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ZUNINO Michel, Jean, Marius.
Né et mort à Toulon (Var), 12 juin 1889-26 avril 1958 ; commerçant et viticulteur ; marié ; cinq enfants ; député socialiste S.F.I.O. du Var (1936-1940) : député communiste du Var (1945-1955).
Ses parents, originaires des provinces de Gênes et de Cuneo (Italie), ouvriers, devenus commerçants en vins à Toulon, Place Puget, s'installèrent à La Garde (Var) en 1894 où ils possédaient une petite propriété. Michel Zunino, aîné de cinq enfants, reçut les premiers sacrements catholiques. Il fréquenta l'école primaire de La Garde, puis l'école secondaire Rouvière à Toulon et enfin l'Ecole primaire supérieure de Bandol. Au début de sa vie politique, ses adversaires firent circuler le bruit qu'il sortait du collège tenu par les Maristes et il dut s'expliquer souvent sur sa jeunesse. En 1906, son père mourut et il dut interrompre ses études pour poursuivre l'activité commerciale familiale. Ses deux ans de service militaire accomplis dans un régiment d'artillerie, il reprit un magasin de vins à La Seyne et se maria religieusement en décembre 1912 avec une jeune fille de La Garde. Ses quatre premiers enfants reçurent les premiers sacrements catholiques. Mobilisé comme sous-officier, dès août 1914, deux fois blessé (à Verdun), cité et décoré, nommé commandant d'une unité, il termina les hostilités, sur le front italien, comme lieutenant d'artillerie passant capitaine avant sa démobilisation.
Zunino devint négociant en gros en vins à Marseille (Bouches-du-Rhône, boulevard d'Arenc), puis créa "L'Union des Vins blancs". Enrichi, il acheta plusieurs maisons à Marseille et une propriété à La Garde. Malade, il laissa son commerce à un associé. Il reprit une affaire de courtage de vins à Toulon. Il connut des difficultés avec la crise. Plus tard, en 1942, il écrivit :
"J'avais antérieurement à 1928 une belle aisance ayant réussi dans le négoce des vins. Puis la crise, qui a si durement frappé, après cette date, le commerce en général, et celui des vins en particulier, m'a fait, en quelques années, perdre la totalité de mes gains. J'ai dû, pour faire honneur à mes engagements, vendre une partie de mes biens et hypothéquer le reste."
Une publicité de l'hebdomadaire socialiste S.F.I.O., Le Populaire du Var, décrivait les établissements "Michel Zunino et fils", créés en 1934, spécialisés dans les huiles minérales et graisses industrielles et fournisseurs notamment de la société des autocars GABY, exploités par Zunino et son fils Roger. Ils cessèrent cette activité en 1940. En outre, Zunino, membre de la coopérative vinicole de La Garde, accéda à sa présidence avant 1933.
Zunino habitait Toulon quand il fut élu conseiller municipal de La Garde, le 5 mai 1929, arrivant en première position sur la liste "républicaine socialiste. Union des gauches", conduite par le maire sortant socialiste S.F.I.O. Charlois (voir ce nom), avec 538 voix sur 875 inscrits. Membre des commissions des finances, de l'octroi, des listes électorales, de l'agriculture, Zunino devint maire, le 18 août 1931, après la démission du maire Charlois, malade. Ce dernier devint maire honoraire. Zunino, demeurant toujours à Toulon, trois ans plus tard, des élections municipales partielles furent organisées pour désigner un adjoint habitant La Garde.
Membre du Parti socialiste S.F.I.O., Zunino avait peu milité jusqu'alors. Ses fonctions l'obligèrent à participer à la vie de son parti où il demeura après le départ de la plupart des élus varois à le fin de 1933. Aussi, fut-il désigné comme membre du comité fédéral et de la commission de propagande par le congrès du 3 décembre 1933, et quelques mois plus tard, secrétaire de la fédération des municipalités socialistes.
Franc-maçon (loge "L'Action écossaise", Grande Loge de France), membre de la Ligue des Droits de l'Homme, Zunino fut désigné par le congrès fédéral de cette dernière, le 22 avril 1934, comme responsable de la propagande, confiance renouvelée l'année suivante.
Bien implanté dans son village, Zunino présidait le bureau de bienfaisance, la caisse du crédit agricole, la coopérative vinicole et le Sou des écoles. En tête de la liste "socialiste et d'intérêt local", il fut confirmé aux élections municipales du 5 mai 1935, avec 586 voix sur 943 inscrits.
Lors du renouvellement du Conseil général en 1934 dans la quatrième canton de Toulon, Charlois annonça son retrait. Il patronna la candidature de Zunino qui fut nettement élu, dès le premier tour, le 7 octobre 1934, avec 1 136 voix sur 3 473 inscrits. Membre de la commission de l'agriculture, de l'instruction publique et des vux, de la commission des transports jusqu'à la guerre, secrétaire en 1934, vice-président en 1935, il participa aussi de façon continue aux commissions des H.B.M., de la protection des sites, de réforme des chemins de fer d'intérêt local et des tramways. Jusqu'en 1937, il fit partie des commissions d'aliénation des propriétés départementales, de classification de la contribution foncière des propriétés non bâties, de l'office de placement gratuit, de protection des sites, des eaux de Fontaine l'Evêque. En outre, il représentait le Conseil général au comité de patronage des H.B.M., au conseil d'administration de l'office d'H.B.M., au comité de surveillance de l'école pratique d'horticulture d'Hyères, au conseil départemental des allocations militaires, à la conférence des conseils généraux du Sud-Est et au syndicat des communes du littoral varois. À partir de 1937, il remplaça ces activités diverses par les commissions des bourses scolaires et de l'électrification des campagnes.
Au Conseil général, Zunino fut un élu socialiste S.F.I.O. actif. Il signa le vu politique, le 17 octobre 1934, présenté avec cinq autres élus socialistes S.F.I.O. et l'élu communiste, demandant la dissolution des ligues et félicitant "les ouvriers et les paysans du Var rouge de la victoire éclatante qu'ils ont remportée aux élections cantonales sur les forces coalisées des faux républicains et des fascistes de la réaction." Il signa aussi au nom du Parti socialiste S.F.I.O., l'appel commun avec le Parti communiste, le 25 août 1935, adressé aux élus pour qu'ils rallient le Front populaire. Son action dans le domaine viticole l'amena, le 17 octobre 1934, à déposer un vu pour limiter l'importation des vins d'Algérie. Dans le même temps, il fut une des chevilles ouvrières de la fédération des coopératives vinicoles.
Zunino, dans sa profession de foi de 1936, évoqua son uvre communale "considérable", précisant qu'il avait "pu mettre en application ses conceptions socialistes et ses réalisations, dans le domaine de l'urbanisme, peuvent être données en exemple". De telles louanges ne reflétaient qu'une partie de la réalité. À la suite d'une gestion qui refusait l'imposition ou l'endettement, les réalisations du maire furent modestes. Mais un "esprit Zunino" progressait fait de louvoiements successifs, de dialogues débouchant sur des actions possibles car admises par tous.
Son rayonnement amena le congrès de la fédération socialiste S.F.I.O. des Arcs, le 1er septembre 1935, à le désigner comme candidat aux élections sénatoriales sur la liste socialiste S.F.I.O. Le 20 octobre 1935, il obtint 90 voix sur 510 inscrits et se retira. Jacques Toesca (voir ce nom), alors secrétaire fédéral, parla plus tard de ses "manuvres" qui "avaient surtout desservi ses colistiers" pour cette élection (Un militant de province, p. 179). Nos recherches ne nous ont pas permis d'établir des indices explicatifs de ce jugement sévère à posteriori.
Pour les élections législatives de 1936, dans la troisième circonscription, l'élu socialiste S.F.I.O. de 1932, Chommeton (voir ce nom), passé au Parti socialiste de France, ne se représenta pas. Selon le commissaire spécial, une candidature de Paul Faure fut envisagée. Il n'y eut pas de suite et Sandro (voir ce nom) fut désigné à l'unanimité par les socialistes de la circonscription. Après son refus, Zunino fut désigné. J. Toesca rapporta plus tard : "Delsante [Zunino] [ ] pour servir à la fois son ambition et ses intérêts commerciaux, voulait être parlementaire. Il avait d'ailleurs toutes les qualités secondaires requises, et s'il manquait d'éloquence, il abondait en relations intrigantes." Parmi celles-ci, l'auteur signalait le directeur d'un "important journal régional" et "agent d'affaires immobilières bien connues du Tribunal" (Un militant de province, p. 179).
Le 26 avril 1936, Zunino, avec 3 380 voix sur 16 983 inscrits, fut devancé par son adversaire de droite. Devenu candidat unique de la gauche, il fut élu, avec 7 894 voix, le dimanche suivant. Sa profession de foi insistait sur le dévouement en faveur de l'agriculture du "candidat au passé politique impeccable, possédant une valeur morale au-dessus de tous éloges et des qualités éprouvées d'administrateur". Son activité parlementaire s'exerça dans trois commissions, marine marchande, marine militaire, agriculture. Il intervint notamment dans la discussion des budgets de l'agriculture et présenta une proposition de loi pour des crédits destinés à aider les victimes varoises des inondations.
Au Conseil général, Zunino continua d'appartenir à la majorité favorable au Front populaire. Il fit partie notamment de la délégation, qui le 11 mai 1936, se rendit chez Fourment (voir ce nom) pour tenter de le faire revenir sur sa décision de démissionner de son poste de président. À partir de 1937, alors que les divergences croissaient entre communistes et socialistes, il fut de ceux qui, tout en restant très disciplinés dans les votes, à la différence de conseillers socialistes tels Bartoli ou Barbarroux (voir ces noms), manifestèrent à plusieurs reprises leurs amitiés pour leurs collègues communistes, et notamment Gaou (voir ce nom).
Dans les débats internes au Parti socialiste S.F.I.O., Zunino, à partir de 1938, suivit les positions de Blum, comme au congrès fédéral du 21 mai 1939. Aussi, fut-il un des 80 députés qui refusa de voter la délégation des pouvoirs au maréchal Pétain, le 10 juillet 1940. Plus tard, le sénateur socialiste S.F.I.O. Sénès (voir ce nom) affirma l'avoir convaincu de voter négativement. Selon le témoignage de sa belle-fille Marcelle Zunino, elle le conduisit à Brignoles où il devait rejoindre Sénès pour se rendre à Vichy. Michel Zunino, pendant le voyage, lui confia : "Je veux une réforme de la Constitution, mais jamais, ne serait-ce au péril de ma liberté, je ne leur accorderai les pleins pouvoirs."
Quand la Légion des combattants se forma, Zunino, après avoir dissous l'association d'anciens combattants dont il était le vice-président, donna son adhésion personnelle mais ne demanda pas aux conseillers municipaux ou à la population de faire de même. Il inscrivit sur son bulletin "Se met à la disposition de la Légion" et engagea les anciens combattants de l'association à faire de même. Cette adhésion lui aurait été conseillée par le responsable de la section socialiste S.F.I.O. Barrat (voir ce nom) qui voyait là un moyen de ménager les forces de droite qui auraient bien voulu s'emparer de la mairie. À la Libération, le comité fédéral du Parti socialiste S.F.I.O. estima que son appartenance à la Légion avait duré "quarante-huit heures". Il donna quelques gages en faisant enlever les plaques des rues Salengro ou Barbusse. Mais, selon le rapport du commissaire spécial, au début avril 1941, les "milieux nationaux" commençaient à s'opposer au maire. Alors que la moitié des élus ne siégeaient plus pour des raisons diverses, toujours, selon le commissaire spécial, le maire attendait sa déchéance. Pourtant, le 8 avril 1941, il écrivit au préfet que les travaux étant réalisés, "cette petite cité est maintenant convenablement équipée", l'heure de son remplacement était arrivée : "Les charges de ma fonction deviennent trop lourdes. J'ai la sensation de ne plus pouvoir remplir ma mission de façon parfaite". Le lendemain, l'ensemble des édiles restant en fonction signèrent une lettre collective de démission.
En février 1942, Zunino écrivit au commissaire du gouvernement chargé de gérer les caisses de retraites des parlementaires. Estimant "insuffisante" son allocation-retraite, il se présentait comme endetté, empêché de travailler par un état de santé "précaire" (attesté par un certificat médical concluant au "ralentissement de ses fonctions physiques qui ne lui permettent plus de mener une vie active normale") et ajoutait qu'il était père de cinq enfants, dont un très malade. Cette requête, nullement isolée puisque de nombreux parlementaires avaient, après leur élection en 1936, ralenti ou abandonné leurs activités professionnelles, ne fut pas suivie d'effets.
En 1942, Zunino fut en contact avec Mistral (voir ce nom) mais se serait tenu en retrait. Peu de temps après, par l'intermédiaire de Barrat, il entra en contact avec le Front national. Il quitta La Garde pour l'Ardèche. Membre du comité du Front national pour la zone Sud, il aurait été affecté, selon certaines sources, en raison de ses compétences militaires, à la direction militaire du Front national pour la région Ardèche-Savoie. Selon d'autres sources, il aurait été "conseiller technique" du Front national en Ardèche. Selon la délibération du comité fédéral du Parti socialiste S.F.I.O., le 4 décembre 1944, il aurait participé à la création du Front national dans le département en "juin ou juillet 1943". En juillet 1944, il aurait conduit à Toulon un délégué de la direction de la Résistance pour arbitrer un conflit interne entre forces politiques de la Résistance. À la Libération, président du Front national dans le Var, il était membre du comité directeur du Front national qui le délégua à l'Assemblée consultative provisoire où il assura le secrétariat de la commission de l'agriculture. Entre temps, le comité fédéral du Parti socialiste S.F.I.O., le 4 décembre 1944, avait examiné le cas des élus socialistes de l'avant-guerre. Selon le procès-verbal, il fut maintenu au Parti à l'unanimité ou par 10 voix contre 2, selon un autre passage, "à condition qu'il suive les directives du Parti et de la fédération et réserve toute son activité de propagandiste au Parti". Toujours selon le procès-verbal, "Zunino ne peut accepter ces conditions et donne sa démission du Parti". Selon des témoignages, il aurait déclaré, lors de cette réunion, "je ne peux combattre ceux avec qui j'étais dans la Résistance alors que je n'ai pas beaucoup vu de socialistes". Il assista par la suite au congrès de la fédération socialiste S.F.I.O., à Toulon, au printemps de 1945, sous la présidence de Gaston Defferre, qui décida à l'unanimité, son exclusion du Parti.
Le Comité départemental de Libération le maintint dans ses fonctions de conseiller général et lui rendit son poste de maire de La Garde. Aux élections municipales, il conduisit une liste "d'union patriotique" regroupant des membres du Front national, du Parti communiste et de la C.G.T. qui fut élue le 29 avril 1945. Il avait proposé, en vain, à la section socialiste S.F.I.O. de participer à la liste.
Lors des élections cantonales, dans le quatrième canton de Toulon, une situation particulière se présenta. Comme candidat "d'union républicaine", Zunino, conseiller général sortant socialiste, administrateur de la fédération des caves coopératives, dirigeant national et président départemental du Front national, délégué à l'Assemblée consultative, soutenu par le Parti communiste, se vit opposer par le Parti socialiste S.F.I.O., Lupi (voir ce nom), ancien président du Conseil d'arrondissement. À l'issue du premier tour, Zunino arriva largement en tête. Lupi annonça son maintien puisqu'il n'y avait pas de danger de droite et que Zunino n'était pas le candidat du Parti communiste mais du Front national. Cette situation n'était que l'exemple toulonnais d'une tendance. L'accord départemental de désistement réciproque conclu entre Parti communiste et Parti socialiste S.F.I.O. fut dénoncé et partout des luttes entre les deux partis caractérisèrent le deuxième tour. Le Parti communiste appela à redoubler les efforts car "le maintien de la candidature de Lupi est contraire à la discipline républicaine" et qu'il ne pouvait "espérer être élu que grâce aux voix réactionnaires" (Rouge-Midi, 27 septembre 1945). Ce dernier l'emporta au deuxième tour, le 30 septembre 1945, avec 300 voix d'avance sur Zunino qui réunit 3 554 voix sur 10 869 inscrits.
Un tournant était pris. Désormais, Zunino était assuré, depuis longtemps, de l'hostilité personnelle des socialistes qui naturellement avancèrent dans les polémiques que l'ancien député avait été exclu du Parti. Il décida alors d'adhérer au Parti communiste après avoir reçu l'assurance de la direction du Parti communiste, de figurer en deuxième position, derrière Bartolini (voir ce nom) sur la liste communiste pour l'élection de l'Assemblée nationale constituante. À la suite de ce passage dans les rangs du Parti communiste, de nombreuses réactions furent enregistrées. La plupart essayèrent de faire conclure à un calcul intéressé de Zunino. En fait, il y avait depuis son adhésion au Front national une logique qui devait le conduire vers le Parti communiste.
Ainsi, le Parti communiste imposait-il aux militants varois que le député communiste de Brignoles de 1936, Gaou (voir ce nom), ne figurât qu'en troisième position. La liste, avec 61 523 voix sur 216 738 inscrits eut deux élus, le 21 octobre 1945, dont Zunino à la plus forte moyenne. Le rapport du préfet du 22 novembre 1945 indiquait son étiquette : "républicain-socialiste-Front national". Pourtant, Zunino, dans l'imprimé d'affiliation à la Chambre, indiqua "Parti communiste français". Il fut réélu sur la liste "communiste et d'union républicaine et résistante" à la deuxième Assemblée nationale constituante, le 2 juin 1946 qui recueillit 59 747 voix sur 218 263 inscrits. Il conserva son siège à l'Assemblée nationale, le 10 novembre 1946, la liste "du Parti communiste et d'union républicaine et résistante" obtenant 60 209 voix sur 216 683 inscrits, puis le 17 juin 1951, sur la liste "républicaine, résistante et antifasciste pour l'indépendance nationale, le Pain, la Liberté et la Paix présentée par le Parti communiste français" qui réunit 59 394 voix sur 218 459 inscrits. Il siégea à la commission de l'agriculture, suivant plus particulièrement les questions viticoles, et à la commission de l'intérieur. S'étant retiré des affaires, il indiqua régulièrement comme profession "cultivateur".
Lors du renouvellement du Conseil général, Zunino se présenta comme candidat d' "union républicaine et résistante". Après avoir obtenu 3 069 voix sur 11 090, le 20 mars 1949, il gagna un combat triangulaire, le dimanche suivant, avec 3 370 voix. Membre des commissions de l'agriculture, de l'instruction publique, des vux, des transports, du tourisme, il représenta le Conseil général au comité technique départemental des transports et au syndicat des communes du littoral. En 1955, à nouveau candidat, il obtint 2 507 voix sur 11 654 inscrits et fut battu au deuxième tour par le maire de droite de La Valette. Pourtant, contre l'avis de la fédération socialiste S.F.I.O., le candidat socialiste S.F.I.O. Libérace (voir ce nom) appela à voter pour Zunino alors que son propre adjoint, candidat lui aussi, demandait de voter contre lui.
Parallèlement, à La Garde, Zunino fut réélu aux élections municipales d'octobre 1947. Il renouvela sa proposition à la section socialiste S.F.I.O. de participer à la liste. À la demande de la section conduite par Sezionale (voir ce nom), la fédération socialiste S.F.I.O. accepta et sa liste comprit une minorité de socialistes S.F.I.O. Sezionale devint alors premier adjoint. Ce dernier en août 1948 entraîna la majorité de ses amis dans le Parti socialiste unitaire, puis dans l'Union progressiste. Aux élections municipales de 1953, Zunino fut réélu à la tête d'une liste d'union comprenant des communistes, des progressistes et des démocrates. Le Parti socialiste S.F.I.O. avait été à nouveau sollicité pour figurer sur sa liste. Refusant de participer sur la même liste que les dissidents socialistes, les socialistes figurèrent sur la liste conduite par Edmond Charlois, fils de l'ancien maire socialiste André Charlois (voir ce nom). Par la suite, après les élections cantonales de 1955, où Sezionale fit voter pour le maire de La Valette, contre Zunino, une crise s'installa dans le conseil municipal où ses partisans étaient minoritaires. Il s'en suivit une période où la droite l'emporta (élections municipales partielles du 18 mai 1958 et générales de mars 1959).
Membre du comité fédéral du Parti communiste, Zunino déploya une grande activité, notamment en militant dans les Combattants de la Liberté. Lors de la conférence fédérale des 14-15 juin 1947, il présenta un rapport, avec Bancel (voir ce nom), sur l'activité municipale. Il continua à militer aussi au sein de la fédération varoise des caves coopératives dont il fut un des administrateurs.
Malade, Zunino ne se représenta pas aux élections législatives de 1956. Il "n'a pu affronter les fatigues d'une campagne électorale" (Le Patriote, 15 décembre 1955) affirma la presse communiste pour expliquer son absence. Annonçant son décès, Le Monde indiqua qu'il fut victime d'une crise cardiaque alors que la presse locale l'expliqua par un dème pulmonaire. Ses obsèques furent civiles.
Zunino fut le seul député socialiste S.F.I.O. de la Chambre du Front populaire à retrouver son siège comme élu communiste. Spécialiste des questions coopératives, il devint pour ses anciens camarades varois le symbole de la trahison. Bon connaisseur des milieux d'affaires, administrateur compétent, dévoué, il se caractérisa par une grande discipline dans ses partis successifs.
SOURCES : Arch. Dép. Var, 2 M 3 52, 4 1 3, 5 292, 7 32 1, 2, 35 4, 4 M 46, 59 2, 18 M 13, 92, 3 Z 2 6, 23, 4 19, Cabinet. - Arch. Assemblée nationale. - Arch. J. Charlot (C.R.H.M.S.S.). - Presse locale. - Sources orales. - Renseignements fournis par Marcelle Zunino et J.-M. Guillon.