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MAUREL Paul, Eugène, Jean, Marie.
Né le 11 décembre 1883 à
Gonfaron (Var) ; mort le 19 juin 1975 à Toulon ; instituteur ; militant
syndicaliste ; républicain-socialiste, puis socialiste SFIO ; maire
socialiste SFIO de Solliès-Ville (1945-1959).
Fils d’un boulanger, originaire
de Barjols (Var), Paul Maurel entra à l’École normale d’instituteurs de
Draguignan en 1899. Il enseigna successivement aux Mayons, à La Seyne
en 1912, puis à Toulon, dans le quartier de Saint-Jean-du-Var où il
termina sa carrière. Il se maria en février 1908 à Nice
(Alpes-Maritimes) et eut une fille. Il habitait alors le quartier du
Champ de Mars à l’Est de Toulon.
Paul Maurel milita tout d’abord
dans le syndicalisme enseignant auquel il adhéra, expliqua-t-il plus
tard, par solidarité contre la répression gouvernementale. Membre de
l’Amicale, puis de l’Union générale, section départementale du Syndicat
national des instituteurs, il en assura le secrétariat adjoint à partir
de 1925 et consacra l’essentiel de son activité à des tâches pratiques
ou de rédaction (correspondances, articles de presse, motions de
réunions etc). Délégué au {Bulletin}, dont il fut gérant de 1926 à
octobre 1927, il polémiqua souvent sur des points de doctrine syndicale
avec Florentin Alziary ou Joseph Pascal.
Lors de l’assemblée générale du 29 novembre 1928, il proposa et rédigea
la motion qui arrêtait toute collaboration du syndicat avec
l’inspecteur d’académie. Délégué au congrès national de Strasbourg
(juillet 1926), il représenta régulièrement le syndicat dans les
instances locales et départementales de la CGT. Le 27 juillet 1927, il
présida une réunion intersyndicale CGT-CGTU sur la réunification
possible du syndicalisme français. Au congrès de l’Union départementale
CGT, le 19 février 1928, il devint secrétaire adjoint et le demeura
pendant trois ans. Il assura jusqu’en 1929 le secrétariat général du
Cartel CGT des Services publics. Plus tard, toujours membre de la
commission exécutive de l’Union locale, il se déclara le 30 mars 1934
favorable à une adhésion au comité antifasciste. Ainsi, dans un premier
temps, Maurel, se montrait comme Victor Mathieu, partisan d’une intervention plus politique du syndicalisme.
Cette attitude s’expliquait par son engagement aux côtés du député Victor Brémond.
Après avoir été secrétaire général du comité de soutien à sa
candidature aux élections législatives de 1928, Maurel devint un des
principaux animateurs du cercle qui portait le nom de l’ancien député
du Var. Il représentait ce cercle lors de divers rapprochements entre
milieux de la gauche toulonnaise à partir de 1933, ainsi, par exemple,
en octobre 1933, à l’occasion du meeting de protestation contre le
procès de Leipzig. Lors de la manifestation des partisans de Victor Brémond,
le soir du 6 février 1934, il prononça une courte allocution indiquant
la signification du cortège. Il n’était pas socialiste SFIO comme le
soulignait Pierre Renaudel
lors d’une réunion socialiste en décembre 1928. Adhéra-t-il au Parti
socialiste SFIO par la suite ? Lors du premier congrès du Parti
socialiste de France, après la scission de la SFIO, le 26 novembre
1933, il devint membre du comité fédéral du nouveau parti.
Maurel vouait un culte à l'écrivain Jean Aicard, l'auteur de Maurin des Maures,
installé à Solliès-Ville et devenu maire de la commune en 1919. Aussi
Maurel, devenu propriétaire dans ce village perché, fut-il élu
conseiller municipal le 5 mai 1929 comme républicain socialiste avec 66
voix sur 132 inscrits. Il démissionna le 27 juillet 1930. A nouveau
candidat sur la « liste d'union républicaine socialiste et d'intérêt
local », le 5 mai 1935, il fut élu, en dernière position avec 58 voix
sur 146 inscrits. Candidat au conseil d'arrondissement dans le canton
de Solliès-Pont le 18 octobre suivant, il obtint, le 18 octobre 1931,
522 voix sur 1 701 inscrits.
Sous le Front populaire, Paul Maurel fit actif à Toulon. Membre du
comité de soutien à V. Brémond, candidat aux élections législatives de
1936, au titre de l’USR, membre de la commission exécutive du comité
local du Front populaire, il en devint le 29 novembre 1936 secrétaire
tout en étant le secrétaire pour la presse du comité. Mais son action
fut contestée peu après. Avec Brémond et d’autres militants, il demanda
l’adhésion collective au Parti socialiste SFIO à la fin de 1936. Devant
le refus des socialistes, ils adhérèrent individuellement dans le
courant de 1937.
Au début de la guerre, Maurel, retraité, se consacra à l’aménagement du
musée Jean-Aicard à Solliès-Ville et à la gestion de la commune. Le 28
avril 1941, il donna sa démission de conseiller municipal. Le maire et
le sous-préfet le firent revenir sur sa décision. Le commissaire
spécial le décrivait, le 3 août 1941, comme le véritable gestionnaire
de la commune, lui consacrant l’essentiel de son temps. Bien
qu’adhérent des Amis de la Légion, attaqué par les « nationaux », il se
montra accommodant avec l’institution catholique de la Castille.
Pendant la guerre, il demeura à la tête du village sans en avoir la
principale responsabilité. Aussi la gendarmerie le désignait-elle, en
juin 1944, comme « maire par interim ». Il imposa qu’on n’enlevât pas
le buste de la République de la mairie.
A la Libération, Maurel s’opposa au comité local de Libération. Le
conseil municipal sortant devenant comité de Libération nationale, il
en assura la vice-présidence. Finalement, il accepta de présider la
délégation municipale, le 14 octobre 1944, associant une majorité de
conseillers et une minorité de membres du CLL. Conduisant la liste «
socialiste républicaine », élu le 29 avril 1945 avec 205 voix sur 340
inscrits, il demeura maire. Socialiste SFIO, il fut réélu en octobre
1947 et en mai 1953 (avec 254 voix sur 373 inscrits). Il ne se
représenta pas en fin de mandat.
Maurel démissionna du comité fédéral du Parti socialiste SFIO le 26 mai
1953 pour protester contre l’attitude de certains conseillers généraux
socialistes SFIO qui venaient de refuser à son village une subvention
pour l’adduction d’eau. A nouveau membre du comité fédéral, il se
montra proche de Édouard Le Bellegou
qu’il connaissait bien depuis le cercle Brémond, au moment du
rapprochement entre socialistes et communistes toulonnais pour la
gestion de la ville. Partisan de l’unité du Parti, il avait tenté de
réconcilier Frank Arnal et Le Bellegou
en leur proposant de venir réveillonner à Solliès-Ville après avoir
assisté à la célèbre messe de minuit pour Noël 1954. Il adopta tout au
long de l’année 1955, une attitude préconisant l’unité politique avec
le Parti communiste français.
Secrétaire de la section socialiste SFIO de sa commune, Maurel la
représenta dans les congrès fédéraux et intervint dans la presse sur
des questions politiques. Il signa par exemple dans le quotidien République, le 31 juillet 1953, un article évoquant la mémoire de Jaurès.
En 1958, Paul Maurel se montra hostile à la politique de la majorité du
Parti socialiste dans son rapprochement avec le général de Gaulle. Il
démissionna même de ses fonctions de maire et de conseiller municipal
en juin. Étant revenu sur ces décisions, il s’en expliqua par lettre à Jean Charlot
: « ce qui a précipité mon geste ce furent les événements qui se sont
déroulés sur le plan national et sur le plan départemental. Que de
déceptions au soir de ma vie ! Guy Mollet
assis autour de la table ministérielle à côté de Pinay et de Soustelle
! [...] Il va de soi qu’en dépit de toutes mes déceptions, je
demeurerai toujours au parti, que malgré les tiennes, tu lutteras pour
le socialisme. C’est pourquoi je serai à tes côtés au prochain congrès.
» (21 juillet 1958).
Effectivement, le 7 septembre 1958, au congrès fédéral, il intervint
pour une réponse négative au référendum, position qui ne l’emporta pas
dans la Fédération socialiste et qui fut à l’origine d’une scission.
Mettant à exécution ses orientations, il présida quelques jours plus
tard une réunion communiste où parlait l’un de ses anciens élèves à
Solliès-Ville. « Fidèle à son passé républicain », il appela ses
concitoyens à voter négativement. Dès lors, il se tint en marge de la
vie politique. Le 4 octobre, il démissionnait du Parti. Il ne sembla
pas avoir adhéré au Parti socialiste autonome.
Paul Maurel, à ses activités politiques, ajoutait une production
littéraire féconde : écrits provençaux, conférences aux « Amis du Vieux
Toulon », vice-présidence de la société des « Amis des villages varois
», membre de l’Académie du Var, romancier (Loyse, La mort de Gautier en 1938 ). Il faisait aussi œuvre d’historien local : Monographie de la commune des Mayons (1913), Histoire de Solliès : la vie tourmentée d'une commune à travers les âges (1936), Histoire de Toulon (1943) entre autres.
Ses obsèques religieuses furent célébrées, en présence de l’évêque et du préfet, dans l’église de Solliès-Ville.
Œuvre : Le catalogue de la BNF comprenait en 2018 6 références dont une préface.
SOURCES : Arch. Nat. F7/13021. —
Arch. Dép. Var, 2 M 6 25, 7 32 3, 35 3, 4 M 46, 47, 48, 59 2, 59 3, 18
M 98, 99, 3 Z 2 10, 12, 14, 19, 4 19. — Arch. OURS, fédération du Var.
— Arch. J. Charlot (Centre d'histoire sociale du XXeme siècle). — Arch.
privées : H. Alziary. — Notes de Jean-Marie Guillon.