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L'Isthme des Sablettes au fil du temps |
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L'Isthme des Sablettes au fil du temps |
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Avec le tome VI, nous assistons à une triple naissance. Imaginons une île et l'extrémité d'un continent. Imaginons la mer, se brisant jour après jour, pendant des siècles, de nord et de sud, les vagues se rencontrant au même lieu, apportant sable, dépôts divers, les entassant, un banc, une plage, les détruisant, les refaisant sans cesse, selon flux et reflux, lais et relais et reliant l'île et le continent : l'isthme des Sablettes est formé : 1657. Saint-Mandrier s'attache à La Seyne-sur-Mer qui, elle, se détache de Six-Fours par décret du roi de France : 1657.
Voyez une école construite sur l'isthme et Marius AUTRAN, écolier, alors. Cette école parachève la poétique géopolitique du lieu nouveau.
L'école va être contestée, occasion de conflits multiples entre les Domaines et l'Instruction publique et la ville.
Elle échappe à la destruction. Bien heureusement. Lorsqu'une largade menace d'inonder l'école, les pêcheurs italiens et provençaux rassemblent et conduisent des charrettes pour mettre à l'abri les enfants.
Par temps calme, le plus souvent, tout près de l'école sur une bande de deux cents mètres de long et plus de vingt mètres de large, la mer est peuplée de praires, de moules rouges, de clovisses, à quelques centimètres de profondeur. Les gosses sortant de l'école les cueillent et les ramènent triomphalement à la maison.
Des maisons de pêcheurs, dont celle du grand-père de Marius, qui, à huit ans, commence sur la Joséphine sa longue fréquentation de la mer et des hommes de Saint-Elme, des Sablettes, de Mar Vivo. Et nous en apprendrons...
Voyez les enfants étonnés de voir des tanks en 1917-1918, qui écrasent les tamaris et les arbustes dans lesquels ils aimaient tant jouer...
Ils admireront, avec leurs parents, la première montgolfière de Toulon, s'élever des Sablettes, les premiers hydravions décoller et amerrir.
Conflits, projets, discussions, mais aussi et surtout la vie des Sablettes pendant les guerres 1914-1918 / 1939-1945 : leurs ravages, les victimes, les terrifiants canons allemands de 340, le sacrifice des soldats marocains et sénégalais s'emparant des Forts Napoléon, Balaguier, Peyras, dernier bastion de la défense ennemie... et la Libération.
Les conflits géographiques et politiques que nous avons vus dès 1657 se transfèrent à l'isthme des Sablettes, aux Sablettes.
Les questions ne cessent de se poser... et la dernière en date, d'actualité, recevra-t-elle une réponse avec l'aménagement d'un parc paysager sur l'isthme des Sablettes, projet présenté en 1996-1997 par la Municipalité actuelle.
Il n'y aura pas eu que des guerres, des conflits, des projets. L'isthme a connu des fêtes de toute nature : Bar des Vedettes avec Radio-Monte-Carlo, soirées au Casino, dancing, compétitions sportives, la voile dominant. Retrouvons encore avec l'auteur, la pêche, les pêcheurs, leur « fortune » et leur misère, la construction des bateaux, la vie des hommes et des femmes, leurs soucis et leurs histoires, le progrès que fut, il y a quelques décennies, le moteur à essence qui facilitait la sortie du port de Saint-Elme et le retour.
Pensons à Marius AUTRAN et à ses pêches, à la Joséphine le bateau de son grand-père emporté par une largade sur la cale de la Verne, à la Noune, le bateau de son père ; au Pax, détruit par des vandales et enfin au You-you, auquel Marius (dit Youyou) renonça. Il avait alors 80 ans !
Il allait commencer à écrire cette monumentale histoire de La Seyne-sur-Mer et atteindre à ce tome VI « L'isthme des Sablettes au fil du temps ».
Nous souhaitons qu'il ne soit pas le dernier.
Pierre CAMINADE
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| Marius AUTRAN, sur un appontement provisoire de la Petite Mer, et son You-you (à gauche), en décembre 1986 |
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© Jean-Claude Autran 2016