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ÉTIENNE Amélie [née GERMAIN Amélie Adrienne]
Née le 1er novembre 1894 à
Toulon (Var), morte le 4 avril 1981 à Toulon (Var) ; institutrice dans
le Var ; militante syndicaliste ; militante communiste.
Fille d’un quartier-maître
canonnier de la Marine nationale, Amélie Étienne reçut une petite
éducation religieuse. Elève de l’école primaire supérieure Tessé à
Toulon, elle entra à l’Ecole normale d’institutrices de Draguignan
(Var) en 1912 et obtint le CAP d’institutrice en 1916. Mais, au lieu
d’une troisième année d’École normale, elle fut obligée comme ses
camarades de remplacer les instituteurs mobilisés. Ce temps de
formation écourté constitua un facteur d’explication supplémentaire de
son opposition à la guerre. Elle s’abonna très tôt à L’École émancipée et participa aux collectes humanitaires pour les populations russes affamées.
Elle adhéra à la Section syndicale du Var qui fut dissoute par ses
membres plutôt que de s’affilier à la CGTU en novembre 1922. Dès la
formation de l’Union générale des membres de l’enseignement du Var qui
devait s’affilier plus tard au Syndicat national CGT, elle y adhéra. Paul Maurel,
secrétaire du syndicat des instituteurs, annonçait le 19 décembre 1926,
qu’elle venait de démissionner du syndicat, dans une lettre à Florentin Alziary.
En poste au
Brulat-du-Castellet (Var) où elle créa une bibliothèque scolaire, elle
épousa exclusivement civilement en août 1923 à Saint-Mandrier (Var) Victor Étienne,
alors ouvrier agricole, militant communiste. Ils eurent trois enfants.
Plus tard, le commissaire spécial de Toulon indiquait, en 1929, à
propos de cette institutrice, « elle instruit, seconde son mari dans
son action et l’accompagne de temps en temps dans ses déplacements ».
Le 20 juin 1929, lors d’une réunion à la Bourse du Travail de Toulon,
avec Virgile Barel et Jean Salducci, elle fut chargée de créer un
syndicat CGTU de l’enseignement dans le Var. Le Parti communiste
essayait de regrouper les instituteurs communistes ou sympathisants
dans la Fédération de l’enseignement qui s’opposait aux dirigeants de
la CGTU. Le 8 décembre 1929, elle siégeait au bureau du congrès de la
9e Union régionale de la CGTU. Ce syndicat, dont elle abandonna en 1933
le secrétariat, connut un faible développement. Le 11 avril 1932,
candidate au conseil départemental de l’enseignement primaire, elle
obtint 28 voix sur 753 inscrites. En 1935, au moment de la
réunification dans le SNI, le syndicat n’avait qu’une dizaine
d’adhérents.
En 1933, elle avait obtenu
difficilement sa mutation pour La Seyne (École Curie) où elle devait
suivre son mari. Après la réunification syndicale, elle ne partageait
pas les analyses des dirigeants nationaux et départementaux. Selon son
témoignage, à la fin de 1936, elle cessa de cotiser. Cette démission ou
radiation ne fut pas mentionnée dans le bulletin départemental. « Mon
silence aurait pu paraître une approbation de l’activité syndicale de
la majorité et j’ai préféré m’en aller plutôt que d’être complice »,
écrivait-elle en 1976. Elle fut gréviste les 12 février 1934 et 30
novembre 1938.
Sympathisante communiste,
elle militait dans le comité antifasciste qui se constitua à La Seyne
et se transforma en 1935 en comité de Front populaire. Secrétaire
adjointe du comité local des femmes contre la guerre et le fascisme,
elle encadra, comme directrice pédagogique, le groupe d’enfants Henri
Barbusse créé à La Seyne après 1936, qui fonctionnait à la Bourse du
travail et l’été se transformait en centre aéré de la Roche blanche au
Brusc (Six-Fours). Directrice de l’ouvroir du comité d’aide à l’Espagne
républicaine, elle s’investit dans l’accueil des républicains espagnols
à Ollioules.
Révoquée de l’enseignement
par arrêté du 23 janvier 1941, elle ne reprit son poste qu’à la
Libération, ne se syndiqua pas et, participant aux activités de son
mari devenu journaliste dans la presse communiste, adhéra au Parti
communiste quelques années plus tard. Toujours adhérente au PCF
en 1980, elle cotisait à diverses organisations (Mouvement de la paix,
Secours populaire, etc.).
SOURCES : Arch. Nat. F7/13021,
13749. — Arch. Dép. Var, 3 Z 4.30. — Arch. privées F. Alziary et Pierre
Fraysse. — Presse syndicale. — Anne-Marie Sohn, thèse, op. cit. — Renseignements fournis par l’intéressée.