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Marius AUTRAN
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Images de la vie seynoise d'antan - Tome VI (1997)
L'Isthme des Sablettes au fil du temps
Avant-propos




Dans la série « Images de la vie seynoise d'antan », pourquoi avoir consacré un historique à ce coin de notre terroir qu'on appelle depuis le XVIIe siècle « Isthme des Sablettes ».

Les raisons en sont multiples et le lecteur les découvrira aisément à la lecture des pages qui suivent.

Ne fallait-il pas expliquer tout d'abord pourquoi et comment, à une époque relativement récente une mince langue de terre a émergé lentement entre les îles primitives de Sépet, devenues Saint-Mandrier, et le continent européen ? Ce qui m'a amené à expliquer les phénomènes de la géologie qui se sont posés de la même manière en d'autres lieux du littoral méditerranéen ou atlantique.

Il fallait aussi montrer l'évolution incessante de ce fragile cordon de terre devenu une zone habitable, un lieu de rencontres pour les Seynois d'abord, les Français de toutes régions ensuite et même les étrangers de tous les continents du monde. Son histoire est très riche.

Il s'est épaissi au fil des siècles ce mince bras de terre, pas seulement par l'action de la nature, mais surtout par la volonté des hommes qui ont imaginé en ce lieu des activités variées : les unes à caractère économique, les autres à caractère de loisirs.

L'isthme a commencé à jouer un rôle important à partir du moment où de vraies communications et des échanges ont existé entre la presqu'île de Saint-Mandrier et la communauté seynoise devenue indépendante en 1657.

Il a causé beaucoup de soucis aux édiles de ce temps.

Les problèmes qu'ils eurent à résoudre furent d'une telle complexité que ce fut seulement à la fin du XIXe siècle que des activités réelles se manifestèrent sur l'isthme même et ses environs.

Autrement dit : entre 1657 et 1887, donc pendant plus de deux siècles, la vie ne s'est guère affirmée sur ce qui fut tout de même le cordon ombilical de Saint-Mandrier. Ce ne sont pas les administrateurs qui ont manqué. Il n'est pas inutile pour l'histoire seynoise de rappeler les noms de ces gens sans doute animés de bonne volonté, mais hélas ! sans moyens efficaces à leur disposition. Quand ils prirent leurs fonctions, ils eurent la charge de gérer la moitié de la presqu'île de Sicié, l'autre moitié revenant aux Six-Fournais.

Le territoire de Saint-Mandrier s'ajoutant au terroir seynois, la superficie totale de notre communauté passa de 2 700 ha à 3250 ha.

Ces administrateurs furent d'abord des notables ou des personnages appelés consuls désignés le plus souvent parmi les propriétaires terriens les plus riches.

Ils se nommèrent : Tortel, Guigou, Daniel, Lombard, Pascal, Estienne, Fabre, Jouglas, Roux, etc...

(L'histoire de La Seyne de M. Baudouin en donne la liste complète).

De nombreux quartiers de La Seyne et Six-Fours portent toujours leur nom.

Puis ce fut l'époque des magistrats désignés par les ordonnances royales, puis celles des gouverneurs de province, puis les arrêtés préfectoraux.

Il est nécessaire de rappeler ces choses pour montrer la fragilité et l'instabilité des institutions administratives d'antan. Rappelons au passage que ce fut seulement après la Révolution de 1789 que l'on parla des maires élus par les Conseils municipaux. N'oublions pas de dire que sous les royautés et les empires qui suivirent on en revint à la désignation des Maires par le Pouvoir central.

Dans de telles conditions, l'instabilité politique eut obligatoirement des conséquences néfastes sur les problèmes économiques et humains.

C'est pourquoi nos édiles éprouvèrent les plus grandes difficultés dans l'accomplissement de leurs fonctions, sans parler des conflits à caractère politique, stratégique, économique. N'oublions pas les agressions dont l'isthme fut l'objet de la part d'affairistes à la recherche de profits juteux. Nous y reviendrons dans la période du dernier quart de notre siècle.

Avec les édiles du XIXe siècle, nos anciens ne connurent que des errements administratifs sans fin. Les maires de l'époque reculèrent souvent devant l'ampleur de leur tâche épineuse et nombre d'entre eux abandonnèrent leurs fonctions au bout de deux ou trois et quelquefois au bout d'une année seulement de leur mandature.

Le XXe siècle a été plus rassurant avec les progrès en tout genre de la modernité : l'arrivée de l'eau sur l'isthme, du gaz, de l'électricité, des transports (bateaux à vapeur, tramways). La vie s'affirma avec le développement de Saint-Elme, la naissance de la première école des Sablettes. Les premières structures à caractère touristique impulsées par Michel Pacha.

Durant le premier quart de notre siècle, les gens de ma génération ont été les témoins de transformations bénéfiques qui ont laissé des traces profondes dans leur vieille mémoire et surtout des souvenirs attachants qu'ils racontent toujours avec passion au cours de leurs rencontres.

C'est probablement la raison la plus forte qui m'a incité à écrire cet ouvrage.

D'autres raisons justifient la naissance de cet ouvrage qui vient s'intégrer dans les « Images de la vie seynoise d'antan ».

Comparativement au développement paisible de nos quartiers campagnards, l'isthme et ses environs limitrophes ont connu tant d'événements heureux et néfastes, des agressions en tout genre, des dégâts résultant des guerres mondiales, de l'incohérence de multiples administrations dont les projets furent très discutables, qu'il nous a paru intéressant devant une telle accumulation de faits sur cet espace restreint de notre terroir, se rappeler des souvenirs vivaces et de les incorporer dans le patrimoine culturel de notre ville.

Pour ce faire, nous avons respecté un ordre chronologique en partant des phénomènes géologiques. Cet historique a été divisé en cinq périodes. La première, la plus longue a été celle de la stagnation qui a duré plus de deux siècles et qui a vu l'isthme s'éveiller à la vie vers la fin du XIXe siècle.

C'est sur le XXe siècle qu'il y avait le plus à dire. Il a été divisé en quatre périodes distinctes.

De 1900 à 1925, celle où l'isthme a reçu les progrès de la modernité freinés toutefois par les ravages de la première guerre mondiale. Elle s'étire jusque vers les années 1925-1930 où notre pays se relevait péniblement des souffrances d'une guerre particulièrement meurtrière et dont la population était loin d'imaginer qu'une autre guerre se préparait.

Les événements internationaux, nationaux et même locaux allaient bientôt lui en apporter la preuve et durant le deuxième quart de notre siècle, l'isthme des Sablettes allait être le témoin de nouveaux bouleversements et de nouvelles agressions.

Les deux décennies qui ont suivi, avec la paix revenue, ont apporté un réconfort certain grâce aux efforts des municipalités d'après la guerre confrontées à des problèmes ardus, notre ville ayant été sinistrée à 65 %.

Dans la période qui s'étale sur le dernier quart du siècle finissant, il y aura aussi beaucoup à dire sur le développement et la physionomie de l'isthme sur ses deux rivages. L'aspect d'aujourd'hui n'est pas des plus attrayants.

Certes, la plage de sable fin est encore belle mais soumise comme toujours aux caprices de la mer et de ses courants entraînant des largeurs de sable variables suivant les années, des accumulations désagréables de posidonies putrescentes et que la mer reprend tôt ou tard. En somme les désagréments du tourisme dans toutes ses formes sont toujours assumés côté méridional. Mais peut-on se féliciter des mêmes avantages sur la rive opposée côté Tamaris ?

Il faudra bien parler longuement des projets d'urbanisation avortés, de la déconvenue des plaisanciers de la petite mer qui attendent depuis près de 20 ans des structures portuaires correctes.

Quand on voit les hectares de terrain comblés, en bordure de l'isthme on pense aussi à ceux du projet Marépolis après la catastrophe de la Navale.

Les Seynois de l'isthme et de ses environs souffrent comme ceux de la ville qui eux aussi attendent depuis longtemps des solutions à ces problèmes de désertification.

On comprend fort bien le souci de nos concitoyens désireux d'un environnement agréable qui constituent des associations de défense pour le respecter et l'améliorer.

Voilà les généralités qu'il fallait développer pour éclairer le lecteur en répétant que l'isthme des Sablettes est un lieu historique, un facteur important de l'économie seynoise, que des efforts louables ont été faits pour l'entretenir, développer les structures qu'il a reçues. Mais, en cette fin de siècle, il faut bien dire que son aspect général n'est pas particulièrement attrayant ni fascinant.

Avant de terminer ces préliminaires, il convient d'ajouter que cet historique ne s'est pas borné à parler strictement de l'isthme dans sa partie la plus ténue mais aussi de ses extrémités où la vie humaine connut un développement rapide à partir du moment où la circulation des véhicules même les plus lents, fut assurée.

Il nous fallait bien parler du quartier des Sablettes dont l'urbanisation se fit rapidement au début de notre siècle alors que, desservi par la ligne des petits bateaux à vapeur, œuvre de Michel Pacha, inaugurée en 1887, allait s'ajouter une ligne de tramways en provenance de Toulon passant par La Seyne, le Pas du Loup et Mar Vivo. Remarquons tout de même la satisfaction des piétons qui continuèrent d'emprunter le vieux chemin des Sablettes beaucoup moins encombré de véhicules lourds.

La nouvelle route départementale devenue le CD 18 entre La Seyne et les Sablettes ne traversait que des vignobles, des vergers et des jardins potagers.

En quittant le tramway au terminus, à quelques mètres de la plage, on découvrait un hôtel, un coiffeur, un épicier ; non loin de là face au Casino, un boulanger.

À l'autre bout de l'isthme, l'activité première fut celle de la pêche avec la naissance du hameau de Saint-Elme et la création du port et sa jetée abri.

Dans son prolongement vers le Marégau, naquirent deux activités bien différentes : défense côtière qui vint compléter les installations militaires de Saint-Mandrier mais aussi activités paysannes importantes après l'acquisition en 1804 d'une grande propriété par Me Jean-Baptiste Rolland sur laquelle des précisions sur le début du XIXe siècle seront nécessaires.



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