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Dictionnaire du Mouvement Ouvrier Seynois
Notices rédigées par
Jacques GIRAULT
 
BROUDEUR Pierre
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BROUDEUR Pierre, Joseph.

Né le 23 juin 1913 à Djelfa (Algérie), décédé le 11 février 2015 à la Seyne-sur-mer (Var), marié, quatre enfants ; docteur en médecine ; militant communiste dans le Rhône, puis dans le Var, maire de Chassieu, conseiller municipal de Lyon.

Son père, receveur des postes, franc-maçon, était marié avec une catholique. Ils élevèrent trois enfants et firent donner les premiers sacrements catholiques à Pierre Broudeur, leur fils aîné. Après ses études primaires à Djelfa, il fréquenta comme interne le lycée Ben Aknoun puis le lycée Bugeaud à Alger. Après avoir obtenu le baccalauréat « philosophie-lettres », il dut quitter l’Algérie dont il supportait mal le climat après avoir contracté le paludisme et devint étudiant à la faculté de médecine de Lyon. D’autre part, il connaissait depuis Djelfa el Oued sa future femme qu’il suivit quand elle devint institutrice en Isère. Accueilli par le journaliste Marcel Souzy, il fréquenta à Lyon des jeunes, qui comme lui, voulaient combattre contre les menaces de guerre. Dans cet esprit, le mouvement des auberges de jeunesse se développait depuis la formation de la Ligue française des auberges de jeunesse sous la direction de Marc Sangnier. Il participa à la création de deux auberges (Alpes et Antibes). Dans le même esprit, il participa à l’organisation de l’Entente franco-allemande universitaire et à la création des camps d’Evian et de Unselhof en Poméranie. Mais surtout, participant aux combats sociaux du Front populaire, après avoir refusé d’adhérer au Parti socialiste SFIO, il rejoignit le Parti communiste après le décès de Paul Vaillant-Couturier. Il prit part aux mouvements de protestation contre les accords de Munich.

Broudeur se maria religieusement en mars 1940 à Vif (Isère) avec une institutrice, sympathisante communiste depuis 1939. Le couple eut quatre enfants.

Broudeur habitait Chassieu (Rhône) où son épouse enseignait et il partageait son temps entre la faculté et l’hôpital. Il prit part à la propagande communiste en milieu étudiant. Souzy l’introduisit auprès de la rédaction de Monde ouvrier, « Hebdomadaire de la Famille et du Travail » dans lequel il publia en juin 1942 plusieurs articles dans une rubrique « Hygiène professionnelle » qu’il signa « Pierre B ». Pendant l’Occupation, menacé d’arrestation en région lyonnaise, il remplaça pendant huit mois le médecin, résistant, de Lugny-les-Mâcon (Saône-et-Loire) où son épouse le suivit après la fermeture de l’école de Chassieu, trop proche de l’aérodrome de Bron. Actif dans le maquis FTPF de Cruzilles en Saône-et-Loire, chargé des questions sanitaires, ils rejoignirent les FFI du département, après leur fusion avec son groupe. Il y organisa le service sanitaire. Puis il s’engagea comme lieutenant médecin pour la durée de la guerre.

De retour à Chassieu, père de trois enfants, à la Libération, Broudeur fut élu en mai 1945 conseiller municipal et maire. Il démissionna de cette fonction après avoir quitté  le village quelques mois après, mais resta conseiller municipal jusqu’aux élections de 1947. Il avait soutenu sa thèse de doctorat et pouvait exercer la médecine. L’Union départementale CGT du Rhône, à la suite du service social de l’armée, créa une Maison de rééducation des grands mutilés de guerre à Saint-Genis-Laval et lui en confia la direction. Après la création de la Sécurité sociale, se posait la question de l‘organisation des services médicaux. La CGT lui demanda d’organiser ces services pour la caisse régionale de Sécurité sociale (six départements) et dans ce cadre administratif, il suivit plus spécialement les accidents du travail et les maladies professionnelles. En 1950, avec l’aide de son frère, il obtint un brevet pour le projet d’aménagement d’un fourgon médical destiné à la médecine préventive et à la médecine du travail. Sur le plan national, il participa aussi aux travaux de la commission des médecins communistes organisée par le PCF. Au début de la Cinquième République, son emploi de salarié de la Sécurité sociale pour la région Rhône-Alpes fut supprimé. Il passa un certificat spécialisé de médecine en rhumatologie.  


Habitant à Lyon, Broudeur assuma des responsabilités locales au Mouvement de la Paix et dans les organisations laïques du Rhône. Il s’occupa tout particulièrement de l’organisation des secours personnalisés à des jeunes femmes en difficulté et aux familles des grévistes de la Loire à la fin de 1947 et en 1948 et avec son épouse, aidèrent des enfants et des jeunes filles malades ou en difficulté. Le 26 avril 1953, candidat aux élections municipales de Lyon, en douzième position  sur la liste « d’union ouvrière et démocratique pour la défense des intérêts lyonnais dans la paix et l’indépendance nationale », il fut élu conseiller municipal d’opposition de Lyon (48eme dans l’ordre du tableau). Membre au titre du conseil municipal de conseils d’administration (bureau de bienfaisance, Hospices civils, collège de garçons de la rue Neyret, Fondation franco-américaine) et du Comité départemental de lutte contre la tuberculose, il fut chargé par le groupe communiste des questions de la Santé publique et des Hospices civils. Il fut à nouveau élu en 1959 et démissionna en 1960. 
Il fut élu directement au bureau de la fédération communiste du Rhône en juin 1959 sur proposition de Jacques Duclos qui suivait la conférence, à la suite de son étude sur la social-démocratie dans la région lyonnaise. Le 20 avril 1958, il fut candidat aux élections cantonales dans le 3e canton de Lyon.

Au début des années 1960, accueilli par Paul Pratali et sa famille, Broudeur devint médecin généraliste au Centre médico-social de La Seyne-sur-mer (Var). Puis il occupa les fonctions de spécialiste en rhumatologie jusqu’à sa retraite en 1978. Membre du conseil national du syndicat national des organismes sociaux comprenant des médecins salariés, il habitait désormais avec sa famille à La Seyne. Membre des comités de la section de La Seyne et de la fédération communiste du Var depuis mai 1964, membre de la commission des intellectuels, il refusa d’être candidat aux élections municipales pour des raisons politiques, n’approuvant pas les rivalités internes entre certains communistes seynois.

A partir de 1978, Broudeur écrivit aussi des articles pour les revues médicales spécialisées. En 2010, il était toujours membre du PCF et s’interrogeait sur les questions qui lui semblaient essentielles « des conditions de vie dans l’environnement naturel de l’idéologie planétaire ».

SOURCES : Arch. Mun. Lyon. — Archives du comité national du PCF. - Renseignements fournis par l’intéressé.

Jacques Girault et Maurice Moissonnier