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ARMANDO Édouard [ARMANDO Joseph, Édouard, Marius]
Né le 22 janvier 1909 à Toulon (Var) ; mort le 27 février 1971 à La Seyne (Var) ; ouvrier menuisier ; secrétaire adjoint de l’Union départementale CGT du Var en 1937 ; membre du bureau régional du Var du Parti communiste en 1938 ; secrétaire de la Fédération communiste du Var (1946-1951).
Son père, originaire
d’Italie (province de Cuneo), travaillait à l’usine à gaz de Toulon. Il
eut deux garçons et une fille qui reçurent les sacrements catholiques.
Il fut muté à l’usine à gaz de La Seyne et habitait route de Balaguier.
Armando après avoir obtenu le Certificat d’études, commença un
apprentissage de menuisier chez un artisan de la rue Franchipani. Il
adhéra aux Jeunesses communistes vers 1927 pendant les vendanges dans
la Provence intérieure. Il travailla comme employé communal à Ivry et
comme ouvrier aux usines Renault (mais il ne figurait pas dans les
fichiers du personnel) et Farman (octobre 1930-octobre 1931). Après son
service militaire (octobre 1931-octobre 1932) au 61e RAD, il entra aux
chantiers de la Méditerranée à La Seyne en février 1932 et fut licencié
le 11 février 1933. Il travailla par la suite d’octobre 1935 à la
guerre aux établissements Doyen à Toulon.
Au début de 1934, Armando était le secrétaire du comité de parti à La
Seyne qui coordonnait l’activité des cellules communistes selon divers
témoignages. Quand la réunification syndicale se produisit aux
chantiers, le 26 novembre 1935, il devint trésorier de l’organisation
bien que n’appartenant plus à l’entreprise. Il participa au congrès de
réunification CGR-CGTU à Toulouse (2-5 mars 1936) comme délégué du
syndicat des métaux de La Seyne et du syndicat des choristes de Toulon.
Quand Jean Barailler fut muté, il
devint en décembre 1936, secrétaire de l’Union locale de la CGT. Trois
mois plus tard, il était désigné comme membre du bureau de la Bourse du
Travail. Membre de la commission exécutive de l’Union départementale de
la CGT lors de l’assemblée générale du 3 octobre 1937, confirmé dans
cette responsabilité par le congrès de l’UD des 10 et 11 novembre 1937,
il fut désigné pour assurer les fonctions de secrétaire adjoint. Lors
du congrès, il avait, dans son intervention, attaqué très vivement les
militants proches des idées de René Belin. À la suite de la réunion extraordinaire de l’UD en présence de Léon Jouhaux et de Benoît Frachon,
le 31 août 1938, il fit partie de la commission de six membres nommée
pour essayer de résoudre les questions en litige. Le congrès des 23 et
24 juillet 1938 le confirma dans sa responsabilité de secrétaire
adjoint. Selon la police, il travaillait aux chantiers de La Seyne, ce
qui était faux. En outre, il représentait la CGT à l’Aéro-club du Var.
Édouard Armando était devenu en février 1937 le secrétaire du rayon
communiste de La Seyne. Quand la région communiste du Var se forma, le
19 novembre 1938, il fut désigné comme membre du comité et du bureau
régional. D’octobre 1938 à avril 1939, il participa à l’école centrale
du Parti communiste à Arcueil (Seine/Val-de-Marne), école qui se
termina par l’étude de l’histoire du Parti bolchevik. Il ne retrouva
pas son travail à Toulon aux ateliers Doyen et fut employé dans
différentes maisons.
La veille de la mobilisation, il fut arrêté à La Seyne avec Léon Mary et Calixte Couret pour distribution de l’article de Louis Aragon
sur le pacte germano-soviétique. Mobilisé dans un régiment d’artillerie
Nord-africaine à Nîmes (Gard), le 1er septembre 1939, il fut convoqué
deux mois plus tard au fort Saint-Nicolas à Marseille
(Bouches-du-Rhône) à la suite de cette distribution de tracts. Toussaint Flandrin
lui conseilla de se rendre à cette convocation de la justice et il fut
arrêté le 10 novembre 1939. Le Tribunal militaire de Marseille, pour
propagande défaitiste, le condamna à dix-neuf mois de prison et à deux
mille francs d’amende. Il effectua cette peine à la prison centrale de
Nîmes et fit quatre mois supplémentaires en paiement de l’amende de la
fin de l’année. Libéré le 10 octobre 1941, il ne s’attarda pas à La
Seyne et ainsi évita l’arrestation avec les militants communistes
locaux. Il séjourna quelques mois à Barjols où Paul Bardin lui trouva un emploi de bûcheron. Il renoua ainsi officiellement avec le Parti communiste.
À la demande du Parti communiste, Édouard Armando milita pendant une
année dans le Vaucluse puis à Toulouse où, responsable de la zone Sud
de la fédération CGT des Métaux, il rayonna dans la France méridionale.
Envoyé à Lyon, sous le pseudonyme de « Marcel », il fut l’un des
responsables politiques du Parti communiste clandestin jusqu’à la
Libération. Deux ans plus tard, la Légion d’Honneur et la croix de
guerre lui furent décernées au titre de la Résistance.
À la Libération, Armando devint instructeur du comité central et,
pendant une année et demie, il parcourut une quarantaine de
fédérations. Selon son témoignage, il était présent au siège du comité
central quand Maurice Thorez revint de Moscou. Au début de 1945, on le désigna pour suivre la fédération du Var. Après le séjour de Raoul Calas
pour étudier ses conditions de fonctionnement, il devint de 1946 à 1951
le secrétaire de la fédération communiste du Var, fédération suivie
plus particulièrement par André Marty.
En 1951, Armando cessa d’assurer les responsabilités de secrétaire
fédéral pendant une année environ. Il séjourna dans la fédération du
Vaucluse comme représentant du comité central. Au début de 1952, il fut
envoyé au Conseil mondial de la paix à Prague, puis à partir de 1954 à
Vienne (Autriche). Collaborateur du secrétaire général du Conseil Jean Laffitte,
il s’occupait des questions administratives et techniques. Il eut
notamment la responsabilité de la préparation du Congrès des peuples à
Vienne en décembre 1952 et du secteur propagande (presse, publication,
documentation). Malade, il revint dans le Var en 1955.
Marié à La Seyne en décembre 1951 avec une militante communiste (voir Serène Bœuf),
divorcé en juillet 1961, remarié avec elle dans la commune en avril
1967, il s’installa à La Seyne où son épouse tenait un petit commerce
de journaux. Il fut de 1955 à 1960 membre de la direction de la section
communiste de La Seyne et l’un des responsables départementaux du
Mouvement de la paix dont il resta membre du conseil national jusqu’à
son décès. En 1961, il reprit son travail d’ébéniste chez un artisan de
Toulon. Il vint alors habiter Toulon et participa au secrétariat de la
section communiste de la ville (section H. Seillon). Malade, il
interrompit toute activité en 1968. Après son décès, la section Seillon
lança, le 8 juin 1971, une promotion Édouard Armando.
Avec son frère Esprit Armando,
Édouard Armando a contribué à ancrer le Parti communiste dans la région
toulonnaise. La raideur de son caractère et la fidélité de ses opinions
demeuraient légendaires.
SOURCES : Arch. Dép. Var, 4
M 54, 55 2, 59 4 4. ; 7 M 47 ; 16 M 19 4 ; 18 M 3 ; 3 Z 4 25. — Arch.
comité national du PCF. — Section Histoire des usines Renault. —
Renseignements fournis en 1967 par l’intéressé et en 1981 par Irène
Armando. — Notes de Jean Llante, Gaston Plissonnier, Jean Laffitte,
André Souquière. — Presse locale. — Sources orales. — Jean Llante, Libertat, 50 ans pour un espoir, Paris, Editions sociales,1982.
Pour citer cet article :
http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article10217,
notice ARMANDO Édouard [ARMANDO Joseph, Édouard, Marius] par Jacques
Girault, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière
modification le 5 octobre 2017.