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- Les croquis qui suivront font apparaître :
1) L'Hôtel-Dieu entre les rues Messine et Clément Daniel qui fut à l'origine de l'enseignement public féminin.
2) Le Plan de l'École Curie en 1931 qui est celui de la caserne et de l'hôpital qui l'ont précédée.
Nous aimons tous, hommes ou femmes, jeunes ou anciens, rappeler et échanger nos souvenirs d'enfance et raviver particulièrement avec des camarades de classes communes, notre passage dans notre première école, évoquer la silhouette, le langage, le comportement des premiers enseignants qui nous ont éveillés à la vie.
Au début de notre siècle, les écoles étaient peu nombreuses à La Seyne. On les comptait sur les doigts d'une main :
- École Martini, nom de son premier directeur, qui fut à la fois école primaire et supérieure, ne recevant que des garçons ;
- École Clément Daniel (nom d'un bienfaiteur de la ville) recevant exclusivement des petites filles ;
- École Pissin (nom d'un donateur de terrains) devenue François Durand, puis Émile Malsert ; recevant des filles et des garçons en classes séparées
- l'Asile (maternelle de la rue d'Alsace).
À partir de 1902, sera édifiée une autre maternelle sur l'emplacement du square Émile Malsert, face à l'école primaire, et une classe enfantine aux Sablettes.
Six générations d'enfants ont fréquenté la première école d'enseignement public fondée en 1833, dans l'Hôtel de la Dîme jouxtant la paroisse (voir croquis).
Trois générations de fillettes ont connu la seconde (Clément Daniel - appelée aussi école Messine à cause de la rue la desservant).
Trois générations de petits enfants ont fréquenté l'Asile de la rue d'Alsace.
Malgré les inconvénients de toutes sortes : exiguïté, absence d'hygiène, effectifs pléthoriques, personnel insuffisant, nos vieilles structures scolaires ont rendu à la population, et d'abord à la jeunesse, des service considérables.
Trois d'entre elles ont totalement disparu : Martini, Clément Daniel, l'Asile de la rue d'Alsace (P M.I. aujourd'hui). Les autres ont connu de profondes mutations. Mais les disparitions n'ont pas effacé les souvenirs attachants, émouvants même, qui habitent toujours les têtes chenues des plus anciens de notre cité.
Ils ne tarissent pas d'en ressasser les plus lointains souvenirs émaillés d'anecdotes piquantes qui nous font revivre les maîtres et maîtresse d'antan aux prises avec les garnements et les problèmes d'inconfort. Il font des comparaisons avec les méthodes actuelles, regrettent souvent un certain laxisme illustré par des manquements à la discipline dans certains établissements, des écarts de langage excessifs... en somme, il constatent une évolution plutôt pernicieuse, tant pour les élèves que pour leurs maîtres et maîtresses.
Les années d'écoles, qu'il s'agisse de la maternelle, du collège ou de la faculté, resteront toujours des sujets inépuisables de conversations animées.
Les anciens élèves de l'École Martini qui se réunirent le 22 mai 1982 dans les jardins du Centre Culturel de la rue Jacques Laurent ne sont pas prêts d'oublier cette rencontre exaltante d'un millier d'élèves, d'enseignants, de retraités au cours de la présentation de mon ouvrage intitulé Histoire de l'École Martini - L'Enseignement à La Seyne de 1789 1982.
Nombre d'entre eux m'ont affirmé depuis qu'ils avaient considéré ces grandes retrouvailles comme une véritable journée historique pour la ville de La Seyne. Quand l'événement fut connu hors des limites de la commune, je reçus un courrier abondant, des lettres Ô combien émouvantes d'anciens élèves tout plein d'une reconnaissance infinie pour avoir fixé dans un livre des souvenirs de leur enfance scolaire.
Dans mes archives familiales, je conserve comme des reliques ces lettres de remerciements écrites depuis plusieurs villes de France où les jeunes se sont fixés au hasard de leur carrière, mais aussi de l'étranger Amsterdam, San Francisco, Singapour...
Comment auraient-ils pu imaginer ces instituteurs, ces professeurs qui s'appelaient : Aillaud, Penciolelli, Vacchero, Arène, Lombardi, Romanet, Gueirard, Azibert... que l'on parlerait d'eux sous toutes les latitudes ?
Et ces souvenirs sont intarissables. Quand de loin en loin, il nous faut suivre un cortège funèbre, longer le parking Martini sur sa face Est, les conversations s'orientent presque toujours sur le même sujet : l'École Martini, disparue depuis 1976.
Il faut dire que les enterrements étant rarement silencieux, hormis les affligés rangés derrière le corbillard, les participants entament toujours des sujets de conversations fort éloignés du motif qui les a conviés à la cérémonie funèbre.
On évoque bruyamment des parties de chasse ou de pêche, on soulève des problèmes politiques.
Et puis, on en vient toujours à l'École Martini.
Et les conversations se poursuivent à haute voix : on reparle des ateliers du père Sauvaire, de Fabre, de Lorenzini, de Boudon... et des directeurs et des examens... et patati, et patata !
La flamme des souvenirs de l'École Martini ne paraît donc pas s'éteindre malgré le temps qui passe. Nous en voulons pour preuve l'épuisement total et rapide de la première édition de son histoire parue depuis dix ans déjà.
Nous en voulons encore pour preuve la naissance d'une amicale d'anciens élèves le 28 septembre 1991, animée par des personnages bien connus : Menzo, Isnard, Marro, Razzanti, Revertegat.
Mais pourquoi donc au début de ce récit qui concerne l'École Curie sommes-nous revenus avec insistance sur Martini qui fut essentiellement une école de garçons, la mixité ne s'étant faite que dans les dernières années avant sa destruction.
Parce qu'il était nécessaire de répondre aux désirs de nos concitoyennes de voir ravivés par le récit et des témoignages divers, leurs souvenirs scolaires toujours vivaces. Certaines d'entre elles ont même avoué avoir ressenti une sorte de frustration en remarquant que dans notre histoire locale les garçons, écoliers et étudiants avaient eu la part belle.
Il y avait donc une injustice à réparer et aussi un certain parallélisme à établir.
L'École Curie, proprement dite, avons-nous dit dans l'avant-propos existe depuis 1931. Elle a résulté d'un transfert d'écolières accueillies autrefois à la rue Clément Daniel dans les locaux vétustes de l'Hôtel-Dieu du XVIIe siècle.
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Deux générations de jeunes filles ont fréquenté l'École Curie implantée dans le quartier de la Gatonne.
Mais il en existe une autre qui a bien connu l'école mère au début de notre siècle et dont les nombreux témoignages nous ont été fort précieux pour notre historique, qu'il nous faut commencer obligatoirement par l'Hôtel-Dieu dont Louis Baudoin nous a appris qu'il avait succédé à un établissement de secours des plus rudimentaires, fonctionnant à la rue Evenos, probablement au tout début de la vie communale seynoise.
La Seyne ayant accédé à son autonomie au XVIIe siècle, ce fut dans cet établissement que fonctionna l'Hôpital ou Hôtel-Dieu parce que l'hospitalité y était donnée au nom de Dieu par les religieuses de la Sainte-Trinité.
On y soignait des malades, des handicapés, des enfants abandonnés, des vieillards.
Sur le cadastre de l'époque dont nous reproduisons un extrait, on peut constater qu'il tenait une place importante le long de la rue Clément Daniel.
Ses trente-huit fenêtres de façades sont délabrées hélas ! Sur le fronton de la porte d'entrée on lit une date : 1858. Il ne s'agit pas de celle de la construction mais celle d'une restauration effectuée sous le Second Empire.
Précisons que la rue où donnait la façade principale s'appelait primitivement rue de l'Hôpital. Elle perdit ce nom après la mort de son médecin-chef, homme remarquable par ses actes de dévouement, sa générosité et ses bienfaits à la population seynoise qu'il manifesta toute sa vie durant : il s'agit de Clément Daniel.
Les soeurs trinitaires qui dirigeaient l'Hôtel-Dieu commençaient à buter sur des obstacles de gestion, le personnel devenant insuffisant alors que les besoins augmentaient. D'ailleurs dans cette période c'est l'ensemble du clergé qui éprouvait des difficultés à faire face aux obligations qu'il s'était créées depuis le début du Moyen Age : administration, oeuvres à caractère social, enseignement, services de la foi...
Les structures religieuses nombreuses (on comptait encore 11 chapelles à La Seyne au début du XVIIe siècle) ne pouvaient plus résister aux outrages du temps. Les ordres religieux voyaient leurs effectifs s'amenuiser : Capucins, Pénitents blancs, Pénitents gris (frères Bourras) s'employaient à réparer des toitures, à restaurer des oratoires mais leurs efforts ne pouvaient suffire à tout et les crédits faisaient défaut.
Les soeurs trinitaires de l'Hôpital-Hospice, elles aussi surchargées de travail, voyaient leur effectif diminuer. C'est bien pourquoi elles pensèrent à ouvrir une école dans l'établissement dont elles avaient la charge dans la perspective de former des jeunes filles capables d'assurer le fonctionnement de l'Hospice tout en exerçant les tâches de la foi chrétienne.
Elles hésitaient cependant devant les préjugés et les incompréhensions à vaincre.
La population elle-même ne voyait pas toujours l'utilité de l'instruction, même pour les garçons.
- Est-il besoin d'apprendre à lire et à écrire pour garder des moutons ? disait-on dans les campagnes.
On envisageait encore moins une instruction pour les filles considérées comme des êtres inférieurs par rapport à l'élément masculin.
Il est à la fois amusant et affligeant de rappeler les opinions admises presque unanimement sur nos ancêtres féminines.
Combien de personnages célèbres ont considéré la femme avec mépris, la jugeant inférieure à l'homme, pas seulement par sa force physique mais aussi par sa faible intelligence. Depuis les plus grands hommes de l'Antiquité comme Platon, Tacite ou Sophocle jusqu'à nos écrivains célèbres comme Alexandre Dumas, Honoré de Balzac, Ernest Renan, Romain Rolland et tant d'autres, en passant par les pères de l'Église et de la Bible, tous se manifestaient comme des détracteurs de la femme et estimaient qu'il fallait la laisser dans l'ignorance.
Voilà la première raison qui faisait reculer les Trinitaires pour l'ouverture d'une école.
Et leur embarras s'expliquait aussi par des expériences locales, certes modestes, qui se terminèrent toutes par des échecs.
Malgré les préjugés, un curé de La Seyne, Jean-Pierre Daniel, ouvrit une école pour jeunes filles dans un immeuble situé rue de l'Évêché (rue d'Alsace aujourd'hui).
Le clergé dans cette période avait encore une telle emprise sur la population que l'on ne jugeait pas inconvenant que des fillettes soient enseignées par un prêtre.
Par contre, on aurait trouvé inadmissible qu'elles le soient par un instituteur public. On trouva même scandaleux vers la fin du XIXe siècle qu'une institutrice dirige une école de garçons.
Entre 1828 et 1831, d'autres écoles d'enseignement privé fonctionnèrent avec des institutrices comme Mmes Audibert, Fassy, Guirand, Vidal, Caffe. Les statistiques de l'époque estiment qu'en trois ans une centaine de jeunes filles avaient appris les rudiments de la lecture et du calcul.
Toutes ces petites écoles privées qui s'ouvrirent ne furent pas des réussites. Elles étaient payantes, mais les rémunérations familiales ne suffirent pas à couvrir les frais de fonctionnement : la privatisation n'avait pas marché.
Départ laborieux de l'enseignement féminin
Cependant, les maires et les conseillers municipaux commençaient à s'inquiéter sérieusement de l'éducation du peuple, mais leurs discussions passionnées ne débouchaient jamais sur des projets concrets.
La majorité des élus faisait obstacle à la création d'une école de filles en invoquant la lourdeur des dépenses nécessaires. En réalité, ils se refusaient à trouver les moyens parce qu'ils n'admettaient pas l'utilité de l'instruction au sexe féminin destiné, pour ces élus retardataires, aux travaux ménagers et à la maternité.
En 1833, après la promulgation de la loi Guizot, une première école d'enseignement public fut ouverte à La Seyne, celle qui devint l'École de la Dîme puis l'École Martini dont nous avons déjà conté la longue histoire. Elle ne recevait que des garçons. Monsieur Louis Balthazar Berny, maire de La Seyne depuis 1836, boulanger de son état était acquis aux idées de progrès. Si la loi Guizot ne posait pas le problème de l'enseignement féminin, pensait-il, les élus de la base devaient l'exiger, mais il lui fallait commencer par convaincre son conseil municipal. C'est lui, trois ans auparavant, qui avait installé M. Martini dans ses fonctions de directeur de la première école publique et son désir légitime était d'obtenir l'égalité des sexes au plan de l'éducation et d'exiger de ses collègues leur accord pour la création d'une école de filles.
Et certains lui répliquaient : " Vous savez bien ce que Napoléon a dit de la femme dans son mémorial de Sainte-Hélène " :
" La femme est donnée à l'homme pour qu'elle fasse des enfants. La femme est notre propriété, mais nous ne sommes pas la sienne. Elle est la propriété de l'homme comme l'arbre est celle du jardinier ".
Et par ailleurs : " La faiblesse du cerveau des femmes, la mobilité de leurs idées, leur destination dans l'ordre social, la nécessité d'une constante et perpétuelle résignation et d'une sorte de charité indulgente et facile, tout cela ne peut s'obtenir que par la religion, une religion charitable et douce ".
De fougueux catholiques qui n'aimaient pas la science firent l'apologie de l'ignorance et déclarèrent :
" La science est une chose très dangereuse pour les femmes. On ne connaît pas de femmes qui n'aient été malheureuses ou ridiculisées par elle ! ".
D'autres s'exprimaient ainsi : " Les femmes ? Machine à sourire, statue vivante de la stupidité. Parlez à sa raison, son regard flotte au hasard. Insistez ! Elle bâille derrière l'éventail... ".
On pourrait multiplier les exemples illustrant des opinions semblables, émanations des dirigeants de la classe bourgeoise et du clergé tout puissant de cette époque. Les uns et les autres ne pressentaient pas qu'un jour les progrès matériels imposeraient aux hommes et aux femmes la nécessité de s'instruire et que l'évolution de la vie entraînerait des conceptions nouvelles.
Les idées répandues par les philosophes du XVIIIe siècle faisaient peu à peu leur chemin. Les luttes pour l'éducation du peuple, si chère à Danton, progressaient lentement et après chaque révolution : 1789, 1830, 1848, les vieux concepts de la féodalité et de la royauté s'effondraient peu à peu.
Toutefois, le clergé qui eut seul pendant longtemps le monopole de l'instruction pensa, peut-être le premier, à la nécessité d'une éducation féminine. Pourquoi ?
Indépendamment de l'enseignement religieux qui devait occuper la première place, il était indispensable aux filles de la bourgeoisie d'avoir une instruction suffisante pour diriger du personnel de maison, pour gérer les biens familiaux en cas d'absence ou de la disparition du conjoint. Les filles de familles aisées assureraient la relève des Trinitaires âgés et le rajeunissement d'un ordre religieux vieillissant fondé depuis le XIIIe siècle.
C'est à cela que pensèrent les religieuses de l'Hôtel-Dieu et après mûres réflexions, elles fondèrent au sein même de l'institution qu'elles géraient une école de jeunes filles dont l'effectif atteignait la vingtaine, recrutées de préférence dans les milieux de la bourgeoisie locale.
L'enseignement dispensé étant payant, les religieuses enseignantes bénévoles, l'Hôtel-Dieu se faisait ainsi une petite source de revenus. Nous étions en 1842.
Le local avait été trouvé et les cotisations des parents alimentaient quelque peu les dépenses de fonctionnement.
Dans le même temps, à partir de 1833, pour appliquer la loi Guizot, la municipalité avait utilisé les locaux désaffectés de l'Hôtel de la Dîme ; ce qui signifie que les protagonistes de l'enseignement eurent la chance de trouver des structures religieuses acceptables. La royauté de Louis-Philippe avait intimé l'ordre aux municipalités de créer des écoles. À elles de trouver les locaux et le personnel indispensables.
À l'Hôtel-Dieu, pour ses débuts, une seule salle de classe accueillit les jeunes filles. Par la suite, il fallut étendre les locaux puisque les archives locales nous disent qu'en 1845 l'effectif atteignait 124 élèves.
Il fallut aménager un réfectoire dans les étages supérieurs. L'établissement fonctionna cahin-caha pendant quelques années puis les religieuses allaient constater à la lumière de l'expérience qu'elles ne pouvaient faire face à tout.
Naissance de l'enseignement public féminin
La municipalité, dirigée par M. Berny, n'avait pas souhaité dans sa majorité créer une école de filles pour les raisons invoquées plus haut. Mais l'insistance du maire auprès de ses édiles les contraignit à accepter le principe d'une garderie pour les jeunes enfants et il y en avait des centaines à l'abandon. Où installer cette classe de petits qu'on appelait alors l'Asile ? L'Hôtel-Dieu et ses religieuses offrirent une salle d'accueil et une cour de récréation.
Quand on connaît l'exiguïté des locaux, on se demande comment pouvait fonctionner l'Asile avec 295 enfants (125 garçons et 170 fillettes) ; 209 places étaient payantes et 86 gratuites.
Les Trinitaires, ne pouvant plus assurer le fonctionnement de leur école, la garderie des petits enfants, les soins aux malades et infirmes, furent dans l'obligation d'accepter du personnel laïque. Et voilà une période transitoire difficile qui s'ouvrait dans la perspective de voir l'enseignement public faire son chemin.
Quatre ans après la création de l'école religieuse, le Maire Jean-Louis Martinenq, ancien chirurgien de la Marine, fit admettre aux Trinitaires la nécessité d'une véritable école publique ouverte à tous les milieux sociaux et non pas seulement aux enfants d'une élite. Ce fut donc en 1846, au sein même de l'Hôtel-Dieu que naquit la première école d'enseignement public réservée aux jeunes filles et obtenue par la poussée de l'opinion publique.
Cette école changera de nom plusieurs fois au cours du XIXe siècle et deviendra l'École Curie en 1931 après son transfert au quartier de la Gâtonne. Voilà qui justifie pleinement le titre du présent récit : Les lointaines origines de l'École Curie.
On peut donc fixer à 1846 la naissance de l'école mère, dont nous allons retracer la longue carrière jalonnée de vicissitudes, pour en venir à la situation actuelle du collège d'enseignement secondaire qui porte toujours le nom glorieux de Marie Sklodowska épouse Curie (1867-1934), qui obtint deux fois le Prix Nobel, celui de de physique en 1903 et celui de chimie en 1911.
Le peuple français entrait dans la période enfiévrée d'une prochaine révolution. L'instruction populaire devenait une nécessité impérieuse.
Les exigences et les aspirations bien légitimes de la culture et des arts s'affirmaient avec force partout dans le pays. Notre ouvrage L'Histoire de la Seynoise a montré que ce phénomène gagnait la population de nos villes et de nos campagnes varoises pour obtenir le droit d'association avec des variantes allant des droits de défense à ceux de l'entraide, des besoins de la culture physique à ceux de la culture artistique.
Avec l'enseignement public, il s'agissait des droits à l'instruction dont la conquête passerait par de longues luttes contre l'obscurantisme, les préjugés, les incompréhensions, la routine. L'implantation des structures d'enseignement aux fillettes seynoises fut encore plus laborieuse que celles dont bénéficiaient les garçons depuis quelques années.
À l'Hôtel-Dieu, avec l'arrivée d'un personnel enseignant laïque, on ne pouvait plus guère parler de l'École des Trinitaires. Les gens tout naturellement la désignaient par le nom des rues adjacentes. Pendant longtemps on dira École Clément Daniel ou encore École Messine parce qu'il était possible d'accéder aux locaux par ces deux rues.
Le temps passait et les religieuses étaient en perte d'influence en matière d'enseignement général. Par contre, elles s'occupaient toujours activement des malades, des handicapés et de l'enseignement religieux.
Pendant plus de vingt ans, la situation de l'école fut incertaine, car à différentes reprises l'élément ecclésiastique tenta de reprendre en main la direction de l'établissement tant il lui était désagréable de voir les laïques accroître leur emprise sur l'enseignement. N'avons-nous pas signalé le même phénomène pour l'école de garçons ? Dans un but d'apaisement, la municipalité décida d'appeler l'école publique de filles École des Demoiselles.
Le changement d'appellation pouvait satisfaire tout le monde car École des Demoiselles avait quelque chose de flatteur. Dans notre Histoire de l'École Martini, nous avons écrit que l'expression École des Monsieurs était utilisée dans la même période, ce qui appelle quelques explications :
Vers le milieu du XIXe siècle, où se posa avec force le problème de l'enseignement public, l'État imposa le français comme langue officielle, alors que la grande masse du petit peuple des villes et des campagnes s'exprimait en langue provençale. Le français apparut comme la langue des petits-bourgeois ou encore disait-on, des Monsieurs.
Par définition, un monsieur est un homme de la classe bourgeoise ou d'une condition un peu élevée au-dessus de la condition commune. On considéra alors que les enfants recevant l'enseignement du français comme langue officielle étaient donc de jeunes citoyens que l'on pouvait appeler Monsieurs. Voilà qui explique la désignation de École des Monsieurs pour l'École Martini.
Tout naturellement, par analogie, les élus municipaux décidèrent d'appeler la première école de filles : École des Demoiselles. D'une façon générale, les noms de Clément Daniel et Messine persistèrent jusqu'à la fin de la deuxième guerre mondiale où l'on fut dans l'obligation d'utiliser leurs vieilles classes après le sinistre du 29 avril 1944.
Vers 1870, s'amorça le déclin de l'enseignement confessionnel. Il est certain que la gratuité de l'école laïque devenait impérieuse dans cette période de notre histoire où les conditions de vie demeuraient précaires pour l'immense majorité de la population - une population qui était passée en 20 ans de 7.000 à 15.000 habitants.
Son accroissement exigeait des locaux scolaires supplémentaires. Hélas ! les municipalités de l'époque, dont les finances étaient dans le plus grand dénuement, continuèrent à utiliser les vieux locaux devenus inconfortables, anciennes propriétés du clergé : la Dîme pour les garçons, l'Hôtel-Dieu de la rue Clément Daniel pour les filles.
En 1877, l'École des Demoiselles, mère de l'École Curie fonctionne avec trois classes et un effectif de 180 élèves sous la direction de Mademoiselle Carles qui exigera, l'année suivante, une quatrième classe. Elle possède une cuisine, un réfectoire, des dortoirs. La cohabitation avec l'Hôpital se fait tant bien que mal, mais les enseignantes laïques furent bien soulagées quand les religieuses décidèrent d'exercer leurs activités ailleurs.
En 1876, elles avaient fait l'acquisition d'une propriété appartenant à Pierre Lacroix, Maire de La Seyne, pour y créer une école de jeunes filles et un pensionnat pouvant recevoir une cinquantaine d'élèves. Cet établissement devint par la suite l'École Sainte-Thérèse d'aujourd'hui. Dans les années 1881, 1882, 1886, les grandes lois laïques consacrèrent l'obligation, la gratuité et la laïcité de l'enseignement, un enseignement qui allait progresser dans les méthodes de travail, le choix des programmes, la formation des enseignants. Dans les villages, on construisait généralement près de la Mairie ou de l'Hôtel des Postes, une école nouvelle aux baies largement éclairées, avec l'appartement de l'instituteur.
À La Seyne, on utilisa encore de vieux locaux comme la Dîme ou l'Hôtel-Dieu dont nous avons déjà parlé.
Mais la situation matérielle de l'École des Demoiselles s'aggravait d'année en année. La municipalité s'en émut et décida enfin de la création d'une école qui devait se faire au quartier de la Gatonne (décision municipale de 1882).
Ouvrons ici une parenthèse pour en expliquer l'origine : ce quartier s'étend entre le boulevard du 4 Septembre, l'avenue Burgard et le quartier Daniel. Sa superficie de plusieurs hectares d'une terre fertile avait permis au début du siècle la création d'un domaine agricole dont une description sommaire sera faite plus loin.
Sur d'importants terrains jouxtant l'ancienne route de la Colle d'Artaud (Donicarde) avait été édifiée une importante fabrique de cordages, propriété de M. Abran, lequel posséda aussi des ateliers de corderie, place de la Lune.
Jusque vers la fin du XIXe siècle, la marine à voiles eut besoin de cordages de calibres fort divers.
L'activité de ces structures artisanales devait se ralentir avec l'usage des câbles métalliques.
Quand la corderie de la Donicarde cessa tout à fait de fonctionner, ces locaux furent utilisés comme entrepôts de marchandises.
Dans les années 1925-30, ce furent les Coopérateurs du Midi qui en furent les acquéreurs.
La corderie a disparu, mais il reste un témoin de cette époque avec le bistrot dénommé Bar de la Corderie. L'avenue reliant le boulevard du 4 Septembre à la route de la Donicarde s'appelait autrefois boulevard de la Corderie avant de devenir la rue Charles Gide, économiste français qui a décrit les principes du coopératisme.
C'est précisément dans l'existence de cette corderie que nous trouvons l'origine du nom de la Gâtonne que beaucoup de Seynois ne connaissent pas.
Avec des fils de chanvre, on faisait des cordes simples ; en assemblant un grand nombre de ces cordes, on obtenait un câble, mais il fallait pour cela utiliser des bâtons quelquefois très gros pour obtenir les torsades spiralées.
L'étymologie nous apprend que l'altération de bâton a donné gâton, d'où le nom de gatonne donné à ce quartier où l'on fabriquait les câbles.
Fermons cette parenthèse pour en revenir au projet municipal de construction scolaire.
Les études de l'architecte avaient été arrêtées. Mais dans le même temps, on pensa aussi au transfert de l'Hôpital, la situation des malades de l'Hôtel-Dieu étant devenue scandaleuse. Comme il n'était pas possible à nos édiles du moment d'ériger à la fois une école et un hôpital, il fut décidé d'acquérir un terrain important au quartier de La Gâtonne pour régler sérieusement les problèmes sanitaires. On pensa que les difficultés de l'école seraient résolues du même coup par la libération totale des locaux de l'Hôtel-Dieu.
Par une délibération du 23 juin 1891, le conseil municipal vote l'expropriation d'un important domaine d'une superficie de plus d'un hectare comportant maison de maître à deux étages, maison d'habitation du fermier, d'un étage sur rez-de-chaussée, de deux hangars, d'une noria fixée sur un puits de dix mètres de profondeur.
L'hôpital se construisit lentement. Il comportait de vastes bâtiments, ceux occupés de nos jours par le Collège d'Enseignement Secondaire Marie Curie. Mais en 1896, au moment où le Maire Saturnin Fabre allait se réjouir de voir enfin résolus des problèmes capitaux comme ceux de l'enseignement et de l'hygiène, l'État fit main basse sur l'hôpital neuf et le transforma... en caserne utilisée par les troupes coloniales dans cette période où la bourgeoisie de la IIIe République se taillait un empire à travers le monde.
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La municipalité tourna alors ses regards vers un autre quartier pour la construction de l'hôpital, un établissement qui vit le jour en 1903-1904, celui qui fonctionne encore aujourd'hui au quartier Peyron.
En attendant, il fallait continuer d'entasser les petites filles dans les locaux vétustes de l'Hôtel-Dieu du XVIIe siècle.
L'organisation pédagogique n'avait pas évolué beaucoup depuis l'adoption des lois sur la laïcité ; on avait bien voté des lois sur l'obligation de la scolarité mais les locaux faisaient défaut. L'exemple seynois était particulièrement éloquent.
Depuis 1890, toujours sous la direction de Mademoiselle Carles, l'École des Demoiselles se composait de neuf classes dont les institutrices s'appelaient : Mesdames Ottavy, Savournin, Givaudan, Gautier, Padroni, Testa, Porteau, Curet et Pons.
L'effectif s'élevait à 450 élèves, ce qui représentait une moyenne de 50 élèves par classe. Dans les six années qui suivirent sous la direction de Mademoiselle Martin, on rajouta quatre classes mais la moyenne par classe ne diminua pas, au contraire.
Dans un rapport qu'elle adressa à la municipalité, la directrice signalait que les 10e, 11e et 12e classes recevaient respectivement 80, 87 et 96 élèves. On croit rêver ! Comment peut-on imaginer qu'un enseignement profitable soit possible avec de tels effectifs ? Dans cette période, deux classes furent transférées à la Bourse du Travail (123 élèves).
En 1903-1904, l'Hôtel-Dieu des Trinitaires, étant transféré effectivement au quartier Saint-Jean, de vieux locaux furent donc libérés à la rue Clément Daniel. On ne parlera plus de l'École des Demoiselles mais de la grande École Clément Daniel.
Ne craignons pas de revenir sur le nom de cette personnalité locale dont on baptisa à la fois l'ancienne rue de l'Hôpital et l'établissement scolaire.
Décédé en 1891, le médecin-chef Clément Daniel, toute sa vie durant, se dévoua bénévolement pour soigner ses concitoyens. Généreux bienfaiteurs et grand philanthrope, son souvenir méritait d'être pérennisé à La Seyne. Ce fut la municipalité présidée par Saturnin Fabre qui prit cette heureuse décision et décida également l'attribution à la famille Daniel d'une concession perpétuelle au cimetière de La Seyne.
Rappelons qu'après le vote des lois laïques de la fin du XIXe siècle, la population souhaitait que l'enseignement aux jeunes filles soit prolongé après le certificat d'études primaires.
Se posa alors la question de ce qu'on appelait un Cours complémentaire qui permettrait aux jeunes filles, nanties d'un brevet, de postuler à certains emplois à caractère administratif.
En 1883, la municipalité dirigée par Louis Barré, retraité de la marine, avait sollicité du Ministère de l'Instruction publique, cette création urgente.
Trois ans plus tard, le maire reçut une réponse : le ministère donnait son accord de principe, mais il estimait que la directrice n'étant pas titulaire du brevet supérieur, il n'était pas possible de donner une suite favorable à la requête du Maire de La Seyne.
Il fallut donc attendre jusqu'au mois de février 1905 année de nomination de Mademoiselle Martin qui répondait à la condition exigée par le Ministère.
Quand s'ouvrit le nouvel hôpital du quartier Peyron, établissement qui n'accueillait pas seulement des Seynois parce qu'il eut dès son origine un caractère régional, il fut possible grâce à la libération d'importants locaux, de restructurer l'École Clément Daniel.
Dans ces locaux de l'Hôtel-Dieu où pendant deux siècles avaient expiré des infirmes, des catarrheux, des tuberculeux, des pesteux, des cholériques, on aménagea des salles de classe après un badigeon sommaire à la chaux vive.
Les effectifs par classe furent quelque peu allégés et pour les jeunes filles désireuses de poursuivre des études de nouvelles possibilités d'avenir s'ouvrirent à elles.
Le cours complémentaire démarra dans cette période. Depuis plusieurs années, la directrice demandait l'aménagement d'un réfectoire, bien nécessaire pour les enfants de la campagne. En entrant par la rue Messine à main droite dans l'angle de la cour, on fit procéder au vitrage d'un hangar, mais sa capacité d'accueil était bien limitée. La municipalité lésinait sur la création d'emplois supplémentaires.
Au cours d'une séance du conseil municipal, un conseiller prit la défense de Madame Pons, directrice d'une section maternelle, et signala que les petites filles âgées de cinq ans étaient obligées de se servir la soupe elles-mêmes, la cuisinière ne pouvant subvenir à tout.
On pourrait multiplier les exemples attestant la précarité des conditions d'accueil des petites écolières : chauffage par des poêles au tirage capricieux, latrines étroites et malpropres, cours de récréation bien ombragées par des platanes gigantesques, mais bien trop exiguës pour permettre à des centaines d'enfants de jouer librement sur moins de deux cents mètres carrés.
Les effectifs devenus trop importants, il fallut procéder à des rotations pour éviter les bousculades tumultueuses et, malgré cela, il n'était guère possible aux fillettes de jouer à la marelle ou de sauter à la corde.
Malgré toutes les vicissitudes que connut l'École Clément Daniel : inconfort sanitaire, insuffisance de personnel, exiguïté des locaux..., l'enseignement féminin s'y affirma. On vit enfin de jeunes étudiantes seynoises, nanties de leur brevet élémentaire, accéder à l'enseignement dans les écoles primaires et maternelles, ou alors exercer des fonctions de secrétariat dans les industries comme les Chantiers Navals et l'Arsenal, et aussi dans les services publics comme par exemple l'administration communale.
À partir de 1914, la mobilisation générale et la guerre qui suivit posèrent de graves problèmes de personnel dans les administrations publiques, les entreprises et, plus généralement, dans toutes les structures économiques du pays.
Pour la première fois, on vit des femmes prendre chaque matin le chemin des Chantiers Navals et de l'Arsenal maritime. De nombreuses Seynoises et Toulonnaises furent employées au décapage des douilles d'obus en cuivre à la Pyrotechnie de Lagoubran pour ne citer qu'un exemple.
Mais l'élément féminin, qui avait reçu une instruction générale au cours complémentaire de l'École Clément Daniel, put accéder à des travaux de secrétariat dans les administrations publiques et à des fonctions d'enseignantes, même dans les écoles de garçons, chose impensable quelques années auparavant.
Il ne sera pas question ici des méthodes d'enseignement des problèmes de discipline, de l'autorité du personnel enseignant. Ce sont là des sujets traités longuement dans l'Histoire de l'École Martini. Sans vouloir entrer dans des polémiques sur l'enseignement d'autrefois qui paraît parfois risible à la génération présente, disons que les institutrices, en ce début du XXe siècle, ont dispensé un enseignement efficace à l'École des Demoiselles. Évoquons quelques-unes d'entre elles dont le souvenir persiste encore chez les plus âgées de nos concitoyennes seynoises de souche.
À l'école primaire, on trouvait Mmes Pierre, Rembardo, Chouler, Pons, Blanc, Girard, Laure, Ravel, Paux, Mlle Vaillant, Mlle Michel, Mme Shumck, Mlle Marausse.
Dans les cours supérieurs et classes de cours complémentaires, on se souvient encore de Mmes Chambon, Hachette, de Mlles Boutin, Chailan, Besson, de Mmes Gorlier, Bonneau, Julien, de Mlle Richard (cette dernière enseignait la langue italienne depuis 1907).
Revenons plus en détail sur quelques-unes de ces honorables personnes qui ont enseigné des centaines de fillettes dans une multitude de disciplines : français, sciences, mathématiques, histoire, géographie, musique, couture, langues vivantes (anglais, italien),...
Au cours d'une conférence donnée par l'Association de La Seyne Ancienne et Moderne, Mathilde Ravestein, institutrice honoraire, rappela les souvenirs chaleureux et vivaces de sa jeunesse passée au Cours complémentaire Clément Daniel.
Elle rappela les noms des directrices que connut l'établissement à partir de la nomination d'un personnel laïque : Mlles Carles, Martin, Porre, puis Mme Evesque, puis Mme Faggianelli, dernière directrice nommée en 1928, avant le transfert de l'école à la Gâtonne. La même année, Mme Evesque prit la direction d'un Cours complémentaire au Pont du Las.
Mme Ravestein disait en parlant de Mme Faggianelli : " Petite et toute en rondeur, ses yeux vifs s'illuminaient d'une grande bonté ". Ferme mais point rigide, elle assurait le cours de morale. Mais oui ! en ce temps-là, les enseignants du premier degré étaient tenus de faire la morale aux jeunes. Il paraît que cela n'est plus nécessaire aujourd'hui ! N'entrons pas dans la polémique !
La conduite des élèves était étroitement surveillée par les directeurs et les directrices d'école.
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Louise Gautier, élève du cours complémentaire dans cette même période, évoque souvent dans ses mines de souvenirs, les témoignages de déférence envers les maîtresses de ce temps-là.
" Si l'une d'elles apparaissait au bout de la rue Messine pour se diriger vers l'entrée de la cour, les écolières s'interdisaient d'y pénétrer avant elle et la saluaient respectueusement à son passage.
Quand la directrice, Mlle Martin, rigide dans sa longue robe noire arrivait, les élèves assises sur les bancs disposés autour de la cour, se levaient presque au garde à vous ".
Et Mathilde Ravestein poursuit :
" Il nous souvient que le directeur de l'école Martini et la directrice de Clément Daniel ne craignaient pas d'outrepasser leurs droits en s'informant des rencontres galantes de la rue Cyrus Hugues, du quai Saturnin Fabre, ou encore de la rue République, celle que l'on appelait déjà au XVIIe siècle, la rue du Pavé d'Amour ".
Il arriva même que le résultat de leurs enquêtes soit communiqué aux familles.
Imaginez les scandales que déclencheraient aujourd'hui de tels agissements au sein des Associations de parents ou dans les Conseils de professeurs !
Des classes des cours supérieurs, deux institutrices d'élite ont laissé des souvenirs vivaces : Mme Chambon, dont on appréciait l'éternel sourire, ce qui n'excluait pas son extrême rigueur et son exigence dans le travail qu'elle voulait bien fait. Personne n'aurait osé se permettre le moindre écart de conduite avec elle.
La classe du cours supérieur, parallèle à celle de Mme Chambon, était dirigée par Mlle Boutin, celle dont les élèves se moquaient parfois en raison de son nez pointu qui lui avait valu le surnom de Belette. (La dame au nez pointu, aurait dit Jean de La Fontaine).
Son comportement, face aux élèves, était d'une extrême sévérité. Elle enseigna à La Seyne deux générations de jeunes filles, puis se retira au boulevard du 4 Septembre où elle continua à donner des leçons particulières de français et de mathématiques jusqu'à l'âge de 78 ans.
Le Cours complémentaire Clément Daniel devait aussi donner sa réputation à deux autres institutrices qui ont dispensé un enseignement de qualité : Mlle Chailan qui intéressait ses élèves au français, à l'histoire, à la géographie, et aussi à l'anglais. Cette dernière discipline explique le surnom que lui attribuèrent les élèves : La Miss, appellation qui n'avait rien d'irrévérencieux.
De petite taille, rondelette, nous disent ses anciennes élèves, devenues bien rares, on admirait le regard de ses yeux bleu gris d'une infinie douceur, on l'écoutait avec émotion déclamer des poèmes de Victor Hugo.
Souvenez-vous, les anciennes élèves des années 1930 : " Océano Nox : ... Oh combien de marins, combien de capitaines... qui sont partis joyeux pour des courses lointaines... " ; d'Alfred de Musset : " Lorsque le Pélican lassé d'un long voyage... " ; de Sully Prud'homme : " Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux... des yeux sans nombre ont vu l'aurore ". Quand elle évoquait la beauté des yeux, Mlle Chailan ne pouvait oublier ceux de son regretté fiancé, mort sur un champ de bataille de la guerre 1914-1918, un jeune homme dont elle n'a jamais trahi le souvenir.
N'oublions pas de parler de Mme Hachette, remarquable par sa maigreur extrême, sa démarche rapide, ses gestes nerveux, les gros verres de ses lunettes de myope. Elle était bien respectée car elle ne badinait pas sur la conduite et le rendement du travail. Les nombreuses Seynoises de l'école Clément Daniel, devenues normaliennes, ont été admirablement formées par elle en sciences et mathématiques. Elle ne mesura ni son temps, ni sa peine et donna souvent des heures supplémentaires, à titre bénévole.
Nous n'en dirons pas plus sur les maîtresses principales du cours complémentaire, mais nous n'aurons garde d'oublier Mmes Gorlier et Bonneau qui enseignèrent le solfège, de la grande et forte Mme Julien qui initia les élèves à la couture, à la broderie, à la coupe des vêtements pour enfants ; de Mme Brémond, institutrice qui donna des cours de sténo-dactylo payés par la municipalité.
Que toutes ces honorables personnes soient remerciées ici pour leur probité, leur dévouement inlassable à la cause de l'éducation populaire. Et les résultats scolaires positifs rassemblaient chaque année dans les locaux du patronage laïque les jeunes gens, garçons et filles, pour la distribution des prix, sous l'égide de l'Amicale laïque présidée par P. Fraysse, E. Gueirard, V. Scalero, M. Meiffret, M. Chabriel...
Il est certain que ces résultats auraient pu être davantage positifs si les conditions de travail des jeunes filles avaient pu être améliorées. Hélas ! à l'École Clément Daniel, on continuait à se bousculer dans les couloirs, les salles exiguës, les cours de récréation et le réfectoire installé dans l'ancienne chapelle de l'Hôtel-Dieu, encore visible du côté de la rue Messine.
Le patronage laïque, rue Renan, vers 1930. On reconnaît (x) Louise Gautier, future Mme Marius Autran |
Les lecteurs de l'Histoire de l'École Martini ont appris que la municipalité du Docteur Mazen, élue en 1919, avait manqué une belle occasion de régler les problèmes scolaires à La Seyne en refusant d'acheter la propriété des Maristes avec ses quatre hectares de terrain et ses immenses bâtiments, mise en vente en 1923.
L'opération aurait pu être très bénéfique car, en ce temps-là, les communes pouvaient emprunter à long terme avec des remboursements d'emprunts minimes.
Cinq ans plus tard, la municipalité, consciente des efforts à faire en matière de scolarité, eut la possibilité d'acquérir la Caserne de la Gâtonne, occupée alors par un régiment d'infanterie coloniale.
La transformation d'une caserne, conçue primitivement pour être un hôpital, avec des dortoirs immenses, des salles d'opérations et de soins et même une morgue, posait évidemment des problèmes délicats d'adaptation pour la réalisation d'une école.
Les travaux durèrent trois ans et finalement, en octobre 1931, le transfert de l'École Clément Daniel s'effectua à la grande satisfaction de tous, élèves, parents, personnel enseignant.
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Plan de l'École Curie en 1931 (1er étage) |
On aurait pu la baptiser du nom de son quartier d'implantation : École de la Gâtonne ; mais la municipalité eut l'heureuse idée de l'appeler du nom de la grande physicienne Marie Sklodowska (1867-1934) épouse du physicien non moins célèbre Pierre Curie (1859-1906) tous deux Prix Nobel (1903 et 1911).
Le nom de Pierre Curie désignait déjà la rue reliant le boulevard du 4 Septembre au quartier de la Gâtonne. Ainsi l'école et la rue le desservant portèrent tous deux le nom glorieux des deux époux décédés au service de la science.
L'inauguration de l'école se fit en octobre en présence de nombreuses personnalités : maires et adjoints, inspecteur primaire, le directeur de l'École Martini, Émile Malsert, nommé à La Seyne depuis peu, de nombreux membres du corps enseignant, les dirigeants de l'amicale laïque...
L'inauguration fut suivie d'une fête magistrale dont toute la partie artistique fut confiée à Madame Bonneau. La fête eut un caractère provençal avec farandole dans la ville animée par les galoubets et les tambourins des Cigalouns Segnen.
Tout naturellement, Madame Faggianelli, directrice de l'École Clément Daniel (primaire et cours complémentaire) devint directrice de l'École Curie.
Elle s'installa dans le bâtiment le plus proche de l'entrée (toujours visible aujourd'hui) qui comportait les bureaux administratifs au rez-de-chaussée et l'appartement de fonction au premier étage.
Elle resta à la tête de l'établissement jusqu'à la fin de la guerre 1939-1945 et ne fut guère épargnée par les difficultés de toutes sortes, surtout celles engendrées par l'occupation partielle des locaux de l'école par la soldatesque allemande.
De l'avis de ses élèves les plus anciennes, malgré les aléas de sa fonction, Madame Faggianelli souriait toujours et avait peu de penchant à se mettre en colère.
Avec vingt-deux classes dont sept réservées au cours complémentaire, l'École Curie était l'une des plus importantes du département pour les jeunes filles.
Nous joignons ici un plan succinct de l'établissement d'origine. Comme on le verra par la suite, l'école a changé de physionomie pendant les soixante années de son existence car il n'est rien qui soit à l'abri des mutations.
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La croissance incessante des effectifs, la réforme de l'enseignement entraînèrent des regroupements de sections, des éclatements pédagogiques, des modifications profondes de locaux pour essayer d'accroître la capacité d'accueil.
Rappelons au passage l'utilisation de l'ancienne morgue de l'hôpital comme salle de classe, ce que les institutrices désignées pour enseigner dans ce local n'appréciaient guère, parce que souvent victimes des sarcasmes de leurs collègues.
Les municipalités furent confrontées à des problèmes graves d'entretien et par voie de conséquence à des dépenses trop lourdes. Limitons-nous à deux exemples : l'installation du chauffage central ne donna jamais une totale satisfaction en raison de l'énorme déperdition de chaleur d'une tuyauterie insuffisamment isolée, trop longue en parcours souterrain pour desservir des bâtiments très dispersés. Les pannes fréquentes causèrent des perturbations dont le travail scolaire se ressentit bien évidemment à la mauvaise saison.
Lorsqu'il fallut relier les bâtiments séparés de l'ancienne caserne pour aménager des classes nouvelles, à hauteur d'un premier étage, des terrasses, rarement utilisées d'ailleurs, exigeaient une étanchéité parfaite. Hélas ! les jours de pluie les infiltrations occasionnaient des goutte-à-goutte dans les classes du dessous, ce qui ne manquait d'amuser les élèves obligées de déplacer les bancs pour n'être pas aspergées et leurs cahiers avec.
Pendant plusieurs années, les services techniques de la ville s'employèrent à boucher des fissures avec divers matériaux.
Dans les années soixante, après le regroupement des classes du cycle d'observation, les locaux d'origine devenus inaptes à recevoir des effectifs en croissance continue, il fallut procéder à l'aménagement de classes préfabriquées dont personne, ni professeurs, ni élèves, a gardé un bon souvenir. Le chauffage par des poêles à mazout au réglage souvent défectueux se faisait bien, mais les odeurs de combustible rendaient l'air difficilement respirable. À partir du mois de mai, l'isolation thermique défectueuse imposait aux occupants des canicules difficilement supportables. Ces constructions légères que tout le monde, élèves, parents et enseignants, appelaient avec mépris les baraques, ne furent pas de nature à embellir l'ensemble scolaire de la Gâtonne.
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Revenons quelques instants au point de départ, plus précisément en 1934, pour vous parler du personnel enseignant. La liste qui suit a été établie d'après le Bulletin Officiel de l'Éducation Nationale de cette époque. Figurent également les années de naissance, ce qui nous permet d'affirmer que les survivantes se comptent aujourd'hui sur les doigts d'une main.
Vaillant Thérèse (1879) - Hachette née Rey (1885) - Chailan Lucie (1886) - Faggianelli née Paganelli (1885) - Chambon née Constantin (1887) - Brémond née Féraud (1885) - Décugis Aline (1887) - Michalet Louise (1888) - Etienne née Germain (1894) - Teissère née Davin (1896) - Dragon Madeleine (1892) - Luccioni née Poli (1901) - Besson née Rosier (1896) - Pourrière née Pelester (1901) - Pierre née Jalabert (1885) - Recous née Roche (1898) - Orru née Roux (1901) - Guieu née Venel (1904) - Moretto Marie (1900) - Fauchon Marie-Thérèse (1906) - Muriot née Morand (1905).
L'organisation de l'Enseignement à La Seyne dans cette période est significative de l'importance considérable de l'École Curie qui comptait quinze classes primaires, autant que l'École Martini, alors qu'il y en avait douze à l'école François Durand (Émile Malsert aujourd'hui), trois pour Saint-Mandrier rattachée alors à la commune de La Seyne, trois pour Les Sablettes, quatre pour la maternelle Jean Jaurès, quatre pour la maternelle de la rue d'Alsace (l'Asile du XIXe siècle).
Aux quinze classes primaires s'ajoutaient quatre classes d'enseignement moderne du cours complémentaire et les sections technique, industrielle et commerciale.
Signalons qu'à partir de 1936, les revendications se firent plus pressantes d'autant que le nombre des classes était passé de 22 à 24 et que les trois sections : générale, industrielle et commerciale atteignaient des effectifs pléthoriques. Dans cette période, il faudra même détacher plusieurs classes de l'école dans les locaux du Patronage laïque rue Renan.
Le 16 novembre 1938, la municipalité délibère sur le point de savoir si le Cours complémentaire Curie peut être transformé en E.P.S. (École Primaire Supérieure). L'administration de l'Instruction publique ne pouvait opérer cette mutation sans l'accord de la municipalité propriétaire des locaux.
À la grande déception du corps enseignant et des parents d'élèves, nos édiles de l'époque refusèrent invoquant l'insuffisance des locaux. Évidemment, il fallait construire et les élus reculèrent devant les dépenses à engager.
Trois ans plus tard, Madame Beraud, Inspectrice primaire, transmit au Maire de La Seyne une lettre du Secrétariat d'État à l'Éducation Nationale et à la Jeunesse qui demandait instamment la transformation du Cours complémentaire en École Primaire Supérieure, ce qui mettrait à parité l'École Curie et l'École Martini qui, elle, avait une section E.P.S. depuis sa fondation en 1833.
Nous sommes en 1941, la municipalité de Vichy accepte le principe de la proposition ministérielle et s'engage à créer six classes nouvelles pour assurer le fonctionnement de l'E.P.S.
On sait dans quelle situation catastrophique fut mise la ville sous l'administration de Vichy. Le manque de crédits, l'occupation allemande et finalement la débâcle du pouvoir de la trahison, il résulta de tout cela que les classes promises ne furent pas construites.
Pendant la guerre de 1939-1945
Nous voici une fois de plus à parler de la guerre et de ses incidences sur la vie à l'École Curie.
Le personnel enseignant accomplissait sa tâche avec beaucoup de dévouement malgré les incertitudes, mais les élèves troublés par l'ambiance du moment n'avaient guère de coeur à l'ouvrage. Tout le monde ou presque commençait à souffrir terriblement des restrictions alimentaires. La disette s'installait dans les foyers à l'exception des nantis qui trouvaient tout ce qui manquait aux autres grâce à la pratique du marché noir. Pour éviter une altération trop brutale de la santé des enfants, il fallut leur distribuer chaque jour du lait, des biscuits et des pastilles vitaminées.
Du fait de la malnutrition, les fillettes n'apportaient plus à leur travail tout le soin ni l'attention nécessaires comme en temps normal et, à partir de 1942, leurs craintes et leurs angoisses allaient prendre des proportions beaucoup plus graves.
Lorsque le 27 novembre de cette année 1942, la flotte de guerre de Toulon se saborda pour ne pas tomber aux mains des Hitlériens, le bruit infernal des détonations puissantes qui déchira l'air et le ciel à des lieues à la ronde, le combat glorieux des marins français contre l'assaillant allemand, l'arrivée des pavillons à croix gammée et des chars à croix noire, venus se camoufler sous les ombrages du parc de l'École, tous ces faits qui se déroulèrent rapidement et dont on connut l'origine bien plus tard, causèrent évidemment les plus grandes perturbations dans l'établissement.
Les militaires de la Wehrmacht, très courtois, rassurèrent maîtresses et élèves en déclarant qu'ils ne venaient pas pour les menacer mais au contraire pour les protéger.
Pendant de longues semaines, l'école connut le va-et-vient des uniformes vert-de-gris, l'écho des violents appels gutturaux de ceux qui avaient déjà commis tant de crimes contre l'Humanité.
Les moteurs de chars ronflaient chaque jour par nécessité de révision et surtout d'adaptation à l'hiver qu'ils affronteraient bientôt.
Les équipages s'affairaient à isoler les parties les plus fragiles de leur mécanique mais aussi à fourrer des vêtements, des bottes, des casques.
Tous ces préparatifs s'accomplissaient sans grand enthousiasme et quand on demandait aux soldats quelle serait leur prochaine étape, ils répondaient toujours par la négative.
On apprit tout de même un jour, car il y eut des indiscrétions, même dans l'armée allemande, que la division chargée d'occuper Toulon et sa banlieue et surtout de capturer la flotte de guerre, allait être orientée après son échec, vers un autre théâtre d'opérations.
Lequel ? On sut et on put vérifier par la suite que cette unité combattante blindée allait être dirigée sur le front russe. On comprit mieux la nécessité des préparatifs minutieux contre les froids rigoureux.
La division allemande qui connut des jours heureux à La Seyne et ses environs enchanteurs participa effectivement à la gigantesque bataille de Koursk qui opposa plus de trois millions de combattants sur un front de 300 kilomètres. Cette division fut complètement anéantie.
Et quand les Seynois reçurent cette nouvelle par la radio clandestine de la Résistance... personne ne versa de larmes.
On apprit seulement l'année suivante le sort malheureux de quelques jeunes Seynois dans l'enfer de cette bataille de Koursk. Sans doute catéchisés par leur famille, ils avaient commis l'imprudence de s'engager dans la légion anti-bolchevik organisée par le gouvernement de Vichy.
Il n'y eut aucun survivant parmi eux.
On sut dans cette même période que les Allemands subissaient fin 1942, début 1943, un désastre sans précédent à Stalingrad. La population espérait l'arrivée prochaine des armées alliées libératrices.
Hélas...
Hélas ! Elle ne se doutait pas encore que la libération définitive de notre sol coûterait très cher par les destructions matérielles et les pertes en vies humaines.
Pour chasser l'ennemi du littoral, il fallait détruire des fortifications, l'arsenal, les chantiers navals, les ports, les voies ferrées...
On entra dans une période où les alertes se succédaient, où les Allemands plongeaient les villes et les campagnes dans le brouillard des fumigènes.
De nombreuses familles commencèrent à s'expatrier vers des départements lointains où elles pourraient trouver la sécurité.
Le premier bombardement important effectué par les Américains se produisit le 24 novembre 1943. Des destructions massives dévastèrent le Mourillon et l'on y releva près d'un millier de victimes.
Cette date marqua un tournant dans la vie de l'école qui se dépeuplait rapidement devant les dangers de la guerre. L'exode commença vers le Haut-Var, les Basses-Alpes, l'Ardèche, le Gard, l'Isère.
Au printemps 1944, l'École Curie cessa de fonctionner. Les évacuations s'organisèrent pour protéger avant tout la jeunesse et l'enfance.
Le Maire Galissard s'imaginant que l'École Curie ne serait pas une zone dangereuse en cas de bombardement, y installa les services municipaux, le bureau des évacuations, le service du ravitaillement, un restaurant pour les fonctionnaires locaux ; on utilisa aussi le Patronage laïque à proximité de l'école avec des enseignants recyclés pour du travail administratif.
Le bombardement du 29 avril fut une véritable catastrophe pour La Seyne. Le chapitre Des années dramatiques du Tome II des Images de la vie seynoise d'antan a décrit avec beaucoup de précisions les heures néfastes vécues par les Seynois sinistrés à 65 %. Presque tous les bâtiments publics furent démantelés. L'École Curie s'en tira à bon compte avec seulement des carreaux brisés ; mais son annexe du Patronage laïque fut littéralement pulvérisée. Une bombe de gros calibre laissa un trou énorme à la place du bâtiment principal. On sortit non sans mal les cadavres des employés qui y travaillaient.
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L'École Curie eut à déplorer la mort de Madame Teissère, institutrice âgée alors de 48 ans ; la mort faucha Ange Penciolelli, instituteur de l'École Martini à quelques mois de sa mise à la retraite. L'épouse d'André Roussin, secrétaire de M. Malsert à l'École Martini, fut également parmi les victimes.
Madame Faggianelli, la directrice sans élèves, ne perdait pas le contact avec ses collaboratrices à qui elle recommandait la plus grande prudence car, hélas ! les Allemands étaient toujours à La Seyne.
Le Conseil Municipal siégeait maintenant à l'École Curie. Le Maire pensait y trouver la sécurité, car les Chantiers navals, cible principale des bombardiers américains, disait-il, se trouvait tout de même à plus de deux kilomètres. Et pourtant, il aurait pu juger la précision de leurs tirs surtout depuis l'attaque aérienne du 29 avril.
Mais un autre danger pour les Vichyssois de l'Hôtel de Ville, ce furent les grèves des 12 et 13 juillet suivies d'une manifestation patriotique qui se déroula le 14 juillet devant l'École Curie, nouveau siège du Conseil municipal et au cours de laquelle furent chantées La Marseillaise et l'Internationale.
Les rares élus municipaux ne se manifestèrent même pas, pas davantage les policiers qui sentaient venir le vent de la défaite pour ceux qu'ils défendirent au début de la guerre. Quant aux Allemands, dont le moral était gravement atteint, ils se terraient en attendant l'assaut final des années alliées.
La Seyne, désertée presque totalement, vivait les derniers jours de l'occupation allemande. Entre le 26 et le 28 août, les uniformes vert-de-gris s'enfuirent.
L'ennemi disparu, les élus municipaux vichyssois s'éclipsèrent. Alors les Seynois se donnèrent les moyens d'administrer leurs biens communaux en toute démocratie.
Le Comité de libération organisa dès 1945 les élections municipales qui désignèrent le Docteur Sauvet comme premier magistrat de la commune.
Après les années terribles de l'occupation allemande, les bombardements destructeurs, le massacre de centaines de nos concitoyens, le pillage des nazis, il ne fut pas facile pour le nouveau Maire de faire renaître notre cité meurtrie.
La libération - Le collège - La relève
Restons dans le domaine scolaire où il fallait restaurer les structures endommagées ou même complètement anéanties.
Dans la période comprise entre 1945 et 1947, notre École Curie fut réparée et réorganisée. Parallèlement à nos industries ruinées et qu'il fallait faire revivre à tout prix, l'instruction des enfants demeurait une priorité.
Tout le mobilier scolaire fut renouvelé et modernisé. Pour compléter l'enseignement général, des professeurs auxiliaires payés sur le budget communal assurèrent avec des horaires accrus, l'enseignement de gymnastique, de musique, de sténo-dactylo, de couture.
Enfin, en 1947, le Cours complémentaire Curie devint le Collège communal moderne et technique, mesure ministérielle attendue depuis bien longtemps par le corps enseignant et les parents d'élèves.
Ce fut à ce moment-là également qu'un changement important intervint au niveau de la direction.
Madame Faggianelli, qui avait bien connu la rue Clément Daniel et participé avec une grande efficacité au démarrage de l'École Curie, fit valoir ses droits à la retraite.
Elle fut remplacée par Mademoiselle Dantony, professeur de Sciences, qui devint Madame Todeschini peu après.
Son arrivée à la tête de l'établissement coïncida presque avec l'organisation d'une grande fête sportive qui rassembla près d'un millier d'exécutants sur le stade Hubidos. Le défilé, les exercices d'athlétisme, les mouvements d'ensemble s'exécutèrent sous la direction de M. Durrieu professeur d'éducation physique et sportive récemment nommé au Collège Martini. Tout cela devait contribuer grandement au prestige de l'école laïque et de l'École Curie en particulier.
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Les personnalités locales et départementales de l'Enseignement, de la Municipalité, des associations seynoises, admirèrent et applaudirent avec chaleur depuis les terrasses pavoisées dominant le stade, les évolutions de la jeunesse estudiantine en tenue de sport.
Des spectacles de ce genre se renouvelèrent par la suite sur le grand stade de la Canourgue aménagé en stade municipal.
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Par le jeu de la transformation de l'établissement en collège, des institutrices chevronnées devinrent des chargées d'enseignement. Les années passèrent et des mutations importantes se produisirent dans le personnel.
Dans cette période, la dynamique Élise Scaronne, dont la carrière au service du sport à La Seyne a été fort longue, fonda à l'initiative de Madame Todeschini, l'Association sportive Les Côtes d'Azur. Internationale de handball en 1956, Élise initia des centaines de jeunes Seynoises à la pratique du sport qui remportèrent plusieurs fois les championnats d'académie, ce qui contribua grandement au prestige de l'École Curie.
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La Vieille garde, qui avait assuré le transfert de la rue Clément Daniel au quartier de la Gâtonne, faisait place à une nouvelle génération d'institutrices et, avec la nouvelle appellation de Collège, apparurent des professeurs licenciés.
Ainsi des silhouettes devenues bien familières à des milliers de jeunes Seynoises disparurent du Collège Curie et surent pour la plupart tirer parti de leur retraite pour s'occuper plus qu'elles n'eurent le temps de le faire auparavant de leurs enfants et petits-enfants.
Mesdames Hachette, Faggianelli, Vaillant, Chambon, Boutin, Brémond, Décugis, Michalet, Chailan, Pierre laissèrent des souvenirs vivaces et des plus attachants.
La première génération des institutrices nées au début du XXe siècle et quelques-unes nées à la fin du XIXe remplacèrent les retraitées. Nous pouvons ici évoquer les noms de Mmes Besson, Teissère, Dragon, Luccioni, Pourrière, Recous, Muriot, Guieu, Moretto, Fauchon...
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La bouillante Madame Todeschini que ses collaboratrices appelaient familièrement Pauline, dès qu'elle fut nommée à la direction du Collège Curie, prit sa tâche à coeur pour donner à l'établissement toutes ses possibilités de développement, améliorer les conditions de travail de son personnel, aider au maximum la jeunesse estudiantine féminine. Sa tâche fut particulièrement épineuse à partir des années 1960-1963 où les réformes successives de l'Enseignement allaient bouleverser les structures pédagogiques et obliger personnel et élèves à des adaptations parfois malaisées.
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Mais revenons à la création du Collège communal avec section primaire annexée.
La désignation de Madame Todeschini à la tête de l'établissement coïncida à peu près avec l'élection de Toussaint Merle, Maire de Là Seyne, à qui nous avons consacré une longue Biographie dans le tome II de notre ouvrage.
Tous deux défendirent l'École laïque, leur école avec beaucoup d'acharnement.
L'action énergique du nouveau Maire de La Seyne avait obtenu dès le début de son mandat la transformation du Cours complémentaire en Collège, mais avec la croissance de la population les effectifs scolaires devenant pléthoriques, il fallut construire des locaux.
La Municipalité décida la construction de deux classes supplémentaires puis la création des ateliers de chimie, de couture, l'aménagement de la classe de dessin.
Elle accepta même de financer des postes de secrétariat pour aider Madame la Directrice. Furent nommées successivement Mlles Rosette Morelli et Léoncie Simondi, cela se fit en 1951.
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Une classe non identifiée de l'École Curie |
En 1952, les statistiques donnent comme effectifs du Collège Curie 1016 élèves ainsi réparties : 426 élèves pour le Collège, 440 élèves pour l'enseignement primaire, 450 élèves pour les cours professionnels. Quatre ans plus tard, le seul collège accueillera 624 élèves. Quatre ans plus tard l'école primaire passera de 580 à 660 élèves. On trouvera encore des classes de 40 à 60 élèves, malgré tous les travaux d'agrandissement. Il est vrai que les créations de poste à la charge du Ministère de l'Éducation nationale se firent souvent attendre.
En 1955, la municipalité créa une classe de travaux pratiques pour assurer un enseignement mieux adapté aux besoins de la modernité.
Chaque année, elle améliorait l'équipement sportif. Il faut rappeler ici que l'ancien terrain de manoeuvre de la Caserne de la Gâtonne avait été aménagé au lendemain de la libération en terrain de sport par des volontaires de la Résistance qui, plusieurs dimanches durant, creusèrent des fondations, construisirent des clôtures, aplanirent le terrain, aménagèrent des pistes et des sautoirs. Tout cela bénévolement pour aider la municipalité de l'époque qui ne pouvait bénéficier de crédits d'État qu'avec une parcimonie révoltante. On donna à ce stade le nom de Paul Hubidos, jeune Seynois abattu sur son avion au cours d'une mission en France dans les environs de Rouen le 8 mars 1943. Il était âgé de 26 ans.
La municipalité animée par Toussaint Merle agit également dans deux autres directions sur le vaste ensemble des structures du Collège Curie.
Dès 1948, elle avait organisé et financé les cours professionnels pour les jeunes filles de 14 ans inaptes à poursuivre leurs études au collège. Elles recevaient un complément d'instruction générale et des connaissances pratiques pour une femme adulte avec un enseignement de la couture, du ménage, du repassage, du lavage, de la cuisine. Elles pourraient par la suite trouver un emploi dans le commerce et l'industrie. Nombreuses furent les jeunes filles qui bénéficièrent de cette innovation. Pour en avoir une idée, citons pour la seule année 1954 un effectif de 120 élèves réparties en trois groupes :
Ces cours professionnels se donnaient en dehors des heures de classe de manière à utiliser les locaux scolaires habituels sans aucune gêne pour le fonctionnement des autres enseignements.
L'autre direction vers laquelle la municipalité avait concentré ses efforts, ce fut la création du centre de gymnastique corrective.
Il ne s'agissait pas d'une structure rattachée à l'enseignement, mais elle en représentait tout de même un complément fort utile.
Quel en était le but ? Comme son nom l'indiquait il s'agissait par des exercices appropriés de prévenir chez les enfants des déformations morphologiques, de lutter contre des insuffisantes respiratoires.
Le centre était composé d'une salle de travail immense de 17 mètres de long sur 7 de large ; de vestiaires, d'un cabinet médical. Les cours étaient gratuits.
Cette construction trouva sa place sur la face Nord du collège en bordure du stade. Inutile d'alourdir notre texte par des statistiques ; disons simplement que les séances répétées avec des appareils spécialisés donnèrent d'excellents résultats de musculation, de correction vertébrale, de redressements d'omoplate, etc...
Ce centre ne fut pas une structure pédagogique proprement dite ; comme il fut installé sur le terrain communal où naquit l'École Curie, il nous a semblé utile de le mentionner dans notre historique.
Directrice : Mme Todeschini Secrétariat : Mlles Falliu Angèle, Morelli Rosette, Simondi Léoncie Conciergerie : M. Annot, Mme Morando Personnel enseignant : le nom des principales institutrices de l'époque figure ci-dessus à la rubrique La vieille garde.
Vingt professeurs assurent les cours des 3 sections, soit 170 élèves
École primaire : 15 classes - 15 institutrices - 441 élèves Classe de perfectionnement : 1 classe - 1 institutrice - 14 élèves Total du personnel : 40 Élèves : 936 |
Et nous voici dans les années soixante.
Depuis la Libération, on parlait dans les ministères de l'Éducation Nationale d'une réforme de l'enseignement. Les ministres se succédaient et le plan des réformes avait été réalisé sous la direction de deux hommes éminents : Paul Langevin et Henri Wallon.
L'École était en crise et l'on constatait que des centaines de milliers d'élèves redoublaient au moins une classe à l'école primaire et commençaient ainsi leur vie scolaire par un échec, que 75 % des étudiants n'atteignaient pas la fin du second cycle universitaire.
Il était urgent d'adapter l'enseignement au monde moderne, de réduire les inégalités et de permettre au plus grand nombre l'accès au savoir.
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Nous n'entrerons pas ici dans le détail de toutes les réformes, mais nécessairement il nous faut montrer leur incidence sur la vie à l'École Curie, sur les nouvelles organisations pédagogiques qui bouleversèrent le train-train établi depuis près de vingt années au coeur du Collège moderne et technique Marie Curie.
Un décret du 6 juin 1959 fixa les problèmes d'orientation qui conduisit à la création du cycle dit : d'observation groupant toutes les classes de 6e et 5e. Puis le décret du 3 août 1963 ordonna la création des C.E.S. (Collège d'Enseignement Secondaire) prévus pour recevoir tous les élèves de la sortie du cycle élémentaire jusqu'à la classe de troisième.
Depuis 1961, le Lycée classique moderne et technique Beaussier fonctionnait, englobant toutes les divisions depuis le cycle d'observation jusqu'aux classes terminales, ce qui créa la plus grande confusion surtout quand on voulut y ajouter les sections de l'enseignement technique. Toutes les instances locales et départementales de l'enseignement se réunirent pour clarifier cette situation des plus équivoques. Il fut décidé que toutes les classes de 6e et 5e, c'est-à-dire le cycle d'observation, seraient groupées à l'École Curie.
La cohabitation de l'enseignement secondaire avec le primaire n'étant guère souhaitable, il fallut disperser les effectifs de ce dernier dans des écoles de quartier que la municipalité avait fait construire hâtivement (Jules Verne et Ernest Renan) et aussi dans la vieille École Martini dont on envisageait la destruction en raison de sa vétusté.
L'enseignement primaire disparut donc tout à fait de l'École Curie. Nous étions en 1963.
Ses classes avaient duré 32 ans et certaines institutrices seynoises y firent presque toute leur carrière.
Signalons au passage une difficulté des plus inattendues à laquelle l'École Curie dut faire face. Un centre d'apprentissage féminin de la commune de la Garde, menacé de disparition, fut recueilli dans l'un des bâtiments principaux de l'école, transformé partiellement en dortoir.
Ce transfert d'une cinquantaine de jeunes filles en internat troubla quelque peu la quiétude de l'école en pleine mutation. Fort heureusement les choses rentrèrent dans l'ordre deux ans plus tard.
La réforme de l'Enseignement créatrice des C.E.S. entrait peu à peu en application, mais il n'était guère possible de les ouvrir tous en même temps, les crédits faisant cruellement défaut au Ministère de l'Éducation Nationale.
La création du C.E.S. Curie prévue pour 1966, fut retardée de plusieurs armées durant lesquelles fonctionnèrent seulement les classes du cycle d'observation c'est-à-dire les 5e et 6e, moderne et classique.
Cette situation se prolongea pendant huit ans puisque le C.E.S. actuel ne débuta qu'en 1971. Le nombre des classes dites d'observation variait entre dix et douze. On y enseignait toutes les disciplines de l'enseignement général, deux langues vivantes au début, le latin dans les sections classiques, la musique, le chant, le dessin, la culture physique, le travail manuel.
Les professeurs se réunissaient généralement tous les mois en conseils de classe pour y examiner de très près le travail, la conduite, les aptitudes, le comportement de chaque élève. Il y avait au sein de ces conseils, un professeur principal qui tenait à jour le dossier des élèves et naturellement les observations de tous les autres dont la synthèse déterminait en fin d'année les orientations à conseiller aux familles.
Toutes les classes du cycle d'observation fonctionnèrent normalement à la satisfaction générale sous la direction avisée de Madame Todeschini, responsable avant tout des problèmes pédagogiques et néanmoins dépendante du Proviseur du Lycée Beaussier.
Madame Todeschini ne pouvait plus se prévaloir du titre de chef d'établissement, le collège municipal moderne et technique qu'elle avait dirigé pendant une quinzaine d'années ayant éclaté avec les réformes de l'enseignement dans les conditions définies précédemment. Elle éprouva sans doute une certaine amertume à n'être devenue qu'une adjointe au nouveau Proviseur du lycée, Monsieur Ferry, puisque les classes de 5e et 6e étaient en quelque sorte une annexe du Lycée Beaussier.
Dans cette situation nouvelle, on parlait de moins en moins de l'École Curie.
Pour l'honneur et la mémoire de Marie Slodowska, les choses rentrèrent dans l'ordre avec la création du Collège d'Enseignement Secondaire (C.E.S.) officiellement nommé Marie Curie en 1971.
Revenons quelques instants sur les relations administratives du complexe Beaussier-Curie, avec deux directions dont les rapports ne furent pas toujours au beau fixe, mais disons toutefois que les anicroches ne prirent jamais des dimensions dramatiques.
L'anecdote qui suit est bien significative de ces querelles de prestige que ma longue vie m'a donné l'occasion de constater dans l'exercice de mon métier, de mes fonctions électives et aussi dans la vie de nombreuses associations.
Imaginez que nous sommes au 1er juillet 1966 dans l'une des salles du restaurant scolaire du Lycée Beaussier. Il y a là l'ensemble du corps enseignant c'est-à-dire les professeurs exerçant au lycée mais aussi ceux du cycle d'observation détachés dans l'ancienne école primaire Marie Curie. Le proviseur Ferry, son adjointe Madame Todeschini, l'économe, le personnel administratif, les surveillants généraux (les surgés comme on les appelait alors), bref beaucoup de monde.
Sur une table centrale : des cadeaux, des souvenirs, des fleurs, des douceurs, des boissons.
Vous avez compris : il s'agit d'une réception de fin d'année organisée dans le double but de fêter les vacances mais aussi de célébrer des fins de carrière.
Trois anciens de la grande maison Beaussier-Curie vont quitter pour toujours leur profession.
Il s'agit de Toussaint Merle, Paul Camoin, Marius Autran, venus tous trois du cycle d'observation.
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Les étapes de ce genre dans une vie d'homme ou de femme sont toujours émouvantes.
En pareille circonstance, qu'il s'agisse d'une école, d'un atelier, d'une administration, il se trouve toujours un chef, un directeur, un ingénieur, un proviseur qui se lève, retrace généralement la carrière du personnage à l'honneur, vante ses mérites et conclut par des souhaits de bonne santé et de quiétude pour l'avenir, un avenir qu'on espère le plus long possible.
Donc, nous voici réunis pour fêter trois départs à la retraite. On bavarde, on se congratule, le temps passe ; il semble bien que la cérémonie prenne du retard. Certains manifestent discrètement leur impatience. On se regarde, on s'interroge. Qui va parler ?
Enfin une collègue, celle qui avait apporté les présents s'approche de la table des officiels et dit à voix basse " Monsieur le Proviseur, nous attendons votre discours ! " Imperturbable, ce dernier réplique : " Moi ! Que voulez-vous que je dise, je ne les connais pas ! "
Il s'agissait bien pourtant de trois de ses collaborateurs.
C'était bien vrai qu'il ne les connaissait pas pour la simple raison qu'il ne fit jamais le trajet de son bureau à l'École Curie éloignée de quelque 500 mètres afin de les rencontrer au moins une fois. Il aurait pu aussi les convoquer dans son bureau. Il ne le fit jamais et ils étaient pourtant une vingtaine qui auraient souhaité avoir au moins une fois une conversation avec leur patron.
Le proviseur revint à la charge et ajouta : " Ce n'est pas à moi de parler, dit-il, c'est à Madame Todeschini puisque les retraités à l'honneur viennent du cycle d'observation ".
Tous les regards se tournèrent alors vers Madame l'adjointe qui répliqua : " Ce n'est à moi de parler, je ne suis pas le chef de l'établissement ! C'est au Proviseur de le faire ".
L'assistance commençait à ricaner en présence d'une situation qui devenait burlesque.
Mon ami Camoin, pince sans rire, me dit à l'oreille : " Puisque le Proviseur ne nous connaît pas, que faisons-nous ici ? ".
Pour sortir d'une telle situation ridicule, je pris l'initiative de solliciter Toussaint Merle pour qu'il adresse quelques mots de circonstance à l'assistance.
Il manifesta peu d'enthousiasme et j'eus de la peine à le convaincre. Enfin, il se leva et son allocution ne répondit pas du tout à ce que les responsables défaillants des établissements Beaussier-Curie auraient pu attendre.
Ici, il faut rappeler que dans cette période, Toussaint Merle réalisa le tour de force pendant quelques années, de remplacer un professeur de lettres au cycle d'observation tout en administrant la Ville de La Seyne, surcharges de travail qui allaient aggraver son état de santé.
Le Maire de La Seyne, dans son intervention, releva discrètement la défaillance des chefs d'établissement, parla peu des problèmes qui préoccupaient les retraités, mais insista sur le rôle de la municipalité qui avait éprouvé les plus grandes difficultés à faire démarrer le lycée, fustigea les propriétaires de terrains incultes qui s'opposèrent à la construction de l'établissement, dénonça les carences du Ministère de l'Éducation Nationale.
Malgré la teinte politique de son allocution, Toussaint Merle fut applaudi chaleureusement car il comptait beaucoup d'amis dans le corps enseignant.
On porta des toasts, il y eut des embrassades et l'on se sépara dans la bonne humeur évidemment, car les vacances venaient de commencer.
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On notera la contradiction entre le compte-rendu du journaliste, ci-dessus qui indique que le Principal du lycée (sic) « rappela la longue carrière ce ces trois excellents professeurs », et le texte de Marius Autran pour qui M. le Proviseur répliqua : « Moi ! Que voulez-vous que je dise, je ne les connais pas ! » (NDJCA). |
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Dans l'après-midi de cette journée mémorable pour moi, je retournai à l'École Curie retirer de ma classe quelques objets personnels. La classe où j'avais donné mes derniers cours de sciences naturelles était inoccupée. Je pris le cahier de notes de l'année 1965-66, le dernier de ma longue carrière. J'en tournai les feuillets, je lus des noms à haute voix en situant les personnages à leur place habituelle.
Assis un instant devant le bureau où j'avais tant parlé, pour expliquer, persuader, intéresser, la tête serrée entre mes mains, les images de tout mon passé d'enseignant se bousculaient dans ma mémoire : des faits, des élèves, des professeurs, des inspecteurs, des examens, des événements heureux, des catastrophes, tout cela défilait dans la plus grande confusion. Peut-être me disais-je serait-il bon de mettre de l'ordre dans tout ce passé vécu, la retraite commencée ?
Je sortis, mais avant de refermer la porte de la classe, une dernière fois mon regard se porta vers le tableau noir où j'avais tant écrit, tant dessiné avec application mais aussi, aspect négatif de mes souvenirs, où j'avais respiré les poussières calcaires.
Non sans attendrissement, je revis pour la dernière fois l'armoire vitrée où s'alignaient sur les rayons, des collections de roches, de petits animaux terrestres et marins, de végétaux, réalisées avec le concours de mes élèves.
Mon successeur serait probablement ravi de pouvoir concrétiser son enseignement.
Enfin à pas lents je m'éloignais... les yeux gonflés de larmes. Une grande page de ma vie venait de se tourner, une vie professionnelle qui m'avait accaparé pendant près de quarante ans au service d'une jeunesse généralement docile, de familles de toutes conditions sociales soucieuses de l'avenir de leurs enfants avec lesquelles il ne me souvient pas d'avoir eu des relations discordantes.
On était loin d'imaginer alors qu'un jour des maîtres, des professeurs, des inspecteurs seraient admonestés et même agressés par des parents irascibles.
Cette anecdote sur mon départ à la retraite a donné à ce passage de mon récit un tour personnel, ce dont j'espère le pardon de mes amis lecteurs.
Le Collège d'Enseignement Secondaire (C.E.S.) Curie
À partir des décrets ministériels du 6 juin 1959, de nombreux textes fixèrent les problèmes d'orientation, mais leur application devait s'étaler sur plusieurs années pour la simple raison qu'il fallait trouver ou construire des locaux, les équiper en matériel moderne, créer des postes supplémentaires de professeurs, de moniteurs, de surveillants... et les crédits faisaient défaut pour l'éducation du peuple, les guerres coloniales les ayant dévorés pendant 20 ans.
La réforme de l'enseignement prévoyait la création d'un C.E.S. par 10.000 habitants. Il aurait donc fallu cinq collèges pour La Seyne qui comptait 50.000 habitants environ dans cette période des années 1960.
La municipalité consacra alors la plus grande dépense à la construction du Lycée Beaussier. Dix ans plus tard, le complexe Langevin-Wallon sortit de terre. Il comportait un lycée technique et un C.E.S. Nous étions donc en 1970.
L'année suivante l'ancienne École Curie de la Gâtonne allait être aménagée en C.E.S., le deuxième sur les cinq établissements de ce genre prévus pour notre ville.
Dans ce cas précis, disons que les locaux existaient déjà, mais ils étaient loin de correspondre aux nécessités d'un enseignement moderne et il fallut dans les mois qui suivirent aménager des salles spécialisées (Sciences, Travaux pratiques,...).
Faisons le point ! Si l'on se souvient que depuis 1896, l'ancien domaine rural de la Gâtonne a vu naître un hôpital, devenu presque aussitôt une caserne, laquelle désaffectée en 1928 a été transformée en école primaire et cours complémentaire en 1931 ; si l'on sait qu'en 1947, cet ensemble scolaire devint Collège communal moderne et technique, qu'en 1963 dans ces mêmes locaux furent réunies les classes du cycle d'observation du Lycée (classes de 6e et 5e) ; qu'en 1971, ce fut l'ouverture d'un C.E.S. (Collège d'Enseignement Secondaire), on comprendra la complexité des problèmes qui se posèrent à l'attention des enseignants et des administrateurs de telles structures parce que chaque forme d'utilisation entraîna des aménagements nouveaux (salle des professeurs, salles spécialisées...).
D'année en année, les effectifs croissants nécessitèrent des locaux supplémentaires. On boucha des préaux pour les transformer en classes, on installa des baraquements sur des espaces libres surtout sur la face ouest de l'établissement.
On peut affirmer, en ajoutant à tout cela le centre de gymnastique corrective dont nous avons parlé plus haut, que l'École Curie était devenue un monstre (voir les plans ci-joints) avant de devenir Collège en 1971.
Et son histoire ne s'arrête pas là. Le lecteur pourra comparer le plan des locaux de 1931 et de 1980 pour constater que tout a été bouleversé.
Un détail qui ne manque pas de sel : Depuis 1896 jusqu'à ces dernières années, on retrouve l'emplacement de la morgue du temps où fonctionnèrent l'hôpital et la caserne. Devant la pénurie des locaux, on l'utilisa même comme salle de classe, puis comme bibliothèque, puis comme atelier de l'École des Beaux Arts à qui avaient été offerts des préfabriqués désaffectés.
On voit donc que les fonctions de l'École Curie furent d'une extrême diversité et que ses murs accueillirent avec la même générosité des malades, des militaires, des élèves, des étudiants, des artistes peintres, des couturières.
Avant de terminer cette relation sur l'École Curie dont les origines ont été précisées en remontant aussi loin que possible dans le temps passé, voici brièvement décrit l'organigramme de l'établissement qui tient une grande place au sein des structures scolaires seynoises.
Il occupe une superficie de 12.145 m2, exactement celle du domaine de la Gâtonne quand la municipalité en fit l'acquisition en 1891.
En 1982, l'organisation pédagogique était ainsi conçue :
L'effectif était alors de 692 élèves avec un personnel ainsi réparti :
45 professeurs - 3 surveillants - 2 instructeurs - 4 agents administratifs - 8 agents de lycée.
Dans cette période des années 1980-82, les élèves intéressés par le restaurant prenaient leur repas au C.E.S. Eluard tout proche. Par contre, le stade Hubidos rattaché au C.E.S. Curie recevait les élèves du C.E.S. Eluard pour leur éducation physique et sportive.
Le Collège Curie dispense surtout un enseignement général, mais en 1980 ses structures pédagogiques ont été complétées par un atelier permettant trois options : travail du bois, du fer et pratique de la soudure.
Depuis 1983 ont été édifiés : le Centre de Documentation et d'Information (C.D.I.) et la demi-pension. Ces structures sont visibles sur le dernier plan ci-joint.
Au moment où ces lignes sont écrites les plus grands bâtiments de l'ancienne caserne de la Gâtonne disparaissent sous les coups de boutoir des bulldozers, peut-être les mêmes qui rasèrent l'École Martini le 7 décembre 1976. J'avais, à ce moment-là, rappelé avec émotion les sentiments que les anciens élèves éprouvaient à la vue du spectacle de la démolition, inévitable d'ailleurs, de ces vieux murs chargés de souvenirs émouvants.
Il est probable que les anciennes élèves de l'École Curie : écolières, adolescentes, étudiantes, qui ont passé de longues années de leur vie dans les vieux murs de la caserne de la Gâtonne pour y recevoir l'instruction garante de leur avenir, ont éprouvé elles aussi des sentiments attendrissants à voir tourner les pages de leur vie avec la disparition de leur école.
Sans doute, les Seynois et les Seynoises qui ont travaillé et gagné leur vie à l'ancienne corderie ou dans les entrepôts des Coopérateurs du Midi disparus depuis peu, éprouvent-ils une émotion semblable à celle des élèves qui voient leur ancienne école arasée !
Toutefois, rassurons ces dernières, car l'École Curie va renaître ; elle prépare nous dit-on sa deuxième jeunesse. Il est certain que sa nouvelle architecture n'aura plus rien de commun avec l'ancienne et ce sera tant mieux car les conditions de la vie scolaire y seront grandement améliorées.
Le quartier de la Gâtonne prendra un nouveau visage. Comme tous les quartiers périphériques de la ville, il connaîtra les lois inexorables de l'évolution.
Mais les transfigurations auxquelles nous assistons aujourd'hui ne doivent pas nous faire oublier que trois générations de jeunes Seynoises ont connu la vieille École Curie où elles ont appris tous les aspects de leur vie familiale et professionnelle.
C'est pourquoi, pour notre histoire locale, il était souhaitable de rappeler le rôle éminent que l'École Curie joua à La Seyne depuis 1931. Il fallait bien aussi rendre hommage au personnel enseignant et au personnel de maison qui remplirent leur tâche avec honneur en toutes circonstances.
Il nous reste à espérer que le C.E.S. Curie continuera à répandre le savoir sous d'autres formes, avec des enseignants adaptés à la modernité, à former d'autres générations de jeunes de mieux en mieux préparés à affronter les obstacles redoutables de la civilisation présente.
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Personnel enseignant de l'École Primaire (1954-1961)
Mmes : Menes - Brottino - Silvy - Poncet - Cochet - Yobé - Serra - Falliu - Fabre - Guieu - Azan - Bianchini - Ravestein - Consalvi - Ducher - Manzani - Male - Pignatel - Colas - Preckel - Ventre - Lefèvre - Nevière - Etienne - Drouault - Alezard - Scaronne - Demaria - Mollet.
Personnel enseignant du cycle d'observation (1961-1971)
Directrice : Mme Todeschini
Surveillant généraux : Mme Marty - M. Royer
Secrétariat : Mlle Simoncini Léoncie
Enseignantes : Mmes et Mlles : Thibon - Roussel - Barnole - Adam - Vazel - Ouaniche - Martin - Autran - Luquet - Papazian - Pizzini - Bonnafé - Boutiney - Amic - Listello - Blanchard - Truchi - Bouvier - Girardot - Roubaud - Giovannetti - Philip - Gontier - Alessandri - Savine - Périssel - Moreau - Toumsin - Cioméi - Gautray - Debove - Adriani - Gueit - Dary - Cagnon - Gruarin.
Enseignants : MM. Autran - Camoin - Merle - Sprecher - Cochenec - Listello - Favier - Mariotti - Troubat - Fages - Durrieu.
Remarques : Dans ces listes nominatives ne figurent pas les membres du corps enseignant qui furent seulement de passage pour des remplacements de courte durée. Il fallait surtout ne pas oublier les piliers de l'Institution polyvalente que fut l'École Curie et surtout le personnel émérite de la rue Clément Daniel où elle prit naissance.
Directions successives des Écoles Clément Daniel et Curie (à partir de 1877)
Institutrices de l’école primaire Curie
Nom, prénoms |
Date de naissance |
Lieu de naissance |
Date de décès |
Lieu de décès |
Âge |
Compléments |
AZAN (Mme) |
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BAILLE (Mme) |
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BROTTINO Marie Antoinette Félicie (Mlle) |
11 mars 1916 |
La Seyne-sur-Mer (83) | 31 décembre 2015 |
La Seyne-sur-Mer (83) | 99 |
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COCHET Odette Clémentine Marie, née DUCORMIER |
5 mai 1914 |
Créhen (22) |
1er novembre 2001 |
Marseille-09 (13) |
87 |
Epouse (Créhen, 17 avril 1938) René Joseph Francis Bernard COCHET (1910-1993) |
CONSALVI Marie-Françoise |
1er février 1915 |
Ville-di-Paraso (20) |
22 juillet 1998 |
Saint-Cyr-sur-Mer (83) |
83 |
Divorcée de M. CRUCIANI |
DRAGON Madeleine Delphine Mathilde (Mlle) |
12 juillet 1892 |
La Seyne-sur-Mer (83) | 19 juin 1978 |
Toulon (83) |
86 |
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FALIU Angèle Andrea Germaine (Mlle) |
3 août 1911 |
Six-Fours (83) |
29 décembre 1980 |
Six-Fours (83) | 69 |
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GAGET (Mlle) |
||||||
GUIEU Jeanne Louise Madeleine, née VENEL |
28 janvier 1904 |
La Seyne-sur-Mer (83) | 30 juillet 1979 |
Toulon (83) |
75 |
Epouse (La Seyne, 19 avril 1930) Joseph Oreste Amerigo GUIEU (1907-1985) |
MANZANI Anna, née VECCHI |
17 mai 1917 |
Quingentole, Mantoue (Italie) |
20 mars 2015 |
La Seyne-sur-Mer (83) | 98 |
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PONCET Angèle Alexia Marguerite, née ZALI |
22 juin 1908 |
La Seyne-sur-Mer (83) | 1er août 1978 |
Toulon (83) | 70 |
Epouse (La Seyne, 18 septembre 1940) Louis Sébastien Joseph PONCET (1904-1974). Divorcés le 26 novembre 1962 |
POURRIÈRE Marie Thérèse Adeline, née PÉLESTOR |
30 août 1901 |
Mézel (04) |
24 juillet 1998 |
Toulon (83) | 97 |
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YOBÉ Berthe Eugénie Marie, née DOYET |
5 août 1906 |
Notre-Dame-du-Guildo (22) |
7 juin 1985 |
Ollioules (83) |
69 |
Professeur(e)s du collège Curie
Noms, Prénoms |
Date de naissance |
Lieu de naissance |
Date de décès |
Lieu de décès |
Âge |
Spécialité |
ADAM Lucie Laura Jeanne (Mlle) |
22 novembre 1911 |
Toulon (83) |
15 janvier 2000 |
Toulon (83) |
89 |
Anglais |
AUTRAN Louise Marie Élise (née GAUTIER) |
5 octobre 1911 |
La Seyne-sur-Mer (83) | 6 février 1996 |
La Seyne-sur-Mer (83) | 85 |
Mathématiques |
BOJARUNIEC Angèle Aniel (Mlle) |
24 mai 1928 |
Kubelnik (Pologne) |
31 juillet 2015 |
La Seyne-sur-Mer (83) | 89 |
Musique |
BONNAFÉ (Mlle) |
≈1965 |
Français |
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BOUEDO (Mme) (?) |
||||||
CAGNON Madeleine (Née MORIN) |
24 septembre 1908 |
Clichy (92) |
31 octobre 2006 |
La Seyne-sur-Mer (83) | 98 |
Éducation physique |
CAMINADE Madeleine (née POPU) |
20 novembre 1926 |
Marmande (47) |
28 mars 2023 |
Montpellier (34) |
96 |
Français |
DEBOVE Hélène Marguerite |
5 septembre 1899 |
Boulogne (62) |
26 avril 2002 |
Marines (95) |
99 |
Chef de travaux |
DURRIEU Roger Paul Joseph |
4 juillet 1913 |
Ille-sur-Têt (66) |
14 mars 2009 |
Amélie-les-Bains-Palalda (66) |
96 |
Gymnastique corrective et médicale |
GADÉA Suzanne Anne-Marie (née BLATT) |
5 mai 1924 |
Blida (Algérie) |
17 avril 2004 |
Toulon (83) |
80 |
Sciences naturelles |
GAUTRAY Simonne Germaine (née MIGET) |
26 mars 1914 |
Dijon (21) |
8 août 2009 |
Daix (21) |
95 |
Couture - Lingerie |
GIOVANNETTI (Mlle) |
||||||
GUEIT Léa (née LAMARQUE) |
19 mai 1913 |
La Seyne-sur-Mer (83) | 6 février 1962 |
La Seyne-sur-Mer (83) | ||
LUQUET Josette Catherine Antoinette (née TROUBAT) |
12 janvier 1914 |
La Seyne-sur-Mer (83) | 12 février 1990 |
La Seyne-sur-Mer (83) | 76 |
Sténo-Dactylographie |
MOULEYRE Marie Stéphanie (née ZAEPFFEL) |
3 avril 1929 |
Herrlisheim-près-Colmar (68) |
5 avril 2017 |
Toulon (83) |
78 |
Allemand ? |
PAPAZIAN Marie-Jeanne (née SALVATI) |
5 février 1923 |
Marseille (13) |
14 janvier 2013 |
La Seyne-sur-Mer (83) | 90 |
Mathématiques |
PISINI (Mme) |
Couture |
|||||
ROUBAUD (Mme) |
Anglais |
|||||
ROUSSEL Jeanne Marie Marguerite (née GAYAUD) |
25 mai 1913 |
Beaucaire (30) |
31 décembre 2009 |
Cugand (85) |
96 |
Sciences naturelles |
SAVINE (Mme) |
Français |
|||||
SCARRONE Élise Eugénie |
3 septembre 1929 |
La Seyne-sur-Mer (83) | 17 décembre 2014 |
Six-Fours (83) |
85 |
Education physique |
TARBOURIECH Gabriel Jean Louis |
2 décembre 1913 |
Narbonne (11) |
29 septembre 1996 |
Brignoles (83) |
83 |
? |
THIBON Marie-Louise (née PASCAL) |
28 janvier 1910 |
La Seyne-sur-Mer (83) |
22 octobre 2001 |
La Seyne-sur-Mer (83) ? ou Paris ? | 91 |
Français |
8) Quelques personnels administratifs du collège Curie :
Nom, Prénoms | Date de naissance | Lieu de naissance | Date de décès | Lieu de décès | Fonctions | Compléments |
TODESCHINI Pauline Henriette, née DANTONY | 23 décembre 1906 | La Verdière (83) | 31 octobre 1997 | Hyères (83) | Directrice, puis Principale | Epouse (Toulon, 15 janvier 1948) Jean Baptiste TODESCHINI |
MARRO Rosette, née MORELLI |
12 décembre 1931 |
LaSeyne-sur-Mer (83) |
Secrétaire, puis institutrice | Epouse (La Seyne, 1953) Gilbert Anselme Émile MARRO |
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SIMONDO Léoncie |
Secrétaire |
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