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du Tome III
Marius AUTRAN
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Images de la vie seynoise d'antan - Tome III (1990)
Avant-Propos

 

Amis lecteurs,

Mes deux premiers ouvrages sur la vie seynoise d'antan vous ont révélé abondamment mon amour pour ma ville natale.

L'âge respectable auquel je suis parvenu m'autorise à parler de son passé du XXe siècle que j'ai vécu intensément malgré quelques courtes absences du terroir pour raisons professionnelles ou événements fortuits de la guerre.

Si je vous dis qu'ayant été entouré longtemps de plusieurs membres de ma famille devenus presque centenaires et d'une lucidité sans faille, vous comprendrez que ma connaissance du siècle précédent m'est devenue familière à telle enseigne qu'après avoir entendu mes anciens égrener d'étincelants souvenirs, témoigner de tant d'événements heureux ou dramatiques, il me semble parfois les avoir vécus et j'en parle toujours comme si j'y étais.

Cette tradition orale m'a donc enseigné le passé seynois du XIXe siècle : ses grands événements, les conditions de la vie, les coutumes, les moeurs, les croyances de ce temps-là.

Pour en avoir une meilleure connaissance, il est évident que les documents écrits sont absolument indispensables d'autant que la transmission des idées, des doctrines politiques ou religieuses, des légendes, exige des vérifications par crainte des interprétations divergentes.

C'est pourquoi je me suis efforcé de compléter les textes par des documents écrits pris aux meilleures sources afin de mieux éclairer le passé toujours difficile à explorer.

À ces remarques liminaires, il convient d'ajouter que la rédaction des récits et souvenirs qui composent ce troisième tome des Images de la vie seynoise d'antan a été facilitée grâce à la collaboration et à la sagacité de nombreux lecteurs qui ont apporté des compléments précieux à mon expérience et à mes recherches personnelles.

L'accueil très favorable réservé par mes concitoyens aux deux précédents ouvrages m'a incité à poursuivre cette entreprise dans l'esprit où elle fut conçue il y a trois ans c'est-à-dire : l'évocation d'une multitude de facettes : description de paysages pittoresques, évocation de personnages célèbres ou simplement curieux, rappel des coutumes de nos anciens, de leurs modes de vie, événements marquants de l'histoire locale, naissance et développement de certaines institutions...

Après avoir lu tous les sujets traités, certains lecteurs ne manqueront pas de remarquer que la construction navale qui fut l'activité principale de La Seyne pendant plus d'un siècle, n'y figure guère, ce qui appelle de ma part quelques explications.

Plusieurs ouvrages ont déjà été publiés sur ce sujet capital sous la forme de plaquettes qu'on trouve seulement dans les bibliothèques familiales des travailleurs des chantiers. Elles datent de 1913, 1947, 1956, mais ne traitent le sujet que d'une manière fragmentaire en ce sens qu'elles insistent sur les problèmes techniques et les aspects économiques et ignorent trop les problèmes humains.

Celle de 1947 écrite par J.-B. Gaignebet est richement documentée et nous rappelle les origines de la construction navale, la naissance de la Société des Forges et Chantiers de la Méditerranée, les périodes prospères et aussi, hélas ! les destructions de la guerre de 1939-1945.

L'historique s'arrête au moment de la reconstruction. Il manque donc une période de quarante années au cours desquelles l'entreprise reprit un essor impressionnant suivi de l'effondrement total savamment calculé par des maîtres occultes d'un système économique agissant au-dehors de nos frontières avec la complicité des plus hautes autorités françaises.

Dans l'histoire générale de La Seyne et de son port, M. Baudoin a consacré une vingtaine de pages à la naissance des chantiers navals et à leur développement. Il a jugé bon de compléter son étude par les activités maritimes portuaires. Tout cela est fort intéressant, mais l'histoire s'arrête au début du XXe siècle.

Deux autres ouvrages plus récents intitulés : Place de la Lune (P. Martinenq) et Huitième Nef (F. Lyon) nous ont apporté des aspects bien différents sur la vie des travailleurs des chantiers navals par rapport aux historiques anonymes de 1913 et 1956, émanation probable des ingénieurs de l'Entreprise.

Tous ces ouvrages très intéressants à des titres divers pourraient faire l'objet d'une synthèse admirablement complétée par l'album photo de Louis Blanc où figurent les silhouettes et les caractéristiques de tous les navires construits dans nos chantiers.

Il en résulterait un volume impressionnant tout plein d'intérêt pour la population seynoise nostalgique de son identité locale.

Voilà qui explique qu'il n'était pas possible d'insérer un historique de la construction navale dans un petit chapitre des Images de la vie seynoise d'antan. D'ailleurs, on a pu se rendre compte que la seule biographie de M. Lagane, Directeur des Chantiers Navals a fait l'objet d'un chapitre spécial du Tome II de notre ouvrage.

Mais revenons à nos images du passé lointain. Les témoignages de ma passion pour la Seyne, pour sa géographie, son relief de Sicié, ses bois de Janas, son port, ses plages accueillantes, ses rivages parfois sauvages, j'ai voulu les compléter par d'autres images attachantes comme celles que nous offrait la Baie du Lazaret dont j'ai conté ici la longue histoire en remontant aux ères géologiques lointaines où la baie n'était pas formée tout à fait. Les impressions de mon enfance que m'ont laissés ses rivages paisibles à peine habités, poissonneux, giboyeux, embaumés par les tamaris noueux, sont restées inaltérables malgré le recul sensible du temps.

La Baie du lazaret fut un enchantement pour George Sand qui vint en 1861 refaire sa santé sur les rivages de Tamaris. Bien des mutations s'y sont produites depuis dont certaines désastreuses et les dégradations urbanistiques du site, l'accroissement de la pollution des eaux ont provoqué la révolte des écologistes et on les comprend.

Le lecteur me pardonnera sûrement la conclusion de ce récit où je m'exprime avec une certaine tristesse devant une situation dont on ne voit pas encore se dessiner les contours d'une amélioration.

Place du Marché est une narration qui explique la formation de l'agglomération seynoise à travers les siècles par le comblement des marécages, la naissance d'un premier port (place Martel Esprit). Résultant d'une urbanisation quelque peu anarchique, cet espace de forme irrégulière a été, dès le XVIIe siècle un point de rencontre quotidien pour les habitants et malgré l'extension de la ville à la périphérie, il le demeure.

Les ménagères, les retraités ont tant de choses à apprendre et à répéter ! Les sujets de discussion touchent à tous les domaines : la politique, le sport, le tiercé, les loisirs du week-end, les accidents de la route, de la mer ou du ciel, la dégradation des moeurs... que sais-je encore !

La place du marché se prête admirablement à tous les colloques pacifiques ou animés.

Son aspect, depuis le XVIe siècle où elle prit forme, n'a pas tellement varié. Les immeubles qui l'entourent avec leurs toitures disparates et complexes n'ont pas subi de transformations profondes, exception faite pour les ravalements de façades et les changements de vitrines.

Si l'on sait que pendant deux siècles, l'Hôtel de Ville y exerça ses fonctions dans l'immeuble occupé aujourd'hui par la boulangerie Eruti et que nécessairement nos anciens y venaient chaque jour accomplir des formalités, lire les arrêtés municipaux, on comprend mieux que la population avait déjà considéré que le coeur et l'âme de La Seyne étaient là. N'y venait-on pas chaque jour s'y approvisionner en pain, viande, légumes, poisson ? À quelques mètres, les croyants y trouvaient leur église, les écoliers, leur école de la Dîme (Martini). À proximité l'hôpital (rue Clément Daniel) accueillait les malades et les infirmes soignés par les Trinitaires. La Place du Marché donnait accès à la mer toute proche avec les activés de son premier port.

N'est-ce pas là aussi que les premiers spectacles de plein air y furent donnés. Et cet attachement des Seynois pour cet espace restreint est toujours si vivace qu'ils y viennent même de loin, de préférence le samedi en s'exclamant : « Aujourd'hui nous descendrons à La Seyne faire notre marché ! ».

La Place du Marché a été dans le passé le témoin de tant d'événements qu'il m'a paru normal de lui consacrer quelques développements.

À travers les âges, nos édiles locaux ont lutté pour assurer à leurs administrés des conditions de vie sans cesse améliorées et leurs combats parfois meurtriers les opposèrent à des forces de répression puissantes.

Quand ils voulurent exploiter les richesses du terroir au profit exclusif de la population seynoise, les féodaux de Six-Fours qui les tenaient en tutelle opposèrent leur veto, quand ils voulurent créer un enseignement public laïque gratuit au service de tous les enfants de la commune, alors ce furent les forces du cléricalisme qui dressèrent les plus grands obstacles à leurs projets

Réclamaient-ils pour les ouvriers des salaires décents, des réductions d'horaires, une journée de repos hebdomadaire, des conditions de travail plus humaines, ils se heurtaient violemment à un patronat qui n'admettait aucune concession. Les classes privilégiées, tout naturellement, défendaient la Royauté et l'Empire dont les représentants exercèrent pendant des siècles leur domination tyrannique sur la population. Comme on pourra le constater nos ancêtres seynois surent défendre les grandes valeurs démocratiques et se donnèrent parfois des élus courageux ardents défenseurs des idées de progrès. Dans les périodes de notre histoire où la Patrie fut en danger, où les libertés furent si gravement menacées, il s'est toujours trouvé au sein de la communauté seynoise des élites aux idées d'avant-garde qui ont lutté parfois jusqu'au sacrifice suprême pour la défense des droits fondamentaux de l'homme.

L'extrême diversité de leurs luttes s'inscrit dans une continuité sans faille depuis le XVIIe siècle jusqu'à nos jours en passant par la Révolution de 1789, les combats meurtriers de 1793, l'instauration de la République, les premières conquêtes sociales de la fin du XIXe siècle, le coup d'État de Louis Napoléon Bonaparte, les complots contre la IIIe République, le nazisme, le fascisme, la grande Résistance des années terribles de 1940-44. Tous les aspects de ces luttes ont été évoqués dans le texte intitulé Résistances seynoises au travers duquel il est rendu hommage à ceux de nos anciens qui y ont participé effectivement et dont les noms inscrits dans les livres et sur les stèles doivent rester des souvenirs impérissables dans l'histoire glorieuse de notre cité.

Un autre sujet attendu par de nombreux seynois, jeunes ou anciens est celui qui traite du sport local. Il a fait l'objet de recherches sérieuses dont le but a été de savoir comment sont nées les activités sportives, à partir de quelle époque, par quels moyens et quels obstacles il fallut vaincre pour le triomphe de la cause du sport dont la conquête a été aussi longue et aussi difficile que celle de l'instruction publique.

Certes les Jeux Olympiques célébrés depuis la plus haute Antiquité nous ont enseigné l'athlétisme, les courses de chevaux et de chars, la lutte et le pugilat. Célébrés tous les quatre ans en l'honneur des Dieux, réservés aux seuls Hellènes, ils ne présentaient pas un caractère de masse. Depuis la disparition de la brillante civilisation grecque, le sport a existé sous la forme d'amusements, de divertissements, acrobaties, danses, jeux nautiques (natation, joutes, aviron,...). Toute la longue période de la féodalité fut marquée par la pratique d'exercices à des fins guerrières (tir à l'arc, équitation, chasse à courre, tournois, escrime...) réservés à une certaine classe digne de cette institution militaire et religieuse qu'on appela la Chevalerie. On était alors loin de penser que les exercices physiques étaient une nécessité vitale pour l'être humain et que l'avenir de la Nation était conditionné essentiellement par la santé de ses fils et de ses filles.

Ce ne furent ni les féodaux, ni les monarques, gouverneurs de la France pendant près d'un millénaire, qui firent progresser la cause véritable du sport.

Tant que les citoyens ne furent pas autorisés à se réunir, à discuter, à proposer, en vue d'organiser et d'enseigner la pratique du sport, on en resta au stade des amusements et des jeux.

Il fallut de longues années pour vaincre la résistance des pouvoirs rétrogrades hostiles à la formation de groupements suspectés de sédition. Avec la IIIe République, les premières associations autorisées apportèrent aux citoyens les libertés démocratiques qu'ils attendaient depuis longtemps. Avec la naissance de l'École Laïque, le sport scolaire fit ses premiers pas.

Les archives municipales, celles des associations locales, m'ont permis d'écrire le texte intitulé de l'Olympique Seynois à l'O. M. S. (Office Municipal des Sports). On aurait pu dire aussi Cent ans de sport à La Seyne.

Le lecteur trouvera donc sur ce sujet une longue partie historique qui précède la naissance du sport seynois à la fin du XIXe siècle. À partir de là, je me suis efforcé de faire revivre les premiers clubs et associations. Certains ont malheureusement disparu. D'autres s'affirment toujours, avec vigueur, en dépit des vicissitudes du temps écoulé. D'autres encore sont nés dans un passé récent, et ont pris un essor considérable.

Cette étude comporte des bilans significatifs et la vérité que personne ne pourra effacer de l'histoire locale c'est que le sport seynois a connu une ascension fulgurante dans les années qui suivirent la Libération. L'année 1948 avec la fondation de l'O.M.S. donna le signal d'une véritable flambée des sports. N'en déplaise à certains roquets de la politique, un tournant décisif fut pris avec les municipalités de cette époque, marqué par la prolifération des associations, des clubs, des gymnases, des stades... pour la plus grande satisfaction des hommes, des femmes, des jeunes, des anciens, des écoliers, des étudiants.

La situation actuelle a été brossée à grands traits dans ce texte parce qu'il n'était guère possible de parier dans le détail de tous les groupements de quartiers, d'entreprises, d'écoles mais l'énumération qui en est faite montre la place immense que le sport occupe aujourd'hui dans la vie de nos concitoyens.

Le développement du sport se poursuivra. Des formes et des structures nouvelles apparaîtront, mais il est souhaitable que certains dirigeants prétentieux et bavards cessent des polémiques stériles lesquelles ne changeront rien à l'histoire véritable du sport à La Seyne et à ses pionniers valeureux dont la plupart trouveront leur nom dans cet ouvrage car il était bien naturel qu'un hommage leur fût rendu.

Dans les années d'après la grande guerre mondiale et l'enthousiasme de la Libération, une autre institution dont la jeunesse a gardé des souvenirs attachants fut celle des colonies de vacances municipales qui prirent en quelques années un essor considérable. En ma qualité d'administrateur de la Caisse des Écoles en 1945, j'eus à m'occuper de la jeunesse au plein air, sous la direction de Pierre Fraysse, puis d'Alex Peiré avant de les remplacer à la présidence.

Et pendant plus de trente ans, j'ai vu partir à la montagne des milliers d'enfants, des centaines de responsables (directeurs, directeurs-adjoints, économes, moniteurs,...), sans oublier le personnel de maison (cuisinières, lingères, femmes de services,...). Ce fut un véritable phénomène social qui prit corps à La Seyne comme ailleurs et qu'il fallut maîtriser par une législation toute nouvelle assurant des garanties de fonctionnement et des buts bien définis.

À La Seyne, il faut le rappeler, des expériences modestes, mais néanmoins méritoires, furent tentées à partir de 1924 sous la direction de la Municipalité de M. Mazen. C'est à partir de là qu'il était possible de composer un historique des colonies de vacances que j'ai intitulé dans ce recueil Jeunesse Seynoise au plein air.

De nombreux lecteurs revivront, soit par le récit, soit par les illustrations que nous aurions souhaitées plus nombreuses, des lieux enchanteurs que leurs yeux d'enfants découvrirent, il y déjà un demi-siècle.

Combien d'entre eux n'avaient jamais vu la haute montagne avec ses neiges éternelles, ses torrents impétueux, ses sapinières éternellement vertes ! Ils allaient apprendre de manière vivante la géographie, découvrir une flore toute nouvelle mais aussi et surtout faire l'apprentissage de la vie collective au contact d'autres enfants venus d'autres écoles, d'autres familles de sensibilités différentes et de milieux sociaux diversifiés.

Si à leur début les colonies de vacances fonctionnèrent dans des conditions parfois scabreuses par l'inconfort des locaux, l'absence de cadres spécialisés, un ravitaillement difficile, on pourra juger à travers ces lignes des efforts considérables accomplis par nos édiles du moment pour créer des structures convenables aptes à recevoir le maximum d'enfants sans trop alourdir les budgets d'entretien et de fonctionnement.

Il ne sera pas possible dans cette évocation du passé, d'entrer dans le détail du fonctionnement de chaque centre de vacances. Sous la direction de la Caisse des Écoles de la Ville une douzaine de localités du centre de la France et des régions alpestres reçurent des contingents de jeunes seynois et seynoises entre 1945 et l'époque actuelle.

Les départements de l'Ardèche, de la Loire, de la Haute-Loire furent peu à peu abandonnés au profit de l'Isère et de la Savoie où d'importantes propriétés entrèrent dans le patrimoine communal seynois.

Mais, n'anticipons pas trop sur l'historique qui va suivre dont le but évident est d'exalter les mérites d'une institution et de ses protagonistes au dévouement sans limites. Que les édiles, les directeurs de colonies et tous leurs collaborateurs, le personnel municipal soient tous remerciés pour le concours qu'ils apportèrent à la bonne marche des centres de vacances pour les plus grands bienfaits de la jeunesse Seynoise.

Depuis ses origines, notre ville de La Seyne a vu sa population en évolution constante. Numériquement et qualitativement, surtout depuis la dernière guerre mondiale. Elle a triplé par rapport au début de notre XXe siècle finissant,

Au travers de toutes les mutations, les Seynois de ma génération ont assisté à des bouleversements sociaux surprenants. Des transferts profonds dans l'économie locale ont modifié le tissu associatif au point que certaines corporations ou catégories sociales ont disparu : c'est le cas de la classe paysanne qui comptait encore des centaines de familles dans les années trente et réduites aujourd'hui à quelques unités.

Il m'a paru indispensable de rappeler particulièrement la vie de nos ancêtres de la campagne : petits propriétaires exploitants et ouvriers agricoles. Cette rétrospective de leurs conditions de travail, de logement, de leurs aspirations modestes ne manquera pas d'intérêt pour les amoureux des choses du passé. Le récit intitulé Les Moulières au temps jadis contenu dans le Tome I a retracé partiellement la vie paysanne de nos anciens, mais il s'agira ici dans ce troisième tome de raconter l'histoire d'une famille parmi les plus anciennes de notre terroir : les Audibert. Une famille sans grand relief, sans originalité qui a ressemblé à beaucoup d'autres par son mode de vie, ses activités, ses traditions, ses prétentions modestes.

J'aurais pu écrire aussi l'histoire des Barbaroux, des Hugues ou des Lubonis.

Si mon choix s'est porté sur les Audibert c'est tout simplement parce que ma famille noua avec eux des liens de solide amitié dans une période où les dangers de la guerre poussaient au rapprochement des coeurs et des âmes.

Les Audibert. Une famille implantée dans notre terroir sans doute avant la Révolution de 1789 et qui se livra aux dures activités de la terre avec des moyens rudimentaires qui n'avaient guère évolué depuis le Moyen Age.

Nous faisions allusion, il y a quelques instants, à la modification qualitative de la population, phénomène amorcé au milieu du siècle précédent et qui a pris dans les dernières décennies des proportions considérables au point que la population autochtone s'en trouve de plus en plus ulcérée. Jamais dans l'histoire de notre ville, ce fait de société qu'on appelle l'immigration n'avait pris une telle ampleur, jamais les problèmes de cohabitation des gens du pays avec d'autres humains de couleurs, de langues, de religions tellement différentes ne s'étaient posés avec autant d'acuité.

Le texte consacré ici à cette réflexion sous le titre Du bourg provençal à la cité cosmopolite n'a pas la prétention d'y apporter des solutions définitives, mais il se propose d'expliquer comment les conditions d'une telle situation ont pu se créer et de montrer aussi que La Seyne n'est pas un cas isolé, le problème ayant pris une envergure nationale et même internationale.

Enfin le lecteur trouvera dans ces pages un sujet apparemment banal qui traite de la dénomination des rues, avenues et places de la ville et dont l'approfondissement peut contribuer à une meilleure connaissance de l'histoire locale et nationale. Les plaques émaillées et leurs millésimes n'en sont-ils pas des jalons ?

À travers les siècles, les buts recherchés par nos édiles locaux ont varié. Dans un premier temps, ils voulurent préciser l'existence de leurs activités vitales : rue des Celliers, rue Savonnière, rue des Tonneliers... puis ils en vinrent à l'idée de pérenniser le souvenir de personnalités célèbres, ou de mémoriser des événements marquants de l'histoire locale, ce qui amena des changements d'appellation de certaines rues. La disparition de certaines structures, administratives ou religieuses entraîna obligatoirement des mutations dans la désignation des artères qui les desservaient. Par exemple : la rue de la Dîme disparut avec l'hôtel du même nom ; la rue de l'Evêché devint la rue de la Miséricorde tandis que la rue du Palais prenait le nom du maire Berny. Certaines rues changèrent de nom plusieurs fois au cours de l'histoire seynoise.

Autres remarques sur ce même sujet : les noms de quartiers n'ont pas varié depuis les origines de la commune, des noms qui leur furent attribués par l'usage et qui, pour la plupart, rappellent les familles paysannes établies et réparties sur le terroir.

Si, au cours de leurs promenades, les Seynois ont la curiosité d'identifier le nom des rues, avenues, boulevards ou places publiques, ils seront frappés par l'extrême diversité des fonctions exercées et des opinions émises par les personnages que nos édiles ont voulu honorer : maires et adjoints, hommes d'État, généraux, écrivains, hommes politiques, scientifiques, novateurs,...

D'une façon générale, les municipalités qui ont présidé aux destinées de la commune depuis le XVIIe siècle ont fait preuve d'objectivité, à de rares exceptions près, évidemment regrettables, dont nous dirons quelques mots à la fin de cette relation qui s'intitulera En passant par les rues de ma ville natale.

Enfin pour répondre au désir de nombreux seynois qui n'ont pu se procurer à temps L'Histoire de l'École Martini dont l'édition s'épuisa en quelques jours, nous avons jugé bon de la reprendre sous une forme simplifiée.

Le premier ouvrage comportait deux parties : la première traitant essentiellement de la vie de l'École depuis sa naissance en 1833 jusqu'à sa destruction en 1976. La vie de cette première structure d'Enseignement public a connu de nombreuses vicissitudes liées inéluctablement à l'évolution de l'Enseignement d'État et au contenu politique des gouvernements successifs depuis la grande Révolution de 1789.

Née sous la Monarchie de Juillet, pendant le règne de Louis-Philippe, avec François Guizot comme ministre de l'instruction publique, elle a fonctionné sous la IIe République, le Second Empire, la IIIe République, la Commune de Paris, l'État français de Vichy, les IVe et Ve Républiques.

Elle apparaîtra dans cet ouvrage sous ses aspects les plus divers : structures pédagogiques, méthodes d'enseignement, maîtres et élèves, environnement, etc...

Cette autre mouture de l'ouvrage original s'intitulera La glorieuse histoire de l'École Martini.

Tels sont les quelques commentaires destinés à éclairer le lecteur sur le contenu de ce troisième Tome des Images de la vie seynoise d'antan avec des rappels historiques, des faits de société, des personnages et des langages à caractère folklorique, des remarques sur l'évolution inévitable des institutions et des moeurs où se mêlent parfois des sentiments de regrets et d'expectatives. Il nous reste à remercier les nombreux lecteurs qui ont assuré le succès des éditions précédentes et à espérer que cette suite de Récits, Portraits et Souvenirs sera accueillie avec la même ferveur.

Marius AUTRAN

 

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