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Dictionnaire du Mouvement Ouvrier Seynois
Notices rédigées par
Jacques GIRAULT
 
RAVOUX Jean
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RAVOUX Emmanuel, Jean, Joseph, Barthélemy

Né le 15 septembre 1910 à Oran (Algérie), mort le 9 mai 2002  à Toulon (Var) ; artiste lyrique puis employé communal ; militant communiste dans le Var ; conseiller culturel.

Fils d’un fonctionnaire des PTT, Jean Ravoux reçut une éducation catholique. Il commença sa scolarité dans des écoles catholiques et suivit un de ses professeurs nommé au petit séminaire de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) où il obtint le brevet élémentaire. Inscrit en parallèle au conservatoire d’Oran, il chantait dans des manifestations religieuses. Il entra en 1930 au Conservatoire national de musique et de déclamation de Paris dans la classe d’Henri Rabaud. Il effectua son service militaire à Alger dans un régiment de chasseurs d’Afrique puis reprit ses études tout en faisant partie de chorale ou de chœurs (Opéra, Opéra comique, Mogador, théâtre de l’Empire notamment) jusqu’en 1935. Après avoir obtenu un premier prix de chant et le prix d’opéra, il entra alors à l’Opéra comique et participa, comme premier baryton, à une tournée en Europe centrale en 1936. Il participa à partir de 1934 aux activités de l’Association des artistes et écrivains révolutionnaires. Il interpréta des chants lors de la grande manifestation du Rassemblement populaire à Paris, le 14 juillet 1935, au stade Buffalo. Pendant les grèves de l’été 1936, il participa à la grève du personnel et des artistes de l’Opéra Comique, se rendant à plusieurs reprises dans des entreprises en grève, notamment Renault. Il chanta aussi avec la Chorale populaire de Paris. Sa carrière lyrique débuta avec des emplois secondaires de baryton. Il chanta notamment dans Madame Butterfly en 1936 à l’Opéra de Marseille. Il interpréta par la suite divers rôles plus importants de baryton à la radio et dans des salles parisiennes et provinciales (Lyon, Marseille, Toulouse, Nice, Cannes, Avignon, Aix-en-Provence etc.), son répertoire ayant été mis au point depuis 1935 par Eugène Picheran. Il enregistra notamment en juin 1939 Mireille de Charles Gounod avec la troupe de l’Opéra comique dirigée par Raynaldo Hahn.

Mobilisé en septembre 1939, Jean Ravoux prit part aux combats dans l’Est de la France au moment de l’invasion allemande. Il reprit sa carrière lyrique dans la zone Sud, notamment à Lyon. Il enregistra notamment Le roi d’Ys d’Édouard Lalo à partir de la représentation donnée à l’Opéra de Marseille avec l’orchestre national  dirigé par Inghelbrecht. Il séjournait parfois à Forcalquier (Basses-Alpes/Alpes de Haute Provence) où sa famille possédait une maison et chantait dans les manifestations locales (fête du Secours national en 1942) ou messes dans la cathédrale. Lors d’un séjour chez des cousins à La Seyne, il rencontra sa future épouse, fille d’un inspecteur de la SNCF. Le mariage religieux eut lieu en avril 1942 à La Seyne. Le couple eut un garçon.

En 1943, requis pour le Service du travail obligatoire, Jean Ravoux commença à travailler dans l’usine Péchiney à Saint-Auban (Basses-Alpes). Les gaz inhalés eurent des conséquences pour sa voix. Ne se sentant plus capable de tenir des rôles exigeants, il cessa sa carrière lyrique. Il s’installa à La Seyne et son épouse entra comme employée aux Forges et chantiers de la Méditerranée avant de devenir employée à la caisse locale de Sécurité sociale.

Jean Ravoux travailla alors comme courtier en assurances. Résultat d’une lente prise de conscience, il adhéra au Parti communiste français à la fin des années 1940. Il entra comme agent de bureau à la mairie de La Seyne. Conseillé par son oncle, journaliste avant la guerre au Petit Var, il devint un des correspondants locaux du quotidien communiste Le Petit Varois. Dans le billet polémique rédigé par Henri Midon, dans La République du Var, il était souvent désigné, comme correspondant du quotidien communiste, sous l’apostrophe « le baryton aphone ». Par la suite, tout en continuant à être correspondant local, il évolua vers la rédaction de la rubrique de la saison lyrique de l’opéra de Toulon ou plus largement, signant avec son ami Pierre Caminade des articles sur Maria Callas.

Jean Ravoux travailla à la mairie de La Seyne jusqu’à sa retraite en 1975. Il occupait aussi un rôle de conseiller bénévole dans la programmation d’opéras régionaux, dont celui de Toulon et de Nice. Mais ses reportages dans la presse abordaient d’autres sujets. Lors de ses séjours dans sa maison familiale de Forcalquier, il s’était lié avec la famille Dominici. Aussi écrivit-il des articles, durant l’été 1952, sur ce qui devint l’affaire Dominici et fut envoyé spécial de la presse communiste (La Marseillaise et Le Petit Varois) lors l’enquête.

Jean Ravoux milita dans les années 1960-1970 dans l’association France-URSS dont il fut un des responsables dans le Var. Il eut aussi des contacts avec la firme Ricard, qui cherchait à établir des relations commerciales (vodka Smirnoff] avec l’URSS qui eut des retombées culturelles.

Quand une nouvelle politique culturelle se dessina dans la municipalité au milieu des années 1960, Jean Ravoux fut chargé, avec Pierre Caminade, sous la responsabilité de Jean Passaglia, adjoint à la culture, de l’organiser. Dans le passé, il avait déjà fait venir à La Seyne pour diverses manifestations des chanteurs de renoms. La création de l’Office municipal de la culture et des arts, le 27 février 1967, et sa revue Etraves, lui donnèrent de nouvelles possibilités (organisation de conférences, de concerts, d’expositions, animations en direction de la jeunesse etc.). Il fut désigné pour siéger au conseil national de la Fédération nationale des centres culturels communaux jusqu’au début des années 1980.

Jean Ravoux cessa de cotiser au PCF vers la fin des années 1980. Sa rupture résultait de la situation locale et de la crise mondiale du communisme, et notamment en Union soviétique.

Jean Ravoux fut inhumé à Forcalquier.


SOURCES :  Presse locale. – Renseignements fournis par l’intéressé et son fils.

Photo de Jean Ravoux en 1933
Jean Ravoux avec Gaston Dominici en 1952