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TAUTIL Irène (née GAC Irène, Valérie)
Née le 14 février 1936 à Brodla (Pologne) ; professeure de russe ; militante syndicaliste du SNES, (secrétaire du S2 du Var), puis de la FSU et de la FGR ; militante du PSA, du PSU, puis du PCF jusqu’en 1986 ; militante d’ATTAC.
Ses parents appartenaient à des familles de paysans dans les pré-Carpates au sud de la Pologne, où ils furent recrutés dans les années 1930 pour venir travailler dans les mines et dans les fermes du Nord de la France. Sa mère fut valet de ferme puis femme de ménage, son père mineur de fond à Méricourt (Pas-de-Calais). Durant l’Occupation, il participa à la Résistance dans un groupe polonais FTP puis milita à la CGT notamment durant les grandes grèves de 1947-1948 et de 1953.
Irène Gac, baptisée en Pologne où l’Église catholique tenait l’état civil, fit sa communion solennelle malgré l’athéisme et l’anticléricalisme de ses parents, ce qui les empêchait pas de manifester leur soutien aux prêtres ouvriers. Elle-même abandonna toute pratique et croyance à l’âge adolescent. Après l’école primaire à Méricourt-Corons, elle poursuivit ses études au cours complémentaire Roland à Billy-Montigny jusqu’en 3e, puis au collège moderne et technique d’Hénin-Liétard (Hénin-Beaumont, Pas-de-Calais) où elle fut refusée au concours d’entrée à l’école normale d’institutrices en raison de sa naturalisation trop récente (moins de cinq ans). Elle passa donc la première partie du baccalauréat moderne, avant d’obtenir la seconde partie du baccalauréat « philosophie » au lycée Condorcet de Lens (Nord).
Elle commença des études supérieures à la Faculté des lettres de Lille (Nord) en polonais puis en russe, tout en étant maîtresse d’internat au lycée de jeunes filles de Cambrai (Nord, 1955-1956), de Béthune (Pas-de-Calais, 1956-1957), puis surveillante d’externat au lycée Jean Macé de Lille (1957-1958). Elle réussit le concours de l’IPES (Institut préparatoire aux enseignements de second degré) en 1958, obtint une licence de polonais et une de russe, mais en raison du très faible nombre de postes aux concours du CAPES, elle fut conduite à enseigner comme maîtresse auxiliaire au lycée Jean Macé de 1959 à 1962, puis à exercer comme adjointe d’enseignement documentaliste au lycée Faidherbe de Lille, de 1962 à 1969.
Dès le début de son pionicat, Irène Gac adhéra au Syndicat national de l’enseignement secondaire et y milita dans un groupe dirigé au niveau académique par André Dubus qui organisa les premières grèves des MISE dans le Nord en 1956 et 1957. Au plan politique, elle participa aux luttes contre la guerre d’Algérie et à la création du Parti socialiste autonome puis du Parti socialiste unifié dans son département. Elle militait en même temps au Mouvement de la Paix. Attirée au départ par le Parti communiste français, le soutien de ce dernier à l’intervention soviétique en Hongrie en 1956 et son vote des pleins pouvoirs au gouvernement de Guy Mollet en Algérie l’en dissuadèrent. Mais elle décida d’adhérer au PCF en 1962. À la même époque, elle se maria à Lille le 2 novembre 1961 avec Gérard Tautil, professeur de philosophie, futur militant occitaniste et professeur de provençal, militant également au SNES, avec lequel elle eut une fille devenue professeure de lettres et militante du SNES.
En mai 1968, Irène Tautil participa à l’occupation du lycée Faidherbe. En 1969, elle obtint le CAPES (certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement public de second degré) de russe et fut nommée, comme son mari, au lycée Beaussier à la Seyne-sur-Mer (Var) où elle prit sa retraite en 1996.
Durant deux décennies, elle milita activement dans le nouveau SNES au titre du courant « Unité et Action », à la fois au niveau des sections de son établissement (S1), du département (S2) et de l’académie (S3). Membre du bureau de son S1, elle en était la secrétaire en 1978-1979, quand le lycée fut en lutte durant 15 jours. Elle participa surtout au développement du S2 du Var aux côtés de Jean de Carlo et Serge Nanni, en fut la secrétaire de 1980 à 1984 et membre de la commission administrative départementale de la Fédération de l’Éducation nationale, où le courant « Unité, Indépendance et Démocratie » était majoritaire. Elle était également membre de la CA du S3 et commissaire paritaire des certifiés. Elle figura à plusieurs reprises sur la liste UA aux élections à la CA nationale pour représenter le S3.
Après 1993, elle participa activement à la mise sur pied de la Fédération syndicale unitaire et siégea à sa CA départementale jusqu’en 2000, tout en étant membre de la CA départementale de la Fédération générale des retraités de la Fonction publique.
Son militantisme s’élargissait à d’autres questions. Ainsi, elle fut active dans le comité de soutien aux luttes des ouvriers des chantiers navals de La Seyne-sur-Mer dans les années 1980. Déçue par le PCF où elle n’avait jamais eu de responsabilités, elle le quitta en 1986. Depuis les années 1990, elle apportait son aide aux migrants originaires de l’ex-URSS. Et en 1999, elle contribua au titre de la FSU à la création d’ATTAC-Var (Association pour la taxation des transactions financières et l’aide aux citoyens) dont elle fut la présidente. Elle en était toujours administratrice en 2016 et le représentait au CA du « Collectif Stop LGV Sud Sainte-Baume ».
SOURCES : Arch. IRHSES (S3 de Nice, L’Université syndicaliste).— Site internet ATTACVar. — Renseignements fournis par l’intéressée.André DALANÇON
Pour citer cet article : http://maitronenligne.univparis1.fr/spip.php?article188600, notice TAUTIL Irène (née GAC Irène, Valérie) par Alain Dalançon, version mise en ligne le 12 janvier 2017, dernière modification le 13 janvier 2017.