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Quelques textes d'Henri TISOT (1937-2011)
Comédien, acteur de théâtre et de cinéma, écrivain, né à La Seyne, ancien élève de Marius Autran, ami de la famille Autran


En complément de la section du "Forum" de mon site internet consacrée à mes souvenirs d'Henri TISOT, voici, par ordre chronologique, quelques textes signés Henri TISOT et quelques interviews où il exprime ses idées. Un certain nombre ont été publiés sur son blog - et je les ai sauvegardés, dans la crainte que ce blog ne se ferme un jour ou l'autre. D'autres m'avaient été confiés directement par Henri. 

Rencontre avec Henri Tisot, De Marcel Pagnol à Jésus Christ
Pas de fruit sans arbre
Révélations sur le drame des tours de Manhattan
Françaises, Français, ne tuons pas de Gaulle une deuxième fois
A Marius Autran, notre maître
Du plomb dans l'aile
Henri et les peintures de son père : Félix Tisot, le dernier impressionniste
Aux armes, citoyens !…
Préface de l'Histoire de la Philharmonique La Seynoise
Quelques citations relevées dans les textes d'Henri Tisot

Textes et autres documents extraits du blog d'Henri Tisot

Ma rencontre avec le Général de Gaulle
L'enterrement de De Gaulle à Colombey-les-Deux-Eglises
Les arrière-pensées d'Henri Tisot
Le scandale Renault
Lettre-préface de Maurice Druon
Henri Tisot, la vie après de Gaulle
Henri Tisot, devant les peintures de son père. Une exposition lui est consacrée à Toulon jusqu'au 26 juillet.éL’hommage d’Henri Tisot à Ginette Garcin, son amie
Révélations sur le drame des tours de Manhattan
Lettre à Brigitte Bardot
De Gaulle parle aux français depuis le paradis
La globalisation
La soi-disant laïcité, jamais appliquée
A propos de DSK
Henri Tisot chez lui






Rencontre avec Henri Tisot, De Marcel Pagnol à Jésus Christ, de Evelyne Sellés-Fischer (juin 2000) [Texte toujours accessible sur internet]

Henri Tisot vient de publier Le rendez-vous d’amour (Cerf), où il nous fait cheminer tout au long des Ecritures. Il nous reçoit chez lui pour parler de ce livre.
 
Henri Tisot nous reçoit avec l’extrême gentillesse qu’on lui connaît, et jamais il n’est avare de son temps. Né à La Seyne-sur-mer, il fréquente l’école laïque bien qu’élevé, par sa grand-mère très croyante, dans la religion catholique. Il reste d’ailleurs très reconnaissant envers cette école laïque. Le papa, trop tôt disparu, était boulanger et peintre plus qu’à ses heures. Des affiches chez son fiston témoignent de nombreuses expositions. La maman est toujours là, prévenante : « M’man, tu nous fais un café ? » crie Panisse, pardon, Henri.
Celui qu’on a connu imitant (si parfaitement) le Général De Gaulle, vient en effet d’interpréter le rôle de Panisse dans la trilogie de Marcel Pagnol récemment passée à la télévision : Marius, Fanny et César. Un César interprété par Navarro. J’ai nommé Roger Hanin. Et Henri Tisot de s’interroger : « Quand j’ai laissé tomber l’imitation du Général, c’était comme un appel du Christ à étudier les textes. Maintenant, avec ce film… et si ça marche... qu’est-ce qui va se passer ? Est-ce que ce n’est pas là le signe qu’il faut que j’arrête et que je refasse le comédien ? C’est peut-être le Christ qui me fait signe que ça suffit?»
Après La Rencontre (aux Presses de la Renaissance) où déjà il étudiait la Bible « à la lettre », il publie aujourd’hui aux Editions du Cerf, Le rendez-vous d’amour (préfacé par le philosophe protestant Paul Ricoeur), où il va cheminant à travers les Ecritures, sur les traces des lettres hébraïques, judaïques, pour y puiser le sens profond, caché. Un étrange Père Albert lui sert de guide. Ce rendez-vous sera, comme vous le ressentirez à la lecture de ce livre, tantôt celui entre le «Premier Testament» comme dit Henri Tisot (qui se refuse de parler d’Ancien Testament) et le Nouveau, tantôt le rendez-vous entre juifs et chrétiens. En tout cas, un rendez-vous à ne pas manquer au propre comme au figuré.

Evelyne Sellés-Fischer. Vous dites qu’il faut se battre contre l’antisémitisme, que l’antisémitisme n’est pas mort.
Henri Tisot. Oui, l’Eglise catholique se leurre. Jean-Paul II est à la tête de l’Eglise. Mais je ne suis pas sûr que les orteils suivent les traces de la tête… Il faut suivre les traces du Christ qui est juif. Il est venu dans la chair juive, parce qu’il avait vu que les juifs avaient déjà fait la moitié du chemin : ils étaient monothéistes. Il faut donc se poser les vraies questions sur la judéité du Seigneur. Jean-Paul II, le Très Saint Père, a tout résumé en disant qu’ «on ne peut pas être chrétien et antisémite». Un juif est quelqu’un de la race de notre Dieu. «Le salut vient des juifs», disent les Ecritures. Le salut, en hébreu, se dit Jeshua, Jeshua: Jésus. Jésus vient des juifs.
Vous parlez beaucoup de «traces» dans ce livre. Quelle est l’importance des traces?
Depuis trente ans, j’étudie l’hébreu. De Gaulle et Panisse, c’est mon paravent. Derrière, il y a Henri Tisot. Quand je raconte qu’après le Théâtre de Dix Heures (où il imitait le Général), j’allais au Louvre voir le Père Albert, gardien du musée, ce Père Albert est un conglomérat de tous ceux qui m’ont appris toutes sortes de choses. Notre tête est une tirelire où l’on entasse des trésors dont plus tard on fait des livres. Un jour, à la télévision, j’ai vu Paul Ricoeur. Il parlait de traces: «Nous n’avons aucune autre espèce d’accès au passé que des traces. Il faut que quelqu’un les lise, c’est-à-dire retrouve derrière ces traces la mémoire de ceux qui ont laissé des inscriptions. Ils ont essayé de lutter contre l’érosion du temps en préservant ces traces. C’est ça la fidélité fondamentale d’une mémoire qui est l’exactitude». (Paul Ricoeur). D’analogie en analogie, on suit des traces que l’Eglise n’a pas suivies! Comment les bergers ont-ils su que Jésus naîtrait à Bethléem alors qu’il venait de Nazareth? Parce qu’ils ont suivi des traces: ils étudiaient la Torah, les textes.

Donc les chrétiens ne cherchent pas assez? La connaissance est nécessaire à la foi?

Absolument. Les musulmans ne lisent pas non plus leur Coran, ni les juifs leur Torah (souvent, lorsque je vais dans une synagogue, les juifs s’étonnent: «Il sait plus de choses que nous!»)… et les chrétiens ne connaissent pas leurs Evangiles. Dans mon livre, lorsque je parle de foi, le Père Albert demande: «La foi en quoi?» et quand je lui répond : «En Christ», il me dit: «Mais vous ne le connaissez pas!» Jean le Baptiste aussi disait : «Quelqu’un que vous ne connaissez pas…» Les chrétiens, l’Eglise, ne connaissent pas Jésus «lumière du monde», qui est là pour nous faire étudier. Car, comme dit Le Zohar, «chaque mot de la Bible cache un mystère». Regardez la multiplication des pains, je l’explique dans le livre et je ne le fais pas à partir de la symbolique des chiffres et des lettres hébraïques (la guematria). Je m’interroge simplement sur le pourquoi des cinq pains et deux poissons. C’est deux poissons, pas trois poissons. De même pour les 153 poissons de la pêche miraculeuse. De même pour le baptême. L’eau, symboliquement, c’est la spiritualité. Le baptême plonge dans l’eau, donc dans la spiritualité. «Il n’y a d’eau que de Torah», disent les textes anciens. Le symbole nous apparaît tout simple, tout bête parfois. Quand on a cherché et trouvé! Mais quand c’est trop simple, les gens ne croient pas. Si le Christ revenait, on n’y croirait pas!

Votre recherche se fait également à partir du monde des sciences ?

Oui, la théorie des quantas, par exemple. Tous les savants recherchent les traces de notre origine. Aujourd’hui on parle de «traçabilité» à propos de l’alimentation, pour ne pas s’empoisonner physiquement. Pour ne pas s’empoisonner intellectuellement, il faut aussi passer par la «traçabilité». En tout cas, le Christ a pris nos péchés sur Lui et nous sommes des hommes propres. Certes nous péchons chaque jour. Et chaque jour il nous lave de nos péchés.

Il y a également cette trilogie de Pagnol récemment passée à la télévision …

Ce fut aussi un rendez-vous d’amour. C’est amusant, Roger Hanin se présente parfois comme plus chrétien que juif, et moi, comme le chrétien le plus juif du monde après Jésus-Christ (Rire).






Pas de fruit sans arbre (texte dactylographié qu'Henri m'avait communiqué le 21 août 2001)

Du fait d’une certaine célébrité qui auréolait ma carrière, du jour où l’on a appris que j’étais croyant, le public a cru que le Bon Dieu m’était tout à coup tombé sur la tête et en a conclu à une conversion.
Je ne me considère pas comme étant un converti et je crois plutôt que Dieu m’avait désigné dès le ventre de ma mère. « N’est-ce pas moi qui vous ai choisi ? » dit Jésus à ses disciples. Sur le chemin du Christ j’ai cheminé pas à pas, et ce n’est que bien plus tard en me retournant en arrière pour voir d’où je venais que j’ai peu à peu pris conscience que la route que j’avais suivie avait été tracée pour moi à mon insu. De toutes les façons, je n’avais guère le choix avec une grand’mère qui s adonnait avec ferveur au prosélytisme et qui conduisait de gré ou de force toute la famille à l’église à l’exception de son mari communiste invétéré. N’était-ce pas la Providence qui l’avait placée à mes côtés ?
Tout jeune, très vite je me suis senti « à part », à part des autres à cause d’un sérieux embonpoint dont les sucreries de la pâtisserie familiale étaient cause et qui avaient fait de moi la risée de mes petits camarades. Je suis né en 1937.
Et voilà qu’un jour de 1943, les nazis « ramassent » deux de nos proches voisins, Simon, le père (47 ans) et Maurice, le fils (14 ans) parce qu’ils étaient juifs, bref, des gens à part... eux aussi. Dès cet instant, je deviens juif dans ma tête ce qui me permet de troquer le comique de mes kilos en trop contre le tragique qui mène - je ne le sais pas encore - à Auschwitz.
Ce petit garçon qui s’appelle Henri Tisot va mettre un certain temps à apprendre que ce Jésus devant qui sa grand-mère le conduit à l’église est juif lui aussi et donc « à part ». Et il en conclura que les nazis n’ont pu le « ramasser » du fait qu’il était cloué sur la croix.
Toujours est-il, que, bien que beaucoup de choses se mélangeassent dans la tête du jeune Henri Tisot parvenu à 17 ans à Paris, le problème soulevé par l’identité juive de ce Jésus qu’il considérait comme étant Dieu n’allait plus jamais le quitter. Et ce, tant à l’époque où il était élève de Beatrix Dussane au Conservatoire de Paris, ou bien Pensionnaire de la Comédie Française, ou encore imitateur du général de Gaulle dans les music-halls parisiens, ou alors héros d’un des premiers feuilletons télévisés « Le Temps des Copains », ou bien encore durant toute sa longue carrière à la fois théâtrale et télévisée.
Au cours des multiples avatars de sa vie professionnelle, il consulte pour des problèmes vocaux le professeur Tomatis, spécialiste de l’écoute humaine, qui lui fait prendre conscience de l’absolue nécessité d’éradiquer les idées reçues qui se révèlent fausses. Elles diffusent l’erreur d’une manière endémique et la langue hébraïque considérée comme originelle pourrait en être le contrepoison grâce aux messages de vérités intrinsèques qui font son apanage. Le professeur Tomatis plonge Henri Tisot dans les arcanes de cette langue considérée par les rabbins comme la langue des anges. Il s’agit selon Henri Tisot d’un baptême auquel feraient bien de se soumettre tous les séminaristes de la terre dans la mesure où leur amour pour Jésus les incite à pénétrer l’Intimité de leur Créateur. Toute sa vie durant et jusqu’à ce jour, la pensée d’Henri Tisot demeurera hantée et entée sur le fait capital à ses yeux que le Dieu des chrétiens est juif !
Bien plus que de long discours, cette phrase de Ronald Knox, pasteur anglican, fait la synthèse du délicat problème de la judaïcité de Jésus vis à vis des chrétiens :
« S’il est étrange que Dieu ait choisi les juifs, n’est-il pas plus étrange encore que nous, nous ayons choisi le Dieu des juifs tout en rejetant les juifs ? »
Aujourd’hui, j’ai le sentiment que toutes les repentances du monde en ce qui concerne le peuple juif ne peuvent pas résoudre grand chose tant que l’on ne prendra pas en compte les magistrales déclarations dont le pape Jean-Paul II s’est fait le héraut :
« En réalité, on ne peut exprimer pleinement le mystère du Christ sans recourir à l’Ancien Testament (la Torah). L’identité humaine de Jésus se définit à partir de son lien avec le peuple d’Israël, avec la dynastie de David et la descendance d’Abraham (...). Priver le Christ de son rapport à l’Ancien Testament, c’est donc le détacher de ses racines et vider son mystère de tout sens. En effet, pour être significative, l’incarnation a eu besoin de s’enraciner dans des siècles de préparation. Autrement le Christ aurait été comme un météore tombé accidentellement sur la terre et privé de tout lien avec l’histoire des hommes (…). L’Église a vu les Écritures juives comme Parole de Dieu éternellement valable, adressée à elle-même comme aux enfants d’Israël (...).
Vous êtes appelés à aider les chrétiens à bien comprendre leur identité. Une identité qui se définit avant tout par la foi au Christ, fils de Dieu. Mais cette foi est inséparable du rapport à l’Ancien Testament, du moment que c’est une foi dans le Christ « mort pour nos pêchés, selon les Écritures » et ressuscité... selon les Écritures » (Co 15, 3- 4). Le chrétien doit savoir que, par son adhésion au Christ, il est devenu « descendance d’Abraham » (Ga 3,29) et qu’il a été greffé sur le bon olivier (cf. Rm 11, 17, 24), c’est à dire inséré dans le peuple d’Israël pour être « participant de la racine et de la lymphe de l’olivier » (Rm 11, 17). S’il possède cette forte conviction, il ne pourra plus accepter que les juifs en tant que juifs soient méprisés ou, pire, maltraités ».
Discours de Jean-Paul II du 11 avril 1997 devant la Commission biblique pontificale.
On peut regretter que l’Église de France n’ait pas suffisamment diffusé ce message capital, par le fait qu’il eût sans doute fallu qu’elle en ingurgitât le substrat avant ses fidèles. Si l’Église est et se doit d’être catholique, apostolique et romaine, nous ses fidèles, qui constituons son corps, devons nous mettre en conformité avec cette mission apostolique en nous « naturalisant » juifs. Faut-il rappeler que tous les apôtres étaient juifs ?
Jean-Paul Il semble bien conscient du problème qui constate au cours du discours que je viens de citer, que : « cependant, ce qui se vérifie le plus fréquemment, c’est l’ignorance des profonds rapports qui lient le Nouveau Testament à l’Ancien, ignorance d’où découle chez certains l’impression que les chrétiens n’ont rien en commun avec les juifs ».
Prenons pour exemple le miracle de « la multiplication des pains » qui est mentionnée dans chacun des quatre Evangiles. Jésus nourrit la foule évaluée à 5000 hommes avec seulement cinq pains et deux poissons empruntés à un enfant. Après que tous ont mangé a satiété, on recueille les restes et on remplit encore douze couffins avec les morceaux qui restaient du repas des cinq pains d’orge «afin que rien ne soit perdu » dit Jésus dans l’Evangile de Jean.
En tant que chrétien, je crois au miracle et ma conviction est que, des mains du Seigneur les pains et les poissons se sont réellement démultipliés, mais ne dois-je pas me demander du même coup à quoi font allusion ces cinq pains (et pas deux, ni trois, ni douze, ni quinze ou vingt), mais cinq, oui cinq, pas un de plus, pas un de moins dont le Seigneur a eu besoin pour accomplir son miracle ? Et de même, que sont donc censés représenter les deux poisons qui les accompagnent ? Et aussi pourquoi après que la multiplication a eu lieu, les restes de pains et de poissons s’entassent-ils dans douze couffins pleins à craquer, couffins pouvant être déplacés grâce aux anses qui servent à les porter ? Le moindre détail des paraboles a son importance pour celui qui s’y intéresse. A nous d’être fidèles au contenu des paraboles de Jésus qui parle expressément « aux foules en paraboles, et il ne leur parlait point sans paraboles (Matthieu XIII-35). »
Mais dans la mesure où l’on est incapable de décrypter ces symboles, et par conséquent d’en découvrir le sens, alors, le Seigneur peut bien s’époumoner et « debout, lancer à pleine voix : ‘Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive, celui qui croit en moi !’ selon le mot de l’Écriture : ‘De son sein couleront des fleuves d’eau vive’ (Jean VII - 37,38) », ses objurgations, hélas ! ne serviront à rien.
Alors, en désespoir de cause, une idée assez logique m’est venue à l’esprit : étant donné que Jésus est Dieu, avait-Il réellement besoin de descendre physiquement jusqu’à nous pour accomplir ses miracles ? Le pain étant venu à manquer dans telle ou telle région, du haut du ciel, d’un geste de la main, n’aurait-Il pas pu déclencher « la multiplication des pains et des poissons » ? Mais pourquoi donc a-t-Il cru bon de « se faire chair » pour venir parmi nous exécuter « la multiplication des pains » à partir de cinq pains et deux poissons détenus par un enfant qui faisait partie de l’assemblée ce que signale André le frère de Simon-Pierre ?
Ma réponse, c’est que Jésus avait la ferme intention de nous faire saisir certaines choses essentielles à ses yeux, a savoir que les cinq pains en question sont représentatifs des cinq livres de la Torah qui composent le Premier Testament parfois dénommé Pentateuque (signifiant en grec : cinq rouleaux), et ce, afin que nous nous révélions, nous chrétiens, en conformité avec le commandement édicté par le Deutéronome qui est le cinquième livre de la Torah : « L’homme ne se nourrira pas seulement que de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Deutéronome VIII-3). »
Alors, on se réjouira qu’un enfant de l’assemblée qui assiste au miracle de « la multiplication des pains » soit lui-même en possession de ces cinq pains qui représentent la Torah, car cela signifie que, dans la mesure où un seul enfant au monde demeure en possession de ces cinq livres, les générations à venir pourront encore se nourrir de cette Parole de Dieu qui a déjà rassasié leurs pères depuis deux millénaires au moins avant la venue du Christ.
Quant aux deux poissons, ils sont représentatifs des deux Testaments, le Premier et le Nouveau. Ainsi, dit le Seigneur : « tout scribe devenu disciple du Royaume des Cieux est semblable à un propriétaire qui tire son trésor du neuf et du vieux (Matthieu XIII-52). » Et dès lors que les deux Testaments sont étudiés et confrontés l’un à l’autre, ils font apparaître afin de le mettre en exergue ce fait historique que Jésus proclame Lui-même : « N’allez pas croire que je sois venu abolir la Torah (le Premier Testament) ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir (Matthieu V-1 7). »
Les douze couffins pleins de restes de pains (de Parole divine) et de poissons (d’analogies entre les deux Testaments) symbolisent les douze disciples analogues aux douze tribus d’Israël. Les couffins sont en principe munis de anses pour être déplacés. Ils indiquent aux douze disciples, qu’ils vont devoir parcourir les nations pour évangéliser la terre comme le leur recommande Jésus :
« Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous pour toujours Jusqu’à la fin du monde (Matthieu XXVIII-19,20). »
Chacun des symboles contenus dans la parabole de « la multiplication des pains » démontre avec concision l’ancrage de la Mission du Christ dans l’Ancien Testament que je préfère dénommer Premier puisqu’il a toujours cours, et cela prouve, si besoin était, que les paroles du pape Jean-Paul II citées plus haut sont en totale adéquation avec la divulgation de ces symboles.
A partir de cette courte démonstration peut-on en déduire que l’on n’est pas véritablement chrétien si l’on n’a pas notion de ce que je viens d’expliciter ? Je ne me hasarderai pas, bien sûr, à répondre par l’affirmative, car votre humble serviteur, à qui le Seigneur a fait la grâce d’ouvrir l’esprit à la connaissance des paraboles, se sent bien indigne de se déclarer pour autant véritablement, authentiquement chrétien. En effet, ce n’est pas parce que les paraboles se découvrent à moi que, disons-le, je suis enclin à faire les œuvres qu’elles réclament. Certes, je suis devenu « un pêcheur d’hommes ». C’est ce que Jésus fait de ses disciples : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes (Matthieu IV-19) ». Mais je dois bien avouer que les œuvres que je fais ou plutôt que je ne fais pas, ne sont guère en rapport avec mes découvertes en ce qui concerne les Textes évangéliques. Serais-je un exégète bien plus qu’un croyant ?
Eh bien, je suis ce que le Seigneur a bien voulu faire de moi et je me garderai donc bien de m’interposer en donneur de leçons. En revanche, que l’on me permette de dire que si l’on ne s’intéresse pas vraiment aux Evangiles et aux Paroles édictées par Jésus tout au long de son parcours terrestre, je me demande bien alors pourquoi Il est descendu parmi nous, « a souffert sous Ponce-Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli ; est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts ; est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout puissant ; d’où il viendra juger les vivants et les morts », comme me l’a inculqué le credo de la religion chrétienne que ma grand mère m’a transmis ? ? ? Et j’ose crier d’un ton impérieux :
Ignorer les Evangiles c’est ignorer Jésus.
Alors, une question se pose, la seule à mes yeux, en ce qui concerne la véracité du christianisme voulu par Jésus :
peut-on être vraiment chrétien sans se faire « naturaliser » juif ?
Ma réponse est impérative, c’est non ! Mais qu’importe aux yeux du monde, et même de la majorité des chrétiens, ma pauvre certitude ? Il faudrait que je sois bien prétentieux, ce que le Christ m’interdit d’être, pour subodorer que ce que j’énonce ait de l’effet. Le pape lui-même, n’est pas a même de convaincre une bonne partie de ceux qui devraient hiérarchiquement le suivre. Mieux vaut - cela ne dérange personne - en rester où nous en sommes, ce que dénonce avec talent François Taillandier dans un livre de 80 pages « Les parents lâcheurs » (Collection Colère, éditée par Jean-Marc Parisis aux Editions du Rocher). Il nous donne une image dans laquelle je ne veux certes pas noyer toute la jeunesse d’aujourd’hui, mais qui résume en tous cas la situation à laquelle elle est confrontée :
« Pâques 2000. Je suis à table avec les enfants lorsque la question surgit, posée par l’un des garçons: ‘Mais c’est quoi, au juste, Pâques ?’ Fanny, l’aînée, répond : ‘La crucifixion de Jésus et sa résurrection.’ Du coup, je demande à Antoine et à Louis : ‘Au fait, que savez-vous de Jésus ? C’était qui ?’ Les réponses me consternent. Ou plutôt leur absence. Une idée vague. Très vague. Plus que vague. Ils ont dix ans et savent tout des Pokémons, de Supermario, et des personnages de Charmed ou de South Park, mais rien de Jésus. J’en suis le premier responsable.
Je ne suis pas croyant, je le précise pour clarifier, et j’ajoute que la question n’est pas là. La question, c’est qu’il faut connaître le christianisme. Notre société ne peut pas se permettre de l’ignorer ou de le laisser ignorer. Matrice culturelle, principe constituant de notre civilisation, même traduit en termes laïcs, il est la source de tout ce que nous pensons sur l’être humain (...).
Sous prétexte que j’ai choisi, moi, de m’en éloigner (choisi ! ou cru choisir, parce que c’était dans l’air du temps), j’aurais le droit d’en priver délibérément ceux qui suivront - tout simplement ‘en ne leur en parlant pas’ ? Et c’est là que je constate et que j’affirme, notre immense (ir)responsabilité. Je sais bien que toute référence au catholicisme est en train de devenir suspecte dans ce pays, pour des raisons sur lesquelles il faudrait d’ailleurs s’interroger. Eh bien, il y a d’autres faits que je trouve, moi, suspects : Je passe devant une école ; les baies vitrées sont décorées de citrouilles et de sorcières, à l’occasion de Halloween. Si une école publique fêtait Pâques ou l’Ascension, ou le Nouvel An juif, on entendrait, à juste titre, des protestations. Mais personne ne proteste quand l’école laïque officialise une fête imposée par le système marchand, d’une part, - tout le monde le sait, cela a été proclamé sans vergogne par ceux qui l’ont lancée - et, d’autre part, reposant sur le paganisme. Qui n’est évidemment pas l’athéisme, qui n’est évidemment pas la laïcité. Tout le monde s’est soumis à Halloween comme au reste ? Bien. Alors moi, j’ai le droit de penser et de dire que l’Ancien et le Nouveau Testament sont plus importants pour l’être humain que cette putain de fête vulgaire, creuse et d’ailleurs d’un goût à chier. »
Je partage bien évidemment les propos de François Taillandier, ‘à cette différence près qu’à son inverse, je suis croyant. Et à ce titre, je m’interroge, et j’en viens à me demander au cours des pérégrinations de ma pensée, si, pour se considérer chrétien, il est absolument utile, nécessaire, indispensable, d’en connaître plus que les enfants de François Taillandier et s’il est obligatoire, comme je l’ai soutenu plus haut, de se mettre avec acharnement au courant des dires et des gestes du Christ consignés dans les quatre Evangiles comme je tente de le faire moi-même avec une certaine obstination ?
Je me pose cette question car elle détient tout l’avenir de l’Église et je tiens à la développer avec une honnête impartialité.
En effet, parmi ceux que l’on assimile à de vrais chrétiens et qui en donnent la preuve éclatante en se conduisant comme tels, nombreux sont ceux qui ne connaissent ni A ni B des Écritures. Je serais, moi, tenté d’affirmer si je m’en réfère à mon intime conviction, qu’ils ne sont en fait que les adeptes d’un nouveau veau d’or qu’ils osent dénommer Christ, lequel forgé de toutes pièces par l’imagination bonimenteuse de chrétiens ignorants, se trouve à présent enseveli par des siècles de dit-on alluvionnaires et englué dans la guimauve comme un pauvre oiseau dans le mazout.
- « Mais puisque ces gens-là font le bien, me rétorque-t-on. Que veut-on de plus ? » Ce à quoi je répète pour soutenir la thèse que j’ai à cœur ce que j’ai déjà explicité plus haut :
- « Mais à quoi sert alors que le Seigneur Jésus soit venu nous confier ses Paraboles si ce n’est dans le but que nous les divulguions ?
Et s’il vous plaît, pourquoi donc le Seigneur aurait choisi douze disciples dont trois ont transcrit ce qu’ils ont vu et entendu, et un quatrième a consigne tout ce qu’on lui a assuré concernant le Seigneur ? Oui, à quoi servent donc les quatre Evangiles s’ils ne sont pas lus et étudiés afin d’être divulgués et médités ? Oui, à quoi bon tout cela ? A quoi bon la venue sur terre de Jésus et toutes les souffrances qu’Il a subies parmi nous et pour nous, puisqu’il n’est absolument pas nécessaire de connaître ni sa trajectoire, ni Ses gestes, ni Ses Paroles, ni les Mystères qu’Il a confié à son Église, et que selon ce que l’on me soutient l’on peut tout à fait être chrétien sans rien connaître des Écritures, la foi étant suffisante nous dit-on pour susciter les œuvres ? Mais la foi en qui ? en quoi ? en quelqu’un que l’on ne connaît pas et que l’on ne cherche pas à connaître ?
Ce qui est certain c’est que l’on n’oserait certes pas se déclarer médecin sans avoir étudié la médecine. De même on ne pourrait se définir comme étant mathématicien si l’on ne s’intéressait pas aux chiffres. Mais en revanche l’on peut se proclamer chrétien sans avoir aucune connaissance des Écritures. Plus besoin des Écritures pour être chrétien, puisque pour l’être, il suffit d’accomplir les œuvres...
Mais alors...
Mais alors, dites donc, s’il en est ainsi : plus besoin de l’Église ! il pourrait en fait n’être plus question du tout de l’Église mais seulement d’humanisme ! d’humanisme tout simplement ! c’est bien suffisant pour accomplir les œuvres. Plus besoin des églises de n’importe quelle obédience quelle qu’elles soient, plus besoin de l’Église chrétienne, apostolique et romaine ! Non, plus besoin du tout.
Et c’est cela précisément que tant de gens souhaitent alléguant les erreurs passées de l’Église pour mieux faire oublier les leurs. Vous voyez bien qu’Halloween suffit amplement, et Walt Disney avec, pourquoi se compliquer la vie ? D’autant que, comme dit François Taillandier, cité plus haut « toute référence au catholicisme est en train de devenir suspecte dans ce pays, pour des raisons sur lesquelles il faudrait bien s’interroger ». Pour ce qui me concerne, justement, je m’interroge !
Plus besoin d’Église pour faire le bien, plus besoin de personne et même pas du Christ ! Mais voilà ce que veut le monde et ce à quoi il parvient aidé en cela par certains chrétiens qu’il travaille à supprimer.
Je reprends les termes de François Taillandier tout en soulignant à nouveau qu’il n’est pas croyant tandis que je le suis, ce qui m’invite à voir les choses d’une autre manière que la sienne. Il définit ainsi le christianisme :
« Matrice culturelle, principe constituant de notre civilisation, même traduit en termes laïcs, il est à la source de tout ce que nous pensons sur l’être humain. Je n’affirme pas ici une quelconque supériorité du christianisme Je dis que c’est ce que j’ai reçu, moi, d’une expérience humaine bimillénaire ; c’est la contribution à l’humanité moderne qui a été déposée en mes mains. »
Oui. Mais ne convient-il pas de spécifier qu’il ne faut surtout pas confondre le christianisme avec son résultat, son fruit ? Cette « matrice culturelle » dont parle François Taillandier n’est rien d’autre que le fruit de 2000 ans de travaux ayant parfois réussi, parfois capoté, s’étant parfois édifiés en accord avec les dogmes de l’Église, parfois allant à son encontre, mais toujours est-il que le résultat est là, et cette « matrice culturelle » n’est qu’un fruit, le fruit d’un arbre qui est lui la matrice cultuelle et dont le nom est christianisme ! Le christianisme c’est l’arbre, la matrice cultuelle, qui a donné naissance au fruit qui lui, n’est que la matrice culturelle.
D’où l’absolue nécessité de se référer aux Écritures dont il faut avoir une impérative connaissance pour accomplir les œuvres dont nous sommes redevables à l’arbre, l’arbre de la croix, l’arbre de la Vie : Jésus le Christ !
Et si l’on ne veut pas que Ses œuvres soient confondues avec celles de l’humanisme (respectable ô combien !), il faudra bien que nous chrétiens fassions la distinction entre le christianisme, l’arbre et l’humanisme, son fruit.
« C’est au fruit que l’on reconnaît l’arbre (Matthieu XII-33) » dit Jésus.
Mais pour reconnaître l’arbre, il ne faut pas le confondre avec son fruit !
C’est à ce prix que l’Église perdurera dans les siècles à venir, ce dont, dans sa mansuétude elle ne semble pas avoir bien pris conscience. Si cela était, elle inviterait ses ouailles à se plonger... se plonger ! dans les Écritures tant du Premier que du Nouveau Testament, pour qu’elles prennent réellement connaissance, par ce baptême revigorant de ce qu’est intrinsèquement leur religion :
LE CHRISTIANISME.
Nous disons à l’Église : « Seigneur, je ne suis pas digne de Te recevoir, mais dis simplement une Parole et je serai guéri ! »
Encore faut-il que nous la recevions cette Parole que Jésus nous a confiée voilà déjà 2001 ans, encore faut-il que l’entendions cette Parole, et surtout que nous consentions à nous soumettre ‘à sa manducation lors de la communion afin de participer en plénitude au corps et au sang de Notre Seigneur Jésus-Christ en ne faisant plus qu’UN avec Lui. UN et NU n’est-ce pas la même chose ? :
« Le Verbe s’est fait chair - NU - Il s’est revêtu de lettres :
c’est l’Écriture ! ».
Henri TISOT.

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Révélations sur le drame des tours de Manhattan

Le 1er octobre 2001, peu de temps après les évènements du 11 septembre, Henri me dit : « je joins ce texte que je viens de composer et qui concerne Babel et Manhattan ».

Faut-il croire à la gratuité des coïncidences ? Louis Pauwels parlait de « coïncidences abusives ». Convient-il, lorsqu'elles se dévoilent, d'en tirer des leçons ou bien encore des conclusions ?

Qui n'a pas fait coïncider dans sa tête l'attaque de la tour du World Trade Center (Centre Commercial du Monde) qui a eu lieu le 11 septembre 2001, c'est à dire le 11.09. avec l'événement biblique de la tour de Babel ?

Or, si, Bible en main, on se reporte au 11ème chapitre, verset 9 (11- 9) du livre de la Genèse, n'est-ce pas là que le nom de« Babel » apparaît pour la toute première fois ? : « C'est pourquoi on la nomma Babel, parce que là le Seigneur confondit le langage de toute la terre ; et de là l'Eternel les dispersa sur toute la face de la terre - Genèse 11 - 9 ».

Les armées de tous les pays qui font front avec l'Amérique ne vont-elles pas se disperser sur toutes les faces de la terre pour atteindre l'ennemi caché ?

Oui, la coïncidence qui relie la date du drame le 11.09. avec la référence biblique de la Torah des Juifs, Genèse 11.9, est pour le moins troublante. Les coupables des actes horribles perpétrés sur l'île de Manhattan étudient-ils la Bible et l'utilisent-ils pour faire coïncider le drame de la tour de Babel où « l'un n'entend plus le langage de l'autre » avec le drame du commerce mondial où l'un n'admet plus le commerce (dans tous les sens du terme) avec l'autre ?

Saint Paul a compris en son temps que : « le péché saisit l'occasion et utilise le précepte (en l'occurrence la Parole d'Adonaï concernant Babel) - il se sert d'une bonne chose pour procurer la mort, afin que le péché exerce toute sa puissance de péché par le moyen du précepte (Epître aux Romains VII-13). »

HENRI TISOT - comédien -


Le même thème sera repris par la suite dans son Blog :

   Henri TISOT avait abondamment parlé au chapitre XIII de son livre  Dialogue avec mon ange gardien (Editions du Cerf) de l'horrible événement survenu le 11 septembre 2001 à Manhattan. Le monde entier avait assisté en direct à l'effondrement des deux tours, celle du World Trade Center (Centre des affaires du monde) et celle du World Financial Center (Centre financier du monde).

   Bien que cet événement se soit produit le 11 septembre 2001, donc le 11.9.2001 selon notre calendrier, pour les Américains cette date devient: september.eleven.2001 c'est-à-dire le 9.11.2001.

 C'est un détail d'importance pour la suite de ce qui va être développé. Cependant, Henri en était resté à la dénomination du calendrier français qui fixe donc ce drame le 11.09.2001.

  Les deux tours qui annonçaient leur spécialité dans leurs noms, étaient le symbole de la mondialisation prônée par les Etats Unis d'Amérique et que l'Europe promulgue à présent pour son malheur. On travaille de toutes parts à faciliter la libre circulation des produits et le mélange des échanges et des commerces. En un mot, c'est de libéralisme qu'il s'agit, doctrine selon laquelle la liberté économique et le libre jeu de l'entreprise ne doivent pas être entravés. Autant de beaux mots qui, en retour, ne se soucient guère de qui sera broyé au passage, ni des lois naguère obtenues ou par les syndicats ou parfois par des révolutions, qui se trouvent du coup totalement bafouées et mises à l'encan. Et tout se trouve à refaire.

   L'effondrement des tours avait presque automatiquement conduit Henri à mettre en parallèle la catastrophe de Manhattan dont les deux tours abritaient 83 nations commerçant entre elles, avec l'épisode bien connu de la destruction de la tour de Babel où l'on assiste au mélange des langues. C'est ainsi que la curiosité le poussa à se référer à nouveau dans la Bible à ce passage qui traite de Babel. Et quelle ne fut pas sa surprise de constater que le mot Babel qui est un apax, c'est à dire qu'il ne se trouve cité qu'une seule fois dans la Bible, l'était très précisément au chapitre 11, verset 9  qui correspond curieusement à la date du 11.9. Les esprits forts feront immanquablement appel au hasard qui préside à l'édulcoration de leur esprit. Mais pour Henri, il s'agissait d'une coïncidence que l'on pouvait selon l'expression de Louis Pauwels qualifier d'abusive, tellement elle dépassait le cadre de la normalité. Et comment ne pas faire presque automatiquement, obligatoirement le lien entre les gratte-ciel et la hauteur démesurée pour son époque de la tour de Babel ?

    Toujours est-il que si à Babel, selon la Bible « l'un n'entend plus le langage de l'autre » (Genèse XI, 7), il paraissait difficile à Henri de ne pas en conclure que l'effondrement des tours de Manhattan correspondait au fait que « l'un n'admet plus le commerce (dans tous les sens du terme) avec l'autre », ce qui est le cas d'un certain islam qui souhaite se désolidariser de l'occidentalisation qui ne cesse de mordre sur sa propre culture. Mais il use pour parvenir à ses fins de moyens inqualifiables. Les victimes, rien que pour Manhattan, se comptèrent au nombre de 2.996, en majorité de nationalité américaine bien sûr, dont 343 pompiers, mais aussi de toutes les nationalités puisque le World Trade Center était situé en plein cœur du marché international. Il abritait des bureaux commerciaux dans lesquels presque toutes les nations de la planète étaient représentées. Les victimes toutes nationalités confondues appartenaient donc à 83 pays : un Babel affairiste.

   Henri demeurait sidéré et encore aujourd'hui, du fait que cette coïncidence événementielle de Manhattan du 11.9 avec l'épisode de Babel dans la Bible 11.9 n'avait jamais retenu l'attention de personne. Pourtant, le temps passant, il était intimement convaincu que se cachait derrière ce fait, un mystère qui demandait à être visité. Reportons nous au chapitre 11, verset 9, de la Torah :

 « C'est pourquoi on la nomma Babel, parce que là le Seigneur confondit le langage de toute la terre ; et de là l'Eternel les dispersa sur toute la face de la terre. »

  Et enfin, Henri signalait qu'à la suite de l'attaque du 11.9.2001 à Manhattan dont Ben Laden se trouvait être l'acteur principal, le président Bush avait porté la guerre à Babel pour viser uniquement Sadam Hussein avec une insistance incompréhensible à certains. Henri quant à lui, ne pouvait rien faire d'autre que de signaler cette curieuse coïncidence qu'il semblait une fois de plus être le seul sur la planète à avoir relevé, ce qui aux yeux des esprits forts accentuait la fragilité de la mise en exergue du fait qu'elle n'émanait que de lui.

   Toujours est-il que la mémoire d'Henri ne parvenait pas à effacer l'épouvantable spectacle de tous ces malheureux qui se jetaient du haut des tours pour échapper à la fournaise. C'était visuellement insoutenable et en conservant les victimes et dans sa mémoire et dans son cœur, il leur offrait la sépulture qu'elles n'auront jamais.

    Henri cependant s'était entouré au cours du récit de l'affaire, dans son livre Dialogue avec mon ange gardien, de nombreux garde-fous, et en tout premier lieu il avait mis l'accent sur le fait que Dieu n'était pour rien dans l'élaboration de cette coïncidence. Tout nous conduit à penser cependant qu'il  ne peut être dans les intentions divines de participer à la mise en place d'une mondialisation qui supprime l'individualisme. Dieu ne peut réclamer, cela va sans dire, que l'unité dans la diversité. Henri ne pensait pas s'avancer de trop en proclamant que Dieu est l'ennemi juré de cette uniformité que le totalitarisme de l'argent promeut afin de mieux s'étendre une fois les frontières abolies.

  Jésus a dit : « Nul serviteur ne peut servir deux maîtres : ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l'argent (Luc XVI, 13) ».

  Les constructeurs de l'Europe actuelle feraient bien de méditer cela.

  Pourquoi faut-il que nous Européens, prenions toujours jusqu'à le faire nôtre, le pire de l'Amérique et rarement le meilleur ? De la violence à la drogue et jusqu'aux sous-produits télévisuels d'outre-Atlantique, sans omettre les vocables américains, nous ingurgitons tout, et tandis que nous prétendons tout gérer, en réalité nous digérons tout ce que l'Amérique nous sert : la situation, les sentiments, les matches, l'éducation, la course à pied, que sais-je encore ? Le mot « gérer » est le maître mot de notre époque, peut-être parce que l'affairisme règne partout. Nous cultivons tout ce qui n'est pas la culture disait Henri qui rappelait ce que lui avait dit André Frossard : « La culture ça se cultive ! » et sans l'apport des O.G.M. (Organismes Génétiquement Modifiés) ajoutait humoristiquement Henri. Au moindre des détails, des allusions qu'il laissait transparaître dans son discours, on saisissait illico où et avec qui il se situait et communiait par la pensée.



  Mais alors, si Dieu n'était pour rien dans le fait avéré qu'il y avait concordance entre la date du drame des tours de Manhattan et la référence du chapitre et du verset biblique de la tour de Babel, autant dire concordisme… le mot est lâché ! qui donc peut bien se trouver être le moteur de cette sinistre affaire ? La question reste ouverte. Pourtant une fois son livre Dialogue avec mon ange gardien, édité par les Editions du Cerf et mis dans le commerce, Henri regretta amèrement de ne plus pouvoir faire un certain rajout d'importance. Ce rajout met virtuellement au banc des accusés, une personne tout particulièrement, et aussi les services qu'elle avait à sa disposition.  

   Mais cela pouvait paraître si fou qu'Henri laissait à ses lecteurs le soin de la nommer, de l'accuser, si d'aventure, ils parvenaient aux mêmes déductions que les siennes. Henri donnait les éléments qui l'avaient amené à se poser certaines questions, sans pour autant vouloir faire obligatoirement peser des soupçons sur la personne que pour sa part, il prenait la responsabilité d'accuser pour toutes sortes de raisons qui, à ses yeux se recoupaient. Mais si, une fois présentés certains éléments, le lecteur ne pensait pas à cette personne en particulier, c'est qu'Henri s'était mis le doigt dans l'œil comme l'on dit. Cependant, ce qui l'avait mis sur la piste émanait d'une personne au-dessus de tout soupçon et dont le journal La Croix avait publié les dires à l'occasion de son 90éme anniversaire. Rien ne dit d'ailleurs, qu'à travers ses propos, elle ait désiré accuser qui que ce soit. C'est Henri qui interprétait sa déclaration de telle sorte qu'il en venait à faire peser une terrible accusation sur la personne à qui il pensait. Mais il convenait de tout livrer en bloc et voir ensuite si le lecteur partageait son opinion. Le journal La Croix avait donc publié le 26 février 2003, les propos de Paul Ricoeur, philosophe incontesté et incontestable, à l'occasion de ses 90 ans. Paul Ricoeur est né le 27 février 1913. Les termes de cet entretien recueilli par Nathalie Crom, Bruno Frappat, Robert Migliorini ont été repris dans un énorme cahier consacré à Paul Ricoeur par les Editions de l'Herne 2004. Au cours de cet entretien Paul Ricoeur nous prévient : « Une société tellement complexe et contradictoire, ne peut faire le bilan d'elle-même. » Puis, on lui demande :

« - Vous connaissez bien les Etats-Unis où vous avez enseigné régulièrement pendant plus de quarante ans. A votre avis, pourquoi ne s'aime-t-on pas, entre Américains et Français ?

   - J'y vois certainement d'abord la compétition de deux révolutions, et peut-être de deux vocations à l'universalité. Mais je n'aime pas tellement rentrer dans ce jugement global. Disons que j'ai beaucoup apprécié l'université américaine, son fonctionnement, la qualité de la recherche qui y était menée. Et aujourd'hui, dans toutes les critiques que j'entends de l'état d'hystérie patriotique américain, je n'arrive pas à intégrer mon admiration pour cette université américaine. Mais il existe aussi tout un aspect de l'Amérique qui m'est non seulement étranger, mais insupportable : le fondamentalisme protestant, qui consiste à donner une sorte de symbolique biblique aux événements politiques. »

   Henri se demandait, à la lecture de ces lignes, si Paul Ricoeur lui-même protestant et qui dénonçait la dérive d'un fondamentalisme protestant américain, ne faisait pas ainsi par ses propos une allusion voilée à ce concordisme qui avait conduit à mettre en concordance le symbolisme biblique de la tour de Babel avec les événements politiques qui découlaient du drame des tours de Manhattan ?

 N'était-ce pas ce qu'il fallait entendre par ce « fondamentalisme protestant, qui consiste à donner une sorte de symbolique biblique aux événements politiques » ? That is the big question !

   Paul Ricoeur continuait en recommandant : « Ne pas sacrifier à l'antiaméricanisme primaire qui consiste à dire : puisque c'est américain, ce ne peut être que mauvais. Le rôle du philosophe est aussi de comprendre les enjeux. C'est là, selon moi, ce qu'il y a de particulièrement pénible à supporter dans la situation actuelle : cette méconnaissance des enjeux. Nous ne savons pas qui veut quoi. Pourquoi l'Irak et pas la Corée du Nord ? Quel est le rôle de l'enjeu pétrolier ? Est-ce que la décision de faire la guerre est déjà prise par les Etats-Unis ? Je me sens dans une situation de cécité intellectuelle, d'opacité totale sans précédent pour moi, et qui me paraît intolérable. » Ricoeur donnait ce conseil : « Il faut libérer le politique des critères qui ne sont pas de son ordre. C'est là que je trouve l'acquis de l'Occident : avoir bien dissocié la sphère politique de la sphère religieuse, non pas pour refouler cette dernière dans le privé mais dans un public non doté de puissance, de position institutionnelle. » Henri avait également souligné à l'encre rouge dans l'entretien en question, ces termes de Ricoeur : « Baudelaire disait que le moderne était le temps de l'éphémère et non pas de l'universel », et enfin cette pensée, sorte de feu d'artifices de l'esprit qui semblait chapeauter tout le trajet de Ricoeur : « La phrase qui m'accompagne toujours, c'est 'Être vivant jusqu'à la mort'. » C'est à quoi il parvint lorsqu'il nous quitta le 2 mai 2005 à l'âge de 92 ans.

   La modestie de Paul Ricoeur épatait Henri qui lui vouait à tout jamais une infinie reconnaissance d'avoir préfacé son livre Le Rendez-vous d'amour  aux Editions du Cerf. Henri n'était pas dupe du fait que l'aval de Paul Ricoeur valait tous les imprimatur, de même que le fait de s'abriter ici derrière ses propos pour en venir à des accusations voilées, leur donnait un certain poids.

    Pour clore cette réflexion sur l'épouvantable drame de Manhattan du 11.9, du 11 septembre donc, qui conduit au Texte biblique de  Babel alors que september 11 n'y mène pas, il semble bel et bien évident après tout ce qui vient d'être développé que les coupables de l'attaque des tours se sont donc ingéniés à faire « concorder » la date de leur terrible méfait avec une date en rapport avec l'événement biblique  qui était le plus évocateur de leur action. Henri par ailleurs, se devait de signaler que le président George. W. Bush était lié au fondamentalisme protestant dont il est un des affidés par le truchement de l'Eglise Méthodiste Evangélique qui se veut tout particulièrement fondamentaliste et dont il se réclame.

    La vision du film de Michaël Moore, Fahrenheit 9/11 (et non pas hélas ! 11/9, ce qui aurait éclairé le débat) et qui a obtenu la Palme d'or du festival de Cannes 2004, avait balayé tous les doutes qu'Henri pouvait encore avoir jusqu'alors. Toujours est-il, continuait Henri, que si, à ses yeux, Dieu n'est pour rien dans le déroulement du drame de Manhattan, il est peut-être pour quelque chose dans le fait que 9/11 ne mène à aucun concordisme entre le symbolisme biblique de Babel et l'événement politique de la destruction des tours de Manhattan, alors que 11/9 y mène à coup sûr. Cette coïncidence qui avait sauté aux yeux français d'Henri ne pouvait apparaître à un regard américain. Cela brouillait d'autant plus les pistes. Que penser ?

   Enfin, pour clore et verrouiller ce chapitre Henri signalait que si, en anglais, le mot « Bush » signifiait « buisson », en hébreu il signifiait « honte ». André Chouraqui avait confirmé à Henri au téléphone, depuis Jérusalem où il réside que si « Bush » signifiait « honte » en hébreu, il s'agissait plus précisément de « la honte qui naît de la confusion ». Bref, à chacun, en conscience de tirer les conclusions qu'il jugera bon de tirer, mais « que celui qui a des oreilles pour entendre, entende ! (Luc VIII, 8.) »

     Mais Henri avait cependant conscience que son accusation était si folle, si incroyable, si peu raisonnable, qu'elle pouvait être balayée d'un haussement d'épaules par l'humanité entière. Mais n'était-ce pas de ce même haussement d'épaules, que la plupart des humains, lors de la deuxième guerre mondiale, avait accompagné les rumeurs selon lesquelles les juifs étaient tous voués à passer à la chambre à gaz pour terminer dans des fours crématoires ? Et quand il était question que l'on faisait des abat-jour de leur peau et du savon de leur graisse, alors, en plus du haussement d'épaules, l'orchestre des rires se mettait en branle. La grande force du diable est de faire des choses si incroyables qu'on est presque conduit à en être complices avant de comprendre enfin, que, c'est parce que c'est incroyable que cela hélas ! est possible !

  Henri ne pouvait clore ce chapitre sur Manhattan sans signaler que l'île avait été achetée aux Indiens Algonquins, au nom de la Compagnie hollandaise des Indes occidentales pour l'équivalent de 24 dollars en bimbeloterie de toutes sortes. C'est le colonisateur hollandais Peter Minuit qui fit la transaction de l'escroquerie. Faut-il en déduire que « bien mal acquis ne profite jamais » ? Les Anglais s'empareront de ce territoire en 1664 et le rebaptiseront New-York en l'honneur du duc d'York (le futur roi Jacques II).

    Cela dit, traduit de l'indien algonquin, le lieu dit Manhattan signifierait « l'île aux collines » ou encore « contrée céleste ». Mais Henri, en proie à sa maladie de l'étymologie, voyait dans le nom « Manhattan », le mot « man-homme » évidemment, mais aussi le fait que le verbe anglais « to hate-haïr » constitue une allusion, mais une allusion seulement, au mot « hattan ». Il en concluait que l'on pourrait interpréter « Manhattan » comme étant « l'homme haï ou l'homme haineux ou l'homme de la haine ». C'est bien le déferlement de la haine qui s'est manifesté sur l'île de Manhattan le 11 septembre 2001 et dont les malheureuses victimes étaient toutes innocentes.

   A peine Henri avait-il terminé de rédiger cet important chapitre, qu'une nouvelle coïncidence abusive de taille lui parvenait par le biais de son ami Colombat, le bien nommé puisqu'il ne cessait de travailler à rechercher la paix du monde. Henri était féru d'hébreu, Colombat était lui, féru de guématrie. Lorsqu'il abordait le sujet, il donnait le vertige à son auditoire qui avait certaines difficultés à le suivre tant était dense son message. Mais en ce qui concerne ce qui va vous être confié, tout était clair, ce qui accentuait d'autant le caractère effrayant de la révélation de Colombat. Voilà ce qu'il avait confié à Henri par portables interposés : « Henri, toi qui a mis l'accent sur 11.9 – Manhattan par rapport à Babel dans la Bible, chapitre 11, verset 9, ce que je vais te dire rejoint ta découverte. Tu sais comme beaucoup le savent qu'à New-York le numéro de téléphone des appels d'urgence, des S.O.S, est le 911, comme ici, en France, c'est le 18 pour les pompiers, le 17 pour la police et le 15 pour le S.A.M.U. Et si l'on s'en tient au calendrier américain, le drame de Manhattan s'est passé le 9.11. La coïncidence avec le numéro d'appel urgent 911 avait à l'époque frappée les esprits d'outre-Atlantique.

  Mais il y a plus fort ! Henri je ne sais comment te présenter la chose pour qu'elle te parvienne avec le plus d'intensité. Faut-il que je te demande combien de jours séparent le drame de Manhattan et le terrible attentat de Madrid du 11 mars 2004 ? Ou bien dois-je te demander d'ajouter 911 jours à la date du 11 septembre 2001, pour aboutir au 11 mars 2004 ? Bref, inutile de te laisser sur le gril ! Tiens-toi bien et ceux aussi à qui tu le divulgueras : Entre le september – eleven – 2001, soit le 9.11.2001 (pour les New-Yorkais qui ont dû ce jour-là appeler en vain le 911 qui devait être surchargé) et le 11 mars 2004 où lors du quadruple attentat où trois bombes ont explosé dans les trains aboutissant à la gare Atocha de Madrid faisant 191 victimes  et près de 1.500 blessés, 911 jours séparent les deux dates de ces deux terribles drames.

   En effet, une fois le 11 septembre 2001 écoulé, il reste pour atteindre la Saint Sylvestre 2001, 110 jours, auxquels s'ajoutent 365 jours de 2002 et 365 jours de 2003, puis enfin, en tenant compte que l'année 2004 est bissextile avec un mois de février de 29 jours, soit 71 jours, il faut en conclure que 911 jours après Manhattan, les bombes explosent à Madrid dans la gare d'Atocha en Espagne.

  Peut-on raisonnablement penser, supposer que tout cela soit le fait du hasard ? : la date du drame de Manhattan : 9 .11 – le numéro d'appel d'urgence à New-York : 911 – et enfin, le fait avéré que 911 jours plus tard après le 11 septembre a lieu l'attentat de Madrid. 911 jours séparent ces deux évènements si dramatiques.»

  Henri répondit illico : « Bien sûr que non ! excepté les 191 victimes, chiffre à rapprocher de 911, ce qui la seule chose à mettre sur le compte du hasard. Mais pour le reste… » Colombat prit aussitôt la parole pour conclure : « Pour le reste ce n'est pas le fait du hasard, c'est le fait des sorciers ! Comprenne qui voudra. »  Henri enchaîna : « Quant aux esprits forts, qui eux mettent tout sur le compte du hasard, il leur reste le rire qui est l'échappatoire le plus pratique lorsque l'on ne veut pas se creuser les cervelles. De toutes les manières, le monde entier qui est aux mains du démon (monde-démon), a été mis en état de rire de tout. L'oubli et le rire sont les deux armes les plus efficaces du satan. La levure empoisonnée en est diffusée pour une bonne part par les séries télévisuelles américaines dont certaines chaînes télévisuelles françaises sont les imitatrices forcenées. Il n'y a même pas à les citer. Leurs sigles sont connus de tous. Au cours de tous leurs jeux, le maître mot est : 'Vous avez gagné, gagné, gagné… du fric !»

 

   En résumé, on trouvera au chapitre 11, verset 9 du premier livre de la Bible, le livre de la Genèse, que la tour de Babel a été anéanti par le Créateur souverain, ce qui a engendré le mélange des langues.

  De surcroît, le mur de Berlin est tombé le 9.11.1989, les tours de Manhattan sont elles tombées le 11.9.2001, et enfin la découverte de l'île de Manhattan par Henry Hudson (qui a donné son nom au fleuve du même nom), la découverte de l'île donc, s'est effectuée d'après le journal de bord, le 11.9.1609, date à laquelle l'équipage a mis pied à terre.

    Enfin, si l'on ajoute que l'explosion des trains de la gare d'Atocha à Madrid a eu lieu 911-912 jours (en tenant compte du décalage horaire) après Manhattan, soit le 11.3.2004, on considérera que cela fait beaucoup de coïncidences abusives.

    Appelons le 911 à New-York pour circonscrire ces faits troublants.

[Ce texte a été repris dans le Blog d'Henri Tisot (voir ci-dessous)]





Françaises, Français, ne tuons pas de Gaulle une deuxième fois
(texte, sous-titré "Non à la constituion européenne", que m'avait adressé Henri en janvier 2005 pour je le mette sur mon site internet)


HENRI TISOT
 BP n°7 - 75362 Paris - Cedex 08

« FRANÇAISES, FRANÇAIS,
NE TUONS PAS DE GAULLE UNE DEUXIEME FOIS ! »

« Quand on ne reconnaît plus les siens,
c'est qu'on n'est plus des leurs. »
Louis Pauwels.
« FRANCAISES, FRANÇAIS,

C'est dans les coulisses de ma vie que je vous convie.
Ces coulisses n'ont rien de bien extraordinaires, il faut le dire, si ce n'est que les coulisses d'un théâtre ou de la vie ont toujours quelque chose d'inattendu et que le public ne peut pas soupçonner. Y gisent çà et là des fragments de décor des pièces qui ont été à l'affiche, des parcelles de certains accessoires, des meubles entassés.
Tout témoigne du déroulement des pièces qui se jouent ou qui se sont jouées...la veille, l'avant-veille...hier. Bref, avant ! Oui, tout témoigne de l'action du moment ou de l'action passée, y compris la poussière qui a tout submergé et qui nous rappelle sans cesse que nous la rejoindrons tous quoiqu'il arrive.
Et quand les pièces sont retirées de l'affiche, tout ce qui accompagnait leurs déroulements finit dans les magasins des accessoires, les caves du théâtre, les coins et les recoins des coulisses. C'est donc à parcourir les coins et les recoins de mon cerveau que je vous invite, dans la mesure bien sûr où cela vous intéresse. Je pense irrésistiblement à cette phrase de Jules Renard : « Les gens sont extraordinaires, ils voudraient que l'on s'intéresse à eux. »
Oui, j'ai toujours tout fait pour que l'on s'intéresse à moi. Depuis ma naissance je fais ce qu'il convient d'appeler « l'intéressant ». J'entends encore mes parents me dire : « Arrête de faire l'intéressant. Pour qui tu te prends ? » Oui, pour qui est-ce que je me prends ? C'est peut-être parce que j'ai très vite compris que ma personne n'était pas suffisante pour que l'on s'intéresse à elle, que j'ai entrepris tout jeune de me glisser dans la peau des autres. Me voilà devenu comédien d'une pièce qui s'appelle « Ma vie ». Mais est-ce que ma vie est susceptible d'intéresser le public ? Si oui, qu'il veuille bien me rejoindre en coulisses. Je souhaite lui dévoiler des choses qu'il ne connaît pas et qui me tiennent terriblement à cœur.
Une des choses qui est véritablement précieuse à mes yeux, se trouve dans une imposante bibliothèque aux colonnes noires qui encadrent ses portes, et qui marquent ainsi sa forme Empire, tandis que le bois clair de sa matière, annonce le style Charles X. Nous sommes là, à mi-chemin entre ces deux styles. Cette bibliothèque trône dans mon grand salon qui jouxte le petit salon de mon appartement dans lequel j'écris. Sur la troisième étagère du meuble en question, se trouve posée, appuyée contre la photo du général de Gaulle, une petite enveloppe qui contient une carte de visite. Il s'agit là de mon viatique pour l'éternité.
Cela semblera naïf, désuet, voire ridicule à certains. Pourtant c'est essentiel à mes yeux. Je crois aux signes. Ils ont souvent ponctué beaucoup d'époques de ma vie.
La carte de visite dont il est ici question avait été postée le 8 novembre 1978 à la gare Montparnasse, le cachet de la poste en faisant foi. Un an plus tard, jour pour jour, celle qui m'avait adressé cette carte de visite, n'aurait plus pu la glisser dans la boîte, puisqu'elle décéda le jeudi 8 novembre 1979 à 1 heure du matin à l'hôpital du Val de Grâce. Un an avant, elle avait donc posté sa carte à la gare Montparnasse car elle séjournait alors chez les sœurs de l'Immaculée-Conception de Notre-Dame de Lourdes, avenue de la Bourdonnais depuis 1978.
Il s'agit, vous l'avez deviné de Madame de Gaulle que les Français dénommait « tante Yvonne » pour bien marquer qu'elle était certes de la famille mais que d'elle-même, elle s'était un peu éloignée d'eux n'étant pas dupe de leurs intentions finales. Les Français savaient qu'elle consentait à être leur tante, mais leur sœur ou leur mère, non ! Elle les connaissait trop.
C'est sans doute à cause de cette distance qu'elle savait mettre entre les choses et les gens, qu'elle avait mis 8 ans à me répondre.
Tous les ans, quelques jours avant la date anniversaire de la mort du Général, depuis le 9 novembre 1970 donc, je lui adressais, les premières années à Colombey, puis la dernière année à Paris quand je sus qu'elle y résidait, quelques mots simples, dénués de toute affectation : « Union de prières en ce nième... anniversaire de la mort du général de Gaulle ».
Le Général est mort à 19 heures 35 dans sa résidence de La Boisserie à Colombey-les-Deux-Eglises, le 9 novembre 1970, sa femme l'a rejoint le 8 novembre 1979, neuf ans plus tard à un jour près. C'est un signe à mes yeux d'avoir rejoint son mari à la même date pratiquement. Comme le Général, elle sera inhumée un 12 novembre.
Oui, je crois aux signes. Je m'efforce de n'en pas voir partout. Mais je m'attache aussi à ne pas les nier lorsqu'ils se présentent.
Madame de Gaulle n'avait jamais répondu à mes cartes-anniversaires, sauf un an avant sa mort, comme si elle avait pressenti qu'un an après cela lui aurait été impossible. Mon nom et mon adresse étaient écrits de sa main sur l'enveloppe, et à l'intérieur sur la carte de visite à en-tête de « Madame Charles de Gaulle », le texte suivant était lui aussi écrit de sa main : « Je suis sensible à votre pensée pour ce huitième anniversaire, et vous en remercie. » Cette carte bien sûr m'alla droit au cœur. Mais j'ose ajouter que je la considère comme étant encore plus précieuse qu'une lettre du général de Gaulle lui-même. A mes yeux, cela signifiait que si elle m'adressait ce signe, c'est qu'elle-même et toute sa famille me comptait parmi ceux qui n'avaient pas desservi le patriarche de la France.
J'en eus la preuve plus tard, par les nombreuses manifestations épistolaires de l'amiral Philippe de Gaulle, le fils, ainsi que celles du général de Boissieu, le gendre du Général, et également celles de Jacques Vendroux, le frère de Madame de Gaulle. J'ai le sentiment, le plus humblement possible de pouvoir, de devoir, me compter parmi les leurs. Ce n'est pas rien. Il faut bien que je le dise si je veux qu'on le reconnaisse.
C'est ma façon de me dissocier de tous « les apatrides mentaux » selon l'expression du général de Gaulle lui-même, consignée de nombreuses fois par son fils Philippe au cours de ses écrits, pour dénoncer ces Français de tous acabits qui aiment tout sauf la France.
Ce sont eux avec le président de la République actuel en tête, Monsieur Jacques Chirac, qui s'apprêtent à assassiner leur pays, la France, en l'amputant de sa souveraineté après avoir déposé un « oui » dans l'urne lors du futur référendum sur la nouvelle Constitution européenne. Ils bâillonneront ainsi leur mère patrie.
Il n'y aurait pourtant qu'une seule question à poser aux Français : « Pensez-vous que le général de Gaulle serait d'accord avec les termes de la nouvelle Constitution européenne ? » On se gardera bien de formuler ainsi la question référendaire. On sait trop quelle serait la réponse. Qu'a donc à voir l'Europe qui se prépare à nous engloutir et à nous déglutir, avec celle que préconisait le général de Gaulle qui l'avait en quelque sorte définie par ces quelques mots fort à propos lors de sa conférence de presse du 15 mai 1962 :
« Dante, Gœthe, Chateaubriand appartiennent à toute l'Europe, dans la mesure même où ils étaient respectivement et éminemment italien, allemand et français. Ils n'auraient pas beaucoup servi l'Europe s'ils avaient été des apatrides et qu'ils avaient écrit en quelque espéranto ou volapuk intégré. »
Dans une lettre à moi adressée le 28 novembre 1985 par le fils qui parle d'or tout autant que son père, Philippe de Gaulle me dit :
« Sans être fermés aux autres, mais en leur empruntant seulement ce qui convient, c'est à dire ce qu'on assimile, l'art et la culture d'une nation ne peuvent être que les siens. »
Il est évident que le général de Gaulle était tout autant que le ministre anglais Kenneth Clark « pour les états d'Europe unis et pas pour les états-unis d'Europe ». Le distinguo est obligatoire dans la mesure où l'on s'attache à servir son pays.
Dès lors, nous sommes dans les mains du destin. Parfois, il sert la France. S'en mêlera-t-il ? Je ne crois plus qu'en son aide. Sous quelle forme ? L'avenir le dira. Il se manifeste parfois avec violence.
Le Président Chirac a dissous l'Assemblée nationale à la suite de son discours du 21 avril 1997, de sorte que son pouvoir s'est trouvé dissout et amoindri à la suite des élections législatives du 24 mai et du 1er juin 1997, la Gauche ayant alors la majorité. A la suite du référendum du 24 septembre 2000, il a fait adopter par les Français le quinquennat en lieu et place de septennat sur l'initiative de Valéry Giscard d'Estaing son prédécesseur. Il s'agissait là aussi d'une forme de dissolution de son poste. Et il s'apprête par le référendum sur la nouvelle Constitution de l'Europe, concocté par Valéry Giscard d'Estaing encore, à dissoudre la France. En effet, pour ne citer que cela, la politique étrangère de la France sera déléguée à l'Europe, autant dire que notre pays n'aura plus guère voix au chapitre.
J'ai trouvé sur Internet un site dénommé « Jacques Chirac et la passion de la dissolution ».
A t-on jamais vu un président de la République démanteler ainsi ses pouvoirs de son propre chef ? Pourquoi lui avons-nous donné le pouvoir si c'est dans le but qu'il le dilapide ? D'ailleurs a-t-il vraiment le pouvoir ? Rien n'est moins sûr. Il ne cesse de faire montre de ne plus en avoir qu'en paroles. C'est le mal français : dès que l'on a parlé, on croit avoir agi.
Faut-il lui rappeler ce simple détail : cela fait près de deux ans au moins qu'il promet ses grands dieux ! d'abaisser la T.V.A sur la restauration de 19,60 % à 5,50 %. On attend toujours alors que nous sommes parmi les pays d'Europe, le pays qui est le plus concerné par ce problème. Et pendant ce temps, ont seuls droit aux 5,50 % de T.V.A. les empoisonneurs de service qu'ils soient américains ou chinois. Ces derniers sont assujettis comme étant des traiteurs au départ, et profitent ainsi de ce taux de 5,50 %, puis ils ajoutent dans leurs échoppes une table, puis deux, puis trois... et transforment ainsi leur surface en restaurant sans que nul ne s'en soucie. Le restaurant français qui jouxte le restaurant américain ou chinois est lui, taxé à 19,60 %. J'ai pris cet exemple banal car il est compréhensible à tous, mais va totalement à l'encontre de toute logique et de toute justice. Vive l'Europe qui tue les Français ! Ce doit être leur désir inavoué et profond. Ils se sont bandé les yeux pour ne pas voir qu'on les conduit à la boucherie tels des veaux qu'ils sont.
Le général de Gaulle lui-même posait déjà la question à Jacques Foccart en mai 1968, lequel Jacques Foccart s'était consacré du temps où le général de Gaulle était au pouvoir, aux Affaires africaines et malgaches :
« En réalité, ce peuple français meurt et se laisse mourir. Il a eu quelques sursauts. Il m'a suivi en 1940, et encore dans une faible minorité. Il m'a suivi lorsqu'il était en danger en 1958, et encore avec beaucoup de réserves. Et toujours et sans arrêt reviennent les adversaires qui disloquent tout cela. C'est un pays qui se dissout, je n'y peux rien. Comment voulez-vous lutter pour un pays qui est en train de se dissoudre, de s'en aller, de s'abandonner ? On ne peut pas tenir un pays malgré lui. On ne peut pas l'empêcher de se dissoudre contre sa volonté, ce n'est pas possible. [...] On ne peut pas sans arrêt le tenir à bout de bras. Qu'est-ce que vous voulez, on aura fait ce que l'on aura pu. » (Jacques Foccart. « Le Général en mai. Journal de l'Elysée - 1968-1969. » Editions Fayard-Jeune Afrique.)
Quelqu'un m'a un jour écrit cette phrase essentielle, historique oserais-je dire : « La France n'appartient pas qu'à la France ! »
Les « collaborateurs » dans notre pays, à quelque époque que ce soit, sont toujours majoritaires par rapport aux « résistants ». Que tous ces « collaborateurs » que De Gaulle dénommait les « apatrides mentaux » qui s'apprêtent à voter « oui » au prochain référendum sur la nouvelle Constitution européenne, méditent au sujet de cette phrase avant de voter : « La France n'appartient pas qu'à la France ! » Car si la France ne tient plus sa place et son rôle de France, qui les tiendra ?
Les adeptes du « oui » avancent pour seul argument que la nouvelle Constitution est préférable au traité de Nice que tout le monde s'accorde à trouver inopérant, insuffisant. Cela me fait penser à un habit que l'on endosse, qui ne vous va pas, mais qui vous va moins mal que celui que vous aviez auparavant. La belle affaire ! La nouvelle Constitution ne nous convient pas ? Eh bien, Monsieur Valéry Giscard d'Estaing, recommencez ! Vous nous avez dit « orevoir » un certain jour à la télévision. Sur ce point vous avez tenu parole. On vous revoit toujours. Nous c'est « adieu » que l'on vous avait dit par le truchement de notre vote. Cela vous a ému, on l'a constaté, mais cela ne vous a pas tué comme le général de Gaulle.
Le général de Gaulle est mort le 9 novembre à 19 heures 35 à Colombey-les-Deux-Eglises, mais la France et les Français n'ont appris son décès que le lendemain 10 novembre à 9 heures 06.
Pour ce qui me concerne, le 10 novembre je devais assurer une représentation du « Bourgeois Gentilhomme » de Molière, à la-Chaux-de-Fonds en Suisse, tout de suite après la frontière. Je devais y interpréter le rôle de Monsieur Jourdain, le rôle titre. Je me revois au petit matin du 10 novembre, débusquant au volant de ma Ford Camaro vert bouteille et décapotable, du parking souterrain du 30,boulevard d'Argenson à Neuilly où j'habitais à l'époque. Je ne sais pourquoi l'image de ce départ sur le coup de sept heures du matin demeure inscrit dans ma mémoire, alors que tant d'autres choses bien plus marquantes s'en sont échappées. J'étais accompagné par mon secrétaire et par un comédien de la troupe qui, dans « Le Bourgeois Gentilhomme », jouait le Maître à danser à mes côtés. Nous devions faire un raccord, c'est à dire une courte répétition de la pièce en milieu d'après-midi à la-Chaux-de-Fonds, à près de 500 kilomètres de Paris, ce qui nécessitait ce départ aux aurores. J'avais de plus, prévu, envisagé de nombreux arrêts sur le chemin qui, de Paris, mène à la Chaux-de-Fonds et envisagé de prévoir au moins 7 à 8 heures pour parcourir 500 kilomètres en tenant compte de mon handicap. En effet, depuis une bonne dizaine de jours, je ne pouvais ni demeurer longtemps debout, ni m'asseoir, sans ressentir une épouvantable douleur dans le dos. J'avais consulté plusieurs médecins et j'avais pris rendez-vous pour une radiographie pour les jours qui suivaient cette représentation à la-Chaux-de-Fonds.
Mais, ce matin-là, à mon grand étonnement, dès que je fus installé dans mon automobile, je fus terriblement surpris de ne plus ressentir la moindre douleur lombaire. Le mal s'était envolé. La raison me sera révélée plus tard.
Et de Paris à Pontarlier, soit durant 450 kilomètres, sans que j'eusse prémédité la chose, ni que je pusse en saisir sur l'heure les raisons, je ne cessais de parler des choses qui touchent à la mort et tout particulièrement de la mort quasiment le même jour à quelques années de distance de gens qui comptaient énormément pour moi. Il semblait que, tout au long du parcours, j'en arrive à faire une sorte de bilan émotionnel. Je donnais aux deux garçons qui m'accompagnaient, force détails sur la mort de Béatrix Dussane, mon professeur au Conservatoire de Paris et qui avait été si importante dans ma vie au point de la considérer comme mon mentor, que ce soit dans ma vie comme dans mon métier de comédien. Elle nous avait quittés le 3 mars 1969. Cette date du 3 ou 4 mars m'a été fatidique durant de nombreuses années. On peut mettre cela sur le compte du hasard, pour ma part je mets tout cela sur le compte des choses qui demeurent inexpliquées. Le 3 mars 1963, c'est mon ami d'enfance Maurice Bonnet qui me faussa compagnie. Il était né comme moi en 1937 et avait donc 26 ans en 1963 quand il mourut victime d'un accident de la circulation. Le 4 mars 1968, ce fut, Marguerite, ma grand-mère, la mère de mon père, que j'aimais par-dessus tout, qui me laissa, ce qui constitua pour moi un véritable déchirement. Le 3 mars 1969, Dussane se rendit au ciel. Et enfin, plus tard, je ne le savais pas encore puisque nous étions le 9 novembre 1970, le 4 mars 1971, ce serait le tour de mon manager Jean-Louis Marlotte-Desagnat qui m'a accompagné durant ma carrière d'imitateur du général de Gaulle pendant près de 10 ans. Et de toutes ces « coïncidences abusives » selon l'expression de Louis Pauwels, à l'exception de la dernière concernant Marlotte, je m'entretenais avec mes compagnons de voyage, jusqu'au moment où, vers midi, à l'arrêt d'un feu rouge à un carrefour de Pontarlier, je tournais le bouton de la radio de mon automobile et tandis que l'antenne électrique comme en possédaient les voitures à l'époque, se dépliait vers le ciel, j'entendis : « ...néral de Gaulle est mort, hier soir... à Colombey-les-Deux-Eglises. »
Je n'eus que le temps de démarrer, puis de jeter ma voiture sur le rebord de la route tout de suite après le carrefour, et éclatais en sanglots, ayant véritablement conscience que je me trouvais ici à un carrefour de ma vie bien plus qu'à celui de Pontarlier.
Le soir je jouais tant bien que mal le rôle de Monsieur Jourdain après avoir expliqué au public suisse qu'ayant endossé 10 ans durant la peau du général de Gaulle, il m'était tout particulièrement pénible ce soir-là de tenter de le faire rire alors que j'avais le cœur en bandoulière.
Je fais remarquer au passage que Colombey-les-Deux-Eglises se trouve à mi-chemin sur le parcours que je venais d'accomplir entre Paris et la-Chaux-de-Fonds. Chaumont, tout près de Colombey se trouve à 264 kilomètres de Paris et Pontarlier à 448 kilomètres.
Le hasard, ce hasard qui a bon dos aux yeux des imbéciles, avait agi de telle sorte que le 10 novembre je sois amené à jouer à la frontière suisse. J'aurais pu tout aussi bien être engagé pour jouer à Bordeaux, Marseille, Lyon ou Brest. Non, le hasard avait agi de telle sorte que je me trouvasse le 10 novembre 1970 sur la route de Colombey.
L'enterrement du Général, je l'appris par la presse, devait avoir lieu à Colombey le 12 novembre après-midi. M'y serais-je rendu depuis Paris ? Sans doute pas. J'aurais eu peur que l'on me taxât de cabotinage ou bien d'aller faire le beau aux obsèques de celui dans la peau duquel j'étais entré pendant plus de dix ans. Mais comme je me trouvais à seulement 200 kilomètres de Colombey, l'idée de ne pas m'y rendre, bien qu'elle m'eût effleuré, me parut inenvisageable. Je passais donc le 11 novembre à la-Chaux-de-Fonds. Je convins de me rendre à Colombey par Chaumont le lendemain. Je me disais, étant donné l'affluence des Français prévue et attendue, que je ne parviendrais sûrement pas jusqu'au village et je convins de m'arrêter sur le bord de la route qui conduisait à Colombey, là où l'affluence m'obligerait à stopper. J'envisageais donc d'écouter à la radio depuis ma voiture la transmission des obsèques, puisque le Général avait spécifié dans son testament qu'il faisait la part belle au peuple et pas aux officiels : « Les hommes et les femmes de France et d'autres pays pourront, s'ils le désirent, faire à ma mémoire l'hommage d'accompagner mon corps jusqu'à sa dernière demeure. Mais c'est dans le silence que je souhaite qu'il y soit conduit. »
Et voilà qu'à environ un kilomètre ou deux de Colombey, un barrage de gendarmerie arrête pour les faire ranger sur le bas côté de la route, les automobiles qui arrivaient. Moi, je suivais sans m'en être véritablement rendu compte une voiture officielle, et les gendarmes, à grands coups de sifflets dégagent subrepticement la route pour frayer un passage à la voiture officielle. Et voilà que dans la foulée si je puis dire, ils me forcent, à coups de sifflets intempestifs de faire corps avec elle. J'obtempère et je suis la voiture officielle avec qui je n'avais rien à voir, tout en me demandant pourquoi on m'avait obligé à me coller à elle. Mon automobile sport, verte, décapotable, ne pouvait pas laisser supposer qu'elle transportât une personnalité. Me voilà parvenu à l'entrée de Colombey avec toujours mes deux compagnons. Le parking semblait totalement saturé à l'entrée du village. Je m'y enfournais cependant et glissais ma voiture dans le seul espace étroit qui restait mais dans lequel elle se faufila. A se demander si l'on ne m'avait pas réservé ma place.
Et à partir de ce moment-là, tout devint fou, surnaturel, inimaginable, impensable, inracontable. Comment ne pas me taxer de mythomanie après tout ce que je vais dire ?
J'étais dans une sorte d'état second. J'ai, en mémoire, comme photographiée, la montée de départ du village de Colombey à quelque 500 mètres, là-bas, plus loin. L'entrée du village était noire de monde. Comme bouchée, bloquée, fermée.
Je dis avec autorité à mes deux acolytes : « suivez-moi ! » Ce qu'ils firent. Je m'engage alors dans les champs comme si j'étais déjà passé par-là et que je connaissais le chemin. Les grillages se trouvaient comme par enchantement d'avance sectionnés pour faciliter notre passage. D'autres avaient dû nous précéder. J'avais tout à fait conscience d'être guidé, téléguidé serait plus juste de dire. Je garde en mémoire un mur sur lequel des gens étaient perchés et qui me reconnaissant, me témoignèrent par l'expression de leurs visages et de leurs yeux, une sorte de compassion comme s'ils avaient affaire à travers ma pauvre personne à quelqu'un de la famille De Gaulle forcément plus atteinte que tous les autres Français. Nous grimpâmes la rue qui aboutit à la grande place de Colombey et qui débouche plus loin à gauche à l'entrée de l'église qui demeurait invisible à nos yeux depuis cette sorte d'avant place que nous venions d'atteindre. Enfin, je parviens derrière un compagnon de la Libération que je reconnais à ses décorations et je m'entends dire : « Là, mon vieux, tu n'as plus le droit d'aller plus loin ! ». Je m'arrête donc. Je me retourne afin de jauger tout le chemin parcouru et à ma grande stupeur, je constate que la rue derrière moi est noire d'une foule compacte. J'en viens à me demander si l'on ne m'a pas soulevé comme une chienne qui prend par le cou son chiot qu'elle transbahute dans sa gueule et j'en conclus que cette chienne imaginaire m'a déposé là où je me trouve. Comment en aurait-il pu être autrement ? Comment de mon propre chef aurais-je pu parvenir jusqu'ici ? Cela demeurera toujours pour moi, un point d'interrogation toujours posé et sans réponse satisfaisante.
Et là, à la place où je me trouve et où je suis bien obligé d'admettre que l'on m'a déposé, transporté en quelque sorte, l'émotion est à son paroxysme. Par instant, on entend un râle immense. On se retourne pour constater d'où vient le bruit inopportun et on constate qu'une quinzaine de personnes qui s'étaient, elles aussi perchées sur un mur de jardin, viennent d'en tomber. Toutes ensemble. Pourquoi ? Je ne me pose plus de question. Puis succède un silence pesant comme si la foule s'était arrêtée de respirer. Personne ne parle. Beaucoup pleurent.
Le ciel à présent est devenu bleu, blanc, rouge. Je me dis que je me l'imagine, que je suis en train de devenir fou. J'envisage d'éclater en sanglots devant tout le monde. Mais j'entends déjà, comme lorsque j'étais jeune, la réflexion de mes parents : « Quand tu auras fini de faire ton intéressant ! » Il y a des journalistes parsemés un peu partout et je devine que l'on ne manquerait pas de dire si je craquais : « C'est TISOT qui fait son cirque ! » Je pense à une phrase de la comédienne Arletty : « De la t'nue ! » Cette phrase me sert de canne. L'amiral Philippe de Gaulle fait allusion dans son livre « De Gaulle mon père », à tous ceux qui ont assisté aux obsèques du Général : « Ils gardent sûrement un souvenir indélébile de cette journée du 12 novembre 1970. » Rien n'est plus vrai pour ce qui me concerne. C'est de ce souvenir indélébile dont je vous fais part. Si c'est Dieu qui m'a conduit à Colombey ce jour-là, c'est pour que j'en témoigne, comme les apôtres qui, ayant eu la grâce de côtoyer Jésus, se devaient de raconter, consigner dans leurs Evangiles respectifs ce qu'ils avaient de leurs yeux vu et de leurs oreilles entendu.
A la fenêtre d'une maison de la place où je me trouve, je reconnais Michel Droit. Je me dis en moi-même : « Ne te fais aucun souci Henri, lorsque tu ne pourras plus contenir ton émotion, tu le regarderas, il te verra, et il te fera signe de le rejoindre. » Et tout s'est passé ainsi.
A présent le canon tonne. C'est l'engin blindé, l'automitrailleuse que sur les conseils de Madame de Gaulle, le général de Boissieu a demandé au 5ème régiment de hussards basé en Champagne d'amener à Colombey. Il s'agit d'un engin blindé de reconnaissance (EBR) dont la tourelle a été enlevée pour pouvoir y charger le cercueil de De Gaulle qui vient de quitter La Boisserie. Madame de Gaulle avait dit selon son fils Philippe qui transcrit ses paroles dans son ouvrage: « Le général a tant fait pour les chars, qu'il ne peut être transporté que sur l'un d'eux jusqu'à sa dernière demeure. » C'est comme un roulement de tambour. A cet instant, dans l'insupportable silence, j'imagine la lourde prière qui s'exhale de la foule, comme un cri qui traduit une sorte d'impossibilité à tout porter d'un coup. De Gaulle est trop lourd. Il faut l'abandonner. Nous sommes trop petits par rapport à lui. Dieu a préjugé de nos forces. Cette croix de Lorraine, Il savait que nous, nous ne pourrions pas la porter. Lui seul, De Gaulle, avait assez de force, de foi, de conviction pour s'en charger. Il s'appuyait sur elle et ça le maintenait debout. Nous, elle nous accable parce que nous n'en sommes pas dignes. Il était le seul à pouvoir maintenir à bras le corps la grandeur de la France. Nous, elle nous écrase.
Pourtant, petits que nous sommes, suivant les dernières volontés du Général, nous étions seuls admis à ses côtés. Malraux l'a magnifiquement traduit dans son livre paru en 1971, « Les Chênes qu'on abat... » (NRF - Gallimard) :
« Ici, dans la foule, derrière les fusiliers marins qui présentent les armes, une paysanne en châle noir, comme celles de nos maquis de Corrèze, hurle : 'Pourquoi est-ce qu'on ne me laisse pas passer ! Il a dit : tout le monde ! Il a dit : tout le monde !' Je pose la main sur l'épaule du marin : 'Vous devriez la laisser passer, ça ferait plaisir au général : elle parle comme la France.' Il pivote sans un mot et sans que ses bras bougent, semble présenter les armes à la France misérable et fidèle - et la femme se hâte en claudiquant vers l'église, devant le grondement du char qui porte le cercueil. »
Je regarde Michel Droit. Comme je l'avais prévu, nos regards se croisent. Instantanément, il me fait signe de le rejoindre. Ce que je fais. Comme s'il s'était agi d'un ballet, la foule s'écarte pour me frayer un chemin et comme s'il était normal que je dusse l'abandonner, mon statut d'imitateur du général de Gaulle semblant me donner aux yeux des Françaises et des Français une sorte de privilège.
J'arrive devant la porte de la maison sise sur la place de Colombey. Un général coiffé de son képi m'accueille. Il me dit : « Venez ! votre place est parmi nous. » Je le suis, on monte au premier étage dans une grande pièce dont les fenêtres dominent la place. Depuis une de celles qui se trouvent sur le côté, les habitants de la maison surveillent l'église, seulement visible de cette fenêtre de côté, attendant que le cercueil arrive. Le cercueil on le voit à la télévision qui avance, posé sur le char et recouvert du drapeau bleu, blanc, rouge. La France recouvre De Gaulle. On voit bien mieux et beaucoup plus le déroulement de la cérémonie à la télévision que dans la réalité. C'est dérisoire et paradoxal. Michel Droit m'embrasse. On est tous comme hagards. On ne sait pas vraiment ce que l'on dit. Tout à coup, une vieille dame, une paysanne, sans doute celle qui habite où nous nous trouvons et qui nous accueille dans sa salle à manger dont la table a été mise de côté, la vieille dame donc, quitte la fenêtre qui donne du côté de l'église où doit parvenir incessamment le cercueil, avance vers moi, puis me prend par la main, me conduit à la fenêtre, m'y pousse et me dit le plus simplement du monde : « Prenez ma place ! Vous, vous devez le voir. »
Je m'exécute, et effectivement, je vois... ce long cercueil bleu, blanc, rouge, pénétrer, être englouti par l'église tout entière. C'est un acte d'amour, un acte sexuel, on ne peut pas ne pas y penser. C'est l'Eglise ensemencée par la France. La France qui pénètre l'Eglise.
Et après cela, 35 ans plus tard on osera contester les racines chrétiennes de l'Europe. Honte à ceux qui en sont les artisans ! Tout sera pardonné disent nos Evangiles, mais pas le péché contre l'Esprit.
Il faut se souvenir. Le philosophe Paul Ricœur dit que « nous n'avons d'autre accès au passé que des traces ». Le président Mitterrand dira plus tard et avec justesse : « Un peuple qui perd sa mémoire perd son identité. »
Et c'est véritablement à cause de cela que je m'insurge contre la non reconnaissance des racines chrétiennes de l'Europe telles que les ignore le texte de la nouvelle Constitution européenne.
Et paradoxalement, je ne mets pas obligatoirement en exergue les racines chrétiennes de l'Europe pour leur gloire, mais pour les critiquer à l'occasion, même si cela peut paraître retors.
Veut-on que l'Inquisition espagnole recommence ? Que l'on assiste à une nouvelle Saint-Barthélemy ? Et je ne parle pas des racines chrétiennes de l'Allemagne nazie. Veux-t-on que la Shoah que Paul Ricœur désigne comme le mal absolu assassine à nouveau 6 millions de juifs ? En effet, comment faire fi d'hier, si l'on ne veut pas que les mêmes choses recommencent demain ? Aussi, c'est en tant que catholique chrétien que je crie haut et fort que si les racines chrétiennes de la France ont eu du bon, il ne faut pas oublier qu'elles ont eu aussi du mauvais au fil des siècles. Et c'est bien pour que l'on s'en souvienne qu'il faut impérativement que la nouvelle Constitution européenne rappelle les racines chrétiennes de l'Europe.
Doit-on faire fi de nos propres erreurs ? Ce n'est pas ce que Jean-Paul II nous a inlassablement incité à faire durant son magnifique pontificat.
Doit-on promouvoir les négationnistes ? Le négationnisme n'est-il pas frappé d'interdit en France ? Sans doute pas, puisque certains admettent la venue de la Turquie dans l'Europe alors qu'elle est non seulement coupable du génocide arménien mais de plus ne veut pas le reconnaître. Doit-on aussi en faire fi ?
En vérité, pour dévoiler en totalité le fond de ma pensée, il conviendrait bien plus de négocier la sortie de la France de la détestable Europe qui s'affirme chaque jour, plutôt que de l'entrée de la Turquie dans l'Europe de demain. On persuade les Français du fait que cela est impossible. On m'a toujours appris qu'impossible n'est pas français.
Il devait être près de 17 heures quand je me retrouvais avec mes compagnons dans la rue principale de Colombey. J'avoue ne plus savoir très bien ce qui s'est réellement passé après avoir gagné l'extérieur. La foule, à droite, gonflait le rang de ceux qui attendaient pour se recueillir sur la tombe du Général, d'autres dont j'allais faire partie, découragés par la trop longue file de ceux qui avançaient lentement, descendaient à gauche pour gagner le parking. Sur le passage se trouvait dressée une tente de la Croix Rouge. Je décidais de demander un cachet d'aspirine. A l'intérieur, sur un grand nombre de brancards gisaient des hommes, des femmes imposantes pour la plupart, comme si l'embonpoint avait été cause de leurs chutes au sol car il s'agissait de personnes qui s'étaient évanouies au cours de la cérémonie. Tous avaient les yeux exorbités et semblaient se demander pourquoi on les avait posés là. Ils étaient totalement immobiles, comme paralysés. Seuls leurs yeux qui semblaient globuleux, exprimaient leur étonnement. Cette cinquantaine de personnes qui se trouvaient allongées près du sol semblait témoigner du fait que: « C'était quelque chose cette journée ! Cela a été éprouvant, mais comme c'était bien d'y avoir participé.»
Je pensais irrésistiblement à la foule qui a accompagné Louis XVI jusqu'à la place où on l'a guillotiné, de même Marie-Antoinette, et plus tard, la foule qui a salué le cercueil de Napoléon qui gagnait les Invalides. Nous sommes un drôle de peuple. On est capable du meilleur comme du pire. Mais même dans les pires moments on demeure unanime, unanime dans la joie, unanime dans la peine. Il n'en demeure pas moins, que si l'on veut nous suivre, cela s'avère difficultueux pour qui n'est pas prévenu que nous sommes des Français. Il ne faut pas toujours chercher à nous comprendre.
Pendant ce temps, à la Boisserie, on pouvait entendre des paroles que nul n'aurait pu soupçonner si un homme tel que Alain Peyrefitte ne les avait consignées pour notre gouverne dans son livre « C'était de Gaulle » ( Editions de Fallois-Fayard). Ce livre me fut adressé après le décés d'Alain Peyrefitte avec une carte l'accompagnant et qui m'émut : « Alain Peyrefitte a souhaité que vous soit adressé ce dernier tome de 'C'était de Gaulle', qu'il aurait aimé pouvoir vous dédicacer. »
La toute fin de ce dernier tome est bouleversante. Elle ne s'effacera jamais de ma mémoire. Cela se passe à la sortie du cimetière, Jacques Vendroux dit à Alain Peyrefitte : « Venez avec nous à la Boisserie. Je ne peux pas faire venir tous les compagnons de la Libération, mais je suis sûr que ma sœur sera heureuse de vous voir, et ses enfants aussi. [...] On ne pourra sans doute jamais le démontrer, mais j'ai l'intime conviction que le chagrin a eu raison de lui. Cet anévrisme, il l'avait depuis toujours. Ca tenait bon tant qu'il était porté par sa tâche, quand il savait que les Français comptaient sur lui. Quand il a vu qu'ils le rejetaient, il ne l'a pas supporté. Le professeur... (je n'ai pas retenu le nom) me le disait ce matin : 'C'est une mort psychosomatique. Une petite malformation dont son organisme s'accommodait très bien, il a fini par ne plus la supporter quand ce chagrin lancinant l'a envahi.'. »
Pour ma part, quelque temps après la mort du Général, j'avais appris que ses dernières paroles avaient été « Oh ! mon dos. » Ce qui me fut confirmé par les écrits de l'amiral Philippe de Gaulle dans son ouvrage « De Gaulle, mon père ». Le général était en train, comme à son habitude à cette heure du soir, de faire une réussite quand Madame De Gaulle l'entendit dire : « 'Oh ! j'ai mal, là, dans mon dos.' Il est un peu plus de 19 heures, peut-être passées de deux ou trois minutes. »
J'ai signalé qu'une dizaine de jours avant le départ du général de Gaulle au ciel, je ne pouvais ni me maintenir longtemps debout ni demeurer assis. Une douleur lancinante dans le dos m'obligeait à changer de position pour finalement m'allonger en désespoir de cause.
J'ai aussi signalé que le matin du 10 novembre 1970, alors que je prenais le volant de ma voiture, cette douleur avait totalement disparu. Inutile de dire qu'à ce moment là je n'étais pas au courant de la mort du Général, ni des mots qu'il avait prononcés et qui concernait sa douleur dans le dos. Le professeur qui le soignait a parlé d'une mort psychosomatique. Oui, le Général « en avait plein le dos de nous autres les Français qui l'avions désavoué alors qu'il nous avait tant de fois sauvé la mise si je puis dire. » J'ai honte véritablement de nous tous et de moi-même tout autant. Nous sommes ainsi !
Cette douleur dans le dos que j'avais ressentie, était en quelque sorte l'expression du pressentiment de la mort du Général. Il semble ici que son humble imitateur ait été prévenu le premier. On peut rire. Plus rien ne me dérange. Comme lui !
Alain Peyrefitte poursuit son récit. C'est poignant ô combien ! :
« On entrouvre pour nous la grille de la Boisserie, dont avait surgi, une heure plus tôt, l'engin blindé de reconnaissance portant le cercueil recouvert d'un simple drapeau tricolore. Mme de Gaulle et ses enfants sont déjà arrivés, ramenés en voiture.
Dans la salle de séjour de la Boisserie, il y a encore les tréteaux sur lesquels reposait le cercueil. Alentour, comme si le Général était toujours là, Mme de Gaulle, Philippe et sa femme, Elisabeth et son mari, restent figés dans le silence. Mme de Gaulle me dit simplement : 'Il vous aimait bien, il m'a parlé de vous l'autre jour, il venait de recevoir votre lettre.' La lettre par laquelle je le remerciais des Mémoires d'espoir qu'il m'avait offerts.
Je m'efface devant l'évêque de Langres qui prend congé.
Mme de Gaulle fait un pas vers moi : 'Il a été miné par le chagrin, me dit-elle. Vous n'imaginez pas à quel point il a souffert.'
Je proteste qu'il ne pouvait pas trouver plus belle fin ; que les Français commençaient à se repentir de leur vote ; que la légende de cet homme, si contesté de son vivant à causes des décisions courageuses qu'il avait dû prendre, prenait déjà son essor.
Rien n'y fait. Elle s'obstine à répéter : 'Il a tant souffert. Cette mort est pour lui une délivrance.'
Le capitaine de vaisseau Philippe de Gaulle me dit des mots amicaux : 'Il vous aimait bien. Il appréciait la façon dont vous traduisiez sa pensée.'
Il ne faut pas que je m'incruste. Je retiens mes larmes jusqu'au seuil de la maison. »
Fallait-il que le Général ait souffert pour que sa femme qui l'adorait ose dire que sa mort avait été une délivrance. Ces mots me font saigner qui révèlent la souffrance endurée par le Général.
Yvonne Vendroux a épousé Charles de Gaulle à Calais le 21 avril 1921. En novembre 1970, cela faisait 49 ans et demi. Ils allaient donc fêter leurs noces d'or six mois plus tard si le Général avait survécu. Cette femme que nous les Français dénommions « Tante Yvonne », le lendemain de la mort de son mari, aura la présence d'esprit de faire brûler tous les vêtements du Général afin qu'ils ne soient pas comme le chapeau de Napoléon un objet de culte. C'est Philippe de Gaulle qui le dit dans son livre, qui est un long témoignage de ce qu'est une famille française digne de ce nom : « On n'avait pas l'habitude chez nous de conserver les effets d'un mort. Ce qui était en bon état on le donnait aux œuvres de charité. Mais elle a préféré tout détruire par le feu. Elle craignait que l'on en fasse des reliques. [...] Tout ce qui avait pu appartenir à mon père a été réduit en cendres après avoir été jeté dans l'incinérateur qui se trouvait dans le jardin, près du poulailler. De plus petites choses ont fini dans la cuisinière. »
« De la t'nue ! », ce pourrait être le leitmotiv d'Yvonne de Gaulle.
« Tante Yvonne » a dit un jour en présence de son mari : « C'est toujours la femme qui reste la dernière pour pouvoir veiller sur son mari jusqu'au bout. » Le Général a ajouté : « La femme est la permanence de l'humanité. A la guerre, la principale victime n'est pas l'homme qui est tué, mais la femme, car elle demeure. »
Ces paroles corroborent le destin de ma propre famille puisque ma grand'mère du côté maternel, mourut de chagrin un an après la disparition de son mari, mon grand'père, à Verdun à la guerre de 14-18.
Pour regagner Paris, il suffisait de se glisser dans la file de voitures qui se suivaient les unes les autres. Cela allait ressembler à un long et interminable défilé et à mesure que la nuit tombait, les lumières des phares allaient transformer le défilé en une sorte de pèlerinage, les phares faisant office de cierges. Et en klaxonnant, des voitures officielles doublaient la longue file pour s'en exclure et cela me faisait penser à une sorte de trahison. En quittant la longue file, on lâchait le peuple, on n'en faisait plus partie.
André Malraux dit, quittant « le parc de la Boisserie funèbre. » : « Maintenant, le dernier grand homme qu'ait hanté la France est seul avec elle : agonie, transfiguration ou chimère. La nuit tombe - la nuit qui ne connaît pas l'Histoire. »
Autant j'avais été loquace à l'aller, autant je demeurais muet au retour.
Il devait être 1 heure du matin quand nous gagnâmes Paris.
Je remontais les Champs-Elysées en vue de rejoindre Neuilly par l'avenue de la Grande Armée dont le prolongement allait devenir l'avenue Charles de Gaulle. De même, la place de l'Etoile où nous parvenions enfin allait être rebaptisée place Charles de Gaulle. Le spectacle qui s'offrait à nous est inoubliable. Je l'emporterai au ciel si j'y ai droit.
La place demeurait illuminée. La flamme sur la tombe du soldat inconnu s'élevait vers le ciel et pouvait s'apercevoir au passage comme pour rendre hommage en cette fortuite occasion à un des soldats des plus connus de France. Cà et là, des hommes et des femmes étaient dispersés sur le pourtour de la place. On sentait qu'ils ne pouvaient pas s'exclure à l'inverse des voitures officielles qui, durant le parcours, avaient déserté.
La place de l'Etoile était jonchée de fleurs. C'était comme un tapis multicolore. Malraux, lui, parle de « marguerites ruisselantes de pluie ». J'étais malheureux de devoir écraser sous les pneus de mon automobile toutes ces fleurs qui avaient dû faire partie d'une multitude non pas de gerbes mais plus humblement de petits bouquets. L'hommage des petits là aussi. C'est tout ce qu'il avait souhaité. Les grands s'étaient rassemblés le matin autour du président Pompidou à Notre-Dame de Paris. Tous les grands du monde entier avaient fait le déplacement dès que le président Pompidou avait déclaré à la télévision : « Le général de Gaulle est mort. La France est veuve. »
Sur cette place de l'Etoile, j'ai arrêté ma voiture avant de descendre l'avenue de la Grande Armée. Moi non plus, je ne pouvais me résoudre à m'exclure. C'était... c'était comme la fin d'un bal. Je ne pouvais m'empêcher de comparer les fleurs à des confettis qui s'étaient trouvés piétinés au sol par la foule. Oui, c'était comme la fin d'un grand bal qui avait eu lieu ici. J'aurais pu, l'imagination aidant, entendre une Marseillaise jouée au ralenti sur un phonographe dont la musique du disque 78 tours déraille avant que l'on ne rattrape le coup en remontant le mécanisme avec la manivelle. Le président Giscard d'Estaing, au début de son septennat aura l'idée saugrenue de la faire interpréter de cette manière. Ce n'est pas la moindre de ses idées saugrenues. Il s'est spécialisé en la matière. Et le président Chirac qui n'était pas foncièrement toujours d'accord avec lui, paradoxalement, suit et aboie derrière les projets du président Giscard d'Estaing comme un petit toutou. On me trouvera partisan, partial. C'est De Gaulle à travers moi qui continue à s'exprimer. Ca paraîtra prétentieux, mais quitte à passer pour un mégalomane invétéré, j'ai l'intime conviction de ce que j'avance.
Je me suis mis dans la peau du Général, je suis entré dans sa peau, et en fin de partie, il a fini par avoir la mienne. Il ne s'en est plus détaché. Il est resté coincé en moi lorsqu'il s'en est allé ce 9 novembre 1970 au soir. C'est un peu comme une cape dont les lambeaux restent accrochés au chambranle de la porte que l'on a fermée en la claquant.
10 ans durant, 11 ans même, son cœur a battu en moi. J'ai d'ailleurs tenu un an de plus que lui, je le dis humoristiquement puisque c'est sur ce terrain que l'on m'attend toujours pour m'y emprisonner. La prison, j'ai l'habitude ! Sa voix que j'ai imitée à la perfection sans que je sache bien pourquoi, sans que je n'en comprenne d'ailleurs les raisons profondes, psychanalytiques, psychologiques, anthropologiques, que sais-je ? ou peut-être tout bêtement parce que j'avais le désir secret d'être lui, comme lui, avec lui, pour lui.
Ce que je sais avec certitude c'est que sa voix m'a mis dans sa voie.
Tout ceci advint dans ma vie pour le meilleur et pour le pire. Le pire vient du fait que je souffre autant que lui de voir la France aux mains des « apatrides mentaux » de tous acabits et de tous partis politiques - le meilleur, c'est que De Gaulle m'a permis de me mettre en total accord avec mes arrière-pensées. C'est ce qu'il avait dit à Georges Pompidou, son Premier ministre, à sa descente d'hélicoptère au retour de Baden-Baden en « mai 68 », au milieu de cette chienlit dont nous sommes, nous Français, tout à la fois spécialistes et friands.
« 'Où en êtes-vous mon Général ?' lui demanda Pompidou - De Gaulle laissa tomber : 'Je me suis mis en accord avec mes arrière-pensées !' »
Depuis que j'ai connaissance de cette réflexion, je fais de même. Je mets mes arrière-pensées en avant et peu me chaut ce que l'on pourra bien penser de mes arrière-pensées qui s'étalent ici dans ces pages :
« Prenez et jetez au vent ! »
Je m'endormis vite ce soir du 12 novembre, rendu chez moi, 30, boulevard d'Argenson à Neuilly juste en face de l'immeuble où résidait le général Massu.
A dire vrai, je pensais ce soir-là revenir de l'enterrement du général de Gaulle. Aujourd'hui, je ne suis plus dans les mêmes dispositions d'esprit. C'est le temps qui m'a permis de saisir, de comprendre, d'assimiler. Quelque 35 ans après, nous y sommes, je prends conscience que c'est du mien d'enterrement que j'étais revenu.
Si ce n'était que du mien, ce ne serait pas dramatique. Je pense à la réflexion du Général sur la terrasse de l'Elysée quand les Français s'étaient révéillés pour un temps assez court et défilaient en nombre sur les Champs-Elysées pour soutenir le Général, ce qui mettait fin à l'aventure de « mai 68 ». Quelqu'un de son entourage lui dit :
« Vous entendez mon général ces cris, cette rumeur extraordinaire qui parvient jusqu'ici ? C'est pour vous ! » Le Général aurait dit alors : « Si ce n'était que pour moi !... »
Aujourd'hui, « dans le monde où nous sommes, les choses étant ce qu'elles sont » pour reprendre une locution dont abusait le Général dans ses discours, il m'apparaît que les obsèques auxquelles j'avais assisté le 12 novembre 1970 à Colombey-les-Deux Eglises, étaient peut-être « hélas ! hélas ! hélas ! » celles de la France. En vérité, c'est le corps en décomposition de notre pays que nous mettrons en terre après la date fatidique choisie par Jacques Chirac, actuel président la la République, à l'occasion du référendum qui demandera aux Français, « ces veaux ! » de voter « oui » à la nouvelle Constitution européenne qui délègue un peu plus les pouvoirs souverains acquis au fil des siècles par la France et que l'on s'apprête à déléguer à l'Europe ou à ce que l'on appelle l'Europe qui n'est jamais qu'un tripot.
Pour ce meurtre avec préméditation, une certaine droite est d'accord avec une certaine gauche, François Hollande en tête. Mais avec toutes ces choses certaines on est bien loin de « la certaine idée de la France » à laquelle une poignée souverainiste demeure fidèle.
Pauvres de nous, nous sommes le dernier carré et si nous avons en bouche, prêt à le hurler, le mot de Cambronne, il faut lui accoler le seul mot qui est encore susceptible d'être véritablement français pour quelque temps seulement, c'est le mot « Non ». Nous devons le hurler avec Laurent Fabius, Jean-Pierre Chevènement, Marie-George Buffet, Michel Charasse à Gauche et Philippe de Villiers, Paul-Marie Coûteaux, Nicolas Dupont-Aignan à Droite.
En 1948, dans un discours prononcé au Vel d'Hiv de sinistre mémoire, le général de Gaulle confiait à son auditoire :
« Les mêmes gens enfin disent : Vous, De Gaulle, vous perdez votre temps ! Vous avez naturellement pu susciter naguère et diriger le sursaut suprême, mais une fois le péril passé tout est retombé dans une bassesse inguérissable. Restez chez vous ! Ils sont passés les jours d'honneur, de fierté, d'espérance. Place aux PROFITEURS D'ABANDON, aux DEBROUILLARDS DE LA DECADENCE. »
Cela fait 57 ans que De Gaulle a prononcé ces paroles. Elles sont toujours d'actualité. Il pourrait les prononcer aujourd'hui avec la même sagacité, puisque rien n'a changé depuis 1948. Rien !
Par miracle, il nous reste entre les mains les écrits du général de Gaulle, notamment dans ses « Mémoires de Guerre - Départ ».
Ce sont eux qui permettront à une poignée de résistants, un petit comité, des isolats, de continuer la route encore un temps, un certain temps pour attester de « la certaine idée de la France ». De Gaulle parlait d'un « comité Théodule ». Ce sera nous ! Il faudra compter sur nous, jusqu'à ce que le vent nous emporte, mais jusqu'au bout les paroles de De Gaulle nous conforteront.
Jusqu'au bout il sera ce qu'il a toujours été, notre planche de salut :
« Le chant d'un oiseau, le soleil sur le feuillage ou les bourgeons d'un taillis, me rappelle que la vie depuis qu'elle a paru sur la terre livre un combat qu'elle n'a jamais perdu. Alors, je me sens traversé par un réconfort secret : puisque tout recommence toujours, ce que j'ai fait sera tôt ou tard, une source d'ardeur nouvelle après que j'aurai disparu. Je vois la nuit couvrir le paysage. Ensuite, regardant les étoiles, je me pénètre de l'insignifiance des choses. »
Malgré les épreuves qu'il n'a cessé de traverser, De Gaulle a reçu ce don de Dieu d'insuffler à la France la foi, l'espérance et la force, comme l'Eglise qui lui instille sans cesse foi, espérance et charité.
Inguérissable De Gaulle qui par delà la mort nous persuade que « la France n'appartient pas qu'à la France » et nous invite à résister, nous battre encore, jusqu'au bout, jusqu'à la fin. Ruons dans les brancards avec d'autant plus de vigueur que l'on a conscience que l'abattoir est au bout.



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A Marius Autran, notre maître (Texte écrit par Henri Tisot à l'occasion de la disparition de son vieux maître, Marius Autran, le 20 janvier 2007)

Texte de Monsieur Henri Tisot, comédien, acteur de théâtre et de cinéma, ancien élève [1948-1949] de Marius Autran,
lu par Monsieur Jacques Girault, Historien, Professeur à l'Université de Paris 13, ancien élève [1949-1950] de Marius Autran

A Marius Autran, notre maître.

Il est des êtres qui entraînent derrière eux tant et tant de choses lorsqu'ils s'en vont, que c'est bien plus qu'eux-mêmes que l'on enterre. C'est le cas ici en ce qui concerne Marius Autran qui, en nous faussant compagnie, emporte avec lui la mémoire de La Seyne. Fort heureusement, comme il avait, de tout temps, prévu le coup, tout se trouve consigné dans ses livres et sur Internet grâce à Jean-Claude, son fils. Sans cela, l'histoire de La Seyne partirait à la dérive.

Pour le cas où tous les élèves dont je suis moi-même, seraient encore en vie, c'est un drôle de défilé qui devrait suivre sa dépouille. Pour ma part, c'est en pensée depuis Paris que je me mêlerai à vous tous. Responsable à l'époque de ce que l'on appelait la classe de sixième qui vous propulsait dans les classes supérieures qui préparaient au B.P.C, on devenait, en en faisant partie, des nouveaux grands qui faisaient suite aux anciens petits des classes élémentaires. Monsieur Autran était aimé par ses élèves et d'une façon naturelle. Peut-être parce qu'il n'abusait jamais de son autorité et qu'il lui suffisait, lorsque la file se formait pour entrer en classe dans la cour de Martini, d'un simple « allons, allons ! », que j'entends encore, pour que tout entre non pas dans l'ordre, mais plus simplement que nous entrions tous dans le rang. Je n'ai pas le souvenir d'un Monsieur Autran envoyant un élève - terrible affront - chez le directeur, Monsieur Malsert. Monsieur Autran ne déléguait pas, il prenait les choses en mains. Je puis assurer, sans flagornerie aucune, que sans Monsieur Autran, je n'aurais peut-être pas eu le goût comme je l'ai, de me poser des questions sur tout, c'est ce qui me maintiendra vivant jusqu'à ma mort, comme lui qui n'a jamais lâché prise, ayant toujours fait son devoir, tandis qu'il avait incité des générations d'élèves de s'appliquer à faire les leurs.

Merci Monsieur Autran, on ne vous oubliera pas de sitôt, vous avez été un professeur exemplaire dans cette Seyne d'antan, présente dans tous nos cœurs vieillissants.

Henri Tisot.


Du plomb dans l’aile (28 avril 2007)

Merci cher Jean-Claude, (...). Je t'adresse ce texte qui narre ce qui m'est arrivé il y a peu qui est assez troublant concernant le plomb. Bien affectueusement à toi et à toute ta famille.

Henri Tisot

Du plomb dans l’aile.

  Il est des choses dans la vie qui sont si perturbantes qu’on finit par les mettre de côté après avoir conclu que l’on n’en aura pas le fin mot. C’est le cas de ce qui vient de m’arriver et j’admets tout à fait que l’on pense à une invention de ma part et que l’on me taxe de mythomane.
    Seulement, voila, j’ai en mains, les preuves de ce que j’avance, à savoir les différentes radiographies de mes poumons qui attestent des diverses phases de cette curieuse aventure.
  Ayant eu au cours de l’hiver 2006 à me soigner pour des rhumes répétitifs, mon médecin généraliste me conseilla de me faire faire une radiographie des poumons, ce que je fis le 14 février 2007. Le radiologue me parut évasif quant aux résultats et me dit que c’était au médecin d’en tirer les conclusions. Ce dernier me demanda à brûle pourpoint si j’étais chasseur – bien sûr que non ! – puis si j’avais dernièrement mangé du gibier – pas à ma souvenance – et enfin, il m’apprit que j’avais un plomb de chasse logé dans le repli d’une bronche de mon poumon droit. Cela n’avait pas de gravité à ses yeux mais c’était à suivre pour le cas où une infection surviendrait. Ce que me confirma mon généraliste qui me dit que ce plomb ne bougerait certainement plus de l’endroit où il se trouvait. Mais il convenait de consulter un pneumologue. Ce que je fis le 16 février. Il s’agissait d’une pneumologue qui me fit une ordonnance pour un scanner afin de voir où se situait véritablement ce plomb. Le 23 février, le scanner confirma que la petite lune blanche de deux millimètres qui apparaissait sur la radiographie prouvant qu’il s’agissait d’un métal noir, la radiographie inversant les couleurs, était signalée en rouge par le scanner confirmant qu’il s’agissait d’une bille métallique. Naturellement personne ne comprenait comment cette bille avait abouti dans mon poumon droit. Si je l’avais ingérée, elle aurait dû rejoindre mon estomac.
   Une nuit suivante, je suis réveillé comme souvent depuis la mort de ma mère le 30 juin 2006, vers quatre heures du matin, et je sens dans ma bouche un petit élément rond. Je pense bien évidemment au fameux plomb de chasse mais n’osant pas croire au miracle, je conclus qu’il s’agit vraisemblablement d’un morceau d’aliment coincé dans mes dents et je me dis que je verrais ce dont il s’agit au réveil et me rendors après avoir posé sur ma table de nuit l’élément trouvé dans ma bouche.
  Le lendemain, je me lève, me rase et pense tout à coup à cet élément surgi la nuit passée dans ma bouche. Il s’agissait effectivement… d’un petit plomb de chasse ! Comment était-il remonté de mon poumon à ma bouche ?
    Cela me paraît si troublant que je finis par croire qu’il s’agit d’un second plomb et que je suis poursuivi par l’élément plomb. Me voilà plombé. Je ne doutais en aucun cas que j’avais depuis le décès de ma mère adorée qui, bien qu’elle avait certes 91 ans et demi lors de son départ, « du plomb dans l’aile ».  
 Ma douleur ne tarissait pas malgré le temps qui passe.
    Rendez-vous est pris pour passer à nouveau une simple radiographie et le 2 mars me voilà à nouveau me serrant contre la paroi photographique, respirant à fond et bloquant ma respiration, et après une bonne demi-heure passée en salle d’attente, me voilà devant un médecin qui me montre la radiographie où il n’y a plus trace de plomb. Drôle d’histoire, vous l’avouerez ! Le 3 mars, je consulte un spécialiste ami qui m’avoue n’avoir jamais assisté à rien de pareil et enfin le 4 mars, je le signale, bien que cela n’ait apparemment rien à voir, a lieu dans la nuit du 3 au 4, une éclipse de lune qui couronne semble-t-il mon éclipse de plomb qui, sur la première radiographie apparaissait très exactement comme une petite et minuscule pleine lune blanche immaculée en miniature.

   Bref, il faut bel et bien admettre que l’on est ici en présence d’une aporie, à savoir une difficulté d’ordre rationnel paraissant sans issue d’après le petit Robert. Mais l’homme a beaucoup de mal à s’en tenir à pareille conclusion. Quand quelque chose lui résiste, il cherche toujours à en savoir plus. C’est peut-être en cela qu’il est humain. Si les choses demeurent inexplicables et inexpliquées, il finit par se dire en complicité avec Jean Cocteau, « comme ces événements nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs ». Et en effet, ne pouvant trouver une explication valable à cet incident survenu dans ma vie, j’ai voulu y voir un signe. Il faut dire que le plomb est par excellence, un matériel lourd (sic) de symboles. Et le fait de le désigner comme un matériel nous oblige à l’opposer au spirituel. Sa lourdeur qui est sa composante et sa propriété, pourrait expliquer le fait qu’il a pris le chemin le plus court pour aboutir dans mon poumon droit ce qui n’explique en rien le fait qu’il soit parvenu dans ma bouche par le chemin contraire. Qu’il soit tombé dans mon poumon cela peut s’admettre mais pas qu’il en soit remonté à cause de cette lourdeur qui est son caractère principal et admis depuis les temps les plus reculés. Il se serait rendu léger uniquement à cette occasion ? Toujours est-il qu’après le décès de ma mère à l’âge de 91 ans passés, le 30 juin 2006, et qui a vécu après la mort de mon père 27 ans avec moi à Paris, il ne fait aucun doute que j’avais du plomb dans l’aile, je le répète, et le cœur particulièrement lourd. Il m’est quasiment impossible de ne pas associer toute cette histoire à une somatisation de ma douleur morale qui s’est projetés dans mon corps. Le spirituel s’est imprimé dans le matériel. Mais qui a tiré le coup de carabine qui m’a mis du plomb dans l’aile ? On n’en sort pas et plus on cherche moins on trouve.
    En tous cas, grâce à certains journaux ou livres consultés, les explications concernant le plomb semblent corroborer ma pénible situation suite au décès qui m’a frappé. Peut-être ai-je certes un peu trop tendance à tout ramener à moi et à l’état qui est le mien, mais il n’empêche que lorsque je lis dans les pages roses du Figaro n°19.465 du vendredi 2 mars 2007, « La ruée vers les métaux » (sic) que « le plomb est, lui, très recherché par les fabricants d’accumulateurs d’énergie (batteries de voiture) », il m’est difficile de ne pas y voir une allusion au fait que, suite à mon deuil, je suis moi-même tombé en panne de batterie. Et l’on me confirme sur Internet que « les accumulateurs d’énergies (batteries) sont devenus la principale utilisation du plomb».
   Le Dictionnaire des Symboles (Robert Laffont – Jupiter)  m’apprend que le plomb par sa lourdeur est le symbole de la matière imprégnée de forces spirituelles qui possède la possibilité des transmutations, si bien que le plomb est la base la plus modeste d’où puisse partir une évolution ascendante. Les alchimistes quant à eux, tentaient de transformer le plomb en or en vue de l’obtention de la Pierre philosophale. Pour la philosophie grecque « Saturne est le plomb ». Il symbolise à la fois une fin et un début d’un nouveau cycle et par là, les obstacles de toutes sortes. C’est ainsi que « le complexe saturnien est la réaction de refus de perdre ce à quoi on est successivement attaché sur le parcours de sa vie ». On ne peut mieux dire par rapport à ma situation, et enfin je lis que « Saturne est symbole de la rupture du cordon ombilical du nouveau-né jusqu’au dépouillement  ultime du vieillard, en passant par les divers abandons, renoncements et sacrifices que la vie nous impose». Quant à la Maçonnerie, elle voit dans le plomb le passage du monde profane à l’initiation spirituelle.
   Enfin, lors des Saturnales à Rome, fêtes au cours desquelles « les rapports sociaux étaient inversés, les serviteurs commandaient aux maîtres et ceux-ci servaient à table leurs esclaves ». Il ne fait aucun doute que cela me concerne aussi, puisque après le deuil qui m’a frappé, bien que je sois croyant de nature, ma rébellion à l’égard de Dieu le Père a été telle que je n’ai pas cessé de l’invectiver à hautes voix jusqu’à l’insulter, n’admettant pas qu’Il nous ait créés en nous donnant la conscience de l’inexorable mort qui nous attend et dans laquelle basculera sans autre recours que d’en être les victimes innocentes tous ceux que nous aimons. L’idée de prendre à partie le Fils, Jésus-Christ, ne m’a jamais effleurée, car étant en Croix, Il se révèle être à la place où nous nous trouvons tous un jour ou l’autre. Evidemment, Jésus tentait et tente toujours de tempérer ma violence à l’égard du Père, Lui qui dit : « Qui m’a vu a vu le Père » (Jean 14,9). J’en conclus que Jésus a véritablement tout prévu puisqu’Il s’est mis en état de ne pouvoir s’en prendre à Lui tout en se faisant volontairement le bouclier du Père. Et c’est ainsi que, je dois l’avouer, j’en viens à avaler la pilule du terrible événement de la mort de ma mère. La pilule… ou le plomb ? Tout cela est bien étrange et les mots sont bien révélateurs de nos maux ! Il m’arrive à présent de croire que Dieu (le Père) nous désespère pour que nous n’ayons d’autre issue que de Lui tomber dans les bras.
    Bref, si l’on ne me suit pas dans l’idée qu’à propos de toute cette histoire, il puisse s’agir d’un signe, il faudra bien y voir une sorte de miracle, le miracle de la vie tout simplement qui est cause que mon corps a rejeté de lui-même un corps qui lui était étranger.
   Et si je vous disais que depuis cette « affaire du plomb » je vais beaucoup mieux, me croiriez-vous ? C’est en tous cas là l’essentiel. M’est venu à l’esprit, suite à toute cette histoire, soit qu’on veuille la considérer comme une réalité dont les radiographies font foi, ou bien alors comme un signe, ou bien encore comme un gentil miracle, en fin de compte, il m’apparaît que cela signifie que l’on m’invite à vivre. C’est sûrement le souhait de ma mère si l’on considère qu’à la suite de la mort terrestre, il puisse y avoir un après - ou bien que cela relève du ressort d’Ouriel, mon ange gardien, - à moins que l’on se laisse convaincre par le Christ qui proclame : « Je suis la résurrection. Qui croit en moi, fût-il mort, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » (Jean 11,25-26) dit Jésus à la Samaritaine. La demande s’adresse forcément à nous. Je suis alors conduit à penser qu’il s’agit bel et bien, d’un passage obligé suite à la mort de ma mère, de l’évocation d’une sorte de descente aux enfers effectuée par le plomb aussi bien que par moi-même pour finalement aboutir dans ma bouche, le lieu de la parole et du Verbe, lequel projette la parole à l’extérieur, ce qui me fait proclamer, non pas « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir », mais plus prosaïquement « tant qu’il y a de l’espoir, il y a de la vie ! » Le message de Jésus atteint son but.
   Et puis, voilà que Brigitte Bardot, mon amie à tout jamais, elle qui m’a soutenu sans relâche lors de mon deuil, voilà que Brigitte convoque les adhérents de sa fondation et tous ceux qui oeuvrent pour la défense des animaux sur la place du Panthéon en début d’après midi, le samedi 24 mars 2007. Il fallait voir le déferlement d’amour de la foule lorsque Brigitte aidée de ses béquilles descendit de voiture pour se rendre sur l’estrade afin d’y faire une déclaration. Je m’étais posté au pied de la petite échelle que je savais qu’elle emprunterait. J’avais fait un bon calcul car à son passage, elle m’embrassa, ce qui fut pour moi un moment si gratifiant que je ne peux le décrire. Qu’elle est belle, mon Dieu, notre Brigitte ! La bonté s’exhale d’elle.
   Après son départ, un défilé eut lieu dans le but de réveiller les consciences des candidats et de la candidate à la présidence de la République à la cause animale. Tandis qu’une foule que j’estimais à au moins 2.000 personnes emplissait la rue Soufflot, je me disais qu’il y a fort à parier que la défense des électeurs pèsera aussi peu dans la balance que celle des pauvres animaux. Mais quel rapport, me direz-vous, entre mon histoire de plomb et la bataille de Brigitte ?
 Eh bien, voilà ! Ce samedi 24 mars 2007, me posant toujours des questions à l’égard de ce plomb entré et sorti de mon poumon droit, j’ai fini par me demander tout à coup, si je n’avais pas reçu ce plomb de chasse du fait de mon adhésion à la Fondation Brigitte Bardot qui, comme chacun sait se mobilise contre la chasse et contre les chasseurs forcément. Qui peut connaître le fond des choses dit le poète. J’ai ainsi écumé toutes les possibilités. 
  
   Que l’on me permette en conclusion de forcer ma nature qui est pourtant rarement optimiste, mais une fois n’est pas coutume. Je veux faire fi du pessimisme afin de supposer que je vivrai peut-être aussi longtemps que ma mère adorée, bien que le monde dans lequel on vit ne soit guère engageant. Je m’acheminerai ainsi par delà mes quatre vingt dix ans comme elle est parvenue elle-même à le faire. C’est mon souhait du moment.
   Dans quel but, me direz-vous ? C’est fort simple : dans le seul but d’emmerder le monde !
Henri TISOT.





Henri Tisot et les peinture de son père : Félix Tisot, le dernier impressionniste

Félix TISOT mon père a un jour écrit cette phrase si prégnante : « Nos yeux s’ouvrent quand ceux des nôtres se ferment ». Cette citation revenait à ma mémoire tandis que je déambulais, il y a peu, au musée d’Orsay à l’étage des Impressionnistes. La plupart des chefs d’œuvre qui défilaient devant mes yeux semblaient me faire de l’œil car je découvrais dans chacun d’eux les mêmes coloris que l’on trouve dans les oeuvres de mon père aujourd’hui disparu. Oui, « nos yeux s’ouvrent quand ceux des nôtres se ferment ». Jusqu’à La Gare Saint-Lazare de Claude Monet où j’imaginais qu’auraient pu s’enraciner sous sa verrière, les oliviers des paysages du Midi peints par mon père, entravant ainsi la bonne marche de la locomotive entrant dans la gare parisienne. J’étais sidéré. C’était un fait, Les coquelicots de Claude Monet ou Chemin montant dans les hautes herbes de Pierre-Auguste Renoir exhalent la même chaleur qui s’évade des toiles de Félix TISOT, de même que dans La route de Louveciennes de Camille Pissarro pourtant couverte de neige. Comment mon père a-t-il fait pour s’approprier la lumière et les coloris, les bleus, les ocres, les verts, les blancs, les jaunes, les violets de Renoir, de Monet, de Pissarro, de Bazille, de Cézanne, de Sisley et même de Degas pour les projeter dans ses toiles ? Félix TISOT serait donc « le dernier des impressionnistes » ? Un jour viendra où il sera reconnu comme tel, j’ai confiance ! Je veux citer une anecdote. Mon père a passé les sept dernières années de sa vie en compagnie de Suzy ma mère avec moi à Paris. Le succès de ses expositions était tel qu’il se plaisait à dire : « Paris, pour moi, c’est Lourdes ! » Il lui arrivait parfois de composer ses paysages à Sanary dans le Var quand il y résidait, mais lorsqu’il revenait à Paris, observant ses toiles, il se trouvait tout quinaud : « Mince ! Où est passée la lumière ? » C’était facile à comprendre : dans le Midi inutile de mettre la lumière dans une toile, la lumière est dans l’air, elle est ambiante et baigne la toile. Mais une fois rendu à Paris, on s’aperçoit que la lumière est restée en bas. A coups de pinceaux, il faut s’ingénier à reconstituer dans la toile cette lumière du Midi sans qui les choses ne seraient que ce qu’elles sont. Félix TISOT, mon père, s’y attelait alors, rejoignant ainsi par le grand mystère de l’imagination, la luminance des toiles des grands Impressionnistes qui s’était imprimée dans sa mémoire. Ainsi, « ses yeux se sont ouverts quand ceux des célèbres Impressionnistes se sont fermés ».
                 Henri TISOT, comédien, le fils du peintre Félix TISOT
      qui le considérait comme la plus belle œuvre de sa vie. Sacré Papa !




« Aux armes, citoyens !… »
    
Tribune libre : Le coup de gueule de notre ami gaulliste Henri Tisot

Publié dans Objectif-France Hebdo n° 161 du 03 décembre 2008

Moi, lorsque j'écris, je ne me demande pas comment cela sera reçu, je m'efforce, comme le général de Gaulle, d'être "en accord avec mes arrière pensées".


 
Le patriotisme me semble être le seul rempart protecteur d’une nation. Si on n’a pas chevillé au corps l’amour de sa patrie, on ne peut trouver la force de la défendre. Je doute qu’en rajoutant les unes aux autres le patriotisme de chacune des nations d’Europe on obtienne un patriotisme européen. Il n’y a pas de patriotisme européen ! Voila pourquoi nous sommes en grand danger au sein d’une Europe dont chacune des nations qui la composent, n’ayant en profondeur, rien de véritablement en commun, n’a donc aucune défense. Il conviendrait donc de nous caparaçonner dans notre seul patriotisme qui a toujours été le ciment des résistants alors que d’autres se délitaient dans la collaboration avec l’étranger.
 
Et les dix milliards d'euros que nous coûte cette Europe-là ?
 
Quels sont ceux qui auront à cœur de défendre l’Europe, cette entité, qui coûte à la France, bon an mal an, 10 milliards d’euros ? Les Français s’imaginent… (on le leur a fait croire), que l’on donne d’une main ce que l’on récupère de l’autre. Au bout du compte l’Europe nous a coûté en 2007, 10 milliards d’euros, à savoir 0,40% du budget disponible. Je tiens ces chiffres de Jacques Myard, député UMP des Yvelines et maire de Maisons-Laffitte. Je les ai recueillis lors d’une réunion qui avait lieu dans une des annexes de la Chambre des députés où, mes amis et moi avions été conviés. Mes oreilles, par je ne sais quel miracle, se trouvent toujours à l’endroit où elles recueillent ce que d’une part je suis heureux de savoir et qu’en même temps je me serais bien passé d’apprendre. Comme le confie le personnage de Sosie de l’« Amphitryon » de Molière que j’ai joué à la Comédie-Française : « La faiblesse humaine est d’apprendre ce qu’on ne voudrait pas savoir ». Et pour tout dire, est-ce que l’on sait ce que représente en francs, 10 milliards d’euros ? J’ai appelé ma banque par peur de ne savoir pas convertir  la somme en francs, eh bien, on m’a confirmé que cela faisait la coquette somme de: 65 milliards 595 millions 700.000 francs. S’il nous fallait convertir la somme en anciens francs, le résultat noircirait sans doute deux lignes de ce texte. C’est ce que nous coûte bon an mal an, l’Europe. Et on nous soutient que l’Europe c’est l’avenir…
Bref, je laisse les européens convaincus dans leurs expectatives. Quant aux socialistes qui n’ont à la bouche que ce fameux « bouclier fiscal », peut-être feraient-ils bien d’englober dans l’échafaudage de leurs constantes critiques, les 10 milliards d’euros que nous coûtent l’Europe, ce qui ne semble guère les impressionner.
Et pendant ce temps, la libre concurrence et la libre circulation des marchandises en Europe bat son plein et fait la part belle à la Chine qui, en 2008, vient d’empoisonner sur son territoire, avec son lait contaminé à la métamine, 54.000 nourrissons dont 13.000 ont été hospitalisés et 4 sont morts (selon ce qu’en a dit à mots couverts l’agence officielle Chine Nouvelle, révélant en même temps l’implication de certains échelons administratifs). 7074 tonnes de lait empoisonné ont été retirées du marché.
Par ailleurs 400.000 Français, clients de Conforama ont demandé à être dédommagés, souffrant d’eczéma après s’être affalés ou vautrés sur des canapés fabriqués en Chine. Selon le journal Le Parisien, une dizaine de personnes ont dû se faire hospitaliser à la suite d’eczéma tenace. 38.000 clients ayant acheté ces articles entre mars 2006 et juin 2008 ont reçu un courrier, à la suite de quoi 800 ont procédé à un échange ou un remboursement. Sans parler des graves réactions allergiques causées par des petits sachets contenant du diméthilfumarate (produit anti-moisissure non autorisé par l’Union européenne en tant que produit antifongique) glissés dans des bottes dont 800 ont été déclarées suspectes, ainsi que des chaussures et des ballerines en provenance de Chine et vendus par la maison Etam. Les séquelles subies par les personnes infectées ont été horribles dans certains cas. La télévision a retransmis des images de pieds couverts de cloques de malheureuses femmes françaises. Comme on le constate nous sommes bien mal protégés par les instances européennes. Et pendant ce temps, la ville de Romans où ont été conçues et fabriquées les chaussures françaises de qualité, périclite et ses usines ont fermé leurs portes les unes après les autres. Le 14 novembre 2008, la télévision a annoncé que 4.000 vestes en provenance de Chine ont été saisies car porteuses de cols de fourrures de chats ou de chiens, fourrures interdites en Europe. Brigitte Bardot mène la guerre contre cela et également contre l’achat de tout ce qui est fabriqué en peaux de phoques.
Et je ne parle pas du scandale des jouets pour enfants qu’il a fallu retirer de la vente à Noël 2007. Mais 2007, c’est tellement loin de 2008 que tout est oublié. Moi-même, j’avoue ne plus avoir pensé à ce drame. Nous sommes, nous Français, des amnésiques chroniques. La maladie d’Alzheimer nous frappe tous plus ou moins. Nous sommes bien obligés d’admettre ce que le maréchal Pétain disait : « Françaises, Français, vous avez vraiment la mémoire courte. » Il faut savoir que 85% des jouets vendus en Europe sont en provenance de Chine. Alors que penser de tout cela ?
Tout simplement que l’on fait fi et à notre dam des principes fondamentaux de la France dont la Constitution s’appuie sur la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 dans laquelle on peut lire dans l’article 4 : « La liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ». L’article 5, quant à lui stipule : « La loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société ». Nous sommes bien loin de tous ces principes qui sont sans cesse bafoués. Que l’on n’imagine pas que je puisse avoir de l’aversion pour la Chine dont la civilisation pourrait, sur certains points, nous en remontrer. Mes ressentiments ne vont qu’à l’égard des Chinois dont je vilipende les produits et qui font feu de tout bois pour vendre à n’importe quel prix et au prix même de la santé de leurs clients sans cesse mise à mal. Par ailleurs puisque le but européen est de « faire l’Europe », pourquoi commercialiser avec d’autres pays dont l’Amérique et la Chine ? Sans doute parce que nous leur vendons des avions, des usines nucléaires ce qui n’empêche d’ailleurs en rien le chiffre du déficit du commerce extérieur de la France de péricliter année après année.
Quant aux Chinois qui petit à petit envahissent la France et s’emparent de nombreux commerces dans les villes, ils vivent en vase clos. Leurs assurances, leurs banques sont chinoises. Bref, ils nous montrent ce que nous devrions faire si nous avions le désir de survivre, désir qui ne nous habite pas. Dites « protectionnisme » et vous entendrez les cris d’orfraie que cela suscitera illico dans les bancs des assemblées. Personne ne se rend compte en France que nous sommes les victimes d’un nazisme économique et sournois, duquel s’ensuit la déportation, oui, j’ai bien dit « la déportation » de nos usines que l’on masque sous la dénomination moins effrayante de « délocalisations ». Mais le résultat est le même, elles partent en fumée comme se sont évanouis dans les airs les êtres humains dans les camps de la mort. Les grandes puissances hégémoniques, à savoir pour l’heure l’Amérique, la Chine et l’Inde ont trouvé les moyens que tout se passe à la vue et au su de tous sans que les victimes aient même le temps d’ouvrir leur clapet. Seule une révolution ouvrière nous sauvera de cette situation qui ne prendra fin que lorsque nous sortirons de l’Europe. Mais voyons, ce n’est plus possible dit-on : sortir de l’Europe ! Quelle utopie ! Eh bien mourrons au service « De la nouvelle idole » : « Dans certains lieux du monde, il existe encore des peuples et des troupeaux, mais pas chez nous, mes frères ; chez nous, il y a des états. Etat ? Qu’est-ce que c’est ? Allons ! Ouvrez grand vos oreilles car maintenant je vais vous dire un mot de la mort des peuples. L’état est le plus froid de tous les monstres froids. Il ment avec froideur aussi ; et voici le mensonge qui se glisse hors de sa bouche : ‘ Moi l’Etat, je suis le peuple.’ Mensonge ! C’était des créateurs qui constituèrent les peuples et hissèrent au-dessus d’eux une foi et un amour ; ils ont ainsi servi la vie. Mais des destructeurs ont tendu des pièges à la multitude, c’est ce qu’ils appellent l’Etat : ils suspendent une épée et cent désirs au dessus de leurs têtes. […] Il y a beaucoup trop d’hommes qui naissent : on a inventé l’état pour ces hommes superflus ! Voyez donc comme il les attire à lui les hommes qui sont de trop ! Comme il les engloutit et les mâche et les remâche ! ‘ Rien n’est plus grand que moi sur la Terre : je suis le doigt souverain de Dieu’ - ainsi rugit le monstre. […] Etat, le lieu où le lent suicide de tous est appelé ‘la vie’ ».
« Ainsi parlait Zarathoustra » - Friedrich Nietzsche (1844-1900).
 
N’avons-nous pas faits en 1789 une Révolution pour obtenir le principe « Liberté-Egalité-Fraternité » ?
 
J’en viens à me dire que le mal du monde, je dis du monde puisque la crise est mondiale, le mal du monde est de n’avoir pour ambition et pour seul système que celui d’amasser du bien en faisant du mal ? Vendre, vendre à moindre prix quitte à empoisonner les uns et les autres ? Autrement dit faire le mal, mais pour atteindre pleinement le but, faire le mal sous couvert de bien. Il faut vendre moins cher pour que les pauvres puissent avoir le droit de s’empoisonner comme les riches. Ce n’est pas d’aujourd’hui que le mal a déclaré la guerre au bon, au bien. Saint Paul avait compris, en son temps, que le mal se sert du bien pour faire encore plus de mal. C’est ce qu’il énonce dans son Epître aux Romains - 7,13: « Le péché saisit l’occasion et utilise le précepte – il se sert d’une bonne chose pour procurer la mort, afin que le péché utilise toute sa puissance de péché par le moyen du précepte ». Oui, le mal prend le prétexte du bien pour faire le mal. Il se cache derrière le bien au point que le bien devient le masque du mal.
Ce qui me choque le plus c’est de constater que nous Français qui sommes les dignes héritiers de lois essentielles à notre survie, sommes en train de tout dilapider sur le dos des ouvriers. N’avons-nous pas faits en 1789 une Révolution pour obtenir le principe « Liberté-Egalité-Fraternité » ? Plus tard, les congés payés avec Léon Blum ? J’en passe, et des réglementations et des statuts les plus essentiels. Et à ce peuple qui s’est battu, sacrifié et qui a tout obtenu en s’acharnant, on lui dit : « Excusez-nous, vous n’êtes plus compétitifs, vos bons produits n’intéressent plus personne, l’Europe et le monde préfèrent s’empoisonner à moindre frais ! » Voilà où nous en sommes. Michel Bizot en son temps, nous avait bien dit : « L’homme a des droits tant qu’il sait les préserver. »
De même, les femmes françaises se sont mobilisées au fil des siècles pour obtenir l’égalité avec les hommes, pour tenter de mettre à jour la parité, et avec cela, en France, les voiles islamiques recouvrent de plus en plus les têtes des femmes musulmanes pour bien marquer leur soumission à leurs maris et leur abaissement devant le sexe dit fort. Tout ce que la France est parvenue à mettre sur pied au fil des siècles, tout ce qu’elle a établi de ses propres mains au prix d’efforts et de sacrifices colossaux, tout cela est bafoué, annihilé, anéanti. A bas la France ! Et on regarde tout ce gâchis sans rien dire, sans manifester, on meurt sans même plus avoir la force de hurler le mot de Cambronne. On ferme nos gueules pendant que certains « déconnent » sans plus aucune retenue.
 
Les états d'Europe unis et pas les Etats-Unis d'Europe
 
José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne a déclaré en février 2005 : « Les délocalisations sont des décisions que les entreprises peuvent et doivent prendre ». Il faut être culotté pour soutenir pareil discours. Quant à Pascal Lamy, le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, il déclare dans Le Monde du dimanche 9 et du lundi 10 novembre 2008, ce qui a au moins le mérite d’être clair : « Dans la finance comme dans le commerce, il me paraît évident qu’on ne peut pas être à la fois souverainiste et en faveur de régulations globales qui, par définition, exigent des compromis. En matière commerciale, la mondialisation génère des tensions, mais le protectionnisme ne constitue pas une réponse : on ne peut pas vouloir exporter et refuser d’importer ». Le Général de Gaulle était européen, mais il précisait à Alain Peyrefitte ; "Je suis pour les états d'Europe unis et pas pour les Etats-Unis d'Europe", autrement dit pas pour cette mascarade.
 
Je garderai toujours en mémoire ce long chemin noir et grouillant qui se déplaçait à grande vitesse dans une forêt d’Afrique et absorbait toutes créatures vivantes sur son passage dans un documentaire diffusé par Arte : des fourmis légionnaires. Pourtant, parvenues aux abords d’une termitière, elles tentent alors de s’introduire. Le combat fait rage mais au bout de très peu de temps les termites les font fuir et les légionnaires plient bagage devant la défense. Dans la termitière, la reine est souveraine. A travers elle c’est leur survie que défendent les termites. Ne sommes-nous pas des termites, nous les Souverainistes ? Notre termitière c’est le patriotisme, notre seul rempart protecteur. « Aux armes, citoyens ! »

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Préface de l'Histoire de la Philharmonique La Seynoise

Début 2010, en prévision du 170e anniversaire de la Philharmonique La Seynoise, qui devait être célébré en novembre, la semaine du traditionnel concert de Sainte-Cécile, je me mis à rédiger une réactualisation du livre que mon père avait écrit, plus de 25 ans auparavant. Au Bureau de La Seynoise, on avait imaginé faire préfacer l'ouvrage par le Commandant Jean-Michel Ballada, Ancien chef de Musique des Equipages de la Flotte, et ancien élève de Marius Autran. Ce dernier ayant décliné ma proposition, pour des raisons parfaitement compréhensibles, le Bureau de La Seynoise suggéra alors le nom d'Henri Tisot. Celui-ci, contacté par mes soins, accepta aussitôt et me proposa un texte, dès le début de l'été 2010. Ce texte, fut utilisé comme préface du livre, sans modification notable. Je crois qu'une seule phrase fut rectifiée, concernant la définition de La Seynoise. Henri pensait que c'était seulement le nom d'une salle (dans laquelle il avait joué à ses débuts), oubliant que c'était avant tout le nom de la Société Philharmonique elle-même. Voici le texte qui fut publié - un texte d'autant plus précieux et émouvant que nul ne pouvait alors se douter que son auteur n'avait plus alors que quelques mois à vivre...

PREFACE DE LA NOUVELLE EDITION (2010)
par Henri TISOT

Si on parle à quelqu’un qui n’est pas originaire de La Seyne de « La Seynoise », il en déduira qu’on fait allusion à une habitante de la ville peuplée de Seynois et de Seynoises. En réalité, il n’en est rien. « La Seynoise » c’est une musique, une philharmonique née en 1840 et qui est la plus ancienne de la région. Elle est l’une des trois plus anciennes de France. Mais n’en disons pas plus puisque cet ouvrage va vous conter sa prestigieuse histoire. Ce n’est que par la suite, en 1922, son siège actuel ayant été construit rue Gounod, qu’on la considérera comme salle de musique et salle des fêtes apte à accueillir toutes sortes de manifestations. « La Seynoise » a même été la salle de spectacle qui a vu les débuts d’Henri Tisot, mes débuts.
Cela dit, d’aussi loin qu’il me souvienne, tout avait débuté ailleurs, bien avant et dans le sang, oui, dans le sang ! Je devais avoir cinq ou six ans et avec les élèves de ma jeune classe de l’école Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus qui se trouvait à l’époque, rue d’Alsace, nous devions participer à un exercice d’élèves sur la scène de « La maison du peuple ». On voit encore le nom de cette salle, sur la gauche, lorsque l’on monte vers le cimetière, et qu’on longe le grand parking Martini sur la droite. Nous devions chanter en cœur : « Voici les roses de mon rosier, dans un panier, dans un panier… » Et geste à l’appui, on devait semer des pétales de roses pris dans le panier que chacun nous tenions, et on devait projeter ces pétales comme des graines vers le public. Ma mère m’avait fait confectionner spécialement pour l’occasion, une chemisette de couleur vert amande sur laquelle étaient brodées des raquettes de tennis dont le joli tissu jade était parsemé. On m’avait même conduit à Toulon chez « Rosa », le photographe en renom pour garder un souvenir de cette tenue. Et voilà qu’en scène, en plein milieu du chant, je saigne du nez. On m’évacue et on me conduit « dare-dare » dans le jardin où se trouve un robinet d’eau froide et Toinet, la bonne à tout faire de ma grand-mère qui m’assiste, tente d’endiguer le flot de sang qui macule ma jolie chemisette. Elle place sur ma nuque un mouchoir trempé dans l’eau froide. Rien n’y fait. Quand enfin, le sang cesse de couler de mon nez, on retourne d’où l’on était venu mais c’était trop tard, l’exercice d’élèves était fini. J’avais loupé mes débuts d’artiste.
Ce sera partie remise, plus tard et à « La Seynoise », partie de cartes très exactement.
Là aussi, il s’agissait de l’exercice d’élèves de fin d’année de la classe du brevet. J’avais alors quinze ans en 1952. Après les classes de cours élémentaire (les appellations n’ont plus guère cours à notre époque, mais ma mémoire les a gardées intactes), j’avais été admis « en moderne », en sixième très exactement et dans la classe de Marius Autran. J’ai gardé de lui un souvenir tout particulier.
Autant les professeurs qui furent les miens en même temps que Monsieur Autran, étaient tous sujets à moqueries de notre part, nous, les élèves, ou de critiques tout aussi bien, autant Monsieur Autran ne paraissait pas « discutable » à nos jeunes yeux. Monsieur Autran n’avait pas de tic comme Monsieur Turquay le professeur de français qui disait « chut » - « chut-chut » à tout bout de champ, 134 dans l’heure de la leçon. Monsieur Autran ne nous faisait pas peur comme Monsieur Dary, le professeur de mathématiques qui entretenait la terreur, il n’arborait pas une cravate différente à chaque cours comme Monsieur Faber, le professeur d’anglais et, à l’inverse de Monsieur Laure, le professeur de sciences naturelles, il ne faisait pas de grands gestes qui mettaient en joie toute la classe. Il n’avait pas non plus comme le professeur d’histoire, Monsieur Muraccioli, Corse, de prétention communautariste, bref, Monsieur Autran, faisait figure à nos yeux d’un « prof »… normal ! On ne pouvait rien trouver à lui redire. Il avait l’art de traiter ses élèves comme des êtres ayant le même âge que lui et du coup, dépouillés de nos rôles d’élèves, on se tenait tout naturellement à carreau si je puis dire. Je ne dis pas cela pour faire plaisir à son fils, je le dis parce que je le pense réellement. Pour ce qui est des autres professeurs, j’usais déjà de mon talent d’imitateur et je faisais rire tous mes camarades lors des récréations en mettant en exergue leurs tics. Du coup, les professeurs qui avaient ouï-dire que je les imitais ne s’aventuraient plus à m’interroger, craignant de déchaîner l’hilarité. J’avais trouvé le moyen de me protéger, de me caparaçonner, de me mettre à l’abri, bien que quelquefois je souhaitais être convoqué au tableau en levant le doigt, mais les profs faisaient mine d’ignorer mes demandes.
J’ai souffert tout jeune d’un embonpoint qui me différenciait de mes autres camarades, lesquels ne se gênaient guère pour me rappeler à divers moments de la journée mon état : « gros plein de soupe - gros lard - « boudenffle » - bonbonne », j’en passe et des pires. Et lorsque j’étais tout particulièrement mis sur la sellette et agressé et qu’un de mes soi-disant copains se précipitait sur moi, c’est encore l’imitation qui me sauvait la mise. En effet, tandis que l’agresseur tentait de m’impressionner par une attaque inattendue, il me suffisait de prendre la même posture que lui pour le désarçonner dans son élan.
En imitant son geste menaçant, je prenais sa place et tandis qu’autour on s’esclaffait, attaqué que j’étais, je devenais attaquant. C’était pratique !
Donc, pour la fête de fin d’année, après l’obtention du BEPC (brevet d’études du premier cycle), il avait été convenu que notre classe de troisième donnerait sur la scène de « La Seynoise », la célèbre partie de cartes de « Marius » de la fameuse Trilogie de Pagnol « Marius-Fanny-César » et j’avais été désigné étant donné mes succès en récitation, pour interpréter le rôle de Panisse. Très vite je compris que j’allais y exceller pour la bonne raison que j’imitais à la perfection Charpin qui a créé le rôle auprès de Raimu dans le film « Marius » mis en scène par Alexander Korda en 1931. Or, mon grand-père Louis Tisot était féru d’enregistrements, tant d’opéras que de succès du moment et il me passait sur son phonographe, le disque en cire de la partie de cartes à tout bout de champ. D’ailleurs, lui seul, selon ma grand-mère Marguerite, avait le droit de remonter le mécanisme du phono, personne d’autre ne devait y toucher. Les trois films cités faisaient les délices des Seynois chaque fois qu’ils étaient programmés à l’Odéon, ou bien au Rex, les deux cinémas de la ville. « Fanny » a été mis en scène par Marc Allégret et « César » par Pagnol lui-même. Bref, j’ai été nourri de Pagnol dès mon jeune âge.
C’est Monsieur Troubat, le professeur de gymnastique, qui avait en charge les répétitions qui s’opéraient le plus souvent dans une salle qui se trouvait en sous-sol de l’école Martini d’alors, dont le directeur était Monsieur Malsert lequel était particulièrement craint. On ne le croisait qu’avec déférence.
Enfin, le soir de la représentation arriva, j’étais coiffé comme l’était Charpin dans le film, d’un chapeau mou beige et mon ventre avait été emprisonné et enroulé dans une taillole de la même couleur. Et ce qui devait arriver arriva !
Je n’obtins pas un succès, mais un triomphe. Le lendemain, les clients de la pâtisserie familiale firent des gorges chaudes à ma mère de mon interprétation : « Mon Dieu, madame Tisot, votre fils !...C’était le portrait craché de Charpin. Ce qu’il l’a bien refait. On aurait dit lui ! C’est un artiste votre fils! ».
C’est après cette soirée que les filles de l’école Curie qui ne me regardaient pas jusqu’à présent, commencèrent à me faire de légers, de très légers clins d’œil qui me mettaient du baume au cœur. Tout cela je le dois à « La Seynoise » ! C’en était fait, ma carrière artistique pouvait commencer.
Il est à remarquer d’ailleurs qu’elle débuta à « La Seynoise » par une imitation au service de la comédie, et cela se produisit à l’inverse plus tard lorsque de la Comédie Française où je fus engagé à 20 ans comme Pensionnaire, je basculais de la comédie dans l’imitation du général de Gaulle.
    Et encore bien plus tard, en 2000, je fus engagé auprès de Roger Hanin dans la même Trilogie de Pagnol pour jouer auprès de lui le rôle de Panisse. Mais là, je n’eus plus besoin d’imiter Charpin, c’est Tisot qui s’exprimait jusqu’à devenir Panisse en personne selon le public.
   Fernand Charpin, créateur du rôle d’Honoré Panisse, était né le 1er juin 1887 et moi, je suis né le 1er juin 1937. Il est des coïncidences qui demeurent troublantes pour ne pas dire abusives comme se plaisait à les désigner Louis Pauwels.
   Toujours est-il qu’aujourd’hui, tandis que je regarde en arrière, je considère que ma vie prit sa véritable direction après cette soirée mémorable de « La Seynoise » en 1952 si je ne me trompe pas. A la suite de quoi, j’entrais au Conservatoire de Toulon où j’appris les bases de ce qui allait être mon métier de comédien avec Armand Lizzani, puis je prenais bientôt le train pour Paris en 1955 et entrais au Conservatoire d’Art dramatique dans la classe de Béatrix Dussane. Après les concours de sortie, j’obtins un second prix de comédie classique dans Sganarelle de « Dom Juan » de Molière et un second prix de comédie moderne dans « La femme du boulanger » de Marcel…. « Pagnol, Pagnol, quand tu nous tiens… »
Je fus alors engagé comme Pensionnaire à la Comédie Française en 1957 (j’avais 20 ans) où j’allais demeurer jusqu’en 1960. Puis, ça allait être le tournage pour la télévision, l’ORTF d’alors, du feuilleton « Le Temps des copains » où je campais Lucien Gonfaron, qui reste dans la mémoire collective des Français, et en même temps l’imitation du général de Gaulle, chef de l’État, qui allait me propulser au firmament grâce à « L’Autocirculation » dont un million de 45 tours furent vendus, lesquels brocardaient la politique algérienne de « l’Autodétermination » du général de Gaulle.
C’est véritablement après la mémorable soirée de « La Seynoise », au cours de laquelle j’acquis un certain prestige grâce au rôle de Panisse que je compris que le fait d’enfourcher un autre personnage que le sien, permettait de faire route, de faire carrière, bref, d’aller plus loin que l’on aurait pu aller soi-même et tout seul. Il faut imiter plus grand que soi pour véritablement avancer dans la vie. J’ai donc pris pour habitude de me faire accompagner de tous les rôles que j’étais capable d’endosser. Gandhi a dit : « On devient ce qu’on admire ».
Il m’arrive de m’interroger : que serait-il advenu de moi sans cette soirée à « La Seynoise » qui m’a propulsé vers mon avenir avec tout ce qu’il a comporté qui n’est certes pas commun ? Sans doute n’aurais-je pas su ou pu prendre le dessus sur les complexes que m’imposaient mon physique et j’aurais rongé mon frein à La Seyne sans avoir la possibilité de sortir de cette chrysalide que j’eus la riche idée d’abandonner dans le train qui me conduisit à Paris, de telle sorte que, débarquant sur le quai de la gare de Lyon, j’étais un homme neuf. Il ne me restait plus qu’à devenir celui que je suis devenu : Henri Tisot.



Quelques citations relevées dans les textes d'Henri TISOT

[Toutes ne sont pas d'Henri TISOT, certaines avaient été suffisamment fortes et pertientes pour qu'il les affectionne et les rappelle dans ses ouvrages]

J'en arrive à me demander si mes oreilles attrapent au vol des informations que personne n'entend, tout simplement parce que je suis à l'affût d'arguments qui peuvent amener de l'eau au moulin de mes convictions, ou bien si je suis - supposition tout à fait mégalomane - surveillé par le ciel qui instille au moment voulu dans mes pensées les idées dont j'ai besoin pour me faire entendre.

Je suis né sous le signe des Gémeaux. Si l'on prête quelque valeur aux signes astrologiques, on en conclura que, mon destin étant gémellaire, il est tout naturel qu'il s'inscrive dans la dualité.

Je ne pense jamais par moi-même car je partage l'avis du rabbin Josy Eisenberg : « Toute connaissance est référentielle ».

Je veux rester vivant jusqu'à la mort, a dit le philosophe Paul Ricœur à 90 ans.

Ce ne peut être qu'en écrivant que je peux m'y retrouver. Et car, selon Blaise Cendrars : « Il faut aller à la conquête de soi à travers l'écriture ». L'écriture est un chemin que l'on trace pour soi-même d'abord et pour les autres ensuite s'ils veulent bien nous suivre.

A quoi bon écrire ? Ecrire pour retenir le temps qui passe, pour enfermer le temps passé, pour ne plus qu’il s’échappe, et lui conférer ainsi un temps de survie délimité par les pages d’un livre. Il s’agit alors de passer ces portes qui sont en papier et qui se feuillettent au gré du temps. Autrement dit, écrire, c’est tenter d’effacer celui qui efface presque tout, à savoir ce malfaiteur invétéré : l’oubli. J’irai jusqu’à dire qu’il est le cancer de la mémoire. Il provoque l’amnésie totale quand ses métastases s’étendent. On est alors comme mort tout en demeurant vivant.

Un livre agit à l’inverse de l’action du temps, qui lui, ne retient rien, qui efface tout, qui méprise tout, qui travaille à faire en sorte que tout s’échappe. Ecrire, c’est tenter de soigner son passé. L’écriture serait une sorte de chimiothérapie pour gagner du temps.

Nous sommes tous, non seulement des coffres-forts ambulants, mais peut-être plus prosaïquement des hospices, des asiles qui offrons des soins palliatifs à des souvenirs en fin de vie. Et il nous faut être à leur hauteur, digne de leur souvenance, capable de les prendre en charge, même si c’est lourd, afin de les transmettre pour que d’autres s’en montrent dignes. C’est ce qui fait que, pour l’heure, je continue à vivre jusqu’à la fin du temps qui m’est imparti, que je continue d’écrire et de raconter ce qui, à mes yeux, me paraît être essentiel et qui mérite d’être sauvegardé. Nous sommes tous les victimes de ce poison qui est la mort, mais nos paroles demeurent grâce à l’écrit. « Où est-elle, ô mort, ta victoire ? » (Saint-Paul).

Bien plus grave, plus inacceptable, plus insoutenable que notre propre mort, est encore plus ignoble la mort de tous ceux que nous trimbalons dans nos têtes, ces montgolfières provisoire, et qui meurent une seconde fois au moment où nous mourons nous-mêmes. En tuant un seul être, la mort en bousille un nombre presque incalculable.

A la limite, je parviens à admettre la mort et convenir qu’elle est nécessaire à la vie, car si elle n’était pas, nous nous laisserions vivre sans chercher à comprendre ni quoi ni qu’est-ce. Dieu, pour nous doter du savoir, a sans doute été tenu de nous laisser soumettre à la mort. C’est l’angoisse du futur qui nous contraint à chercher, à nous poser des questions, dont celle-ci, essentielles : Où allons-nous ? Que devenons-nous, après ?... »

« Notre vie n’est pas formée de toutes nos émotions, ni de tous les évènements de tous les jours, mais de ceux qui ont marqué e que nous avons retenus. Sans le vouloir, l’homme compose une vie à sa façon et en cela il est un artiste bon ou mauvais. D’instinct, un bon artiste écarte ce qui n’est pas dans le sujet » (Jacques Chardonne).

« Je considère que l’on est que par les autres, et à partir du moment où on se raconte, on raconte les autres. Même les options que l’on peut prendre dans la vie sont toujours dues à quelqu’un d’autre, à une rencontre ou au fait que l’on veut être à la hauteur de l’opinion de quelques-uns. Pas beaucoup, en fait. Je sais très bien ce que j’appelle « ma conscience », c’est le regard de cinq ou six personnes. Pas nécessairement des gens que je vois souvent. Des gens qui ne savent pas du tout qu’ils sont ma conscience. Moi, je sais qu’ils me surveillent » (Simone Signoret).

Comme cela me choquait qu’elle fut seule, toute seule ! Dans le Midi, on ne laisse pas les morts seuls, comme si l’on avait peur qu’ils se perdent lors du dernier chemin qu’il leur reste à faire.

« Tout est joué avant que nous ayons sept ans », a dit, me semble-t-il, Jules Renard.

Ma vie ne tient plus qu’à un fil, le fil de l’écriture, ce fils qui me relie à vous tous et qui seul m’indique le chemin, « le chemin du Christ ». Et je me demande, tout en écrivant, en persévérant sur cette route, sur ce chemin de vérité qu’est l’écriture, si je ne suis pas rétrospectivement parvenu à l’état où se trouvaient Adam et Eve dans le jardin d’Eden ?

Obéir au dictamen de la conscience est le point central du christianisme, tandis que l’islamisme qui a servi de modèle à Hitler, grâce au fils de la musulmane Hess, remplace la conscience individuelle par le devoir d’obéir aux ordres du prophète ou de ses successeurs aveuglément.

En témoignent les Cahiers de Paul Valéry dans lesquels il s'astreint à noter toutes ses réflexions au petit matin. Après quoi, ajoute-t-il en manière de boutade, ayant consacré ces heures à la vie de l'esprit, je me sens le droit d'être bête le reste de la journée.

Citation : « Heureux qui vit en paix du lait de ses brebis […] Qui demeure chez lui comme en son élément, sans connaître Paris que de nom seulement… »


Textes extraits du blog d'Henri Tisot :




Ma rencontre avec le général de Gaulle
    Maurice Escande était alors administrateur de la Comédie-Française quand le général de Gaulle vint assister en grande pompe, salle Richelieu, à une représentation d'Electre de Jean Giraudoux. A cette occasion, le Général se serait paraît-il enquis de Madame Escande auprès de Maurice Escande dont l'homosexualité était notoire : « Comment va Madame Escande ? ». Et Escande de répondre sans se départir: « Mais elle va très bien, elle fait actuellement son service militaire à Baden-Baden. » Si non e vero e ben trovato !
   C'est lors de cette soirée, en 1959, que je fus présenté en même temps que le reste de la troupe au général de Gaulle. Il jeta sa main dans la mienne (elle pesait son pesant de chair), et le Général me dit comme à tous les acteurs de la Comédie-Française : « bonsoir Maître ». Jean Mauriac,  fils de François Mauriac, correspondant permanent auprès de De Gaulle, 26 ans durant, définissait ainsi la poignée de main du Général : « Assez molle à cause d'une ancienne blessure de guerre. Il tendait la main et prenait la vôtre sans la serrer ». En réalité, il vous donnait la main mais elle paraissait si lourde que j'eus comme l'impression qu'il me la laissait. Toujours est-il que le Général ne pouvait se douter ce soir-là, moi non plus d'ailleurs, qu'il avait affaire à celui qui deviendrait son imitateur patenté, le fou du roi en somme.
    Héléne Perdrière qui était une des plus célèbres sociétaires de l'époque et qui m'avait pris sous son aile, n'appréciait pas la politique du Général. Elle me demanda d'un air dépité lors de l'entracte tout juste avant d'entrer dans le Foyer des artistes où la troupe au grand complet devait être présentée au Général : « Qu'est-ce qu'il faut dire à ce grand escogriffe: Majesté ? Président ? Votre grâce ? De toi à moi, quand je le vois à la télévision, il m'insupporte ! ». Son aversion vis-à-vis du personnage semblait bien ancrée. Et voilà que surgit tout à coup De Gaulle se présentant dans l'encoignure de la porte du Foyer des artistes, précédé de Maurice Escande qui faisait autour de lui des ronds de jambe à n'en plus finir. Un silence s'établit. Yvonne de Gaulle en robe longue suivait. C'était, il faut le dire, assez impressionnant, et pensionnaires et sociétaires n'avaient d'yeux que pour le Général qui, ce soir-là, leur volait  la vedette. Il avait pris un air tout à fait humble qui nous déconcertait tous, car on ne le lui avait jamais vu l'adopter à la télévision. Cela contrastait avec ce qu'on attendait de lui. On imaginait presque qu'il aurait pu surgir parodiant Ruy Blas de Victor Hugo et hurlant : « Bon appétit, messieurs. Ô sociétaires intègres… » Bien au contraire, le Général semblant tout à fait amène, désigna les tableaux sur les quatre murs du foyer, lesquels représentaient les anciens acteurs de la célèbre troupe dite de Molière, et il  lança d'une voix calme et pourtant intelligible à l'intention de toute la troupe: « Alors, tous ces personnages dans ces cadres, si je comprends bien, ce sont vos enfants ! » Escande se précipita vers De Gaulle de plus en plus tournoyant et semblant esquisser les pas d'un ballet par avance réglé, et lui déclara en faisant mille moulinets avec ses mains : « Oui, mon Général, se sont nos enfants, ils nous ont tous quittés, mais qu'à cela ne tienne, nous allons vous en donner d'autres. »
   A la suite de quoi, le Général fit la revue non pas de ses troupes mais de toute la troupe d'acteurs réunis en rang d'oignons autour de lui, ayant un mot banal pour chacun. Cela allait de « bonsoir Maître  » à « mes hommages Mademoiselle » puisque c'est le titre auquel ont droit les comédiennes de chez Molière. Toutes ces dames se fendaient d'une révérence. Fusaient le plus souvent de la bouche de De Gaulle des « heureux de vous voir ! », qui semblaient combler les plus célèbres parmi les comédiens Français qui pensaient sans doute dans leurs fors intérieurs : « je crois bien qu'il m'a reconnu ».
    Enfin, voilà que de Gaulle parvient devant Hélène Perdrière à qui il baise la main sous l'œil médusé des autres comédiennes de la troupe qui n'avaient pas eu droit à cet honneur, et à la surprise générale, de Gaulle se lance alors dans une apologie, une sorte de panégyrique exclusivement réservé à Hélène : « Oh ! Madame… vous ne pouvez imaginer l'admiration que j'ai pour vous. Je vous ai vue  dans telle pièce, dans tel film… » Et il cite par cœur les titres des œuvres qu'Hélène Perdrière avait interprétées et en tête le rôle de Silvia du « Jeu de l'Amour et du Hasard » de Marivaux où effectivement, éblouissante, elle exprima toute la complexité des sentiments amoureux. De temps en temps le Général prenait Yvonne à témoin : « Yvonne vous vous souvenez de Mademoiselle Perdrière dans Topaze avec Fernandel, bien sûr !» Yvonne acquiesçait avec un léger haussement d'épaules comme pour dire « évidemment ! ».
   L'hommage présidentiel allait durer de longues minutes durant lesquelles les sourires des autres comédiennes de la troupe avaient eu le temps de se figer de dépit. Si les regards avaient pu lancer des balles de mitraillette, Hélène Perdrière aurait succombé ce soir-là, le corps criblé. Mais heureusement  personne n'était armé. Hélène, quant à elle, se tortillait à chacune des apostrophes du Général, jouant modestement à celle qui ne savait plus où se mettre, mais pas mécontente non plus d'infliger aux autres comédiens cette revanche historique. Puis s'égrena la sonnerie qui marquait la fin de l'entracte, et le Général et son épouse traînant toujours à leurs basques Maurice Escande donnèrent le signal du départ. Les uns après les autres, comédiens et comédiennes qui ne faisaient pas partie de la représentation dont la seconde partie allait devoir se dérouler en scène, regagnèrent eux aussi la salle. Hélène Perdrière, elle, était encore sous le coup de l'émotion. Certains qui, en sortant, se trouvaient nez à nez avec elle, ne pouvant donc pas l'éviter, se voyaient obligés de la congratuler hypocritement. Moi, qui était son jeune vassal qui l'admirait et l'aimait sincèrement et profondément pour tous les conseils qu'elle ne cessait de me donner, je me précipitai vers elle pour l'embrasser et lui dire « bravo ! ». Je l'entendis alors me confier dans le creux de l'oreille : « Dis donc, ce De Gaulle, il est formidable ! Et elle, tante Yvonne, mais elle est délicieuse. Tu crois que si je les invitais un dimanche à Jouy, ils viendraient ? » De Gaulle avait retourné Hélène comme une crêpe !
   Tout s'était déroulé sous l'œil sans doute goguenard de Molière peint par Mignard et qui trônait au beau milieu d'un des murs du Foyer. Avant de regagner la salle, Maurice Escande avait fait visiter son bureau d'administrateur au Général et à la sortie du bureau lui avait indiqué une grande plaque de marbre blanc sur laquelle s'étalaient en lettres d'or les noms de tous les administrateurs qui l'avaient précédé jusqu'au sien qui fermait la marche. Comme Escande en faisait état, De Gaulle, philosophe laissa tomber: « Vous en êtes encore là ? »
   C'est, cela ne fait aucun doute, le souvenir de cette simplicité gaullienne dont j'avais été le témoin qui fut cause, le temps venu, de la justesse de mon imitation du Général dont j'avais su gommer la grandiloquence qu'on lui prêtait mais qui n'était pas effective. En revanche beaucoup, quand ils s'y essayèrent, crurent bon d'en remettre en s'adonnant à leur parodie. Moi, j'avais saisi ce soir-là que ce Général que tous les Français avait tendance à assimiler ou bien à la statue du Commandeur du Dom Juan de Molière ou bien alors à Gulliver, n'était autre, abstraction faite de sa grande taille, qu'un homme tout simplement et qui n'avait le souci que de se montrer tel. Il devenait ainsi à ma portée et je n'avais plus qu'à entrer en lui. Ce n'est que plus tard que je me rendrais compte que j'avais affaire à forte partie et que pénétrant en lui, je m'étais introduit dans un monument historique. Bien m'en avait pris !
Merci Hélène !
    Le Général et Yvonne de Gaulle ne vinrent pas, bien sûr, à Jouy-en-Josas, comme Hélène Perdrière en rêvait.
   Hélène Perdrière habitait à Jouy-en-Josas, une superbe maison d'Ile-de- France dans les Yvelines et qui était entourée d'un magnifique jardin. Le dimanche, elle et son mari invitaient donc de nombreux amis, certains de la maison de Molière dont moi. Mais tout le village de Jouy a longtemps cru mordicus que le général de Gaulle faisait partie des invités d'Hélène Perdrière et qu'il se rendait certains dimanches à Jouy-en-Josas, tout simplement parce que votre serviteur qui commençait à s'exercer dans l'imitation du président de la République se mettait à hurler des « je vous ai compris ! » dans le jardin de La Désirade, c'était le nom de la propriété d'Hélène Perdrière. En effet, au moment du café sur la terrasse lorsque le temps le permettait, Hélène me glissait : « Allez Henri ! Fais-nous un petit coup de De Gaulle pour nos invités. Vous allez voir, il est impayable, c'est à s'y méprendre. » Et c'est alors que je me fendais d'un petit discours à ma manière qui se terminait obligatoirement par les mots qu'employaient toujours le général de Gaulle en criant à la cantonade : « Je m'en vais vous faire une confidence, vous ne le répéterez à personne, mais je suis heureux de me trouver aujourd'hui à Jouy-en-Josas dans les Yvelines, sur la Bièvre. Vous en comprenez les raisons, et nous enchaînons l'histoire. Vive Jouy ! Vive les Yvelines ! Vive la République et vive la France ! »
   Le lendemain lundi, des voisins d'Hélène Perdrière qui n'y avaient vu, pardon ! entendu que du feu, colportèrent dans tout Jouy-en-Josas ébahi, éberlué, que le général de Gaulle prenait des leçons de diction chez Hélène Perdrière et répétait ses allocutions dans le jardin de La Désirade. Bien entendu, Hélène ne démentit pas. C'était par trop honorifique pour elle d'avoir été durant de nombreux dimanches l'hôtesse du Général, ce qui, à l'occasion et dans la foulée, me donnait l'occasion de me fendre également d'une imitation d'Hélène Perdrière elle-même. Mais autant elle appréciait ma parodie du Général, autant la sienne ne l'agréait guère. De l'avis de la plupart des invités j'imitais Hélène à la perfection bien qu'elle s'en défendît prétextant qu'autant mon imitation de De Gaulle était fidèle, autant la sienne était exagérée. J'en faisais trop à son goût : « Oh non, je ne minaude pas ainsi et je ne tords pas la bouche comme tu le fais. Vraiment tu exagères.» La Fontaine a bien dit à notre propos :
«  On se voit d'un autre œil qu'on ne voit son prochain. »
  En attendant, je commençais, moi, à me glisser dans le personnage présidentiel et qui allait se révéler providentiel pour moi nous allons le voir et j'en profitais pour tester des bribes de futurs sketches. Un dimanche, j'avais peaufiné mon numéro naissant et l'ayant adapté à un succès de Colette Renard, je criais à tue-tête toujours dans le jardin : « Marseille, tais-toi Marseille ! Tu cries trop fort, je n'entends plus claquer les voiles dans le port ». Cela surprenait et bien sûr déclenchait le rire parmi les invités d'Hélène. Il faut dire que l'imitation de De Gaulle ne m'était pas tombée sur la tête comme ça. En fait, tous les imitateurs vous le confirmeront et vous apprendront que pour entrer dans la peau d'un personnage connu, il faut commencer par s'inspirer de quelqu'un qui, avant vous, s'amuse à l'imiter. On perçoit alors ce que l'autre imitateur a retenu du personnage et quand on met son propre grain de sel et qu'on le marie à celui de l'autre imitateur, ça y est, on tient le bon bout. Eh bien, je vais vous faire un aveu assez étonnant, c'est Jean-Laurent Cochet qui m'a mis sur la voix… du Général, et en même temps sur sa voie. Jean-Laurent, pour s'amuser du personnage tentait d'imiter Jean Yonnel, le célèbre tragédien de la Comédie-Française. Je saisis alors cette opportunité, et le fait d'en passer par Yonnel interposé, me permit enfin de déboucher sur De Gaulle. Les voix… de l'imitation sont impénétrables ! Et il arriva ce que vous savez, je me mis à imiter le Président de la République comme personne. Cela dit, ce qui est assez troublant c'est qu'à l'époque le bruit courait que Jean Yonnel donnait lui, réellement des leçons de diction au Général, et curieusement, au moment de mes premiers succès de cette imitation qui fit ma célébrité, parmi les premiers spectateurs qui vinrent m'écouter au Théâtre de Dix heures , il y eût, comme par hasard, dans les premiers rangs, Jean Yonnel ! : « Bizarre, bizarre…Vous avez dit bizarre ? »
   Mais je ne voudrais pas passer sous silence les déboires qui risquèrent d'accompagner mon imitation du général de Gaulle à Jouy-en-Josas avant d'enflammer la France entière. En effet, un matin, la gouvernante d'Hélène qui était une vieille alsacienne à son service depuis des décennies, l'avisa : « Matame, je vais devoir vous quitter. » - « Mais pourquoi Eugénie, qu'est-ce qui ne va pas ? » - « Je suis très choquée Matame que vous ayez choisi chuste le dimanche qui est mon jour de sortie, pour inviter le général de Gaulle. C'est la boulanchère qui me l'a dit. D'ailleurs, tout le villache est au courant. De quoi ai-je l'air ? On m'évince quand il y a des invités de marque.»
   De même à la suite de mes harangues dans le jardin, des couvreurs qui travaillaient le dimanche « au noir », perchés sur une toiture avoisinant la maison d'Hélène, avaient pris pour argent comptant le fait que De Gaulle se trouvait à Jouy ces dimanches en question, de sorte que de dimanche en dimanche, la rumeur allait grossissant. Bref, la crédibilité de mon imitation s'affirmait de jour en jour et j'allais être contraint par le destin de quitter la Comédie-Française dont je fus exclus par le Comité qui tous les ans rendait son verdict. Et je dus comme on dit, mettre les voiles…
   Quant à moi, comme je commençais à prendre une certaine assurance dans mon plagiat qui allait bientôt me propulser sur le devant de l'actualité humoristique, je pris conscience des paroles d'Hélène : « Vous allez voir, c'est à s'y méprendre. Il est impayable ! » - « A s'y méprendre » c'était sûr et j'en devins persuadé - Et « impayable », je le devins aussi. Lorsque les choses se mirent en marche, je me fis payer selon l'offre et la demande et j'en vins à gagner en  une soirée l'équivalent de ma rémunération mensuelle à la Comédie-Française. Mes prix défièrent toute concurrence. Je devenais véritablement impayable selon Hélène.
   Mais à force de me présenter sous les traits du Général, Henri Tisot, dessous, disparut totalement. On ne savait plus où il était passé. Fort heureusement, je devais être tout particulièrement équilibré mentalement, de sorte que lorsque je rentrais chez moi, le soir, jamais je n'ai crié à ma concierge, « c'est moi, l'Empereur ! », comme cet acteur qui interprétait au théâtre au siècle dernier, le rôle de Napoléon. Mais cela dit, la phrase d'Orwell extraite de son roman « 1984 » écrit en 1949, aurait pu s'adapter à ma situation : « Tisot, nous allons vous presser jusqu'à ce que vous soyez vide, et puis nous vous remplirons de De Gaulle. » Et c'est ce qui advint. Aujourd'hui encore, bien que j'ai eu l'heur de faire le vide en moi grâce aux nombreux rôles que j'ai interprétés par la suite, le temps de mon imitation du Général une fois passé, De Gaulle demeure imperturbable dans des recoins de moi-même, prêt sans cesse à surgir au détour d'une de mes pensées, de ses pensées devrais-je dire, de ses réflexes, de sa façon d'être serait-il plus juste et adéquat d'annoncer. C'est ainsi que sur de nombreux points, j'ai pris le relais pour défendre  ce que De Gaulle avait le plus à cœur : « une certaine idée de la France ».




L'enterrement de De Gaulle à Colombey-les-Deux-Eglises
(Extrait de De Gaulle et moi - Quelle aventure! – Éditions du Cerf)

      Le général de Gaulle est mort le 9 novembre 1970 à 19 heures 35 à Colombey-les-Deux-Eglises, mais la France et les Français n'ont appris son décès que le lendemain 10 novembre à 9 heures 06.
   Pour ce qui me concerne, le 10 novembre je devais assurer une représentation du Bourgeois Gentilhomme de Molière, à la Chaux-de- Fonds en Suisse, tout de suite après la frontière. Je devais y interpréter le rôle de Monsieur Jourdain, le rôle titre. Je me revois au petit matin du 10 novembre 1970, débouchant au volant de ma Ford Camaro vert bouteille et décapotable du parking souterrain du 30, boulevard d'Argenson à Neuilly où j'habitais à l'époque. Je ne sais pourquoi l'image de ce départ sur le coup de sept heures du matin demeure inscrite dans ma mémoire, alors que tant d'autres choses bien plus marquantes s'en sont échappées. J'étais accompagné par mon secrétaire et par un comédien de la troupe qui, dans  Le Bourgeois Gentilhomme, jouait le Maître à danser à mes côtés. Nous devions faire un raccord, c'est à dire une courte répétition de la pièce en milieu d'après-midi à la Chaux de Fonds, à près de 500 kilomètres de Paris, ce qui nécessitait ce départ aux aurores. J'avais de plus, prévu, envisagé de nombreux arrêts sur le chemin qui, de Paris, mène à la Chaux de Fonds et prévu au moins 7 à 8 heures pour parcourir ces 500 kilomètres en tenant compte de mon handicap. En effet, depuis une bonne dizaine de jours, je ne pouvais ni demeurer longtemps debout, ni m'asseoir, sans ressentir une épouvantable douleur dans le dos. J'avais consulté plusieurs médecins et j'avais pris rendez-vous pour une radiographie pour les jours qui suivaient cette représentation à la Chaux de Fonds.
   Mais, ce matin-là, à mon grand étonnement, dès que je fus installé dans mon automobile, je fus terriblement surpris de ne plus ressentir la moindre douleur lombaire. Le mal s'était envolé. La raison me sera révélée plus tard. Et de Paris à Pontarlier, soit durant 450 kilomètres, sans que j'eusse prémédité la chose, ni que je pusse en saisir sur l'heure les raisons, je ne cessais de parler des choses qui touchent à la mort et tout particulièrement de la mort quasiment le même jour, à savoir le 3 ou le 4 mars, à quelques années de distance, de gens qui comptaient énormément pour moi. Il semblait que, tout au long du parcours, j'en arrivais à faire une sorte de bilan émotionnel. Je donnai aux deux garçons qui m'accompagnaient, force détails sur la mort de Béatrix Dussane, mon professeur au Conservatoire de Paris et tout à la fois mon mentor aussi bien dans ma vie que dans mon métier de comédien. Elle nous avait quittés le 3 mars 1969. Cette date du 3 ou 4 mars m'a été fatidique durant de nombreuses années. On peut mettre cela sur le compte du hasard, pour ma part je mets tout cela sur le compte des choses qui demeurent inexpliquées. Bien avant, le 3 mars 1963, c'est mon ami d'enfance Maurice Bonnet qui me faussa compagnie. Il était né comme moi en 1937 et avait donc 26 ans quand il mourut victime d'un accident de la circulation. Le 4 mars 1968, ce fut, Marguerite, ma grand-mère, la mère de mon père, que j'aimais par-dessus tout, qui me laissa, ce qui constitua pour moi un véritable déchirement. Le 3 mars 1969, Dussane se rendit au ciel, Dussane avec qui alors que je n'avais pas encore vingt ans à l'époque du Conservatoire j'entrepris avec elle une sorte de liaison amoureuse. Dussane elle, avait alors soixante et dix ans. (Voir à la fin de l'ouvrage : Béatrix Dussane. Une histoire d'amour fou).
      Je faisais part de tout cela aux deux camarades qui m'accompagnaient le 10 novembre 1970, tandis que nous roulions vers La Chaux de Fonds en Suisse. Il semble que tout soit lié, relié par on ne sait quel hasard pour certains, par je ne sais quel miracle pour d'autres.
 Et enfin, plus tard, je ne le savais pas encore puisque nous étions le 9 novembre 1970, le 4 mars 1971, ce serait le tour de mon manager Jean-Louis Marlotte qui m'a accompagné durant ma carrière d'imitateur du général de Gaulle pendant près de 10 ans. Et de toutes ces « coïncidences abusives » selon l'expression de Louis Pauwels, à l'exception de la dernière concernant Marlotte, je m'entretenais avec mes compagnons de voyage, jusqu'au moment où, vers midi, à l'arrêt d'un feu rouge à un carrefour de Pontarlier, je tournais le bouton de la radio de mon automobile et tandis que l'antenne électrique comme en possédaient les voitures à l'époque, se dépliait vers le ciel, j'entendis : « …néral de Gaulle est mort, hier soir… à Colombey-les-Deux-Eglises. »
    Je n'eus que le temps de démarrer, puis de jeter ma voiture sur le rebord de la route tout de suite après le carrefour, et éclatai en sanglots, ayant véritablement conscience que je me trouvais ici à un carrefour de ma vie bien plus qu'à celui de Pontarlier.
   Le soir, je jouai tant bien que mal le rôle de Monsieur Jourdain après avoir expliqué au public suisse qu'ayant endossé 10 ans durant la peau du général de Gaulle, il m'était tout particulièrement pénible ce soir-là de tenter de le faire rire alors que j'avais le cœur en bandoulière.
   Je fais remarquer au passage que Colombey-les-Deux-Eglises se trouve à mi-chemin sur le parcours que je venais d'accomplir entre Paris et la Chaux de Fonds. Chaumont, tout près de Colombey se trouve à 264 kilomètres de Paris et Pontarlier à 448 kilomètres.
    Le hasard, ce hasard qui a si bon dos aux yeux des imbéciles, avait agi de telle sorte que le 10 novembre je fusse amené à jouer à la frontière suisse. J'aurais pu tout aussi bien être engagé pour jouer à Bordeaux, Marseille, Lyon ou Brest. Non, le hasard avait agi de telle sorte que je me trouvasse le 10 novembre 1970 sur la route de Colombey.
   L'enterrement du Général, je l'appris par la presse, devait avoir lieu à Colombey, le 12 novembre après-midi. M'y serais-je rendu depuis Paris ? Sans doute pas. J'aurais eu peur que l'on me taxât de cabotinage ou bien d'aller faire le beau aux obsèques de celui dans la peau duquel j'étais entré pendant plus de dix ans. Mais comme je me trouvais à seulement 200 kilomètres de Colombey, l'idée de ne pas m'y rendre, bien qu'elle m'eût effleurée, me parut inenvisageable. Je passais donc le 11 novembre à la Chaux de Fonds. Je convins de me rendre à Colombey par Chaumont le lendemain. Je me disais, étant donné l'affluence des Français prévue et attendue, que je ne parviendrais sûrement pas jusqu'au village et je décidai de m'arrêter sur le bord de la route qui conduisait à Colombey, là où l'affluence m'obligerait à stopper. J'envisageais donc d'écouter à la radio depuis ma voiture la transmission des obsèques, puisque le Général avait spécifié dans son testament qu'il faisait la part belle au peuple et pas aux officiels : « Les hommes et les femmes de France et d'autres pays pourront, s'ils le désirent, faire à ma mémoire l'hommage d'accompagner mon corps jusqu'à sa dernière demeure. Mais c'est dans le silence que je souhaite qu'il y soit conduit. »
  
   Et voilà qu'à environ un kilomètre ou deux de Colombey, un barrage de gendarmerie arrête pour les faire se ranger sur le bas côté de la route, les automobiles qui arrivaient. Moi, je suivais sans le savoir et m'en être véritablement rendu compte une voiture officielle, et comme les gendarmes, à grands coups de sifflets dégagent subrepticement la route pour frayer un passage à la voiture officielle, voilà que dans la foulée si je puis dire, ils me forcent, à coups de sifflet intempestif de faire corps avec elle. J'obtempère et je suis la voiture officielle avec qui je n'avais rien à voir, tout en me demandant pourquoi on m'avait obligé à me coller à elle. Mon automobile sport, verte, décapotable, ne pouvait pas laisser supposer qu'elle transportât une personnalité. Me voilà parvenu à l'entrée de Colombey avec toujours mes deux compagnons. Le parking semblait totalement saturé à l'entrée du village. Je m'y enfournai cependant et glissai ma voiture dans le seul espace étroit qui restait mais dans lequel elle se faufila. A se demander si l'on ne m'avait pas réservé ma place.
   Et à partir de ce moment-là, tout devint fou, surnaturel, inimaginable, impensable, inracontable. Comment ne pas me taxer de mythomanie après tout ce que je vais dire ?
    J'étais dans une sorte d'état second. J'ai, en mémoire, comme photographiée, l'entrée du village de Colombey à quelque 500 mètres, là-bas, plus loin. Elle était noire de monde. Comme bouchée, bloquée, fermée.
   Je dis avec autorité à mes deux acolytes : « Suivez-moi ! » Ce qu'ils firent. Je m'engage alors dans les champs comme si j'étais déjà passé par-là et que je connaissais le chemin. Les grillages se trouvaient comme par enchantement, sectionnés, afin de faciliter notre passage. D'autres avaient dû nous précéder. J'avais tout à fait conscience d'être guidé, téléguidé serait plus juste. Je garde en mémoire un mur sur lequel des gens étaient perchés et qui me reconnaissant, me témoignèrent par l'expression de leurs visages et de leurs yeux, une sorte de compassion comme s'ils avaient affaire à travers ma pauvre personne à quelqu'un de la famille De Gaulle forcément plus atteinte que tous les autres Français. Nous grimpâmes la rue qui aboutit à la grande place de Colombey, sur laquelle débouche plus loin à gauche l'entrée de l'église qui demeurait invisible à nos yeux depuis cette sorte d'avant place que nous venions d'atteindre. Enfin, je parviens derrière un compagnon de la Libération que je reconnais à ses décorations et je m'entends dire en moi-même: « Là, mon vieux, tu n'as plus le droit d'aller plus loin ! ». Je m'arrête donc. Je me retourne afin de jauger tout le chemin parcouru et à ma grande stupeur, je constate que la rue derrière moi est noire d'une foule compacte. J'en viens à me demander si l'on ne m'a pas soulevé comme une chienne qui prend par le cou son chiot qu'elle transbahute dans sa gueule et j'en conclus que cette chienne imaginaire m'a déposé là où je me trouve. Comment aurait-il pu en être autrement ? Comment de mon propre chef aurais-je pu parvenir jusqu'ici ? Cela demeurera toujours pour moi un point d'interrogation toujours posé et sans réponse satisfaisante.
     Et là, à la place où je me trouve et où je suis bien obligé d'admettre  que l'on m'a déposé, transporté en quelque sorte, l'émotion est à son paroxysme. Par instants, on entend un râle immense. On se retourne pour constater d'où vient le bruit inopportun et on constate qu'une quinzaine de personnes qui s'étaient perchées sur un mur de jardin, viennent d'en tomber. Toutes ensemble. Pourquoi ? Je ne me pose plus de questions. Puis succède un silence pesant comme si la foule s'était arrêtée de respirer. Personne ne parle. Beaucoup pleurent.
   Le ciel à présent est devenu bleu, blanc, rouge. Je me dis que je me l'imagine, que je suis en train de devenir fou. J'envisage d'éclater en sanglots devant tout le monde. Mais j'entends déjà, comme lorsque j'étais jeune, la réflexion de mes parents : « Quand tu auras fini de faire ton intéressant ! » Il y a des journalistes parsemés un peu partout et je devine que l'on ne manquerait pas de dire si je craquais : « C'est Tisot qui fait son cirque ! » L'amiral Philippe de Gaulle fait allusion dans son livre De Gaulle mon père, à tous ceux qui ont assisté aux obsèques du Général : « Ils gardent sûrement un souvenir indélébile de cette journée du 12 novembre 1970. » Rien n'est plus vrai pour ce qui me concerne. C'est de ce souvenir indélébile que je vous fais part. Si c'est Dieu qui m'a conduit à Colombey ce jour-là, c'est pour que j'en témoigne, comme les apôtres qui, ayant eu la grâce de côtoyer Jésus, se devaient de raconter, consigner dans leurs Evangiles respectifs ce qu'ils avaient de leurs yeux vu et de leurs oreilles entendu.
    A la fenêtre d'une maison de la place où je me trouve, je reconnais Michel Droit. Je me dis en moi-même : « Ne te fais aucun souci Henri, lorsque tu ne pourras plus contenir ton émotion, tu le regarderas, il te verra, et il te fera signe de le rejoindre. » Et tout s'est passé ainsi.
    A présent le canon tonne. C'est l'engin blindé, l'automitrailleuse que, sur les conseils de Madame de Gaulle, le général de Boissieu a demandé au 5e régiment de hussards basé en Champagne d'amener à Colombey. Il s'agit d'un engin blindé de reconnaissance (EBR) dont la tourelle a été enlevée pour pouvoir y charger le cercueil de De Gaulle qui vient de quitter La Boisserie. Madame de Gaulle avait dit selon son fils Philippe qui transcrit ses paroles dans son ouvrage: « Le général a tant fait pour les chars, qu'il ne peut être transporté que sur l'un d'eux jusqu'à sa dernière demeure. » C'est comme un roulement de tambour. A cet instant, dans l'insupportable silence, j'imagine la lourde prière qui s'exhale de la foule, comme un cri qui traduit une sorte d'impossibilité à tout porter d'un coup. De Gaulle est trop lourd. Il faut l'abandonner. Nous sommes trop petits par rapport à lui. Dieu a préjugé de nos forces. Cette croix de Lorraine, Il savait que nous, nous ne pourrions pas nous en charger. Lui seul, De Gaulle, avait assez de force, de foi, de conviction pour s'en rendre responsable. Il s'appuyait sur elle et ça le maintenait debout. Nous, elle nous accable parce que nous n'en sommes pas dignes. Il était le seul à pouvoir maintenir à bras-le-corps la grandeur de la France. Nous, elle nous écrase.
    Pourtant, petits que nous sommes, suivant les dernières volontés du Général, nous étions seuls admis à ses côtés. Malraux l'a magnifiquement traduit dans son livre paru en 1971, « Les Chênes qu'on abat… » (NRF – Gallimard) : « Ici, dans la foule, derrière les fusiliers marins qui présentent les armes, une paysanne en châle noir, comme celles de nos maquis de Corrèze, hurle : 'Pourquoi est-ce qu'on ne me laisse pas passer ! Il a dit : tout le monde ! Il a dit : tout le monde !' Je pose la main sur l'épaule du marin : 'Vous devriez la laisser passer, ça ferait plaisir au général : elle parle comme la France.' Il pivote sans un mot et sans que ses bras bougent, semble présenter les armes à la France misérable et fidèle – et la femme se hâte en claudiquant vers l'église, devant le grondement du char qui porte le cercueil. »
   Je regarde Michel Droit. Comme je l'avais prévu, nos regards se croisent. Instantanément, il me fait signe de le rejoindre. Ce que je fais. Comme s'il s'était agi d'un ballet, la foule s'écarte pour me frayer un chemin et comme s'il était normal que je dusse l'abandonner, mon statut d'imitateur du général de Gaulle semblant me donner aux yeux des Françaises et des Français une sorte de privilège.
   J'arrive devant la porte de la maison sise sur la place de Colombey. Un général coiffé de son képi m'accueille. Il est gros et petit comme moi. Habillé en général je pourrais être son sosie. Il me dit : « Venez ! Votre place est parmi nous. » Je le suis, on monte au premier étage dans une grande pièce dont les fenêtres dominent la place. Depuis une de celles qui se trouvent sur le côté à droite, les habitants de la maison surveillent l'église, seulement visible de cette fenêtre, attendant que le cercueil arrive. Le cercueil on le voit à la télévision qui avance, posé sur le char et recouvert du drapeau bleu, blanc, rouge. La France recouvre De Gaulle. On voit bien mieux et beaucoup plus le déroulement de la cérémonie à la télévision que dans la réalité. C'est dérisoire et paradoxal. Michel Droit m'embrasse. On est tous comme hagards. On ne sait pas vraiment ce que l'on dit. La table de la cuisine ou de cette salle à manger rustique a été mise de côté pour que l'on puisse circuler dans la pièce. Tout à coup, une vieille dame, une paysanne, sans doute celle qui habite où nous nous trouvons et qui nous accueille dans sa cuisine, la vieille dame donc, quitte la fenêtre qui donne du côté de l'église où doit parvenir incessamment le cercueil, avance vers moi, me prend par la main, me conduit à la fenêtre, m'y pousse et me dit le plus simplement du monde : « Prenez ma place ! Vous, vous devez le voir. »
    Je m'exécute, et effectivement, je vois… ce long cercueil bleu, blanc, rouge, pénétrer, être englouti par l'église tout entière. C'est un acte d'amour, un acte sexuel, on ne peut pas ne pas y penser. C'est l'Eglise ensemencée par la France. La France qui pénètre l'Eglise. Et après cela, 35 ans plus tard on osera contester les racines chrétiennes de l'Europe. Honte à ceux qui en sont les artisans ! Tout sera pardonné disent nos Evangiles, mais pas le péché contre l'Esprit. Il faut se souvenir. Le philosophe Paul Ricoeur dit que « nous n'avons d'autre accès au passé que des traces ». Le président Mitterrand dira plus tard et avec justesse : « Un peuple qui perd sa mémoire perd son identité ». Et c'est véritablement à cause de cela que je me suis insurgé contre la non reconnaissance des racines chrétiennes de l'Europe telles que semblait les ignorer le texte de la nouvelle Constitution européenne qui nous a été proposé et que continue à les ignorer le nouveau traité soi disant simplifié proposé par le Président Sarkozy. Pour ma part et paradoxalement, je ne mets pas obligatoirement en exergue les racines chrétiennes de l'Europe pour leur gloire, mais pour les vilipender à l'occasion, même si cela peut paraître retors. Veut-on que l'Inquisition espagnole recommence ? Que l'on assiste à une nouvelle Saint-Barthélemy ? Et je ne parle pas des racines chrétiennes de l'Allemagne nazie. Veut-on que la Shoah que Paul Ricoeur désigne comme le mal absolu assassine à nouveau 6 millions de juifs ? En effet, comment faire fi d'hier, si l'on ne veut pas que les mêmes choses recommencent demain ? Aussi, c'est en tant que catholique chrétien que je crie haut et fort que si les racines chrétiennes de la France ont eu du bon, il ne faut pas omettre qu'elles ont eu aussi du mauvais au fil des siècles. Et c'est bien pour que l'on s'en souvienne qu'il fallait impérativement que la nouvelle Constitution européenne rappelle les racines chrétiennes de l'Europe. Doit-on faire fi de nos propres erreurs ?
    Il devait être près de 17 heures quand je me retrouvais avec mes compagnons dans la rue principale de Colombey. J'avoue ne plus savoir très bien ce qui s'est réellement passé après avoir gagné l'extérieur. La foule, à droite, gonflait le rang de ceux qui attendaient pour se recueillir sur la tombe du Général, d'autres dont j'allais faire partie, découragés par la trop longue file qui avançait lentement, descendaient à gauche pour gagner le parking. Sur le passage se trouvait dressée une tente de la Croix Rouge. Je décidai de demander un cachet d'aspirine. A l'intérieur, sur un grand nombre de brancards gisaient des hommes, des femmes imposantes pour la plupart, comme si l'embonpoint avait été cause de leurs chutes au sol car il s'agissait de personnes qui s'étaient évanouies au cours de la cérémonie. Tous avaient les yeux exorbités et semblaient se demander pourquoi on les avait posés là. Ils étaient totalement immobiles, comme paralysés. Seuls leurs yeux qui semblaient globuleux, exprimaient leur étonnement. Cette cinquantaine de personnes qui se trouvaient allongées près du sol semblait témoigner du fait que: « C'était quelque chose cette journée ! Cela a été éprouvant, mais comme c'était bien d'y avoir participé.»
    Je pensais irrésistiblement à la foule qui a accompagné Louis XVI jusqu'à la place où on l'a guillotiné, de même Marie-Antoinette, et plus tard, la foule qui a salué le cercueil de Napoléon qui gagnait les Invalides. Nous sommes un drôle de peuple. On est capable du meilleur comme du pire. Mais même dans les pires moments on demeure unanime, unanime dans la joie, unanime dans la peine. Il n'en demeure pas moins, que, si l'on veut nous suivre, cela s'avère difficultueux pour qui n'est pas prévenu que nous sommes des Français. Il ne faut pas toujours chercher à nous comprendre.
   Pendant ce temps, à La Boisserie, on pouvait entendre des paroles que nul n'aurait pu soupçonner si un homme tel que Alain Peyrefitte ne les avait consignées pour notre gouverne dans son livre « C'était de Gaulle » ( Editions de Fallois-Fayard). Ce livre me fut adressé après le décès d'Alain Peyrefitte avec une carte l'accompagnant et qui m'émut :
 « Alain Peyrefitte a souhaité que vous soit adressé ce dernier tome de 'C'était de Gaulle', qu'il aurait aimé pouvoir vous dédicacer. »
   La toute fin de ce dernier tome est bouleversante. Elle ne s'effacera jamais de ma mémoire. Cela se passe à la sortie du cimetière, Jacques Vendroux dit à Alain Peyrefitte : « Venez avec nous à la Boisserie. Je ne peux pas faire venir tous les compagnons de la Libération, mais je suis sûr que ma sœur sera heureuse de vous voir, et ses enfants aussi. […] On ne pourra sans doute jamais le démontrer, mais j'ai l'intime conviction que le chagrin a eu raison de lui. Cet anévrisme, il l'avait depuis toujours. Ca tenait bon tant qu'il était porté par sa tâche, quand il savait que les Français comptaient sur lui. Quand il a vu qu'ils le rejetaient, il ne l'a pas supporté. Le professeur… (je n'ai pas retenu le nom) me le disait ce matin : 'C'est une mort psychosomatique. Une petite malformation dont son organisme s'accommodait très bien, il a fini par ne plus la supporter quand ce chagrin lancinant l'a envahi.'. »
    Pour ma part, quelque temps après la mort du Général, j'avais appris que ses dernières paroles avaient été « Oh ! mon dos. » Ce qui me fut confirmé par les écrits de l'amiral Philippe de Gaulle dans son ouvrage  De Gaulle, mon père. Le Général était en train, comme à son habitude à cette heure du soir, de faire une réussite quand Madame De Gaulle l'entendit dire : « 'Oh ! j'ai mal, là, dans mon dos.' Il est un peu plus de 19 heures, peut-être passées de deux ou trois minutes. »
    J'ai signalé qu'une dizaine de jours avant le départ du général de Gaulle au ciel, je ne pouvais ni me maintenir longtemps debout ni demeurer assis. Une douleur lancinante dans le dos m'obligeait à changer de position pour finalement en désespoir de cause, m'allonger, n'y tenant plus.
   J'ai aussi signalé que le matin du 10 novembre 1970, alors que je prenais le volant de ma voiture, cette douleur avait totalement disparu. Inutile de dire qu'à ce moment-là je n'étais pas au courant de la mort du Général, ni des mots qu'il avait prononcés et qui concernait sa douleur dans le dos. Le professeur qui le soignait a parlé d'une mort psychosomatique. Oui, le Général « en avait plein le dos de nous autres les Français qui l'avions désavoué alors qu'il nous avait tant de fois sauvé la mise si je puis dire ». J'ai honte véritablement de nous tous et de moi-même tout autant. Nous sommes ainsi !
   Cette douleur dans le dos que j'avais ressentie, était en quelque sorte l'expression du pressentiment de la mort du Général. Il semble ici que son humble imitateur ait été prévenu le premier. On peut rire. Plus rien ne me dérange. Comme lui ! Alain Peyrefitte poursuit son récit. C'est poignant ô combien ! : « On entrouvre pour nous la grille de la Boisserie, dont avait surgi, une heure plus tôt, l'engin blindé de reconnaissance portant le cercueil recouvert d'un simple drapeau tricolore. Mme de Gaulle et ses enfants sont déjà arrivés, ramenés en voiture.
  Dans la salle de séjour de la Boisserie, il y a encore les tréteaux sur lesquels reposait le cercueil. Alentour, comme si le Général était toujours là, Mme de Gaulle, Philippe et sa femme, Elisabeth et son mari, restent figés dans le silence. Mme de Gaulle me dit simplement : 'Il vous aimait bien, il m'a parlé de vous l'autre jour, il venait de recevoir votre lettre.' La lettre par laquelle je le remerciais des Mémoires d'espoir qu'il m'avait offerts. Je m'efface devant l'évêque de Langres qui prend congé.
 Mme de Gaulle fait un pas vers moi : 'Il a été miné par le chagrin, me dit-elle. Vous n'imaginez pas à quel point il a souffert.' Je proteste qu'il ne pouvait pas trouver plus belle fin ; que les Français commençaient à se repentir de leur vote; que la légende de cet homme, si contesté de son vivant à cause des décisions courageuses qu'il avait dû prendre, prenait déjà son essor. Rien n'y fait. Elle s'obstine à répéter : 'Il a tant souffert. Cette mort est pour lui une délivrance.'
   Le capitaine de vaisseau Philippe de Gaulle me dit des mots amicaux : 'Il vous aimait bien. Il appréciait la façon dont vous traduisiez sa pensée.'
   Il ne faut pas que je m'incruste. Je retiens mes larmes jusqu'au seuil de la maison. »
 
    Fallait-il que le Général ait souffert pour que sa femme qui l'adorait ose dire que sa mort avait été une délivrance. Ces mots me font saigner qui révèlent la souffrance endurée par le Général.
   Yvonne Vendroux a épousé Charles de Gaulle à Calais le 21 avril 1921. En novembre 1970, cela faisait 49 ans et demi. Ils allaient donc fêter leurs noces d'or six mois plus tard si le Général avait survécu. Cette femme que nous les Français dénommions « Tante Yvonne », le lendemain de la mort de son mari, aura la présence d'esprit de faire brûler tous les vêtements du Général afin qu'ils ne soient pas comme le chapeau de Napoléon un objet de culte. C'est Philippe de Gaulle qui le dit dans son livre, qui est un long témoignage de ce qu'est une famille française digne de ce nom : « On n'avait pas l'habitude chez nous de conserver les effets d'un mort. Ce qui était en bon état on le donnait aux œuvres de charité. Mais elle a préféré tout détruire par le feu. Elle craignait que l'on en fasse des reliques. […] Tout ce qui avait pu appartenir à mon père a été réduit en cendres après avoir été jeté dans l'incinérateur qui se trouvait dans le jardin, près du poulailler. De plus petites choses ont fini dans la cuisinière. »
 « Tante Yvonne » a dit un jour en présence de son mari: « C'est toujours la femme qui reste la dernière pour pouvoir veiller sur son mari jusqu'au bout. » Le Général a ajouté : « La femme est la permanence de l'humanité. A la guerre, la principale victime n'est pas l'homme qui est tué, mais la femme, car elle demeure. »
   Ces paroles corroborent le destin de ma propre famille puisque ma grand'mère du côté maternel, Clotilde Vincent, née Trémellat, mourut le 1er juin 1922, minée par le chagrin  après la disparition de son frère Louis Trémellat à Bidestroff le 20 août 1914 qui a été tué à peine arrivé sur le front, tout juste après la déclaration de guerre, le 11 août 1914. L'année suivante, ce sera  son mari, Henri Vincent, mon grand-père, dont je porte le prénom, mort pour la France le 26 septembre 1915 à Souchez dans le Pas de Calais. Le n° 3790 du 3 octobre 1915 de la revue L'Illustration, relate « La bataille de Souchez ». L'attaque fut donnée le 25 septembre 1915, mon grand mourut le 26. Henri Barbusse relate qu'il n'y avait même plus trace de rue dans le village de Souchez où des soldats de 15 nations y perdirent la vie. On a compté lors du déroulement de la guerre de 14-18, « la der des ders » comme on l'a appelée, 9 000 morts par jour en moyenne dans les rangs français pendant quatre ans. Pauvre France !
   Pour regagner Paris depuis Colombey, il suffisait de se glisser dans la file de voitures qui se suivaient les unes les autres. Cela allait ressembler à un long et interminable défilé et à mesure que la nuit tombait, les lumières des phares allaient transformer ce long convoi en une sorte de pèlerinage, les phares faisant office de cierges. Et en klaxonnant, des voitures officielles doublaient la longue file pour s'en exclure et cela me faisait penser à une sorte de trahison. En quittant la longue file, on lâchait le peuple, on n'en faisait plus partie.
   André Malraux dit, quittant « le parc de La Boisserie funèbre » : « Maintenant, le dernier grand homme qu'ait hanté la France est seul avec elle : agonie, transfiguration ou chimère. La nuit tombe – la nuit qui ne connaît pas l'Histoire. »
    Autant j'avais été loquace à l'aller, autant je demeurais muet au retour.
   Il devait être 1 heure du matin quand nous gagnâmes Paris.
 Je remontais les Champs-Élysées en vue de rejoindre Neuilly par l'avenue de la Grande Armée dont le prolongement allait devenir l'avenue Charles de Gaulle. De même, la place de l'Etoile où nous parvenions enfin allait être rebaptisée place Charles-de-Gaulle. Le spectacle qui s'offrait à nous est inoubliable. Je l'emporterai au ciel si j'y ai droit.
   La place demeurait illuminée. La flamme sur la tombe du soldat inconnu s'élevait vers le ciel et pouvait s'apercevoir au passage comme pour rendre hommage en cette fortuite occasion, non pas au soldat inconnu mais à un des soldats les plus connus de France. Cà et là, des hommes et des femmes étaient dispersés sur le pourtour de la place. On sentait qu'ils ne pouvaient pas s'exclure à l'inverse des voitures officielles qui, durant le parcours, avaient déserté le chapelet de voitures.
    La place de l'Etoile était jonchée de fleurs. C'était comme un tapis multicolore. Malraux, lui, parle de « marguerites ruisselantes de pluie ». J'étais malheureux de devoir écraser sous les pneus de mon automobile toutes ces fleurs qui avaient dû faire partie d'une multitude non pas de gerbes mais plus humblement de petits bouquets. L'hommage des petits là aussi. C'est tout ce qu'il avait souhaité. Les grands s'étaient rassemblés le matin autour du président Pompidou à Notre-Dame de Paris. Tous les grands du monde entier avaient fait le déplacement dès que le président Pompidou avait déclaré à la télévision : « Le général de Gaulle est mort. La France est veuve. »
   Sur cette place de l'Etoile, j'ai arrêté ma voiture avant de descendre l'avenue de la Grande-Armée. Moi non plus, je ne pouvais me résoudre à m'exclure. C'était… c'était comme la fin d'un bal. Je ne pouvais m'empêcher de comparer les fleurs à des confettis qui s'étaient trouvés piétinés au sol par la foule. Oui, c'était comme la fin d'un grand bal qui avait eu lieu ici. J'aurais pu, l'imagination aidant, entendre une Marseillaise jouée au ralenti sur un phonographe dont la musique du disque 78 tours déraille avant que l'on ne rattrape le coup en remontant le mécanisme avec la manivelle. Le président Giscard d'Estaing, au début de son septennat, aura l'idée saugrenue de la faire interpréter de cette manière. Ce n





Les arrière-pensées d'Henri Tisot
(Supplément à la quatrième de couverture de « De Gaulle et moi - Quelle aventure ! » (10 décembre 2009)
                       
                      LES ARRIERE-PENSEES DE CE LIVRE.
 
    « Je me suis mis en accord avec mes arrière-pensées ! » c'est la réponse que fit le général de Gaulle à Georges Pompidou, son Premier ministre au retour de Baden-Baden dans la tourmente de Mai 68. Tout rentra alors dans l'ordre et la chienlit cessa. J'ai 72 ans. Je suis moi aussi en accord avec mes arrière-pensées, ou plutôt avec celles du Général puisqu'il a envahi ma vie. C'est au point que lorsque la France souffre, je souffre avec elle. De Gaulle faisait ce distinguo : « Le patriotisme c'est aimer son pays. Le nationalisme c'est détester celui des autres ». Mais l'identité nationale tant à la mode, n'est-elle pas conditionnée par la pléthore des produits venus d'ailleurs…?
  Ce livre ne perd  jamais de vue ma vocation première qui rejoint celle de Beaumarchais : « Je m'empresse de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer », et je n'ai pas honte d'avouer que lorsque je me relis, je m'esclaffe. Mais par delà le rire, ce livre est un hymne à la France et au général de Gaulle. Je souligne au passage que c'est moi, pauvre petit imitateur, qui, avec l'aide fraternelle du maire de Paris Bertrand Delanoë, a fait mettre en lumière la statue du chef de l'armée de l'ombre qui était dans le noir à l'angle du Grand palais. Mais, disons-le, le but non véritablement avoué de mon livre serait de mettre aussi sous les projecteurs de la presse, les idées de De Gaulle sur l'Europe des 6, des 9 ou des 12, pour enfin sortir du cauchemar de cette Union européenne à 27. Car si De Gaulle avait « une certaine idée de la France », il avait aussi une certaine idée de l'Europe et l'Union européenne va totalement à l'encontre des projets gaulliens : « Notre politique, Peyrefitte, je vous demande de bien le faire ressortir : c'est de réaliser l'union de l'Europe. Mais quelle Europe ? Si elle n'est pas l'Europe des peuples, si elle est confiée à quelques organismes technocratiques plus ou moins intégrés, elle sera une histoire pour professionnels, limitée et sans avenir.[…]Une Europe où chaque pays européen, à commencer par le nôtre, perdrait son âme. Comment voulez-vous qu'on aille toujours plus loin vers l'enrichissement des riches et l'appauvrissement des pauvres ? Et qui est mieux placé que la France pour faire entendre la voix de ceux qui n'ont pas de voix ? Les peuples ça existe et ça résiste. Ce sont les gouvernements qui n'existent pas quand ils sont à la merci de leurs partis, de leurs comités et de leurs Parlements».
 Alain Peyrefitte - « C'était de Gaulle », tome III-Paris, Editions de Fallois/Fayard 2000.
   L'Union européenne édicte des lois contraignantes pour tous les pays d'Europe, sans jamais faire jouer la préférence européenne, de sorte que l'Europe se trouve prise entre les deux feux de l'Amérique et de la Chine qui, économiquement « se tiennent toutes deux par la barbichette ». Nous sommes les victimes d'une sorte de nazisme économique et sournois, duquel s'ensuit la déportation, oui la déportation de nos usines que l'on masque sous la dénomination moins effrayante de délocalisations. Du coup, elles partent en fumée comme se sont évanouis dans les airs lors de la guerre 39-40 les pauvres êtres humains. Tout se passe à la vue et au su de tous sans que les victimes aient même le temps d'ouvrir leur clapet. Faudra-t-il une révolution ouvrière pour parvenir à nous sauver et nous aider à nous échapper de cette Union européenne mortifère, une nouvelle Résistance capable d'en imposer aux maîtres faillis de Wall Street et aux chantres du renoncement bruxellois ? Tisot, voyons, sortir de l'Europe, c'est impossible ! « Nous l'avons fait parce que c'était impossible ! » avait conclu Churchill après la guerre.
    Serait-il devenu complètement fou ce pauvre fou du roi à force de s'approprier les idées de son maître, ou mégalomane bon à enfermer ?
   Pourtant, « s'exprimant à l'occasion de la 17e conférence des ambassadeurs, le 27 août 2009, le Premier ministre François Fillon, a tenu à rappeler  que la France recevait chaque année 14 milliards d'euros de l'Union Européenne (PAC-politique agricole commune comprise), mais contribuait à son budget à hauteur de 19 milliards. 'Nos partenaires devront comprendre que cette position de premier contributeur net, avec l'Allemagne, ne pourra résister éternellement aux tensions actuelles des finances publiques' a-t-il souligné. »
 Je laisse à calculer ce que font 5 milliards d'euros en francs lourds.  Pour l'heure c'est la victoire des Etats-Unis d'Amérique qui instillent de longue date ce clonage aux nations de la planète entière. Ils épandent leur drogue mortifère, à savoir la mondialisation et la globalisation qui se repaissent toutes deux des individualités qu'elles ont en horreur. Telles les trous noirs dans l'univers, elles mangent tout ce qui éclaire. De Gaulle confiait enfin à Alain Peyrefitte : « L'Amérique est devenue aujourd'hui une entreprise d'hégémonie mondiale. »
   Quant à l'atmosphère, elle est empuantie par le plus grand pollueur de la planète, la Chine, qui empoisonne aussi les échanges commerciaux. Et plus on leur achète de produits, plus ils émettent de CO2. Et on ose se réunir à Copenhague !
  Non, je n'oublie pas « de m'empresser de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer » quitte à faire rire jaune bien sûr. En mai 1968, en Chine, les gardes rouges de Mao défilèrent avec des banderoles : « Non à la tête de chien de De Gaulle ». Le Général, stoïque, déclara en conseil des ministres : « C'est la première fois que je suis traité de chien par des Pékinois ! » De Gaulle savait rire. Moi aussi. Ce livre aussi.
    Seule la fidélité aux idées de De Gaulle nous apportera le salut.
 
                                                                      Henri TISOT.

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Le scandale Renault

Est-ce que le général de Gaulle aurait admis que 3.600 ouvriers demeurassent à Flins chez Renault alors que 5.900 sont en poste en Turquie dont on nous « rabâche » qu'elle ne doit pas être incluse dans l'Union européenne ? Ainsi la Turquie a les avantages sans en avoir les inconvénients de cette Europe qui assassine les nations qui la composent. Et les Français, ces veaux ferment leurs gueules ! Jusqu'à quand Monsieur Barroso ? Jusqu'à la révolution prochaine ! Qui signe ces quelques lignes ? : Henri Tisot, l'imitateur du général de Gaulle fidèle à la France et au Général. S'il n'en reste qu'un, je serai celui-là.




Lettre-préface de Maurice Druon

En guise de préface,
lettre de Maurice Druon de l'Académie française.
 
Maurice Druon           Paris le 10 février 2005.
MD-amh/74/2005                       
                                   Cher Henri Tisot, cher ami,
     Comment vous dire l'émotion avec laquelle j'ai lu votre magnifique texte sur le Général de Gaulle et ses obsèques ?
     L'admiration, la gratitude et le talent s'unissent pour témoigner de ce que nous devons à celui qui nous rendit l'honneur d'être Français, d'abord en incarnant, seul, la France devant l'univers, puis en remettant la France debout.
     Nous l'avons servi, chacun à notre manière, et nous lui gardons une inébranlable fidélité.
     Je veux répondre à vos souvenirs du 12 novembre, en vous envoyant les miens. Vous étiez à Colombey auprès de mon cher Michel Droit. C'était bien votre place. Et moi, j'étais sous l'Arc de Triomphe, pour donner voix à l'hommage de la nation. Croyez-moi, admirativement et amicalement.
     Je vous serre affectueusement les mains.
                                                                                Votre dévoué
                                                                               Maurice Druon.
« Ami, entends-tu
   Le vol noir des corbeaux
   Sur nos plaines ?
   Ami, entends-tu
   Les cris sourds du pays
   Qu'on enchaîne ?
   Ohé ! partisans,
   Ouvriers et paysans,
   C'est l'alarme !
   Ce soir l'ennemi
   Connaîtra le prix du sang
   Et des larmes ! »
   Chant des partisans. Paroles de Joseph Kessel et Maurice Druon, son neveu sur une musique d'Anna Marly.





Henri Tisot, la vie après de Gaulle (La Croix : 2 mars 2010)







 L’hommage d’Henri Tisot à Ginette Garcin, son amie
(10 juin 2010)
 
     Que de talent enfermé, là, dans cette boîte ! que de talent! que d’amour aussi, amour de ton métier, de ta famille, de tes amis !
    Pour jouer la comédie, tu étais toujours partante, au point qu’à quelques heures du grand départ, un coup de téléphone de Line Renaud qui t’a dit être prête à jouer « Le clan des veuves » au cinéma avec toi et Annie Cordy, a fait qu’en ni une ni deux tu t’es relevée sur ton lit et tu as dit « on va tout casser à toutes les trois ! »
 
  Avec toi Ginette, avec Jacqueline, ta sœur, et Marie, ta nièce dévouée ô combien qui t’a assisté à chaque minute, à chaque seconde, et ta petite nièce Julie, j’avais retrouvé, après le départ de ma mère, « une famille d’accueil » dont tu étais ma Ginette, ma tante Jeanne pour moi tout seul. Et tu pars !
 
  La Fontaine a dit : « L’absence est le plus grand des maux ». Personne n’a mieux dit, sauf Jacques de Bourbon-Busset, un contemporain, qui a écrit en ce qui concerne le deuil : « Quand un être est fixé dans son éternité, il y a la présence de l’absence ». « La présence de l’absence !!! » Qui dit mieux ?
 
    Maintenant Ginette, tu vas rejoindre Beauvais et nous, on va rester là comme des couillons comme on dit dans notre Midi. Et un conseil pour finir et pour un peu rire aussi, on en a bien besoin : là-haut, s’il y a un là-haut… repose-toi un peu et ne va pas tout de suite te mettre en quatre pour monter « Le clan des veuves ». Oui, bon, c’est vrai que si tu peux avoir Sarah Bernhardt et Mistinguett, j’avoue que ça risque de faire du bruit. Enfin, fais à ton idée. De toutes les façons, c’est ce que  tu as toujours fait.
 
 Des bises de nous tous, ma Ginette, notre Ginette ! Henri Tisot.




Révélations sur le drame des tours de Manhattan


Henri TISOT avait abondamment parlé au chapitre XIII de son livre  Dialogue avec mon ange gardien (Editions du Cerf) de l'horrible événement survenu le 11 septembre 2001 à Manhattan. Le monde entier avait assisté en direct à l'effondrement des deux tours, celle du World Trade Center (Centre des affaires du monde) et celle du World Financial Center (Centre financier du monde).

   Bien que cet événement se soit produit le 11 septembre 2001, donc le 11.9.2001 selon notre calendrier, pour les Américains cette date devient: september.eleven.2001 c'est-à-dire le 9.11.2001.

 C'est un détail d'importance pour la suite de ce qui va être développé. Cependant, Henri en était resté à la dénomination du calendrier français qui fixe donc ce drame le 11.09.2001.

  Les deux tours qui annonçaient leur spécialité dans leurs noms, étaient le symbole de la mondialisation prônée par les Etats Unis d'Amérique et que l'Europe promulgue à présent pour son malheur. On travaille de toutes parts à faciliter la libre circulation des produits et le mélange des échanges et des commerces. En un mot, c'est de libéralisme qu'il s'agit, doctrine selon laquelle la liberté économique et le libre jeu de l'entreprise ne doivent pas être entravés. Autant de beaux mots qui, en retour, ne se soucient guère de qui sera broyé au passage, ni des lois naguère obtenues ou par les syndicats ou parfois par des révolutions, qui se trouvent du coup totalement bafouées et mises à l'encan. Et tout se trouve à refaire.

   L'effondrement des tours avait presque automatiquement conduit Henri à mettre en parallèle la catastrophe de Manhattan dont les deux tours abritaient 83 nations commerçant entre elles, avec l'épisode bien connu de la destruction de la tour de Babel où l'on assiste au mélange des langues. C'est ainsi que la curiosité le poussa à se référer à nouveau dans la Bible à ce passage qui traite de Babel. Et quelle ne fut pas sa surprise de constater que le mot Babel qui est un apax, c'est à dire qu'il ne se trouve cité qu'une seule fois dans la Bible, l'était très précisément au chapitre 11, verset 9  qui correspond curieusement à la date du 11.9. Les esprits forts feront immanquablement appel au hasard qui préside à l'édulcoration de leur esprit. Mais pour Henri, il s'agissait d'une coïncidence que l'on pouvait selon l'expression de Louis Pauwels qualifier d'abusive, tellement elle dépassait le cadre de la normalité. Et comment ne pas faire presque automatiquement, obligatoirement le lien entre les gratte-ciel et la hauteur démesurée pour son époque de la tour de Babel ?

    Toujours est-il que si à Babel, selon la Bible « l'un n'entend plus le langage de l'autre » (Genèse XI, 7), il paraissait difficile à Henri de ne pas en conclure que l'effondrement des tours de Manhattan correspondait au fait que « l'un n'admet plus le commerce (dans tous les sens du terme) avec l'autre », ce qui est le cas d'un certain islam qui souhaite se désolidariser de l'occidentalisation qui ne cesse de mordre sur sa propre culture. Mais il use pour parvenir à ses fins de moyens inqualifiables. Les victimes, rien que pour Manhattan, se comptèrent au nombre de 2.996, en majorité de nationalité américaine bien sûr, dont 343 pompiers, mais aussi de toutes les nationalités puisque le World Trade Center était situé en plein cœur du marché international. Il abritait des bureaux commerciaux dans lesquels presque toutes les nations de la planète étaient représentées. Les victimes toutes nationalités confondues appartenaient donc à 83 pays : un Babel affairiste.

   Henri demeurait sidéré et encore aujourd'hui, du fait que cette coïncidence événementielle de Manhattan du 11.9 avec l'épisode de Babel dans la Bible 11.9 n'avait jamais retenu l'attention de personne. Pourtant, le temps passant, il était intimement convaincu que se cachait derrière ce fait, un mystère qui demandait à être visité. Reportons nous au chapitre 11, verset 9, de la Torah :

 « C'est pourquoi on la nomma Babel, parce que là le Seigneur confondit le langage de toute la terre ; et de là l'Eternel les dispersa sur toute la face de la terre. »

  Et enfin, Henri signalait qu'à la suite de l'attaque du 11.9.2001 à Manhattan dont Ben Laden se trouvait être l'acteur principal, le président Bush avait porté la guerre à Babel pour viser uniquement Sadam Hussein avec une insistance incompréhensible à certains. Henri quant à lui, ne pouvait rien faire d'autre que de signaler cette curieuse coïncidence qu'il semblait une fois de plus être le seul sur la planète à avoir relevé, ce qui aux yeux des esprits forts accentuait la fragilité de la mise en exergue du fait qu'elle n'émanait que de lui.

   Toujours est-il que la mémoire d'Henri ne parvenait pas à effacer l'épouvantable spectacle de tous ces malheureux qui se jetaient du haut des tours pour échapper à la fournaise. C'était visuellement insoutenable et en conservant les victimes et dans sa mémoire et dans son cœur, il leur offrait la sépulture qu'elles n'auront jamais.

    Henri cependant s'était entouré au cours du récit de l'affaire, dans son livre Dialogue avec mon ange gardien, de nombreux garde-fous, et en tout premier lieu il avait mis l'accent sur le fait que Dieu n'était pour rien dans l'élaboration de cette coïncidence. Tout nous conduit à penser cependant qu'il  ne peut être dans les intentions divines de participer à la mise en place d'une mondialisation qui supprime l'individualisme. Dieu ne peut réclamer, cela va sans dire, que l'unité dans la diversité. Henri ne pensait pas s'avancer de trop en proclamant que Dieu est l'ennemi juré de cette uniformité que le totalitarisme de l'argent promeut afin de mieux s'étendre une fois les frontières abolies.

  Jésus a dit : « Nul serviteur ne peut servir deux maîtres : ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l'argent (Luc XVI, 13) ».

  Les constructeurs de l'Europe actuelle feraient bien de méditer cela.

  Pourquoi faut-il que nous Européens, prenions toujours jusqu'à le faire nôtre, le pire de l'Amérique et rarement le meilleur ? De la violence à la drogue et jusqu'aux sous-produits télévisuels d'outre-Atlantique, sans omettre les vocables américains, nous ingurgitons tout, et tandis que nous prétendons tout gérer, en réalité nous digérons tout ce que l'Amérique nous sert : la situation, les sentiments, les matches, l'éducation, la course à pied, que sais-je encore ? Le mot « gérer » est le maître mot de notre époque, peut-être parce que l'affairisme règne partout. Nous cultivons tout ce qui n'est pas la culture disait Henri qui rappelait ce que lui avait dit André Frossard : « La culture ça se cultive ! » et sans l'apport des O.G.M. (Organismes Génétiquement Modifiés) ajoutait humoristiquement Henri. Au moindre des détails, des allusions qu'il laissait transparaître dans son discours, on saisissait illico où et avec qui il se situait et communiait par la pensée.

 

  Mais alors, si Dieu n'était pour rien dans le fait avéré qu'il y avait concordance entre la date du drame des tours de Manhattan et la référence du chapitre et du verset biblique de la tour de Babel, autant dire concordisme…le mot est lâché ! qui donc peut bien se trouver être le moteur de cette sinistre affaire ? La question reste ouverte. Pourtant une fois son livre Dialogue avec mon ange gardien, édité par les Editions du Cerf et mis dans le commerce, Henri regretta amèrement de ne plus pouvoir faire un certain rajout d'importance. Ce rajout met virtuellement au banc des accusés, une personne tout particulièrement, et aussi les services qu'elle avait à sa disposition.  

   Mais cela pouvait paraître si fou qu'Henri laissait à ses lecteurs le soin de la nommer, de l'accuser, si d'aventure, ils parvenaient aux mêmes déductions que les siennes. Henri donnait les éléments qui l'avaient amené à se poser certaines questions, sans pour autant vouloir faire obligatoirement peser des soupçons sur la personne que pour sa part, il prenait la responsabilité d'accuser pour toutes sortes de raisons qui, à ses yeux se recoupaient. Mais si, une fois présentés certains éléments, le lecteur ne pensait pas à cette personne en particulier, c'est qu'Henri s'était mis le doigt dans l'œil comme l'on dit. Cependant, ce qui l'avait mis sur la piste émanait d'une personne au-dessus de tout soupçon et dont le journal La Croix avait publié les dires à l'occasion de son 90éme anniversaire. Rien ne dit d'ailleurs, qu'à travers ses propos, elle ait désiré accuser qui que ce soit. C'est Henri qui interprétait sa déclaration de telle sorte qu'il en venait à faire peser une terrible accusation sur la personne à qui il pensait. Mais il convenait de tout livrer en bloc et voir ensuite si le lecteur partageait son opinion. Le journal La Croix avait donc publié le 26 février 2003, les propos de Paul Ricoeur, philosophe incontesté et incontestable, à l'occasion de ses 90 ans. Paul Ricoeur est né le 27 février 1913. Les termes de cet entretien recueilli par Nathalie Crom, Bruno Frappat, Robert Migliorini ont été repris dans un énorme cahier consacré à Paul Ricoeur par les Editions de l'Herne 2004. Au cours de cet entretien Paul Ricoeur nous prévient : « Une société tellement complexe et contradictoire, ne peut faire le bilan d'elle-même. » Puis, on lui demande :

« - Vous connaissez bien les Etats-Unis où vous avez enseigné régulièrement pendant plus de quarante ans. A votre avis, pourquoi ne s'aime-t-on pas, entre Américains et Français ?

   - J'y vois certainement d'abord la compétition de deux révolutions, et peut-être de deux vocations à l'universalité. Mais je n'aime pas tellement rentrer dans ce jugement global. Disons que j'ai beaucoup apprécié l'université américaine, son fonctionnement, la qualité de la recherche qui y était menée. Et aujourd'hui, dans toutes les critiques que j'entends de l'état d'hystérie patriotique américain, je n'arrive pas à intégrer mon admiration pour cette université américaine. Mais il existe aussi tout un aspect de l'Amérique qui m'est non seulement étranger, mais insupportable : le fondamentalisme protestant, qui consiste à donner une sorte de symbolique biblique aux événements politiques. »

   Henri se demandait, à la lecture de ces lignes, si Paul Ricoeur lui-même protestant et qui dénonçait la dérive d'un fondamentalisme protestant américain, ne faisait pas ainsi par ses propos une allusion voilée à ce concordisme qui avait conduit à mettre en concordance le symbolisme biblique de la tour de Babel avec les événements politiques qui découlaient du drame des tours de Manhattan ?

 N'était-ce pas ce qu'il fallait entendre par ce « fondamentalisme protestant, qui consiste à donner une sorte de symbolique biblique aux événements politiques » ? That is the big question !

   Paul Ricoeur continuait en recommandant : « Ne pas sacrifier à l'antiaméricanisme primaire qui consiste à dire : puisque c'est américain, ce ne peut être que mauvais. Le rôle du philosophe est aussi de comprendre les enjeux. C'est là, selon moi, ce qu'il y a de particulièrement pénible à supporter dans la situation actuelle : cette méconnaissance des enjeux. Nous ne savons pas qui veut quoi. Pourquoi l'Irak et pas la Corée du Nord ? Quel est le rôle de l'enjeu pétrolier ? Est-ce que la décision de faire la guerre est déjà prise par les Etats-Unis ? Je me sens dans une situation de cécité intellectuelle, d'opacité totale sans précédent pour moi, et qui me paraît intolérable. » Ricoeur donnait ce conseil : « Il faut libérer le politique des critères qui ne sont pas de son ordre. C'est là que je trouve l'acquis de l'Occident : avoir bien dissocié la sphère politique de la sphère religieuse, non pas pour refouler cette dernière dans le privé mais dans un public non doté de puissance, de position institutionnelle. » Henri avait également souligné à l'encre rouge dans l'entretien en question, ces termes de Ricoeur : « Baudelaire disait que le moderne était le temps de l'éphémère et non pas de l'universel », et enfin cette pensée, sorte de feu d'artifices de l'esprit qui semblait chapeauter tout le trajet de Ricoeur : « La phrase qui m'accompagne toujours, c'est 'Être vivant jusqu'à la mort'. » C'est à quoi il parvint lorsqu'il nous quitta le 2 mai 2005 à l'âge de 92 ans.

   La modestie de Paul Ricoeur épatait Henri qui lui vouait à tout jamais une infinie reconnaissance d'avoir préfacé son livre Le Rendez-vous d'amour  aux Editions du Cerf. Henri n'était pas dupe du fait que l'aval de Paul Ricoeur valait tous les imprimatur, de même que le fait de s'abriter ici derrière ses propos pour en venir à des accusations voilées, leur donnait un certain poids.

    Pour clore cette réflexion sur l'épouvantable drame de Manhattan du 11.9, du 11 septembre donc, qui conduit au Texte biblique de  Babel alors que september 11 n'y mène pas, il semble bel et bien évident après tout ce qui vient d'être développé que les coupables de l'attaque des tours se sont donc ingéniés à faire « concorder » la date de leur terrible méfait avec une date en rapport avec l'événement biblique  qui était le plus évocateur de leur action. Henri par ailleurs, se devait de signaler que le président George. W. Bush était lié au fondamentalisme protestant dont il est un des affidés par le truchement de l'Eglise Méthodiste Evangélique qui se veut tout particulièrement fondamentaliste et dont il se réclame.

    La vision du film de Michaël Moore, Fahrenheit 9/11 (et non pas hélas ! 11/9, ce qui aurait éclairé le débat) et qui a obtenu la Palme d'or du festival de Cannes 2004, avait balayé tous les doutes qu'Henri pouvait encore avoir jusqu'alors. Toujours est-il, continuait Henri, que si, à ses yeux, Dieu n'est pour rien dans le déroulement du drame de Manhattan, il est peut-être pour quelque chose dans le fait que 9/11 ne mène à aucun concordisme entre le symbolisme biblique de Babel et l'événement politique de la destruction des tours de Manhattan, alors que 11/9 y mène à coup sûr. Cette coïncidence qui avait sauté aux yeux français d'Henri ne pouvait apparaître à un regard américain. Cela brouillait d'autant plus les pistes. Que penser ?

 Enfin, pour clore et verrouiller ce chapitre Henri signalait que si, en anglais, le mot « Bush » signifiait « buisson », en hébreu il signifiait « honte ». André Chouraqui avait confirmé à Henri au téléphone, depuis Jérusalem où il réside que si « Bush » signifiait « honte » en hébreu, il s'agissait plus précisément de « la honte qui naît de la confusion ». Bref, à chacun, en conscience de tirer les conclusions qu'il jugera bon de tirer, mais « que celui qui a des oreilles pour entendre, entende ! (Luc VIII, 8.) »

     Mais Henri avait cependant conscience que son accusation était si folle, si incroyable, si peu raisonnable, qu'elle pouvait être balayée d'un haussement d'épaules par l'humanité entière. Mais n'était-ce pas de ce même haussement d'épaules, que la plupart des humains, lors de la deuxième guerre mondiale, avait accompagné les rumeurs selon lesquelles les juifs étaient tous voués à passer à la chambre à gaz pour terminer dans des fours crématoires ? Et quand il était question que l'on faisait des abat-jour de leur peau et du savon de leur graisse, alors, en plus du haussement d'épaules, l'orchestre des rires se mettait en branle. La grande force du diable est de faire des choses si incroyables qu'on est presque conduit à en être complices avant de comprendre enfin, que, c'est parce que c'est incroyable que cela hélas ! est possible !

  Henri ne pouvait clore ce chapitre sur Manhattan sans signaler que l'île avait été achetée aux Indiens Algonquins, au nom de la Compagnie hollandaise des Indes occidentales pour l'équivalent de 24 dollars en bimbeloterie de toutes sortes. C'est le colonisateur hollandais Peter Minuit qui fit la transaction de l'escroquerie. Faut-il en déduire que « bien mal acquis ne profite jamais » ? Les Anglais s'empareront de ce territoire en 1664 et le rebaptiseront New-York en l'honneur du duc d'York (le futur roi Jacques II).

    Cela dit, traduit de l'indien algonquin, le lieu dit Manhattan signifierait « l'île aux collines » ou encore « contrée céleste ». Mais Henri, en proie à sa maladie de l'étymologie, voyait dans le nom « Manhattan », le mot « man-homme » évidemment, mais aussi le fait que le verbe anglais « to hate-haïr » constitue une allusion, mais une allusion seulement, au mot « hattan ». Il en concluait que l'on pourrait interpréter « Manhattan » comme étant « l'homme haï ou l'homme haineux ou l'homme de la haine ». C'est bien le déferlement de la haine qui s'est manifesté sur l'île de Manhattan le 11 septembre 2001 et dont les malheureuses victimes étaient toutes innocentes.

   A peine Henri avait-il terminé de rédiger cet important chapitre, qu'une nouvelle coïncidence abusive de taille lui parvenait par le biais de son ami Colombat, le bien nommé puisqu'il ne cessait de travailler à rechercher la paix du monde. Henri était féru d'hébreu, Colombat était lui, féru de guématrie. Lorsqu'il abordait le sujet, il donnait le vertige à son auditoire qui avait certaines difficultés à le suivre tant était dense son message. Mais en ce qui concerne ce qui va vous être confié, tout était clair, ce qui accentuait d'autant le caractère effrayant de la révélation de Colombat. Voilà ce qu'il avait confié à Henri par portables interposés : « Henri, toi qui a mis l'accent sur 11.9 – Manhattan par rapport à Babel dans la Bible, chapitre 11, verset 9, ce que je vais te dire rejoint ta découverte. Tu sais comme beaucoup le savent qu'à New-York le numéro de téléphone des appels d'urgence, des S.O.S, est le 911, comme ici, en France, c'est le 18 pour les pompiers, le 17 pour la police et le 15 pour le S.A.M.U. Et si l'on s'en tient au calendrier américain, le drame de Manhattan s'est passé le 9.11. La coïncidence avec le numéro d'appel urgent 911 avait à l'époque frappée les esprits d'outre-Atlantique.

  Mais il y a plus fort ! Henri je ne sais comment te présenter la chose pour qu'elle te parvienne avec le plus d'intensité. Faut-il que je te demande combien de jours séparent le drame de Manhattan et le terrible attentat de Madrid du 11 mars 2004 ? Ou bien dois-je te demander d'ajouter 911 jours à la date du 11 septembre 2001, pour aboutir au 11 mars 2004 ? Bref, inutile de te laisser sur le gril ! Tiens-toi bien et ceux aussi à qui tu le divulgueras : Entre le september – eleven – 2001, soit le 9.11.2001 (pour les New-Yorkais qui ont dû ce jour-là appeler en vain le 911 qui devait être surchargé) et le 11 mars 2004 où lors du quadruple attentat où trois bombes ont explosé dans les trains aboutissant à la gare Atocha de Madrid faisant 191 victimes  et près de 1.500 blessés, 911 jours séparent les deux dates de ces deux terribles drames.

   En effet, une fois le 11 septembre 2001 écoulé, il reste pour atteindre la Saint Sylvestre 2001, 110 jours, auxquels s'ajoutent 365 jours de 2002 et 365 jours de 2003, puis enfin, en tenant compte que l'année 2004 est bissextile avec un mois de février de 29 jours, soit 71 jours, il faut en conclure que 911 jours après Manhattan, les bombes explosent à Madrid dans la gare d'Atocha en Espagne.

  Peut-on raisonnablement penser, supposer que tout cela soit le fait du hasard ? : la date du drame de Manhattan : 9 .11 – le numéro d'appel d'urgence à New-York : 911 – et enfin, le fait avéré que 911 jours plus tard après le 11 septembre a lieu l'attentat de Madrid. 911 jours séparent ces deux évènements si dramatiques.»

  Henri répondit illico : « Bien sûr que non ! excepté les 191 victimes, chiffre à rapprocher de 911, ce qui la seule chose à mettre sur le compte du hasard. Mais pour le reste… » Colombat prit aussitôt la parole pour conclure : « Pour le reste ce n'est pas le fait du hasard, c'est le fait des sorciers ! Comprenne qui voudra. »  Henri enchaîna : « Quant aux esprits forts, qui eux mettent tout sur le compte du hasard, il leur reste le rire qui est l'échappatoire le plus pratique lorsque l'on ne veut pas se creuser les cervelles. De toutes les manières, le monde entier qui est aux mains du démon (monde-démon), a été mis en état de rire de tout. L'oubli et le rire sont les deux armes les plus efficaces du satan. La levure empoisonnée en est diffusée pour une bonne part par les séries télévisuelles américaines dont certaines chaînes télévisuelles françaises sont les imitatrices forcenées. Il n'y a même pas à les citer. Leurs sigles sont connus de tous. Au cours de tous leurs jeux, le maître mot est : 'Vous avez gagné, gagné, gagné… du fric !»

 

   En résumé, on trouvera au chapitre 11, verset 9 du premier livre de la Bible, le livre de la Genèse, que la tour de Babel a été anéanti par le Créateur souverain, ce qui a engendré le mélange des langues.

  De surcroît, le mur de Berlin est tombé le 9.11.1989, les tours de Manhattan sont elles tombées le 11.9.2001, et enfin la découverte de l'île de Manhattan par Henry Hudson (qui a donné son nom au fleuve du même nom), la découverte de l'île donc, s'est effectuée d'après le journal de bord, le 11.9.1609, date à laquelle l'équipage a mis pied à terre.

    Enfin, si l'on ajoute que l'explosion des trains de la gare d'Atocha à Madrid a eu lieu 911-912 jours (en tenant compte du décalage horaire) après Manhattan, soit le 11.3.2004, on considérera que cela fait beaucoup de coïncidences abusives.

    Appelons le 911 à New-York pour circonscrire ces faits troublants.





Lettre à Brigitte Bardot
(21 octobre 2010)


                                        Chère Brigitte.

    Cela fait déjà un certain temps que je voulais vous entretenir sur certain sujet que je ne vous dévoile pas tout de suite tout simplement parce que je vous sais, sur ce cas, par avance convaincue. Mais les gens qui nous entourent, eux ne le sont pas, ils font partie des cons…vaincus. Aussi faut-il les prendre à rebours.

   Il y a une cinquantaine d'année, un jubilé donc, lorsque j'étais élèves du Conservatoire de Paris d'abord, puis jeune pensionnaire de la Comédie française, j'avais alors 20 ans et me trouvais seul à Paris. Quand le cafard me prenait, Béatrix Dussane, mon professeur bien aimé, me forçait à aller retrouver le temps d'un week-end mes parents à Toulon. Je « descendais » donc dans mon Midi natal, à La Seyne sur mer, au volant de ma 4 CV que j'avais dénommée « Trotinette ». Je me souviens que j'étais tenu de m'arrêter de nombreuses fois sur le parcours, non seulement pour faire le plein d'essence, mais aussi pour nettoyer mon pare-brise et le débarrasser des nombreux insectes qui maculaient la vitre et entravaient ma vision.

    Cinquante ans après, je descends l'été dans ma maison de Sanary et en juin dernier, en 2010 donc, je ne me suis pas arrêté, exception faite  des pleins d'essence et du paiement des nombreux péages, pas une seule fois pour nettoyer mon pare-brise immaculé à tout jamais. J'ai raconté cela à une amie qui m'a répondu : « C'est formidable les pare-brises d'aujourd'hui ! » Faut-il quelle soit conne de ne pas avoir saisi qu'il n'y a pour ainsi dire plus d'insectes !

   Je vous jure chère Brigitte, et je le jure sur la tombe des miens et de ma mère particulièrement, durant l'été j'ai certes entendu des cigales, mais dans mon jardin - en dehors des pies qui ont chassé les nombreuses tourterelles qui un an auparavant se perchaient par dizaines sur le fil de l'EDF - j'ai entrevu – vous ne me croiraient pas – un seul oiseau… oui, avez bien lu, un seul oiseau de tout l'été. Non, je ne mens pas, je n'exagère pas. Il y a certes des tarentes qui se baladent sur les murs, des lézards qui courent sur les dalles, mais de gros lézards verts appelés « limbert » par les autochtones, plus un seul !  De même les mantes religieuses dénommées « priguediù – prie Dieu » par les gens du pays, plus non plus. Disparus. Alors, bien sûr, si vous racontez cela à bon nombre, ils vous répondront : « C'est drôle, moi, j'ai plein d'oiseaux dans mon jardin !!! » - « Et des grillons, vous en capturez comme les enfants le faisaient dans le temps et qui les mettaient dans de petites cages grillagées octogonales dans lesquelles on enfermait le criquet avec une feuille de salade ? » - « Non, mais enfin on en entend encore. » Ils ont de la chance. Pour ma part, les grillons ont déserté mes oreilles d'adulte.

   Oui, les abeilles, comme on en a beaucoup parlé, les gens admettent qu'il y en a beaucoup plus sur le toit de l'Opéra de Paris qu'ailleurs. Forcément, on n'a pas encore saupoudré la capitale d'insecticides. Ca viendra. Ne désespérons de rien. J'entendais dire ce matin qu'il faudrait dépenser 150 milliards d'euros pour remplacer le travail de pollinisation des abeilles. Mon père me répétait : « Dans la vie, des conneries d'accord. Mais jamais les mêmes. » Aujourd'hui, on refait sans cesse les mêmes. La preuve, mai 68 qui se renouvelle en 2010.

  Restent les hirondelles. Moi, je ne sais plus ce que c'est. Elles strient l'air de leur cri strident dans mon souvenir seul. Avec mes parents, nous prenions le frais vers 19 heures tranquillement assis sur le trottoir de la pâtisserie familiale. On devisait avec les passants qui faisaient un brin de causette avec mon père qui ne se faisait pas prier pour parler et parfois on frappait des mains pour stopper les cris des hirondelles et des martinets qui se disputaient dans le ciel les aires de vols.

 A présent, le silence est total. Le silence de la mort.

    Mais de tout cela, je ne parle plus de rien avec qui que ce soit, car les gens sont tous sourds et ne veulent pas entendre ce qui les dérange comme Sarkozy qui est sourd à vos appels. Je pense irrésistiblement à la phrase si prémonitoire du prophète Isaïe qui serinait à ses compatriotes cette citation mémorable qu'a reprise le Christ dans l'Evangile de Matthieu 13 : « Je leur donnerai des yeux pour qu'ils ne voient pas, des oreilles pour qu'ils n'entendent pas, de peur qu'ils ne se convertissent et que je les guérisse. »

   Le prophète Isaïe a dit le premier cette terrible phrase, 765 ans avant Jésus-Christ. Cela signifie que la connerie – pardonnez-moi du terme, mais notre monde-démon ne mérite pas mieux – la connerie, donc ne date pas d'hier. Elle fait corps avec l'être humain et le temps n'arrange rien. Au contraire, le temps est l'allié de la bêtise. Tout cela pour vous dire chère Brigitte adorée qu'il faut que nous nous préparions à n'avoir plus à défendre les animaux comme vous le faites magistralement avec tant de cœur et de toutes vos forces restantes, car viennent des jours, hélas ! hélas ! hélas ! dirait le général de Gaulle, où il n'y aura plus d'animaux sur cette planète. Dieu nous l'a confiée en état de marche. Nous en avons fait une poubelle. Honte à nous tous !

     Faisant hélas partie de l'Union européenne, nous lui versons, de même que l'Allemagne, 14 milliards d'euros tous les ans, tandis que l'on nous en reverse 9 selon les déclarations de notre Premier ministre François Fillon lors de la 17iéme conférence des Ambassadeurs du 27 août 2009. Il nous en coûte donc tous les ans 5 milliards d'euros. Une partie de notre argent est versé à des pays tel que le Danemark qui bien qu'ayant signé la Convention de Berne (qui interdit de tuer les mammifères marins dont les dauphins) reverse des sommes considérables aux îles Féroé, territoire autonome du Danemark, qui rougissent leurs eaux de l'assassinat d'une multitude de dauphins. L'époque où les dauphins constituaient une ressource de subsistance pour l'île est révolue depuis bien longtemps. Les féringiens bénéficient d'un des plus hauts niveaux de vie en Europe grâce aux généreuse subventions octroyées par le Danemark (smic féringien = 21.000 couronnes soit 3.000 euros) et leur super marchés n'ont rien à envier aux nôtres. Notre argent subventionne les assassins et nous faisons commerce avec la Chine qui bafoue les Droits de l'homme. C'est un peu comme si, durant la dernière guerre, on avait cotisé pour que le camp d'Auschwitz puisse s'étendre davantage. Mon Dieu, mais où allons-nous ??? Quand les Français saisiront-ils qu'il faut impérativement se sortir de cette Union européenne si délétère ? On me dit que c'est impossible ! Lorsque l'on demandait à Winston Churchill comment il avait pu gagner la guerre, il répondait : « Nous l'avons fait parce que c'était impossible ! » - « Impossible n'est pas français ! » renchérirait De Gaulle.

   Chère Brigitte, si vous avez des velléités de vous présenter aux responsabilités, vous n'avez besoin de personne que de vous-même. Gardez surtout vos béquilles qui vous permettront de balayer devant vous à coups de canne. Et gardez en tête cette phrase que je considère comme historique que m'avait dite au téléphone Yves Montand en 1980, lorsque j'avais pris la tête de la défense de la chanson française que les chansons anglo-saxonnes mettaient à mal. Je la répète ici pour vous-même : « Brigitte, faites gaf ! Ils ne vous pardonneront jamais de défendre tout ce qu'ils ont bradé. »

    Chère Brigitte, je vous embrasse comme je vous aime, à la folie.             

                                                          Votre Henri Tisot.




De Gaulle parle aux français depuis le paradis

Texte de Serge Llado et Gérard Delalleau, dit par Henri Tisot avec la voix du Général

Voilà déjà beau temps que je m'en suis allé
Prendre de la hauteur en quittant l'Elysée
Mais je suis toujours là, car même au paradis
Mon ombre plane encore au-dessus des partis
 
J'ai l'impression parfois que je suis en exil
Un peu comme en quarante, à Londres, chez Churchill
Quand je fis le grand saut par-dessus le Channel
Pour lancer mon message : après le saut, l'appel !
 
Autrefois j'avais dit : « Ce qu'après moi je crains
Ce n'est pas un grand vide, hélas, c'est le trop-plein »
Oui, mais depuis la France éprise de grandeur
A joué de malchance avec mes successeurs
 
D'ailleurs j'ai observé que notre république
Concernant ces messieurs a des goûts éclectiques :
Elle alterne un grand homme épris d'indépendance
Avec un plus petit qui rêve de croissance
 
Après le grand De Gaulle, un petit Pompidou
Trois syllabes feutrées qui font juste un bruit doux
Un précurseur pourtant que ce fils de bougnats
Instaurant malgré lui le premier quinquennat
 
Puis l'Auvergne enfanta un second président
Celui qui célébrait la victoire en chuintant
On compare, je sais, « Mes Mémoires de guerre »
A ses romans de gare  et je n'apprécie guère.
Arriva Mitterrand avec la rose au poing
Mais son programme, lui, ne l'était pas au point
Celui qui combattit ma fonction violemment
C'est lui qui l'occupa de loin le plus longtemps
 
Juste après lui Chirac, c'est la farce tranquille
Qui étend son bazar hors de l'Hôtel de Ville
Lui gaulliste ? Allons donc ! Ce gaulliste a deux balles,
Ce Gaulliste a dissous l'Assemblée nationale
 
Mais de moi jusqu'à lui, au moins soyons bon prince,
Les présidents étant issus de la province
Savaient que c'est grâce aux vaches de ce pays
Que la France d'en haut fait son beurre à Neuilly
 
Par un référendum, moi qui fus désavoué
Jugez de ma colère à voir ainsi bafoué
Un peuple disant « non » à soixante pour cent
Et à qui l'on répond : « Ce sera oui pourtant »
 
Moi, dans ce coffre-fort où Trichet s'enveloppe
Je ne reconnais plus mon idée de l'Europe
N'ai-je donc résisté à la grande Amérique
Que pour voir s'installer une monnaie inique
 
De toi pays brisé, pays martyrisé
Beau pays outragé, et comme hypnotisé
J'attends un vrai sursaut. Et à ton président
J'adresse un seul message : Nicolas…Charles attend !

Henri TISOT déclamant ce texte sur la terrasse de notre maison du quartier Bastian à La Seyne-sur-Mer






La globalisation (21 mars 2011)

Ce texte vilipende LA MONDIALISATION ou pire LA GLOBALISATION si chère aux politiques de tous bords qui se sont acoquinés avec l'Union européenne. Honte à eux ! 
 

    Il nous faut protéger, défendre et conserver notre langue.

 « Alors, d'une chose l'autre, M.Hamel se mit à nous parler de la langue française disant que c'était la plus belle langue du monde, la plus claire, la plus solide ; qu'il fallait la garder entre nous et ne jamais l'oublier, parce que, quand un peuple tombe esclave, tant qu'il tient sa langue, c'est comme s'il tenait la clef de sa prison… »

 La dernière classe. Alphonse Daudet.

Frédéric Mistral avait dit à Daudet à propos du peuple : « S'il tient sa langue, il tient la clef qui, de ses chaînes, le délivre ! »

 « Le premier instrument du génie d'un peuple c'est sa langue » affirme Stendhal.

   La diversité des langues a été de toute éternité voulue par Dieu, par le Créateur. Rappelez-vous BABEL ! Reportons nous dans la Bible:

« Toute la terre avait une même langue et des paroles semblables.

'Allons, bâtissons-nous une ville, et une tour dont le sommet atteigne le ciel  (s'agit-il des tours de Manhattan ? Non, il s'agit de la tour de Babel). L'Eternel dit : 'Voici, ils sont un seul peuple et ont tous la même langue. Allons, descendons !et, ici même, confondons leur langage, de sorte que l'un n'entende pas le langage de l'autre.' L'Eternel les dispersa de ce lieu sur toute la face de la terre et les hommes renoncèrent à bâtir la ville. C'est pourquoi on la nomma Babel, parce que là le Seigneur confondit le langage de toute la terre ; et de là l'Eternel les dispersa sur toute la surface de la terre. » Genèse, chapitre 11.

     Voilà donc que la Bible et Dieu s'en mêlent et aussi de grands penseurs dont Yeshayahou Leibowitz décédé en 1994 à 91 ans: « La racine de l'erreur, ou du péché se trouve dans le projet  de créer une situation où régnerait 'une langue et des paroles semblables', situation de centralisation, ce que dans notre langage moderne nous appelons totalitarisme. Une seule langue et une seule parole ! Mais pour celui qui réfléchit, il n'existe pas de situation plus effroyable que ce conformisme si artificiel. On ne peut imaginer une tyrannie plus terrible que celle-là où il n'y aurait plus ni exceptions, ni déviations par rapport à ce qui est admis comme convenable ». (Brèves leçons bibliques, Paris, DDB , 1995).

 « L'ennui naquit un jour de l'uniformité » selon Antoine Houdar de la Motte (1626-1731). Benjamin Constant (1767-1830) résume les choses : « La variété c'est la vie, l'uniformité c'est la mort ».

   Qui donc a écrit ? : « L'uniformité de cette mondialisation, détruit, jour après jour, l'empreinte, le patrimoine, que des siècles de traditions différentes avaient apportées pour chacune des civilisations. Quel malheur ! » ? C'est Brigitte Bardot dans son livre « Un cri dans le silence » aux éditions du Rocher. L'uniformité c'est le nivellement, le nivellement à partir du bas. Le nivellement à partir d'Einstein, ce serait évidemment plus ambitieux, mais il ne faut pas trop en demander. A l'exception du général de Gaulle, les politiques veulent que la France ressemble à tous les autre pays du monde. La politique et les hommes politiques de tous bord ne sont là que pour nous détourner de l'essentiel. Pourtant, une « certaine idée de la France » nous ramène au général de Gaulle. J'ai dit à la télévision : « De Gaulle c'est la boussole de la France ! »  Je ne me suis jamais réellement pris pour De Gaulle, mais je le porte en moi comme beaucoup de Français d'ailleurs, et 50 ans après l'avoir imité, je défends toujours ses idées qui demeurent salvatrices à mes yeux.

 Gandhi, le mahatma, a résumé la chose en disant : « On devient ce qu'on admire ! » C'est au point que le célèbre critique de théâtre Jean-Jacques Gautier avait écrit à mon propos : « Et puis, il n'y eut plus De Gaulle et Henri Tisot voulu redevenir un acteur comme les autres. Mais le masque avait déteint sur le visage. Quel beau sujet à l'ombre de l'histoire ! »

   Je le dis souvent et c'est une sorte de leitmotiv : « Je suis entré dans la peau de De Gaulle, mais il a fini par avoir la mienne ! » On n'entre pas impunément pendant près de 11 ans, dans la peau d'un personnage aussi connu et célèbre que le Général sans qu'il en reste, j'ose dire « des séquelles » comme à la suite d'une maladie. Cette maladie s'appelle le patriotisme. On n'en guérit pas. De Gaulle m'a contaminé, il m'a transmis son amour pour la France, à la suite de quoi, je souffre quand la France souffre. En fait, c'est De Gaulle qui souffre en moi du fait que la France a perdu sa souveraineté, son indépendance, qui est la seule chose à ne jamais abdiquer. Il s'agit ici de ma pauvre bataille utopique contre la mondialisation, on parle même de globalisation.  Mon grand ami Roger Hanin m'a dit un jour : « Tu sais Henri, à mon âge, j'ai pris comme règle de vie, de ne m'occuper plus que de choses sur lesquelles j'ai du pouvoir pour les faire changer ». Que n'ai-je sa sagesse  car je ne suis pas dupe du fait que je n'ai aucun pouvoir ? D'ailleurs, à une époque où déjà j'avais défendu la chanson française comme je tente aujourd'hui de défendre notre langue française, Yves Montand m'avait mis en garde avec cette phrase historique : « Tisot, faites gaf ! ils ne vous pardonneront jamais de défendre tout ce qu'ils ont bradé. »

  Quelque 50 ans après, j'ai toujours en mémoire ce fameux discours du général de Gaulle où l'accent était mis sur l'essentiel :

 « Dans le monde où nous sommes, les choses étant ce qu'elles sont, il faut prendre les choses comme elles sont, car on ne fait pas de politique autrement que sur des réalités. Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant 'l'Europe, l'Europe, l'Europe', mais ça n'abouti à rien et ça ne signifie rien. Je le répète, il faut prendre les choses comme elles sont.

  Je ne crois pas que l'Europe puisse avoir aucune réalité vivante si elle ne comporte pas la France avec ses Français, l'Allemagne avec ses Allemands, l'Italie avec ses Italiens, etc. Dante, Goethe, Chateaubriand appartiennent à toute l'Europe dans la mesure même où ils étaient respectivement et éminemment Italien, Allemand et Français. Ils n'auraient pas beaucoup servi l'Europe s'ils avaient été des apatrides et qu'ils avaient pensé et écrit en quelque espéranto ou volapuk intégré. »

   La diversité des peuples qui tous gardent leurs caractères propres est la seule sauvegarde pour se préserver de l'uniformisation que préconise la mondialisation que prône les Etats–Unis. La politique du Président Sarkozy va à l'encontre de cette diversité des peuples bien qu'il ait déclaré le 3 mars 2011 au Puy-en-Velais que « sans identité, il n'y a pas de diversité ». Le comble !

  De Gaulle était totalement contre une Europe dominée par les Etats-Unis, ce qui est le cas en ce moment sans oublier pour autant que nous devons notre salut au nombre impressionnant de soldats américains qui ont laissé leur vie lors de la Libération en 1944.

    De Gaulle confiait à Alain Peyrefitte qu'il n'admettait pas que « nous nous fondions comme du sucre dans le café dans cette Europe des multinationales, dans cette Europe des Américains. L'Amérique est devenue aujourd'hui une entreprise d'hégémonie nationale ».

  Sauvegarder  sa souveraineté est notre seul salut ! Mais est-ce que tous les Français  sont prêts à privilégier cela ? A privilégier les intérêts nationaux et non pas les leurs ? Que devient le patriotisme aux yeux des patrons français qui délocalisent et qui laissent sur le carreau des ouvriers qui ont parfois consacré leur vie à l'entreprise ? Et ces patrons ne sont-ils pas complices de l'esclavagisme qu'ils favorisent dans les pays de délocalisation où les ouvriers vont être payés trois euros six sous et encore moins quand ce sont des enfants ? L'esclavage avait pourtant été aboli en France le 27 avril 1848. Honte à eux ! Oui, je m'interroge sur mes compatriotes quand j'apprends que les paysans français « empesticident » leurs champs et notre nourriture du même coup. Le plus fort c'est qu'ils en tombent eux-mêmes malades.

« Labourage et pâturage, sont les deux mamelles de nos cancers ».

   Quant à ceux qui livrent leurs bêtes à l'abattoir où elles vont être tuées dans des conditions indignes, je rejoins ma grande amie Brigitte Bardot dans son combat pour les animaux, elle qui se démène pour qu'on évite aux bêtes d'agoniser un quart d'heure durant. On nous parle sans cesse de cette laïcité qui est certes notre seul rempart, mais qui n'est jamais appliquée. On est en plein « y a ka– faut kon ».

   Tout cela pour produire plus, gagner plus, se déshonorer davantage.

Décidément Sacha Guitry avait raison : « Les Français sont des gens extraordinaires, malheureusement, ils ne sont que trois mille ».

   Le regretté Jean Dutourd dans son livre « Dutouriana » chez Plon nous fait sentir que la défense de la terre va de pair avec la défense de la langue : « Défendre sa langue, c'est comme défendre sa terre. L'ennemi, aujourd'hui, est les Etats-Unis. La France est pleine de traîtres qui font entrer les soldats ennemis, sous forme de mots et d'expressions américaines à l'intérieur du territoire national. Les jargonneurs d'aujourd'hui sont les dignes fils et petits-fils des collabos vichyssois : même abdication, même zèle à servir le provisoire vainqueur contre la patrie éternelle. »

   En effet, on ne compte plus les idioties des imbéciles qui parlent en live, ce qui est bien mieux qu'en direct. Suivons l'actu, pendant qu'ils font des breafing avec leur coache qui les bouste à l'occasion des compéts, des répéts où ils se font tacler. Nous voila tous scotchés sur nos fauteuils. Des mots, ils en font de la conso et c'est la cata. Tout ça est nickel, le p'tit déj, le numéro perso, l'appart', comme dab. Le mot listing   remplace le mot « liste ». Le mot pakajing remplace le mot « paquet ». On tronque les mots ! On assassine la langue française et la France par contrecoup.

  Prenez une seule page dans n'importe lequel des journaux français et prenez note de tous les mots anglo-saxons qui jalonnent les lignes et qui sont de fait les mots émigrés qui envahissent notre pauvre langue.

   Ces mots, tous aussi laids les uns que les autres, me font prendre les jambes à mon cou et m'évader de ce monde avec Anatole France qui disait : « Je n'ai pas besoin de faire partie du troupeau pour être rassuré ».

  « Y a pas d'soucis ! » dit le troupeau à tout bout de champs, plutôt « qu'il n'y a pas de problèmes ». « Je voudrais une pizza marguerite – y a pas d'soucis ! » Pourquoi y aurait-il du souci pour une commande de pizza, je vous le demande ? D'ailleurs, on ne fait plus de négation, même le Président de la République n'en fait plus, cela va plus vite.   Cette phrase de René Huygues est une sorte d'antidote : « Il y a une infirmité de la pensée qui consiste à être soumis à celle de son temps. » 

   N'oublions pas que les mots quand on les respecte, LES MOTS NOUS TRANSMETTENT DES MESSAGES :

  N'est-il pas troublant que le mot monde soit l'anagramme du mot démon : MONDE-DEMON. Cela donne raison à Louis-Ferdinand Céline dont je ne partage pas les idées antisémites mais qui déclare avec justesse : « Le monde n'est, je vous assure, qu'une vaste entreprise à se foutre du monde ».

  Et comme m'enchante cette déclaration de Rabbi Akiva qui vivait au temps de Jésus et qui me paraît frappée au coin du bon sens : « Le monde va son chemin. Nous sommes condamnés à vivre dans le monde tel qu'il est et qui a été créé par Dieu tel qu'il est. Et c'est précisément parce que le monde a été créé par Dieu tel qu'il est qu'il ne changera pas. Tout le problème est de savoir si l'homme est disposé à rendre un culte à Dieu, dans le monde tel qu'il est. »

  Pourtant, il faut tout de même se battre jusqu'au bout. Peut-être n'avons été mis sur Terre que pour ce combat utopique et alors même que l'on sait qu'il est vain. Mais à Churchill à qui on demandait « comment il avait fait pour combattre le nazisme », il a répondu :  « On l'a fait parce que c'était impossible ! » Antoine de Saint-Exupéry a formulé une phrase équivalente : « Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait ! »

    On nous rabâche qu'il est impossible de quitter l'Euro et l'Union européenne, eh bien nous allons le faire tout en criant « merde », car c'est encore ce qui nous reste de bien français.

                                                                    Henri Tisot.





La soi-disant laïcité, jamais appliquée (Mars 2011)

Henri TISOT, le célèbre humoriste et comédien, se bat au côté de Brigitte Bardot contre les abattages rituels. Il nous explique pourquoi.
La Nef – Quelle est la situation exacte aujourd'hui des abattages dits rituels ?
 
Henri TISOT – Aujourd'hui, 60 % de la viande issue d'animaux abattus selon le rite musulman et plus de 70 % de la viande issue du rite israélite se retrouvent dans le circuit classique à l'insu des consommateurs – aucun étiquetage n'en signalant la provenance. Où est le respect de cette laïcité française dont on nous rebat les oreilles tandis que l'on ne cesse de la trahir ?
 
Pourquoi vous opposez-vous à ces abattages rituels ?
 
Le 10 novembre 2010, Brigitte BARDOT que je soutiens du mieux que je peux, me faisait convoquer à l'Assemblée Nationale où, sous l'égide du député UMP Lionel LUCA, avait lieu une conférence de presse sur les abattages rituels casher et halal.
Brigitte fit un exposé d'une grande tenue où elle expliqua qu'en respectant chacune des traditions des religions concernées, elle demandait que l'on mette fin à la souffrance animale en étourdissant les animaux avant égorgement.

Le Recteur de la mosquée de Paris, Monsieur BOUBAKEUR, avait admis la chose qui n'eut aucune suite.
À la suite, des projections eurent lieu sur les abattages rituels juifs et musulmans (1) devant toutes les instances vétérinaires et de protection des animaux, ainsi que la Fondation
Brigitte BARDOT et tous les journaux qui publient sur les animaux. La projection était à peine commencée, qu'à la vue des images insoutenables, deux journalistes femmes s'évanouirent ! J'avais moi, les larmes aux yeux et je n'ai pas honte de dire que j'étais secoué de sanglots.
Depuis, je ne puis me distraire de ce problème : j'habite un pays où les animaux sont traités honteusement et ce pays a pour nom la France. C'est insupportable.
Croyez vous, ami juif ou ami musulman, que si je recevais un coup sur la tête et que je m'évanouisse, je ne serais plus vivant ?
Les animaux ayant reçu un coup sur la tête perdent conscience mais pas la vie. On ne peut pas agir aujourd'hui comme avant. On ne peut arracher une dent de la même manière que sous Louis XIV.

Une phrase de Léon BLOY m'arrive ce matin :
 « On est toujours du bon côté quand on est avec ceux qui souffrent. »
 J'ajoute : « Fussent-ils des animaux ». J'ai vu et je porte cette image dans ma tête, la vue de ces bœufs tués « cacher » ou « halal » et suspendu par les pattes et qui gigotaient encore 14 minutes après leur égorgement. C'est très long, 14 minutes.
La compassion à laquelle Jésus-Christ m'appelle m'interdit d'admettre cela.
La Torah interdit également de faire souffrir les animaux.

Propos recueillis par Robert CHERMIGNAC
Article paru dans le journal La Nef n°224. Mars 2011




A propos de DSK (Le Figaro du 28 mai 2011)

           « Les personnages par Jacques Pessis ».

    La coïncidence a troublé Henri Tisot :

« Le numéro de la suite occupée par DSK au Sofitel de New-York, 2806, correspond exactement à la date du coup d’envoi des primaires socialistes, le 28 juin, 28.06 » dit-il. Le comédien donne son explication : « Cette histoire correspond à ce que le psychanalyste Carl Gustav Jung appelait la synchronicité, un moment où notre état psychique peut influer le monde physique extérieur. Sur le même thème, Louis Pauwels a parlé, lui, de coïncidences abusives ».

  « Ce sont mes constatations et pas des conclusions » conclut Henri Tisot.

(Facebook, 4 juillet 2011)

- J'avoue avoir été un peu vite en besogne suite à l'affare DSK. Me revient en mémoire cette injonction du Christ: "NE JUGEZ PAS AFIN DE NE PAS ETRE JUGE !"

- J'en viens aujourd'hui à me demander si tout cela n'a pas été manipulé par ce pays qui a pour nom Amérique et qui est capable du meilleur come du pire. Henri TISOT.

- Cela dit, même si DSK était totalement blanchi, permettez-moi de dire que je ne souhaite pas qu'il soit notre futur président. Manquerait plus que ça ! Henri TISOT.



A voir également : Henri Tisot chez lui (video FR3) (11 juillet 2010)



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