La Seyne_sur-Mer (Var)   Histoire de La Seyne_sur-Mer (Var)
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du Tome IV
Marius AUTRAN
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Images de la vie seynoise d'antan - Tome IV (1992)
Avant-propos
 
Les vrais hommes de Progrès
sont toujours ceux
qui ont pour point de départ
un respect profond du passé.
Tout ce que nous faisons,
tout ce que nous sommes
est l'aboutissement d'un travail séculaire.
 
Ernest Renan
(Souvenir d'enfance et de jeunesse)

 

Mes remerciements

Voici encore quelques pages représentatives de la vie seynoise d'antan avec un quatrième tome et six récits qui s'ajoutent aux vingt-cinq précédents.

Comme d'habitude, il me faut remercier les amis, les camarades, qui ont participé peu ou prou à cette nouvelle publication. Il s'agit de M. et Mme Gazzano, Mme Todeschini, directrice honoraire de l'École Curie, Mmes Poirel, Blanc, Giuseppi, Ciampi, anciennes élèves, M. et Mme Rabattut, Mmes Tisserand et Silvy, MM. Razzanti, Martin et Vorgeat, Mmes Mathilde Ravestein, Paulette Bagliotto, Élise Scaronne, M. Constant.

Que tous ces amis qui m'ont aidé à mener à bien cet ouvrage sous des formes diverses : témoignages oraux, prêts de documents écrits, illustrations, veuillent trouver ici l'expression de ma profonde gratitude.

 

AVANT PROPOS

J'espère que mes élèves René Merle et Jacques Girault, anciens de l'École Martini, devenus historiens professionnels, professeurs agrégés et docteurs en histoire et littérature, qui m'avaient fait l'honneur de préfacer le Tome I des Images de la vie seynoise d'antan il y a cinq ans déjà, n'ont pas été déçus par les ouvrages qui ont suivi.

Il ne me semble pas que leurs premiers jugements aient été faussés par les textes des Tomes II et III dont la conception n'a pas varié avec la formule : " Récits, portraits, souvenirs ".

Aux huit premiers textes sur lesquels ont porté leurs remarques, sont venus s'en ajouter dix-sept autres en 1988 et 1990, véritable kaléidoscope des images du temps passé avec des peintures de moeurs, des faits ou événements mémorables de notre histoire locale, avec le souci permanent de montrer nos anciens en lutte contre l'adversité et leur volonté d'aller toujours dans la voie du progrès matériel et moral.

L'histoire seynoise présentée sous la forme de multiples " facettes " écrites sans ordre préétabli, a obtenu la faveur du public qui dans sa majorité préfère lire des histoires avec, si possible, un caractère anecdotique, qu'un véritable livre d'histoire, avec des chapitres dont l'austérité est souvent difficile à éviter pour l'auteur.

De toute manière, quelle que soit la formule, il est certain que nos concitoyens de ce siècle, trop souvent déçus par une société qui se dégrade de jour en jour, ont besoin de souvenirs du passé, de cette ambiance de convivialité qu'on ne trouve plus guère aujourd'hui, alors que chacun ne pense qu'à verrouiller ses portes, à poser des alarmes et des antivols à ses véhicules, à s'épier devant les guichets de la Poste ou de la banque.

Sans vouloir cultiver un passéisme étroit, comment les Seynois de ma génération pourraient-ils oublier l'époque heureuse où la construction navale donnait du travail à des milliers de citoyens, alors que l'on compte 6.000 chômeurs à La Seyne et cela depuis plusieurs années.

Ils ont de la peine à imaginer que nos anciens des premiers quartiers ne fermaient même pas leur porte à clef le soir au coucher, que certaines familles hospitalières accueillaient de pauvres hères grelottant sous la froidure de l'hiver et leur permettaient de se chauffer devant la cheminée basse de leur cuisine et même d'y passer la nuit en somnolant.

N'est-il pas vrai que les pêcheurs amateurs ou professionnels laissaient en permanence leurs engins de pêche sur leur bateau, sans la crainte des voleurs, des chapardeurs ou autres chenapans en mal de vandalisme comme on le voit chaque jour autour de nous ?

Certes, la perfection n'existait pas, mais dans notre paisible bourgade, il était bien rare que des actes graves de malveillance viennent troubler outre mesure la quiétude des habitants.

On s'entraidait, on se soignait mutuellement, on gardait les enfants des autres en mal d'épidémie, on se prêtait de l'argent sans intérêt, on faisait tout le possible pour faciliter la vie communautaire.

Comme disait ma grand-mère : " quand on se voyait, on se faisait des fêtes ".

Ce quatrième tome des " Images de la vie seynoise d'antan " comporte six sujets supplémentaires qui témoignent comme les autres des aspects de la vie de nos anciens, à partir même de la fondation de notre cité avec une étude sur le Quartier Beaussier, le plus ancien, celui qui fut le point de départ, l'embryon d'un village d'un millier d'habitants au XVIIe siècle, devenu la grande ville moderne de 60.000 habitants que nous connaissons aujourd'hui.

Des habitations les plus anciennes construites au XVIe siècle jusqu'au quartier actuel avec ses structures sociales imposantes, édifiées dans le respect du noyau central original, le lecteur suivra peu à peu les transformations s'opérer dans tous les domaines : urbanisme, activités des gens, mentalités...

Pendant des siècles, la physionomie du quartier Beaussier ne varia pas beaucoup. Situé entre le quartier des Tortels, où s'édifia le Couvent des Capucins en 1621 et le quartier des Cavaillons, qui vit la naissance de la Paroisse, de l'Hôtel de la Dîme, de la Chapelle des Pénitents blancs, il n'évolua qu'avec une extrême lenteur

Ce sera seulement dans le milieu du XIXe siècle, avec la naissance de la construction navale sur nos rivages que s'affirmera son peuplement avec des ouvriers charpentiers de marine, ses métallurgistes, des journaliers travaillant dans les domaines des Plaines, de Saint-Jean et de Lagoubran, la plupart d'origine seynoise, sans oublier toutefois un apport étranger important de Piémontais, de Toscans, de Napolitains et aussi de Siciliens, spécialistes de la pêche.

Au début de ce texte, il nous a paru nécessaire d'expliquer l'origine des Beaussier dont la notoriété dépassa largement les limites de la commune. Peut-être le lecteur trouvera-t-il fastidieuse l'énumération de nombreuses familles retrouvées dans la région, et pourtant cette recherche généalogique reste bien superficielle.

Remarquons qu'il est un peu décevant de ne plus trouver sur le terroir seynois un seul Beaussier susceptible de pérenniser le nom de cette illustre famille.

Quels buts avons-nous recherchés dans les textes qui suivent sous la rubrique : Ils sont venus à La Seyne ?

Faire connaître à nos concitoyens et surtout à la jeunesse des personnages qui ont contribué d'une manière ou d'une autre à rehausser le prestige de notre cité et à faire son histoire, inséparable d'ailleurs de notre histoire nationale.

Exception faite pour un seul cas que le lecteur découvrira sans peine, nous avons tenu des propos élogieux à leur endroit, tout simplement parce qu'ils les ont mérités dans l'exercice de leurs fonctions officielles ou de leurs motivations d'une extrême diversité.

Leurs oeuvres ayant atteint le niveau de la célébrité, il nous a paru nécessaire de pérenniser leur nom, même si celui-ci figure déjà sur les plaques émaillées apposées sur les murs de la ville.

À des titres divers, ils ont rendu des services éminents à La Seyne et à la population : les uns ont concouru à la défense de notre patrimoine, fait prospérer l'économie de notre cité. D'autres ont travaillé pour améliorer les conditions de vie de tous, vanté les mérites de sa population travailleuse, ou encore chanté par leurs écrits, les beautés de la nature si attachante de notre terroir.

On peut ne pas aimer les militaires, mais il faut bien admettre que les grands marins que furent Duquesne, Duguay-Troin, Suffren, oeuvrèrent avec efficacité pour nous débarrasser de la piraterie sarrasine ; que Bonaparte, général républicain, chassa les Anglais de Toulon en 1793, que de Lattre de Tassigny libéra notre sol provençal des hordes nazies de triste mémoire.

On peut ne pas aimer les ecclésiastiques, mais comment oublier les services rendus par Monseigneur Chalucet qui prit part héroïquement à la défense de Toulon et de ses environs en 1707 et lutta courageusement contre une épidémie de peste qui suivit ; et plus anciennement, comment ne pas vénérer l'abbé Robert de Frangipany qui joua un rôle déterminant en faveur des Seynois dans la conquête de leur indépendance à l'encontre des seigneurs-abbés de Saint-Victor qui les exploitaient honteusement.

On peut ne pas aimer les hommes politiques ou les syndicalistes. Mais il n'en reste pas moins vrai que ce sont des hommes comme Jean Jaurès, Jules Guesde, Maurice Thorez, Gabriel Péri, Léon Jouhaux, Jacques Duclos, Benoît Frachon et des dizaines d'autres qui sont venus à la Bourse du Travail de La Seyne défendre les grandes causes humaines, faire avancer les idéaux de justice sociale, de liberté et permis l'amélioration considérable des conditions de vie des populations.

On peut ne pas aimer les écrivains, mais nos concitoyens de souche ne cachent pas leur fierté de retrouver trace dans notre histoire locale des personnalités de haut rang littéraire, comme George Sand, Mme de Chateaubriand, Jean Aicard dont les oeuvres sont toujours lues avec intérêt.

Ce sujet " Ils sont venus à La Seyne ! " a été traité avec objectivité, les personnalités évoquées ayant professé des opinions politiques, philosophiques ou religieuses bien différentes, parfois même opposées, mais toutes ont apporté au creuset de la communauté seynoise par leurs idées, leurs oeuvres, leurs actes, des éléments de réflexion susceptibles d'initier les jeunes au goût de la culture historique et d'envisager avec esprit critique le devenir des générations montantes.

L'histoire de l'École Martini, publiée en 1982, avait obtenu un franc succès parmi les Seynois, surtout les anciens élèves qui avaient trouvé à sa lecture des souvenirs émouvants de leur enfance d'écolier, ou même de leur adolescence d'étudiant.

Au hasard de mes rencontres et de mes conversations, de nombreuses concitoyennes me posèrent un jour une question qui me parut bien naturelle : Pourquoi donc n'écririez-vous pas une " Histoire de l'École Curie " ?

L'idée d'écrire un texte sur cette école de filles qui accueillit à l'origine l'Enseignement primaire et quelques classes d'un cours complémentaire n'était pas nouvelle pour moi. À la question posée je ne fis pas une réponse négative. J'objectai seulement que l'École Curie, ainsi nommée depuis 1931 et implantée à ce moment-là au quartier de la Gatonne, résultait d'un transfert de plusieurs centaines d'écolières depuis la rue Clément Daniel où l'ancien Hôtel-Dieu du XVIIe siècle les accueillait dans des conditions à peine croyables et sur lesquelles nous reviendrons longuement dans notre récit.

L'École Curie avait donc pris naissance au coeur même de la vieille ville dans une structure religieuse.

Pour les Seynoises et les Seynois passionnément attachés aux problèmes de la culture historique, il fallait donc, pour raconter Curie, remonter jusqu'à l'année 1842, date de la création de la première école publique de jeunes filles à La Seyne qui fonctionna sous la direction des soeurs trinitaires gestionnaires de l'Hôtel-Dieu.

Autrement dit la préhistoire de l'École Curie s'étale de 1842 à 1931, soit sur 89 ans, et sa véritable histoire moderne s'étend de 1931 à nos jours, soit sur une période de 60 années.

Certes, on aurait pu écrire tout un volume sur l'enseignement féminin qui dure à La Seyne depuis un siècle et demi. On y aurait trouvé beaucoup de points communs avec l'enseignement aux garçons. Ce sujet a été traité partiellement dans l'histoire de l'École Martini, au complément intitulé l'enseignement à La Seyne de 1789 à 1980.

Voilà qui explique pourquoi n'a été intégré, dans cette série de textes qui composent le tome IV, qu'un condensé de l'histoire de l'école de filles, intitulé Les lointaines origines de l'École Curie.

Elle est probablement celle qui a connu le plus de transformations par suite de lois nouvelles, de réformes pédagogiques avant de devenir le Collège d'Enseignement Secondaire que nous connaissons aujourd'hui.

Elle porta plusieurs appellations au XIXe siècle et connut également beaucoup de vicissitudes au XXe.

Elle a rendu des services considérables à la population seynoise et il m'a paru normal qu'un hommage lui soit rendu en rappelant le souvenir des générations de maîtresses, de professeurs et enseignants divers qui ont oeuvré à l'éducation de milliers de jeunes filles et cela dans des conditions parfois bien difficiles.

Autre thème proposé dans ce quatrième tome des " Images de la vie seynoise d'antan " : La bataille pour l'eau pure.

Nous vivons dans une région caractérisée du point de vue climatique par des sécheresses prolongées pendant les mois d'été. Quand les premières familles de nos ancêtres Celtes et Ligures s'établirent sur nos rivages pour y exploiter en priorité les ressources de la mer, elles se préoccupèrent naturellement de trouver l'eau pure dont on sait bien la place considérable qu'elle tient dans l'existence des gens.

À l'exception des sources des Moulières, du Peyron et de Saint-François, les points d'eau exploitables étaient rares sur le territoire de Sicié.

Il fallut creuser des puits et sans trop de peine nos anciens réussirent à satisfaire les besoins courants de leur consommation quotidienne en eau potable. Cette situation dura fort longtemps, au moins deux siècles.

Mais les problèmes de l'eau pure allaient devenir préoccupants avec l'accroissement de la population, en même temps qu'une détérioration du système hydrographique de Sicié. Alors commença une lutte qui dura plus d'un siècle au cours duquel nos édiles du temps passé furent confrontés à des problèmes parfois dramatiques... des problèmes techniques dont la, solution passa par des conflits qui prirent par moment un caractère politique violent, qui rappelle la longue lutte contre les pollutions mortelles génératrices des maladies endémiques et que nous avons évoquée dans le Tome I de notre ouvrage sous le titre Toupines, torpilleurs, émissaire commun.

Là aussi dans ce domaine, l'ampleur des implications politiques provoqua dans la population des divisions profondes et maléfiques.

Il y eut une certaine similitude entre la bataille pour l'eau et celle de l'assainissement, les deux étant complémentaires.

Les élus de cette époque tentèrent de régler ces deux problèmes conjointement et nos récits précédents ont montré que leur tâche fut particulièrement épineuse.

Le présent texte est une étude sur la manière dont nos édiles, toutes tendances confondues, s'efforcèrent de satisfaire les besoins de la population en eau potable pour l'amélioration notable de ses conditions de vie.

Des sources naturelles, des puits, des norias, des lavoirs publics, des fontaines, jusqu'au réseau d'eau immense du Canal de Provence, en passant par les barrages de Dardennes, de Carcès et les sources de Carnoules, il y eut beaucoup de projets admis et combattus, des campagnes de presse virulentes ; beaucoup de lances brisées entre partisans et adversaires, avec parfois un paroxysme de haine dans l'exaltation des combats.

En conclusion de ces longues luttes difficiles et parfois fratricides pour permettre à La Seyne de 60 000 habitants la consommation d'eau potable nécessaire aux besoins de la modernité, disons notre admiration pour tous ceux qui ont participé à ces batailles du progrès pour l'amélioration de la vie collective, en observant tout de même que ces problèmes de l'eau pure, comme les autres ne sont jamais réglés pour toujours. Il y a quarante ans, les sources de Carnoules furent taries, temporairement, il est vrai. Plus près de nous, quelques années à peine, le barrage de Carcès ne fut-il pas asséché tout à fait ?

Espérons que le Canal de Provence n'aura pas à subir les caprices de la nature. Mais... Qui peut savoir ?

Au cours de mes recherches dans les archives familiales, j'eus la bonne fortune d'une conversation, il y a quelques mois à peine, avec des voisins de mon quartier, très attachés comme moi aux choses du passé et qui me dirent être en possession de vieux documents réunis dans un dossier intitulé LA CROIX, portant la signature de Mlle Costel, fille d'un imprimeur.

Que pouvait signifier cette épaisseur de journaux, de lettres, d'articles de presse, de croquis ?

Brièvement mes interlocuteurs m'exposèrent l'objet de cette documentation qui se rapportait à un conflit de caractère idéologique qui éclata à Toulon en 1883 entre catholiques et libres-penseurs.

Je ne cachai pas mon désir de consulter ces précieux documents. Quelques semaines plus tard, j'en fis une lecture attentive. Je ne pensais pas alors les utiliser et les intégrer dans mon ouvrage " Images de la vie seynoise d'antan " puisque l'action se passait essentiellement à Toulon. Quand j'appris que le personnage le plus important, animateur du conflit, était un Seynois, quand je sus que le point de départ se situait au quartier Berthe, que des personnalités locales avaient pris part à une querelle à caractère idéologique devenue rapidement politique, je n'hésitai pas à utiliser les documents précités.

Le motif de la discorde peut se résumer dans une phrase. Les catholiques toulonnais s'opposèrent au Maire de Toulon, Dutasta, à propos d'une grande croix de bois que la municipalité d'alors avait fait retirer de l'allée centrale du cimetière.

Disons pour l'instant que cette bataille d'idées dura six années avec des aspects les plus inattendus, six années durant lesquelles la vie publique fut sérieusement perturbée à Toulon et ses environs.

Comme on le verra, le récit de ces événements intitulé Monsieur Dutasta et la croix met en relief les effets désastreux du sectarisme outrancier qui se manifesta dans la période où naquit la IIIe République, à Toulon, à La Seyne, et partout ailleurs en France.

Et j'en arrive pour terminer ce préambule au dernier sujet traité, relatif à l'engagement des Seynois dans les guerres patriotiques auxquelles ils ont participé.

Quand je remue la cendre de mes souvenirs de vieux Seynois, je suis toujours amené à rendre des hommages à ceux et celles qui ont fait ma ville natale, qui l'ont enrichie chacun à-sa manière : paysans qui ont exploité les richesses du sol, pêcheurs dont les prises fructueuses abondaient, ouvriers, techniciens, ingénieurs, fondateurs de nos industries navales, enseignants, propagateurs du savoir et du savoir-faire, artistes créateurs d'une vie culturelle, édiles ayant administré les biens communaux dans des conditions parfois précaires, citoyens patriotes, résistants qui ont défendu notre terroir, notre Provence, notre belle France.

Sous le titre Seynois au combat, j'ai voulu évoquer essentiellement la contribution de ma génération à la défense du Pays, rappeler les sacrifices de nos anciens qui participèrent aux luttes meurtrières des temps passés, rendre hommage au courage des uns et des autres devant l'adversité souvent bien cruelle. D'autant que les causes de leur tragique destin furent parfois très discutables. En écrivant cela, je pense surtout aux guerres coloniales qui furent avant tout des guerres de conquête.

Dans les ouvrages précédents, les textes intitulés Des années dramatiques, des événements inoubliables et aussi Résistances seynoises, ont traité des sujets relatifs aux désastres locaux de la guerre 1939-1945 et aux combats patriotiques menés contre l'occupation de notre sol par les hordes allemandes. Il n'a pas été question de la participation directe des Seynois aux conflits mondiaux.

Cette lacune a été comblée dans ce dernier récit Seynois au combat.

Dans le tome II, on lit dans les pages 383 à 388 le nom de toutes les victimes civiles des bombardements, le nom de tous les résistants et patriotes fusillés par l'ennemi ou morts en déportation.

À ces statistiques manquaient les noms des Seynois tués sur les différents théâtres d'opération de la deuxième guerre mondiale : France, Italie, Allemagne, Afrique... puis, plus tard, Indochine et Algérie.

Quand le cataclysme de 1939 fut déclenché, il y avait à peine vingt ans que finissait la première guerre mondiale. Alors, n'était-il pas normal de rappeler aussi ce que furent les souffrances de nos pères ? Ne fallait-il pas écrire contre l'oubli ?

Car hélas ! En vieillissant, il semble bien que les êtres humains se recouvrent d'une carapace qui les rend moins sensibles et oublieux du passé. Je suis de ceux qui ne veulent pas oublier !

Voilà pourquoi j'ai voulu aussi rendre hommage aux Seynois combattants de la guerre 1914-1918, partis au combat par milliers et dont 373 d'entre eux et huit disparus ont payé de leur vie la défense de notre patrie.

Le lecteur pensera sans doute qu'on aurait pu remonter plus loin dans le temps pour vénérer tous les Seynois disparus dans les guerres précédentes. Combien de nos anciens des générations passées sont tombés sur les champs de batailles durant les guerres de la Royauté, de la Révolution, des Empires napoléoniens, des guerres coloniales à partir de 1830, début de la conquête de l'Algérie.

J'avoue humblement avoir reculé devant les difficultés de telles recherches. Je m'en suis tenu au XXe siècle, ce qui ne signifie pas que la reconnaissance des Seynois ne doit pas se manifester envers les héros des siècles passés, ceux par exemple qui chassèrent les Anglais de Balaguier sous la conduite de Bonaparte en 1793.

Quand j'eus terminé le premier tome des Images de la vie seynoise d'antan, je n'imaginais pas alors lui apporter autant de compléments ; mais la 1ère édition fut si rapidement épuisée que je fus poussé irrésistiblement à narrer d'autres histoires, d'autres faits locaux émaillés d'anecdotes et toujours dans le même but : intéresser, instruire, amuser, faire aimer.

La consultation d'archives officielles, mes recherches dans les archives familiales, m'ont apporté de précieux matériaux pour composer mes ouvrages. Si l'on ajoute à tout cela les souvenirs précis des plus anciens de nos concitoyens, on se rend compte que les sujets de récits à caractère historique sont quasiment inépuisables et pourront apporter, du moins je l'espère, des lumières aux historiens de l'avenir.

L'honorable Louis Baudoin nous a conté La Seyne depuis sa fondation jusqu'à la fin du XIXe siècle. En ce XXe siècle agonisant, il se découvrira bien un historien qui prolongera son oeuvre, un ouvrage qui fera la jonction avec le début du 3e millénaire que dis-je un ouvrage ! Entre 1900 et l'an 2000, il s'est passé tant de choses dans le monde, en France et à La Seyne qu'il en faudra probablement plusieurs pour établir les bilans du dernier siècle écoulé et les évolutions impressionnantes des moeurs, des modes de vie, des courants de pensée des populations

N'anticipons pas ! Mais qu'il me soit permis d'ajouter, sans aucun désir d'ostentation de ma part et en pleine conscience que je ne suis pas un historien, que les matériaux, les. souvenirs, les statistiques, les illustrations accumulés dans les Images de la vie seynoise d'antan pourront être utilisés avec profit pour l'Histoire de La Seyne du XXIe siècle.



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