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de l'Histoire de l'École Martini
Marius AUTRAN
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Histoire de l'École Martini (1982)
L'enseignement à La Seyne-sur-Mer (1789-1980)
Introduction


Pendant le règne de Louis-Philippe (1), sous l'impulsion du Ministre de l'Instruction publique Guizot (2), une loi, datant du 28 juin 1833 fit obligation aux communes d'assurer le fonctionnement d'une école primaire et aux départements de créer une École Normale pour former les instituteurs.

(1) Louis-Philippe Ier (1773-1850) : Roi des Français de 1830 à 1848, fils de Philippe Joseph duc d'Orléans, dit Philippe-Égalité, il fut, comme son père, un partisan fervent des idées révolutionnaires et combattit à Valmy et Jemmapes aux côtés des Révolutionnaires. Il passa à l'ennemi avec le général Dumouriez en 1793, mais refusa de servir dans les armées contre-révolutionnaires. Revenu en France avec la Restauration, il se tiendra à l'écart de la vie politique, mais se liera avec les milieux libéraux. Après la Révolution de Juillet 1830 à laquelle il ne participa pas, il fut appelé au pouvoir par la bourgeoisie libérale. Ainsi naquit la Monarchie de Juillet, monarchie bourgeoise qui fut marquée par un essor industriel suscitant en contrepoint un prolétariat misérable et favorisant les entreprises coloniales (conquête de l'Algérie). Il fut renversé en 1848 et s'exila en Angleterre où il mourut.

(2) François Pierre Guillaume Guizot (1787-1874) : Fils d'un avocat protestant partisan de la Révolution, et qui fut guillotiné sous la Terreur comme Fédéraliste, il fut élevé à Genève où sa famille avait émigré. Revenu à Paris en 1805, il enseigna l'Histoire à la Sorbonne. Il entra en politique à la Restauration. Rallié à Louis-Philippe, il fut Ministre de l'intérieur, puis Ministre de l'instruction Publique (1832-1836, 1836-1837) il fit adopter la loi sur la liberté et l'organisation de l'Enseignement primaire (28 juin 1833). En 1840, il devint le véritable chef du gouvernement. C'est à lui que l'on doit l'invitation " Enrichissez-vous ! " donnée à la grande bourgeoisie d'affaires, ce qui contribua à accroître la misère ouvrière et à susciter une opposition croissante. Après la Révolution de 1848, il dut s'exiler un an. À son retour en France, il ne se mêla plus à la vie politique.

Nous reviendrons plus longuement sur le contenu de cette loi dont la Municipalité de La Seyne décida l'application le 5 Juillet 1833.

Il en résulta la création d'une école primaire qui sera appelée plus tard École Martini du nom de son premier directeur.

De 1833 à 1976, l'établissement connut des fortunes diverses. Cette période, qui s'étend sur cent quarante-trois ans, ne pouvait être épargnée par des changements profonds touchant aussi bien à l'organisation qu'au contenu de l'enseignement. On déplaça même le lieu d'implantation de l'école à deux reprises, sans toutefois l'éloigner trop de son point d'origine. Son emplacement définitif, qu'elle occupera pendant cent quarante ans, est celui que recouvre aujourd'hui le parking municipal qui porte également le nom de Martini.

Pour bien comprendre le rôle qu'a joué cette structure dans l'évolution de l'enseignement d'État à La Seyne, il faut en situer l'histoire dans le contexte général de la politique suivie par les gouvernements successifs en matière d'Enseignement. Il ne faut pas, en outre, ignorer le cadre économique et social, tant au plan national qu'au plan local, dans lequel la vie de l'École Martini a évolué. Aussi le lecteur comprendra-t-il qu'il était nécessaire de recourir à des références nombreuses à l'histoire nationale.

En effet, il faut dire que les gouvernements qui se sont succédé depuis 1833 n'ont pas toujours trouvé un écho favorable sur le plan communal.

Il faut avoir bien présent à l'esprit que, née sous la Monarchie de Juillet (3), l'École Martini a fonctionné successivement sous la Seconde République (1848-1852), le Second Empire (1852-1870), la Troisième République (4 septembre 1870 (4) - 1940), avec la " parenthèse " de la Commune de Paris (28 mars - 28 mai 1871), l'État Français de Vichy (1940-1944), la Quatrième République (1944-1958) et la Cinquième République depuis octobre 1958.

(3) Monarchie de Juillet : Voir note " Louis-Philippe Ier ", ci-dessus.

(4) D'où le nom de Quatre-Septembre que portent certaines rues de nos villes (cf. le boulevard du Quatre-Septembre, du boulevard Stalingrad à la place Germain Loro).

Nous verrons donc comment, sous chaque régime, l'école a vécu, comment elle a répondu, souvent en dépit de difficultés sans nombre, aux besoins de la population.

La période qui s'étend de 1833 à la fin du XIXe siècle fut marquée par des troubles profonds et des tâtonnements. Aussi, rien de durable ne put être organisé en matière d'Enseignement. Aux luttes politiques s'ajoutèrent des luttes idéologiques et religieuses. Les rivalités entre l'Enseignement public et l'Enseignement confessionnel prirent un caractère passionné vers la fin du XIXe siècle et ne devaient s'atténuer qu'après le vote des lois laïques de 1881, 1882 et 1886 et surtout après qu'en 1905, soit votée la loi de Séparation de l'Église et de l'État (5).

(5) Séparation de l'Église et de l'État : loi du 9 septembre 1905, votée grâce à la politique d'Émile Combes (1835-1921) ; ancien ecclésiastique, rallié au radicalisme, sa politique anticléricale provoqua la rupture du gouvernement français avec le Saint-Siège. Cette loi annule les dispositions du Concordat de 1801 signé par Napoléon Ier et Pie VII le 17 juillet 1801, par lequel les évêques étaient nommés par le Gouvernement qui assurait un traitement au clergé faisant ainsi de la religion catholique, la religion d'État.

Naturellement, ces grandes luttes nationales eurent des répercussions sur la vie communale, comme nous le verrons par la suite. Ce n'est que sous la Troisième République que s'affirmera sérieusement l'École Martini.

Mais la guerre de 1914-1918, avec toutes ses conséquences désastreuses, influencera de façon néfaste, on s'en doute, le développement de la qualité et des structures d'Enseignement, ainsi que la mentalité générale des Français.

La paix retrouvée avec l'Armistice du 11 novembre 1918, c'est une période un peu plus prospère qui s'annonce. Hélas ! Elle sera troublée par la naissance des régimes fascistes et nazis qui contribueront à provoquer la seconde guerre mondiale.

Après la chute de la Troisième République et la proclamation de l'État Français, l'école allait connaître de nouvelles difficultés. Le régime dictatorial de Vichy essaya d'imposer des méthodes et des structures nouvelles dans l'Enseignement. On sait comment ces tentatives devaient s'effondrer lamentablement avec la victoire des Alliés.

Avec la IVe République, notre École Martini prend un nouvel essor. Ses effectifs s'accroissent considérablement.

Il faut alors donner à l'École des structures nouvelles répondant aux besoins de la population scolaire. Au lieu de cela, on ne fera tout d'abord qu'agrandir quelques locaux et ajouter des constructions préfabriquées. Malgré ces quelques aménagements et transformations, le travail des élèves ne pourra plus s'effectuer dans de bonnes conditions.

C'est alors que la Municipalité Toussaint Merle envisagera la construction de nouveaux établissements. Quand la Cinquième République fut instaurée, en octobre 1958, l'École Martini était sur le déclin. Le projet du Lycée classique et moderne prit alors forme. Mais il fallut quelques années encore avant la création de la Cité Technique Paul Langevin (6).

(6) Paul Langevin (1872-1946) : Physicien français. Reçu à l'Académie des Sciences en 1934. Mena des travaux de recherche sur les gaz ionisés, la biréfringence électrique et magnétique, l'inertie de l'énergie, etc... En 1915, il mit au point la technique de production et de réception des ultrasons et leur emploi pour la détection des sous-marins.

Malgré la succession de régimes politiques très différents les uns des autres, malgré les guerres, les révolutions, les épidémies, - comme le choléra de 1865 - malgré les conflits locaux, l'École Martini a fonctionné.

Elle aura joué sur le plan local un rôle immense en assurant la formation d'ouvriers spécialisés, de techniciens, de dessinateurs, de comptables, d'employés, etc. Son influence a même dépassé les limites de la commune, puisque les élèves qui fréquentaient l'École Primaire Supérieure venaient des cités environnantes : Saint-Mandrier, Six-Fours, Ollioules, Sanary, Bandol, etc.

Elle n'a pas été un établissement d'Enseignement Supérieur, mais a donné à ses élèves ; des bases suffisantes pour la poursuite d'études poussées, de telle sorte que des milliers d'entre eux sont devenus des techniciens de haut niveau, des ingénieurs, des médecins, des officiers supérieurs, des chercheurs scientifiques, des cadres administratifs ou des enseignants du secondaire ou du supérieur.

C'est pourquoi il n'est pas excessif de qualifier son passé de glorieux.

Voilà, brossées à grands traits, les principales étapes par lesquelles est passé le système éducatif seynois, en partant de la situation dans laquelle il se trouvait aux lendemains de la Révolution française. Nous insisterons sur la période qui s'ouvre en 1833, année qui marque la naissance officielle d'un Enseignement public dans notre commune.

Cette partie sera bâtie essentiellement autour de l'École Martini, décrite dans ses aspects les plus divers : structures pédagogiques, méthodes d'enseignement, maîtres et élèves, environnement, et étoffée d'anecdotes vivantes. Nous nous attacherons à montrer quelle a été l'évolution de la population scolaire et ses structures d'accueil, par rapport à l'essor démographique de la commune et le rôle immense joué par l'École au profit des Seynois.

La seconde partie sera plus particulièrement réservée à l'extension des structures pédagogiques sur l'ensemble du territoire communal, surtout à partir des années 1960 où le repli sur l'hexagone des Français d'Algérie et l'arrivée importante de main d'œuvre étrangère provoquèrent un accroissement considérable de la population Seynoise.

Il sera montré avec précision, à l'aide de plans et de graphiques, l'œuvre immense accomplie par les Municipalités d'Union à direction communiste qui ont su adapter le système éducatif à la poussée sociale dont il est le produit et le reflet.



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