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de l'Histoire de l'École Martini
Marius AUTRAN
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Histoire de l'École Martini (1982)
L'enseignement à La Seyne-sur-Mer (1789-1980)
SECONDE PARTIE
Développement de l'enseignement à l'échelle de la ville de La Seyne
(Texte intégral du chapitre)

 

 

Introduction

Cette seconde partie se propose de traiter du développement de l'enseignement, non plus autour de l'École Martini, mais à l'échelle de toute la commune et en liaison avec le peuplement rapide des quartiers. La période concernée est surtout celle des années 1955 à 1960, mais plus globalement, depuis la fin de la seconde guerre mondiale. On vit alors la scolarisation accomplir des progrès extraordinaires.

Nous avons voulu souligner l'œuvre des Municipalités d'après guerre qui ont eu à faire face à des difficultés énormes, compte tenu de l'urgence des besoins à satisfaire et des faibles moyens dont elles disposaient.

Nous avons montré de manière sans doute incomplète les luttes sévères qui furent imposées aux élus seynois, par des adversaires plus soucieux de cuisine politique que de la bonne instruction des enfants.

Non seulement les exigences de la Réforme de l'Enseignement ont été satisfaites dans leur ensemble, mais nos Municipalités d'avant-garde ont été soucieuses d'innover et des structures comme l'École de Plein Air, le Centre de gymnastique corrective, le Centre médico-scolaire, les enseignements spéciaux, etc. ont vu le jour.

Parallèlement, les œuvres para et périscolaires ont été portées à un haut niveau : colonies de vacances, classes de neige, restaurants d'enfants, centres aérés.

Afin de compléter notre historique et de réactualiser, il nous a paru utile d'écrire une fiche spéciale sur chaque établissement scolaire et chaque structure relative aux problèmes de l'école. Les tableaux de répartition des écoles donnent à cette monographie un caractère documentaire non négligeable.

Enfin, nous nous sommes permis d'exprimer quelques opinions personnelles sur les problèmes d'avenir, avec prudence, toutefois, sachant parfaitement que la prospective en la matière est chose malaisée.

 

Lente évolution de l'enseignement public

Nous nous sommes proposés, dans la première partie de notre ouvrage, de montrer les difficultés d'implantation de l'enseignement public autour de la première école d'enseignement mutuel qui deviendra l'École Martini. Cela nous a permis d'évoquer les luttes sévères entre laïques, animés d'une volonté d'égalité sociale, et congréganistes, se refusant de perdre leurs prérogatives, luttes qui ont freiné considérablement le développement de l'instruction publique.

Puis, le lecteur l'aura constaté, au fil des années, les luttes politiques pour la conquête des libertés, le développement du mouvement social, la prise de conscience de la population sur les problèmes de l'Éducation, devaient aboutir à imposer aux autorités, même à celles qui se disaient les plus progressistes, un enseignement plus solide au bénéfice des masses laborieuses.

Si nous avons insisté sur l'histoire de l'École Martini, c'est qu'elle fut en quelque sorte le pilier de l'enseignement public laïque, l'école pilote qui donna naissance plus tard à l'enseignement technique, à un enseignement secondaire rénové et à l'enseignement classique, et dont l'influence rayonna sur tout l'ouest varois.

Les problèmes de l'enseignement féminin, avec l'école de la rue Clément-Daniel, ont été abordés succinctement, mais suffisamment pour montrer les préjugés dont il fut victime pendant longtemps.

À la lecture des cartes scolaires qui concrétisent le développement de l'enseignement à La Seyne, on se rendra compte que nos édiles envisagèrent dès le début du XXe siècle, la construction de locaux.

Leurs projets furent bien modestes, mais ils étaient à la mesure de leurs moyens vraiment dérisoires.

L'enseignement privé confessionnel avait bénéficié, lui, de moyens importants aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Après la Révolution française, l'Église se trouva en difficulté pour entretenir les locaux dont elle s'était dotés.

Ce fut le cas, à La Seyne, pour l'Hôtel de la Dîme, l'Hôtel-Dieu, la Paroisse et les onze chapelles réparties sur le territoire de la Commune, l'école des Trinitaires de la Miséricorde, etc. Tombés en vétusté, ces locaux furent offerts aux premières écoles d'Enseignement Public.

L'arrivée au pouvoir de Napoléon III et du ministre Falloux fut pour les congréganistes extrêmement bénéfique. Un vent nouveau souffla en leur faveur. Des constructions neuves sortirent de terre dans la France entière.

Pour notre localité, nous avons cité les exemples de l'école des Frères de Marie, l'école des Pères Maristes, l'Institution Sainte-Marie, le Couvent de la Présentation, l'Orphelinat Saint-Vincent-de-Paul.

Cette situation est en fait le point d'orgue d'une période qui va de la Loi Guizot en 1833, jusqu'à la naissance de la IIIe République, période au cours de laquelle, seules les structures cléricales ont été avantagées.

Dans le même temps, l'Enseignement public vivotait péniblement dans les vieux locaux que les Municipalités ne pouvaient entretenir correctement.

À ce propos, nous pouvons faire état d'un document intéressant et qui se trouve dans nos archives locales. Il s'agit d'une brochure rédigée par Noël Verlaque qui fut Conseiller municipal et Conseiller général et qui exerça la charge de Directeur des Chantiers. Cette brochure est intitulée : Situation des affaires municipales de La Seyne-sur-Mer, en 1865. Y sont traités les grands problèmes : eau, voirie, hygiène publique, finances, enseignement, etc.

Voici ce que nous apprend la rubrique Enseignement.

 

Les écoles publiques en 1865

Noël Verlaque donne une liste d'écoles dont le fonctionnement est à la charge de la Municipalité. Malgré les apparences, ce sont toutes des écoles publiques. Voici cette liste :

- École primaire de garçons dirigée par les Petits Frères de Marie, avec 346 élèves payants.

- École de filles dirigée par les dames de la Sainte Trinité, fréquentée par 124 élèves,

- Salle d'asile pour les enfants des deux sexes dirigée par les dames de la Sainte Trinité, avec 295 enfants - 125 garçons et 170 filles - 209 places sont payantes et 86 gratuites.

- Une école primaire de garçons à Saint-Mandrier dirigée par un instituteur laïque ayant 53 élèves, dont 39 payants.

Cette énumération appelle quelques commentaires.

À cette même période, l'école des frères Maristes compte au total 530 élèves. Elle est donc en pleine prospérité. Si l'on ajoute à cela l'Institution Sainte-Marie, qui reçoit 210 pensionnaires, le couvent de la Présentation, qui accueille 80 jeunes filles environ, si l'on remarque, que la plupart des écoles publiques mentionnées sont dirigées par des prêtres ou des religieuses, on se rend bien compte que les congréganistes ont, dans notre localité, des positions solides.

On est, par ailleurs, assez choqué de constater dans ce document, que l'école d'enseignement mutuel de la Dîme, la future École Martini, qui est bien une école publique, n'est même pas citée, alors qu'elle recevait tout de même, à cette époque, 233 élèves ! Elle était alors dirigée par M. Terrin, successeur de MM. Berny et Martini fils.

Les années passèrent et entre 1865 et 1870 s'amorça le déclin de l'enseignement confessionnel. Nous en avons expliqué les raisons.

La répartition des écoles mentionnée dans la carte n° 2 fait bien état de l'existence de 9 écoles. En réalité, il faut ramener ce chiffre à 4 ou 5 : quand M. Martini a rallié l'École de la Dîme avec 3 classes, il a laissé vacants les locaux de l'Établissement de la Miséricorde. La salle d'Asile qui existe depuis le début du XIXe siècle n'est qu'une garderie. Elle n'enseigne absolument rien.

L'établissement des Pères Maristes reçoit bien des Seynois, mais la plupart des pensionnaires viennent de l'extérieur de la commune, de la région et même parfois du pays. Quant aux pensionnats de filles, comme l'Orphelinat Saint-Vincent-de-Paul ou comme la Présentation, leur recrutement se fait également bien au-delà des limites de la commune.

Cependant, la population de La Seyne, qui était de 7 000 habitants en 1845, passe à 15 000 habitants en 1870.

Cette augmentation est due au développement de la construction navale à La Seyne et aussi à Toulon.

Et voilà que la prospérité de notre commune s'affirmait d'année en année. Les conditions de travail s'amélioraient également, surtout depuis la conquête du repos hebdomadaire. Le développement des transports évitait aux travailleurs des fatigues extrêmes.

Il faut rappeler qu'avant la fondation, en 1908, de la société des bateaux à vapeur qui reliaient La Seyne et Toulon, avant que ne soit ouverte la ligne de tramways électriques, nos aïeux qui travaillaient à l'Arsenal faisaient la route à pied.

Avec l'amélioration des conditions de vie, on aurait pu espérer de meilleures conditions pour le développement de l'enseignement.

Certes, par les lois de 1881, 1882 et 1886, qui consacrèrent l'obligation, la laïcité et la gratuité de l'Enseignement, des progrès furent réalisés dans les méthodes de travail, dans les programmes et dans la formation des enseignants.

Mais il faut se rendre à l'évidence, les efforts pour le développement de la construction de structures scolaires, pour l'amélioration des conditions de travail des enfants et des maîtres, ont été nettement insuffisants.

 

Décisions municipales

Dans ce que l'on peut appeler la période ascensionnelle de l'école laïque, vers la fin du XIXe siècle, quels progrès furent enregistrés ?

À l'échelon communal, des délibérations prises entre 1881 et 1890 sont pour la plupart consacrées à des travaux au bénéfice des bâtiments scolaires et également aux augmentations des traitements du personnel enseignant. En voici quelques exemples :

- Création d'une sixième classe à l'école de filles en 1881.
- Crédits supplétifs pour le personnel de service en fonction.
- Construction d'une annexe à l'école de garçons en 1882 et d'un bâtiment supplémentaire à l'école de filles la même année.
- Agrandissement d'un bâtiment servant d'atelier à l'école de garçons.
- Recherche d'un terrain pour la construction d'une école nouvelle au quartier de la Gatonne, école destinée aux jeunes filles. Pour remplacer l'école de la rue Clément-Daniel, attenante à l'hôpital (local actuel de la Caisse des Écoles), incapable de faire face aux besoins. L'école des Demoiselles méritait mieux que les locaux déjà vétustes qui avaient servi plus anciennement à une école congréganiste.

La décision de construire du neuf avait bien été prise, les études de l'architecte avaient même été arrêtées, mais hélas ! le Conseil municipal dut renoncer à ce projet. En effet, l'Hôpital devait recevoir une autre destination et l'on pensa qu'en libérant des locaux, il serait alors possible d'agrandir l'école des jeunes filles.

Ceux qui ont eu l'occasion de passer devant la grille qui donne accès à l'ancienne cour de l'Hôpital, rue Messine, et qui ont découvert ces bâtiments, auront de la peine à imaginer que pendant près d'un siècle, à cet endroit même, fonctionna une école de six à dix classes, recevant dans les années 1890 jusqu'à 450 élèves.

La Municipalité renonça donc à son projet primitif, mais fut dans l'obligation de régler tout de même les frais d'architecte. D'ailleurs, il faudra attendre de longues années encore, avant que ne surgissent du sol de véritables constructions. Nous aurons l'occasion de revenir sur ce sujet.

Le 14 septembre 1882, La Municipalité vota le statut de la Caisse des Écoles, important document qui va permettre à un Conseil d'administration, animé par la Municipalité, d'aider puissamment au développement de l'école laïque par la fourniture gratuite de livres et de cahiers, par l'attribution de prix, de diplômes, de livrets de Caisse d'Épargne, par des secours à des élèves indigents, etc.

La Municipalité va aussi voter des crédits pour assurer l'enseignement du dessin d'art (Professeur, M. Lenoir).

En 1886 sera créé un poste de professeur de Musique.

En Mars 1887, M. Hugues, directeur de l'école de garçons (Martini) et Mlle Carles, directrice de l'école de filles, voient leurs indemnités augmentées sensiblement, ainsi que celles des personnels sous leurs ordres.

Depuis deux ou trois ans, déjà, la Municipalité avait exprimé le désir, au cours des réunions du Conseil municipal, de voir se créer à La Seyne un cours complémentaire de jeunes filles.

Jusque là, celles-ci après l'âge de 14 ans, quittaient l'école laïque et on ne trouvait plus pour elles que des écoles congréganistes.

Les élus auraient aimé voir se prolonger un enseignement équivalent à celui de l'école primaire supérieure pour les garçons. Ils demandaient donc que ce cours complémentaire soit annexé à l'école primaire et placé sous la même direction.

Ces désirs seront exaucés vers la fin du siècle. Il est bien évident que les demandes de ce genre affluaient partout en France, à la même époque, et que le Ministère dut créer des tranches, ainsi que cela se disait déjà à l'époque.

En attendant, l'enseignement se perfectionnait.

Dans le budget de 1886, on peut relever des crédits affectés à la création des postes suivants :

- 1 professeur de langues vivantes
- 1 professeur de dessin graphique
- 1 maître de gymnastique
- 1 maître de travail manuel sur bois
- 1 maître de travail manuel sur fer

Et il est précisé dans la délibération qui accompagne ce budget, que la Commune prendra à sa charge la moitié des dépenses.

Parmi les formes d'encouragement à l'enseignement laïque, notons que des conférences sont données au profit du sou des écoles laïques. Notons que Jean Aicard, l'auteur d'origine toulonnaise du très populaire Maurin des Maures, vint dans ce but parler au sous-sol de l'École Martini le 19 octobre 1887.

Dans le même temps, la municipalité demanda au corps enseignant de dresser chaque année un tableau d'honneur des meilleurs élèves. Ce tableau sera placé dans la salle du Conseil municipal.

En 1888, l'École Martini qui avait été pendant si longtemps traitée en parent pauvre, comporte douze classes dont l'enseignement est entièrement gratuit.

L'externat Saint-Joseph, qui fut pour l'enseignement primaire son concurrent le plus redoutable, ne comportait plus à la même époque, que trois classes et payantes.

Cette école congréganiste, dont il ne faut pas nier qu'elle ait rendu des services pendant de longues années, connut une désaffection sensible, surtout à partit de 1905, date de la séparation de l'Église et de l'État. Les causes de ce fléchissement sont multiples : insuffisance de ressources financières - il fallait payer le personnel et entretenir les locaux - accroissement des charges de toutes sortes, diminution des effectifs en raison de la gratuité de l'enseignement à Martini, etc.

 

État nominatif des enseignants de La Seyne en 1890

Nos archives municipales nous livrent la répartition suivante du personnel enseignant, à la fin de l'année 1890, dans les écoles publiques de La Seyne qui comprend encore le hameau de Saint-Mandrier :

École Primaire Supérieure

- Directeur : M. Hugues
- Instituteurs adjoints : MM. Porre, Marcel

École Primaire de Garçons

- Instituteurs : MM. Carle, Lenoir, Fabre, Guigou, Merle, Cayol, Bourrely, stagiaire, Giampietri, Fabre, Aillaud.

École Primaire de Garçons - Saint-Mandrier

- Directeurs : MM. Brunel, Fassy

École primaire de filles

- Directrice : Mme Carle
- Adjointes : Mmes Ottavy, Savornin, Givaudan, Gautier, Padroni, Testa, Porteau, Curet.

École primaire de filles - Saint-Mandrier

- Directrice : Mme Ginouvès
- Adjointe : Mme David

École Maternelle

- Institutrices : Mmes Joly, Blanc.
 
L'enseignement féminin

Un aspect des problèmes de l'éducation nationale sur lequel il convient d'insister particulièrement, c'est celui de l'enseignement féminin.

La conception des classes dirigeantes de l'Ancien régime n'était pas de nature à le favoriser et la grande masse du peuple n'était pas, de son côté, acquise à l'idée d'une instruction nécessaire pour les jeunes filles.

Nous avons déjà signalé qu'en 1836, à La Seyne, trois ans après l'ouverture de la première école publique de garçons, un conseiller municipal proposa la création d'une école de Demoiselles, comme on disait alors.

Le malheureux édile ne réussit pas à convaincre ses collègues qui objectèrent le manque de crédits. Ce n'était là qu'un prétexte, car la possibilité existait de louer des locaux, même si on ne pouvait pas en construire.

La raison essentielle de ce refus - et la majorité du Conseil finit par l'avouer - c'est qu'on ne voyait pas l'utilité d'enseigner la lecture, le calcul, à des êtres destinés avant tout à des tâches ménagères.

Le clergé, de son côté, pensa longtemps que le seul enseignement à donner aux filles devait être celui de la religion.

Napoléon Ier, qui ne s'embarrassait pas de nuances, avait ainsi formulé son jugement à ce sujet dans les lignes qui suivent : " La faiblesse du cerveau des femmes, la mobilité de leurs idées, leur destination dans l'ordre social, la nécessité d'une constante et perpétuelle résignation et d'une sorte de charité indulgente et facile, tout cela ne peut s'obtenir que par la religion, une religion charitable et douce ".

Les tenants de la bourgeoisie et du clergé étaient alors incapables de comprendre qu'un jour, la vie, les progrès, l'évolution des mœurs, imposeraient des conceptions toutes nouvelles.

Cependant, ils comprirent tout de même la nécessité d'un enseignement pour les filles de la classe dirigeante. L'enseignement donné au pensionnat des Trinitaires - rue Clément-Daniel - celui donné au couvent de la Présentation, au quartier des Mouissèques, était réservé à des privilégiées. D'abord parce qu'il était payant. Une certaine sélection s'opérait. Ensuite parce qu'on comprit qu'avec l'enseignement religieux, les filles de la bourgeoisie devaient savoir diriger leur personnel de maison, peut-être aussi l'entreprise ou l'exploitation en cas d'absence ou de disparition de l'époux. En outre, à la fin du XIXe siècle, les filles héritières de dots ou de rentes durent songer tout de même à d'autres moyens pour assurer leur avenir. L'inflation causait déjà quelques ravages.

L'enseignement secondaire qui leur fut dispensé leur apprit à tenir des comptes, à échanger des correspondances, à passer des contrats. Ainsi, certaines purent entrer dans la fonction publique. C'était un enseignement utilitaire et pratique, plus qu'axé sur l'acquisition d'une culture.

Mais peu à peu, la nécessité d'un enseignement public généralisé se fit sentir impérieusement et l'enseignement féminin fut légalisé.

À La Seyne, la première école publique de filles ouvrira en 1846. L'enseignement qui y était dispensé végétera jusqu'à la fin du XIXe siècle.

Comme dans les écoles de garçons, il y eut des rivalités entre congréganistes et institutrices laïques, ce qui ne devait pas simplifier les choses.

Mais les jeunes filles, peu à peu, entraient dans la production. Le développement de nos industries locales permit la création d'emplois féminins.

La guerre de 1914-1918 accéléra le processus. Alors que des millions d'hommes furent mobilisés, qu'un million et demi d'entre eux disparurent dans la tourmente, combien de femmes eurent la charge d'assurer la marche des exploitations agricoles ou commerciales ? Combien prirent des emplois dans la construction navale, à l'arsenal ? Combien remplacèrent des instituteurs, des professeurs, des employés ?

Notre vieille école de filles de la rue Clément-Daniel, avec ses sections générale, industrielle, commerciale, prépara des centaines de nos concitoyennes à des métiers nouveaux : secrétariat, dactylo, employées, etc.

Une fois de plus, il nous faut dire que la vie avait commandé. La législation accompagna les mœurs.

Disons, pour conclure sur cet aspect de l'enseignement à La Seyne, que notre École de Filles de la rue Clément-Daniel a su, malgré la faiblesse de ses moyens, élever de façon appréciable le niveau intellectuel de l'élément féminin. Comme l'École Martini, elle n'a pas dispensé un enseignement supérieur, mais elle a formé certaines de nos concitoyennes pour leur permettre une intégration honorable dans les structures administratives, économiques ou sociales de notre localité.

 

Naissance des écoles de quartier

Avant de parler de nouvelles écoles qui vont s'implanter sur le territoire de la commune, il est nécessaire d'expliquer comment la zone urbaine s'y est développée.

Au milieu du XIXe siècle, la Société des Forges et Chantiers de la Méditerranée fit l'acquisition des premières installations de constructions navales puis étendit son emprise sur les terrains environnants pour créer de nouveaux ateliers.

Des îlots d'habitations prirent naissance autour de la Place de la Lune et en direction des Mouissèques et de Balaguier. Les immigrants italiens arrivèrent alors en si grand nombre qu'au début du XXe, près du tiers de la population était d'origine étrangère. Les Chantiers recrutaient surtout des manœuvres d'origine piémontaise ou génoise. Par la suite, nombre de ces travailleurs, grâce à leur travail acharné et à leur sobriété, purent s'établir confortablement dans notre pays où ils prirent un commerce ou montèrent une entreprise.

La ville s'étendit alors vers l'Est, avec l'avenue Fort-Caire (Pierre Fraysse) l'avenue des Sablettes (Frédéric-Mistral) l'avenue des Hommes sans Peur (Boulevard Jean-Jaurès).

Côté Ouest, une poussée urbaine se manifesta également, avec la création, ou le prolongement des voies nouvelles : boulevard du Quatre-Septembre, avenue Donicarde (Ethel et Julius Rosenberg), esplanade Gutenberg, etc.

Ce fut donc dans les quartiers Est que la population s'accrut d'abord et c'est là qu'il fallut songer à créer des écoles. Des quartiers plus éloignés, d'autre part, comme Tamaris, Saint-Elme et les Sablettes, se peuplaient également.

Les pêcheurs étaient alors bien plus nombreux qu'aujourd'hui et déjà se posaient les problèmes d'une population de touristes, surtout depuis que Marius Michel, dit Michel-Pacha avait apporté à Tamaris certains équipements nouveaux. Nombreux étaient les étrangers, notamment les Anglais, qui venaient douillettement passer l'hiver sur nos rivages. C'étaient, n'en doutons pas, des touristes bien nantis qui amenaient avec eux ou recrutaient sur place du personnel de maison.

Cela explique que le Conseil municipal du moment, présidé par Julien Belfort, prit le 12 avril 1901 une délibération qui affectait un crédit pour construire une école maternelle au boulevard des Hommes-sans-Peur (aujourd'hui boulevard Jean-Jaurès). Le projet initial prévoyait la construction d'une seule classe avec d'éventuelles extensions ultérieures.

Un peu plus tard, le 28 décembre 1901, exactement, une autre délibération fut prise pour créer une classe enfantine aux Sablettes.

Cette classe fut le départ d'une école mixte. La seconde classe fonctionnera à partir de 1902. Cette première école des Sablettes, qui sera détruite en 1944 par les Allemands, fut construite sur l'isthme à proximité du terrain qui abrite aujourd'hui la station de refoulement.

Pour la première fois, depuis sa création officielle de l'enseignement public, des constructions neuves sortaient de terre. Il s'était écoulé soixante huit ans !

Le problème qui se posait avec une grande acuité était alors la construction d'écoles primaires.

Entre 1880 et 1900, les effectifs de l'École Martini avaient progressé de façon spectaculaire. L'ancien hôtel de la Dîme avait certes été aménagé, mais comme il n'existait pas d'école pour les quartiers Est, tous les enfants des Mouissèques de Balaguier, de l'Évescat, etc. et même de Tamaris, venaient à Martini.

Il fallait donc à tout prix dégager l'École Martini en construisant une école pour les quartiers Est.

La décision fut prise par la Municipalité Jean Juès le 29 octobre 1910 seulement. En dix ans, les effectifs de l'École Martini s'étaient encore accrus sensiblement. Ils atteignaient HUIT CENT CINQUANTE élèves. Inutile de dire que cela ne facilitait pas les conditions de travail des maîtres et des élèves.

La naissance de la première école de l'avenue Fort Caire fut des plus laborieuses. La municipalité ne disposait d'aucun crédit pour faire du neuf. Alors elle loua un immeuble occupé par l'ancienne épicerie Fleury. Plus tard, cet immeuble sera acheté et réparé pour faire fonctionner deux classes provisoires, une pour les garçons et une pour les filles, puis devint l'entrepôt Zevio. C'est là qu'a été construite la pharmacie des C.N.I.M.

La fiche réservée au Groupe Scolaire Émile Malsert donne dans les détails les origines, le développement et surtout les fortunes ô combien diverses, de l'ensemble, devenu au fil des années l'un des plus importants de notre enseignement primaire à La Seyne.

Les années passent. La guerre de 1914 éclate. On connaît l'ampleur du désastre.

Ce ne sera pas dans cette période dramatique que la IIIe République consacrera beaucoup de crédits à l'École. Elle fera le strict nécessaire, poussant les cloisons, prolongeant les bâtiments existants, mais de constructions neuves point, à La Seyne, du moins.

Il a fallu tant de milliards pour construire des bateaux de guerre, lesquels, d'ailleurs, sont pour la plupart allés au fond de l'eau. Il a fallu des sommes énormes pour armer, pour détruire, pour tuer !

Aussi, nous voilà en 1920 avec un équipement scolaire semblable à celui du début du siècle.

Mais les effectifs stationnaires pendant la guerre vont de nouveau s'accroître. L'industrie locale paralysée un certain temps, va connaître un nouvel essor.

Des crédits pour l'École ? On laissait alors croire que l'Allemagne paierait.

Non seulement la grande bourgeoisie allemande était bien décidée à ne pas payer, mais ses homologues européens, bien certains qu'elle ne le ferait pas, étaient peu disposés à l'y contraindre.

Par crainte de la poussée démocratique du peuple rentré du front avec une autre vision de l'ordre social, apeurée par les succès de la Révolution, des Soviets, elle aida les Allemands à rétablir leur économie, favorisant ainsi la montée du nazisme.

 

La situation de nos écoles de 1920 à 1939

La population seynoise, qui était de 20 000 habitants au début du siècle, passa à 25 000 environ après la première guerre mondiale. Il fallait compter dans ce nombre le hameau de Saint-Mandrier qui ne sera érigé en commune qu'en 1950.

L'activité des chantiers connut des difficultés dans les années 20 à cause de la concurrence des chantiers rivaux qui s'étaient établis à Dunkerque, Rouen, Nantes, Saint-Nazaire et Bordeaux.

Dans cette période, des grèves de longue durée secouèrent l'économie locale puis, avec un effectif qui se stabilisa à 2 500 travailleurs, la prospérité des chantiers reprit peu à peu. L'outillage fut modernisé et la cadence des constructions pour la flotte de commerce qu'il fallait reconstituer prit un rythme satisfaisant. Les constructions pour la Marine de guerre, par ailleurs, ne furent pas négligées.

La population augmentait donc régulièrement et avec elle les effectifs scolaires. Il fallait donc construire des écoles et là aussi, moderniser les structures.

Au lieu de cela, on affublera l'École Martini d'un bâtiment supplémentaire. C'était vraiment peu, en comparaison des besoins réels.

 

Une belle occasion manquée

En 1923, l'Institution Sainte-Marie fut mise en vente aux enchères publiques.

La fiche consacrée à cet établissement fait état d'une immense propriété de plus de quatre hectares, avec un ensemble de bâtiments servant de salles de cours, de dortoirs et des équipements de toutes sortes : communs, terrains de sports, promenades, espaces verts, chapelle, etc.

Le départ de l'enchère s'élevait à trois cent mille francs : Le 9 mars 1923, le Conseil municipal de notre ville se réunit et décida de participer aux enchères.

Il semblait avoir compris tout le parti que la Ville pouvait tirer de cette acquisition, d'autant que les constructions scolaires aménagées étaient utilisables immédiatement et d'une capacité considérable.

Elles auraient pu recevoir des milliers de jeunes Seynois et les problèmes de constructions scolaires auxquels la Municipalité était alors confrontée se seraient trouvés résolus dans leur ensemble et pour de longues années.

Les représentants de la Ville désignés pour participer à la vente avaient reçu mission de pousser l'enchère jusqu'à un million de francs.

Hélas ! les prévisions des élus ne furent pas suffisamment audacieuses et ce ne fut pas la Ville de La Seyne qui bénéficia de cette immense richesse au cœur même de la cité.

Le fait est regrettable. L'investissement pouvait paraître énorme à l'époque, mais quand on pense à la solution qu'il apportait à tant de problèmes qui se poseront par la suite avec une acuité accrue, on ne peut que déplorer la courte vue des élus de l'époque.

En 1967, une autre occasion se présenta aux élus, avec la mise en vente de l'Orphelinat Saint-Vincent-de-Paul. L'investissement de 44 000 000 de centimes représente aujourd'hui un capital énorme dont le patrimoine de notre communauté seynoise est bénéficiaire.

Ces locaux abritent aujourd'hui une école maternelle à cinq classes - l'école maternelle Anatole-France - un restaurant scolaire et le Centre Culturel Municipal dont les salles hébergent les réunions de nombreuses associations locales.

Pour ce qui est des aménagements de structures scolaires, on lira dans les fiches relatives aux écoles Curie, François-Durand, et à l'école des Sablettes, que dans cette période de 1920 à 1939, ils ont été insignifiants.

En 1928, la Municipalité a fait l'acquisition de la caserne de la Gatonne, que l'école de filles de la rue Clément-Daniel n'occupera qu'en 1931.

L'aménagement de la caserne, qui deviendra l'école Curie, ne fut pas à proprement parler une réussite. La construction primitive avait été conçue pour servir d'hôpital, puis elle fut transformée en caserne.

Pour en faire une école, il fallut engager des travaux coûteux. Compte tenu de la grande dispersion de bâtiments, l'installation du chauffage central, par exemple, manqua d'efficacité.

À l'école François-Durand, quelques légères modifications seront apportées pour le fonctionnement des huit classes chez les garçons et les filles. Mais les effectifs demeureront intolérablement pléthoriques.

La situation de l'enseignement dans cette période ne pouvait guère s'améliorer. Il fallait panser les blessures de la première guerre mondiale. Des régions entières dans la France du Nord et de l'Est avaient été ruinées. Il fallait tout reconstruire.

Huit mille maîtres avaient sacrifié leur vie sur les champs de bataille et le capital humain fut lent à se reconstituer.

Les milliards nécessaires pour la remise en route de l'économie générale du pays faisaient toujours défaut. Malgré cela, on préparait à grands frais la seconde guerre mondiale. Des sommes énormes disparaissaient dans le béton de la fameuse Ligne Maginot. L'armée de terre, l'aviation naissante, la Marine, rénovaient leur équipement. Pas assez, cependant, si on en croit les résultats de l'offensive allemande de 1940...

Des crédits pour des œuvres de mort étaient distribués généreusement aux trois armes, alors qu'on lésinait sur les dépenses de l'instruction publique.

Dans les années 1938-1939, la Municipalité Mazen est bien consciente qu'il faut faire quelque chose pour les écoles. Elle envisage de créer des écoles de quartier aux Plaines, à Berthe. On parle et reparle de la fameuse expropriation Zunino, dont il a été question dans la première partie, pour agrandir l'École Martini.

Mais tous ces projets resteront sur le papier.

 

Les années terribles

Nous voici en août 1939. La déclaration de guerre est toute proche, mais depuis le 25, nombreux sont les Français rappelés sous les drapeaux. Puis c'est la guerre, la drôle de guerre, d'abord, puis l'offensive, la trahison, le désastre, la ruine et les deuils.

La situation de l'École ne peut que s'aggraver.

Nous ne reviendrons pas sur cette période de laquelle nous avons longuement parlé dans la première partie.

À la Libération, la situation de notre ville est lamentable à tous points de vue. On ne dira jamais assez les efforts inouïs qu'il fallut pour assurer la remise en route de la vie seynoise. Notre chantier naval n'était plus qu'amas de ferrailles, notre port détruit complètement, les maisons sinistrées se comptaient par milliers... La situation de nos écoles était à l'image de tout le reste.

Le comité de la Libération qui siégea quelques mois sous la présidence de Pierre Fraysse, puis la Municipalité présidée par le Docteur Sauvet se préoccupèrent de déblayer les ruines, de rétablir les communications et les réseaux.

Les services administratifs travaillaient comme ils le pouvaient, c'est-à-dire avec des moyens de fortune.

La maternelle de la rue d'Alsace abrita des services municipaux, car l'ancien Hôtel de Ville, sinistré, ne pouvait plus servir. Les vieux locaux de la rue Messine reçurent les Services techniques, la Caisse des Écoles et la recette municipale. Certaines classes de garçons fonctionnèrent même dans les salles de la Bourse du Travail.

Soucieuse de la remise en route rapide de nos écoles, la Municipalité de la Libération fil appel à des volontaires pour déblayer, pour transporter les décombres, pour réparer. Des équipes de choc animées par des militants communistes et leurs camarades de la Résistance ne ménagèrent ni leur temps ni leur peine pour opérer la remise en route des services, des écoles, de l'industrie et de toutes les activités en général.

Les cartes scolaires 3 et 4 publiées en fin de l'ouvrage attestent qu'il n'y a pas eu beaucoup de progrès par rapport au début du siècle.

Le nombre d'écoles n'a guère varié. Seules deux petites écoles prennent naissance. C'est en effet en 1947 que les projets d'avant-guerre qui visaient à implanter des écoles nouvelles dans les quartiers Berthe et des Plaines verront leur réalisation. En même temps, des établissements d'enseignement privé ont disparu.

Des ensembles préfabriqués composés de cinq classes chacun allaient être le point de départ des groupes scolaires Maurice-Thorez et Jean-Jacques-Rousseau, parmi les plus importants de la commune.

Puis, la Municipalité à direction communiste luttera pendant plus de dix ans dans des conditions particulièrement difficiles pour donner à l'enseignement les structures qui lui manquaient.

 

À partir de 1947

Après l'éviction des Ministres communistes du gouvernement, les Municipalités de même tendance n'eurent pas la partie facile.

À La Seyne, Toussaint Merle aidé de ses camarades, releva le défi.

Après la dissolution du Conseil municipal en juin 1950, lorsque fut créée la commune de Saint-Mandrier, l'équipe municipale sortante fut réélue avec un gain de suffrages appréciable. Trois ans plus tard, en avril 1953, la municipalité sortante triompha d'une liste unique qui lui fut opposée - liste de coalition qui allait des socialistes à la droite. Elle enregistra même un gain de 1300 voix et obtint la majorité absolue des suffrages.

La confiance de la population acquise, ce qui était essentiel pour elle, elle fit front contre toutes les attaques qui venaient de tous les partis politiques battus, des administrations de l'État et même de certains employés communaux de la Municipalité d'avant guerre.

Et puis l'atmosphère était alors à la guerre froide.

Entre 1950 et 1957, les élus minoritaires assistaient rarement aux séances du Conseil municipal : une quinzaine d'élus seulement prenaient part à l'administration de la ville.

Cependant, les problèmes avançaient. Les questions scolaires et sociales furent traitées en priorité et dans ses dix premières années d'existence, la Municipalité Toussaint Merle a accompli une œuvre immense.

La liste des réalisations est longue, mais nous n'en donnerons que l'essentiel :

- Création du centre de protection maternelle et infantile (P.M.I.)
- Création du Centre Médico-social
- Création du Centre Médico-scolaire, du jardin d'enfants, de l'école de Plein Air, de la première crèche municipale, du centre de gymnastique corrective, des écoles de sport.
- Création de l'office municipal du logement.
- Développement de la voirie, des réseaux d'assainissement, d'éclairage public, etc.

Plus particulièrement sur le plan scolaire,

- Les ateliers sont modernisés à l'École Martini et également à l'École Curie qui est transformée en Collège. Des salles de dessin et de sciences sont également créées dans ces établissements.
- Trente classes supplémentaires sont construites, les cours professionnels sont développés.
- La Caisse des Écoles prend une extension à la mesure des besoins : En dix ans, son budget passe de 1 500 000 AF à 26 980 000 AF.
- Les colonies de vacances se développent dans les belles propriétés achetées par la Ville dans le département de l'Isère.
- Les restaurants scolaires sont créés dans les principales écoles.
- Les enfants bénéficient des fournitures et des livres scolaires qui leur sont indispensables, gratuitement.

En somme, de 1947 à 1957, des efforts considérables ont été faits pour aider l'enfance et la jeunesse.

Mais la population scolaire augmentait sans cesse, en liaison avec la politique du logement social que pratiquait la Municipalité qui, de son côté était poussée au ventre par le développement économique de la Ville et des Chantiers.

Il fallait donc alors voir grand, très grand, surtout en matière de constructions scolaires.

Trente-cinq ans après, on peut dire que la Municipalité s'y employa avec succès.

 

Situation générale de l'enseignement public à La Seyne en 1952

COLLÈGE MARTINI

Principal : M. Grac
Secrétaire surveillant : M. Roussin
Chef de travaux : M. Baude (professeur technique)

Enseignement moderne

Classes : 9 - Professeurs : 8 - Élèves : 231

Enseignement Technique

Classes : 8 - Professeurs : 7 - Élèves : 235

Enseignement Primaire

Classes : 12 - Instituteurs : 12 - Élèves : 377

Classe de Perfectionnement

Classe : 1 - Instituteur : 1 - Élèves : 12

Professeurs Techniques Adjoints

Atelier : 4 - Instructeur : 1 - Outilleur : 1

Éducation Physique

Professeur : 1 - Maître d'éducation physique : 1

TOTAL DU PERSONNEL : 40

TOTAL DES ÉLÈVES : 855

 

COLLÈGE CURIE

Directrice : Mme Todeschini

Enseignement Moderne

Classes : 4 - Professeurs * - Élèves : 311

Section Industrielle

Classes : 3 - Professeurs * - Élèves **

Section Commerciale

Classes 3 - Professeurs * - Élèves **

Collège Technique

Classes : 2 - Professeurs * - Élèves **

* Vingt professeurs assurent les cours des quatre sections

** Cent soixante-dix élèves sont regroupés dans les trois sections

École Primaire

Classes : 15 - Institutrices : 15 - Élèves : 441

Classe de Perfectionnement

Classe : 1 - Institutrice : 1 - Élèves : 14

On compte en outre, 1 répétitrice d'italien, 1 professeur d'éducation physique 1 maîtresse d'éducation physique, 1 professeur de musique.

TOTAL DU PERSONNEL : 40

TOTAL DES ÉLÈVES : 936

 

ÉCOLE FRANÇOIS-DURAND (FILLES)

Directrice : Mme Peyron
Classes : 12 - Institutrices : 12 - Élèves : 479

ÉCOLE FRANÇOIS-DURAND (GARÇONS)

Directeur : M. Mouré
Classes : 10 - Instituteurs : 10 - Élèves : 341

ÉCOLE ERNEST-RENAN (GARÇONS)

Directeur : M. Robert
Classes : 5 - Instituteurs : 5 - Élèves: 173

ÉCOLE DES SABLETTES (FILLES)

Directrice : Mme Cassini
Classes : 5 - Institutrices : 5 - Élèves : 165
Classe enfantine : 1 - Institutrice : 1 - Élèves : 85

ÉCOLE DES SABLETTES (GARÇONS)

Directeur : M. Costa
Classes : 5 - Instituteurs : 5 - Élèves : 182

ÉCOLE DES PLAINES

Directeur : M. Blanc
Directrice : Mme Picq

Premier degré garçons :

Classes : 2 - Instituteurs : 2 - Élèves : 70

Premier degré filles

Classes : 2 - Institutrices : 2 - Élèves : 68

Classe enfantine

Classe : 1 - Institutrice : 1 - Élèves : 45

ÉCOLE BERTHE

Directrice : Mlle Neaud
Directeur : M. Miroy

Premier degré filles

Classes : 2 - Institutrices : 2 - Élèves : 79

Premier degré garçons

Classes : 2 - Instituteurs : 2 - Élèves : 78

Classe enfantine

Classe : 1 - Institutrice : 1 - Élèves : 41

MATERNELLE JEAN-JAURÈS

Directrice : Mme Berson
Classes : 7 - Institutrices : 7 - Élèves : 350

MATERNELLE RENAN (Rue d'Alsace)

Directrice : Mme Gilmez
Classes : 5 - Institutrices : 5 - Élèves : 252

 

RÉCAPITULATION

 

 

Une ère nouvelle s'ouvre

À partir de 1956, après de longues discussions sur les problèmes de l'urbanisme, un vaste programme de constructions scolaires va être établi par la Municipalité, dans le but d'apporter aux problèmes de l'Enseignement des solutions durables.

Il était désormais impossible de se satisfaire d'expédients.

Plus de dix ans s'étaient écoulés depuis la fin de la seconde guerre mondiale : Les ministères de la Reconstruction et de l'Éducation nationale avaient multiplié les préfabriqués pour assurer provisoirement le fonctionnement des écoles sinistrées et pour permettre ainsi l'ouverture d'autres écoles nécessaires, réclamées par les quartiers en voie de surpeuplement.

Les élus locaux avaient reçu toutes les affirmations possibles : au bout de cinq ans, ces constructions légères allaient être remplacées par des constructions solides. Nos édiles, alors inexpérimentés, avaient eu la naïveté de le croire. Leur candeur allait être battue en brèche. Jugez plutôt :

Les derniers éléments implantés aux Sablettes et qui abritèrent les petits de la Maternelle furent détruits en... 1976 ! Trente années s'étaient écoulées depuis leur installation ! D'année en année, les plaques de ciment prenaient du jeu, les boulons se rouillaient, les toitures se fissuraient, l'eau s'infiltrait et les plafonds se gondolaient. Ils s'effondrèrent même parfois.

Au grand dam de l'ancien Chef des travaux, Aimé Molinari, il fallait sans cesse rafistoler ce qui n'était même plus réparable. Que de temps perdu ! Et le mécontentement, bien justifié, persistait.

Dans tous les quartiers de la commune, les effectifs allaient croissant. On essayait d'agrandir, de pousser des cloisons, de rehausser des bâtiments, on utilisait les salles de jeux, des cantines, transformées en salles de classe.

C'était vraiment la grande misère.

De toutes les activités qu'une Municipalité doit gérer, les problèmes de l'éducation de la jeunesse doivent occuper une place prépondérante. Les statistiques de cette période montraient déjà que le nombre des étudiants et des écoliers atteignait le quart de la population.

Nos élus ont alors bien compris l'urgence de trouver de véritables solutions aux problèmes de l'Enseignement. Aussi, vont-ils faire beaucoup pour assurer aux jeunes les conditions d'une bonne instruction et, parallèlement, ils travailleront à l'organisation de leurs activités de loisirs.

Le programme ambitieux établi en 1956 se proposait de mettre au service de la jeunesse seynoise des locaux en nombre suffisant, répartis judicieusement, de manière à éviter aux enfants des déplacements trop longs, qui devenaient par le fait de l'accroissement de la circulation automobile de plus en plus dangereux. Il s'agissait aussi de doter les structures scolaires de matériel pédagogique bien adapté aux méthodes modernes du mobilier confortable et de proposer à tous, enfants et enseignants, des conditions d'hygiène et de sécurité parfaites.

Sur ces bases-là, nos élus vont s'attaquer fébrilement à tous les problèmes.

En même temps qu'ils organisent les structures d'Enseignement, ils vont se préoccuper de la santé des écoliers en développant le service de la médecine scolaire, en surveillant l'examen et le traitement des enfants inadaptés, en créant un centre de gymnastique corrective. Il sera fait appel aux psychologues, aux orthophonistes et aux rééducateurs.

Les écoles vont recevoir des structures diverses pour la pratique de l'éducation physique et sportive : terrains, gymnases, matériel sportif, etc.

La création de l'école de Plein Air de la Dominante fut une innovation pour le Var. Elle fonctionnera même à la montagne, en Isère, dans les années 1960.

Un réseau de restaurants scolaires est mis en construction pour permettre à tous les enfants, quels qu'ils soient, de trouver une place, un repas substantiel, à un prix modique et dans des locaux accueillants. Il fallait que la vieille cantine aux gamelles en fer et aux relents de soupe réchauffée, disparaisse à jamais.

Il fallait créer. Créer, là où rien n'existait.

Il fallait également penser à toutes les activités périscolaires susceptibles de lier davantage l'enfant à son école et, par là, à son milieu social : ce seront les centres de loisirs du mercredi, les centres de vacances d'été. Plus globalement, les problèmes socio-éducatifs de la jeunesse devaient être repensés dans notre civilisation en rapide mutation.

On voit donc que l'ouvrage ne manquait pas.

Sans intervenir directement dans l'organisation pédagogique des établissements d'enseignement, les élus d'une municipalité démocratique se doivent, en liaison avec toutes les associations qui gravitent autour de l'école publique - amicales ou foyers laïques, conseils de parents d'élèves, délégation cantonale, foyers de la jeunesse, etc. - de contribuer à la réalisation d'une véritable réforme de l'enseignement.

Ils se doivent également de soutenir les revendications du corps enseignant qui lutte pour de meilleures conditions de travail, pour des créations de postes, pour une meilleure qualité de l'enseignement, qu'il s'agisse de l'enseignement général, technique ou de l'éducation physique et sportive.

Les problèmes les plus divers, comme la lutte contre les inégalités dans l'acquisition du savoir, la résorption des inadaptations et des retards scolaires, l'accession à la gratuité totale des études, concernant au premier chef les municipalités qui ont mission de mener un combat pour obtenir une aide efficace de l'État et pour que ce dernier prenne vraiment à sa charge les dépenses qui lui incombent.

Nous avons montré précédemment que dans les années 1880, si l'enseignement public avait pu s'imposer dans la Nation, c'est tout simplement parce que le principe de la nécessaire instruction du peuple s'était répandu dans la grande majorité des citoyens et qu'il avait fini par devenir une force matérielle forçant les gouvernants à s'incliner.

Nous n'en étions plus là, dans les années 50, mais il s'avéra que les équipements scolaires et universitaires étaient en retard. Ils ne correspondaient plus du tout aux nécessités d'une époque dont le fait économique était bouleversé. Avec l'automation, l'énergie atomique, une véritable révolution industrielle s'accomplissait. Avec elle, les problèmes économiques se posaient en termes nouveaux et avec eux, inéluctablement, des problèmes sociaux d'une nature différente apparaîtraient.

C'est là que, précisément, des gouvernements dignes de ce nom auraient dû précéder ces mutations et être attentifs au devenir de l'école, forcément lié à tous les aspects de l'évolution économique et sociale.

Dans le corps enseignant, on dit souvent, et avec raison que l'école doit être actuelle. Les besoins d'une réforme se faisaient sentir, d'autant que les problèmes de l'éducation nationale intéressent des catégories sociales de plus en plus nombreuses. En outre, si on comptabilise le nombre d'adhérents des syndicats d'enseignants, des fédérations de parents d'élèves, des militants laïques des associations périscolaires et tous les employés, à divers titres de l'Éducation nationale, on obtient un chiffre de plusieurs millions d'adhérents, de travailleurs, autant dire qu'à tous égards et par cette simple voie, la nation entière est concernée par les problèmes de l'éducation, de l'enfance et de la jeunesse.

C'est pourquoi l'école actuelle doit être aussi démocratique.

Pour prendre en considération toutes les opinions de l'ensemble des citoyens concernés en tant que parents, qu'enseignants, qu'employés ou qu'élèves, par les problèmes de l'éducation, un gouvernement qui se dit démocratique doit jouer le jeu de la concertation.

Sur le plan municipal, cette ligne de conduite a été suivie.

Dans les années 1957, les besoins d'un changement et de d'une transformation efficace de l'enseignement ont été exprimés avec force par l'équipe municipale en place.

Pour la réalisation de plans audacieux de rénovation scolaire, mis en œuvre en 1956, la Municipalité consulta inlassablement tous ceux qui étaient attachés à la défense de l'école publique, mais en premier lieu, les familles des élèves.

En effet, dans la société actuelle, si pleine d'incertitudes et de dangers, quant au devenir des jeunes, les familles sont inquiètes et on les comprend. Les études sont longues, les concours difficiles et, au bout, les places sont rares. Donner à ses enfants une instruction, c'est bien. Leur donner le goût des études, c'est très bien, mais ce qui est mieux encore, c'est de pouvoir, au terme de leur formation qui dure parfois jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de 25 ans, et même davantage, leur donner un emploi, une fonction selon leurs vœux et des émoluments décents.

C'est là aussi un problème politique de taille, qui ne peut-être résolu qu'à l'échelle de la Nation.

Cette apparente digression ne doit pas cacher que la solution des problèmes locaux de l'enseignement ne pouvait être envisagée sans avoir, en toile de fond, la nette conscience que tout se ramenait à ces quelques évidences.

La Municipalité comprit que l'on n'arriverait à rien sans obtenir pour ce faire, l'union de toutes les bonnes volontés. Et de surcroît, il fallait agir promptement.

Les difficultés étaient énormes. D'abord parce que le retard à rattraper depuis le début du siècle était effrayant, ensuite parce qu'il fallait faire face à une situation d'accroissement des effectifs en constante évolution.

Pour couronner le tout, dans la période de guerre froide, dont nous avons déjà parlé, les crédits pour l'école laïque étaient distribués avec une révoltante parcimonie. Les autorisations de construire étaient strictement limitées et annuellement, les créations de postes dans le département du Var dépassaient rarement la quinzaine.

Peu à peu, l'aide de l'État aux communes s'amenuisa. Le taux des subventions passa de 80 à 50, et même 40 %. Nous verrons plus loin, avec des exemples chiffrés, que, récemment, il est descendu encore plus bas...

Les guerres coloniales faisaient rage. En Indochine, en Algérie, des sommes folles étaient englouties au détriment de l'intérêt général et national. L'instruction du peuple français souffrit terriblement de cette politique néfaste, qui ne nous a rapporté ni honneurs ni profits.

Nos concitoyens n'ont peut-être pas oublié l'attitude des dirigeants politiques de l'époque qui, reniant les enseignements du grand Jaurès, s'apprêtaient à déclencher une nouvelle intervention militaire à Suez pour défendre les intérêts des seuls actionnaires du Canal.

Comment les défenseurs de l'école laïque n'auraient-ils pas réagi avec vigueur, quand ils constataient que dans le même temps, l'enseignement confessionnel bénéficiait d'une aide croissante ?

Les charges de notre commune s'accroissaient et nos élus luttaient avec la dernière énergie pour éviter à la population un accroissement de leurs impôts.

Pour compléter ce tableau des plus sombres, les adversaires de l'équipe municipale dirigée par Toussaint Merle, ceux qui ne pouvaient admettre que des changements politiques se soient opérés à La Seyne, se livraient à de véritables tentatives de sabotages des projets en cours, avec la complicité de leurs amis du pouvoir de tutelle.

Ainsi, pour ne citer qu'un exemple, dans le budget additionnel de 1956, le sous-préfet fit supprimer 13 000 000 AF sur les crédits sociaux. Il y avait dans cette somme des crédits réservés à la Caisse des Écoles et qui ne put, dans ces conditions, faire face à ses échéances. Ce sont les fournisseurs en librairie et en produits alimentaires qui firent les frais de ces retards.

Le Conseil municipal dénonça vigoureusement mais en vain ces mesures répressives d'autant plus inadmissibles que le Gouvernement de l'époque trouvait UN MILLIARD PAR JOUR pour la seule guerre d'Algérie...

 

L'union dans l'action

L'union agissante des enseignants, des parents d'élèves et de la Municipalité avait déjà fait ses preuves. Souvenons-nous des années 1950-1951 où le vote des lois anti-laïques avait si gravement menacé l'École. Les délibérations du Conseil municipal sur cette question précise, sa condamnation des lois Barangé, avaient été largement approuvées par la population.

Depuis, les motions des associations laïques, les pétitions des parents d'élèves qui rassemblaient des milliers de signatures, allaient toujours dans le même sens. Il fallait défendre l'École, il fallait des crédits pour obtenir des ouvertures et des constructions de classes, des créations de postes... Des délégations se rendaient fréquemment à la Préfecture de Draguignan exiger des Pouvoirs publics des mesures en faveur des projets municipaux.

De leur côté, les Élus se démenaient. Il ne se passait pas une semaine sans qu'on les entendît parler aux portes des Entreprises, dans les cafés de la ville, dans les salles de spectacles, dans les écoles ou sur le marché.

Des tracts dénonçaient la malfaisance des saboteurs de l'École.

Pas un jour ne se passe dans cette période sans que les rubriques de la presse locale - La Marseillaise en particulier - ne reflètent l'opinion des Élus, des enseignants, des parents d'élèves, de la délégation cantonale ou des amicales laïques, sans que L'Estancaïré ne stigmatise vertement les responsables des retards ou des sabotages.

Cette rubrique était particulièrement redoutée des représentants locaux du pouvoir et de ses séides seynois et elle maintint pendant des années une ambiance de lutte persévérante et implacable.

Aussi, lorsque le plan de rénovation scolaire fut établi par le Conseil municipal et diffusé dans la population, les conditions avaient été réalisées pour sa réussite.

Son étude débuta le 28 mai 1956 et ce fut dans la séance du Conseil municipal du 3 juillet qu'elle prit fin.

Ce jour-là, le bilan des problèmes scolaires depuis la Libération fut établi. Il était positif, puisque tous les enfants avaient été accueillis et équipés, mais il avait fallu se satisfaire de solutions d'attente, d'expédients qui avaient réglé les problèmes au coup par coup, donc, pour des périodes bien limitées.

Dans cette séance du 28 mai, Toussaint Merle déclara :

" Il n'est pas normal que nos deux collèges Martini et Curie soient doublés d'écoles primaires, il n'est pas possible que l'enseignement technique ne puisse pas avoir la place normale qui lui revient dans notre localité.

Nos écoles primaires de garçons et de filles ne correspondent plus à la répartition de la population qui augmente et qui se déplace. Ainsi, le dernier recensement a fait apparaître que, pour la première fois, la population suburbaine était plus nombreuse que la population urbaine.

Nos deux écoles maternelles sont mal situées et insuffisantes. Les classes enfantines qui fonctionnent dans les écoles primaires, comme aux Sablettes, par exemple, doivent céder la place à des écoles maternelles ".

Le Maire de La Seyne exposa alors le plan de rénovation dont la réalisation, tint-il à souligner, allait se heurter à de très grandes difficultés du fait de la politique gouvernementale.

Il fit appel à toutes les bonnes volontés et, comme nous le verrons par la suite, ce ne fut pas en vain

 

L'explosion scolaire

Avant d'exposer ce plan de rénovation scolaire qui fera date dans l'histoire de l'Enseignement à La Seyne, en ce milieu du XXe siècle, essayons d'analyser les raisons de cette croissance impétueuse des effectifs, mentionnée plus haut.

À partir de 1950, jusqu'en 1977, leur évolution est littéralement vertigineuse. Les quelques chiffres suivants en attestent.

Pour tous les ordres d'enseignement, on dénombre :

- En 1950, 3.380 élèves
- En 1960, 7.440 élèves (+ 220 %)
- En 1972, 11.470 élèves (+ 154 %)
- En 1977, 13.648 élèves (+ 118 %)

En 27 ans, les effectifs s'étaient donc accrus de 403,78 %...

Comment expliquer ce phénomène qui, d'ailleurs, les statistiques nationales le montrent, n'est pas particulier à notre ville ?

Les cours complémentaires sont devenus des collèges. Certains collèges sont devenus des lycées. Les lycées qui avaient absorbé les écoles primaires supérieures, voient leurs effectifs tripler en 14 ans (de 1949 à 1963) alors que dans la même période, les effectifs des établissements ; privés ne font que doubler.

Jamais, dans l'histoire générale de l'Enseignement, on n'avait constaté un mouvement d'une telle amplitude. On peut parler, sans exagération, d'une véritable explosion scolaire.

La première explication réside dans le fait démographique.

Au lendemain de la guerre de 1940, la natalité a nettement progressé par rapport aux années 1930-1940.

La population seynoise qui est de 26 000 habitants environ à la fin de la guerre, en comptant le hameau de Saint-Mandrier dont elle sera amputée en 1950, passe à 42 000 habitants en 1966 (+ 161 % en cinq ans) et à 50 000 habitants en 1973 (+ 119 % en huit ans).

La France, dans la période de 1946 à 1950, compte 800 000 naissances par an.

Naturellement, l'école primaire accuse un très sensible accroissement d'effectifs. Entre 1951 et 1959, elle reçoit 1 800 000 écoliers en plus.

Avec la vague démographique, s'ajoute une croissance du taux de scolarisation.

Ce dernier, déjà élevé dans l'Enseignement primaire, progresse aussi, par la prolongation de la scolarité obligatoire et la création des classes de fin d'études.

La croissance des effectifs des maternelles est plus lent. N'étant pas considéré comme obligatoire, cet enseignement n'est guère encouragé par l'État. On a bien vu, d'ailleurs, le combat que dut mener la Municipalité pour en obtenir une troisième à La Seyne, celle de la Rouve (Maternelle Édouard-Vaillant).

Mais peu à peu, le fait social exige que dans un ménage les deux époux aient un emploi rémunérateur, ce qui pose le problème de la garde de l'enfant. En outre, si dans les débuts, les parents ne voyaient pas tout l'aspect éducatif de l'enseignement des maternelles, ils en sont venus à une autre compréhension.

Alors, les exigences se transformèrent en actions directes. Avec la multiplicité des associations de parents, les classes enfantines rattachées au primaire - c'était le cas aux Sablettes, dans la cité Berthe et aux Plaines - furent peu à peu transformées en maternelles.

Une autre explication de la croissance des effectifs scolaires, c'est le souci affirmé des familles qui comprirent que pour assurer un avenir meilleur à leurs enfants, il fallait les pousser à poursuivre leurs études, même si elles étaient longues.

Dans ces années d'après-guerre, après que les dommages aient été réparés, les progrès extraordinaires des techniques avaient transformé complètement l'économie, au point qu'elle exigea une main d'œuvre plus instruite, d'où la nécessité d'encourager les jeunes aux études.

Voilà donc quelques raisons qui justifient la croissance extraordinaire des effectifs scolaires depuis la maternelle jusqu'à l'enseignement supérieur, raisons auxquelles il faut ajouter des faits particuliers à notre région.

C'était une tradition, dans notre ville, d'accueillir des travailleurs immigrés qui avaient fui leur pays où régnait une féroce dictature. Certains y vivaient même clandestinement.

Dans les années qui précédèrent la fin de la guerre d'Algérie, surtout entre 1958 et 1962, des milliers de Français d'Afrique du Nord vinrent s'installer à La Seyne et la Municipalité se mit en devoir de les loger, de leur trouver des emplois et d'accueillir leurs enfants dans les écoles. Elle n'eut pas besoin d'attendre pour ce faire, les instructions ministérielles.

Enfin, depuis la fin de la guerre d'Algérie, des milliers de familles maghrébines et africaines sont venues chez nous pour y accomplir des travaux pénibles dans l'industrie du bâtiment, des travaux publics et dans les exploitations agricoles.

Leurs enfants, et ils sont nombreux, sont venus grossir sensiblement les effectifs scolaires de la commune. Ils bénéficient aujourd'hui des mêmes avantages sociaux que tous les autres travailleurs et se sont bien adaptés à la vie seynoise.

Dans certaines classes enfantines, au Jardin d'enfants Aristide-Briand, pour ne citer qu'un exemple, leur nombre atteint le tiers de l'effectif total.

On comprendra à la lumière de ces faits qu'il n'était pas simple pour la municipalité de faire front à des difficultés aussi nombreuses que diverses.

L'accroissement des effectifs en était un aspect. L'arrivée massive des étrangers en était un autre, car se posaient des problèmes de cohabitation. Des sentiments d'un racisme persistant n'étaient pas prêts de s'éteindre chez nos concitoyens. Ils devinrent plus marquants encore dans les contacts entre les Nord-africains et certains Français d'Afrique du nord, profondément ulcérés de la tournure des événements.

Ajoutons à cela les problèmes de la réforme de l'Enseignement qui se posaient dans cette même période, réforme qui créait des structures nouvelles nécessitant des constructions neuves, mieux adaptées aux nouveaux programmes et aux nouvelles méthodes.

Tout ceci était autant d'obstacles que les adversaires de la Municipalité tentaient d'exploiter à leur avantage.

Le 4 janvier 1959, le nouvel Hôtel de Ville fut inauguré remplaçant, à la satisfaction de tous, les bureaux insuffisants, disséminés aux quatre coins de la ville : à la rue Cauquière, à la rue Messine, à la rue d'Alsace et place Germain-Loro

On sait que le précédent Hôtel de Ville, édifié en 1847 au même emplacement que celui d'aujourd'hui, avait été sinistré en 1944 et qu'il avait fallu le détruire.

Un Hôtel de Ville, ce n'est pas une structure scolaire, mais il est bon de souligner qu'il est un instrument de travail efficace et qu'il facilite, par son modernisme, la solution de tous les problèmes posés dans la commune.

Nous n'étions plus au début du XIXe siècle où certaines salles de la Mairie - la vieille Communo de la rue Carvin ou de la rue Berny - étaient utilisées comme salles de classe.

Cependant, la grande salle des fêtes permettrait de recevoir souvent les écoliers à l'occasion d'expositions diverses, de séances de ciné-club, de concerts de l'École municipale de musique. L'Hôtel de Ville était appelé à offrir un complément appréciable à l'instruction des enfants.

À propos de l'inauguration du nouvel édifice qui fit la joie de la grande majorité de nos concitoyens, il est bien amusant de rappeler aujourd'hui certaines opinions émises dans la presse de l'époque, en particulier Le Provençal et Le Méridional.

Rappelons qu'en 1958, le complot des généraux d'Alger amena au pouvoir le Général de Gaulle, appelé par René Coty. Lors du référendum qui suivit, l'équipe municipale en place fut mise en minorité. Ses adversaires, battant le rappel des mécontents, crurent vraiment que c'en était fini de Toussaint Merle et de ses amis.

Entre autres arguments politiques, les piteux journalistes de la presse précitée avaient cru bon de dénigrer la municipalité en critiquant la construction de l'Hôtel de Ville. Toussaint Merle était accusé de dilapider l'argent des Seynois en construisant un édifice trop grand, pour lequel la dépense serait excessive.

Ces stupidités étaient proférées par les mêmes qui écrivaient, dix ans auparavant, que les écoles de quartier aux Plaines et à Berthe étaient inutiles. Étaient superflues à leurs yeux, également, les dépenses à caractère social.

Dépenses somptuaires, la construction du centre médico-social, du centre médico-scolaire, les achats de propriétés à la montagne pour les vacances des enfants au plein air... ? Allons donc !

Les adversaires de la municipalité Toussaint Merle, incapables d'étayer leur campagne électorale de 1959 sur des arguments sérieux, se lancèrent dans des procédés tout simplement odieux. Nous vîmes alors s'agiter des hommes aux opinions les plus diverses, allant des prétendus socialistes, jusqu'aux fascistes affirmés. Des hommes dont la vie privée, pour quelques-uns du moins, n'avait rien de particulièrement reluisant, des individus stipendiés qui firent la campagne électorale, revolver au poing, sans être inquiétés le moins du monde par la police de l'époque.

Le bon sens de la population seynoise prévalut et c'est par 54,14 % des voix que la liste d'union républicaine conduite par Toussaint Merle, composée de gens qui, depuis plus de dix ans avaient fait leur preuves, fut réélue.

Après cette victoire électorale, obtenue non sans mal le 14 mars 1959, la Municipalité se remit donc au travail. Elle allait pendant les deux mandats suivants - 1959-1965 et 1965-1971 &endash; poursuivre activement sa politique scolaire et apporter des solutions durables aux problèmes de l'enfance et de la jeunesse, et cela dans des conditions de difficultés exceptionnelles que nous venons de définir.

Les campagnes électorales de 1965 et 1971 furent aussi très violentes, mais la population resta fidèle à ceux qui servaient ses intérêts.

Malgré tous les obstacles et toutes les embûches dressées par des gens mal intentionnés, le nombre des écoles fut multiplié par SIX, ce qui permit de faire face à la croissance des effectifs. Remarquons que dans le même temps, on put ramener les effectifs moyens par classe à 22 élèves pour les cours préparatoires, 25 élèves pour les cours élémentaires et 26 élèves pour les cours moyens.

Maintenant, revenons à ce fameux plan de rénovation en commandes dites groupées qui fut étudié et modifié en cours d'exécution pour, en définitive, dépasser les prévisions.

 

Le plan de rénovation scolaire de 1957 - L'œuvre des municipalités Toussaint Merle (1947-1969) et Philippe Giovannini (1969-1978)

Ce fut le 5 mai 1957 que le Ministère de l'Éducation nationale accepta le programme de rénovation scolaire proposé par la Municipalité. Il concernait particulièrement les écoles primaires et maternelles.

L'enseignement secondaire, avec la construction du Lycée moderne, classique et technique, avait fait l'objet d'une attention spéciale.

Il allait ouvrir un nombre de classes suffisant pour permettre aux jeunes gens, garçons et filles, de poursuivre leurs études dans des conditions bien meilleures qu'autrefois.

Les écoles primaires de Martini et de Curie deviendraient autonomes, tandis que l'enseignement technique continuerait d'être dispensé dans la vieille École Martini où demeuraient les ateliers en attendant de nouvelles constructions

Ce qui n'avait pas été prévu et ne pouvait pas l'être au niveau local, ce furent les réformes nationales qui entrèrent en vigueur à partir de 1958.

Quels changements vont-elles entraîner dans les divers ordres d'enseignement ?

Tout d'abord, l'obligation scolaire sera portée de 14 à 16 ans. L'enseignement obligatoire comportera trois phases :

- Un cycle élémentaire de 5 ans à 6-11 ans
- Un cycle d'observation de 2 ans : 11-12 ans
- Un cycle terminal d'au moins quatre années.

Sans entrer ici dans les détails, indiquons simplement que les structures pédagogiques en seront profondément modifiées, surtout pour l'enseignement secondaire et l'enseignement technique.

Ainsi, les anciens centres d'apprentissage vont être transformés en Collèges d'Enseignement Technique (C.E.T.) qui prépareront au Certificat d'Aptitude Professionnelle en trois ans et qui déboucheront sur l'enseignement technique long, lequel sera dispensé dans les Lycées techniques. Ces derniers établissements formeront des agents techniques brevetés (ex-brevet professionnel) et des techniciens brevetés (ex B.E.I.).

Après le cycle d'observation, les Collèges d'Enseignement Général (ex-cours complémentaires) dispenseront l'enseignement général court pendant trois ans en vue de préparer aux emplois de cadres moyens, avec comme sanction, le Brevet d'Enseignement Général. C'est la naissance des C.E.G. qui seront plus tard transformés en C.E.S. (Collège d'Enseignement Secondaire).

Les lycées classiques et modernes prépareront au baccalauréat dans cinq sections : Philosophie, Sciences expérimentales, Mathématiques et techniques, Sciences économiques et humaines.

On sait que par la suite, la préparation au baccalauréat subira de nombreuses modifications.

En dépit du Cycle d'observation, des orientations et réorientations s'imposeront et il faudra créer des classes passerelles.

Toutes ces réformes firent couler beaucoup d'encre. Il est évident qu'une ségrégation résultait de ces nouvelles structures.

Depuis des années, ces problèmes n'ont pas encore trouvé de solution définitive.

Dans cette période de réorganisation de l'enseignement, la Municipalité responsable, en premier lieu, du fonctionnement des écoles primaires et maternelles, ne pouvait pas rester indifférente aux problèmes du secondaire.

Parallèlement au plan des commandes groupées en 1956 et approuvées seulement en 1957, venait se greffer maintenant la création d'un Lycée Technique et d'un Collège d'Enseignement Technique, ainsi que des Collèges d'Enseignement Secondaire. Il en fallait un pour 10 000 habitants.

Pour l'enseignement du premier degré, voici ce que prévoyait le plan :

- Quartier Tortel : une école de garçons : 5 classes
- Les Mouissèques : une école garçons et filles : 10 classes
- Boulevard Staline : une école garçons et filles plus une maternelle : 20 classes + 6 classes
- Pont de Fabre : une école garçons et filles, plus maternelle : 12 classes + 3 classes
- Rue Jules-Verne : école de garçons et filles, plus maternelle : 6 classes + 3 classes
- Les Sablettes : une école maternelle : 4 classes
- Les Plaines : une école de filles et garçons : 10 classes.
- Avenue Jean-Jaurès : une maternelle : 5 classes
- Quartier Berthe : une école de garçons et filles : 20 classes

AU TOTAL : 106 CLASSES

Ce plan avait été étudié en fonction des prévisions urbanistiques. La ville, en effet, se développait dans toutes les directions, mais il fallait savoir distinguer les priorités.

Depuis la création de l'Office municipal des H.L.M., en 1948, le nombre des logements sociaux ne cessait de croître et il fallait essayer d'obtenir une certaine synchronisation entre les constructions d'ensembles résidentiels et la création d'écoles. L'idéal eut été que les écoles sortent de terre les premières. Hélas ! les problèmes sont beaucoup plus complexes qu'on ne croit. S'il fallait penser aux quartiers de la périphérie, le Centre-Ville ne devait pas pour autant être négligé et là, les terrains étaient rares.

Pourquoi des écoles à la rue Jules-Verne, au quartier Tortel ou à l'avenue Henri-Pétin ? Parce qu'il fallait dissocier les écoles primaires des établissements secondaires dont elles dépendaient depuis plus d'un siècle.

Pourquoi des écoles aux Mouissèques ou à la Rouve ? Parce que les écoles François-Durand et Jean-Jaurès étaient surpeuplées, surtout depuis la construction des H.L.M. Saint-Antoine en 1952. Parce que depuis la Libération sous l'impulsion remarquable du Ministre François Billoux, des logements d'État destinés en priorité aux sinistrés et aux fonctionnaires furent édifiés dans les quartiers Est de la ville et, par voie de conséquence, la population de ces quartiers augmentait rapidement.

Pourquoi des écoles vers le Boulevard Staline ? Parce que dans les années 50, la Municipalité avait opéré le percement reliant le Boulevard du Quatre-Septembre à la route de Six-Fours, opération prévue bien avant la guerre, mais toujours en suspens.

Ce percement devait amener la création de nouvelles cités : cité Saint-Jean, Quartier Daniel, Quartier Chateaubanne, le Bercail, la Commandante, etc.

Pourquoi des écoles au quartier Berthe ? Parce qu'il fallait déjà remplacer les préfabriqués en place depuis plus de dix ans. Parce qu'il fallait là aussi faire face au développement impétueux des logements sociaux avec le démarrage de la Zone Urbaine Prioritaire.

Pourquoi, enfin, des écoles au Pont de Fabre ? Parce que, là encore, comme à Berthe ou à la Rouve, il fallait éviter aux enfants de ces quartiers de longs parcours de plus en plus dangereux avec le développement de la circulation. Les mêmes observations pourraient être faites pour les quartiers des Sablettes, des Plaines, de Janas, Fabrégas, Saint-Elme, Tamaris, etc.

L'acceptation de ce plan de rénovation par l'État, ce fut déjà un succès. Mais il était bien évident que sa réalisation n'allait pas se faire sans heurts. Elle allait demander des années de luttes patientes, tenaces, pour obtenir des emprunts à des taux raisonnables, pour trouver des terrains disponibles, pour exproprier, le cas échéant ce qui est toujours délicat et coûte du temps perdu, non sans avoir soulevé des polémiques dont malheureusement la cuisine politique fait son beurre.

Il ne fallait pas s'attendre à ce que l'État accordât des subventions suffisantes. Il faudrait probablement réaliser les projets par tranches.

En fait, des centaines de délibérations seront nécessaires, des dizaines de réunions devront se tenir avec les parents d'élèves, avec les enseignants, les autorités académiques, avec les entreprises, avec les tribunaux administratifs... De plus de multiples délégations se rendront à l'Académie, à la Préfecture, au Ministère... sans parler des réunions publiques, des manifestations, etc.

Ceux qui ne sont pas familiarisés avec ces problèmes ardus sont incapables d'imaginer la somme de travail, de soucis, de fatigue, que représente la réalisation de tels projets... et qui ne sont qu'un aspect de la vie communale.

Cette dure bataille pour résoudre les problèmes scolaires dura huit ans.

En 1965, on va pouvoir le constater dans les lignes suivantes, 114 classes sont réalisées, soit six de plus que le plan initial, et si l'on ajoute à ce nombre les 108 classes du lycée classique et moderne, on obtient le total de 222 classes pour l'ensemble de la ville.

Cependant, il faut noter des différences par rapport aux premières prévisions d'implantation.

Par exemple, là où il était prévu une maternelle et une école primaire, comme au Pont de Fabre, seule la maternelle fut autorisée à cause de l'insuffisance de superficie et de la forme du terrain.

Pour des raisons semblables, à la rue Jules-Verne, seule l'école primaire fut autorisée et réalisée. La maternelle, quant à elle, put être réalisée à proximité, par l'acquisition d'un terrain à l'avenue Henri-Pétin (École Amable Mabily).

En matière administrative, rarement un plan se réalise conformément aux prévisions établies. Au hasard des circonstances, des occasions inespérées surviennent qui permettent des solutions rapides et parfois même peu onéreuses. On le verra par exemple avec l'acquisition de la propriété des Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul.

Huit années se sont donc écoulées. Nous sommes en 1965. La répartition des classes construites est la suivante :

- École de Plein-Air : 5 classes
- Écoles François-Durand : 29 classes
- École des Sablettes : 20 classes
- École Berthe : 12 classes
- École des Mouissèques : 10 classes
- École Ernest-Renan : 20 classes
- École primaire Martini : 5 classes
- École Tortel : 5 classes
- École Amable-Mabily : 5 classes
- École maternelle de La Rouve : 3 classes.

Cela fait un total de 114 classes.

Le bilan est d'importance : les grands groupes scolaires Renan, Les Sablettes, Berthe, ont pris naissance. Certes, il faudra les compléter au fil des années, il sera nécessaire et parfois urgent de leur adjoindre des classes maternelles pour remplacer les classes enfantines, mais l'action conjuguée de la Municipalité, des parents d'élèves et des enseignants va se poursuivre inlassablement dans les années qui vont suivre.

Il reste encore beaucoup à faire, dans le secondaire surtout, depuis la réforme Fouché. Mais l'impulsion a été donnée et les résultats exaltants en appellent d'autres.

Si le plan de 1956 n'a pas été réalisé dans son intégralité, les années qui vont suivre verront se concrétiser des projets remarquables au bénéfice de tous les ordres d'Enseignement, qu'il s'agisse des maternelles, du primaire ou de secondaire.

Les Élus ne s'accordent aucun répit pour prévoir et faire face aux besoins nouveaux de chaque rentrée.

À l'approche des années 67-70, la population dépasse 45 000 habitants. Les effectifs scolaires sont toujours en augmentation car La Seyne se développe à une cadence très rapide.

Un élan nouveau est pris. Dans la seule année 1967, on a pu constater l'achèvement de la deuxième tranche du groupe scolaire Maurice-Thorez, à Berthe, tandis que démarrent les travaux du groupe scolaire Jean-Jacques-Rousseau, aux Plaines et qu'est posée la première pierre de la maternelle Léo-Lagrange des Sablettes. Le gymnase Maurice-Thorez sera également inauguré dans la même année.

Remarquons au passage que la Municipalité ne pensait pas seulement aux écoles proprement dites et aux conditions d'enseignement ; elle ne voulut pas non plus négliger les équipements sportifs, pas plus que les œuvres péri- ou post-scolaires. Dans les rubriques Écoles de Sport et Œuvres sociales scolaires, on pourra se rendre compte de l'œuvre immense accomplie dans les autres domaines.

Alors que rapidement se résolvaient un à un les problèmes de l'enseignement à La Seyne, un évènement douloureux, ressenti comme tel par toute la population se produisit.

Le 24 mai 1969, Toussaint Merle mourut brutalement, prématurément enlevé à l'affection des siens, de ses camarades et de ses concitoyens.

Il s'apprêtait à célébrer la naissance de nombreux établissements scolaires aux projets desquels il avait travaillé passionnément, d'autant que, Seynois d'origine, il avait été écolier, étudiant, puis enseignant dans sa ville natale et plus particulièrement à l'École Martini.

Toussaint Merle administra la ville pendant vingt-deux ans. Il occupa les fonctions de Secrétaire de la Fédération du Var du Parti communiste français, de Conseiller de la République, de Conseiller général, de Député. Il mena des luttes politiques sévères contre des adversaires qui ne lui pardonnaient pas sa franchise brutale, son intransigeance farouche dans la défense des petites gens, des plus exploités, des plus démunis.

Il fut insulté, vilipendé par des individus aux mœurs crapuleuses, bien connus de nos concitoyens, et aussi du pouvoir de tutelle qui les protégeait. Un pouvoir qui n'hésita pas à ourdir contre la Municipalité toutes sortes de machinations, de combinaisons politiques malpropres où se retrouvaient côte à côte des hommes dits de gauche qui n'hésitèrent pas à s'allier à l'extrême droite fasciste.

Rien ne put fléchir la population laborieuse de La Seyne qui avait vu en Toussaint Merle l'enfant dévoué à corps perdu à sa ville natale - et ce fut bien le cas - l'honnête homme représentant le Parti communiste français qu'il avait choisi en pleine guerre parce qu'il l'avait jugé comme le meilleur garant de la lutte pour la libération de la France, et pour le triomphe d'une société plus juste et plus fraternelle. (Voir notice bibliographique).

En assurant le succès des municipalités qu'il conduisit en 1947, 1950, 1953, 1959, 1965, le corps électoral ne se trompa point.

De 1947 à 1969, la population de La Seyne avait doublé. La ville s'était relevée de ses ruines. Quand Toussaint Merle disparut, des solutions avaient été apportées aux grands problèmes urbains, comme la Z.U.P., et il avait largement contribué à transformer, à embellir et à moderniser sa ville.

De tous les équipements collectifs dont La Seyne fut nantie, l'Enseignement fut sans doute celui dont les progrès spectaculaires allaient apporter aux familles la plus immense satisfaction.

Le 7 juillet 1969, Philippe Giovannini (voir notice biographique) succéda à Toussaint Merle au poste de Premier magistrat, de la ville. Dans les fonctions de Premier adjoint qu'il avait assurées pendant seize ans, Philippe Giovannini avait parfaitement assimilé les problèmes de l'Enseignement. Avec son Conseil municipal, la même politique scolaire sera poursuivie sans à-coups.

Les faits sont là, les projets vinrent au terme de leur réalisation :

- Le 6 septembre 1969, la nouvelle Maternelle Jean-Jaurès est inaugurée.

- Le 20 septembre, c'est au tour de la Maternelle Ernest-Renan, appelée momentanément Maternelle Andrieu, du nom de l'ancien propriétaire du terrain. Le même jour est également inauguré le gymnase de l'école primaire Renan.

En même temps, les démarches pour d'autres réalisations sont suivies au jour le jour : acquisitions de terrains, formalités d'emprunts, approbations de plans, etc.

La situation de l'enseignement primaire s'est grandement améliorée. Les écoles primaires rattachées aux Collèges Martini et Curie vont être remplacées par de nouvelles écoles : École Ernest-Renan, Amable-Mabily, Jean-Baptiste Coste, construites en 1962. C'est alors qu'il sera possible de grouper les premiers éléments des C.E.S.

Le C.E.S. appelé Beaussier fonctionnera dans le Lycée classique moderne et technique. Tout un étage du bâtiment lui sera réservé.

L'année 1970 voit la création d'une structure importante pour le secondaire : le 29 juin sera inauguré le C.E.S Henri-Wallon implanté au nord-ouest de la ville, à proximité de la zone urbaine en voie d'extension.

Pendant deux ou trois ans encore, la situation de l'enseignement secondaire demeurera délicate.

Ce sont quatre collèges qu'il faudrait et pour l'instant, à la rentrée d'octobre 1970, il n'en existe que deux et leurs effectifs dépassent déjà les normes.

En 1970, on posa également la première pierre du groupe scolaire Toussaint-Merle, primaire et maternelle, destiné aux enfants du quartier Vignelongue. C'est un quartier nouveau qui avait poussé aux confins ouest de la commune et qui se peuplait rapidement. Des centaines de logements s'y construisaient et il fallait absolument éviter à des centaines d'enfants de se déplacer vers les écoles Ernest-Renan ou Berthe, déjà surpeuplées.

Dans les trois années qui suivirent, furent réalisées une école primaire et une école maternelle, ensemble complexe construit sur différents niveaux et doté d'un restaurant scolaire commun aux deux écoles.

Rien que pour les écoles maternelles, on enregistra 1 720 enfants à la rentrée des classes d'octobre 1970. Dans le primaire, ils étaient alors 4 316 et 4 420 dans le secondaire. Au total, ce sont 10 456 élèves qu'il fallut accueillir.

Pour l'année 1950, les statistiques nous donnaient un effectif de 3.380 élèves à La Seyne, ce qui signifie qu'en vingt ans, le nombre d'élèves accueillis dans les écoles seynoises a été multiplié par TROIS. Le nombre des écoles est passé de 13 à 25, mais le nombre de classes a triplé, il est passé de 125 à 347.

Les obstacles majeurs ont donc été vaincus, mais la vigilance des comités d'action qui se constituaient et se renouvelaient à chaque rentrée ne devait pas se relâcher. Bien au contraire, entre 1976 et 1980, la population allait encore passer de 45 000 à 55 000 habitants. C'est dire l'ampleur des problèmes qui continueraient à se poser.

Cette dernière décennie sera elle aussi très fertile en réalisations scolaires. Une occasion magnifique se présenta en effet à la Ville en 1971.

Elle put acquérir, grâce aux offres de la Compagnie des Filles de la Charité, la superbe propriété proche du presbytère que les Seynois connurent comme l'Orphelinat Saint-Vincent-de-Paul.

Depuis de nombreuses années, cette institution qui avait rendu des services éminents dans le passé, avait cessé toute activité.

La Municipalité, à qui une offre d'achat fut faite, accepta bien volontiers, d'autant que le prix demandé était raisonnable : 40 000 000 AF environ. Dans ces ensembles de bâtiments à usage de pensionnat, il existait des dortoirs, des salles de jeux, des salles de couture, une cuisine collective, une chapelle, un jardin, mais aussi une école à deux classes où l'enseignement était autrefois dispensé aux orphelines (voir, plus loin, la notice descriptive )

Ce bâtiment à usage d'école fut agrandi, transformé et c'est ainsi que naquit en 1971, l'école Anatole-France. Cette année-là, les bâtiments de l'ancienne École Curie, héritière de la Caserne de la Gatonne, furent également réaménagés et il fut possible d'y créer un troisième C.E.S.

L'année 1973 fut également très enrichissante pour l'enseignement à La Seyne. Quatre réalisations importantes sont à signaler :

- La deuxième tranche de l'ensemble des Plaines s'achève. Ce groupe scolaire, qui porte le nom de Jean-Jacques-Rousseau, comprend une école primaire et une école maternelle.
- La maternelle Toussaint-Merle complète le groupe scolaire du Bercail. Il était temps ! les copropriétés voisines de La Commandante et de Vignelongue se peuplaient alors très vite.
- La maternelle Jean-Zay, construite en plein cœur de la Zone Urbaine Prioritaire, va alléger l'école maternelle Pierre-Sémard de Berthe.
- Le 24 février 1973 eut lieu l'inauguration de la cité technique Paul-Langevin, ensemble superbe de bâtiments scolaires et d'ateliers édifiés sur les 33 393 m2 que la ville avait acquis depuis HUIT ANS. (Ce n'est pas elle que l'on pouvait accuser de retard) et dont 12 100 m2 avaient déjà été utilisés pour le C.E.S Henri-Wallon en service depuis 1970.
- Deux mois plus tard, le 7 avril 1973, les écoles François-Durand (Émile Malsert) étaient dotées d'une nouvelle cantine, ou plutôt d'un restaurant scolaire permettant d'accueillir des centaines d'enfants au repas de midi, y compris ceux de la Maternelle Jean-Jaurès.

En lisant le bilan de cette année 1973, on peut faire une remarque : des écoles ont été construites dans des quartiers aussi éloignés les uns des autres que le sont ceux des Plaines au sud, et ceux de Berthe et Farlède, au Nord, Nord-ouest, ou celui de Vignelongue, à l'Ouest, sans oublier le centre-ville. Il faut donc en conclure que l'urbanisation se développait à La Seyne, partout en même temps.

Néanmoins, un retard persistait dans l'enseignement secondaire.

Il existait bien un lycée classique et moderne, une cité technique et un collège d'enseignement technique, dont l'administration était devenue autonome, il existait également trois Collèges d'Enseignement Secondaire, mais un seul de ces collèges était de construction récente et pouvait permettre de dispenser un enseignement adapté aux méthodes modernes. À part le C.E.S. Wallon, en effet, les deux autres collèges avaient été aménagés dans des locaux non prévus à cet usage.

Le C.E.S créé au sein du lycée avait un appareil administratif inexistant. Son principal devait mendier des heures de dactylo auprès du proviseur, quant au C.E.S. fonctionnant dans les locaux de l'ancienne École Curie, il manquait de structures modernes qu'il fallut adapter par la suite, grâce au concours de la ville.

Cet enseignement secondaire qui doit fonctionner théoriquement à la charge de l'État coûte en fait très cher aux finances communales.

 

Aspect financiers

Il n'est pas inutile de rappeler à ce propos la tactique du Pouvoir central qui cherche toujours à reprendre d'une main ce qu'il a accordé de l'autre, tactique particulièrement sensible lorsqu'il s'agit de constructions scolaires.

Avant qu'un collège ou un lycée ne se construise, la Ville est tenue d'acheter le terrain. Au moment de la construction, elle doit participer aux dépenses dans des proportions non négligeables et quand l'établissement entre en fonction, la Ville doit prendre en partie en charge l'entretien et le fonctionnement, pendant plusieurs années. Même quand à terme, l'État prend l'établissement en charge, une partie des frais d'entretien est encore payée par la commune.

Voici quelques précisions sur ce sujet, relevées dans les bulletins d'informations municipales de 1976 :

Construction du C.E.S Paul-Eluard, avenue Marcel-Pagnol :

- Coût de l'opération : 8 331 189,14 F
- Achat des terrains par la Ville : 1 400 000 F
- Part de l'État dans la construction : 5 335 000,00 F
- Part de la commune dans la construction 3 710 137,50 F
- T.V.A. encaissée par l'État sur les travaux : 448 409,66 F.

Pour une construction d'État, on voit ce qu'elle a coûté à la commune et il n'est pas question ici du fonctionnement avant la nationalisation de l'établissement.

On rétorque parfois aux Maires qui protestent à juste titre contre ces anomalies, que l'État leur accorde des subventions. C'est exact, mais pour être juste, force est de constater d'abord que le taux de subventions ne cesse de décroître depuis 25 ans. Alors qu'il atteignait et dépassait quelquefois 80 % du montant des travaux effectués par la commune, il n'était plus que de 50 % dans les années 60 et, depuis, il ne cesse de diminuer et n'atteint que 15 à 20 % actuellement. Et là, par le moyen de la T.V.A. (Taxe à la valeur ajoutée) l'État trouve encore le moyen de la réduire.

Prenons un exemple vécu.

Quand l'école primaire Jean Zay se construisit, le coût de l'opération s'éleva à 215 500 000 centimes.

L'État accorda une subvention de 46 % soit la somme de 96 830 000 centimes.

Le montant de la T.V.A, sur les travaux s'élevait à 27 854 300 centimes.

Il faut bien conclure que la subvention fut ramenée de 96 839 000 centimes, à 68 984 700 centimes, ce qui ne représente plus qu'une subvention de 38 % du coût global.

Autre exemple éloquent ; quand fut remplacée la vieille cantine Renan, sur le Boulevard du Quatre-Septembre, par un restaurant scolaire moderne, le coût de l'opération s'éleva à 249 000 000 de centimes. L'État n'accorda aucune subvention, mais encaissa tout de même la T.V.A. qui s'éleva à 37 000 000 de centimes.

Par ce moyen - et le fait est dénoncé par toutes les Municipalités - il est démontré que l'État transforme les communes en percepteur d'impôts à son profit.

Autre exemple révoltant : Maurice Blanc, Maire de La Seyne, a donné les chiffres suivants lors de l'inauguration de la nouvelle école primaire Martini.

Le montant total des travaux s'est élevé à la somme de 542 200 000 centimes. Pour les régler, la Ville a contracté des emprunts auprès de la Caisse d'Epargne et du Conseil général qui se sont élevés respectivement à 372 200 000 de centimes et 80 000 000 de centimes.

La subvention d'État a atteint 90 000 000 de centimes, soit à peine 16,59 % du coût global de la construction. Néanmoins, l'État a récupéré 81 146 000 centimes par la T.V.A Ainsi, l'aide effective de l'État n'a pas dépassé 8 854 000 centimes soit 1,63 % du coût total.

Les services financiers de la ville nous apprennent d'ailleurs que déjà dans l'année 1970, la Ville de La Seyne avait payé à l'État 165 295 984 centimes de T.V.A. alors que la même année, elle n'avait perçu en subventions d'équipement que 107 153 939 centimes.

On voit donc à la lumière de ces exemples que parmi toutes les difficultés énumérées dans les pages précédentes pour la solution des problèmes scolaires, les questions financières occupent une place prépondérante.

On pourrait relire les budgets de la commune dans cette période et constater que les dépenses d'enseignement ont pris jusqu'à 25 % du budget général, c'est dire toute l'attention portée par les élus municipaux aux problèmes de l'Éducation.

 

Poursuite des réalisations

Entre 1974 et 1980, l'action de la Municipalité et des amis de l'école ne s'est pas relâchée un instant, afin que des équipements scolaires convenables soient donnés à toute la jeunesse seynoise.

Le 14 décembre 1974, c'est l'inauguration du complexe sportif Langevin-Wallon, ouvrage magnifique qui va pouvoir répondre aux besoins du grand ensemble scolaire du quartier Farlède, avec son lycée technique, son collège d'enseignement secondaire et son collège d'enseignement technique.

Cet ensemble est des plus complets, avec pour la partie couverte, une halle de sport, un gymnase, une salle polyvalente, divers locaux et, pour la partie plein air, trois terrains de hand-ball, six terrains de basket-ball, six terrains de volley-ball, des sautoirs, des pistes, etc.

Le 21 février 1976, c'est enfin au tour du Collège d'Enseignement Secondaire du Centre-Ville (Paul-Eluard) d'être inauguré.

Trois ans auparavant, une manifestation symbolique avait rassemblé le dimanche 4 février 1973, à l'appel de la Municipalité, des comités de défense de l'école laïque, des centaines d'enseignants, de parents d'élèves et de jeunes, pour effectuer la pose de la première pierre.

Six ans auparavant, la Municipalité avait pris les première dispositions pour l'acquisition des terrains.

Inutile de dire que pendant ces six années, il avait fallu écrire beaucoup, protester, intervenir et manifester.

Mais la bataille engagée pour le C.E.S. centre ville n'était pas indépendante de celle menée pour le C.E.S. des Sablettes. Là aussi, il fallait absolument résoudre un problème délicat.

Annexés au groupe primaire des Sablettes, deux éléments préfabriqués accueillaient des classes du C.E.S. existant au Lycée du quartier Beaussier, et qu'il avait fallu séparer de l'Etablissement principal en raison de la croissance excessive des effectifs.

Cet embryon de collège, comportant des classes de Sixième et de Cinquième devait être le point de départ de ce fameux C.E.S. des Sablettes, tant attendu lui aussi et qui fonctionne aujourd'hui aux confins du quartier de l'Évescat.

Comme pour la plupart des structures scolaires seynoises, il aura fallu des années de luttes pour que satisfaction soit donnée à la population et à la jeunesse en particulier.

 
Vingt ans après

Lorsqu'en 1977 s'achève le mandat de la Municipalité présidée par Philippe Giovannini - 1971-1977 - vingt ans se sont écoulés depuis l'établissement du plan de rénovation scolaire de 1956.

Que de changements intervenus ! que de transformations heureuses accomplies pour le bien-être des enfants, des écoliers, des étudiants !

Les grands ensembles scolaires réalisés au cours du mandat précédent - Ernest-Renan, Les Sablettes, Les Plaines - étaient devenus insuffisants. Il avait fallu compléter et agrandir un peu partout. L'effort de la Municipalité se porta particulièrement vers les écoles maternelles et son désir évident fut que l'on puisse y accueillir le maximum de jeunes enfants. Aussi avait-on ajouté deux classes aux maternelles Pierre-Sémard, Edouard Vaillant et Jean-Jaurès, une classe aux maternelle Anatole-France et Eugénie-Cotton, non sans avoir mis sur pied des projets futurs.

Les effectifs de certaines écoles ayant quelque peu diminué au Centre-Ville, il fut possible de désaffecter l'école Amable-Mabily, avenue Henri-Pétin, et d'y créer à sa place une école maternelle de trois classes, ce qui porta le nombre de ces écoles à onze.

Un autre problème et non des moindres qui se posait était l'évacuation de la vieille École Martini.

Depuis 1960, le lycée moderne, classique et technique n'était pas en mesure de recevoir la totalité des effectifs de cette dernière section. Rappelez-vous, en 1966, trois préfabriqués avaient été installés sur le terrain libre du lycée neuf, le bureau d'études, les laboratoires de métrologie, d'essais des matériaux et de traitements thermiques.

Les sections électrotechniques, menuiserie, métaux en feuilles (anciennement chaudronnerie) et électro-mécanique, sections préparant au Brevet d'Enseignement Professionnel (B.E.P), restèrent à Martini.

Ce n'est qu'en 1973 que l'ensemble sera transféré à la cité technique Langevin, et ce transfert posera des problèmes d'une complexité inouïe pour des raisons les plus diverses.

En même temps qu'il fallait obtenir la création d'un lycée technique autonome, il était nécessaire d'évacuer ce qui restait de l'ancienne école primaire.

La création du lycée dépendait avant tout du Ministère de l'Éducation nationale et la décision se faisait attendre depuis longtemps, d'autant que le prix d'un lycée d'enseignement technique est TROIS FOIS plus élevé que celui d'un établissement moderne.

Mais il fallut aussi permettre le démarrage des travaux de construction du parking qui occuperait l'emplacement de l'École Martini.

Cette convergence de nécessités techniques rendant la situation complexe, il fallut à nos édiles et aux différentes administrations concernées beaucoup d'ingéniosité, de patience et de compréhension.

En attendant, les sections techniques travaillaient dans des conditions d'insécurité qui ne pouvaient se prolonger indéfiniment.

L'école primaire fut alors scindée en deux groupes : l'un, de cinq classes, occupa le bâtiment construit en 1950 en bordure de la rue Jacques-Laurent, l'autre, composé de quatre classes, fut installé dans des préfabriqués construits dans l'enceinte du stade municipal. Ces deux groupes s'y retrouveront réunis ensuite, lors de la destruction des anciens locaux de Martini, pendant quatre ans, jusqu'à la construction de la nouvelle école.

On pourra juger que tous ces rappels sont un peu superflus, mais il est bon, en entrant dans les détails, de montrer à quel point, dans cette période décisive, tout reposa sur des problèmes complexes, allant de la recherche de finances, jusqu'à des difficultés matérielles quotidiennes d'intendance.

Quand se termina le mandat municipal de Philippe Giovannini, en 1977, on peut dire que l'essentiel de tous les problèmes afférents à l'Enseignement avait été résolu. Que ce soit au niveau des écoles maternelles, des écoles primaires, des collèges classique, moderne, et technique, ou des établissements du second degré, chacun doté de structures connexes, comme des restaurants scolaires ou des complexes sportifs, on ne peut nier que d'immenses progrès ont été réalisés par rapport à la situation telle qu'elle fut léguée à la première équipe municipale de la Libération.

En même temps que naissaient des structures scolaires, étaient construits des ensembles sportifs. Lorsque, le 17 avril 1976, Philippe Giovannini inaugurait le stade municipal dont l'équipement avait été rénové, il déclara :

" La rénovation et la modernisation du terrain d'honneur, de la piste d'athlétisme et de l'éclairage du stade est une nouvelle et importante réalisation municipale mise à la disposition de notre jeunesse.

Elle témoigne des efforts de la Municipalité en faveur de l'Éducation physique et sportive que nous considérons comme un élément essentiel de santé et d'équilibre de la jeunesse, favorisant le développement harmonieux de ses facultés intellectuelles et morales. C'est à cette conception en matière d'Éducation physique et sportive et aux efforts consentis en sa faveur que l'on doit l'important réseau d'équipement sportifs qui fait de La Seyne, la ville la mieux pourvue du département avec ses sept gymnases et salles de sport - sans compter la grande salle Maurice-Baquet - cinq terrains de grands jeux, des dizaines de terrains de basket-ball, hand-ball, volley-ball, tennis, pour ne parler que de l'essentiel.

Et c'est grâce à ces équipements mis à leur disposition que les clubs de toutes disciplines affiliés à l'Office Municipal des Sports (O.M.S.) comptent 5.651 licenciés et que 1.080 enfants d'âge scolaire suivent les cours pratiques d'initiation sportive dans les quinze écoles municipales de sports. Ils sont donc 6.731, les jeunes et moins jeunes pratiquant le sport à La Seyne, soit plus de 13 % de la population, un pourcentage des plus élevés de France. De tels résultats sont pour la Municipalité le meilleur encouragement à persévérer dans ce domaine ".

À la rentrée d'octobre 1976, nos écoles reçoivent 13.560 élèves. Leur nombre a doublé par rapport à 1958, ce qui est normal, puisque les recensements nous donnent 26.672 habitants en 1954 et 51.669 habitants en 1976.

Mais, répétons-le, c'est par trois que le nombre de classes a été multiplié, ce qui, par conséquent, permit à la moyenne des effectifs par classe de baisser, facilitant grandement le travail des professeurs, des instituteurs et des élèves.

Tous les enfants qui le désiraient purent dès lors prendre leur repas de midi dans un restaurant scolaire dans l'école même ou à proximité.

Tous les enfants purent pratiquer le sport dans leur école même ou à proximité, des gymnases ayant été construits et des plateaux d'évolution existant partout.

Par surcroît, tous les élèves furent équipés en livres scolaires et en matériel éducatif, pour l'essentiel contre des cotisations modiques.

Les parents et les grands-parents qui se souviennent de leur enfance peuvent faire des comparaisons édifiantes.

En 1976, les vieux locaux scolaires ont pratiquement tous disparu. Nos petits Seynois, notre jeunesse estudiantine trouvent maintenant des conditions de travail bien meilleures que par le passé.

Leurs études sont suivies de près par le personnel enseignant et par les associations de parents d'élèves, aussi bien que par les Élus. Des foyers socio-éducatifs ont été créés un peu partout et nos écoles sont bien vivantes.

Certes, des problèmes nouveaux se posent sans cesse. Avec les réformes, les programmes sont modifiés. Il est nécessaire d'éditer d'autres livres et les auteurs de manuels nouveaux foisonnent. La Caisse des Écoles consent d'importants sacrifices pour renouveler les éditions ; les méthodes d'enseignement se modifient elles aussi. Nous entrons dans l'ère de l'audio-visuel et de la cybernétique. Bientôt, les magnétoscopes et les ordinateurs entreront en masse dans les écoles. Il faut bien adapter l'Enseignement au progrès.

Vingt ans déjà depuis le plan de rénovation ! Un plan qui, pour l'époque, semblait si audacieux et qui, dans son accomplissement, a été largement dépassé... Une étape est franchie. Une autre se prépare.

 

Avec Maurice Blanc

Le 11 octobre 1978, Maurice Blanc a succédé à Philippe Giovannini qui a gagné un repos bien mérité.

Maurice Blanc est Seynois. Il aime passionnément sa ville natale et la Municipalité qu'il préside dorénavant va poursuivre l'œuvre accomplie par ses prédécesseurs depuis la Libération, avec la même obstination et la même efficacité.

Depuis que le nouveau Maire a commencé son mandat, les inaugurations se sont poursuivies tandis que de nouveaux projets ont été mis à l'étude.

Le 14 janvier 1978, dans ce secteur de la commune qu'on appelle la Z.U.P., autrement dit la ville nouvelle, une école primaire, appelée École du Germinal a été ouverte à la grande satisfaction des habitants du quartier. Cette école moderne compte douze classes avec son restaurant scolaire et tous les équipements souhaitables qui permettent d'alléger les écoles voisines - Maurice-Thorez et Jean-Zay.

Le 18 novembre 1978, une nouvelle école maternelle est née aux Sablettes. Cette construction a permis la disparition définitive des vieux préfabriqués de la Libération dont le Ministère de l'Éducation nationale affirmait à l'époque qu'ils seraient remplacés... au bout de cinq au plus.

Et puis c'est à la rentrée de 1979 que le C.E.S des Sablettes tant attendu a ouvert ses portes. Il dessert tout le secteur sud et sud-est de la ville.

Enfin, le 8 mars 1980, la nouvelle École Martini, édifiée sur le même emplacement que l'école mère, installée à la Dîme au XIXe siècle, a été inaugurée.

Magnifique construction, avec des salles en étages, aux lignes harmonieuses, admirablement adaptée à un terrain difficile.

Bien qu'avec la prolifération des maisons individuelles construites à la périphérie de la ville les effectifs scolaires accusent un certain tassement dans le Centre-ville, la Municipalité a pensé avec juste raison qu'on ne pouvait pas supprimer une école primaire qui est actuellement fréquentée par 224 élèves répartis dans neuf classes.

Avec la Municipalité présidée par Maurice Blanc, comme avec ses prédécesseurs, on voit bien que les problèmes scolaires sont à l'ordre du jour. En 1980, la situation est plus claire.

Que le lecteur nous pardonne ces énumérations sans doute un peu fastidieuses, mais après la lecture de ces détails, après consultation des cartes scolaires, des légendes, il constatera certainement que de 1900 à 1945, les constructions d'écoles à La Seyne ont été singulièrement négligées. C'est le moins que l'on puisse dire !

Quand on relit les statistiques relatives aux effectifs exorbitants dans cette période d'un demi-siècle, il faut bien reconnaître que la situation faite à l'Enseignement laissait à désirer. On a utilisé des moyens de fortune, on a surtout manqué d'audace.

Des locaux inadaptés ont été achetés, quelquefois même seulement loués, réparés plus ou moins bien : on a rajouté des classes aux bâtiments existants, on les a rehaussés ou élargis, comme ce fut le cas de l'École Martini, ou de l'École Curie... Puis, quand les locaux devinrent insuffisants, on a implanté dans les cours de récréation de véritables baraques surchauffées l'été et glaciales l'hiver.

Il était temps que tout cela cessât !

Certes, tout n'est pas résolu. Des lacunes demeurent auxquelles sans nul doute des solutions seront apportées. Mais reconnaissons en toute objectivité que l'œuvre accomplie a été immense.



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