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VINCENT Josette, Eugènie, Félicie.
Née le 7 décembre 1922
à La Seyne (Var), morte le 6 février 2017 à La Seyne ; secrétaire ; militante communiste
adjointe au maire de La Seyne.
Fille de l'agent technique communiste à l'Arsenal maritime de Toulon (Var), Louis Vincent, et de Louise Vincent,
militante communiste elle aussi, Josette Vincent ne reçut aucun
sacrement religieux. Élève de l'École primaire
supérieure Curie à La Seyne, elle obtint le brevet
élémentaire, puis après un an au collège
Tessé à Toulon un CAP de secrétaire
sténodactylo en 1938. Aide-comptable chez un expert-comptable de
La Seyne en 1939-1940, elle travailla chez un grossiste de 1943-1944,
puis devint dactylo aux sièges de la Fédération du
Var du Parti communiste français puis de l'Union des femmes
françaises. Elle entra en 1959 à la Mutuelle de la Marine
et y termina sa carrière comme cadre en 1982.
Adhérente de l'Union des jeunes filles de France en 1937,
Josette Vincent participa à la frappe des textes des Jeunesses
communistes pendant la guerre et à diverses activités de
résistance en liaison avec ses parents. Elle résuma cette
activité par les termes d' "aide technique à partir de
1942".
Mariée à La Seyne, en avril 1941, avec Raymond Fave,
ouvrier chaudronnier sur cuivre à l'Arsenal maritime de Toulon,
communiste, dit Marcel pendant la guerre, elle divorça à
la fin de 1947. Elle avait adopté un petit garçon la
même année et à partir de 1948 vécut avec Joseph Bessone jusqu'au décès de ce dernier en 1987.
Josette Fave adhéra au Parti communiste français en 1944.
Responsable départementale de l'Union des jeunes filles de
France, elle siégea au comité national jusqu'en 1947.
Elle remplit une première biographie pour le PCF en 1946. La
même année, elle suivit une école
fédérale du Parti et la termina en 6eme position sur 11
élèves. Elle remplit une autre biographie pour suivre
l'École de la Jeunesse en août 1947. En la
présentant, un responsable indiquait : "C'est à elle que
nous devons le développement de l'organisation dans le Var". A
la fin de l'école, l'appréciation portée sur cette
militante ne laissait pas présager une montée dans les
cadres de la jeunesse.
En 1947, Josette Vincent devint membre du comité
fédéral du PCF. En 1948, secrétaire
départementale de l'Union des femmes françaises, elle
conserva cette responsabilité jusqu'en mars 1951. Dans le
même temps, elle participa au conseil national de l'UFF
(1948-1951). Le secrétaire fédéral la jugeait en
ces termes en 1951 : "c'est une camarade qui est à suivre car
elle a de grandes possibilités".
Membre du comité de la section communiste de La Seyne au
début des années 1950, Josette Vincent devint membre du
bureau fédéral en 1953 et y resta jusqu'en 1962, ayant la
responsabilité du travail féminin, succédant
à Noëlle Thomazo. Elle participait aux travaux de la
commission nationale féminine mais ne put adhérer
pleinement au discours favorable à la famille et à la
maternité. Elle suivit les cours de l'école centrale d'un
mois et de celle de quatre mois d'octobre 1954 à février
1955. L'appréciation portée estimait alors :
"camarade qui a abordé l'école avec des bases théoriques assez faibles. A beaucoup travaillé. A paru éprouver quelques difficultés au début. Intelligente mais assimile avec assez de lenteur, a peu de mémoire, cependant a réalisé de nets progrès. A suivi l'école avec un complexe d'infériorité permanent, semble beaucoup manquer de confiance en elle-même, ce qui paraît s'expliquer par certaines difficultés d'ordre personnel et la conscience de ses difficultés. Ne semble pas de tempérament très combatif. Aime le travail parmi les femmes et surtout le travail à la municipalité et paraît très attachée au Parti".
En 1954, autorisée par le
secrétariat du Parti pour aller en Tchécoslovaquie, elle
ne s'y rendit pas. Le seul voyage qu'elle fit avec une
délégation d'élues communistes fut à Berlin
au début des années 1970. Selon le rapport de Camille
Vallin, représentant de la direction du Parti dans le
département, en janvier 1962, il fut, par des dirigeants de la
fédération communiste, qu'elle devienne permanente "dans
un avenir assez proche", pour pallier l'insuffisance du travail
en direction des femmes. Après la conférence
fédérale de juin 1962, selon le rapport de Raymond
Thévenin qui suivait la fédération, elle n'aurait
pas accepté cette perspective. D'après son
témoignage, une telle proposition ne lui fut jamais faite et de
toutes façons elle l'aurait refusée.
A partir de 1964, toujours membre du comité
fédéral, toujours responsable du travail auprès
des femmes, Josette Vincent ne fut pas réélue au
comité fédéral en 1970 sur sa demande.
Josette Vincent figura sur la liste "d'union républicaine et
résistante présentée par le PCF" pour le
collège départemental pour l'élection du Conseil
de la République, le 24 novembre 1946. Candidate au conseil
municipal de La Seyne en octobre 1947, elle fut la première non
élue de la liste présentée par le PCF.
Après la démission de Léon Mary,
elle le remplaça en avril 1948. Elle fut
régulièrement réélue sur les listes
communistes, puis sur les listes d'union de la gauche, jusqu'en 1983.
Elle fut à partir de juin 1950 adjointe aux œuvres
sociales, responsabilité qu'elle occupa jusqu'en 1983. Elle
présida le Bureau d'aide sociale jusqu'en 1983.
Son action à la tête du secteur social de la
municipalité fut novatrice car il fallait construire ou
reconstruire après la guerre. Elle fut responsable de
réalisations permettant aux femmes de mieux vivre
(crèches à partir de 1959, consultations
prénatales, actions autour de la maternité dont
l'accouchement sans douleur et la contraception au début des
années 1960, jardin d'enfants au début des années
1950). Pour le centre médico-social Danielle Casanova,
inauguré en 1953, elle conduisit, avec Philippe Giovannini puis avec Jean Sprecher
de difficiles négociations avec les médecins locaux. Elle
mit en place le service social municipal et veilla au suivi social des
plus défavorisés (pour les vieilles personnes avec
notamment la construction de foyers de quartiers puis de deux foyers
logements, l'organisation des vacances avec utilisation des colonies de
vacances municipales). Elle fit augmenter fortement les crédits
du Bureau d'aide sociale afin d'aider les
économiquement faibles (colis, vêtements). Dans les
années 1970, commença à se développer un
service social polyvalent (avec aides ménagères)
divisé en trois secteurs (personnes âgées, enfance,
handicapés). Fut alors réalisé
l'aménagement de la mairie annexe au centre Renan avec
réunion des services sociaux et construction d'un restaurant
scolaire. Cette activité sociale s'accompagnait pour Josette
Vincent d'actions politiques contre la guerre d'Indochine et surtout
d'Algérie, en direction des mères de soldats.
Son expérience sociale à la tête de la
municipalité l'imposa comme l'exemple même d'une
élue municipale communiste et elle en fit profiter ses camarades
des diverses commissions féminines nationales ou
départementales. Ainsi elle initia Danielle De March quand elle prit sa succession dans la fédération communiste du Var.
Entre 1983 et 1989, Josette Vincent siégea au conseil municipal
dans la minorité affectée notamment à la
commission des cimetières. Candidate en 1989, elle
devint par la suite adjointe honoraire.
Josette Vincent à la fin des années 1980 présidait
l'amicale des vétérans communistes dans le Var.
Secrétaire du comité local de l'Association nationale des
anciens combattants de la résistance, elle siégeait au
bureau départemental de l'organisation.
Devant la "mutation" du PCF entreprise à partir de 1995-1996,
Josette Vincent, tout en étant d'accord avec l'orientation
d'ouverture, éprouvait une "grande perplexité devant le
manque de fermeté et de rigueur de l'organisation". Sans prendre
parti dans les divisions de la fédération communiste du
Var et de la section communiste de La Seyne, tout en comprenant
les diverses motivations, elle n'adhéra pas à
l'association "83" qui regroupait les militants désireux de
s'opposer aux dirigeants.
Une exposition fut organisée à la Maison de patrimoine
à La Seyne en 2012 à partir de ses archives et de celles
de Joseph Bessone.
SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Arch. Com.
La Seyne. — Presse locale. — Renseignements fournis par
l'intéressée.