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du Tome V
Marius AUTRAN
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Images de la vie seynoise d'antan - Tome V (1995)
Petite Histoire de la Grande Construction Navale
Avant-Propos


Nos vifs remerciements

À Maurice Oustrières qui a lu le texte original et préfacé ce cinquième tome des Images de la vie seynoise d'antan ; à Louis Puccini dont l'ouvrage La Seyne et la Résistance a mis en valeur avec précision la conduite de la classe ouvrière des chantiers navals pendant l'occupation allemande de 1942 à 1944.

À tous ceux qui ont contribué sous des formes diverses à enrichir les textes - en particulier P. Caminade et J.-B. Gaignebet - qui savaient beaucoup sur les origines et les réalisations grandioses de la Société des F.C.M.

À l'ingénieur Marc Ferrier et ses collaborateurs de l'Association Sillages dont la publication de l'ouvrage Les Pionniers assurera sans nul doute la pérennité des œuvres spectaculaires de nos anciens.

À Baptistin Colonna et toute la direction du Comité d'entreprise des C.N.I.M. dont la riche documentation a été mise à notre disposition.

À tous ceux qui ont répondu avec empressement à nos travaux d'enquête, ceux qui ont apporté de multiples témoignages, des illustrations, des statistiques.

Nous pensons à Raymond Dimo, Jean Passaglia, Alexandre, Paul Pratali, Cleto de Rovère, Michel Garcia, Louis Meunier, Léon Soleri, Lucien Guiseppi, M. Demichelis, Eric Urban, R. Malfatto, Louis Blanc, Patrick Martinenq, Noël Guigou, M. Cornu, Françoise Ravoux.

Que tous ces participants à des titres divers soient vivement remerciés, ici, de leur précieux concours.

 

Marius AUTRAN


AVANT PROPOS

 

La Préface du Tome I a montré comment la modeste fresque intitulée Images de la vie seynoise d'antan a voulu peindre les mœurs et les coutumes du temps passé en remontant jusqu'à l'origine de notre communauté dont les premiers balbutiements se manifestèrent vers la fin du XVIe siècle.

Il y était précisé que le lecteur trouverait sans doute intérêt à mieux connaître l'histoire locale par le rappel d'événements mémorables, de faits de société, de biographies de personnalités, de souvenirs attachants contés sans ordre préétabli, ni chronologie ponctuelle.

Les sujets traités furent faciles à découvrir pour moi, mais je n'imaginais pas après avoir écrit Sicié que vingt-cinq autres textes suivraient.

La famille Audibert a fait l'objet d'un récit, peinture d'une vieille souche de cultivateurs de notre terroir

Combien d'autres familles honorables, des culs-terreux si durs à la peine, auraient mérité la même attention ?

Le quartier des Moulières, la longue histoire de ses lavoirs et de ses personnages folkloriques ont vivement intéressé les vieux Seynois m'a-t-on dit.

Il est probable qu'un historique du quartier des Mouissèques ou celui de Saint-Jean aurait soulevé d'autres enthousiasmes.

Il est certain que les sujets pouvaient être multipliés et en priorité ceux ayant trait aux Affaires maritimes et à la Construction navale, problèmes qui expliquent l'origine de notre cité, son développement économique et social.

J'avais bien conscience de leur importance que timidement j'avais évoqué d'une façon bien fragmentaire à travers des récits comme La Baie du Lazaret, Amable Lagane, ou Le Lancement du Cuirassé Paris sachant pertinemment qu'il faudrait y revenir malgré ce qui avait été dit avant moi.

Louis Baudoin dans L'histoire générale de La Seyne et son port parue en 1965, avait consacré 100 pages de son ouvrage aux questions maritimes, mais n'avait pas abordé le XXe siècle, ce qui m'amène à dire que l'histoire de La Seyne du siècle qui s'achève reste à écrire. Les écrivains seynois de l'an 2000 auront bien des facilités dans la recherche des documents car ils existent en abondance dans les archives municipales, les relations et ouvrages divers écrits ces dernières années sur l'enseignement, le sport, la culture, l'industrie navale, la Résistance. Mes concitoyens et surtout les Seynois de souche trouveront naturel qu'à travers ce cinquième tome de la série Images de la vie seynoise d'antan soit traité spécialement un historique plus précis de la construction navale.

Sans doute ont-ils trouvé choquant qu'il ne l'ait pas été plus tôt, considérant que les activités maritimes de nos ancêtres sont nées avant même La Sagno du XVIe siècle. Ils doivent savoir comment nos anciens ont su exploiter toutes les richesses que la Méditerranée généreuse leur offrait et singulièrement la rade de Telo Martius devenu Tholon au Moyen Âge.

Il m'a semblé qu'il y avait des lacunes à combler dans les historiques précédents. Des redites paraissaient inévitables, mais ce désagrément pouvait être compensé par des documents inédits dont les sources ne sont pas épuisées, loin s'en faut.

J'ai estimé heureuse cette idée d'ajouter un cinquième tome aux Images de la vie seynoise d'antan, en espérant que mes concitoyens y trouveront de l'intérêt et aussi une émotion certaine au rappel de ce fut la vie de milliers de nos anciens, la vie dans tous ses aspects : le travail pour le pain quotidien, les luttes parfois sévères pour le droit au travail, au repos, à la santé, à la liberté d'expression... sans parler des souffrances de la guerre, des privations et des sévices de certaines politiques qu'ils subirent. Mais aussi ne fallait-il pas souligner les immenses satisfactions apportées par les conquêtes du progrès social qui permirent enfin l'amélioration de leur vie qui manquait plutôt d'éclat.

L'historique de la construction navale à La Seyne et surtout celui du XIXe siècle à nos jours devrait être un ouvrage monumental où s'imbriqueraient les problèmes économiques, techniques, les progrès scientifiques, les bilans prestigieux mais aussi les problèmes sociaux avec la mutualité, le syndicalisme, les conditions de travail parce qu'il faut bien dire qu'au siècle où nous vivons, la civilisation des techniques et ses progrès fulgurants font souvent oublier l'homme.

Si Patrick Martinenq dans son ouvrage Place de la Lune ne l'a pas oublié, par contre dans les historiques parus en 1913, 1949, 1956, 1964 et les revues de l'entreprise, les auteurs ont été préoccupés essentiellement par la publicité qui valorisait l'importance et la qualité des travaux exécutés dans ses ateliers.

Ces modestes ouvrages que l'on trouve sans doute dans quelques archives familiales sont ignorés des Seynois dans leur grande majorité. C'est une raison de plus qui m'a poussé à écrire celui-ci en consultant le mieux possible des documents d'archives officiels, en recherchant également les archives vivantes c'est-à-dire les témoignages des anciens dont certains, comme on le lira, se sont exprimés avec truculence dans un langage haut en couleur où se mêlent l'argot, le provençal et l'italien. La rudesse et la trivialité ne devraient pas choquer le lecteur, immunisé d'ailleurs par certaines émissions télévisées.

Toutes les publications précitées ne donnent pas une vue d'ensemble sur cette institution considérable que fut la construction navale seynoise. Avec sa douloureuse disparition, nos citoyens et surtout les milliers de travailleurs ayant vécu son passé prestigieux, ont ressenti un besoin impérieux de voir se concrétiser un bilan et un véritable historique liés intimement à celui de notre communauté âgée maintenant de trois siècles et demi.

C'est pourquoi cet ouvrage est présenté sous la forme d lune synthèse, exercice périlleux par le fait de l'abondance des documents, de l'extrême diversité des sujets. J'aurais pu y accumuler des statistiques, des nomenclatures sans fin ; reproduire des correspondances, décrire de nombreux lancements de bateaux particulièrement grandioses. Il fallait éviter que l'ouvrage ne rassemblât à un « fourre-tout ».

De toute manière, il n'était pas possible de raconter le passé des activités maritimes étalées sur plusieurs siècles en quelques centaines de pages. Il eût été souhaitable aussi que les illustrations y soient beaucoup plus nombreuses : photos de lancements, ateliers, personnel, mais le souci de réaliser un ouvrage de prix très abordable a prévalu.

Mais revenons aux véritables raisons qui m'ont incité à perpétuer le souvenir d'un passé grandiose auquel des milliers de nos concitoyens sont si attachés.

J'ai estimé nécessaire, dans un sentiment bien naturel de vénérer profondément tous ces travailleurs, manuels et intellectuels qui ont tant œuvré et créé de leurs mains et de leur cerveau en même temps qu'ils menaient de rudes combats pour améliorer leurs conditions de vie et celles de notre communauté seynoise. Ce livre est né du regret profond et d'un véritable chagrin de voir disparaître une industrie qui fit des merveilles.

Les Seynois n'ont pas le droit d'oublier dans les ombres de leur histoire locale les milliers de leurs anciens, morts d'épuisement à la tâche par les cadences infernales du siècle dernier, les accidentés, victimes parfois de leur imprudence, mais le plus souvent par le manque de sécurité et les mauvaises conditions de travail.

Toutes ces victimes généralement oubliées ont séduit ma sensibilité et conquis ma reconnaissance et me rappellent cette phrase sublime d'André Suarès : « Comme ils souffrent les morts qu'on n'aime plus ». Tout le monde n'a pas eu les mêmes réactions devant la catastrophe de la fermeture des chantiers navals. Une information parue dans la presse locale au cours de l'année 1991 me poussa irrésistiblement à répliquer aux propos d'un habitant, sans doute un mauvais Seynois d'adoption, ignorant tout du passé glorieux de La Seyne et de sa population travailleuse, qui déclara au moment où le personnel de la Navale dans l'union la plus complète, livrait ses ultimes combats pour la sauvegarde de son droit à la vie : « Les Seynois seront soulagés quand le mur des Chantiers tombera comme l'ont été les Allemands qui ont vu disparaître le mur de Berlin ».

Comment qualifier une telle opinion pour le moins stupide pour ne pas employer un adjectif plus discourtois. Que doit penser aujourd'hui ce pauvre diable alors que les années passent et que les problèmes économiques attendent toujours des solutions efficaces ?

Autre observation de cet avant-propos : le sommaire est très significatif des vicissitudes des industries seynoises à travers les siècles. Certes les périodes prospères et même glorieuses ont été mises en évidence, mais hélas ! il a fallu en venir à l'issue fatale que j'ai racontée avec beaucoup d'amertume.

Dans les années 80, une grande inquiétude, Ô ! combien justifiée, menaça la population seynoise. On parlait intensément de la crise économique locale engendrée par une possible disparition de la construction navale. Les travailleurs multiplièrent les actions, comme ils l'avaient fait 15 ans auparavant avec succès pour sauver la grande industrie seynoise. Mais les politiciens au pouvoir en 1980 avaient des conceptions bien différentes de ceux des années 60-70 sur l'indépendance économique de la France. Ils savaient pertinemment qu'on allait vers la disparition des chantiers maritimes. Naturellement, il nous faudra bien revenir quelque peu sur la gravité des problèmes locaux liés d'ailleurs à ceux de la France entière en observant toutefois que le but de cet ouvrage n'est pas la recherche des polémiques mais surtout le souci majeur de rendre hommage à l'œuvre considérable accomplie par nos anciens qui firent de La Seyne une ville industrielle de renommée mondiale par la qualité de ses travaux, ce que le texte du Tome II consacré à Amable Lagane a déjà prouvé abondamment.

Autre remarque : À travers les développements relatifs aux questions sociales, aux luttes revendicatives, aux rapports humains, il se dégage, obligatoirement à mon sens, quelques structures d'idées, lesquelles ne feront pas toujours l'unanimité des lecteurs dont il faut espérer qu'ils admettront pour l'auteur le droit d'analyser, de commenter, de porter des jugements sur des faits authentifiés avec le plus grand sérieux.

Cet avant-propos appelle encore quelques réflexions avant d'entrer dans le vif du sujet.

Précisons que les problèmes de la Construction navale ne doivent pas être confondus ici avec les Affaires maritimes ou simplement la Vie maritime dont Louis Baudoin a parlé longuement dans son Histoire générale de La Seyne-sur-Mer. La documentation qu'il apporte sur les armateurs, les navires et marins seynois est considérable. Son étude porte sur les règlements du commerce maritime, sur les événements et sinistres de la mer, sur l'activité du port de La Seyne, sur les constructions de navires à partir du XVIe siècle, sur l'activité et les exploits des corsaires seynois, sur les troupes de la marine et leurs garnissons à La Seyne. Cette énumération est suffisante pour convaincre le lecteur de l'extrême diversité des problèmes de la mer auxquels les hommes ont été sensibilisés depuis leurs origines en observant que le point de départ de la construction navale reste difficile à préciser sur nos rivages méditerranéens.

Nos ancêtres de la Préhistoire ont certainement pensé à tirer parti de la flottabilité des bois ; à les assembler pour faire des radeaux poussés par des perches, longer les rivages paisibles de la baie du Lazaret ou de Telo Martius pour y capturer de précieuses ressources.

Au fil des siècles, les esquifs primitifs furent améliorés dans leurs formes et leurs moyens de propulsion.

On sait bien comment le génie humain a su créer des merveilles pour maîtriser les forces de la nature, affronter les dangers de la mer sans pouvoir toutefois, les vaincre tout à fait.

Avant même que nos ancêtres Celto-ligures se soient intéressés aux problèmes de la navigation maritime, des peuplades lointaines particulièrement captivées par l'exploitation des minerais, par le commerce des marchandises et aussi celui des esclaves, longeaient les rivages méditerranéens bien avant que la boussole ne fut connue, savaient construire de beaux navires actionnés par des rameurs enchaînés à leur banc et parfois des vents favorables.

Leurs maîtres, propriétaires armateurs et négociants firent régner la terreur sur tous les rivages de la Méditerranée appelée un jour Mare nostrum par les Romains. L'influence de ces pirates dura plusieurs millénaires. Les historiens les ont nommés Les peuples de la mer. D'où venaient-ils ? Leur histoire a été évoquée dans le Tome I (texte intitulé Sicié). On sait que les peuples de l'Antiquité : Égyptiens, Phéniciens, Crétois, Grecs et Romains avaient su créer des flottes de guerre et de commerce. Quels charpentiers de marine admirables, ces hommes dits primitifs qui savaient assembler les quilles et les varangues donner des galbes de haute précision aux membrures et aux carlingues ; utiliser des clous et des chevilles en cuivre et en bronze. Ils furent des exemples incomparables pour les populations autochtones qui aspiraient à l'exploitation des richesses marines, mais ne purent en tirer profit que bien plus tard.

Les Phocéens fondèrent Massalia en Gaule (Marseille) en 600 avant notre ère et un siècle plus tard, Six-Fours. Mais la véritable occupation des rivages par nos ancêtres ne s'effectua qu'au début du XVIe siècle en raison de la piraterie, avons-nous dit et aussi par les difficultés d'accès au littoral marécageux envahi de siagnes, de joncs, de massettes et de roseaux. Quand ces obstacles furent vaincus les Six-fournais creusèrent un premier port au quartier de La Sagno (plus tard La Seyne) et se posa alors le problème de la construction navale autour du XVe siècle.

Nous verrons comment les premiers esquifs utilisés d'abord pour la pêche côtière furent remplacés au fil des années par des moyens de navigation de plus en plus importants au service des voyageurs et des marchandises.

Les premiers chantiers navals s'établirent tout près du grand môle (quai Hoche). Leurs emplacements connurent des mutations nécessitées par les transformations portuaires comme le montrent les croquis du début de l'ouvrage.

Ils furent impulsés par les armateurs, négociants et pêcheurs six-fournais. Le groupement urbain du quartier de La Sagno prit une extension rapide, lutta pour obtenir son indépendance et sous le règne de Louis XIII, obtint d'être détaché de sa métropole d'origine. Les lettres patentes du Roi, en date du 13 juin 1631, parlant du Havre de La Seyne disaient : " Que ce lieu est situé au bord de l'un des meilleurs et plus beaux ports de notre côte du Levant au dit pays, dans lequel abordent ordinairement beaucoup de barques et de vaisseaux ".

L'indépendance totale de La Seyne ne sera obtenue qu'en 1657. À partir de là, notre cité mère passera pour être le premier centre d'armement de la côte provençale après Marseille et La Ciotat.

Les progrès de la construction navale seynoise ne s'affirmeront vraiment qu'à partir du XVIIe siècle où l'on vit apparaître des felouques, des tartanes de 100 à 300 tonneaux.

De cette véritable industrie naquit une classe de travailleurs spécialistes des activités maritimes : charpentiers de marine, calfats, cordiers, voiliers, gréeurs, lesteurs, tonneliers, etc. qui exerceront leurs talents pendant plus d'un siècle.

Nous dirons la nature de leurs travaux qu'on pouvait qualifier déjà de haute technologie, nous rappellerons le souvenir des constructeurs issus des vieilles familles du terroir seynois et six-fournais.

Et puis ce sera le passage aux constructions en fer et à vapeur par un entrepreneur audacieux M. Mathieu qui, en 1835, établira ses chantiers sur la plage de la Lune face à ceux des Esplageols où l'on continuera la construction en bois pendant un demi-siècle.

Avec la naissance de la Société des Forges et Chantiers de la Méditerranée entre 1852-1856, Société au capital de 4 millions de francs (8000 actions de 500 F), la grande construction navale va commencer vers la fin du XIXe siècle,

La Seyne sera connue du monde entier pour la construction de ses navires dont nous donnerons partiellement des statistiques, tout en montrant l'apparition des forces motrices nouvelles dont le pétrole et la merveilleuse électricité.

Mais aux périodes de prospérité fulgurante succéderont celles de la récession occasionnées par les événements nationaux ou internationaux. La guerre de 1914-1918 fit chuter considérablement la construction des navires tandis que les chantiers anglais, américains et japonais connaissaient une activité fébrile.

Déjà pour faire face aux difficultés les techniciens et ingénieurs seynois surent s'adapter rapidement à des fabrications nouvelles wagons, chars d'assaut, canons, obus...

Après l'Armistice de 1918, nos chantiers seynois furent confrontés à de nouveaux problèmes. De nombreux chantiers organisés par de puissantes sociétés étrangères, s'établissent à Dunkerque, Rouen, Bordeaux, Nantes, Saint-Nazaire. Leur concurrence mit à rude épreuve nos chantiers locaux - qui vivaient peut-être un peu trop sur leur prestige du temps passé.

Des efforts méritoires redonneront à La Seyne des activités fécondes avant la seconde guerre mondiale. Nous évoquerons plus loin le passage du ministre Georges Leygues qui impulsa la rénovation de la marine légère tandis qu'en tonnage marchand on assista à une spécialisation de navires transméditerranéens et à une diversification de travaux particulièrement délicats : barrage de Génissiat, barrages flottants pour Suez, etc.

Hélas ! Il nous faudra reparler de la guerre. La deuxième guerre mondiale avec toutes les conséquences néfastes que l'on connaît : l'arrivée des Allemands en 1942, la répression dont nous avons longuement parlé dans les ouvrages précédents. La destruction complète des chantiers en 1944 puis la reconstruction feront l'objet de longs développements.

Et puis, de ce dernier demi-siècle, nous évoquerons toutes les vicissitudes de nos industries locales ; les périodes prospères alternant avec les récessions ; les incertitudes économiques, les complexités, les désordres de la vie politique mondiale avec tous les dangers qui en découlent. Enfin, il faudra en venir au déclin et au désastre de l'économie seynoise, dont on ne sait pas encore au moment où ces lignes sont écrites, comment elle pourra retrouver un nouveau souffle.

Tout en suivant naturellement un ordre chronologique, l'ouvrage dans ses différentes composantes a cherché à fondre les documentations riches des ouvrages précédents sur la construction navale.

Mais il a bien fallu leur apporter des compléments, certains n'ayant pas abordé le XXe siècle, d'autres traitant les dernières décennies d'une manière très superficielle.

Notons cependant la publication dans les années 1960 d'une revue mensuelle de l'entreprise qui reflétait ses activités fructueuses dans les aspects les plus divers : économiques, techniques, humains.

Le personnel recevait gratuitement cet ouvrage intitulé Méditerranée. Son contenu a permis pendant plusieurs années, d'enrichir l'histoire de la construction navale seynoise.

Il aurait été également intéressant d'étendre notre monographie à d'autres activités parallèles dans le tissu industriel seynois en rappelant ce qu'apportèrent à l'économie locale les Chantiers maritimes du Midi (ex-Baudoin), la Société d'études et de constructions aéronautiques et navales (Chausson), les Chantiers Arnal Rovère, la Société du matériel naval du Midi (S.M.N.M.) qui offrirent aux Seynois pendant longtemps des centaines d'emplois. On aurait pu également évoquer les activités des entreprises Bonturi, Van Acker, Abeilles se rattachant aux problèmes de la Navale.

En conclusion de ce préambule succinct, ajoutons que cet essai de synthèse offrira tout de même aux lecteurs une multitude d'aspects générateurs de sérieuses réflexions : jugements sur les mérites de nos anciens qui surent par leur travail rude, leur obstination, leur ingéniosité donner à la construction navale seynoise grandeur et prestige à l'échelle mondiale, sur les travailleurs consciencieux : ingénieurs, techniciens, employés, ouvriers, manœuvres qui, par milliers ont œuvré à la prospérité de La Seyne et de l'économie régionale. Rappelons au passage que des centaines d'entre eux ont laissé leur vie sur les chantiers à une époque où les conditions de sécurité étaient trop souvent négligées, que les avantages de la mutualité et de la sécurité de l'emploi, de l'amélioration des conditions de vie en général ont été défendus par de valeureux militants, dévoués et pauvres.

Autre aspect non négligeable : l'accueil dans nos industries locales de nombreux travailleurs immigrés qui ont contribué, contrairement à l'opinion des racistes, ignorant eux-mêmes leur propre identité, à l'enrichissement du patrimoine local.

Pour terminer cet avant-propos qui a voulu éclairer les lecteurs sur la conception de ce cinquième tome, ajoutons que depuis le mois d'octobre 1992 la revue Sillages, expression d'une association récente présidée par l'ingénieur Marc Ferrier s'est proposée de valoriser et de perpétuer le patrimoine de La Seyne et de ses chantiers sous la forme d'un ouvrage magnifique intitulé : Les Pionniers. Toute l'équipe des rédacteurs a eu bien du mal à reconstituer avec fidélité le passé de la construction navale seynoise, quand on sait qu'une partie des archives a disparu du fait de la soldatesque allemande. Celles de l'après-guerre, c'est-à-dire des tonnes de dossiers, ont été dispersées, mais se retrouvent en grande part aux archives départementales dit-on. En dépit des difficultés, espérons tout de même que toute la lumière sera faite sur le passé glorieux de nos chantiers navals et que les efforts conjugués des chercheurs locaux et des historiens amoureux passionnés de leur petite patrie, sauront mémoriser les plus belles pages de l'histoire de la vie seynoise d'antan.

Marius AUTRAN


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