécurité sociale". Ronsoux,
en deuxième position, ne fut pas élu. Le 17 novembre
1955, dans les mêmes conditions, il fut élu et devint le
vice-président de la Caisse primaire. Ayant
délégation de signature à partir de 9 novembre
1956, il proposa la création d'un établissement pour
débiles mentaux profonds, présida les commissions du
personnel, la commission d'organisation, participa aux commissions de
secours gracieux et de contrôle médical. Pour le
renouvellement du conseil d'administration, le 13 décembre 1962,
à la tête de la même liste qui obtint 4 374 voix sur
62 279 suffrages exprimés, Ronsoux fut le seul élu. La
mutualité n'étant plus représentée dans les
CA des organismes de Sécurité sociale, le 17 novembre
1967, la commission administrative de la Caisse primaire d'assurances
maladies (nouvelle appellation) le désigna comme conseiller
technique. Après les négociations de Grenelle, la
Mutualité étant réadmise à titre
consultatif, il fut désigné par la
Fédération de la Mutualité et put ainsi mener
à bien la réalisation de l'institut
médico-éducatif pour débiles profonds de
Collobrières, décidé en 1963, inauguré en
1977 (il en était toujours le vice-président). Pour cela
il accomplit plusieurs missions d'études à
l'étranger, notamment dans les pays scandinaves. Il participa en
1978 à la création de l'URSSAF du Var. En 1984, la
Fédération de la Mutualité lui
préféra un autre mutualiste pour la représenter
à la CA de la CPAM.
Quand se reconstitua à la fin de 1954, l'Union
départementale mutualiste en 1954, Ronsoux devint membre de son
conseil d'administration. Il présida pendant quelques
années le comité de gestion de la clinique mutualiste de
Faverolles. En 1964, il devint le président de l'Union
générale de la mutualité du Var et le demeura
jusqu'en juin 1977. A ce titre en février 1970, il participa
à la création du comité régional
Provence-Alpes-Côte d'Azur de la Mutualité qu'il
présida jusqu'en 1975. Il siégea conseil d'administration
de la Fédération nationale de la Mutualité
française (1965-1984). Auteur d'un rapport sur l'enfance
inadaptée, il eut aussi la charge de participer à la
création du centre d'aide par le travail de Montbard (Côte
d'Or) géré par la FNMF (1965-1984).
Quand le comité du Var de l'Association pour adultes et jeunes
handicapés se constitua dans le Var en 1965, Ronsoux devint
membre de son conseil d'administration avant d'en assurer le
secrétariat général en 1968, et de siéger
à son conseil d'administration national de l'APAJH (1969-1993).
Après sa retraite de la caisse de la MGEN en 1979, il se
consacra à temps plein à l'APAJH. Il devint
secrétaire général de l'Association varoise pour
l'intégration par l'emploi, la 4 juillet 1991,
créée un an plus tôt, et la présida à
partir du 22 novembre 1996.
Ronsoux afficha un militantisme politique de gauche tout en refusant
d'adhérer à un parti alors que son frère Louis,
secrétaire du syndicat CGT des banques de Toulon, faisait partie
des dirigeants communistes. En mai 1958, en mission avec des
responsables de la MGEN en Corse, il assista à l'intervention
des parachutistes. De retour en France, il présenta devant le
conseil syndical du SNI la relation du coup de force des factieux
à Ajaccio, texte proposé à la presse locale et
publié seulement par le quotidien communiste (Le Petit Varois,
31 mai 1958). Proposé à plusieurs reprises pour
l'attribution du mérite social, puis plus tard pour une
nomination dans l'Ordre national du Mérite, hostile aux
décorations, il refusa d'envoyer à la
Préfecture les renseignements demandés pour sa nomination.
Ronsoux, membre du Syndicat des enseignants (Fédération de l'Education nationale), y demeura après 1992.
Ronsoux se maria à Toulon en novembre 1972 avec une
employée de la MGEN, divorcée, mère de deux
enfants qu'il considérait comme ses propres enfants. Ils eurent
une fille.
SOURCES : Presse syndicale et locale. - Renseignements fournis par l'intéressé. - Sources orales.