Retour à la page d'accueil
du site
Dictionnaire du Mouvement Ouvrier Seynois
Notices rédigées par
Jacques GIRAULT
 
SABBATINI Ernest
Retour au Dictionnaire du Mouvement Ouvrier
 

SABBATINI Ernest.

Né le 4 avril 1873 à Cascia (Italie) ; ouvrier ; syndicaliste ; secrétaire de la Bourse du Travail de La Seyne (Var, 1912 - vers 1935).

Originaire de la province de Perouse en Italie, Sabattini, ouvrier perceur aux Forges et chantiers de la Méditerranée de La Seyne, en 1907, était classé parmi les antimilitaristes de la commune. Considéré par la police comme "hervéiste" en 1911, il était le secrétaire du syndicat international des ouvriers en constructions navales, créé en mars 1910. Ce syndicat dut adhérer peu après, à la C.G.T., comme ne le souhaitait pas Doria (voir ce nom), avec qui Sabbatini entretenait de bons rapports. Toutefois, renvoyé des chantiers, il devint secrétaire général de la Bourse du Travail, en décembre 1912, dont il était administrateur depuis quelques temps. Il y enseignait aussi la sténographie.

Selon un article d'un journal "nationaliste", conservé par Lamarque (voir ce nom), Sabbatini se disait instruit. Il se destinait à "l'état ecclésiastique" et avait "même porté la soutane". Ecrivant bien, il n'avait pas "encore de qualités oratoires". "Son teint brun foncé, ses moustaches très noires, ses yeux enfoncés dans leurs orbites lui donnent un aspect un peu rude" ajoutait l'article qui lui attribuait un "tempérament nerveux", une voix "grêle", une "intonation défectueuse" avant de conclure, "de son origine italienne, il conserve des expressions et un fort accent pénible à entendre".

Sabbatini, toujours secrétaire du syndicat des constructions navales, fut chargé de l'organisation du congrès de La Seyne, pour la création de l'Union départementale C.G.T., le 14 décembre 1913. La C.G.T. voulait concurrencer Doria et l'Union des chambres syndicales du Var. Sabbatini se porta candidat au poste de secrétaire de la nouvelle U.D. Dans la circulaire de convocation, il indiquait : "L'U.D. aura pour mission de donner une nouvelle impulsion au mouvement ouvrier et de faire renaître, parmi la masse, la confiance dans l'organisation syndicale en faisant disparaître les causes de défiance qui ont fait tant de mal au mouvement des revendications ouvrières." Finalement, Berthon (voir ce nom) devint le premier secrétaire de l'U.D. Sabbatini demeura membre de son bureau et à nouveau, en 1918, présida son congrès.

Après la guerre, Sabbatini recevait du conseil municipal une indemnité annuelle (600 francs, le 6 février 1919). Orateur au meeting du 1er mai, lors de la grève de juin-juillet 1919 aux Forges et chantiers de la Méditerranée, il joua un rôle de premier plan dans l'organisation de la résistance ouvrière. Selon la police, il en était "l'âme". Dans les meetings quotidiens à la Bourse du Travail, il traduisait les interventions en Italien. Il se rendit à Paris, au début juillet, pour négocier avec la direction des chantiers. À nouveau, il participa à la délégation municipale à Paris, les 25-26 juillet où le maire mourut. Lors de ses obsèques, il prononça un discours. Dans le texte qu'il avait soumis au commissaire de police, finalement, il accepta de ne pas parler de la responsabilité du directeur des chantiers. Cette lacune donna lieu à une polémique dans la presse et un Seynois n'hésita pas à rendre le directeur responsable de la mort du premier magistrat.

Cité à deux reprises (avril et août 1919) comme dirigeant d'un groupe communiste dans L'Internationale, en relations avec Péricat (voir ce nom), Sabbatini lui écrivit, le 11 août 1919, pour lui demander des renseignements pour la constitution d'un soviet : "Je vais essayer de créer une section communiste". En octobre 1920, il fut à l'origine des critiques contre le secrétaire du syndicat des F.C.M., Colombon (voir ce nom). Il lui reprocha notamment d'avoir voté les motions "majoritaires" au congrès d'Orléans. Pour lui, selon la police, il fallait être "pour l'abstention de toute politique dans les discussions corporatives". En tant que secrétaire de la Bourse du Travail, il aida à la constitution d'une coopérative de production créée par d'anciens ouvriers des chantiers.

Par la suite, Sabbatini resta à la C.G.T. et fit partie régulièrement des bureaux des congrès de l'Union départementale. Ainsi, par exemple, présida-t-il, à La Seyne, le meeting du 1er mai 1923 avec Merrheim où se reconstitua le syndicat C.G.T. des chantiers. Toujours secrétaire de la Bourse du Travail, il participa aux bureaux des meetings C.G.T.-C.G.T.U., par exemple le 12 février 1934 et à de nombreuses réunions antifascistes à la Bourse, ou comme en août 1935, à Saint-Mandrier. Il fut délégué de l'Union locale C.G.T. au congrès de Toulouse (2-5 mars 1936).

Sabbatini habitait le quartier Touffany à La Seyne.

SOURCES : Arch. Nat. F 7/13021. - Arch. Dép. Var, 4 M 42 2, 49 4 3, 52, 53, 56 9, 59 4 1, 3 Z 4 21, 24. - Arch. Com. La Seyne. - Arch. privées : A. Lamarque. - Presse locale. - Sources orales. - Renseignements fournis par P. Berthet.