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BAUDÉNA Louis, Jean,
Léon.
Né le 11 avril 1894 à La Seyne (Var), mort le 6 janvier
1984 à Ollioules (Var) ; mécanicien ; militant syndicaliste ;
socialiste SFIO puis PSA ; conseiller municipal de La Seyne.
Fils d'un journalier,
poinçonneur aux Forges et Chantiers de la Méditerranée, d'origine
italienne (Piémont), naturalisé en 1910, d'opinions anticléricales et
anticapitalistes, Louis Baudéna reçut tous les sacrements catholiques
et obtint le certificat d'études primaires. Il entra comme traceur
tôlier aux chantiers en 1910, fut incorporé en juillet 1916 dans un
régiment du génie comme sapeur-mineur et connut les combats. Marié à La
Seyne en mars 1917, il eut deux enfants qui reçurent les sacrements
catholiques.
Baudena retravailla aux chantiers après sa démobilisation, puis en
juillet 1923 entra à l'Arsenal maritime de Toulon. Devenu, après avoir
été reçu au concours, en septembre 1926, agent mécanicien au service
des câbles sous-marins, il travaillait à l'usine des câbles de La Seyne
jusqu'à sa retraite en janvier 1956.
« Mes sentiments socialistes se développèrent » à partir de 1923
écrivait-il en 1956. Adhérent à la SFIO en 1926, responsable de la
propagande, Baudéna se situait dans l'aile gauche de la section de La
Seyne (tendance Bataille socialiste).
Militant syndical, il était le
trésorier local du syndicat CGT des PTT qui comprenait les travailleurs
de l'usine des câbles et du bureau des postes de la ville. Il faisait
partie du comité de vigilance et du comité électoral de la SFIO lors
des élections cantonales d'octobre 1934. Le conseil municipal de La
Seyne le désigna, le 15 novembre 1935, comme commissaire répartiteur
des contributions directes. À la fin du Front populaire, il se rangeait
parmi les partisans des orientations défendues par Léon Blum et Michel Zunino.
Baudéna en outre présidait la commission artistique du Cercle des
travailleurs. Membre fondateur de l'Union sportive seynoise, le 16
septembre 1921, il en resta un des dirigeants jusqu'en 1954 et était
arbitre de la Fédération de rugby.
Mobilisé le 4 août 1939, affecté un mois plus tard aux câbles
sous-marins, Baudéna, membre du Mouvement de Libération nationale, fut
un des membres du Parti socialiste SFIO clandestin qui se reconstitua
vers 1942.
Après la guerre, toujours militant de la SFIO, trésorier de la section,
Baudéna figurait sur la liste socialiste aux élections municipales et
obtint, pour la section de Saint-Mandrier, le 29 avril 1945, 2 689
voix. Il fut désigné pour être grand électeur pour le Conseil de la
République. Lors de la scission syndicale, il resta à la CGT. Candidat
aux élections municipales de La Seyne, le 19 octobre sur la liste «
socialiste et républicaine de défense des intérêts communaux », il
était indiqué comme « sportif » lors de l'élection municipale du 18
juin 1950 sur la « liste d'entente républicaine et socialiste d'intérêt
local ». Candidat à nouveau en 1953, il fut parmi les onze élus
socialistes. Alors que la section socialiste avait approuvé leur
participation aux réunions du conseil, les élus, sauf Baudéna,
refusèrent qui refusèrent et suivirent Albert Lamarque
dans son abstention. L'accusant d'enfreindre la discipline du Parti,
d'être favorable au Parti communiste, Lamarque - appuyé par une
campagne de presse de Henri Midon
à laquelle Baudéna répondit - demanda sa traduction devant la
commission de contrôle du Parti pour une éventuelle exclusion en
janvier 1955. A la suite de sa réunion, le 7 mai 1955, il dut signer
une déclaration : « Pour mettre fin à certains incidents, je déclare
nettement répudier et condamner l'utilisation de mon nom, qui est faite
par le Parti communiste pour les besoins de la polémique. Je tiens en
outre à affirmer ma pleine solidarité avec la section socialiste de La
Seyne et avec tous ses membres. » Le désaccord n'était pas seulement
sur la tactique municipale. En effet, Baudéna était, à la différence de
la majorité des membres de la section, hostile au réarmement allemand
et aux accords de Londres et de Paris. Il avait eu l'occasion de
faire connaître sa position au comité de coordination des Anciens
combattants en janvier 1955 en écrivant qu'il était un « partisan
acharné du désarmement général, simultané et contrôlé ».
Le conflit ne cessa pas. Le 5
décembre 1955, il écrivait à Jean Charlot, secrétaire fédéral, qu'il
avait démissionné de son mandat de conseiller municipal, le 5 novembre,
mais qu'il n'en avait pas informé le Préfet, « voyant venir les
élections législatives et pensant que cela pourrait nuire à l'élection
de ses camarades. » Aussi le maire communiste proposa-t-il dans les
colonnes du Petit Varois, le
16 novembre 1955, de le rencontrer avec trois autres élus, « pour vous
aider à sortir de la situation difficile dans laquelle vos dirigeants
vous ont placés ». Baudéna adressa sa démission au Préfet, le 7 février
1956. Le conflit prit alors une autre tournure. Traduit devant la
commission fédérale des conflits, il contrattaqua en citant en demanda
aussi le passage devant la commission des dirigeants socialistes
seynois, Lamarque et Midon. Il quitta le Parti peu après.
Le 20 juin 1958, Louis Baudéna
écrivit à Charlot pour le féliciter pour son vote contre l'investiture
de De Gaulle. Il se montrait volontaire pour faire partie du Comité de
défense républicaine, adhésion que la SFIO avait interdite à ses
militants. Lors de la fondation du Parti socialiste autonome en
1958, il devint le secrétaire de la section de La Seyne et assuma cette
responsabilité lors de sa transformation en Parti socialisteunifié.
Malade, Louis Baudéna quitta peu après le PSU et n'adhéra à aucun parti tout en votant régulièrement pour le Parti communiste par la suite.
SOURCES : Arch. Dép. Var, 2 M 7
35 3. Arch. Com. La Seyne. Arch. J. Charlot (Centre d'histoire
sociale du XXeme siècle. Université de Paris I). Presse locale.
Sources orales. Renseignements fournis par l'intéressé.
Pour citer cet article : http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article15909,
notice BAUDENA Louis, Jean, Léon par Jacques Girault, version mise en
ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 20 octobre 2008.