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VILLEVIEILLE Joseph Élie.
Né le 19 septembre 1891
à Aups (Var) ; décédé le 23 mars 1982
à Draguignan (Var) ; instituteur ; militant syndicaliste ;
militant socialiste.
Petit-fils d'un cultivateur qui, longtemps conseiller municipal, avait
participé dans le Nord du département à
l'organisation de la victoire électorale de Clemenceau, fils
d'un chef-cantonier qui possédait quelques terres, Joseph
Villevieille fut élevé dans les milieux rouges de la
commune où le souvenir de la résistance au Coup d'Etat de
1851 était vif. Son père présida le cercle
socialiste "La Fraternité".
Comme son frère Aimé, Joseph Villevieille
fréquenta l'Ecole primaire supérieure de Lorgues (Var) et
fut reçu à l'Ecole normale d'instituteurs de Draguignan
en 1908. Après avoir été nommé instituteur
au Muy avec son frère, en relations avec le libertaire
Léon Prouvost, il fut inscrit au carnet B et se sentait alors
proche des idées de Gustave Hervé. Il effectua le service
militaire dans l'infanterie (Sétif en Algérie, Bastia,
Nice). Retrouvant son poste au Muy, il adhéra à l'Amicale
en 1913. Mobilisé pendant toute la durée de la
Première Guerre mondiale, affecté au secrétariat
de l'état-major, il fut envoyé sur le front de Salonique
en 1917.
Agnostique, il se maria 17 juin 1918 aux Arcs avec une institutrice
catholique, Joseph Villevieille accepta de faire donner à ses
enfants les sacrements catholiques.
Il exerça comme instituteur aux Arcs, à La Seyne, dans le
quartier du Pont-du-Las à Toulon, puis dans les classes
primaires du lycée de Toulon alors que son épouse
dirigeait l'école de Valbourdin où ils habitaient.
Son frère Adrien, instituteur lui aussi à La Seyne,
franc-maçon comme lui, était devenu, en octobre 1927,
membre du conseil syndical de l'Union générale des
membres de l'enseignement public, bientôt section
départementale du Syndicat national des instituteurs, puis
trésorier-adjoint en mars 1928. Sympathisants, ils firent tous
deux partie du comité de soutien au candidat socialiste SFIO
pour les élections législatives de 1928.
Joseph Villevieille, initié le 23 mars 1924 à la loge
“L’Égalité“ (Grand-Orient de France)
à Draguignan, devint compagnon le 15 mars 1925 puis maître
le 18 juillet 1926. Il devait démissionner de la loge le 31
décembre 1936.
Joseph Villevieille, syndiqué comme son épouse, depuis la
formation de l'organisation varoise, en 1924, membre du conseil
syndical depuis 1927, en demeura membre jusqu'en 1937. Nommé
à Toulon, il fut délégué à la Bourse
du Travail (janvier 1931) et, au congrès de l'Union
départementale CGT, en devint le trésorier
général. Accomplissant en fait les tâches d'un
secrétaire-adjoint, chargé plus particulièrement
de la rédaction des rapports, des lettres, des
communiqués, il remplaçait régulièrement le
secrétaire général Justin Portalis lors des
absences de ce dernier et écrivait dans le bulletin syndical sur
la vie de la CGT. Il devint trésorier du Cartel des services
publics à sa reconstitution en septembre 1932. Son
activité syndicale l'amena à présenter le rapport
en 1932 sur la question de la collaboration avec l'administration
où il engageait la lutte contre les positions du
secrétaire général Florentin Alziary.
Ce dernier, mis en minorité, démissionna. Le conseil
syndical chargea Villevieille d'assurer les fonctions de
secrétaire général, le 24 novembre 1932. Il les
exerça jusqu'au 9 novembre 1933, date à laquelle il
démissionna pour raisons de santé, conservant ses
responsabilités à l'Union départementale CGT et au
Cartel des services publics.
Joseph Villevieille fut de toutes les organisations syndicales de la
période et participa activement à toutes les initiatives
et discussions : secrétaire de la commission des affaires
corporatives de la section du SN, délégué à
la Fédération générale de l'Enseignement,
à la Fédération des Fonctionnaires, au Cartel des
services publics, aux Unions départementale et locale de la CGT,
à la Bourse du Travail, au comité de gestion de la
souscription en faveur des enfants de chômeurs,
délégué aux congrès. Il participa dans la
presse locale aux discussions avec la CGTU sur les grandes questions
d'orientation. Il écrivit notamment "Faire du syndicalisme avec
des idées, des mots, c'est peut-être suffisant à
votre avis ; mais faire du syndicalisme avec des hommes c'est mieux." (Le Petit Var, 3 juin 1933).
Dans le même temps, Villevieille ne militait pas dans les rangs
du Parti socialiste SFIO en raison des nombreux désaccords qu'il
avait avec la ligne majoritaire défendue par Pierre Renaudel.
Dans les discussions publiques qui se déroulaient dans la
presse, il publia une lettre à Victor Mathieu, instituteur
syndicaliste, partisan de Renaudel, où il affirma : "Nous sommes
tous réformistes" (Le Petit Var,
19 novembre 1933). Dès l'exclusion des amis de Renaudel, en
décembre 1933, il adhéra et devint rapidement
secrétaire-adjoint de la deuxième circonscription de
l'organisation toulonnaise. Animateur de la sous-section de Valbourdin,
se situant à la gauche du Parti, proche de Gaudien Bartoli, il
se prononça dans les discussions entre socialistes de Toulon,
contre l'alliance avec Louis Gozzi pour les élections
municipales de 1935. Ayant conservé une maison à Aups, en
contact avec les socialistes locaux qui reconstituèrent une
section socialiste SFIO, candidat pour le Conseil d'arrondissement dans
le canton, le 7 octobre 1934, il obtint 88 voix sur 811 inscrits. Il
joua un rôle actif aux côtés de Jacques Toesca
à la veille du Front populaire (secrétaire du
comité électoral de Toesca lors des élections
partielles de juin 1935, membre du comité de soutien au candidat
socialiste SFIO lors des élections législatives de 1936
notamment). Il participait à l'animation du quartier de
Valbourdin en présidant le comité des fêtes.
Joseph Villevieille fut désigné comme membre du bureau de
la section départementale du Syndicat national des instituteurs
après l'unification à la fin de 1935. Il abandonna
progressivement ses responsabilités syndicales. Après
avoir été délégué au congrès
de la fédération socialiste SFIO en mai 1938, pour des
raisons mal établies, il fut traduit devant la commission des
conflits de la fédération socialiste en mai 1939.
Il refusa de s'y rendre provoquant l'auto-dissolution de la
sous-section de Valbourdin.
Pendant et après la guerre, Joseph Villevieille, en dépit
de nombreuses sollicitations, refusa de réadhérer au
Parti socialiste SFIO. En 1946, il créa à Toulon un
groupement de défense des retraités de l'enseignement et
il demeura pendant quelques années au conseil syndical de la
section départementale du SNI. Il occupait ses loisirs à
écrire des ouvrages de pédagogie et des récits
évoquant son milieu et sa jeunesse, parfois publiés (Le moulin de Bayard, Paris, La Nef de Paris, 1958, 160 p.), parfois restés à l'état de manuscrits (Le bal du cercle) ou des plaquettes poétiques.
Œuvre : Le fichier de la BNF comprend trois références dont Gammes, La Pensée universelle, collection « Poètes de notre temps »,1982, 49 p.
SOURCES : Arch. Dép. Var, 2 M 6 24, 4 M 50, 54, 3 Z 2 12.
— Presse locale. — Sources orales. — Renseignements
fournis par l'intéressé. — Notes de Maurice Mistre.