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VERNIÉRI Etienne, Albert,
Nicolas.
Né le 25 février 1901 à Sesto-Campano (Italie,
province d'Isernia) ; mort le 23 mars 1990 à La Garde (Var) ;
ouvrier à l'Arsenal maritime de Toulon (Var), puis
commerçant ; socialiste SFIO ; adjoint au maire de Toulon
(1953-1959).
Son père, ouvrier cordonnier, installé à Toulon
comme artisan en mars 1903, chemin de Plaisance, fut naturalisé
en 192. Aîné de six enfants, Étienne
Verniéri reçut les premiers sacrements catholiques. Sa
famille pratiquante parlait italien et son père
fréquentait la colonie italienne (société de
secours mutuels, société musicale).
Étienne Verniéri n'obtint pas le certificat
d'études primaires à l'école du quartier
Saint-Roch et commença à travailler comme manœuvre
maçon en 1913. En 1916-1917, employé chez Maliquet,
entreprise fabriquant des obus dans le quartier du Pont-du-Las, il
travailla quelques mois à l'Arsenal maritime, comme ouvrier
ajusteur en régie directe à l'atelier de la petite
chaudronnerie pour le compte de l'entreprise Barla. Enfin, il entra
dans une entreprise métallurgique à La Seyne à la
fin de la guerre et fut, après la grève de
l'été 1919, embauché aux Forges et chantiers de la
Méditerranée à La Seyne. Syndiqué à
la CGT, en relations avec le militant Bonnaventure
Bertrand, il devint receveur du syndicat. Il se
définissait alors comme "révolutionnaire".
Étienne Verniéri effectua le service militaire dans un
régiment d'ouvriers d'artillerie à Nice (Alpes-Maritimes)
à partir de mai 1922. Il fut libéré un an
après étant devenu soutien de famille depuis le
décès de son père.
Étienne Verniéri entra alors à l'Arsenal maritime,
le 12 juin 1923, comme ouvrier ajusteur, direction des Constructions
navales, à l'atelier des machines, où il demeura vingt
ans. Adhérant à la CGTU, receveur du syndicat dans
l'atelier, il participa aux actions contre la guerre du Maroc et fut
délégué de son atelier au congrès ouvrier
et paysan de Marseille en août 1925. Pendant toutes les luttes
internes au syndicat et au Parti communiste, il ne prit position ni
pour Paul Viort ni pour Toussaint Flandrin.
Il vota pour les candidats communistes aux élections
législatives de 1924 et municipales de 1925, mais ne fit pas
partie du cercle ouvrier et paysan soutenant la liste communiste en
1925.
Quand apparurent les nouvelles orientations communistes, en
désaccord principalement avec la tactique électorale
"classe contre classe", Verniéri prit des distances. Il vota
pour le candidat socialiste SFIO dès le premier tour des
élections législatives de 1928, puis quitta la CGTU pour
adhérer à la CGT dans le courant de 1929. Il
adhéra au Parti socialiste SFIO à la fin de
l'année. Parallèlement, il rejoignit la
Franc-Maçonnerie (Grand Orient de France), loge de la
Réunion qu'il ne devait plus quitter.
Membre du conseil d'administration de la section socialiste de Toulon
en 1931, Étienne Verniéri, après avoir suivi
l'école locale du propagandiste socialiste, fut envoyé
une semaine à Puteaux (Seine) pour participer à
l'école nationale du propagandiste. Il devint membre du
comité (membre de la commission de propagande) et du bureau
fédéral l'année suivante. Pour les
élections législatives de 1932, il fit partie du
comité central de soutien au candidat socialiste SFIO.
Secrétaire de la section toulonnaise des Jeunesses socialistes
SFIO, membre de la commission de propagande des Jeunesses socialistes
SFIO pour le secteur Toulon-La Seyne, il présida plusieurs
meetings électoraux dans le premier canton de Toulon où
il demeurait, quartier Saint-Roch.
Quand s'organisa l'aile gauche au Parti autour de La Bataille
socialiste, Étienne Verniéri apporta son adhésion.
Lors des congrès fédéraux et nationaux de 1933, il
vota comme les minoritaires varois. Lors de la scission de la fin de
l'année, alors que la grande majorité des dirigeants
socialistes varois passaient au Parti socialiste de France, avec cinq
autres membres du comité fédéral, il appela
à la convocation du congrès où le Parti socialiste
SFIO se réorganisa, le 4 décembre 1933, à Toulon.
Confirmé comme membre du bureau fédéral, il le
demeura jusqu'à la guerre.
Étienne Verniéri, pour les élections municipales,
se prononça pour une liste socialiste contre la position
défendue par Gaudien Bartoli d'entente avec le Parti
communiste. Une alliance fut conclue avec Louis Gozzi et le Parti
socialiste français. Candidat, il obtint, le 5 mai 1935, 2 728
voix sur 29 381 inscrits. Pour le deuxième tour, sur la liste
conduite par le député Victor Brémond,
il réunit 10 038 voix.
Verniéri désapprouvait les alliances de certains
socialistes (comme Baptistin Coste avec les communistes
sur le terrain syndical à l'Arsenal maritime. Aussi fut-il parmi
les protagonistes de l'Amicale socialiste dont il devint
immédiatement le secrétaire dès 1936. Il intervint
dans de nombreux meetings corporatifs sur diverses questions, dans un
sens souvent fort critique, à l'égard du
secrétaire socialiste du syndicat André
Guès. Délégué au congrès
national socialiste SFIO de Royan, il se prononça jusqu'à
la guerre pour les motions présentées par Paul
Faure et soutenues dans le Var par Jacques
Toesca.
Mobilisé le 2 septembre 1939 à Nîmes (Gard) au Parc
d'artillerie, Étienne Verniéri fut
transféré à la fin janvier 1940 en Haute-Marne,
puis revint à Nîmes. Non affecté spécial,
démobilisé à Miramas (Bouches-du-Rhône), il
retrouva son travail à l'Arsenal. Visé dès juillet
1940 comme fils d'étranger, il fut, pour cette raison,
licencié en juin 1943. Il travailla alors pour une entreprise
sous-traitante de l'Arsenal, puis devint commis dans l'entreprise de
bâtiment de son beau-père, quartier Saint-Roch.
Membre du Parti socialiste clandestin et du Comité d'action
socialiste en 1941, après le départ de Joseph
Risterucci, Verniéri devint responsable toulonnais
de l'organisation. A plusieurs reprises, le triangle clandestin de la
Franc-Maçonnerie résistante se réunit chez lui. A
partir de juin 1944, son domicile abrita plusieurs
réunions des membres du Comité départemental
clandestin de Libération. A la Libération, il fut
désigné sur proposition de la délégation
spéciale comme administrateur du bureau de bienfaisance.
Étienne Verniéri réintégra l'Arsenal en
février 1945 (direction de l'Artillerie navale) et fut
réformé dix jours plus tard. La direction, en raison de
ses états de résistance, lui décerna un
"témoignage de satisfaction". Il s'occupa alors du commerce de
matériaux de construction qu'il avait créé
à la fin de la guerre.
Membre du comité fédéral, de sa commission de
propagande et du bureau fédéral du Parti socialiste SFIO
jusqu'en 1972, Étienne Verniéri fut secrétaire de
la section socialiste SFIO de Toulon de 1945 à 1947 ; il
retrouva cette responsabilité l'année suivante et
l'exerça jusqu'en 1964. Comme responsable de la section,
à la suite des « attaques calomnieuses »
portées contre Gaston Defferre dans un meeting
le 23 mai 1946 par des élus communistes de Toulon, il protesta
et annonça dans une lettre au maire communiste Jean
Bartolini, la remise des délégations des
adjoints socialistes. Quand fut constituée la SARL du journal
quotidien République, le 27 juin 1947, il posséda 8 000
francs sur un capital social de 100 000 francs dont 52 000
détenus par la fédération socialiste SFIO. A la
suite d'un compromis, le 27 février 1954, une cession de parts
fut conclue avec Le Provençal.
Candidat socialiste SFIO au Conseil général, le 23
septembre 1945, dans le premier canton de Toulon, Verniéri
obtint 5 228 voix sur 22 694 inscrits. Battu par le communiste Dominique Bacelon, il le fut à nouveau en 1951,
où le 7 octobre, il obtint 2 892 voix sur 25 724 inscrits et 3
323 voix au deuxième tour, le communiste sortant l'emportant au
terme d'une élection triangulaire. En avril 1958, à
nouveau candidat, il se retira après le premier tour,
l'essentiel de ses voix se reportèrent sur le candidat de droite
qui l'emporta.
Verniéri, sur la liste socialiste aux élections
municipales de Toulon, le 29 avril 1945, obtint 10 143 voix sur 60 365
inscrits. Pour le deuxième tour, sur la "liste d'union
patriotique républicaine antifasciste" à direction
communiste, il fut élu avec 31 119 voix. Il redevint
administrateur du bureau de bienfaisance et le demeura jusqu'en 1965
(il était alors le bureau d'aide sociale) après en avoir
été le vice-président pendant douze ans.
Réélu le 19 octobre 1947 sur la "liste d'action
républicaine et socialiste", avec 14 250 voix, Étienne
Verniéri le fut à nouveau après la
démission des conseillers municipaux socialistes et communistes
au printemps 1949. Le 8 mai 1949, il réunit 11 797 voix et
signes préférentiels sur 73 245 inscrits. Lors du
renouvellement du 26 avril 1953, candidat sur la "liste
républicaine et socialiste", il fut réélu avec 13
398 voix et signes préférentiels sur 73 245 inscrits. A
la suite d'un accord entre le Parti socialiste SFIO et la liste "des
Indépendants d'action municipale" de l'ancien maire Louis Puy,
il devint deuxième adjoint d'une municipalité
dirigée par le socialiste Édouard Le
Bellegou, délégué au contrôle
des services concédés, aux élections, au personnel
et au nettoiement.
A la suite de la rupture de l'accord, la municipalité devint
ingouvernable. Sur le terrain municipal, en dépit de
l'opposition des élus nationaux du département, sauf Jean Charlot, un accord de gestion municipale fut
signé, le 11 février 1955, avec le Parti communiste
français. Verniéri, comme secrétaire de la
section, fut le porte-parole et le signataire. La dissolution intervint
le 29 mars 1955. Dans la campagne électorale suivante, il assura
la responsabilité de l'accord avec le maire et en
défendit l'opportunité. Il fut réélu le 22
mai 1955 sur la liste "d'action municipale républicaine et
socialiste", avec 11 904 voix sur 68 767 inscrits. Selon l'accord, il
conserva le poste de deuxième adjoint et les mêmes
délégations. Il devint aussi délégué
au conseil d'administration de la Régie mixte des transports
toulonnais. Après les événements de Hongrie, le
maire décida, en novembre 1956, de retirer les
délégations des communistes, et Verniéri, en
décembre, devint le premier adjoint.
Étienne Verniéri fut réélu, le 8 mars 1959,
conseiller municipal sur la liste "d'Union républicaine et
socialiste d'action municipale", avec 12 759 voix sur 89 558 inscrits.
A nouveau candidat, le 14 mars 1965, sa liste du "Front
démocratique pour la défense des libertés locales
et des intérêts toulonnais" obtint 8 982 voix sur 95 789
inscrits et se retira.
Étienne Verniéri, à la différence de
Charlot et de Frank Arnal, se prononça dans un sens
favorable à la Communauté européenne de
défense. Il approuva, comme Arnal et Le Bellegou, la
réponse positive au référendum à la fin de
1958. Le 21 septembre 1958, un bureau fédéral provisoire
fut désigné jusqu’au congrès, il en
était le trésorier.
Diverses autres responsabilités furent assumées par
Verniéri après la Deuxième Guerre mondiale :
délégué cantonal de l'Education nationale
(1945-1975), administrateur du Crédit municipal et d'Office
départemental d'HLM.
Membre honoraire du Grand Orient de France, Étienne
Verniéri cessa de cotiser au Parti socialiste en 1984 tout en
demeurant très attaché à l'idéal
socialiste.
Marié civilement en janvier 1930 à Toulon, père
d'une fille qui ne reçut aucun sacrement religieux, veuf en
1933, remarié en mars 1941 à Toulon, Étienne
Verniéri, à nouveau veuf, fut incinéré.
SOURCES : Arch. Dép. Var, 2 M 7 35 4, 3 Z 2 6, 12, 23, 16 8.
— Arch. Com. Toulon. — Arch. IIIe Région maritime,
dossier personnel, registre de matricules. — Arch. J. Charlot
(Centre d’histoire sociale du XXeme siècle.
Université de Paris I. — Arch. OURS. — Arch.
privées : Ch. Sandro, J. Sauli. — Presse locale. —
Sources orales. — Renseignements fournis par
l'intéressé.