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Conférences et écrits de Jean-Claude AUTRAN

Géologie des territoires de La Seyne-sur-Mer et de Saint-Mandrier
Texte publié (pp. 24-34) dans : Regards sur deux terroirs - La Seyne-sur-Mer et Saint-Mandrier, Cahiers du Patrimoine Ouest-Varois n° 14 (H. Ribot et A. Peretti, coordinateurs), Editions du Foyer Pierre Singal, Sanary-sur-Mer,, et Centre Archéologique du Var, Toulon, avril 2012, 712 p. + 32 planches couleurs hors texte



    Les territoires de La Seyne-sur-Mer et de Saint-Mandrier occupent la partie Est de la presqu’île de Sicié, la partie Ouest correspondant à la commune de Six-Fours-les-Plages. L’ensemble s’inscrit dans la « Provence cristalline ».

    Le massif de Sicié, les îles d’Hyères et les Maures sont considérés comme les témoins du vaste continent Tyrrhénien qui, à l’ère primaire, s’étendait plus au Sud, et qui s’est effondré à l’ère tertiaire au cours de l’orogenèse pyrénéo-provençale qui provoqua la surrection des zones montagneuses de la Sainte-Baume, de Siou Blanc, du Gros Cerveau, etc. Il constitue, avec les îlots des Embiez, l’extrémité la plus avancée vers l’Ouest de la Provence cristalline. Le sol de ses collines boisées est formé essentiellement de schistes métamorphiques (phyllades) lardés de quartzites, sauf en quelques secteurs (Fabrégas, Coste Chaude, Brégaillon, ainsi que toute la presqu’île de Saint-Mandrier) où affleurent des grès rouges, roses ou violacés. Des plaines alluviales séparent le massif de Sicié des collines de Bandol-Sanary, du Gros Cerveau et du Croupatier qui appartiennent à la Provence calcaire.

Les terrains métamorphiques de Sicié

    Les terrains métamorphiques qui affleurent dans le massif de Sicié et sur différentes hauteurs de la commune de La Seyne appartiennent tous à la série des phyllades, que nos Provençaux appellent plus familièrement des lauvisses (du provençal lauve, pierre plate). Ces phyllades, dont le nom vient du grec phullon (feuille), ont été présentés comme des schistes d’un gris-vert plus ou moins foncé, quelquefois bruns ou noirs, finement feuilletés, souvent froissés ou plissotés, et très satinés. Leur étude microscopique a en effet révélé des paillettes de séricite (variété soyeuse de mica blanc) et divers autres minéraux (quartz, chlorite et plus rarement tourmaline et rutile, éléments qui indiquent un métamorphisme très avancé.

    Les phyllades se sont formés à partir de roches sédimentaires qui se sont déposées au fond des mers à une époque très ancienne, roches qui ont recristallisé et se sont déformées sous l'action de la température et de la pression, ou au contact du magma terrestre. Ce degré élevé de métamorphisme rend très improbable la découverte dans les phyllades de fossiles macroscopiques.

    De ce fait, malgré des études conduites pendant des décennies par les géologues les plus éminents tels que Bertrand, Haug, Lutaud, Mlle Pfender, Termier, Zurcher, etc., la datation des phyllades du massif paléozoïque de Sicié, « lambeaux géologiques de terrains primaires hercyniens », n’avait jamais pu être possible. D’ailleurs, sur les cartes géologiques et jusque dans les années 1960, les phyllades de la région toulonnaise apparaissaient toujours sous une même teinte, avec la désignation x.

    Ce n’est qu’à la suite des travaux menés pendant près de 25 ans (de 1939 à 1963) par le Professeur Claude Gouvernet, ainsi qu’à l’étude des prélèvements effectués en 1950-1951 lors du creusement de l’émissaire commun par le Professeur Jean-Paul Destombes, que l'âge du massif de Sicié a pu être davantage précisé. Le Professeur Gouvernet, a en effet étudié Sicié comme aucun géologue ne l'avait fait avant lui, et a pu définir, là où ses prédécesseurs n'avaient vu qu'un méli-mélo de phyllades sans intérêt, une suite continue de terrains qu'il a su ordonner, de la série la plus ancienne (les schistes verts des Lèques), jusqu'à la série la plus récente (les phyllades noirs de la pointe de Garde Vieille, et ceux de la Grande Calanque et du Peyras).

    Ces différentes séries de phyllades constituent la plupart des reliefs du massif de Sicié ainsi que de la zone qui, de l’Ouest à l’Est, s’étend des quartiers Colle d’Artaud, Daniel, Quatre-Moulins jusqu’au Fort-Napoléon et à Balaguier. Elles apparaissent sous forme de blocs écailleux se chevauchant vers le S.-E., parfois en continuité géologique, mais le plus souvent en discordance, les phyllades recouvrant des terrains sédimentaires permo-triasiques. Plusieurs grandes failles séparent les différentes séries de phyllades, en particulier celles de l’Éperon, de Peyras, de Balaguier, de Gavet, qui sont N.E.-S.W., ou encore celle des Barelles qui est N.-S.

    La série de phyllades la plus ancienne dénommée schistes verts des Lèques se prolonge sur le territoire seynois dans les zones de moyenne altitude de la forêt de Janas, telles que le Champ de Mai, le sentier découverte de Belle Pierre et toute la colline entre la maison forestière et la batterie de Peyras. Elle est constituée de schistes chloriteux avec quelques intercalations de quartzophyllades et se trouve parfois associée à des poudingues intraformationnels (piste W 907). Elle est très spécifique du massif de Sicié et n’apparaît nulle part dans les massifs hercyniens à l’Est ou à l’Ouest de Toulon. Le Professeur Gouvernet a reconnu sa parfaite identité avec celles des terrains précambriens bretons (c'est-à-dire antérieurs à moins cinq cent cinquante millions d'années), ce qui a fait dire au géologue seynois Paul Regaignon que notre massif comptait des roches parmi les plus anciennes de France. C’est également dans cette zone, et toujours à proximité de lignes de dislocation (discordance avec les phyllades de la série de Fabrégas) que se trouvent des intrusions de basaltes permiens (voir ci-dessous).

    Les phyllades inférieurs de Six-Fours, constituent essentiellement l’anticlinal de La Seyne, lequel correspond à la série de hauteurs qui s’étend des quartiers Jaumen, Daniel, Domergue, Quatre Moulins, Touffany, Rouquier, Pont de Fabre, Fort Napoléon, Balaguier et l’Eguillette, pour disparaître sous la rade et réapparaître au Mourillon, à Lamalgue, etc. On les retrouve également, selon une orientation nord-sud, en différents points discontinus bordant le chemin de Oratoires depuis la colline de Cachou, le Poney Club, Les Barelles, puis plus haut, à l’est de ce chemin, entre l’oratoire Marie-Madeleine et l’aire des Mascs.

Carte géologique de La Seyne (d’après Gouvernet, 1963)
1. Basalte du cap Nègre. — 2. Muschelkalk. — 3. Grès bigarré. 4. — Permien. 5. — Carbonifère. 6. — Série de Fabrégas. — 7. Phyllades noirs. — 8. Arkoses. — 9. Phyllades supérieurs de Six-Fours. — 10. Quartzites de Six-Fours. — 11. — Phyllades inférieurs de Six-Fours. — 12. Phtanites. — 13. Schistes verts des Lèques. — 14. Poudingue intraformationnel
NB. La carte présentée ici a été limitée au territoire seynois. Naturellement, les couches de phyllades, de permien et de trias se prolongent bien au delà de cette carte, à l’ouest (Six-Fours) comme à l’est (Le Pradet). Inversement, certaines couches (1, 5 et 10) affleurent dans le secteur de Six-Fours et ne sont pas observables à La Seyne. Les principales failles du massif sont référencées F1, F2, F3, F4, F5.
    Dans ce dernier secteur orienté N.-S., les phyllades inférieurs ont été trouvés accolés, côté Est, à une étroite bande de phtanites, qui les séparent des phyllades verts. Cette découverte, qui avait été initiée dès 1923-1925 par J. Pfender et E. Haug à La Seyne (Jaumen) et à Six-Fours (Clinchamp), a été d’une grande importance dans la datation des différentes séries de phyllades, ces phtanites ayant révélé en certains points des squelettes de radiolaires et ayant donc pu constituer un excellent repère stratigraphique, par comparaison avec les autres massifs hercyniens européens.

    Le troisième et dernier grand groupe de terrains métamorphiques, les plus récents, sont les phyllades et quartzophyllades de la série de Fabrégas. Il s’agit du terme le plus élevé des terrains antécarbonifères de la région. Ils constituent, mais en discordance avec les schistes verts des Lèques, toutes les crêtes de Montjoie, de Roumagnan, de N.-D. du Mai, toute la zone dite des Terres Gastes, du Sémaphore, ainsi que le versant Est et Nord-Est du Peyras, jusqu’à Fabrégas et au Jonquet. Ils sont ainsi facilement observables sur toutes les falaises Est du massif de Sicié, de la pointe Garde Vieille jusqu’au rocher du Bœuf, mais avec différents termes successifs tels que les phyllades noirs de Garde Vieille, les quartzophyllades et les phyllades gris violacé de la Grande Calanque, les phyllades de Peyras. À noter que le sable noir de certaines plages du secteur a pour origine ces phyllades noirs et gris violacés qui, très friables, ont été entraînés vers le nord-est par le courant côtier et se sont surtout déposés dans l’anse la plus marquée de la côte, celle de Fabrégas.

    À ces formations étendues, il faut ajouter des terrains moins représentés, ou de faible épaisseur :

- les phyllades supérieurs de Six-Fours, qui, à La Seyne, affleurent, d’une part, au bord même de la mer entre la pointe de l’Éperon et le cap Sicié et, d’autre part, sur les versants Nord des collines des Quatre Moulins, du Fort Napoléon et de l’Éguillette.

- des arkoses, formation qui apparaît au bas des falaises de Sicié, entre les phyllades supérieurs de Six-Fours et les phyllades noirs. Il s’agit de roches d’origine détritique, de couleur rose ou brune, constituées d’un fond siliceux recristallisé sur lequel se détachent des cristaux de quartz et de feldspath, ainsi que de gros fragments des terrains plus anciens.

- des mylonites de phyllades, retrouvées également dans les falaises de Sicié (Pierre de l’Autel, batterie du cap Vieux), ainsi que lors du percement de l’émissaire commun (puits des Moulières). Ces roches, composées d'éléments blanchâtres et verdâtres, plus ou moins recristallisés et disposés en minces lits réguliers, parallèles et alternés leur donnant une vague texture gneissique, pourraient résulter du broyage des phyllades lors de leur chevauchement sur le Permien ou lors de l’effondrement de l’ancien continent Tyrrhénien.


Les formations sédimentaires de La Seyne et de Saint-Mandrier

    Le Permien (entre 300 et 250 millions d’années). Contrairement à Six-Fours où des couches de l’étage carbonifère sont visibles dans plusieurs secteurs (Les Playes, Sauviou) entre phyllades et Permien, le Permien seynois apparaît toujours en discontinuité avec les phyllades. On le trouve ainsi à Fabrégas, La Verne, Le Plan d’Aub, Les Moulières, sur la quasi-totalité de la presqu’île de Saint-Mandrier, à Coste Chaude, ainsi que, plus au Nord, sur les hauteurs de Brégaillon, La Petite Garenne, Piédardant. Entre ces massifs, il existe très certainement, mais il est recouvert par les alluvions modernes.

    Le Permien comporte, à sa base, un poudingue à gros éléments empruntés aux phyllades. Dans sa partie moyenne, on y trouve une puissante formation de grès grossiers bruns ou roses (La Verne, La Renardière,…), des arkoses plus claires, alternant avec des grès plus fins, et parfois des tufs sédimentaires (tranchée de chemin de fer de Brégaillon) ou dacitiques (pointe de Marégau). Au sommet, ce sont surtout des grès arkosiques et des pélites gréseuses de teinte violette qui dominent. Des traces de vertébrés de petite taille ainsi que d’arthropodes y ont été signalées, notamment dans l’anse de Fabrégas.

    Le Trias inférieur ou Grès bigarré. Cette couche affleure, sur une faible épaisseur, parallèlement au Permien, entre la pointe du Bau Rouge et Les Moulières. On y trouve, à sa limite inférieure avec le Permien un banc de conglomérat compact (poudingue à dragées) contenant des galets de quartzite. Cette couche de 6 à 10 mètres d’épaisseur est bien visible à proximité du réservoir d’eau du Plan d’Aub ainsi qu’au bord de la Corniche Varoise, sur les hauteurs de Fabrégas. Au-dessus apparaît une série de grès grossiers de teinte claire. Au-dessus, enfin, une série détritique comportant une alternance de grès argileux rouges ou verts, ainsi que des grès lie-de-vin, peu différents de ceux du Permien terminal, mais plus riches en muscovite.

    Le Trias moyen ou Muschelkalk. Il n’est localisé qu’en deux points précis du territoire seynois. Le plus important constitue une langue de terrains allant de la corniche de Tamaris (lieu-dit Le Manteau), jusqu’aux hauteurs de l’Evescat. Le second n’est qu’une petite écaille apparaissant au niveau du chemin des Crêtes de Fabrégas. Ce terrain est constitué de strates de calcaires compacts gris fumée (autrefois exploités dans plusieurs carrières) séparés les uns des autres par des bancs marneux. Les travaux récents de J.P.H. Caron montrent que le Trias peut être décomposé en une vingtaine de niveaux (au lieu de trois sur la première édition de la carte géologique). A La Seyne, on distingue ainsi un niveau azoïque (semblable à celui de Sainte-Marguerite) dans le secteur de l’Evescat et un niveau fossilifère dans le secteur du casino de Tamaris.  Ce dernier renferme un certain nombre de fossiles, d’extraction difficile, principalement la térébratule Cœnotheris vulgaris, ainsi que plusieurs lamellibranches. A noter que le contact anormal trias/phyllades est bien visible dans le domaine de la Villa Blanche, près du banc dit de George Sand.

    Les alluvions quaternaires. Les zones de basse altitude séparant les massifs décrits ci-dessus sont occupées par différents niveaux d’alluvions.

    Dans les zones de piedmont au Nord et au Nord-Ouest des hauteurs de Sicié se trouve une moyenne terrasse d’éboulis altérés entrecoupés de lits sableux et argileux. C’est le cas de toute une zone située de part et d’autre du ruisseau Le Loup et qui correspond aux anciennes terres agricoles des quartiers Les Plaines, Le Pas du Loup, La Maurelle, Mar-Vivo. À Saint-Mandrier, cette formation apparaît recouverte de limons rubéfiés reliant les trois îlots permiens qui constituent l’actuelle presqu’île.

    Localement, en remontant certains vallons de la forêt de Janas (des Moulières aux Gabrielles, de part et d’autre de la route de Janas, puis le long de la piste W 906), se trouvent des épandages de cailloutis et parfois de sables constitué en partie d’éléments calcaires, dont l’origine ne paraît pas clairement établie. C’est le cas du secteur dit La Sablière (altitude 100-120 m.) dans la forêt de Janas, une formation que l’on retrouve en territoire six-fournais, en aval de la source de Roumagnan (altitude 150 m.). Dans certains cas, ces formations ont été apparentées à des grès éoliens, ou des calcarénites. Etant situées à des altitudes variables (tant en forêt de Janas que sur le littoral, par exemple au Sud-Est du port de Saint-Elme), ces formations ne correspondraient pas à un niveau marin quaternaire, mais pourraient être des témoins dunaires fossiles.

    À plus faible altitude, notamment dans les quartiers situés à l’Ouest et au Nord-Ouest de l’agglomération seynoise (Saint-Jean, Berthe, La Chaulane) se trouve une terrasse plus récente d’alluvions limoneux et caillouteux créée par la remontée des eaux à la fin de l’époque du Würm.

    Des alluvions encore plus modernes se trouvent naturellement dans les zones gagnées sur les marécages lors des débuts de l’implantation de la communauté seynoise, particulièrement dans les secteurs de Lagoubran (ancien hippodrome, devenu établissement CNIM), de La Muraillette (stade Victor Marquet), ainsi que sur le littoral de la baie de Tamaris (Le Crotton) et au Pin Rolland.

    Rappelons enfin les cordons littoraux et les dunes récentes qui constituent, depuis le XVIe siècle l’isthme des Sablettes ainsi qu’une partie du littoral nord de la presqu’île de Saint-Mandrier au niveau de l’ancien Lazaret et du fond du Creux Saint-Georges.


Roches et minéraux particuliers

    Contrairement au terroir six-fournais dans lequel l’étage carbonifère affleure en plusieurs secteurs (schistes houillers et limonite riche en fer aux Playes), le terroir seynois est beaucoup moins riche en minéraux exploitables ; le Carbonifère n’y affleure pratiquement pas et il n’a jamais été rapporté de gisements de pyrites semblables à ceux de la plage de la Fosse ou du trou de l’Or, côté six-fournais. Les seuls matériaux à usage industriel que l’on puisse signaler sont les calcaires compacts qui ont été longtemps exploités dans les carrières de l’Evescat et de Tamaris (qui ont permis la construction des villas de l’époque de Michel Pacha, ainsi que de l’Institut de Biologie Marine). On peut rappeler également une importante exploitation de l’argile dans une carrière de l’ancien domaine de Cachou qui se situait à l’emplacement de l’actuelle résidence du cap Sicié, route de Janas.

    Le massif de Sicié comporte par ailleurs un certain nombre d’affleurements basaltiques datant de l’époque permienne (très différents des basaltes d’Evenos, Ollioules et cap Nègre qui, eux, datent d’un volcanisme récent, probablement d’époque pliocène). À La Seyne, il s’agit, selon les auteurs, de « sills de dolérite », de « dykes de basaltes labradoriques à olivine », ou de « coulées dont le centre, finement grenu, passe à une microdiabase ». Ces basaltes sont aisément visibles le long de la Corniche Varoise au Sud de la batterie de Peyras, ainsi que sur le chemin des Oratoires (à proximité de l’oratoire Saint-Michel Archange). Dans d’autres cas, ils sont plus difficilement accessibles en raison d’un relief inabordable (Ouest de la Pointe de Garde Vieille, ancienne source des Canonniers, Nord-Est de la presqu’île de Saint-Mandrier, etc.), ou par une couverture d'épineuse végétation (secteur de Belle Pierre). Dans d’autres secteurs (route de l’aire des Mascs à N.-D. du Mai), le basalte est complètement altéré et l'on n’y retrouve plus qu'une masse d'argile, de laquelle la pioche détache parfois de petites boules de « vulcanites » qui sont aux avant-derniers stades de l'altération, mais extrêmement dures et riches en fer.


Conclusions sur la structure du massif de Sicié

    Grâce aux travaux du Professeur Gouvernet, on dispose aujourd’hui d’une certaine échelle de datation des différentes couches métamorphiques et sédimentaires du terroir de La Seyne, des plus anciennes (schistes verts de Janas et du Peyras), assimilables au précambrien breton, aux plus récentes (phyllades et quartzophyllades des falaises est de Sicié), qui se rapprochent de l’époque carbonifère.

    Il ressort néanmoins de ces travaux une image de structure géologique disloquée, extrêmement complexe. À l’âge hercynien, deux grandes unités tectoniques se sont constituées : l’une, anticlinale, qui va des Lèques aux collines de La Seyne Est ; l’autre, synclinale mais dissymétrique, qui constitue le secteur de Vieille Garde et de Fabrégas. Ces unités ont été ensuite déformées sous l’action des poussées pyrénéo-provençales, amenant le matériel hercynien à se fragmenter en blocs écailleux se recouvrant vers le S.-E.. D’où le chevauchement de séries de phyllades récentes, et même de certaines couches sédimentaires permiennes, par des séries de phyllades anciennes. Une demi-douzaine de grandes failles, la plupart N.E.-S.W. témoignent ainsi de plusieurs contacts anormaux entre les différentes couches.

    Mais la difficulté qu’il y a à identifier avec précision la « racine » des unités anticlinales montre que la question de savoir si nos différentes séries de phyllades se sont toutes plissées sur place, ou si elles ont pu être amenées sur des kilomètres par charriage lors de l’orogenèse pyrénéo-provençale, n’est peut-être pas totalement tranchée. Ce qui nous paraît justifier de poursuivre encore les études géologiques du massif de Sicié.
                                         

Lexique

Arkose : Roche sédimentaire détritique, sorte de grès grossier, composée de quartz, de feldspath et d’un ciment argileux.
Calcarénite : Grès formé par la consolidation de sables calcaires.
Dacite : Roche magmatique microlithique composée de quartz, de plagioclase, de verre et de minéraux ferromagnésiens : biotite, hornblende ou pyroxène.
Dolérite : Roche magmatique compacte, intermédiaire entre le gabbro et le basalte, de teinte verdâtre à bleuâtre et constituée de grains visibles à la loupe de plagioclase en baguette englobés de pyroxène.
Phtanite : Roche sédimentaire siliceuse formée par d’anciennes vases siliceuses consolidées dans lesquelles ont été trouvés des squelettes d’éléments du zooplancton comme les radiolaires.
Phyllade : Roche métamorphique à structure feuilletée, constituée de schiste luisant à paillettes de séricite qui lui donnent une apparence soyeuse.
Quartzite : Roche siliceuse massive, constituée de cristaux de quartz soudés, présentant une cassure conchoïdale et de couleur généralement claire.
Sill (ou couche filon) : Couche de roche magmatique souvent horizontale qui s'est infiltrée entre des couches plus anciennes de roche sédimentaire, de roche volcanique ou le long de la foliation d'une roche métamorphique.


Bibliographie

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CARON J.P.H. Contribution (niveaux triasiques) à la 3e édition de la feuille de Toulon à 1/50 000e de la carte géologique de France (à paraître).
CORROY G. 1935. Enracinement des massifs hercyniens des environs de Toulon. C. R. Acad. Sc., t. 200, p. 1963.
DESTOMBES J.-P. 1950. Une coupe géologique N-S du cap Sicié (Var). C. R. Acad. Sc., t. 230, p. 458.
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GOUVERNET C., GUIEU G. et ROUSSET C. 1971. Provence. Guides Géologiques Régionaux, Masson & Cie, 229 p.
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REGAIGNON P. 1957. Les vulcanites primaires des environs de La Seyne. Ann. Soc. Sc. Nat. Toulon Var, 9, p. 109.
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Cartes géologiques

Feuille de Toulon à 1/50 000e (1ère édition), par É. Haug, 1925.
Feuille de Marseille à 1/80 000e (2ème édition), par L. de Launay, 1935
Feuille de Toulon à 1/80 000e (2ème édition), par E. Raguin, 1951.
Feuille de Toulon à 1/50 000e (2ème édition), par C. Gouvernet, 1969.

Remerciements

A Madame Marie-Rose BRODY et à Messieurs Jean-Paul H. CARON et Michel HAVARD pour leur relecture attentive du manuscrit et leurs suggestions constructives.

 
Jean-Claude AUTRAN, décembre 2011                              




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