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MARY Léon, Joseph.
Né le 22 août 1904 à Blain (Loire-Atlantique), mort le 5 août 1969 à Toulon (Var) ; ouvrier ; militan-t communiste ; secrétaire de l’Union locale CGT de La Seyne (Var) en 1937-1938 ; adjoint au maire communiste de La Seyne (1945-1949).
Fils d’un sabotier, Léon Mary, après son service militaire à Lorient (Morbihan) dans la Marine nationale, vint travailler comme ajusteur à l’usine des torpilles de Saint-Tropez (Var). Il entra en 1932 comme ouvrier serrurier aux Forges et chantiers de la Méditerranée à La Seyne où il habita dans le quartier du Pont-de-Fabre. Il assura le secrétariat du syndicat CGTU des Métaux depuis 1931, selon la police, et était membre du Parti communiste en 1934. Quand la réunification syndicale se produisit le 26 novembre 1935, il fut le premier secrétaire du syndicat CGT des FCM. A ce titre, il présida le meeting du 1er Mai 1936 à la Bourse du Travail et présenta, le 30 mai, au directeur des chantiers, les revendications du personnel. En novembre 1936, élu délégué titulaire à la Caisse de secours des ouvriers des FCM (forges, zingage, serrurerie), il signa le mois suivant, au nom des ouvriers, la convention collective des FCM. Secrétaire du comité d’action contre le chômage, il se rendit, en novembre 1936, à Paris, avec une délégation du conseil municipal socialiste SFIO
Peu de temps après, le 22 février 1937, Léon Mary devint secrétaire permanent de la Bourse du Travail et secrétaire de l’Union locale CGT de La Seyne. Il aurait été licencié des FCM en janvier ou en juin 1937. Selon la police, il ne faisait pas l’unanimité parmi les travailleurs, certains trouvant son air "quelque peu condescendant". Après le congrès des 10-11 juillet 1937, il devint secrétaire administratif permanent de l’Union départementale CGT. Toutefois les rapports entre anciens confédérés et anciens unitaires s’étaient fortement dégradés. Après une réunion extraordinaire en présence de Léon Jouhaux* et de Benoît Frachon*, Léon Mary se démit de ses nouvelles fonctions en faveur de l’ancien confédéré Justin Portalis. Le 3 octobre 1937, l’assemblée générale ne le réélut pas à la commission exécutive de l’UD. Selon certaines informations, il faisait partie des futurs membres éventuels du Comité confédéral de la CGT. Cela ne se fit pas. Réélu secrétaire de l’Union locale de La Seyne en janvier 1938, il avait la responsabilité de la région métallurgiste du Var, des Bouches-du-Rhône et des Alpes-Maritimes.
Léon Mary signa, le 8 mars 1937, au nom des syndicats des Métaux et parties similaires du Var, la convention collective du travail valable dans le département. Il siégeait à la commission de conciliation. Nommé par arrêté préfectoral à la commission de contestation des salaires normaux, le 14 février 1938, il en démissionna, le 24 février 1939. Délégué au congrès national de la CGT à Nantes (14-17 novembre 1938), mandaté par douze syndicats du sud-est, il fut au cœur de l’organisation de la grève du 30 novembre 1938 à La Seyne. Aussi le 2 décembre 1938, le directeur des FCM porta-t-il plainte contre lui puisqu’il avait tenu sans autorisation une réunion dans les chantiers.
Parallèlement, dirigeant communiste, Léon Mary figura à partir de novembre 1938 parmi les membres du comité de la Région communiste du Var et du secrétariat de la section de La Seyne. Le 25 août ou le 1er septembre 1939, il fut arrêté, avec Calixte Couret et Esprit Armando à la sortie des chantiers, pour distribution de tracts justifiant le Pacte germano-soviétique. Mobilisé dans la Marine nationale, il fut incarcéré pour cette raison au fort Saint-Nicolas à Marseille (Bouches-du-Rhône) le 3 janvier 1940. Le tribunal militaire de Marseille le condamna à six mois de prison le 29 février 1940. Détenu jusqu’au 3 avril, il bénéficia d’une suspension de peine et fut affecté dans l’armée de terre au dépôt de chars de Vannes (Morbihan). Fait prisonnier entre le 17 et le 23 juin, interné au camp de Laval (Mayenne), repris après une tentative de fuite, il parvint à s’évader le 29 août. Démobilisé le 10 septembre 1940, il regagna La Seyne.
Léon Mary participa à la reconstitution clandestine du Parti communiste dans le sud-ouest varois comme responsable à la propagande, en liaison notamment avec Baptistin Étienne. Il rencontra notamment Victor Étienne, alors interné, lors d’une permission en octobre 1940. Après un premier avertissement en septembre 1940, consécutif à une perquisition, son domicile fut à nouveau perquisitionné le 10 novembre, à la suite d’un arrêté du 5 novembre. Arrêté, il fut interné au centre de séjour surveillé de Chibron (près de Signes, Var). Transféré à Fort-Barraux (Isère) le 15 février 1941, il fut parmi les internés qui refusèrent d’aller travailler à l’extérieur. Transféré au centre de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn), il signa l’engagement exigé pour une demande de libération qui ne fut pas accordée. Membre de la direction clandestine du camp (Front national et FTPF), il s’évada dans la nuit du 11 au 12 juillet 1943, avec cinquante-huit autres internés. Malade, soigné chez un militant, menuisier de Poncharra-sur-Bréda (Isère), Léon Mary fut chargé du recrutement et de l’organisation des maquis FTPF en Isère et en Savoie. Muté en octobre 1943 comme responsable du Front national dans le Puy-de-Dôme et le Cantal, il était capitaine à la fin de la guerre.
Dès le débarquement en Provence, Mary revint à La Seyne pour faire partie de la délégation municipale mise en place le 29 septembre 1944 comme premier adjoint permanent. Élu sur la liste « d’union républicaine et antifasciste » le 29 avril 1945, avec 5 013 voix sur 11 637 inscrits, le docteur Jean Sauvet conservant le poste de maire, il redevint premier adjoint. Réélu dans cette fonction, le 19 octobre 1947, sur la liste "d’Union républicaine et résistante et de défense des intérêts communaux", il démissionna de son poste d’adjoint l’année suivante et ne se représenta pas en octobre 1949. Il siégeait en 1948 au bureau de la Fédération communiste du Var.
Léon Mary reprit son travail d’ouvrier serrurier aux FCM. Marié à La Seyne en décembre 1945, il présidait la section locale de l’Association nationale des Anciens combattants de la Résistance et assurait le secrétariat du Comité de coordination des Anciens combattants. En 1966, il exerçait la responsabilité de secrétaire départemental de l’ANACR.
Toujours membre du Parti communiste français, Léon Mary mourut à l’hôpital de Brunet au terme d’une longue maladie. La presse communiste lui consacra de longs articles où étaient rappelés son rôle sous le Front populaire et pendant la Résistance. Une artère de la ville, dans son quartier du Pont-de-Fabre, porte son nom.
SOURCES : Arch. Dép. Var, 4 M 50, 54, 55 2, 56 10, 59 2, 59. 4. 4 ; 16 M 19 4 ; 18 M 97 ; 3 Z 4. 22, 25, 26, 30 ; 3 Z 16 7-8 ; Cabinet. — Arch. Com. La Seyne. — Témoignages de Marius Autran et Jean Sauvet. — Notes de Jean-Marie Guillon. — DBMOF, notice par J. Girault.
Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article120787, notice MARY Léon, Joseph par Jacques Girault, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 11 juin 2021.