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Dictionnaire du Mouvement Ouvrier Seynois
Notice rédigée par
Alain DALANÇON
 
DE CARLO Jean
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DE CARLO Jean

Né le 24 mai 1933 à Patti (Sicile, Italie), mort le 28 janvier 2015 à La Seyne-sur-Mer (Var), professeur agrégé d’Italien ; militant syndicaliste du SNES, de la FEN puis de la FSU dans le Var ; conseiller municipal de la Seyne-sur-Mer (1984-1985).

Ses parents étaient des immigrés siciliens arrivés à Cannes (Alpes-Maritimes) peu après la fin de Seconde Guerre mondiale. Son père était artisan cordonnier, sa mère, femme au foyer. Jean de Carlo était l’aîné d’une fratrie de six enfants (trois frères et deux sœurs) et grandit dans cette famille très modeste. À son arrivée en France, il parlait très peu le français. Il l’apprit néanmoins vite et effectua de brillantes études secondaires au lycée Carnot de Cannes. De son éducation catholique, il garda des convictions religieuses profondes qu’il n’extériorisait pas.

Après le baccalauréat (série philosophie), naturalisé Français, il entama des études supérieures d’Italien à l’Institut d’études littéraires de Nice, qu’il poursuivit à la Faculté des Lettres d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) où il obtint la licence et un diplôme d’études supérieures. Pour payer ses études, il dut être surveillant d’internat, puis effectuer des suppléances de maître auxiliaire dans différents établissements de la Côte d’Azur notamment à Saint-Raphaël (lycée de Boulouris), avant d’être titularisé adjoint d’enseignement à Cannes. Il réussit le CAPES (certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement public du second degré)  d’Italien, effectua son stage au centre pédagogique régional de Marseille (Bouches-du-Rhône) et fut nommé professeur certifié dans le Var, à Toulon, à Brignoles, puis au lycée Beaussier à La Seyne-sur-Mer. Reçu à l’agrégation d’Italien en 1962, il resta affecté dans ce lycée où il termina sa carrière en 1997 au grade d’agrégé hors-classe.

C’est dans cet établissement qu’il connut Suzanne Flory, professeure de Lettres, qu’il épousa, y compris à l’église, le 27 décembre 1962, et avec laquelle il eut deux filles devenues enseignantes.

Jean De Carlo adhéra en 1957 au Syndicat national de l’enseignement secondaire. Son service militaire en Algérie, comme sous-lieutenant, le marqua ; il eut l’occasion de tenir tête, sans baisser les yeux, au ministre Pierre Messmer venu faire la tournée des popotes en 1960. À partir de 1968, il devint un des militants les plus connus du nouveau SNES dans le département du Var avec Raoul Goïbas, son aîné, et Louis-Jean Véran. Il fut un des acteurs principaux de la progression du courant « Unité et Action » dans le département et l’académie aux côtés de Michel Demont et Albert Chappaz. Longtemps secrétaire de la section (S1) de son lycée, membre de la commission administrative et du bureau de la section académique (S3), il siégea à la commission administrative paritaire académique des agrégés durant une vingtaine d’années et, à partir des années 1980, aux comités techniques paritaires académique et départemental et aux comités académique et départemental de l’Éducation nationale.

Membre du bureau et du secrétariat de la section départementale (S2) du Var durant plusieurs décennies, il assuma la responsabilité de secrétaire départemental de 1968 à 1972, durant quatre années, conformément à la règle de la section pour favoriser le renouvellement des militants. Louis-Jean Véran, Serge Nanni, Irène Tautil… le suivirent. Il siégeait donc à la CA départementale de la FEN à majorité UID (Unité, Indépendance et Démocratie), dirigée par Jean-Paul Roux. La même année que ce dernier, en 1976, il entra à la CA fédérale nationale comme suppléant UA au titre des sections départementales. En 1982, après la modification des statuts fédéraux, il fut élu titulaire au conseil fédéral national au titre d’UA, il l’était toujours au congrès de 1992.

Il participa activement à la création de la Fédération syndicale unitaire en 1993 et en assuma la responsabilité de premier secrétaire, dans un département où la majorité de la FEN avait soutenu l’exclusion du SNES et du SNEP et l’adhésion à l’UNSA, dont Jean-Paul Roux avait été un des principaux organisateurs. Il sut donner à la FSU toutes les dimensions d’une fédération de fonctionnaires représentative et la faire reconnaître par les UD CGT et CFDT dans les actions intersyndicales. Il porta notamment toute son attention à favoriser le développement des petits syndicats de non-enseignants. Retraité, il continua à militer activement aux sections des retraités SNES, FSU et de la Fédération générale des retraités de la fonction publique du Var.

Jean De Carlo ne se désintéressait pas de la vie politique mais resta toute sa vie non encarté. Partisan de l’union de la gauche, il fut élu conseiller municipal de La Seyne-sur-Mer aux élections de février 1984, consécutives à l’annulation du scrutin de mars 1983, sur la liste « Continuons la Seyne ensemble, Union de la gauche et de tous les démocrates », conduite par le maire communiste sortant Maurice Blanc, qui l’emporta, mais ne fut pas réélu en 1985, à la suite d’une nouvelle annulation du scrutin, sur cette même liste qui perdit la mairie.

Fondateur et président, de 1982 à 1990, du Forum seynois d’éducation, il était aussi administrateur de l’OMASE (Office municipal action socio-éducative).

Il écrivit des articles sur la culture et la littérature italiennes (notamment sur Machiavel, dans Le Monde du 19 juillet 1969) et donna sur ces sujets des conférences dans le Var et les départements voisins des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse. Homme discret, il écrivit aussi des nouvelles et romans qui restèrent inédits. Il avait l’amour du bois et il sculptait cette matière vivante avec passion, sans vouloir exposer ses œuvres.

Il décéda à son domicile et, à la suite d’une cérémonie religieuse, fut inhumé à La Palud-sur-Verdon (Alpes de Haute-Provence).

Ses camarades du SNES et de la FSU lui rendirent un hommage appuyé dans le bulletin départemental. Militant laïque intransigeant, il avait une haute idée de sa mission d’enseignant et de ses mandats électifs syndicaux. Il ne craignait jamais d’affronter les autorités et d’accompagner tous les secteurs en lutte. Ses interventions servies par un art oratoire consommé ne laissaient jamais indifférent. Pour lui, la dignité de l’enseignant impliquait aussi l’élégance du comportement, y compris de la tenue vestimentaire. Ainsi, « lors d’un CDEN, le préfet Marchiani avait cru se moquer de lui en remarquant : « Alors monsieur De Carlo, pour venir à la préfecture, vous mettez votre costume trois pièces. » En haussant les épaules, avec son sens de la répartie, il lui avait répondu : « Mais c’est là ma tenue de tous les jours, Monsieur le Préfet ! ».

SOURCES : Arch. IRHSES (dont bulletins du S3 de Nice et de la section FSU 83, L’Université syndicaliste, L’Enseignement public). — Histoire de la Seyne, site de Marius Autran. — Renseignements fournis par l’intéressé (questionnaire du Centre fédéral de la FEN lors du congrès de 1991, transmis par Guy Putfin), par Jean-Pierre Andrau, Irène Tautil et son épouse en 2017.

Alain Dalançon