Généralités sur cette élection présidentielle :
La
septième élection présidentielle de la
Cinquième République s'est tenue en France les 23 avril
et 7 mai 1995. Neuf candidats se sont présentés et
Jacques Chirac, candidat du RPR, a obtenu au second tour 52,64 % des
voix face au candidat socialiste, Lionel Jospin. Succédant aux
deux mandats du socialiste François Mitterrand, Jacques Chirac a
été investi dans ses fonctions de président de la
République le 17 mai 1995.
Liste des 9 candidats présentée par le Conseil constitutionnel le 6 avril 1995 :
Cette
élection a notamment été marquée par un
fort taux d'abstention (21,6 % au premier tour et 20,3 % au second
tour) et par l'élimination du Premier ministre sortant,
Édouard Balladur, longtemps favori des sondages mais
arrivé en troisième position au premier tour avec
seulement 18,58 % des voix.
Au lendemain du second tour, la France célébrait le cinquantième anniversaire du 8 mai 1945 et fut représentée par deux présidents puisque Jacques Chirac était élu mais pas encore investi et François Mitterrand n'avait pas encore quitté ses fonctions.
Contexte :
À gauche, on assiste à une valse-hésitation de Jacques Delors dont la notoriété et sa popularité semblent en faire le candidat naturel des socialistes. Pendant les mois qui précèdent l'élection, les pronostics opposent le Premier Ministre en fonction Édouard Balladur et l'ancien ministre socialiste Jacques Delors. Mais celui-ci ne fera jamais fait acte de candidature et finit par renoncer à quelques semaines de l'élection laissant la voie libre à Lionel Jospin, premier secrétaire du parti.
Au
Parti socialitse, la primaire en interne voit alors la victoire de
Lionel Jospin sur Henri Emmanuelli (par 65,85 % contre 34,15 %), ce
dernier représentant l’aile gauche du parti.
À droite, il y a rivalité entre Édouard Balladur et Jacques Chirac. Les sondages sont, dans un premier temps, très défavorables à Jacques Chirac (Arlette Chabot, journaliste de France 2, ira même jusqu’à demander s’il renonce), ils finissent par montrer une inversion de tendance.
Inversion des sondages avant le premier tour (Source : Wikipedia) |
Plusieurs facteurs renversent la tendance initialement favorable à Édouard Balladur : 1) Jacques Chirac apparaît comme plus proche et plus « sympathique », peut-être en partie grâce à l'influence des Guignols de l'info. 2) Le thème de la fracture sociale, inspiré par Henri Guaino (ultérieurement devenu la « plume » de Nicolas Sarkozy), qui lui donne un angle d'attaque contre le bilan du Premier ministre. 3) Édouard Balladur aurait eu un problème d’image qui, entre autres, concourt à son effondrement dans l’opinion.
Dans le Var :
Rappel des résultats des trois dernières élections présidentielles :
Var-Matin, dimanche 23 avril 1995 |
Rappel des pourcentages obtenus par les candidats des principaux partis politiques :
Var-Matin, dimanche 23 avril 1995 |
Tous les candidats, avec leur profession de foi [Sources : archives Jean-Claude AUTRAN]
M. Philippe DE VILLIERS, Mouvement pour la France
M. Jean-Marie LE PEN, Front national
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M. Jacques CHIRAC, Rassemblement pour la République
Mlle Arlette LAGUILLER, Lutte ouvrière
M. Jacques CHEMINADE, Parti ouvrier européen
M. Lionel JOSPIN, Parti socialiste, soutenu par Radical
Mme Dominique VOYNET, Les Verts
M. Edouard BALLADUR, Rassemblement pour la République, soutenu par l'Union pour la démocratie française
M. Robert HUE, Parti communiste français
Résultats du premier tour (23 avril 1995) à La Seyne-sur-Mer
Sources : Politiquemania et archives Jean-Claude AUTRAN
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Inscrits |
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Abstentions |
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Votants |
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Blancs ou nuls |
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Exprimés |
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Ont obtenu :
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M. Jean-Marie LE PEN |
6 622 | 23,62 % |
M. Edouard BALLADUR |
4 661 | 16,63 % |
M. Lionel JOSPIN |
4 623 | 16,49 % |
M. Jacques CHIRAC | 4 471 | 15,95 % |
M. Robert HUE |
4 458 | 15,90 % |
Mlle Arlette LAGUILLER | 1 437 | 5,13 % |
M. Philippe de VILLIERS |
991 | 3,54 % |
Mme Dominique VOYNET |
702 | 2,50 % |
M. Jacques CHEMINADE |
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Var-Matin, lundi 24 avril 1995 |
Comparaison des résultats en France et dans le Var A la Une de Var-Matin, lundi 24 avril 1995 :
Dans le Var, le classement des quatre premiers candidats est l'inverse de celui obtenu en France
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Inscrits |
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Abstentions |
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Votants |
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Blancs ou nuls |
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Exprimés |
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Ont obtenu :
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M. Lionel JOSPIN |
7 098 191 | 23,30 % |
M. Jacques CHIRAC |
6 348 696 | 20,84 % |
M. Edouard BALLADUR |
5 658 996 | 18,58 % |
M. Jean-Marie LE PEN | 4 571 138 | 15,00 % |
M. Robert HUE |
2 632 936 | 8,64 % |
Mlle Arlette LAGUILLER |
1 615 653 | 5,30 % |
M. Philippe de VILLIERS |
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Mme Dominique VOYNET | 1 010 738 | 3,32 % |
M. Jacques CHEMINADE | 84 969 | 0,28 % |
Candidats présents au second tour (7 mai 1995) [Source : archives Jean-Claude AUTRAN]
Rappel des sondages dans l'hypothèse dun duel Chirac-Jospin (Source : Wikipedia) |
M. Jacques CHIRAC, Rassemblement pour la république
M. Lionel JOSPIN, Parti socialiste, soutenu par Radical
Nombre % Inscrits Inscrits
41 185 100,00 % Abstentions
11 535 28,01 % Votants
29 650 71,99 %
Nombre % Votants Blancs ou nuls
2 504 8,45 % Exprimés
27 146 91,55 % Ont obtenu :
Nombre % Exprimés M. Jacques CHIRAC
14 656 53,99 % M. Lionel JOSPIN
12 490 46,01 %
Nombre % Inscrits Inscrits
39 976 944 100,00 % Abstentions
8 131 125 20,34 % Votants
31 845 819 79,66 %
Nombre % Votants Blancs ou nuls
1 902 148 5,97 % Exprimés
29 943 671 94,03 % Ont obtenu :
Nombre % Exprimés M. Jacques CHIRAC
15 763 027 52,64 % M. Lionel JOSPIN
14 180 644 47,36 % M. Jacques CHIRAC est élu Président de la République
À l’issue du premier tour, Lionel Jospin, candidat du PS, arrive en tête du premier tour et en tête dans la majorité des départements malgré la faiblesse de la gauche après quatorze années de présidence miterrandienne ; Édouard Balladur termine en troisième place alors qu'il était favori en février où il obtenait pourtant 30 % des intentions de vote mais en avril il s'effondrait à 19,5 %, face à Jacques Chirac en deuxième position, dont les observateurs de la campagne s’accordent à dire qu'il a bénéficié de sa posture « sociale » face à Édouard Balladur, le « libéral » ; Jean-Marie Le Pen, président et candidat du Front national, se classe quatrième et confirme ainsi son ascension électorale : de 0,75 % en 1974, il passe à 14,38 % en 1988 pour atteindre 15,10 % en cette élection de 1995, et arriva de plus en tête dans le Bas-Rhin, le Haut-Rhin, la Moselle, le Var, le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône, la Loire, et arrive en seconde place dans les autres départements de l'Est, les Alpes-Maritimes et le Nord ; cette progression se confirmera en 2002 avec son accession au second tour grâce à un score de 16,86 % ; le score de Robert Hue, cinquième, traduit l’inexorable chute électorale du PCF depuis son « phagocytage » amorcé par François Mitterrand dans le passé, il améliore toutefois le score d’André Lajoinie en 1988 (6,76 % des voix) ; Arlette Laguiller, candidate de LO, se place en sixième position et dépasse pour la première fois les 5 % en obtenant un score de 5,30 %, ce qu’elle rééditera en 2002 avec 5,72 % des suffrages ; Philippe de Villiers, candidat du MPF et septième, ne récolte que 4,74 % des suffrages, ce qui le prive d’un remboursement intégral de ses frais de campagne et le ruine.
Le second tour voit la victoire assez nette de Jacques Chirac, candidat du RPR, avec 52,64 % des voix, face à Lionel Jospin, en situation de faiblesse du fait de l’épuisement de la gauche dans l’exercice du pouvoir. Ce dernier dira d’ailleurs : « On ne pouvait pas gagner, car nous étions à la fin d’un cycle politique ».
Après l'élection : Après quatorze ans de présidence socialiste, Jacques Chirac est investi dans ses fonctions le 17 mai 1995. Il nomme Alain Juppé, son adjoint à la mairie de Paris et ministre des affaires étrangères du Gouvernement Édouard Balladur, au poste de Premier ministre.
Devenu rapidement impopulaire, Jacques Chirac dissout l'Assemblée nationale le 21 avril 1997, pensant prendre de vitesse la gauche avant les législatives prévues pour 1998 et conserver ainsi la majorité. Après le second tour du scrutin, l'union RPR-UDF, qui comptait alors 472 députés sur 577, n'en garde plus que 253, tandis que la gauche plurielle de Lionel Jospin (socialistes, radicaux, communistes, Verts) en remporte 319. Jacques Chirac nomme Lionel Jospin Premier ministre le 2 juin 1997, pour former la troisième cohabitation, qui durera cinq ans.
Les comptes de campagne d'Édouard Balladur ont été mis en doute en 2010 pour avoir intégré d'importantes sommes en liquide qui pourraient émaner de possibles rétro-commissions d'un contrat militaire avec le Pakistan. Selon le président d'alors du Conseil constitutionnel Roland Dumas, les comptes n'auraient été validés qu'après de houleux débats en passant outre des anomalies dans les comptes de campagne d'Édouard Balladur mais aussi de Jacques Chirac. Selon Jacques Robert, qui siégeait à l'époque au Conseil constitutionnel et a été le premier à évoquer ces irrégularités dès 2002, les comptes de campagne des deux candidats ont été ajustés à la demande de Roland Dumas.
- Var-Matin, dimanche 23 avril 1995. Titre de la Une : « Présidentielles : le verdict de l'isoloir » ; page 3 : « Le Var aux urnes - Plus de 600 000 électeurs appelés à choisir parmi les 9 candidats à la présidentielle. Notre département va-t-il une nouvelle fois se singulariser ? » - « Rappel des résultats dans le Var depuis l'élection du Président au suffrage universel direct ». - « Evolution du rapport droite - gauche dans le Var depuis 1978 ».
- Var-Matin, lundi 24 avril 1995. Titres de la Une : « Jospin-Chirac : ticket surprise » - « L'imprévu », par Michel Grillet - « Contre toute attente, Lionel Jospin arrive nettement en tête de ce premier tour. Jacques Chirac lui sera opposé dans quinze jours. Son avance sur Edouard Balladur est relativement faible par rapport aux prévisions des sondages. A l'inverse, dans le Var, Jean-Marie Le Pen (22,35 %) confirme l'implantation du Front national, devançant tous les autres candidats, Edouard Balaldur d'abord (21,09 %), Jacques Chirac ensuite (19,06 %). Pour sa part, Lionel Jospin (17,30 %) doit se satisfaire de la quatrième place » ; pages 2-3, 8 et 32 : Réactions et commentaires : « Un vote fragmenté » - « Le Var a moins voté qu'en 1988 » - P.C. : « L'agréable confirmation - Laguiller : un "vote gadget" » - « Satisfaction au Front national » - « Morosité chez les balladuriens » - « La joie des socialistes » - « Soulagement dans le camp chiraquien » - Léotard : « Le jour le plus long » - Hubert Falco : « Soutenir Jacques Chirac au second tour » - J.-P. Giran (RPR) : « Un vote contestataire » - Christian Martin (PS) : « La victoire est possible » - Louis Colombani (UDF) : « Un duel démocratique » - Daniel Colin (PR) : « Se mobiliser » - Maurice Delplace (PC) : « L'extrême-droite est dangereuse » - Christian Goux (PS) : « L'espoir » - Norbert La Rosa (RPR) : « Une situation inversée » - François Hérisson : « Mobiliser les forces de droite » - Jacques Castor (UDF) : « Assurons la victoire du candidat libéral » - Gérard Dauvergne (Verts) : « Un nécessaire rassemblement » - Philippe Arcamone (PC) : « Résultat encourageant » - Léopold Ritondale (UDF) : « Désapointé » - Arthur Paecht (PR) : « Le RPR doit avoir le triomphe modeste » - François Trucy (PR) « La droite est "incontournable" » - Marc Bayle (RPR) : « Satisfait pour Chirac ! » ; pages 4-9 : Résultats dans le Var et en France.
- Le Monde, mardi 9 mai 1995 : A la Une : « M. Chirac s'engage à faire de la lutte contre le chômage sa « bataille principale » à la tête de l'Etat » - « Grâce à un bon report des voix de droite et d'extrême-droite, le maire de Paris, avec 52,59 %, a nettement devancé Lionel Jospin. Le candidat socialiste, qui a largement amélioré le potentiel de la gauche, exprime sa volonté de prolonger son entreprise de rénovation ».
Le Monde, 9 mai 1995
- Le Monde, mardi 9 mai 1995, pages 2-7 : « M. Chirac est élu Président de la République avec 52,59 % des voix - « Mieux » placé que Valéry Giscard d'Estaing en 1974 et François Mitterrand en 1981, le nouveau Président de la République s'engage à mettre un Etat « vigoureux », « impartial » et économe des « deniers publics » au service de la lutte contre le chômage - « Tolérants, fraternels, mais aussi audacieux et conquérants » - Place de la Concorde : « Maintenant qu'il est élu, faut y croire » - « La victoire des compagnons des jours difficiles » - Succession convoitée à l'hôtel de ville de Paris : M. Tibéri, donné pour favori, devra compter avec les candidatures de M. Toubon et de M. Dominati - Le RPR, un « parti présidentiel » avant l'heure. La famille néogaulliste aura mis vingt et un ans pour que l'un des siens retrouve le chemin de l'Elysée - Les électeurs balladuriens se sont montrés disciplinés - L'UDF spectatrice de la victoire de son vieil adversaire - M. Jospin appelle ses partisans à « préparer les succès de demain ». Le candidat socialiste entend profiter de son résultat pour rénover le PS en s'appuyant sur une nouvelle génération de dirigeants : « Se rassembler pour prolonger l'espérance » - Une femme [Martine Aubry] et cinq hommes [Daniel Vaillant, Bertrand Delanoë, Jean-Christophe Cambadélis, Pierre Moscovici, Dominique Strauss-Kahn] autour du candidat de la rénovation. « Ce n'est qu'un début, continuons le combat !... » - Les bulletins blancs et nuls en constante progression : près de 6 % ont refusé de choisir, une tendance qui s'affirme depuis le milieu des années 80 - Les résultats du second tour dans les départements de la métropole - Lyon s'est prononcé à près de 60 % pour M. Chirac - M. Jospin a récupéré le « vote protestataire » dans le Nord-Pas-de-Calais - L'influence de M. Le Pen a été marquante en Alsace - « Les Guignols » ont sacré M. Chirac avant les autre chaînes - Alain Juppé veut garder la tête froide - Martine Aubry : « Nous avons fait de la politique autrement » - Jean-Marie Le Pen : « La République est totalement RPR ».
- pages 15-18 : « Monsieur le Président ! » - « Peut-être cet homme lisse dont le regard s'isole quelquefois va-t-il sortir du rôle où il enferme sa carrière, peut-être va-t-il prendre une autre mesure de ce qu'il est, de ce qu'il peut » - L'enjeu européen - Changement ? - Reconstruire la gauche - La majorité de Jacques Chirac reste à inventer - Le nouveau visage du gaullisme ».
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