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Compte-rendu de la sortie géologique du 26 février 1950 à Fabrégas, par le Colonel GIRAUD, avec neuf participants.
Cette sortie avait été préparée par cinq reconnaissances préliminaires. Tout d'abord visite du ravin S.-W. de Faubrégas ce qui permet de vérifier l'exactitude en ce point de la carte géologique de Toulon 1/50.000, notamment la situation du conglomérat de base du Trias et d'un petit groupe de rochers de Muschelkalk. Le tout est chevauché au sommet des croupes et mamelons par les phyllades venues du Sud.
Vu dans l'à-pic de la pointe du Bau Rouge une faille en plusieurs tronçons et un superbe miroir de faille portant quatre ou cinq stries horizontales.
Au Sud, l'ensemble des pentes abruptes de la croupe Sémaphore - Peyras est constituée uniformément de phyllades dont le pendage vers le Sud est d'environ 70°.
Au Sud-Est de la batterie de Peyras, on rencontre de nombreux blocs, éboulis de basaltes.
Au Sud du Sémaphore, par ailleurs, les schistes prennent un aspect noirâtre, et, vers la pointe de la Garde Vieille, M. Georgeot a découvert un morceau de Sigillaire, indiquant nettement la présence du carbonifère.
(Extrait du Bulletin N° 41 - 1950).
Ancienneté du massif des Maures, par M. le Professeur J.-B. GAIGNEBET
En 1923 le grand géologue E. HAUG étudiant les phtanites de GAUMEN, près de La Seyne, les soumit à l'examen de Mlle PFENDER qui y signala la présence de radiolaires ; mais leur mauvais état ne permettait pas d'apprécier l'âge des terrains (C.R.S.S.G.F. N° 13, 25 juin 1923, p. 130).
En 1938, H. SCHOELLER, qui avait déjà publié en 1926-27 des notices sur les Maures, découvrait un gisement de graptolithes derrière la chapelle du Mont Fenouillet à Hyères. Il pouvait ainsi dater le dépôt du Gothlandien, étage supérieur du Silurien, 400 millions d'années environ, et leur métamorphisme des temps hercyniens ou carbonifériens - environ 250 millions d'années (C.R.S.S.G.F. 16 mai 1938, p. 147).
Notre collègue C. COUVERNET, qui donne tant d'intérêt à nos séances, en étudiant le massif de Sicié, pense par analogie avec les séries analysées en Bretagne par P. PRUVOST, être en présence du Silurien inférieur, puis du Cambrien et même de l'Infracambrien, ce qui nous placerait vers 600 millions d'années ! (C.R. Ac. Sc., 7 janvier 1952). Cette analogie entre la Provence et la Bretagne est soulignée par le nom de Briovérien (de Saint-Brieuc) donné à cette très ancienne formation. Puissent ces découvertes hâter la réfection de la carte géologique du Var au 1/80 000, laquelle est épuisée depuis 30 ans et plus, « le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable ».
(Extrait des Annales N° 4 - 1951-1952)
Comment classer les roches ? Application aux roches varoises, par le Docteur H. BECH
(...) Certaines andésites contiennent du quartz = dacites. Un gisement existe près de la gare de La Seyne, visible dans la tranchée du chemin de fer allant de la gare aux chantiers. C'est une roche grise ayant l'apparence d'un tuf cinéritique.
(...) Phtanite. Dépôt siliceux souvent feuilleté. Il en existe à La Garonne et sur le territoire de la commune de La Seyne.
(Extrait des Annales N° 5 - 1953).
Compte-rendu de la sortie géologique du 17 octobre 1954 sur le carbonifère des Playes, par le Colonel GIRAUD, avec huit participants.
Parcouru d'abord, au cours de la matinée, la région située en bordure Est de la baie de Sanary, entre la région de Six-Fours et la Pointe Nègre. Reconnu les petits filets sédimentaires de calcaire ferrugineux du carbonifère qui s'appuient au sud-est sur les phyllades de la pointe Nègre et sur ce carbonifère font suite à de petites falaises de grès permiens couleur jaune. Cette même situation particulière se retrouvera au nord de la route précitée sur la petite hauteur de Sauviou et ensuite plus au nord encore sur environ 3 kilomètres tout le long de la crête en arc de cercle de la colline des Playes, Avant de s'y rendre, on fait un détour pour examiner la curieuse falaise de basalte d'âge oligocène, bordant la partie sud de la pointe Nègre (cette coulée de basalte aurait pour origine la cheminée du Joug de l'Aïgue, 6 kilomètres au Nord d'Évenos).
Au cours de l'après-midi, on a fouillé pendant plusieurs heures le tas de déblais extraits de l'ancienne mine de houille, l'an dernier, par une société d'exploitation étrangère qui y recherchait du minerai de manganèse existant dans du minerai de fer. Parmi les schistes ferrugineux du houiller, on n'a trouvé que quelques traces fossiles de plantes qui peuvent être des cordaïtes du Stéphanien.
Le colonel GIRAUD a présenté en séance les spécimens de ces fossiles, ainsi que des morceaux de roches typiquement permiennes.
(Extrait du Bulletin N° 79 - 1954)
Compte-rendu de la sortie géologique du 10 juillet 1955 sur Saint-Mandrier, par M. Paul REGAIGNON.
La presqu'île de Saint-Mandrier qui a été visitée ce jour-là appartient à la zone de dépression permienne qui se développe de Sanary à Saint-Raphaël sur plus de 100 kilomètres.
L'âge de cette formation est mal connu, mais on la rattache à l'Autunien, étage supérieur du Permien.
L'épaisseur du Permien est considérable ; au Luc, un sondage de 1.000 mètres n'a pas atteint sa base et à la gare de La Seyne, des recherches de charbon l'ont traversée sur 300 mètres de profondeur.
Le Permien offre tous les aspects propres aux terrains formés par des alternances répétées de conglomérats, de poudingues, de grès plus ou moins fins et de schistes délitables.
Il débute par un Poudingue à gros éléments du Houiller et des Phyllades.
Les grès fins sont compacts, résistants et bien diaclasés, les grès grossiers sont moins bien cimentés et présentent fréquemment des phénomènes de desquamation.
Les conglomérats et les poudingues sont aussi de résistances très variables.
Les intercalations schisteuses sont nombreuses et répétées.
L'aspect de ces alternances est très typique et partout semblable à lui-même ; leur disposition résulte des mouvements orogéniques pyrénéens.
Les mêmes variations lithologiques se répètent avec fréquence sur de courts espaces. Leurs teintes oscillent dans une gamme peu variée où les tons se marient plus qu'ils ne se heurtent,
À Saint-Mandrier, de la plage de la Coudourière, en regardant vers l'ouest, on découvre jusqu'à la pointe de Marégau, ce merveilleux paysage fait de hautes falaises, atteignant 100 mètres à la Renardière, aux couleurs toujours rafraîchies par la mer et montrant dans leur paroi les alternances répétées de schistes rouges, lie de vin, vert-foncé ou noirâtres ; de bancs de grès fins ou grossiers gris, roses, rouges ou violacés, passant à de véritables arkoses ; d'argiles aux mêmes couleurs et, parfois, de tufs dacitiques blanchâtres et décomposés, qui descendent tous à 45° vers la mer, au sud et pendant régulièrement à l'ouest. Jolies falaises aux couleurs originales, couronnées de pins et dominant des plages de galets multicolores, comprenant des rhyolites et des dacites, témoins des épanchements des nombreux volcans qui illuminèrent les nuits Permiennes.
(Extrait du Bulletin N° 88 - Octobre 1955).
Compte-rendu géologique et pétrographique de l'excursion du 22 Janvier 1956 à la plage de Six-Fours et à la Pointe Nègre, par le Colonel GIRAUD et M. REGAIGNON.
Sauviou, près de la plage de Six-Fours, est une station d'études intéressantes. On y trouve les terrains et roches représentant presque toute la géologie.
En classant par ordre, on relève : phyllades, quartzites, grauwacke, silurien (ou dévonien ?). On voit le carbonifère plissé, rubané, écrasé entre phyllades et conglomérats. Sur la plage, curieux galets de fer carbonaté, lithoïde. Le permien se présente dans toute la magnificence de ses énormes bancs soulevés de poudingues.
Du Tertiaire il reste le promontoire de lave de la pointe Nègre. Ces basaltes sont passés par un étroit couloir creusé par l'érosion de la côte 280. A.M. LEVY a reconnu dans ce basalte andésitique, au premier temps l'augite et l'olivine, au deuxième l'andésite, l'augine et la magnétite..
Le Quaternaire est représenté par les alluvions de la moyenne terrasse, qui recouvrent la lande et sur lesquels reposent les grès éoliens, sables, débris agglomérés par le carbonate de chaux (voir M. PARENT. « Annales » n° 16 de 1931).
La Basse Terrasse et les alluvions actuels sont représentés par le delta du ruisseau du Fillot, venu de près de Reynier, et qui forme la petite plage du « Rayon de Soleil ».
(Extrait du Bulletin N° 92 - Février 1956).
Le Professeur Claude GOUVERNET expose les conclusions de sa thèse de Doctorat (Paris, 1955) sur : « La Structure de la Région Toulonnaise ».
« Toulon, blottie au fond de sa rade, est entourée d'un système de collines plus ou moins tourmentées dont l'ensemble forme une région naturelle décrite sous le non de « RÉGION TOULONNAISE »
Cette région a toujours attiré l'attention des géologues.
Les recherches de M. BERTRAND, à la fin du siècle dernier, ont dominé toutes les autres. On sait que l'explication donnée par cet auteur, en 1887, de l'anomalie stratigraphique du Beausset n'a jamais été infirmée. Elle a été à l'origine de nombreuses et fécondes observations sur la tectonique des pays plissés. Le style des nappes venait d'être découvert.
Un collaborateur de M. BERTRAND doit être cité : P. ZURCHER. Celui-ci s'est surtout signalé par son interprétation tectonique des affleurements de phyllades de la région toulonnaise. Les terrains paléozoïques représentant des lambeaux charriés appartiendraient à une nappe issue d'un massif maintenant disparu dans la mer.
Après M. BERTRAND et P. ZURCHER, E. HAUG et son école se signaient par une étude détaillée dans laquelle sont revus et précisés les accidents décrits par les prédécesseurs. À l'issue de ces nouvelles recherches, la position du lambeau du Beausset et celle des massifs de phyllades se trouvent confirmées.
Malgré cette opinion, la théorie du charriage du Paléozoïque devait être plus tard combattue. G. CORROY prouvait en effet, en 1935, par des faits précis, l'enracinement des lambeaux de phyllades ; mais, en 1951, J.P. DESTOMBES apportait des arguments en faveur d'un recouvrement dans la presqu'île de Sicié.
C'est à ce stade de la discussion qu'intervient mon étude des terrains paléozoïques des environs de Toulon.
L'un des premiers résultats obtenus a été la différenciation, au sein des phyllades, de quelques horizons pétrographiques bien définis par leur constitution et leur position stratigraphique. Partant de ces formations repères, j'ai pu établir la chronologie des faciès métamorphiques. Grâce à cette nouvelle notion, je suis arrivé, à donner une représentation satisfaisante de la structure des massifs hercyniens.
Les massifs de phyllades apparaissent comme des blocs anticlinaux écailleux soulevés par un pli de fond. Ces unités tectoniques, bien développées à l'Ouest (Cap Sicié), s'ennoient à l'Est, écaille par écaille, au sein de la couverture permo-triasique.
La couverture permienne, divisée en compartiments anticlinaux, participe aux mouvements de fond du substratum paléozoïque. Mais, contrairement au dispositif décrit ci-dessus, les voussoirs permiens correspondent à des zones d'ennoyage des massifs hercyniens orientaux réunis sous le nom de « Massif des Maures ».
La région de Toulon où s'effectue l'ennoyage simultané des deux plis de fond des Maures et de Sicié, constitue un noeud tectonique remarquable.
Le plissement de la couverture mésozoïque au Nord de la dépression permienne de Toulon, résulte directement de la mise en place plus ou moins brutale des blocs écailleux paléozoïques.
Le socle joue, dans la tectonique locale, un rôle actif ; la couverture, un rôle passif.
Sous l'action des poussées orogéniques de fond, les massifs de phyllades se chevauchent vers le Sud.
Dans les secteurs méridionaux presque entièrement dénudés surgissent les massifs de Sicié, de La Seyne, de Six-Fours et des Playes.
Dans les secteurs septentrionaux, le socle s'ébranle sous une épaisse couverture sédimentaire. Les puissantes formations du Bassin du Beausset, portées par une ou plusieurs écailles, accusent un déplacement général vers le Sud, tandis que les terrains de bordure, fortement comprimés au contact du butoir paléozoïque se décollent au niveau du Trias, puis se plissent. C'est ainsi qu'apparaissent, au début du Crétacé supérieur, les ébauches des plis nord-toulonnais.
La poussée s'accentue au Tertiaire. La lourde masse du Bassin du Beausset, toujours portée par le substratum paléozoïque, vient s'emboutir dans les ébauches plissées. Celles-ci, déséquilibrées, se déversent au Nord.
Au Nord de Toulon, ces mouvements ne sont accompagnés d'aucun chevauchement de grande amplitude.
Dans la région de Bandol, au contraire, le flanc Sud du pli primitif, décollé, chemine passivement sur le flanc Nord et engendre une importante masse de recouvrement.
Le phénomène orogénique se poursuit par le soulèvement du chaînon du Gros-Cerveau. De la masse chevauchante se détachent alors des terrains triasiques et infra-liasiques qui glissent vers le Nord pour donner le célèbre lambeau du Beausset ».
Cette conférence, exposée de façon aussi élégante que magistrale, souleva les applaudissements d'un auditoire enthousiasmé.
(Extrait du Bulletin N° 93 - Mars 1956).
Sur les pyrites de fer, par M. REGAIGNON.
À l'occasion d'un bel échantillon, apporté à la Société par un de ses membres, M. REGAIGNON a fait une causerie sur les pyrites de fer.
Après avoir rappelé la composition, la nature, les propriétés physiques et chimiques, les caractères distinctifs, la formation, les altérations, les principaux gisements et les utilisations industrielles des pyrites de fer, M. REGAIGNON a insisté sur quelques caractéristiques remarquables de ce minéral, son paramagnétisme, sa thermoélectricité et sur sa cristallisation. Le conférencier a cité les diverses formes cristallines que prend ce minéral, formes dérivées du système cubique qui se montrent suivant le cube, l'octaèdre, 25 dodécaèdres pentagonaux, 9 trapézoèdres, 4 trioctaèdres et 28 diploèdres, plus un groupement de deux dodécaèdres pentagonaux dit « macle de la croix de fer » (sans oublier les pyrites qui se présentent en masses à grains cristallins ou compacts, ou encore réniformes et en stalactites).
Le conférencier a cité les petits gisements locaux du trou de l'Or et de la plage de la Fosse, situés près des Lecques du Brusc, où, d'après les on-dit, on aurait trouvé de l'or. M. REGAIGNON pense qu'il s'agit d'une méprise due à la couleur des pyrites ; il fait remarquer, cependant, que la chose pourrait ne pas être impossible, l'or, les pyrites de fer et le quartz ayant ce que l'on appelle en minéralogie des relations paragénétiques, des « sympathies », qui font qu'on les rencontre souvent ensemble dans un même gisement ; il ajoute qu'il est d'ailleurs facile de différencier les deux premiers : l'or étant malléable, les pyrites ne l'étant pas.
Dans notre région, on trouve ces Pyrites de fer surtout disséminées comme minéral accessoire de certains schistes des Phyllades et du Houiller, ainsi que dans les microdiabases, notamment dans celles du Mal-Dormi et de la fontaine du Pinson, dans les falaises à l'ouest du massif de Sicié. On les rencontre aussi, en amas, dans les quartz des roches qui forment les petites hauteurs dominant la plage de la Fosse. Elles voisinent avec les pyrrothines ou pyrites magnétiques qui en diffèrent par leur composition chimique, leur forme cristalline (hexagonale) et leurs propriétés.
C'est l'industrie chimique surtout qui emploie les pyrites de fer, pour la fabrication de l'acide sulfurique.
(Extrait du Bulletin N° 94 - Avril 1956).
Les vulcanites primaires des environs de La Seyne, par Paul REGAIGNON.
Nous nous proposons de rapporter, dans les pages suivantes, les observations que nous avons faites sur les roches éruptives des environs de La Seyne, au cours de nombreuses promenades géologiques.
La région que nous avons étudiée durant ces sorties est essentiellement formée par :
- les terrains de Phyllades antécarbonifères du massif de Sicé et de ses annexes, les collines allant des Playes à la pointe de l'Éguillette, au nord de ce massif, et les îlots des Ambiers, au sud-ouest ;
- et, par ceux du Permien des petites hauteurs de Piédardan, de Saint-Laurent et de Brégaillon, au nord et au sud de la gare de La Seyne ; de la fenêtre du Pas-de-Loup et de la presqu'île de Saint-Mandrier. Moins la partie est de cette presqu'île, vers le Cap Cépet, occupée par des installations militaires en interdisant l'accès et qui, par suite, a échappé à notre examen attentif.
La région ainsi délimitée étant composée de terrains antétriasiques, on est en droit de supposer qu'elle a eu sa part des violentes éruptions déclenchées au Permien, avec une remarquable intensité, par la surrection des Chaînes hercyniennes. Ces éruptions, dont les magmas, rhyolitiques et basaltiques, imprègnent la quasi-totalité des terrains permiens et sous-jacents du Globe.
Nos observations nous permettent d'affirmer que cette région a, en effet, sa grosse part de ces éruptions, comme le démontrent les nombreux témoins de ces cataclysmes, que nous avons reconnus sur son territoire, au cours de nos promenades.
Ces témoins sont constitués par des débris de Rhyolites, ou par des lambeaux de coulées et des filons de Dacites et de Basaltes labradoriques, ainsi que par des Tufs volcaniques encore indéterminés.
Ces témoins sont donc, tous, des vestiges de roches, dites superficielles ou d'épanchement, d'après la classification des roches éruptives, suivant leur mode de gisement, qui les désigne aussi sous le nom de « Vulcanites », de Vulcain, dieu du feu, par opposition à celles de profondeur, dont les magmas ne sont pas parvenus à la surface terrestre, appelées « Plutonites », de Pluton, dieu des enfers.
Tous les vestiges que nous avons reconnus, au cours de nos promenades, appartenant à des Vulcanites permiennes, sont donc des « Vulcanites primaires » ; le lambeau de Basalte andésitique de la Pointe Nègre, à l'ouest du massif Sicié, d'âge Tertiaire, étant écarté de cette étude qui ne vise que l'ère Primaire.
L'étude pétrographique de ces Vulcanites a été faite, il y a déjà quelques années, par P. Termier, Albert-Michel Lévy, Ph. Zurcher, etc… C'est dire, qu'à l'époque, cette étude a été bien faite, mais il n'y a pas de doute qu'avec les immenses progrès réalisés par les Sciences, dans ces dernières années, cette étude est aujourd'hui à refaire.
De plus, l'étude complète, c'est-à-dire géologique et stratigraphique de ces roches n'a, pour ainsi dire, jamais été entreprise, à en juger par la pauvreté de la documentation s'y rapportant. Leurs gisements n'ont même jamais été complètement dénombrés, à voir l'insuffisance des cartes géologiques, en ce qui concerne les plus apparents.
M. le Professeur P. Bordet vient de consacrer huit années, de travaux sur le terrain et d'examens au laboratoire, à l'étude géologique et pétrographique de l'Estérel, vers lequel pourtant, à partir de 1850, s'étaient déjà penchés de nombreux savants tels que : Coquand, de Villeneuve-Flayosc, Potier, Wallerand, Poncin, Albert-Michel Lévy, etc.
C'est que « pour découvrir et expliquer les secrets de la Nature, l'homme doit oeuvrer sans relâche, avec ténacité », nous disait M. le Doyen Corroy, Directeur du Laboratoire de Géologie de la Faculté des Sciences de Marseille, lors de la magnifique conférence qu'il fit, au siège de notre Société, au mois de novembre 1956.
Il est donc permis de penser qu'un jour, plus ou moins prochain, l'étude complète de ces Vulcanites des environs de La Seyne sera refaite complètement, avec tous les moyens mis par la Science à la disposition des savants.
Aussi, croyons-nous oeuvrer utilement et contribuer, par avance, mais très modestement, à ces futurs travaux, en signalant dans les Annales de notre Société, teutes les observations que nous avons faites sur ces Vulcanites, dans la région que nous avons délimitée au début de cette note.
Des noms de lieux du rivage de cette région reviendront sous notre plume, dans les pages suivantes ; c'est que les terrains ne peuvent être bien observés qu'aux endroits où ils sont très accessibles et qu'une grande partie de la côte de la région que nous avons parcourue remplit bien cette condition indispensable. De plus, au bord de la mer, les roches sont constamment rafraîchies par les vagues et les éboulements, ce qui facilite leur examen, À l'intérieur, les terrains sont, généralement, entièrement couverts de maisons de campagne et d'habitations et de cultures. Les affleurements de roches y sont rarement visibles et, quand ils le sont, leur observation y est très malaisée, car ils sont presque toujours très altérés. Il faut alors, fréquemment, procéder par analogie et cela ne permet pas toujours d'être bien convaincant.
LES RHYOLITES
Comme il ne reste que des débris pour témoigner des puissants épanchements de ces Vulcanites, les cartes géologiques les ignorent.
La notice de celle au 1/50.000° signale cependant la présence des galets de Rhyolites, dans quelques poudingues de la partie supérieure du Permien ; mais, elle ne s'étend pas davantage sur ces roches volcaniques et, ainsi, cette notice traduit mal la part importante prise par ces Vulcanites dans la composition des roches sédimentaires permiennes et ne laisse pas suffisamment entendre la masse considérable d'épanchement que leurs débris représentent.
Il est facile, en effet, de constater, même macroscopiquement, que des débris de Rhyolites : grains de divers diamètres, fragments Plus ou moins gros et galets, imprègnent, peu ou prou, la totalité des terrains permiens : grès, arkoses, poudingues et argilolites de la région étudiée ici.
Les grains fins entrent dans la composition des grès fins, au point que certains de ceux-ci en sont littéralement farcis. Les fragments de diverses grosseurs forment les grès grossiers, lesquels passent aux arkoses, grâce aux feldspaths, encore bien conservés de ces fragments.
Il suffit, pour se convaincre de ce que nous avançons, d'observer les falaises s'étendant de Fabrégas à Saint-Mandrier. On y remarquera, à la Renardière notamment, que même des galets, atteignant parfois la grosseur du poing, sont présents dans les grès et les arkoses, les plus riches en débris.
On trouve encore des galets de Rhyolites, mais très rarement, sur les plages permiennes, au pied des falaises. L'érosion les a, sans doute, détachés de celles-ci et la mer, en les roulant, les a polis. Ils se présentent toujours en très bon état de conversation ; leur surface extérieure est agréablement mouchetée, par les petites taches blanches laissées par leurs feldspaths, superficiellement altérés au contact de l'eau de mer. On les rencontre sur les plages de la Coudourière, au sud de Saint-Mandrier, du Pin Rolland et de Saint-Elme.
Nous avons recueilli un curieux galet de Rhyolite au Brusc, hors du Permien, entre la terre ferme et l'îlot du Grand Gaou, en mer, là où l'on peut faire la traversée à pied, sans avoir de l'eau plus haut que les genoux. Il est plus riche en phénocristaux que ceux de Saint-Mandrier, au point que sa texture en est presque porphyrique ? Nous ignorons s'il était « in situ », à l'endroit où nous l'avons trouvé,
On peut voir, au sommet des falaises, entre la batterie du Gros Baou et la Renardière, les poudingues à galets de Rhyolites cités par la notice de la carte géologique. Leurs galets sont petits, de la grosseur d'une dragée, ils sont entièrement décomposés, alors que ceux des grès et des arkoses, ou ceux ramassés sur les plages, par contre, sont parfaitement conservés, l'altération n'ayant attaqué que leur surface sur une faible épaisseur. Ils permettent donc l'étude des Rhyolites, dont ils résultent.
Nous en possédons plusieurs dans notre collection de roches, qui sont diversement colorés en rouge brique, saumon, gris-bleuté, etc…. et proviennent des falaises et des plages.
Les galets de Saint-Mandrier sont identiques à ceux que nous avons observés dans les grès permiens de la Monache, au nord de la Crau, de Fontbrun, près de Carqueiranne et des environs de Solliès-Pont.
Ils sont aussi identiques à ceux que nous avons recueillis en Basse-Bretagne et, en Suisse, dans le Permien des bords du Rhin, à Rheinfelden en amont de Bâle ; ce qui n'a rien d'étonnant vu le nombre et l'étendue des coulées rhyolitiques permiennes.
Les vestiges des Rhyolites des environs de La Seyne, de la Crau, de Carqueiranne et de Solliès-Pont semblent indiquer, à défaut d'autres témoins, la présence, dans la région toulonnaise, de puissantes coulées rhyolitiques semblables à celles du Luc et de l'Estérel, mais non encore reconnues.
LES DACITES ET LEURS TUFS
M. L. Lutaud dans son ouvrage intitulé « La Provence cristalline », a relaté la découverte de ces Vulcanites, en 1920 par P. Termier, au cours d'un forage effectué près de la gare de La Seyne, pour la recherche du Houiller, et leur traversée par les trépans, lors de cette opération, sur plus de 200 mètres d'épaisseur.
Jusqu'à cette date, les Dacites avaient toujours été confondues avec les grès fins qui les enserrent, malgré la netteté de leurs nombreux affleurements.
Comme les cartes géologiques étaient déjà établies à l'époque de la découverte de ces Vulcanites, elles ne les mentionnent pas. Pour combler cette lacune, la notice de celle au 1/50.000° citant Lutaud, fait l'historique de leur découverte et signale les affleurements de la tranchée du chemin de fer des Forges et Chantiers de la Méditerranée creusée quelques années avant le forage de la gare, dans la colline de Brégaillon.
Comme pour les Rhyolites, la documentation ainsi présentée par cette notice est bien incomplète. Nous avons, en effet, observé que ces Vulcanites sont présentes, un peu partout dans le Permien étudié ici.
À Brégaillon, notamment, elles ne sont pas seulement visibles dans la tranchée du chemin de fer. Étant très puissantes et interstratifiées avec leurs tufs, dans des grès plongeant vers le nord-ouest, leurs terminaisons et celles de ces grès affleurent et forment toute la surface de la colline.
Leur plongement et leur puissance expliquent leur traversée, sur une forte épaisseur, par le forage de la gare de La Seyne, au nord de Brégaillon.
Nous les avons rencontrées, plus au nord encore, à la base méridionale de la colline de Piédardan et, plus à l'ouest aussi, sur la face occidentale du petit massif des Playes, au-dessus du quartier des Lones ; ce qui, à notre avis, montre que les bancs de Rhyolites et de leurs tufs, visibles à Brégaillon, s'étendent bien loin avec les grès en épousant tous leurs accidents tectoniques.
Mais, c'est à Saint-Mandrier que nous avons le mieux observé ces Vulcanites primaires.
Le petit chemin de collines, montant du Pin Rolland vers le petit cimetière dominant le Creux Saint-Georges, passe sur les strates d'une puissante coulée de Dacites et de Tufs Dacitiques, que la route d'accès aux installations militaires de la Renardière coupe vers la côte 90, à l'ouest de la nécropole.
On retrouve cette coulée encore plus à l'ouest, sous le château de Vert-Bois.
D'autres coulées, certaines prolongeant sans doute la précédente, sont visibles dans les falaises déjà citées et, principalement à la pointe de la Renardière où l'une d'elles, remarquable par sa puissance, descend dans la mer, pour s'y ennoyer avec les grès qui l'encaissent.
Sur les plages, au pied de ces falaises, on rencontre aussi de nombreux galets et même des blocs pesant jusqu'à 100 kilos de ces Vulcanites détachés de leur gisement par l'érosion marine.
LES BASALTES LABRADORIQUES
La documentation des cartes géologiques et de leur notice est sur ce chapitre, comme sur les deux précédents, très incomplète. On peut même dire, sans risque d'être taxé d'exagération, qu'elle est presque inexistante.
En effet, la carte au 1/50.000° ne signale qu'une demi-douzaine, à peine, de gisements de Basalte et de Microdiabase, dans le Massif de Sicié, alors que nous en connaissons, au moins, une bonne vingtaine et encore, nous ne sommes pas passé partout, pour les raisons déjà indiquées, auxquelles il faut aussi ajouter l'inaccessibilité de certains endroits qui sont peut-être intéressants, mais qui sont interdits par un relief inabordable, ou par une couverture d'épineuse végétation.
On ne peut pas parcourir ce massif, en empruntant les lits desséchés des ruisseaux saisonniers, ou en circulant sur les pistes, les sentiers et les chemins, sillonnant les vallons et les plaines, gravissant en zigzags les pentes des collines, courant en corniches aux flancs des falaises ou passant par les lignes sinueuses des crêtes, sans remarquer les nombreux galets de Basalte et de Microdiabase, détachés de leur gisement et roulés au fond des dépressions, ou arrêtés sur les déclivités, par un accident du terrain.
C'es galets foisonnent dans les plaines d'alluvions ; certains lits de ruisseaux en sont encombrés, celui du Rayoulet vers sa source, notamment, où l'on remarque des blocs pesant plus de 150 kilos ; des chemins et des sentiers en sont jalonnés, chemins : de Fabrégas à La Garde Vieille, de Reynier à La Lèque, longeant l'antique champ de tir de Janas, etc… et sentiers d'accès au refuge de Bramas, de La Lèque à la Pierre de l'Autel, de la ligne des crêtes des falaises méridionales, de la fontaine des Canonniers, etc… pour ne citer que les principaux ; des pentes, comme celle de la face est de la hauteur du Peiras, sont couvertes par leurs éboulis et des plages, vers le Jonquet, principalement, présentent de nombreux galets de Microdiabase, verdie par l'altération de l'augite, en chlorite, au contact de la mer et de l'air salin.
Ces petites plages du Jonquet sont séparées, l'une de l'autre, par d'énormes rochers de Microdiabase verte, qui sont des blocs détachés des filons surplombant le rivage, ou des filons pointant au niveau de la mer.
À La Garde Vieille, des Basaltes sont interstratifiés dans les Mylonites des Phyllades. Au vallon de la Fosse et au Mal Dormi, on remarque de nombreux filons de Basalte et de Microdabase verte. Le fond de ce vallon et la plage qu'il forme à son débouché sur la mer sont encombrés des galets de ces Vulcanites.
Ces dernières sont riches en cristaux de Pyrrothines. La présence de ces sulfures de fer dans les Basaltes et les Microdiabases altérés du massif de Sicié n'est pas une rareté minéralogique ; mais, cette présence n'a pas été signalée par les géologues qui ont déterminé leur composition, à notre connaissance.
On découvre souvent des gisements de Basalte et de Microdiabase, en remontant les pentes au bas desquelles, ou sur lesquelles, on a remarqué des galets de ces Vulcanites.
Ces gisements : filons ou filons-couches, se présentent dans différents états de conservation. Les uns, comme ceux signalés par la carte au 1/50 000° sur le chemin des Oratoires montant à Notre-Dame de la Garde, par exemple, sont complètement altérés et l'on ne retrouve plus d'eux qu'une masse J'argile, de laquelle la pioche détache, parfois, de petites boules de Vulcanites qui sont aux avant-derniers stades de l'altération, extrêmement dures et riches en fer. Par contre, certains gisements, tel celui de Microdiabase pointant sur le sentier de la fontaine des Canonniers, près de cette fontaine, sont parfaitement bien conservés. D'autres, enfin, sont dans un état intermédiaire entre ces deux extrêmes précédents.
Ces gisements sont extrêmement intéressants à observer, pour les curieux phénomènes de métamorphisme que tous présentent. Métamorphisme de contact avec les Phyllades, les Quartzites ou les Mylonites qui les contiennent.
On y voit des cas de métamorphisme exomorphe, ou exomorphisme, dont les plus simples se traduisent par le durcissement et la fragmentation en prismes des roches encaissantes et, dont les plus complexes présentent une riche minéralisation de ces mêmes roches.
Ce cas d'exomorphisme à riche minéralisation se voit, par exemple, autour des gisements des abords de l'ancien champ de tir de Janas ; nous y avons recueilli plusieurs échantillons d'une roche curieuse, cornéenne ou adinole, très minéralisée et riche en andalousite, en cordiérite, en oligiste micacé et, aussi, en manganèse. Les Phtanites abondent dans la même région.
Des cas de métamorphisme endomorphe, ou endomorphisme, où les roches encaissantes ont réagi sur les Vulcanites, se remarquent aussi. Ainsi, à la pointe de la Vielle Garde, les Basaltes ont subi l'endomorphisme des Mylonites de Phyllades. Au Jonquet et au vallon de la Fosse, les Microdiabases présentent ce phénomène, mais plus net encore.
À Clinchamp, là où la route du Brusc à la Lèque coupe le filon de Basalte figuré sur la carte au 1/50 000°, on peut observer sur le talus fraîchement taillé par l'élargissement de cette voie de communication, non loin de l'entrée du Domaine de Font-Clarette, les curieux effets de l'exomorphisme et de l'endomorphisme, au contact des Basaltes, des Quartzites et des Phyllades.
LES TUFS VOLCANIQUES DU GROS BAOU
Nous avons remarqué dans la colline qui supporte la vieille batterie du Gros Baou, au nord-ouest de celle-ci, la présence d'une puissante formation de tufs, à laquelle nous attribuons une origine volcanique.
Ces tufs se présentent en une succession de couches, de dix centimètres d'épaisseur environ, chacune, peu consistantes, scoriacées, avec des vacuoles remplies de poussières terreuses et alternativement colorées en bleu-verdâtre sale et en ocre terreux.
Leur mauvais état de conservation ne permet pas une détermination simple et facile, macroscopique, de leur nature. Cependant, nous n'hésitons pas à leur attribuer une origine volcanique, pour leur structure d'abord et, ensuite, parce que les grès de la même région présentent les effets évidents d'un important métamorphisme.
Métamorphisme dû au contact des Rhyolites, si fréquentes dans le Permien, ou des Basaltes dont nous avons trouvé des témoins, très bien conservés, dans la même région ? Nous l'ignorons.
Ces tufs qui affleurent vers la côte 50, au nord-ouest de la batterie, contournent celle-ci, par le sud, en se dirigeant vers la falaise, à l'est de la pointe de Marigau, au point nommé « Baou bleu », par les pêcheurs, probablement, pour la couleur de ces Vulcanites.
Une cassure de cette falaise les montre portées par une couche d'argilolite couleur lie de vin et formant la paroi est de la cassure, sur une grande hauteur qui souligne leur puissance, leur curieuse structure et leur coloration alternée. Ces Tufs descendent et avancent dans la mer, pour y former une sorte de courte digue surmontée d'un mur naturel, peu épais, supportant les strates de grès supérieures et abritant du mistral une petite anse, fréquentée par les pêcheurs.
Digue et mur autour desquels gisent leurs nombreux débris et que l'érosion marine détruit, un peu plus, à chaque instant. Il n'en restera rien dans un temps relativement court.
Au-dessus de cette curieuse formation, en allant vers Marigau, d'autres semblables se montrent, mais bien moins puissantes, interstratifiées dans les grès comme la précédente. Toutes plongent avec les grès encaissants, vers l'ouest, sous la pointe de Marigau.
Ces mêmes tufs affleurent encore à l'est de la propriété du Pin Rolland, sur le chemin déjà cité du cimetière, vers la côte 20 environ.
Juillet-Août 1957.
(Sud-Ouest de la Presqu'île de
Saint-Mandrier)
(Extrait des Annales N° 9 (1957).
Excursion géologique du 19 Janvier 1958 au Massif des Playes, par le Colonel GIRAUD.
Le temps clair, malgré la fraîcheur d'un mistral assez fort, avait incité à participer à cette sortie six sociétaires.
Le Massif des Playes est bien connu de la Société ; toutefois en géologie, comme dans bien d'autres activités humaines, on peut dire : « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage » !… Donc, rassemblés à la petite éminence de « Sòou-Viou », nous faisons d'abord le point de la question géologique qui va se présenter à nous.
Quelle est l'origine des terrains que nous allons parcourir ?
Nous faisons le tableau du géosynclinal de la mer primaire qui a précédé le plissement hercynien ayant affecté notre région. Le fond de cette mer bathyale est constitué d'énormes épaisseurs de vases argileuses dont la constitution chimique générale est la Kaolinite.
Sous l'action des facteurs : température, pression, voisinage magma central, ces couches schisteuses se transforment en Phyllades sériciteuses (Al2 O5, SiO2) libérant la Silice (SiO2) qui se rassemble en filaments multiples de quartz (SiO2) farcissant toutes les fissures. Par ailleurs des grains de sable de quartz s'agglutinant en grossissant dans un bain de solution siliceuse forment des masses de quartzite, tel, les 2 gros bancs que nous apercevons au Sud-Est tranchant à la verticale dans le sens Nord-Sud, le massif de Six-Fours.
Le pli hispano-maures-sarde émergé est immédiatement attaqué par l'érosion sous l'influence d'un climat chaud et humide. La végétation luxuriante qui en résulte à cette époque (Houiller), permet l'accumulation dans les fonds de rivières et surtout de lacs, de vases, de grès, de calcaires souvent très ferrugineux, mais toujours interstratifiés avec des débris végétaux qui constitueront grâce à toutes sortes de facteurs : la houille. Mais dans le Houiller des Playes, le charbon en petite quantité a été déjà totalement extrait et il ne reste que les sédiments souvent schisteux où se trouvent empreintés des débris végétaux en général infimes donc difficiles à identifier. Cela a tout de même permis de déterminer l'âge de ce houiller : le stéphanien.
Ensuite le climat change totalement, sans doute par l'éloignement de la mer et de l'aspect massif des continents et nous voyons apparaître une sédimentation d'allure désertique : conglomérats, grès et schistes permiens rouges ou jaunes presque sans fossiles, mais qui se sont accumulés sur le pied des pentes septentrionales des reliefs de l'hispano-sarde jusqu'à plus de 1.000 m. d'épaisseur.
Toutes ces roches sont rassemblées sur quelques mètres dans la base du petit mamelon de Soou-Viou sur le bord oriental de Sanary : phyllades sur la face Sud, schistes houillers sur le côté Sud-Est et grès permiens sur la calotte septentrionale.
Nous en faisons le tour afin d'emprunter la route Plage de Sanary-Toulon par les Playes. Nous avons autour de nous alors une vue d'ensemble de la face Sud-Est du Massif des Playes, formant en projection sur le terrain et sur la carte une sorte de trompe d'environ 5 kms et dont la bouche est derrière nous à la Pointe Nègre dominant l'anse de la Coudourière et devant nous la courbure se terminant à l'Est par la colline dite de Tante Victoire…
Là, le massif se soude par un col très bas (54 m.), avec le massif assez imposant de Six-Fours. Une plaine alluviale en cirque, comblée de débris de phyllades nous conduit après 1 km. 500 de marche au hameau des Playes, au pied des pentes du col central qui est droit là devant nous tout au Nord. Les Phyllades d'un gris vert clair, mica potassique en petites paillettes le tout d'aspect soyeux. Les quartz sont en général d'un blanc laiteux, mais quelquefois à taches noirâtres ou rougeâtres. Le pendage est en général Sud-Nord.
Au col, d'environ 95 m. (entre, à l'Est, le sommet culminant 115 et à l'Ouest la côte 110), nous traversons une petite passée de 100 m. environ de houiller en général très trituré et cultivé, mélangé à de la terre arable maigre.
On constate que les Phyllades s'enracinent vers le Nord sous le houiller.
Puis, en commençant à descendre, nous entrons sur environ 100 m. dans les grès permiens. Enfin toujours dans le vallon Nord nous accédons à la voie decauville qui conduit de la carrière, ancienne mine de houille, au tas de déblais entassés en contrebas dans le vallon N.-E.
Nous entreprenons la recherche aux fossiles. Les débris de « Cordaïtes » ne sont pas rares dans les schistes noirs et ferrugineux. On découvre un débris de fougère, enfin notre président, qui a escaladé le flanc Nord, nous fait rouler des cailloux : tout ce qui paraît intéressant. C'est ainsi que l'on fait connaissance avec des empreintes de fines tiges en étoile. C'est peut-être « Annularia stellata », mais on ne trouve pas le noeud du bouquet. Alors c'est peut-être simplement un débris de Cordaïtes. Enfin arrive la pièce maîtresse, assez rare, un gros parpaing donnant toute une série de plaques calamite avec détail des noeuds. Le bambou géant sera identifié avec plus d'exactitude par le Laboratoire de Géologie de la Faculté des Sciences.
Trouvé également une énorme concrétion ferrugineuse (limonite) ; on pourrait découvrir aussi du manganèse qui a été exploité ici.
Après déjeuner, nous recherchons sur les grès permiens de la face Nord du Massif les plaques de basalte oligocène que nous avions repérées, il y a 4 ans. Malheureusement le maquis a repris ses droits ; nous abandonnons le massif en suivant le bas des Pentes.
Nous faisons une visite au synclinal perché sur une faille au Nord du Muschelkalk de N.-D.-de-Pépiole. Nous n'avons que des traces de grès bigarrés du Trias intérieur.
Pour mieux l'examiner avec son conglomérat de base, nous nous rendons au Sud-Ouest du Port de Sanary jusqu'au raz de la mer au Bàou Rouge. La coupe y est merveilleusement belle de même que le paysage favorisé par une luminosité remarquable de cette atmosphère d'hiver.
C'est la fin de notre excursion. En séance, nous examinerons, par un schéma, la Coupe des Playes d'après les indications de M. GOUVERNET.
(Extrait du Bulletin N° 112 - Février 1958).
Excursion géologique du 16 Mars 1958 au S.-E. de La Seyne, par le Colonel GIRAUD.
Sur les buttes que nous avons parcourues au Sud et au Sud-Est de La Seyne nous avons constaté que les phyllades sériciteux métamorphiques primaires avalent un fort pendage N-.N.-W. Ce fut le cas des pentes des Quatre Moulins, des Deux Moulins (env. 300 m. S.-E des précédents), des trois hauteurs d'altitude approximativement + 50 m. des quartiers Gaumin-l'Evescat, ainsi que dans la région N. de Balaguier. Par contre, sur le chemin du retour, par le bas des pentes Sud de Balaguier-Tamaris et le curieux domaine des anciens évêques de Toulon (datant de 1600 environ), nous constatons la présence de bancs de calcaires du Triasique Moyen (Muschelkalk) à pendage général Nord. Ce pendage est bien moins accentué que celui des phyllades qui reposent en contact anormal sur ces bancs.
Le Professeur C. GOUVERNET nous fait espérer qu'en Octobre Prochain, il nous fera les honneurs de ce domaine de la presqu'île de Sicié. Tout ce que l'on peut dire pour le moment c'est qu'en science géologique le point particulier que l'on étudie ne doit pas être isolé de son cadre normal, c'est-à-dire des unités tectoniques qui l'entourent même de loin, sinon on risque d'aboutir à des conclusions entachées d'erreurs. Ainsi Balaguier est la suite d'un affleurement continu d'écailles de phyllades enracinés en situations identiques de l'autre côté de la Grande Rade de Toulon et qui, là aussi, reposent en contact anormal sur le Muschelkalk.
Au cours de l'excursion furent reconnus les emplacements des Batteries célèbres des Hommes-Sans-Peur, des Braves, et des Jacobins, qui participèrent au siège de Toulon en 1793.
(Extrait du Bulletin N° 114 - Avril 1958).
Excursion géologique du 27 Avril 1958 dans la Sud de la Presqu'île de Sicié, par le Colonel GIRAUD.
Quinze participants. - Itinéraire : Le Brusc, Clinchamp, La Lèque, Pointe du Mal-Dormi par l'anse de La Fosse, Fontaine du Pinsot, Ancienne Batterie des Canons de 1794 dominant la pointe du Cap Vieux, Crêtes de N.-D. du Mai, Chemin des Pèlerinages, Janas.
But : Reconnaissance préliminaire à l'étude de la plupart des particularités existant dans ce massif ancien, mais remanié au tertiaire et constitué par des Phyllades sériciteux surgis du fond de l'eau avec le Massif des Maures vers la fin du Carbonifère.
Dans les problèmes qui nous occupent en cette belle journée de printemps, les solutions géologiques sont ardues à mettre au point. En effet, s'emmêlent ici les trois facteurs primordiaux participant à nous faire entrevoir sous son aspect réel ce petit coin de la surface de notre croûte terrestre, c'est-à-dire l'oeuvre de la sédimentation, celle des mouvements orogéniques. et celle des agents atmosphériques.
Dans celle-ci, il ne faut pas voir seulement l'action destructive de l'érosion opérée surtout par le ruissellement nivelateur, mais il convient d'examiner de près l'action transformatrice des agents chimiques. Nous en verrons de nombreux exemples aujourd'hui.
C'est ainsi que la rectification d'une petite route allant du Brusc vers l'Est en direction de La Lèque a permis de mettre à jour, par hasard, une coupe, remarquable à Clinchamp. On pouvait s'attendre à trouver là les résultats d'un métamorphisme de contact à cause de la proximité du filon basaltique ancien indiqué sur la carte au 50 000e en ce point. Les Phyllades paraissent avoir subi un bouleversement de leur nature. Renseignements pris et après examen attentif nous nous trouvons ici en présence d'une bande de phtanites presque en totalité décomposées au cours du temps par l'action chimique. Cela forme de l'Ouest à l'Est un petit archipel auquel fait suite un synclinal. La tranchée de la route en a mis à jour la partie supérieure.
À la Fosse du Mal Dormi, nous constatons la présence, dans le ravin, près de la mer, de minerai de cuivre, extrait d'une petite mine ; la présence de pyrite a fait donner à bien des points de ce coin les noms de Trous de l'Or. Partout dans le ravin nous trouvons des débris de roches basaltiques. C'est que la région du Mal Dormi, ainsi que l'amont, contiennent des filons de ces roches pointant dans la masse des Phyllades et mis à nu par l'érosion.
En remontant le ravin sur son flanc Nord, nous reconnaissons au passage un petit abri sous roche où notre jeune sociétaire CRESCI a découvert il y a quelques années l'existence de restes néolithiques : ossements humains et matériel divers en silex taillé.
Après déjeuner à la source du « Pinsot » (Pin parasol, en Provençal), les plus alertes de notre groupe suivent le sentier de chèvres qui conduit, à mi-pente des falaises sud du Mai, à l'ancienne batterie édifiée par un replat sur l'ordre de Bonaparte, en 1794. Il était alors chargé, après la reprise de Toulon, de la réorganisation de la défense du littoral provençal. On trouve là, allongés par terre, 3 canons de fonte de gros calibre. L'un d'eux porte encore, assez visible, l'inscription « Liberté - Égalité - Creusot - 1793 ».
Des murs et terrassements de leurs emplacements on a une vue remarquable sur toute la falaise depuis, à l'Est, la pointe de la Vieille Garde jusqu'à celle du Coudouré, à l'Ouest. On constate là qu'un bon tiers de la partie inférieure des pentes est constitué par des Milonites à pendage général Nord. Elles sont recouvertes dans la partie supérieure de la falaise par les Phyllades ayant un pendage sensiblement identique.
Tous rassemblés sur la crête principale de N.-D. du Mai, nous descendons vers le Nord en direction de Janas. Chemin faisant nous avons rencontré à nouveau des traces de filon de basaltes ainsi que dans les ravins de nombreux débris décomposés de ces roches
À Janas, nous constatons la présence d'un important amoncellement de détritus de Phyllades et de Grès permien extraits au cours des travaux de percement de l'égout collecteur commun à Toulon et La Seyne.
(Extrait du Bulletin N° 115 - Mai 1958).
Les carrières de la région toulonnaise et le risque silicotique, par les Drs L. ANDRÉ et R. CASTELA.
(...)
Les terrains primaires ou cristallins des environs de Toulon
À l'Est et au S.-O. de la ville se terminent les extrémités du massif cristallin des Maures. Ainsi, la presqu'île de Sicié est en grande partie composée de phyllades, comme le Mourillon et le Cap Brun. La presqu'île de Saint-Mandrier est constituée par du permien, riche en grès aux colorations rougeâtres. Mais, en outre, de petits îlots cristallins parsèment la vaste zone calcaire qui s'étend au Nord et à l'Ouest de Toulon.
Dans ces terrains primaires, les carrières de pierres sont rares et abandonnées. Le schiste est friable et ne saurait convenir aux constructions ou aux empierrements ; pas plus que les grès permiens qui présentent des difficultés d'extraction.
Mais les nécessités de l'hygiène urbaine ont conduit à percer, sous la nappe de Sicié, une galerie longue de 6 km. et demi, à une profondeur qui atteignait 102 m. 43 au puits de Bramas. On trouvera dans l'excellent travail de J.-P. Destombes (La nappe de Sicié. - Bulletin de la Société Géologique de France (6e série), t. I, année 1951) les éléments de la coupe schématisée de cette galerie, et les précisions concernant les terrains traversés. Retenons seulement que les poussières de quartz sont à l'origine des 7 à 8 silicoses reconnues de 1950 à 1954 chez les ouvriers qui participèrent au percement du tunnel.
Les carrières de pierre du trias moyen
(...) Parmi les carrières abandonnées, citons celle de l'Évescat, à Tamaris, dans une bande étroite de muschelkalk bordant un épais massif de phyllades. Utilisée jadis pour les constructions de Michel-Pacha à Tamaris.
Le risque silicotique dans la région toulonnaise
Le tunnel de Sicié
Les rares silicotiques que nous avons eu l'occasion de dépister ou de suivre dans la région se classent jusqu'à ce jour, soit parmi des ouvriers ayant travaillé dans des mines de charbon du Nord de la France, ou dans des tunnels creusés sous les Alpes, soit dans les équipes qui ont participé au percement de la galerie sous la nappe de Sicié.
Cette galerie fut creusée de 1940 à 1950 environ, en vue de l'installation d'un émissaire commun des eaux d'égout de La Seyne. La nappe de Sicié est surtout constituée de phyllades, ou lovices, qui, par endroits, sont injectées de quartz (25 % vers le puits de Bramas). Il s'agit de quartz commun ou quartz laiteux, Si O2. Mais il existe aussi, au Pas-du-Loup notamment, des grès permiens ou mylonites riches en silice libre.
Il y avait donc, dans la presqu'île de Sicié, à proximité de Toulon, des conditions d'exploitation dangereuses qui expliquent l'apparition de plusieurs cas de silicose (7 à 8 semble-t-il) à la suite du percement de la galerie.
(Extraits des Annales N° 11 - 1959).
Aperçu géographique et géologique de la région ouest de Toulon, par le Colonel GIRAUD.
(...) Plus loin au delà, toujours au S.E. sur l'autre côté de la baie de Sanary, se Place la 3° unité : la presqu'île de Sicié, avec son prolongement Saint-Mandrier, elle enserre au sud-est la rade majestueuse de Toulon, tandis qu'à l'ouest le chapelet d'archipels des Embiez et du Rouveau protège assez mal la petite rade du Brusc, mais souligne à point nommé la terminaison occidentale de l'ancien massif des Maures. Le corps de la presqu'île proprement dit présente un relief aux formes anciennes usées, mais ravivé en une série de 3 écailles se chevauchant un peu l'une l'autre, en direction S.S.E. La plus septentrionale est le croissant de la petite colline des Playes, la 2e est le fort de Six-Fours, sentinelle barrant l'isthme et prolongée vers l'est par les petites hauteurs de La Seyne jusqu'à l'Éguillette, (rendue célèbre par Bonaparte) ; la 3e, le chaînon de N.-D. du Mai qui, de sa chapelle, surplombe la mer de 356 m. à environ 12 km S.-O. de Bandol. Les 3 intervalles des écailles sont comblés de riches alluvions quaternaires dans lesquelles s'étalent Sanary, Ollioules, La Seyne et ses chantiers, et les quatre-vingts hameaux issus du moyenâgeux Six-Fours, parmi lesquels, au S.-O. le petit port du Brusc.
(...) Par la suite au Secondaire vient la mer peu profonde. D'abord avec quelque hésitation (durée estimée à 25 Ma), elle recouvre le Permien de calcaires marins, puis de dépôts de lagunes de cargneules, d'argiles, de gypses, etc… du Trias (ce Trias aura plus tard une importance primordiale. Sa viscosité, en effet, facilitera d'ultérieurs mouvements orogéniques dans la couverture sédimentaire). Ensuite une mer, en général peu profonde, mais chaude, s'établit à nouveau pendant environ les 35 Ma du Jurassique et les 35 Ma du Crétacé supérieur. Une vie intense d'animaux et de végétaux marins y favorise la formation de nombreuses variétés de sédiments en général calcaires à fossiles, alternant parfois avec des marnes. La région commence alors à être le théâtre d'un premier exhaussement s'appuyant par l'est aux Maures émergés. Ce mouvement devient définitif pour Sicié et la cuvette jurassique de Bandol. Il n'est que temporaire dans la bande centrale est-ouest de la Provence, mais d'une durée assez considérable pour permettre l'usure des reliefs et les accumulations remarquables de sédiments argileux de décalcification maintes fois remaniés qui donneront naissance aux dépôts de bauxite. Les gisements les plus proches de nous se situent au Revest (9 km nord de Toulon). La mer envahit ensuite à nouveau toute la région S.O. : bassin du Beausset, ainsi, que la Sainte-Baume inclus. Elle s'établit dans un golfe de Basse-Provence ouvert vers l'ouest-sud-ouest, qui mettra 15 Ma à se vider par étapes laissant alors apparaître les traces sédimentaires en arc d'ellipse étiré de barres récifales à fossiles innombrables (La Cadière, Le Castellet, Sainte-Anne, etc…), de plages (près de Val d'Aren, de Cimaye, du Revest), puis de lagunes, enfin de chapelets de lacs où s'accumulent des dépôts de lignites (Fontanieu).
(...) De là, par trois tunnels ou cols, on atteint la région nord de La Ciotat et nous voici en présence de trois unités géographiques accolées, mais dissemblables, plongeant vers le sud dans la mer. Ce sont, au nord, le bassin crétacé du Beausset, au centre la cuvette jurassique de Bandol (tous deux sédimentaires) et au sud-est, la presqu'île cristalline de Sicié, prolongement extrême occidental du massif des Maures. Faisons connaissance avec ce triptyque.
(...) À signaler une autre curiosité : le Bec de l'Aigle et l'île Verte de La Ciotat sont constitués de conglomérats à gros galets de grès permiens et de quartz, issus de terrains primaires ne pouvant se situer qu'au sud. On a reconnu là, le cône de déjection d'un torrent important, provenant du prolongement occidental du continent Maures-Sicié actuellement effondré, mais encore émergé au début du Crétacé inférieur.
(...) Autre second contrecoup orogénique : le flanc sud de la cuvette de Bandol, la presqu'île de la Cride, comprimé contre le bloc résistant cristallin de Sicié, bascule presque à la verticale, tandis que le flanc nord de la cuvette pend en pente douce vers le sud. Une exception doit être faite pour Port-d'Alon où une déchirure nord-sud du Jurassique laisse apparaître un anticlinal de Trias nord-sud.
Cette dernière phase, sans doute au Miocène, a notamment fait basculer les parties sud et ouest des Maures, dans la mer, Elles y plongent et cela crée les baies de Sanary, de Bandol et de La Ciotat, d'une façon approximative telle que nous les connaissons aujourd'hui. Cet effondrement est aussi très visible dans les falaises au sud de Sicié.
Et l'érosion poursuit son oeuvre ! Elle ne cesse de buriner sommets et vallées, de tailler des gorges, grâce au travail conjugué des eaux souterraines et de surface (et ce sont les Gorges d'Ollioules), de combler des chapelets de cuvettes en chaudrons, (et c'est la cluse aux flancs si bousculés de la Reppe de Bandol) ; et enfin de combler des riches plaines alluviales étirées : telles celles du Beausset-Saint-Cyr, celles de l'isthme Ollioules-Sanary, La Seyne, et celles des Sablettes au Brusc ; ces deux dernières aboutissent à la rade de Toulon. Tous ces pays se prolongent en pente assez douce dans la Méditerranée par des fonds marins. Ceux du sud-ouest vont jusqu'à 7 et 10 km en mer pour atteindre les profondeurs de 200 m. Dans ceux du sud au contraire la descente est bien plus rapide (sud de Sicié et des îles d'Hyères). Tous se localisent finalement dans des séries de cañons en majorité nord-sud, très profonds et cela du large des Pyrénées-Orientales jusqu'aux Alpes-Maritimes.
(Extraits des Annales N° 11 - 1959).
Les roches de la Région Toulonnaise - Leurs gisements classiques, par P. REGAIGNON.
Roches filoniennes :
- Rhyolites. Galets de Porphyre rouge, semblables à ceux de l'Estérel, dans les poudingues et les grès grossiers du Permien de Carqueiranne, de La Crau et de Saint-Mandrier. (P. Regaignon. Les vulcanites primaires des environs de La Seyne. Annales de notre Société n° 9. Année 1957, page 110), (H. Parent, étude précitée).
- Andésites avec quartz = Dacite : Près de la gare de La Seyne, tranchée du chemin de fer des Chantiers ; Saint-Mandrier (P. Regaignon. Étude déjà citée).
- Basaltes. (Pour les basaltes labradoriques et les microdiabases, voir P. Regaignon, étude déjà citée) : Carqueiranne, Les Playes.
Roches siliceuses : Phtanites - À La Seyne, quartier Jaumen, alternant avec les Phyllades.
Schistes argileux : On en trouve dans le Permien et notamment à Fabrégas. Certains bancs du Permien de Fabrégas, contiennent, outre de l'argile schisteuse, du sable et du mica blanc, ce sont alors des psammites.
Roches sédimentaires :
- Conglomérats à fragments arrondis ou poudingues : à la base du Permien, des Playes. À la base du Trias, avec des éléments bien calibrés : poudingues à dragées, à Fabrégas.
- Grès : Saint-Mandrier, Saint-Elme, Fabrégas, Carqueiranne, etc...
- Quartzites : Les blancs, les jaunes et les rouges abondent dans les Maures et le massif de Sicié.
Roches métamorphiques :
- Métamorphisme de contact : N'est représenté dans notre région que par des sortes de cornéennes que l'on trouve au contact des basaltes du massif de Sicié. Elles contiennent de l'oligiste micacée. (Janas, vallon de l'ancien champ de tir).
- Métamorphisme régional : Les Phyllades forment la plupart des terrains du massif de Sicié et de ses dépendances.
(Extrait des Annales N° 12 - 1960)
Saint-Mandrier et le Massif de Sicié. Notes par M. P. REGAIGNON.
I - SUR UN GISEMENT DE BASALTE A SAINT-MANDRIER
Dans une étude intitulée « Les vulcanites primaires des environs de La Seyne », parue au N° 9 des Annales de notre Société, en 1957, j'ai dit, à propos des gisements de basalte labradorique de Saint-Mandrier et du massif de Sicié, que la carte géologique au 1/50.000e n'en mentionne qu'un petit nombre, une demi-douzaine à peine, alors qu'à ma connaissance il y en a beaucoup plus.
Il faut savoir, si l'on veut rechercher ces gisements, que certains d'entre eux, tels les deux que la carte signale sur le chemin montant à la chapelle N.-D. du Mai, le chemin dit des Oratoires, sont complètement altérés et ne sont plus que des amas d'argile.
Alors que d'autres, assez bien et même bien conservés, se prêtent à d'intéressantes études dont les lignes suivantes donneront une idée.
Dans le courant de l'année dernière, notre collègue, M. Coffinières, m'a fourni l'occasion de reconnaître un nouveau gisement de basalte à Saint-Mandrier. Ayant trouvé, près du cimetière de cette localité, un échantillon de roche qui lui avait paru curieux, il me l'apporta aux fins de détermination.
C'était un fragment de basalte bréchoïde à ciment de calcite. Il était formé de deux débris anguleux et verdâtres, d'un même basalte, mais différents de texture.
L'un d'eux était scoriacé et vacuolaire, avec vacuoles remplies de calcite secondaire. Remplissage qui tachait de blanc cet échantillon, sur la moitié de sa surface extérieure, et lui donnait un aspect curieux, au premier abord. L'autre débris, finement grenu, avait la texture des microdiabases. Leur basalte était de la variété labradorique, commune aux gisements de Saint-Mandrier et du massif de Sicié.
Donc, dans cet échantillon il y avait deux débris de basalte réunis par le ciment de calcite d'une brèche, provenant l'un de la partie supérieure et l'autre de la partie centrale, d'une coulée.
On sait, en effet, que de la partie supérieure à la partie centrale d'une coulée, le basalte labradorique de Saint-Mandrier et de Sicié passe de la texture fluidale, scoriacée et vacuolaire, avec vacuoles remplies de calcite et de quartz fibreux, à la texture finement grenue d'une microdiabase.
Il est d'ailleurs facile de constater ce changement de texture en étudiant des échantillons prélevés sur divers gisements. L'érosion n'ayant pas arasé, ni mis à découvert, tous les gisements à un même niveau de coulée, l'examen de ces échantillons montrera la variation de leur texture.
Les uns, comme celui de la fontaine du Pinson, donneront des échantillons à texture de microdiabase. Les autres se présenteront avec une texture fluidale, ou avec une texture intermédiaire entre celle-ci et la précédente.
Une étude semblable des échantillons prélevés sur un éboulis de pente, sous la batterie du Peyras, par exemple, conduira à la même constatation. On pourra y récolter des échantillons de brèches à ciment de calcite.
De telles études permettront de vérifier l'influence de l'altération du basalte sur sa couleur et sa constitution minéralogique. On y verra, ce qui est le cas de l'échantillon dont il est question dans cette note, que l'altération des feldspaths et de l'augite du basalte rend la roche verte. C'est le premier stade de son altération : chloritisation des feldspaths et de l'augite.
Sur cassure fraîche, la roche saine est bleu foncé violacé.
D'autres enseignements seront tirés de ces études, je ne les énumérerai pas, afin de ne pas priver du plaisir de la découverte, ceux qui les entreprendront.
L'échantillon de M. Coffinières provenait d'un gisement non porté sur la carte. Il pointe sur le chemin montant vers le cimetière de Saint-Mandrier, au flanc de la petite colline dominant à l'ouest cette localité. De récents travaux d'élargissement de la voie d'accès à la petite nécropole ont entamé ce gisement et enlevé la couverture de végétation qui le dérobait à la vue.
II - SUR UN GISEMENT DE PHYLLADES MÉTAMORPHOSÉS AU CONTACT DES BASALTES A JANAS
Dans l'étude rappelée au § I précédent, j'ai signalé la présence de roches, des phyllades, métamorphosées au contact des basaltes dans le massif de Sicié.
J'avais depuis longtemps remarqué et étudié les nombreux indices de ce métamorphisme ainsi que les divers degrés de ses manifestations, depuis la simple consolidation, avec sa fragmentation en prismes, de la roche encaissante, jusqu'à la plus complète transformation de celle-ci.
J'ai, dans ladite étude, cité cette roche que je considère comme résultant de l'effet maximum de ces phénomènes de contact. C'est une sorte de cornéenne, adinole, desmosite ou spilosite, que j'appelle adinole, pour des raisons d'analogie.
J'ai ramassé les premiers échantillons de cette roche, il y a une douzaine d'années, dans le vallon de l'ancien champ de tir de Janas, au pied de la petite hauteur bordant ce vallon, à l'ouest.
À cet endroit, le sol était jonché de nombreux fragments de roches, dont certains avaient la grosseur des moellons. Il y avait en quantités à peu près égales, des phtanites et des adinoles.
Ces fragments avaient été détachés de leur roche-mère, par l'érosion, et ils avaient roulé dans le vallon.
On sait que les phtanites accompagnent fréquemment les adinoles.
Les échantillons d'adinoles présentaient tous les caractères des phyllades métamorphisés au contact des diabases. Ils correspondaient à des éléments plus ou moins transformés suivant la position qu'ils occupaient dans la roche-mère et, par suite, suivant leur distance du point de contact de celle-ci avec la roche éruptive.
Il y en avait de rougis, de calcinés et même de fondus. Les uns étaient scoriacés avec des petites géodes aux formes tourmentées. D'autres avaient une structure spongieuse. La schistosité était bien conservée chez certains d'entre eux, alors qu'elle avait partiellement, ou totalement disparu chez les autres. Quelques-uns présentaient les caractéristiques d'une fusion turbulente ; on voyait dans leur pâte de fins rubanages diversement colorés, de rouge, de blanc, de jaune et de vert, tordus en tous sens.
Les quartz étaient grenus, cariés et, parfois, fibreux dans des géodes.
Tous ces échantillons, sauf les spongieux, étaient compacts et durs. Tous présentaient une riche minéralisation, comprenant celle habituelle des phyllades métamorphisés au contact des diabases, avec de l'andalousite en grande quantité, et une surprenante présence d'oligiste micacé, en quantité abondante.
Les quartz étaient imprégnés de pyrolusite ou recouverts d'une couche d'une sorte de wad, mélange terreux des oxydes de manganèse et de fer.
Les variétés spongieuses étaient faites d'une pâte de fine argile cuite, de couleur jaune-tabac, rouge-brique, ou lie de vin, criblée de petites empreintes de cristaux d'andalousite : logements vides de cristaux nés du métamorphisme, réduits aujourd'hui à l'état de poussière brunâtre.
L'oligiste micacé se trouvait en abondance dans tous les échantillons, même les moins métamorphisés, ceux ayant entièrement conservé leur schistosité, en avaient entre leurs feuillets.
Les deux faits suivants prouvent cette abondance.
J'avais, parmi les échantillons ainsi recueillis, deux morceaux compacts d'oligiste micacé, gros comme des palets à jouer. Ils étaient exempts de toute gangue pierreuse ou terreuse.
J'ai récolté dans le creux d'une ornière du chemin montant vers le vallon du champ de tir, assez loin de ce vallon, après une série de fortes pluies, un petit amas pulvérulent d'oligiste micacé. Éclatant et irisé, il brillait au soleil alors que je passais sur ce chemin. L'eau de pluie, par lessivage des adinoles. avait détaché ces particules minérales que le ruissellement avait apportées et déposées dans l'ornière où je les ai recueillies.
Dès mes premières constatations, je me mis en quête du gisement de ces adinoles. Je le recherchai au flanc de la hauteur dominant l'ancien champ de tir, partout où l'abondante végétation épineuse qui défendait de nombreux points me laissait accéder.
J'ai ainsi reconnu des gisements de basalte et, leur voisine, une importante couche plissée de phtanites. Mais, je n'ai pas trouvé en place la roche que je recherchais.
À cette époque, au cours de plusieurs sorties de notre Société, sur Janas, j'ai montré à nos collègues qui m'accompagnaient les échantillons que j'avais récoltés et l'emplacement de mes récoltes et de mes recherches.
Puis, chaque année la végétation gagnait en étendue. Elle finit par interdire l'accès du vallon. Alors, j'abandonnai ce problème pour passer à d'autres.
Tout récemment, pour faciliter l'accès à la chapelle du Mai, on a amélioré la viabilité du chemin des Oratoires. Dans la partie où cette voie contourne le vallon de l'ancien champ de tir, pour écouler les eaux pluviales descendant des hauteurs dominantes, on a creusé sous la chaussée de cette voie des petits caniveaux transversaux.
Le creusement de l'un de ces petits ouvrages a mis à jour le gisement que j'avais longtemps recherché en vain. Il est situé très près du point où je le supposais.
Ce gisement monte vers le haut du petit ravin drainé par le caniveau nouvellement creusé, mais une abondante végétation s'oppose à sa délimitation. On remarque cependant qu'il affleure sur quelques points, notamment vers la cote 125, à quelques mètres au-dessus de la route.
Voici les coordonnées Lambert de ces affleurements : X = 885,5 et Y = 91,9.
III. - DE CURIEUSES MYLONITES DE PHYLLADES
Vers 1950, allant un jour de la chapelle du Mai à la Lèque par le sentier de crête des falaises, je remarquai après avoir dépassé le pic de Quicon, dans la partie descendante du sentier d'où l'on domine la pointe de la Pierre de l'Autel, vers la cote 220, un gisement et un éboulis d'une roche très curieuse.
Elle est compacte, dure et composée d'éléments, les uns blancs et les autres verts ou rouges suivants les échantillons, disposés en minces lits réguliers, parallèles et alternés.
Cette disposition de ses éléments donne à cette roche une vague texture gneissique.
On remarque dans sa pâte des fragments de phyllades représentant, peut-être, des éléments non digérés par la roche encaissante.
Un filon de basalte est voisin de cette roche.
Ne sachant comment classer cette dernière je m'adressai à un grand établissement scientifique, auquel je donnai tous les renseignements résultant de mes observations, et des échantillons.
Voici la réponse de cet établissement.
« ... Ce sont des Mylonites de phyllades résultant du broyage de ces roches lors de leur chevauchement sur le Permien ; elles sont plus ou moins recristallisées.
Un de vos échantillons montre le contact d'une phyllade non broyée avec cette mylonite... »
Je connais d'autres mylonites de phyllades dans le massif de Sicié. Aussi, je considère toujours comme curieuses celles de la Pierre de l'Autel.
Septembre 1962.
(Extrait des Annales N° 14 - 1962).
Excursion du 26 mai 1963 dans la presqu'île de Sicié. (Fontaine du Pinson et plage de la Fosse), par M. REGAIGNON.
Certains prétendent qu'il faut dire : « Fontaine du Pinceau », du nom des pins qui ombrageaient autrefois, cette petite source et embellissaient ce point d'eau. Moi, j'ai adopté « Fontaine du Pinson », nom que lui donnait feu M. HENSELING, qui s'y connaissait en toponymie locale.
Je comptais profiter de cette sortie pour réassortir ma collection des basaltes de Sicié. Il me manque la texture ophitique des microdiabases, à force de faire des collections pour les étudiants et les amateurs. Une telle diabase se rencontre à la Fontaine du Pinson, un de ses rares gisements.
Or, arrivés là, deux déceptions m'y attendaient.
La première, les fameux pins n'y sont plus. De rares troncs calcinés et tordus nous rappellent un violent incendie, assez récent, qui les a détruits.
La deuxième, le gisement de microdiabase est invisible, caché sous une toison de végétation serrée, piquante et résistante. Il m'aurait fallu plus de temps que je n'en disposais, pour dégager la roche éruptive de son masque très gênant. Non sans regret, je quittai la Fontaine du Pinson sans avoir pu me réapprovisionner.
J'ai écrit plusieurs fois dans nos Annales que les basaltes permiens se rencontrent, dans le massif de Sicié, sous toutes formes d'altération, depuis la roche saine et consistante, jusqu'à la roche devenue de la vulgaire argile, meuble.
J'avais déjà remarqué, il y a de nombreuses années, dans le sentier longeant le Rayoulet, près de la source, aujourd'hui tarie, de ce petit cours d'eau devenu saisonnier, des roches dites vertes, pour leur couleur.
Dimanche dernier, nous avons vu de telles roches à la plage de la Fosse. On les voit là où se trouve beaucoup de basalte.
Les roches vertes résultent d'une altération des microdiabases que les savants appellent « métamorphose apomagmatique ». Disons plus simplement qu'il s'agit de l'altération du basalte enfoui dans le sol, par suite de l'action des eaux d'infiltration, sans apport de substance chimique nouvelle.
Une telle altération transforme l'olivine en serpentine.
Dans le cas de nos microdiabases, l'augite violacée titanifère, dont elles sont formées, est un silicate alumineux riche en alcali, donc transformable en chlorite (silicate hydraté sans alcali) et en hornblende (amphibole). La chlorite et l'hornblende pénètrent dans les feldspaths, qui sont des plagioclases (exactement des labradors-bytonwites), lesquels deviennent troubles et gris-verdâtre et se transforment en saussurite et en épidote. Il se produit aussi de la calcite et de la pyrite de fer.
On voit encore dans l'agrégat ainsi formé, du grenat et du rutile (oxyde de titane qui provient du titane de l'augite violacée).
Nous aurons sans doute l'occasion de vous montrer que les plages des Maures sont précisément riches en titane.
Le Colonel GIRAUD, qui faisait partie de l'excursion à Sicié, compléta les données de M. REGAIGNON sur Mal-Dormi et la plage du Puits de l'Or. Il montra quelques échantillons de pyrites prélevées dans la mine qui ne fut exploitée que peu de temps et il insista sur l'écroulement de la face méridionale des falaises dans la mer et sur la mylonitisation des phyllades. D'autre part il signala la présence de basaltes d'âge primaire et le curieux décapage de la coulée basaltique de la base sud-est du Mal-Dormi.
(Extrait du Bulletin N° 146 - Mai-Juin 1963).
Aperçus sur la géologie et la préhistoire du territoire de La Seyne, par M. REGAIGNON.
Dans le cadre des activités culturelles de la Société « Les Amis de La Seyne Ancienne et Moderne », M. Paul REGAIGNON, membre de la Société des Sciences Naturelles et d'Archéologie de Toulon et du Var, a fait le 12 courant, à l'Hôtel de Ville de La Seyne, une conférence ayant pour thème : « À travers la Géologie et la Préhistoire de notre terroir ».
Devant une assistance, nombreuse et attentive, M. REGAIGNON, dans un langage accessible à tous, expliqua successivement : les origines et la formation du premier relief de notre planète ; la division des temps géologiques en ères, périodes et étages ; la formation et l'utilité des fossiles ; les âges : de la terre, de l'écorce terrestre, des diverses périodes des temps géologiques et de l'Homme ; la naissance et la mort des chaînes de montagnes ; les diverses chaînes de montagnes qui se sont succédé à la surface de la Terre ; et la formation de la chaîne hercynienne.
Illustrant sa causerie par des tableaux, des cartes, des schémas et des échantillons : de fossiles, de roches, de minéraux et de minerais ; et après avoir, par une comparaison portant sur vingt-quatre heures, embrassé l'étendue des temps géologiques, les chiffres qu'il avait énoncés étant trop forts pour parler à l'imagination de son auditoire, le conférencier montra à celui-ci combien l'histoire de l'humanité tient peu de place dans celle de la Terre.
M. REGAIGNON aborda ensuite le difficile problème du métamorphisme régional, mais sans l'appeler par son nom, dans un esprit de vulgarisation.
Puis, passant à l'ancienneté du terroir seynois, il montra que, suivant le quartier où l'on se trouve, l'âge de notre sol varie entre moins de 1 million à plus de 400 millions d'années, la ville étant bâtie sur un des plus anciens sols de France.
Venant à la Préhistoire, il fit appel à la riche documentation que nous a léguée le regretté archéologue, Me LAYET, pour faire revivre dans l'imagination de son auditoire les premiers âges de notre région.
Enfin, M. REGAIGNON termina sa conférence par une citation empruntée à Pierre TERMIER, nous invitant à une « plus haute conception de l'immense dignité humaine et de l'âme capable de s'intéresser à de pareils problèmes ».
(Extrait du Bulletin N° 147 - Juillet-Août 1963).
À propos des carrières de Lagoubran, par P. REGAIGNON.
Au cours de l'excursion du 28 mars dernier, relatée plus haut, nous avons eu l'occasion de visiter les carrières de Lagoubran, qui se trouvent dans le trias moyen ou Muschelkalk. On sait que la colline de Lagoubran (quelques lambeaux du territoire de La Seyne mis à part) est l'expression la plus méridionale de la Provence calcaire. Celle-ci est formée de terrains sédimentaires, dont nous voyons des représentants des plus anciens dans la région, ceux du trias.
Limitons-nous au Trias moyen. Il débute par des dolomies jaunâtres et des cargneules, et dans cette partie inférieure on exploite parfois du gypse (La Farlède). Le milieu est constitué par des massifs de calcaires compacts, gris ou noirs, à cassure nette et en bancs séparés par des horizons marneux ou des calcaires en plaquettes.
À l'Ouest de Toulon existe un affleurement triasique dont un tronçon groupe les collines de Malbousquet, de Lagoubran, de l'Escaillon. Des carrières ont été ouvertes dans ces collines et on en extrait un belle pierre à bâtir. Actuellement, ces carrières donnent surtout des gravillons. Les paléontologues s'intéressent surtout aux marnes et aux calcaires en plaquettes du Muschelkalk qui sont très fossilifères.
On y trouve : des articles d'Encrines, des Térébratules, des Avicula, des Limas, Hoenesia socialis, Mytilus eduliformis, Myophoria vulgaris, Pleuromya musculoïdes, Ceratites npdosus, des dents de poisson, des ossements de reptiles.
(Extrait du Bulletin N° 157 - Mars-Avril 1965).
Excursion géologique du 28 novembre 1965 dans le massif de Sicié, par M. Paul REGAIGNON.
Quatorze naturalistes, malgré un temps froid, étaient au rendez-vous sur la plage de Fabrégas, le dimanche 28 novembre à 9 heures. Quatorze participants à la première d'une série de sorties où nous nous proposons de faire connaître la structure de Sicié définie par le Professeur GOUVERNET, c'est un début encourageant. Nous comptons dorénavant mettre les explications à la portée de tous, de façon à rendre attrayante la géologie, science passionnante mais souvent difficile. Nous pensons que les explications doivent faire l'objet de deux sortes d'exposés, un premier qui est une sorte de préface s'adressant surtout aux non initiés, un deuxième (complémentaire) donné sur le terrain, en marche.
J'ai essayé cette méthode dimanche dernier à Fabrégas. J'avais choisi, pour exposer la préface explicative, un emplacement abrité situé à l'Est, accroché à la montée vers le Bau Rouge, qui le protège un peu contre le mistral. Il y a là assez de place pour le stationnement d'un groupe d'auditeurs, et même une murette pour s'asseoir. Un panneau en bois offre sa surface pour l'affichage des plans, tableaux et cartes illustrant l'exposé. Là se trouvent donc réunies toutes les circonstances favorables. Dimanche, cependant, le soleil n'était pas aux rendez-vous et, à cause du froid qui harcelait l'auditoire, j'ai dû accélérer le débit de cette introduction explicative. Mais cela n'a pas diminué l'entrain des participants au cours de l'excursion qui a suivi. Tous ont été vivement intéressés par les phénomènes observés et par les explications complémentaires.
La région parcourue couvrait la partie Sud et Sud-Est du massif de Sicié, c'est-à-dire deux des secteurs géologiques de ce massif, celui de la Vieille Garde - Peyras - Fabrégas, et celui du Lambeau de Janas. Tous les participants ont remarqué les alternances répétées des grès et des argiles rouges du Permien, les grès bigarrés et les psammites du Trias inférieur, le calcaire de l'écaille du Trias moyen, les poudingues à dragées de base du Trias inférieur observés sur des coupes très fraîches, les phtanites à radiolaires, les basaltes et les diverses espèces de schistes cristallins.
Tous les participants ont reconnu les failles de Fabrégas et du Peyras, les contacts anormaux et les chevauchements qu'elles soulignent, les miroirs qu'elles polissent, ainsi que la présence du front du Lambeau de Janas, à Fabrégas, et son froissement, accentué à sa bordure occidentale par le plissement de l'horizon des phtanites à radiolaires, non loin de la faille qui court vers le Nord, celle de Bareille.
Tous ont prélevé des échantillons de roches et, notamment ; dans le gisement de Janas, des phyllades métamorphosés au contact des basaltes, roches curieuses, aux fissures remplies d'Oligiste micacé, oxyde ferrique, en fines écailles aux reflets violacés qui demeurent adhérentes aux doigts comme les paillettes de mica. Il s'agit là d'un minéral toujours associé aux zones de métamorphisme intense.
Je pense donc que les participants à l'excursion ont été satisfaits. Je conduirai une autre sortie d'ensemble sur l'Ouest de la presqu'île de Sicié, puis viendront des sorties de détails, compartiment par compartiment. Les exposés resteront accessibles à tous.
(Extrait du Bulletin N° 161 - Novembre-Décembre 1965).
Nouvelles précisions géologiques sur le Massif de Sicié, par P. REGAIGNON.
Causerie faite par M. Paul Regaignon, le 2 février 1965, à l'Hôtel de Ville de La Seyne, devant la Société : « Les Amis de La Seyne Ancienne et Moderne », comme suite à sa conférence de juin 1963, sur l'ancienneté géologique du terroir seynois.
Cette causerie de vulgarisation scientifique était illustrée par :
En juin 1963, parlant ici de l'ancienneté géologique de notre terroir, j'ai dit, en terminant ma causerie, que le massif de Sicié compte parmi les plus anciens terrains de France et du Monde.
Cette affirmation appelait des explications, des précisions, que je n'ai pu vous donner, à l'époque, vu l'heure tardive de la fin de mon exposé.
Ces explications, ces précisions, je vous les dois toujours. je vais vous les donner.
Comme l'avait annoncé la presse locale, il y a quelques semaines, je devais vous parler avant la Noël. Mais, à la dernière minute, nous avons appris, notre Président M. Baudoin et moi-même, la parution d'un « Mémoire sur la Structure géologique de la Région toulonnaise », publié par M. le Professeur Claude Gouvernet, de la Faculté des Sciences de Marseille. Mémoire édité par le Ministère du Travail : preuve du haut intérêt scientifique de ce magistral ouvrage, dont voici un exemplaire.
Pour les géologues, la région toulonnaise est circonscrite par le rivage méditerranéen et une ligne septentrionale et orientale allant de Saint-Cyr à Hyères, par le Plan-du-Castellet, le Grand Cap et Solliès-Pont.
Le massif de Sicié est donc inclus dans l'étude de M. le Professeur Gouvernet. Et le jour, si nouveau, sous lequel ce savant nous le présente, montre bien qu'il y a consacré une grande part des vingt-cinq années de travail que lui a coûté la préparation de ce précieux ouvrage.
J'ai eu l'honneur, il y a déjà plusieurs années, avec quelques collègues de la Société des Sciences Naturelles de Toulon et du Var, d'accompagner M. le Professeur Gouvernet, dans quelques-unes de ses courses d'études des collines toulonnaises. Ce savant géologue dit, dans l'avant-propos de son mémoire, qu'il a conservé un sympathique souvenir de ces sorties.
Je l'en remercie vivement et je le prie de croire que je n'ai oublié ni son affabilité habituelle, ni l'enseignement acquis tout au long de ces agréables journées.
Nous ne pouvions donc, sans manquer à la déférence due à ce Maître et aux devoirs de l'amitié, nous présenter ici avant d'avoir lu attentivement ce qu'il a écrit sur Sicié, que personne avant lui n'avait aussi longuement et aussi complètement étudié.
J'ai lu le mémoire. Et, ce soir, je pourrai vous parler de notre massif avec plus de précision et plus de conviction qu'avant cette lecture.
Vingt-cinq années d'études ! Cette durée, par sa longueur, étonnera peut-être beaucoup d'entre vous. Mais, vous serez plus étonnés encore si je vous dis, qu'avant M. le Professeur Gouvernet, d'autres géologues, éminents, avaient étudié la région toulonnaise et en avaient dressé la carte géologique. En 1856, une grande figure provençale, l'ingénieur en chef des mines, de Villeneuve-Flayosc, avait déjà établi la première carte géologique de notre Provence.
Votre étonnement cessera, si je vous explique ce que sont les cartes géologiques, si je vous dis les renseignements qu'elles comportent et, si je vous décris les difficultés que présente leur établissement.
Une carte d'état-major, une carte topographique, ou même une simple carte routière vous donnent une foule de renseignements : collines, vallées, cours d'eau, routes, chemins, voies ferrées, ponts, moulins, etc..., etc... Mais, la nature du terrain y manque. Or, ce renseignement est utile à l'ingénieur qui doit construire un barrage, creuser un tunnel, fonder un ouvrage d'art, etc... ; au puisatier qui cherche une nappe phréatique ; à l'agronome qui cherche à adapter ses cultures à la nature des terrains ; etc..., etc...
Ce renseignement, si utile, c'est la carte géologique qui le donne. Celle-ci est une carte topographique sur laquelle, par des couleurs conventionnelles, les divers étages qui affleurent à la surface du sol (en supposant enlevée la terre végétale) ont été indiqués.
En France, c'est le Service de la Carte Géologique, créé en 1868, qui publie et révise périodiquement les cartes géologiques des diverses régions, que l'on trouve dans le commerce.
La carte au 1/50 000e de la région toulonnaise, utilisée aujourd'hui, a été publiée en 1924. Elle sera bientôt révisée d'après le mémoire de M. le Professeur Gouvernet. Il s'ensuivra une révision de la carte au 1/80 000e qui en sera à sa troisième édition.
Et, ce ne sera certainement pas la dernière. Une carte géologique doit préciser toujours davantage l'âge, la distribution, l'inclinaison, l'épaisseur des roches, etc., etc... Elle n'est jamais définitive. Son établissement exige de longues et pénibles courses et un examen minutieux de tous les accidents naturels (falaises, parois rocheuses, flancs de vallées) et artificiels (puits, tunnels, tranchées, mines) qui permettent de voir au-dessous de la terre végétale.
Cet examen minutieux sert au géologue pour l'établissement des coupes de terrains qu'exige le dessin des cartes. Mais, les parties visibles sont, en général, de peu d'étendue et, dans les coupes, il y a, de ce fait, une grande part d'hypothèse, que très souvent le temps infirme.
Certaines coupes ont été remaniées à diverses reprises par les géologues les plus éminents et ne correspondent pas encore, tout à fait, à la réalité. Les géologues opèrent par approximation successive, en pensant que le travail effectué, sera recommencé ultérieurement par un autre géologue qui le perfectionnera, mais auquel les observations faites avant lui seront très précieuses.
Autant l'établissement d'une coupe est relativement aisé dans le cas de terrains horizontaux, autant il est très difficile dans des régions tourmentées comme la nôtre. Car, notre Provence, sous l'apparente simplicité et le calme trompeur de ses paysages, est une des zones des plus disloquées du globe. La Provence a été plissée par les mouvements hercyniens, dont je vous ai déjà parlé ; puis, bouleversée à nouveau, lors de la formation des Pyrénées et des Alpes. Et cela n'est pas fait pour faciliter la tâche des géologues.
Beaucoup de problèmes nouveaux se posent dès que l'on peut comparer la géologie d'une région à celle d'une région voisine. Et, souvent, c'est seulement une fois la carte terminée que l'on se rend compte d'un certain nombre de phénomènes géologiques.
Les géologues ne peuvent déduire les phénomènes anciens que de la connaissance des phénomènes actuels. Or, les phénomènes actuels ne sont pas toujours l'exacte répétition des phénomènes anciens.
Prenons, par exemple, le cas des volcans. On peut dire qu'aujourd'hui les manifestations volcaniques sont peu actives et, somme toute, rares. Car, on constate dans des terrains anciens et même très anciens, des manifestations beaucoup plus nombreuses et beaucoup plus intenses qu'à l'heure actuelle. Dans l'Inde et en Amérique du Nord, il y a des coulées basaltiques, prodigieuses par leur étendue et par leur épaisseur...
Les savants ne savent que depuis la catastrophe de Saint-Pierre de la Martinique, de 1902, causée par le volcan de la montagne Pelée, qu'il y a un type de volcan, dit maintenant type péléen ; alors qu'on voit, en Auvergne et ailleurs, de nombreux volcans éteints, qui sont aujourd'hui attribués à ce type. On a donc longtemps ignoré comment ils se sont manifestés.
Ces mêmes savants ne savent que depuis le 20 février 1943, comment les choses se passent lorsqu'un volcan se forme, pour la première fois, là où il n'existait encore aucune éminence du sol. Ce jour-là, dans la campagne proche d'un petit village mexicain, le Paricutin, le dernier né des volcans, sortit au milieu d'une plaine, dans un champ de mais. La précédente naissance remonte à 1538. Mais des renseignements scientifiques de 1538...
Je pourrais rechercher d'autres exemples se rapportant à d'autres phénomènes, pour essayer de vous démontrer combien la Géologie est une science difficile et pourquoi elle passe pour être la plus énigmatique des sciences. Mais, je préfère vous lire ce que disait à ce sujet notre grand géologue, l'académicien Pierre Termier, (1859-1930), parlant, le 27 novembre 1919, à Bruxelles, devant la Société Scientifique Belge.
« Mon dessein, ce soir, est de vous introduire, un instant, dans le domaine où j'ai coutume de conduire les très jeunes gens qui sont mes élèves ; et de vous montrer quelques-uns des grands sphinx qui y trônent, silencieux et immobiles, pareils à ceux qui trônent au milieu des sables, dans le désert d'Egypte, et dont la seule vue évoque, en l'âme du voyageur, des pensées vertigineuses et des rêves sans fin.
« Quel est ce domaine ? La Géologie. Et qu'est-ce que la Géologie ? C'est l'histoire de la Terre, l'histoire de la planète qui nous porte ; reconstituée, cette histoire, et racontée, en remontant le plus haut possible dans le passé ; en remontant, si l'on peut, jusqu'à l'heure, solennelle entre toutes, où la Vie est apparue sur le globe et où ont commencé les temps géologiques.
« Qu'une pareille histoire soit d'une reconstitution difficile ; qu'elle devienne de plus en plus incertaine, imprécise, lacunaire, au fur et à mesure que l'on remonte l'échelle de la durée : c'est l'évidence même ; et vous savez tous que la Géologie est une science particulièrement énigmatique. Sans doute, il n'est pas de science qui ne soit énigmatique. Toutes sont des énigmes : on s'y promène à l'ombre des mystères, et chaque fleur que l'on y cueille est un mystère nouveau. J'ai même dit autrefois, et je le répète volontiers, que la Science est faite pour donner à l'Homme le sens du mystère ; qu'elle est évocatrice d'énigmes, plutôt qu'explicatrice ; qu'elle est, avant tout et surtout, un héraut de l'Infini. Mais il y a des sciences plus mystérieuses que la plupart des autres, parce qu'elles vont plus loin dans le monde créé, parce qu'elles se rapprochent davantage des origines et des causes, parce qu'elles confinent à la métaphysique, parce qu'elle font constamment appel à l'une de ces notions primordiales et cependant peu claires et mal comprises qu'on appelle l'Espace, le Mouvement, le Temps. La Géologie est ainsi...
« L'abondance des énigmes est un des charmes de la Géologie, une des raisons de l'attrait incontestable qu'elle exerce sur les jeunes esprits. Parmi ces énigmes, il en est qui, de toute évidence, ne seront jamais résolues, sphinx dont le front et les yeux se cachent dans la brume, à une hauteur inaccessible. D'autres sont moins hautaines, moins fermes, plus accueillantes, presque humaines ; on peut espérer les résoudre, tôt ou tard ; tout au moins est-il possible d'en approcher, d'explorer et d'éclairer leurs abords : et rien n'est plus passionnant que d'affronter ainsi de difficiles problèmes, qui ne paraissent pas nécessairement insolubles et dont la solution se dérobe toujours au moment où nous croyons la saisir...
« J'ai choisi pour vous, ce soir, sept énigmes, sept sphinx. Voulez-vous que nous fassions le tour de ces sept monstres ? J'aurais pu facilement vous en présenter davantage, car notre cheptel est une multitude. Mais la contemplation des sept que j'ai choisies suffira certainement pour vous donner une haute idée des problèmes au milieu desquels nous vivons, nous les géologues ; et peut-être, si je ne suis point inférieur à mon rôle, laissera-t-elle en vous quelque impression ».
Et, comme il l'avait annoncé, cet académicien fit le tour des sept phénomènes géologiques qu'il avait choisis, des sept monstres comme il les appelait, ces énigmes.
Il démontra, avec toute l'autorité de sa science, pour chacun de ces phénomènes, l'extrême intérêt des faits connus et des déductions nécessaires de ces faits. Mais il montra aussi combien d'inconnues restent encore, combien les savants sont loin d'avoir résolu tous ces problèmes et combien de secrets ne semblent pas près d'être pénétrés.
Pierre Termier est mort en 1930. S'il revenait ce soir parmi nous, il nous redirait à peu près les mêmes choses qu'en ce soir de Bruxelles ; lui qui, faisant l'éloge funèbre d'un autre grand géologue, disait :
« Le Vieux Maître savait un grand secret ! Il savait que les plus forts d'entre nous ne savent rien ; que devant la Vérité immuable, la Science va se transformant sans cesse ».
Car les savants ne seraient pas les savants s'ils ne cherchaient pas à résoudre les énigmes. Ils formulent des hypothèses, des théories. Ces hypothèses, ces théories s'affrontent, dans leurs discussions. Des théories tombent, d'autres les remplacent. Un peu de lumière jaillit toujours de ces affrontements. Mais les progrès sont lents !
Le mathématicien Henri Poincaré a dit : « Le but des théories n'est pas d'être vraies, mais d'être utiles ».
Après ce long mais nécessaire préambule, par lequel j'ai essayé de vous démontrer les difficultés et la lenteur des études géologiques, j'arrive à l'objet principal de ma causerie.
Que faut-il entendre par « terrains les plus anciens de France et du Monde » ? Où voit-on avec certitude de tels terrains ? Quelles sont leurs caractéristiques ?
Les plus anciens terrains sont évidemment représentés par les couches les plus profondes de l'écorce terrestre, que les savants ont pu atteindre et étudier.
Mon tableau des temps géologiques montre qu'ils se situent, ces terrains, dans les temps géologiques les plus reculés, dans l'ère dite archéenne, la plus ancienne, comme je vous l'ai expliqué lors de ma précédente causerie.
Les terrains les plus anciens de l'ère primaire, celle qui a suivi l'archéenne, appartiennent à la période dite cambrienne, qui débuta il y a environ 500 millions d'années. Les terrains cambriens sont bien connus et ont été bien délimités, là où ils affleurent. Les terrains sur lesquels ils reposent sont plus anciens encore, et sont dits « précambriens ». Ils appartiennent à l'ère archéenne. En parlant d'eux, on dit aussi : le Précambrien.
La géographie ancienne nous apprend que la Terre, malgré ses transformations continuelles, a conservé de son premier visage des traits persistants essentiels. Ce sont des ébauches de continents, autour desquelles se sont construits les terres et les océans de la géographie actuelle. Les terrains précambriens se voient sur ces ébauches de continents ; ces boucliers,comme on les appelle, sont répartis autour du pôle nord.
Les terrains précambriens affleurent largement et ont été très bien étudiés en Amérique, au Canada, en Ecosse, en Suède, en Finlande et en Sibérie. En France, quoique moins importants, on les voit avec certitude dans le massif armoricain et en Normandie.
Aux États-Unis, on retrouve les terrains précambriens par sondages à 2 000 mètres de profondeur, et à la faveur de l'immense entaille du Grand Cañon du Rio Colorado, dans l'état de l'Arizona.
Jusqu'ici, ce sont les savants scandinaves qui nous ont donné l'idée la plus exacte des terrains précambriens. Le finlandais Sederholm nous a appris que les couches les plus profondes, les plus anciennes, sont faites de terrains cristallins, de sédiments transformés par le métamorphisme : ce phénomène géologique, encore mal connu, dont je vous ai déjà parlé. Ce sont des gneiss et micaschistes, extraordinairement plissés, dans lesquels, il n'a été retrouvé aucune trace de la Vie. Les plus anciens sont âgés de près de 3 milliards d'années.
Au-dessus, sont des terrains dont l'âge croît, avec la profondeur, de 500 à 800 millions d'années. Ces terrains, qui ont peu subi les effets du métamorphisme, sont faits de milliers de mètres de grès, de conglomérats et de schistes, dans lesquels ont été trouvés des restes de nombreux organismes, attestant une Vie déjà bien organisée : algues, vers, éponges, radiolaires, mollusques, crustacés, trilobites, etc., etc...
Sederholm a reconnu dans les terrains précambriens finlandais les traces de six chaînes de montagnes successives. Six chaînes qui étaient peut-être aussi hautes que les Alpes et l'Himalaya, avec leurs neiges, leurs glaciers, leurs lacs et leurs torrents, et que l'érosion, comme je vous l'ai déjà expliqué, a raboté jusqu'à la racine. Les débris de l'une d'entre elles ayant servi à la formation de la suivante.
Grâce à des roches radioactives découvertes dans les vestiges de ces six chaînes, il a été possible de dater ces dernières. La plus ancienne serait âgée de près de 3 milliards d'années et la plus récente, la chaîne huronienne daterait de 750 millions d'années.
En France, le Précambrien a été étudié par M. Lucien Cayeux du Collège de France. Il est caractérisé par les Phyllades de Saint-Lô, les schistes de Granville, de Rennes et de Douarnenez, ainsi que par les Phtanites à Radiolaires et les éponges des schistes de Lamballe.
Que sont ces PHTANITES à RADIOLAIRES ?
Il est important que je vous parle de ces roches. Vous comprendrez tout à l'heure pourquoi.
Les Radiolaires sont des animaux microscopiques, dont le corps est constitué par une cellule unique assurant toutes les fonctions vitales de ces Protozoaires. Cette cellule est protégée par une très élégante carapace siliceuse, laquelle est garnie de fines pointes rayonnantes, et percée de petits trous pour le passage des pseudopodes de l'animal.
Les Radiolaires vivent au milieu du plancton marin. À leur mort, leurs carapaces tombent au fond des océans, s'y accumulent, et y forment la boue des grands fonds.
Au fond des mers où s'élaborent des montagnes, ces carapaces sécrètent de la silice, laquelle imprègne l'argile voisine. Le métamorphisme aidant, cette argile, imprégnée de silice, devient cette roche siliceuse, rubanée, noirâtre, dure et à cassure esquilleuse, dite Phtanite, dont vous voyez ici un échantillon. Ces Phtanites se retrouvent intercalées dans des schistes de formation contemporaine.
Il arrive que le métamorphisme respecte des carapaces des radiolaires qui ont formé les Phtanites. On a alors des Phtanites à Radiolaires, dont l'examen au microscope montre les carapaces qu'elles renferment.
M. Lucien Cayeux a étudié les Phtanites à Radiolaires des terrains précambriens bretons.
LE MASSIF DE SICIÉ. SON ÂGE.
J'ai dit que notre massif est essentiellement constitué par des schistes cristallins, dits Lauvisses dans le terroir, et appelés Phyllades par les géologues.
Les géologues qui ont dressé, en 1924, la carte géologique de la région toulonnaise, ne se sont pas beaucoup attardés à l'étude de Sicié. Ils ont reconnu que nos Phyllades sont antérieurs au Carbonifère (voyez mon tableau des temps géologiques), ajoutant qu'il n'est pas possible de préciser leur âge parce que les Phyllades n'ont jamais livré de fossiles utiles.
Or, en 1923, Mlle Pfender, qui a participé à l'établissement de cette carte, avait trouvé, au quartier Jaumen, intercalés dans les Phyllades, des bancs de Phtanites à Radiolaires, dont vous voyez ici des échantillons. De tels échantillons, présentés à M. Lucien Cayeux, avaient été reconnus, par ce savant-spécialiste, d'une identité parfaite avec ceux des terrains précambriens bretons. Mais les géologues de 1924 n'ont pas utilisé cette analogie pour dater notre massif.
M. le Professeur Gouvernet, qui a étudié Sicié, comme aucun géologue ne l'avait fait avant lui, a reconnu, au sein du massif, des Phtanites à Radiolaires.
Il a, de plus, établi que ces roches et leurs compagnes forment une suite continue de terrains qui constitue un banc-repère d'un très haut intérêt pour dater les Phyllades et pour définir la structure de Sicié.
Ainsi, l'on peut dire que les Phtanites à Radiolaires ont été, pour ce savant géologue, le fil d'Ariane, grâce auquel il a défini là où ses prédécesseurs n'avaient vu qu'un méli-mélo de Phyllades sans intérêt, une suite continue de séries de terrains, qu'il a pu ordonner de la série la plus ancienne, faite des schistes verts de la Lèque-du-Brusc et des Phtanites à Radiolaires de Six-Fours et de La Seyne ; à la série la plus récente, formée des Phyllades de la Vieille-Garde et des schistes en dalles de la Grande Calanque. Il a, ce qui est très important, établi que la série de base présente avec les formations bretonnes précambriennes une analogie plus accentuée encore que celle signalée, à l'époque, par M. Lucien Cayeux.
Enfin, il a démontré que les autres séries se présentent de telle manière, qu'il est possible d'établir leur chronologie relative. La série de Fabrégas renfermant les termes les plus élevés des terrains anté-houillers du massif de Sicié.
Ainsi, ce soir, grâce au magnifique travail de M. le Professeur Gouvernet, je peux affirmer, avec plus de force et de conviction qu'en juin 1963, que notre massif de Sicié compte parmi les plus anciens terrains de France et du Monde.
La deuxième partie de ma causerie a trait à la structure de Sicié, à son architecture. À cette structure ! qui, me croirez-vous, est depuis bientôt trente ans, un sujet de controverse pour les géologues ?
Notre paisible Sicié, un motif de discussions ! Décidément, je veux vous étonner ce soir !
Cela est pourtant vrai, et je vais vous le démontrer ; mais je devrai, tout d'abord, pour la compréhension de ce qui suivra, vous faire un succinct rappel de quelques notions théoriques très simples, relatives aux plissements montagneux.
Tout le monde sait aujourd'hui que les montagnes résultent du plissement de l'écorce terrestre, J'ai expliqué cela en détail, au cours de ma précédente causerie géologique.
J'ai dit que : « pour des raisons encore inconnues, cette écorce est plissée plus ou moins obliquement, tordue, écrasée, ratatinée, comme le serait un coupon d'étoffe que l'on replierait de toutes les façons possibles ». Et « que ce phénomène s'est produit aux diverses époques géologiques ».
De ces plissements, vous pouvez vous en faire une idée en regardant vers les carrières, lorsque vous passez à Lagoubran, en car ou en auto.
Les schémas teintés, que j'ai affichés, vous montrent quelques plissements simples de l'écorce terrestre.
À gauche, la figure 1, présente un pli dont l'axe est normal et les deux flancs sont symétriques par rapport à cet axe. C'est un pli droit, dont les montagnes du Jura sont des exemples.
À droite, la figure 1 présente un pli dont l'axe est oblique et les flancs sont dissymétriques. C'est un pli oblique.
Les figures 2 et 3 montrent un pli oblique dont l'axe se déverse de plus en plus jusqu'à l'horizontale, et forme un pli dit couché. A et B sont les charnières de ce pli. Au fur et à mesure du plissement de l'écorce terrestre, il y a étirement des charnières, puis leur amincissement et cela peut aller jusqu'à la rupture, si la force qui a donné naissance à ce pli persiste, comme on le voit, figure 4. Si la partie supérieure continue à glisser sur la partie inférieure, elle chevauche celle-ci et constitue une nappe de charriage. Cette nappe peut abandonner un lambeau, tel que AB, sur la partie qu'elle chevauche. AB est un lambeau de charriage, dit aussi, lambeau de recouvrement.
Ce phénomène des nappes de charriage peut atteindre une amplitude de 100 à 200 kilomètres. La nappe qui glisse représente souvent une masse de terrains énormes et joue le rôle de rouleau-écraseur. Il y a toujours sous cette masse une zone de roches broyées, dites Mylonites.
Les Alpes nous offrent de nombreux exemples de nappes de charriage. La rive sud du lac de Genève, constituée par le massif du Chablais, en est un bel exemple. Toutes ces belles montagnes que l'on admire de Thonon, de Saint-Gingolph et d'Evian, sont des voyageuses qui proviennent de 100 kilomètres plus au sud.
Les nappes de charriage étaient totalement inconnues avant 1887, date à laquelle, l'incomparable géologue, le confident de la Terre, Marcel Bertrand (1847-1907), en découvrit la théorie, pas loin de chez nous, à Fontanieu, dans la commune de La Cadière. Voici dans quelles circonstances.
À Fontanieu, on exploitait, à cette époque, une mine de lignite sise dans les terrains crétacés. Ainsi, voyez mon tableau des temps géologiques, on devrait voir, au-dessus de la mine, d'autres terrains crétacés, ou des terrains plus récents que le Crétacé. Or, c'est le contraire que l'on constate. Au-dessus de cette mine, on voit des terrains jurassiques et triasiques, donc plus anciens que le Crétacé.
Tous les ingénieurs des Mines qui avaient précédé Marcel Bertrand, à Nice, la mine de Fontanieu dépendant de cet arrondissement, avaient constaté cette anomalie, qui était devenue « l'énigme de La Cadière », sans pouvoir la résoudre.
Quand Marcel Bertrand fut nommé ingénieur des Mines à Nice, il constata, lui aussi, cette anomalie, en chercha la solution, la découvrit, et, pour cela, imagina la théorie dite des « nappes de charriage ».
Théorie ingénieuse, qui eut une portée scientifique universelle et qui fut le signal du renouvellement des idées qu'on s'était faites jusque-là sur la structure des montagnes.
Voici l'explication, d'ailleurs fort simple, de l'anomalie de Fontanieu. Voyez le schéma de la figure 4. Des teintes différentes représentent 3 couches superposées de terrains. Le vert, le Crétacé, est dessus, normalement ; le rose, le jurassique, vient sous le précédent. Et le violet, le Trias, le plus ancien des trois, est à la partie basse.
Sur la figure 4, un point rouge représente, dans le Crétacé, la mine de Fontanieu. Remarquez qu'il y a bien au-dessus d'elle des terrains jurassiques et triasiques. Mais, remarquez aussi que ces terrains appartiennent au lambeau de charriage, lequel repose, en position renversée, sur le Crétacé de Fontanieu. Toute l'explication est là. Elle a permis, à Marcel Bertrand, de démontrer que le lambeau qui recouvre Fontanieu appartient à une nappe de charriage, venue du sud, qui a déferlé jusqu'au Beausset, par dessus le Gros Cerveau, lors des mouvements pyrénéens, dont je vous ai déjà parlé.
La théorie de Marcel Bertrand, comme toujours en pareils cas, eut d'abord des contradicteurs ; puis on l'adopta et, ensuite, on eut tendance de voir partout des charriages, et même d'exagérer leur importance. Marcel Bertrand, lui-même, qui pourtant se méfiait de son intuition, puisqu'il n'énonça, que dix-neuf ans après les avoir reconnus, des charriages dans les Alpes, par crainte de ne pas avoir vu juste, versa dans ce genre d'exagération et y entraîna, avec lui, ses disciples. Admirateurs de ce prophète qui, de 1900 à 1904, a atteint le faîte des honneurs scientifiques et a vu, fixés sur lui, les yeux de tous les géologues du monde entier.
À l'époque, cette exagération fit dire à un géologue, qui faisait de l'humour : « Il ne fut plus possible d'étudier un pays à l'apparence tranquille, sans faire une réserve à l'égard de sa bonne conduite antérieure et sans examiner son casier judiciaire. Après quoi, s'il était démontré avoir participé à un système de nappes de charriage, toutes les conclusions que l'on pouvait être tenté d'émettre sur lui devaient être remises en question ».
Ainsi, Marcel Bertrand a attribué aux nappes de charriage un rôle prédominant dans la formation des montagnes. Mais dès 1925, l'évolution des hypothèses a montré que le style des grandes nappes alpines ne pouvait pas s'appliquer à toutes les chaînes du pourtour méditerranéen.
En 1891, Marcel Bertrand et son disciple, Philippe Archer, ingénieur des Ponts et Chaussées, à Toulon, ayant remarqué que le percement du tunnel de l'Eygoutier, à l'est de cette ville, n'avait pas rencontré en profondeur les Phyllades d'un affleurement relevé en surface, en avaient conclu que les Phyllades sont superposés au Trias, et qu'ils appartiennent à une nappe de charriage, venue du sud, de la mer.
M. Émile Haug, de la Sorbonne, disciple, lui aussi, de Marcel Bertrand, chargé dès 1907 de la révision de la carte géologique de la région toulonnaise, au 1/80 000e et des levés de celle de la même région au 1/50 000e, qu'il a publiée en 1924, précisant les vues de Marcel Bertrand et de Philippe Zurcher, a attribué la structure de Sicié à une nappe de charriage, venue de la mer, du sud de la presqu'île, et ayant déferlé sur celle-ci, lors des mouvements pyrénéens.
M. Lutaud, professeur à l'Université de Paris, Maurice Lugeon, dit le « grand maître de la Géologie alpine », et plus récemment, le professeur Destombes, de la Sorbonne, ont admis l'hypothèse de la nappe de charriage. Ce qui a, de plus, fait croire à l'existence de cette nappe, c'est ce que nous avons tous remarqué, nous Seynois, à Fabrégas, à Coste-Chaude et à l'Évescat, où les Phyllades sont superposés aux grès permiens et aux calcaires triasiques. Les Phyllades au-dessus des grès et des calcaires ! Quel Seynois n'a pas remarqué cette anomalie géologique ?
Mais, depuis une trentaine d'années, d'autres géologues, aussi éminents, et aussi respectueux de la mémoire de Marcel Bertrand, que les précédents ; mais non influencés, comme eux, par l'éclat de la renommée mondiale de ce Maître, n'admettent pas l'existence de la nappe de charriage. Ils partent des phénomènes observés par les premiers, mais les analysent plus complètement, et aboutissent à des conclusions bien différentes. Les Phyllades sont en place dans le massif. Ils n'y ont pas été apportés par une nappe de charriage. Et, sans avoir recours à celle-ci, ils expliquent les anomalies qui ont frappé tous les Seynois.
M. le Professeur Gouvernet, lui non plus, n'a jamais admis l'existence de ladite nappe. En 1950, lors de la réunion en Provence des géologues, à l'occasion du Jubilé des oeuvres de Marcel Bertrand, un contradicteur de poids, M. Maurice Lugeon, remit en question l'hypothèse de la nappe. Alors, le savant géologue marseillais comprit que ses contradicteurs réagissaient surtout faute d'être suffisamment renseignés sur la géologie du massif de Sicié.
Cette conclusion le conduisit à une étude plus approfondie du massif. Étude qui lui a permis de découvrir, ce que j'ai comparé à un fil d'Ariane, grâce auquel il a pu voir clair dans la structure de Sicié.
Il m'est impossible de traduire ici, simplement, les considérations techniques, d'ordre scientifique élevé, grâce auxquelles M. le Professeur Gouvernet démontre que nos Phyllades se sont plissés sur place, en formant un système complexe dont les racines sont sur notre terroir. Donc, qu'ils n'ont pas participé à une nappe de charriage.
En 1951, M. le Professeur Destombes, de la Sorbonne, partisan de la nappe de charriage, pensa que le percement de l'émissaire commun était une occasion, unique, pour se rendre compte de la vraie structure de Sicié.
Il suivit donc les travaux de percement de cet égout, se faisant envoyer des échantillons prélevés, mètre par mètre, au puits des Moulières. Certains échantillons s'étant révélés être des Mylonites de Phyllades, le professeur de la Sorbonne crut tenir la preuve de l'existence de la nappe.
Or, M. le Professeur Gouvernet, démontre dans son mémoire, que les Mylonites de M. le Professeur Destombes attestent, au contraire, les effets intenses du système complexe de plis qu'il a défini de façon magistrale.
Le Mémoire de M. le Professeur Gouvernet mettra-t-il fin à la controverse sur Sicié ? Je le souhaite et je le crois. Mais, il ne mettra pas fin aux études géologiques de ce massif. Et, après ce que je vous ai dit de celles-ci, je pense que vous serez d'accord avec moi.
Il y a, peut-être, parmi vous des personnes qui pensent, l'importance de cette question de structure leur échappant : « Pourquoi discuter aussi longtemps sur le fait de savoir si les Phyllades de Sicié sont en place, ou s'ils y ont été apportés par une nappe de charriage ? Les savants auraient-ils du temps à perdre ?
Non ! les savants n'ont pas du temps à perdre. Et le temps passé à l'étude de la structure du massif de Sicié n'est pas du temps perdu. En Géologie, cela résulte de ce que j'ai dit ce soir de cette science, tout se tient. Rien n'est négligeable, même ce qui peut le paraître au profane.
Trouver la solution, ici, d'un problème complexe, c'est préparer la solution d'un problème semblable qui se posera inévitablement ailleurs. C'est avancer dans la connaissance de l'écorce de notre globe. Or, de nos jours, la nécessité de cette connaissance ne se discute plus.
J'ai indiqué, tout à l'heure, quelques-unes des applications de la Géologie. Il n'y a peut-être pas une autre science qui ait autant d'applications qu'elle.
Combien de recherches de matériaux utiles, de captation de sources, de constructions d'ouvrages d'art : tunnels, barrages, ponts, etc.... ont échoué, ou n'ont pas donné ce que l'on attendait des dépenses faites pour leur exécution, à cause de la méconnaissance du sous-sol ?
Combien de sang, de larmes et d'argent cette méconnaissance a-t-elle coûtés à l'humanité ? Des catastrophes retentissantes, malheureusement, sont là pour nous le rappeler.
Février 1965.
(Extrait des Annales N° 17 - 1965).
Excursion du 19 décembre 1965 au Cap Sicié, par P. REGAIGNON.
En partant de la plage de Fabrégas et en montant dans le vallon de même nom, nous faisons plus ample connaissance avec le contact anormal. Dessous : le Permien recouvert par les Poudingues à dragées, les Psammites, les Grès Bigarrés du Trias inférieur. Dessus : les schistes de Sicié et leur quartz. Et nous suivons ce contact jusqu'au point où il continue vers le Plan d'Aub.
Nous traversons le vallon et nous allons vers la Vieille-Garde en empruntant d'abord la partie orientale de la Corniche Varoise. Dès le départ, voici l'écaille de Muschelkalk incrustée dans le flanc Nord du Bau-Rouge. Et, au pied de cette hauteur, les schistes noirs de la Vieille-Garde, très tourmentés, remontant là avec les Phyllades de la Grande Calanque et de Peyras, poussés par les schistes verts du lambeau de Janas.
Nous voyons, dans les flancs du dit talus, soulignés par une abondante injection de Silice, ces divers schistes, les uns, en minces lames horizontales, les autres repliés et écaillés, formant un anticlinal étroit et faillé, suivant la description qu'en donne le Professeur GOUVERNET dans sa « Structure de la Région Toulonnaise ».
Nous arrêtons notre avance à la Grande Calanque, car la circulation sur le sentier est dangereuse.
Sous Bramas, nous avons observé les schistes curieusement plissotés et lardés de Silice, que nos Groupes ont souvent photographiés.
En parcourant ce sentier, nous avons vu, en place, les divers schistes de ce compartiment tectonique, et, de loin, nous avons admiré les Deux-Frères, ces deux bastions avancés de Sicié, que l'on retrouve toujours avec plaisir après avoir remarqué le non moins curieux rocher du Bœuf.
(Extrait du Bulletin N° 162 - Janvier-Février 1966).
Sortie sur Sicié du 27 mars 1966, dirigée par M. P. REGAIGNON.
Une trentaine de membres ont participé à cette sortie, au cours de laquelle l'étude de la structure du massif de Sicié, définie par le Professeur GOUVERNET, a été poursuivie.
Il a été successivement étudié :
- Le massif anticlinal de La Seyne sur son flanc Sud renversé jalonné par les Quartzites de Six-Fours, du Pont-de-Fabre au Rouquier. Quartzites qui ont été examinés en détail, au point où les coupe le chemin de Fabre à Gavet.
- Étude du noyau anticlinal du pli de Gavet.
- Traversée de la Faille de Balaguier (F4), du lambeau de Coste-Chaude, et de la Faille F1 de Peyras qui sépare les schistes verts de la Lèque et les schistes sériciteux de Coste-Chaude, du Permien et du Grès Bigarré de la dépression du Pas-du-Loup.
- Étude sur le chemin des oratoires du plissement du lambeau de Janas, au nord du champ de Mai, souligné par les Phtanites, sous la poussée de l'anticlinal de la Lèque.
- Étude de l'anticlinal de la Lèque depuis le pli anticlinal de Clinchamp et le synclinal de l'aire de Clinchamp, jusqu'à la fin, vers la faille de l'Éperon, des poudingues intraformationnels (Grauwacke des anciens géologues), du ravin de la Fosse.
- Étude au ravin de la Fosse, de la dune fossile dans laquelle a été découvert un dolmen naturel, que fouilles récentes de M. JOUGLAS permettent de classer dans le Paléolithique et non dans le Néolithique comme on le pensait lors de la découverte de ce dolmen.
- Étude au ravin de la Fosse du phénomène de la transformation des microdiabases (dolérite) en roches vertes par l'altération de l'augite en chlorite, avec formation de saussurite, d'épidote et de pyrite de fer.
Au cours de cette sortie, les botanistes dirigés par M. MERCURIN ont pu déterminer 18 espèces en fleurs dont Podospermum laciniatum (Composées), Cephalanthera ensifolia (Orchidées), Lavatera maritima (Malvacées), Senecio crassifolius qui n'est signalé en France que dans le Var, les Bouches-du-Rhône, la Corse.
(Extrait du Bulletin N° 163 - Mars-Avril 1966).
Compte-rendu géologique de la sortie du 24 avril 1966 sur les Embiez-Le Brusc, par M. Paul REGAIGNON.
Nous avons profité de l'occasion qui nous était donnée par l'intéressante sortie sur les Embiez, organisée par M. JOUGLAS, pour étudier, sur place, l'extrémité occidentale du compartiment de La Lèque-du-Brusc, déjà vu dans sa partie orientale.
Le matin, allant du Brusc à Mouret et de là, par la côte, jusqu'aux deux Gaous, nous avons successivement admiré, de l'est à l'ouest, depuis la Pointe de l'Éperon, les hautes falaises de schistes verts de la bordure méridionale de l'anticlinal de la Lèque qui chevauche, au-delà, les schistes noirs du secteur de la Vieille-Garde ; et, leur faisant suite, après le Mouret, celles, aussi découpées, des Quartzophyllades et des Quartzites de la série inférieure de Six-Fours.
Aux Embiez, nous avons pu nous rendre compte de la position tectonique des Quartzites, au sein des Phyllades et Quartzophyllades inférieurs de Six-Fours. Ils affleurent, dans l'île, suivant une ligne sinueuse partant de la Pointe de Cougousset et allant vers le nord des Embiez.
Remarquant que cette structure du Paléozoïque des Embiez se rapproche de celle de Six Fours, M. le Professeur GOUVERNET dit, dans son étude, que cela conduit à rechercher le prolongement de la Faille de la Colle d'Artaud (F 5) entre les îles et le territoire du Brusc, mais que rien, au sud de cette localité, où pourtant affleurent d'une façon continue les Phyllades, ne révèle la présence de cet accident.
Et M. GOUVERNET en déduit que les unités tectoniques de la Lèque-du-Brusc et de Six-Fours se confondent au Brusc dans un même ensemble.
Je rappelle que la Faille de la Colle-d'Artaud (F 5) a été définie, lors de notre sortie du 27 mars dernier, au cours de laquelle j'ai montré qu'elle limite, au nord, le massif anticlinal de La Seyne, parcouru ce jour-là.
(Extrait du Bulletin N° 164 - Mai-Juin 1966).
Quelques notions géologiques et historiques à propos de l'église de Notre-Dame de Bon-Voyage à La Seyne, par P. REGAIGNON.
Cette église fait actuellement l'objet de travaux de réparation. Elle a été bâtie en 1674 sur la pente nord de la colline des Quatre-Moulins, dans la presqu'île de Sicié, sur un sol rocheux très dur de quartzo-phyllades.
L'église, vieille de près de 3 siècles, est particulièrement solide par suite de la résistance du sol, des qualités des fondations, du choix des matériaux utilisés. Les pierres de blocage ou d'appareils sont en calcaire du Muschelkalk et paraissent provenir d'une des carrières des terrains triasiques des quartiers de l'Évescat, Tamaris ou Balaguier. Pour les pierres d'appareils des piliers, des voûtes des nefs, des arcs et des ouvertures ogivales, nos aïeux choisirent la mollasse marine du Cap Couronne, près de Marseille, grès calcaire un peu marneux, à grain très fin encore recherché aujourd'hui et remontant au Miocène.
Au cours des travaux récents, un caveau funéraire a été découvert sous le maître-autel. Il contenait 8 squelettes humains. Il portait la date de 1686, ainsi que les armoiries de La Seyne : les 5 petits pains et les 2 poissons du miracle de J.-C. - Le mortier liant les pièces du caveau ressemble à celui employé pour la maçonnerie de l'église, très dur, non désagrégé par l'eau d'infiltration. Il semble que la chaux constituante s'apparente aux chaux hydrauliques modernes, qui ne sont pourtant entrées en pratique, d'après Villeneuve-Flayosc, qu'en 1835. Ces bâtisseurs du passé connaissaient donc déjà le moyen d'obtenir des chaux durcissant à l'eau, en choisissant dans les carrières locales « les pierres des calcaires marneux dont les lits séparent les bancs de calcaires purs ».
(Extrait du Bulletin N° 169 - Mars-Avril 1967).
Minéralogie varoise : Manganèse, Molybdène et Rhénium, par M. Paul REGAIGNON.
On connaît le Manganèse, aujourd'hui, un peu partout dans le Var. En Provence Cristalline : l'analyse chimique a révélé la teneur notable en oxyde manganeux des roches cristallines et cristallophylliennes ; en octobre 1966, nous avons signalé à la Société nos découvertes du Waad, dans les Maures, et à Sicié où il est particulièrement riche en Manganèse ; il est présent dans les terrains du Carbonifère et du Permo-Trias : le minerai de fer des Playes en contient 8,24 % en poids ;
(Extrait du Bulletin N° 189 - Juillet-Août 1970).
Pétrographie varoise : À propos des dacites permiennes, par M. Paul REGAIGNON.
Le tronçon de la route nationale N° 559 compris entre le passage à niveau de la Pyrotechnie et le port de Brégaillon est en cours d'élargissement. À cet effet, les bulldozers abattent les bancs de grès de l'extrémité orientale de la colline de Brégaillon et utilisent les sédiments permiens, ainsi abattus, pour remblayer les terrains de l'Hippodrome bordant la voie à élargir.
Cette colline se dresse au sud de l'Hippodrome et de la gare de La Seyne ; elle est séparée, par la voie ferrée de la S.N.C.F., des hauteurs de Saint-Laurent et de Piédardan qui surgissent, comme elle, au milieu de la plaine quaternaire qui s'étend au nord des collines de Phyllades de La Seyne et de Six-Fours. Ces trois hauteurs sont exclusivement permiennes, leurs bancs de grès pendent vers le nord, et ceux de Piédardan, la plus occidentale, s'enfoncent sous le Trias.
On sait depuis le forage exécuté, en 1920-21, près de la gare de La Seyne, pour la recherche du Carbonifère, que des dacites et des tufs dacitiques, qui ont été traversés sur plus de 200 mètres d'épaisseur, sont interstratifiés dans les grès permiens de Brégaillon. Ils affleurent nettement dans la tranchée creusée dans cette hauteur, avant ce forage, pour le passage de la voie du chemin de fer reliant les Chantiers à la gare de La Seyne ; mais, jusque-là, on les avait pris pour des grès très fins. C'est Pierre Termier qui a reconnu ces vulcanites parmi les carottes du forage. Et Léon Lutaud a relaté cette découverte dans sa thèse : « Étude tectonique et morphologique de la Provence Cristalline », (1924).
Après avoir longuement recherché, dans les Phyllades du massif de Sicié et dans le Permien de La Seyne et de Saint-Mandrier, les vulcanites primaires : dacites, rhyolites et basaltes, nous avons traité de ces roches dans les Annales N° 9, (année 1957), en citant les nombreux points de ces régions où nous avions reconnu leur présence.
Dans un chapitre de cette étude, réservé aux premières, où une coquille nous fait écrire : « Rhyolites » pour « Dacites », nous signalons la présence de celles-ci et de leurs tufs dans toute la colline de Brégaillon. Nous ne serions donc pas surpris en apprenant qu'ils ont été reconnus parmi les déblais de l'extrémité orientale abattue par les bulldozers. D'autre part, de nombreux points que nous signalons dans lesdites Annales sont aujourd'hui inaccessibles, et la mer a détruit la belle coulée que nous avions reconnue dans la falaise de la Renardière. On peut, sans doute, encore en trouver parmi les galets de la plage de la Coudoulière, à Saint-Mandrier.
Voici, d'après Pierre Termier, quelques renseignements relatifs à ces roches volcaniques. Il s'agit d'une Microdiorite quartzifère grise, à grain fin avec très peu de phénocristaux bien visibles, dans laquelle on aperçoit des taches noires et de petits cristaux de pyrite.
Au microscope, on y voit nettement des cristaux de quartz bipyramidés, rongés ou corrodés, des cristaux de plagioclases voisins de l'andésine et de l'oligoclase, aux formes peu altérées mais mal déterminées, et de rares lamelles de biotite.
Ces éléments sont enveloppés dans une pâte abondante, que P. Termier considérait, suivant la tendance manifeste de ces roches, comme un verre complètement dévitrifié. Les taches noires, fluidales, forment des paquets de fins cristaux de magnétite, associés à ceux de quartz et de feldspaths. Il s'agit, peut-être, de gouttes d'un verre plus ferrugineux, dévitrifié et emballé dans la masse de la lave.
Les tufs, très épais, ont à peu près la même couleur que la roche, dont ils contiennent les éléments, mais altérés, avec du quartz détritique ; le tout empâté dans une fine poussière volcanique, mêlée de calcite secondaire et de chlorite.
(Extrait du Bulletin N° 198 - 1er trimestre 1972).
Décès de Paul REGAIGNON. Le Président MARVILLE ouvre la séance à 9 heures, à la salle Mozart, devant un nombreux public. Il fait part, avec émotion, du décès le 1er avril, de M. Paul REGAIGNON, membre d'honneur et l'un des doyens de notre société. Ancien ingénieur des travaux au F.C.M. de la Seyne et géologue éminent, il publia, dans nos Annales, de nombreux travaux sur la bauxite, les principaux gîtes métallifères du Var et la formation géologique du Cap Sicié ; homme affable, il n'hésitait pas à faire partager son savoir parmi nos membres, et seul le poids des ans l'éloigna de nous. De nombreux membres, dont le Président et le Prof. Gaignebet assistaient aux obsèques. La Société toute entière renouvelle à sa famille ses sincères condoléances.
(Extrait du Bulletin N° 229 - 2e trimestre 1981).
Sortie minéralogique au Cap Sicié, le 17 mai 1981, par M. MARVILLE.
Cette sortie, en matinée, à laquelle participaient une quinzaine de membres, visait, dans la partie sud de la presqu'île de Sicié, la « Fosse », faille débouchant au N.-O. de la pointe de Mal Dormi, sur la calanque du même nom. La presqu'île de Sicié, au sud des Playes et de La Seyne, est un reliquat, au même titre que les Maures et l'Estérel, la Corse et la Sardaigne, les Baléares, d'un continent primaire (3 à 4 millions d'années), occupant la Méditerranée occidentale actuelle, la Tyrrhénide, effondré à la fin du tertiaire ; au moment de l'orogenèse hercynienne, roches et sédiments, soumis à de fortes pressions et à la chaleur, se sont fortement plissés et métamorphosés, donnant phyllades et schistes ; en allant des Lèques à la pointe de l'Éperon, on rencontre des schistes verts à sills de dolérite et intercalation de quartzite ou des schistes sériciteux lardés de quartz, le Houiller est représenté, au-dessus du grès rouge permien, par des schistes argileux renfermant des bancs ferrugineux de 10 à 20 cm d'épaisseur. Sur le sentier raviné descendant vers la calanque, les participants purent voir ainsi une ancienne mine de fer (puits et terril) et recueillir dans les déblais des échantillons de quartzite et de pegmatite avec de jolis et nombreux encroûtements de pyrite, plus rares de chalcopyrite, hématite et malachite ; par un petit sentier douanier très agréable, quelques sociétaires allèrent à la pointe même de Mal Dormi portant vestiges de casemates de la dernière guerre, pendant que les autres se détendaient sur la plage où, dans le sable on pouvait, avec un aimant, récolter une fine poussière d'hématite. Après un difficile retour sur la route, on alla pique-niquer au Mont-Salvat, près du Brusc, dans un bois ombragé.
(Extrait du Bulletin N° 229 - 2e trimestre 1981).
Trois roches repères de la région toulonnaise : les quartzites de Six-Fours, les arkoses et les phtanites de Sicié, par M. GADÉA.
Au cours de la sortie du 20 mars, une région très diversifiée géologiquement a été traversée. Trois niveaux repères utilisés par le professeur GOUVERNET sont ici, à nouveau, présentés :
- En montant à la Collégiale le passage des quartzophyllades aux quartzites de Six-Fours se fait insensiblement. Dans cet ancien grès siliceux, le ciment a recristallisé autour des grains de quartz et plus rien ne rappelle l'ancienne structure. Très résistante à l'érosion, cette roche est restée en relief dans le paysage. Elle n'est probablement pas étrangère à la circulation d'eau qu'il faut drainer à l'intérieur de l'église.
- Les arkoses recouvrent en discordance les quartzophyllades des Playes et de la Pointe de Sicié. Ce grès feldspathique conserve les caractères de ses composants originels. C'est une roche qui provient du démantèlement d'un continent où les différents fragments des roches-mères sont disposés dans un ordre quelconque.
- Les phtanites sont présents dans l'ensemble des massifs hercyniens de la région toulonnaise. Une boue siliceuse (plus ou moins riche en radiolaires), indurée par diagenèse, a acquis des particules de graphite au cours du métamorphisme. La schistosité fruste de cette roche serait à l'origine de son appellation.
Ensuite, dans un enchaînement de diapositives illustrant les dernières sorties M. GADÉA a su réaliser un heureux mariage entre la géologie, l'histoire et l'esthétique.
(Extrait des Annales N° 40, fascicule 2 - 1988).
(Extrait des Annales N° 46, fascicule 1 - 1994).
(Extrait des Annales N° 49, fascicule 3 - 1997).
(Extrait des Annales N° 52, fascicule 2 - 2000).
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