La Seyne-sur-Mer (Var)   La Seyne-sur-Mer (Var)
Retour à la page d'accueil
du site
Jean-Claude AUTRAN
jcautran.free.fr
Retour à la page d'accueil des archives de Jean-Claude Autran
Archives familiales : Textes de chansons

Chants révolutionnaires

Accès aux répertoires de chansons :

A voir aussi :


La Marseillaise
Le chant du départ
La Carmagnole
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira !
L'Internationale
 
Au devant de la vie
Chantons jeunes filles
Dansons la syndicale
En avant, paysans
Fraternité
Hardi, camarades
Hymne national de l'U.R.S.S.
Jean Misère
Jeunesse
Kyrie des moines
L'auge
L'insurgé
L'oiseau chantait la vie
La chanson du semeur
La Commune
La complainte du prolétaire
La jeune garde
La marche rouge
La nouvelle ronde
La valse de l'Huma
Le chant des ouvriers
Le chant du bûcheron
Le chiffon rouge
Le drapeau rouge
Les canuts
Les deux compagnons du devoir
Les tisserands
Les vieux pavés
Loin du rêve
Marche du 1er Mai
Marche funèbre
Marchons à la bataille
Ouvrier, prends la machine
Paysan ! Paysan !
Prolétaires, unissez-vous
Révolution
Soleil levant
Temps d'harmonie
Volontaires de la liberté
 
Voir également les sites internet :
Le Drapeau Rouge (http://drapeaurouge.free.fr)
Chants révolutionnaires (http://chantsdelutte.free.fr)


 
La Marseillaise
Paroles et musique de
Claude-Joseph ROUGET de LISLE

La Marseillaise fut chantée pour la première fois dans la nuit du 25 au 26 avril 1792 à Strasbourg chez le maire de Dietrich par son auteur Joseph Rouget de Lisle, jeune capitaine du génie en garnison à Strasbourg sous le nom de " Chant de guerre pour l'armée du Rhin ".

1er couplet
Allons, enfants de la patrie
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie
L'étendard sanglant est levé (bis)
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans nos bras
Egorger nos fils, nos compagnes
 
Refrain
Aux armes, citoyens !
Formez vos bataillons !
Marchons ! Marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !

 

6e couplet
Amour sacré de la Patrie,
Conduis, soutiens nos bras vengeurs !
Liberté, Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs ! (bis)
Sous nos drapeaux, que la victoire
Accoure à tes mâles accents !
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !
 
Aux armes, etc.
7e couplet, dit « couplet des enfants »
Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n'y seront plus ;
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus (bis).
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil,
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre !
 
Aux armes, etc.

Couplets inusités aujourd'hui

2e couplet
Que veut cette horde d'esclaves,
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves,
Ces fers dès longtemps préparés ? (bis)
Français ! pour nous, ah ! quel outrage !
Quels transports il doit exciter !
C'est nous qu'on ose méditer
De rendre à l'antique esclavage !
 
Aux armes, etc.
3e couplet
Quoi ! ces cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi ! ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers ! (bis)
Grand Dieu ! par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient ;
De vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées ! ...
 
Aux armes, etc.
4e couplet
Tremblez, tyrans ! et vous, perfides,
L'opprobre de tous les partis,
Tremblez ! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leur prix ! (bis)
Tout est soldat pour vous combattre.
S'ils tombent, nos jeunes héros,
La France en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre !
 
Aux armes, etc.
5e couplet
Français, en guerriers magnanimes,
Portez ou retenez vos coups !
Epargnez ces tristes victimes,
A regret s'armant contre nous (bis)
Mais ces despotes sanguinaires,
Mais ces complices de Bouillé,
Tous ces tigres qui, sans pitié,
Déchirent le sein de leur mère ! ...
 
Aux armes, etc.
 

Couplet signalé comme "supprimé par Servan, Ministre de la Guerre (1792)"
[d'après l'édition 2005 du Quid, au chapitre "Hymnes nationaux français", page 840]
8e couplet
Dieu de clémence et de justice
Vois nos tyrans, juge nos cœurs
Que ta bonté nous soit propice
Défends-nous de ces oppresseurs
Tu règnes au ciel et sur terre
Et devant Toi, tout doit fléchir
De ton bras, viens nous soutenir
Toi, grand Dieu, maître du tonnerre.
 
Aux armes, etc.

7 autres couplets inédits

sont publiés ci-dessous avec l'autorisation du Professeur Jean-Paul SLIVA qui nous les a aimablement communiqués en Mai 2005, et dont la source est « un facsimilé se trouvant affiché au Lycée Militaire d'Aix en Provence dans un bureau d'adjudant de compagnie, et où il y est représenté un régiment (XVIIIème siècle) en marche avec tambour (...), la partition musicale et la (longue) suite des couplets. Celui de "la carrière" (postérieur à Rouget de l'Isle) y étant inclus, cela laisse supposer que le document original n'est peut-être pas contemporain de la Révolution ».

9e couplet
Peuple Français connais ta gloire
Couronné par l'Egalité
Quel triomphe quelle victoire
D'avoir conquis la Liberté
Le Dieu qui lance le tonnerre
Et qui commande aux éléments
Pour exterminer les tyrans
Se sert de ton bras sur la terre.
 
Aux armes, etc.
10e couplet
Nous avons de la tyrannie
Repoussé les derniers efforts
De nos climats elle est bannie
Chez les Français les rois sont morts
Vive à jamais la République
Anathème à la royauté
Que ce refrain partout porté
Brave des rois la politique.
 
Aux armes, etc.
11e couplet
La France que l'Europe admire
A reconquis la Liberté
Et chaque citoyen respire
Sous les lois de l'Egalité
Un jour son image chérie
S'étendra sur tout l'univers
Peuples vous briserez vos fers
Et vous aurez une Patrie.
 
Aux armes, etc.
12e couplet
Foulant aux pieds les droits de l'Homme
Les soldatesques légions
Des premiers habitants de Rome
Asservirent les Nations
Un projet plus grand et plus sage
Nous engage dans les combats
Et le Français n'arme son bras
Que pour détruire l'esclavage.
 
Aux armes, etc.
13e couplet
Oui déjà d'insolents despotes
Et la bande des émigrés
Faisant la guerre aux Sans-Culottes
Par nos armes sont altérés
Vainement leur espoir se fonde
Sur le fanatisme irrité
Le signe de la liberté
Fera bientôt le tour du monde.
 
Aux armes, etc.
14e couplet
O vous que la gloire environne
Citoyens illustres guerriers
Craignez dans les champs de Bellone
Craignez de flétrir vos lauriers.
Aux noirs soupçons inaccessibles
Envers vos chefs, vos généraux
Ne quittez jamais vos drapeaux
Et vous resterez invincibles.
 
Aux armes, etc.
15e couplet
Enfants que l'Honneur, la Patrie
Fassent l'objet de tous nos vœux
Ayons toujours l'âme nourrie
Des feux qu'ils inspirent tous deux.
Soyons unis ! Tout est possible
Nos vils ennemis tomberont
Alors les Français cesseront
De chanter ce refrain terrible.
 
Aux armes, etc.


NB. M. Guillaume Babin nous a signalé qu'une Notice sur La Marseillaise, publiée par Louis Du Bois (1848), était accessible sur le site : http://m.francophone.free.fr/notmars.html

L'auteur indique notamment : « Comme j'ai connu particulièrement l'auteur du Chant des Combats, que l'on désigne généralement sous le nom de la Marseillaise, et que j'ai fait une étude approfondie de nos révolutions, même dans leurs détails et leurs anecdotes, je crois pouvoir, mieux que mes prédécesseurs, faire connaître l'œuvre de Rouget de Lisle, et même en donner un texte plus correct que celui des innombrables réimpressions dont il a été l'objet et la victime ».

On trouve donc dans ce site une analyse approfondie du texte de La Marseillaise et de ses différentes versions, des strophes parodiques, ainsi qu'une autre strophe très peu répandue, attribuée à Collot-D'Herbois (1794), dite : A l'Arbre de la Liberté que nous reproduisons ci-dessous :

A l'Arbre de la Liberté
Arbre chéri, deviens le gage
De notre espoir et de nos vœux ;
Puisses-tu fleurir d'âge en âge
Et couvrir nos derniers neveux !
Que, sous ton ombre hospitalière,
Le vieux guerrier trouve un abri ;
Que le pauvre y trouve un ami ;
Que tout Français y trouve un frère !
Aux armes, etc.


 

Le chant du départ
Paroles de
Marie-Joseph de CHÉNIER (1794)
Musique
d'Étienne MÉHUL

Célèbre hymne national qui fut composé par ces deux auteurs à la demande de Sarrette, directeur de l'Institut national de Musique, à qui l'on avait enjoint de faire écrire un hymne destiné à célébrer le cinquième anniversaire de la prise de la Bastille. Le Chant du départ fut, vraisemblablement, exécuté pour la première fois le 14 juillet 1794. Il le fut de nouveau le 21 septembre suivant, à l'occasion du transport solennel du corps de Marat au Panthéon, et le 21 octobre, lors de la fête des Victoires. Il demeura, à dater de ce moment, compris au programme de toutes les fêtes patriotiques. Bonaparte le conserva parmi les airs nationaux, jusqu'à la fin du Consulat.

La victoire en chantant
Nous ouvre la barrière
La liberté guide nos pas,
Et du Nord au Midi la trompette guerrière
A sonné l'heure des combats
Tremblez ennemis de la France !
Rois ivres de sang et d'orgueil
Le peuple souverain s'avance
Tyrans, descendez au cercueil
 
CHOEUR DES DÉPUTÉS
La République nous appelle
Sachons vaincre ou sachons périr ;
Un Français doit vivre pour elle,
Pour elle un français doit mourir
Un Français doit vivre pour elle,
Pour elle un français doit mourir
UNE MÈRE DE FAMILLE
De nos yeux maternels ne craignez pas les larmes ;
Loin de nous les lâches douleurs !
Nous devons triompher quand vous prenez les armes,
C'est aux rois à verser des pleurs.
Nous vous avons donné la vie,
Guerriers, elle n'est plus à vous ;
Tous vos jours sont à la patrie,
Elle est votre mère avant nous.
CHOEUR DES MÈRES DE FAMILLE
La République, etc.
 
DEUX VIEILLARDS
Que le fer paternel arme la main des braves ;
Songez à nous aux champs de Mars ;
Consacrez dans le sang des rois et des esclaves
Le fer béni par vos vieillards.
Et rapportant sous la chaumière
Des blessures et des vertus,
Venez fermer notre paupière
Quand les tyrans ne seront plus.
CHOEUR DES VIEILLARDS
La République, etc.
 
UN ENFANT
De Bara, de Viala le sort nous fait envie
Ils sont morts, mais ils ont vaincu.
Le lâche accablé d'ans n'a pas connu la vie ;
Qui meurt pour le peuple a vécu.
Vous êtes vaillants, nous le sommes ;
Guidez-nous contre les tyrans ;
Les républicains sont des hommes,
Les esclaves sont des enfants.
CHOEUR DES ENFANTS
La République, etc.
 
UNE ÉPOUSE
Partez, vaillants époux !
Les combats sont vos têtes.
Partez, modèles des guerriers !
Nous cueillerons des fleurs pour en ceindre vos têtes,
Nos mains tresseront vos lauriers.
Et, si le temple de Mémoire s'ouvrait à vos mânes vainqueurs,
Nos voix chanteront votre gloire,
Nos flancs porteront vos vengeurs.
CHOEUR DES ÉPOUSES
La République, etc.
 
UNE JEUNE FILLE
Et nous, sœurs des héros ; nous, qui de l'hyménée
Ignorons les aimables nœuds,
Si, pour s'unir un jour à notre destinée,
Les citoyens forment des vœux,
Qu'ils reviennent dans nos murailles
Beaux de gloire et de liberté,
Et que leur sang dans les batailles
Ait coulé pour l'égalité.
CHOEUR DES JEUNES FILLES
La République, etc.
 
TROIS GUERRIERS
Sur le fer, devant Dieu, nous jurons à nos pères,
A nos épouses, à nos sœurs,
A nos représentants, à nos fils, à nos mères
D'anéantir les oppresseurs.
En tous lieux, dans la nuit profonde
Plongeant l'infâme royauté
Les Français donneront au monde
Et la paix et la liberté!
CHOEUR GÉNÉRAL
La République, etc.
 


 

La Carmagnole

Chant révolutionnaire qui date de l'époque où Louis XVI fut enfermé au Temple, mais dont on ne connaît pas l'auteur. La Carmagnole eut une vogue prodigieuse, et, lors de la Terreur, elle devint l'accompagnement habituel des exécutions. Bonaparte, Premier Consul, l'interdit en même temps que le Ça ira. Le nom de Carmagnole, qui vient probablement du vêtement des Piémontais (ou du nom du village de Carmagnola ?), passa à une certaine danse que ceux-ci exécutaient aux jours de fête en chantant.

1792

I
Madam' Véto avait promis (bis)
De faire égorger tout Paris (bis)
Mais le coup a manqué
Grâce à nos canonniers !
REFRAIN
Dansons la Carmagnole ;
Vive le son (bis)
Dansons la Carmagnole,
Vive le son
Du canon !
II
Monsieur Véto avait promis (bis)
D'être fidèle à son pays ; (bis)
Mais il y a manqué
Ne faisons plus d'quartié !
Dansons la Carmagnole, etc.
 
III
Antoinette avait résolu (bis)
De nous fair' tomber sur le cu (bis)
Mais son coup a manqué
Elle a le nez cassé
Dansons la Carmagnole, etc.
IV
Son mari, se croyant vainqueur (bis)
Connaissait peu notre valeur ; (bis)
Va, Louis, gros paour,
Du Temple dans la tour.
Dansons la Carmagnole, etc.
 
V
Les Suisses avaient promis (bis)
Qu'ils feraient feu sur nos amis ; (bis)
Mais comme ils ont sauté,
Comme ils ont tous dansé !
Dansons la Carmagnole, etc.
 
VI
Quand Antoinette vit la tour (bis)
Elle voulut faire demi tour, (bis)
Elle avait mal au cœur
De se voir sans honneur.
Dansons la Carmagnole, etc.
 
VII
Lorsque Louis vit fossoyer, (bis)
A ceux qu'il voyait travailler (bis)
Il disait que pour peu
Il était dans ce lieu.
Dansons la Carmagnole, etc.
 
VIII
Le patriote a pour amis (bis)
Tous les bonnes gens du pays ; (bis)
Mais ils se souviendront
Tous au son du canon.
Dansons la Carmagnole, etc.
 
IX
L'aristocrate a pour amis (bis)
Tous les royalist's à Paris ; (bis)
Ils vous les soutiendront
Tout comm' de vrais poltrons.
Dansons la Carmagnole, etc.
 
X
La gendarm'rie avait promis (bis)
Qu'elle soutiendrait la patrie ; (bis)
[var. Les gendarmes avaient promis
Qu'ils soutiendraient tous leur pays]
Mais ils n'ont pas manqué
Au son du canonnié.
Dansons la Carmagnole, etc.
XI
Amis, restons toujours unis, (bis)
Ne craignons pas nos ennemis, (bis)
S'ils vienn't nous attaquer,
Nous les ferons sauter.
Dansons la Carmagnole, etc.
XII
Oui, je suis sans culotte, moi, (bis)
En dépit des amis du roi, (bis)
Vivent les Marseillais !
Les Bretons et nos lois !
Dansons la Carmagnole, etc.
XIII
Oui, nous nous souviendrons toujours (bis)
Des sans-culottes des faubourgs (bis)
A leur santé, buvons,
Vivent ces francs lurons !
[var. Vivent ces bons lurons !]
Dansons la Carmagnole, etc.

En 1793

Ah ! s'ils avaient le sens commun (bis)
Tous les peuples n'en feraient qu'un (bis)
Loin de s'entr'égorger,
Ils viendraient tous manger
A la même gamelle,
Vive le son, vive le son,
A la même gamelle,
Vive le son du canon !


En 1869

I
Que demande un républicain ? (bis)
La liberté du genre humain ; (bis)
Le pic dans les cachots,
La torch' dans les châteaux
Et la paix aux chaumières,
Vive le son, vive le son
Et la paix aux chaumières
Vive le son du canon !
II
Que réclame un républicain ? (bis)
L'égalité du genre humain ; (bis)
Plus de pauvre à genoux,
Plus de riche debout,
Aux possédants la guerre, etc.
III
Que désire un républicain ? (bis)
Vivre et mourir sans calotin ; (bis)
Le Christ à la voirie,
La Vierge à l'écurie
Et le Saint Père au diable, etc.
IV
Que faut-il au républicain ? (bis)
Du fer, du plomb, aussi du pain ; (bis)
Du fer pour travailler,
Du plomb pour se venger
Et du pain pour ses frères, etc.

Pendant la Commune

Viv' la Commune de Paris (bis)
Ses mitrailleus's et ses fusils ! (bis)
La Commune battue
Ne s'avoue pas vaincue :
Elle aura sa revanche, etc.
REFRAIN
Dansons la Carmagnole
Vive le son (bis)
Dansons la Carmagnole
Vive le son
Du canon !

 

Ah ! ça ira, ça ira, ça ira
Paroles de LADRÉ
Musique de BÉCOURT

Cette très célèbre chanson a été composée en 1790, à l'occasion de la première fête du 14 juillet, appelée à l'époque "Fête de la Fédération". Les ouvriers qui préparaient le Champs de Mars la chantaient déjà. L'auteur des paroles, Ladré, était chanteur des rues, métier dans lequel il avait acquis une notoriété certaine. Mais c'est surtout par le couplet vengeur (les aristocrates à la lanterne...) ajouté quelques mois plus tard par une main anonyme que cette chanson a traversé toutes les époques, et est arrivée jusqu'à nous. La musique est une contredanse, qui était à la mode avant la révolution. Elle s'appelait "Le carillon National" et son auteur était violoniste de l'orchestre du théâtre des Beaujolais.
 

I
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Le peuple en ce jour sans cesse répète,
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Malgré les mutins tout réussira.
Nos ennemis confus en restent là
Et nous allons chanter alléluia !
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Quand Boileau jadis du clergé parla
Comme un prophète il a prédit cela.
En chantant ma chansonnette
Avec plaisir on dira:
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
II
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Suivant les maximes de l'évangile
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Du législateur tout s'accomplira.
Celui qui s'élève on l'abaissera
Celui qui s'abaisse on l'élèvera.
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Le vrai catéchisme nous instruira
Et l'affreux fanatisme s'éteindra.
Pour être à la loi docile
Tout Français s'exercera.
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
III
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Pierrette et Margot chantent la guinguette
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Réjouissons-nous, le bon temps viendra!
Le peuple français jadis à quia,
L'aristocrate dit : mea culpa!
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Le clergé regrette le bien qu'il a,
Par justice, la nation l'aura.
Par le prudent Lafayette,
Tout le monde s'apaisera.
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
IV
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Par les flambeaux de l'auguste assemblée,
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Le peuple armé toujours se gardera.
Le vrai d'avec le faux l'on connaîtra,
Le citoyen pour le bien soutiendra.
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Quand l'aristocrate protestera,
Le bon citoyen au nez lui rira,
Sans avoir l'âme troublée,
Toujours le plus fort sera.
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
V
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Petits comme grands sont soldas dans l'âme,
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Pendant la guerre aucun ne trahira.
Avec cœur tout bon français combattra,
S'il voit du louche, hardiment parlera.
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Lafayette dit : "Vienne qui voudra!"
Sans craindre ni feu, ni flamme,
le français toujours vaincra!
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Paroles anonymes ajoutées plus tard
 
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Les aristocrates à la lanterne,
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Les aristocrates, on les pendra!
Et quand on les aura tous pendus,
On leur fich'ra la pelle au cul.

 

 

L'Internationale
Paroles de
Eugène POTTIER
Musique de Pierre Chrétien
DEGEYTER

I
Debout ! les damnés de la terre,
Debout ! les forçats de la faim.
La raison tonne en son cratère
C'est l'éruption de la fin.
Du passé, faisons table rase,
Foule esclave, debout ! debout !
Le monde va changer de base
Nous ne sommes rien, soyons tout !
 
REFRAIN
C'est la lutte finale
Groupons nous et demain
L'Internationale sera le genre humain
C'est la lutte finale
Groupons nous et demain
L'Internationale sera le genre humain !
II
Il n'est pas de sauveurs suprêmes
Ni Dieu, ni César, ni tribun ;
Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes !
Décrétons le salut commun !
Pour que le voleur rende gorge,
Pour tirer l'esprit du cachot,
Soufflons nous-mêmes notre forge,
Battons le fer quand il est chaud !
C'est la lutte finale, etc.
 
III
Hideux dans leur apothéose,
Les Rois de la mine et du rail
Ont-ils jamais fait autre chose
Que dévaliser le travail ?
Dans les coffres-forts de la bande,
Ce qu'il a créé s'est fondu ;
En décrétant qu'on le lui rende,
Le peuple ne veut que son dû.
C'est la lutte finale, etc.
 
IV
L'Etat comprime et la loi triche,
L'impôt saigne le malheureux ;
Nul devoir ne s'impose au riche,
Le droit du pauvre est un mot creux
C'est assez languir en tutelle,
L'Egalité veut d'autres lois :
« Pas de droits sans devoir, dit-elle
Egaux, pas de devoirs sans droits »
C'est la lutte finale, etc.
 
V
Les Rois nous saoulaient de fumées,
Paix entre nous, guerre aux tyrans !
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l'air et rompons les rangs !
S'ils s'obstinent, ces cannibales,
A faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.
C'est la lutte finale, etc.
 
VI
Ouvriers, paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs ;
La terre n'appartient qu'aux hommes,
L'oisif ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent ?
Mais si les corbeaux, les vautours
Un de ces matins disparaissent,
Le soleil brillera toujours !
C'est la lutte finale, etc.
 
REFRAIN
C'est la lutte finale
Groupons nous et demain
L'Internationale sera le genre humain
C'est la lutte finale
Groupons nous et demain
L'Internationale sera le genre humain !

Voir également le site internet :
Chants révolutionnaires (qui contient notamment l'Internationale en 54 langues)


 

Allons au devant de la vie
Version en français de Jeanne PERRET
Musique de Dimitri CHOSTAKOVITCH

Ma blond', entends-tu dans la ville
Siffler les fabriqu's et les trains ?
Allons au-devant de la bise
Allons au-devant du matin
Refrain
Debout, ma blond' ! chantons au vent !
Debout, amis !
Il va vers le soleil levant
Notre pays !
La joie te réveille, ma blonde
Allons nous unir à ce chœur
Marchons vers la gloir' et le monde
Marchons au-devant du bonheur.
Et nous salu'rons la brigade
Et nous sourirons aux amis
Mettons, en commun, camarades
Nos plans, nos travaux, nos soucis
Dans leur triomphant' allégresse
Les jeunes s'élanc'nt en chantant
Bientôt une nouvelle jeunesse
Viendra au-devant de nos rangs
Amis, l'univers nous envie
Nos cœurs sont plus clairs que le jour
Allons au-devant de la vie
Allons au-devant de l'amour.


 
Chantons jeunes filles
Paroles de Léon MOUSSINAC
Musique de Georges AURIC
1
Quand nous allons par les chemins
Nous tenant toutes par la main,
Au devant des saisons nouvelles,
Nous rions de nous savoir belles
Quand nous allons par les chemins
A la rencontre de demain,
Car nous ne craignons pas de dire
Que le monde sera meilleur
Quand nous l'aurons pu reconstruire
Avec la raison et le cœur.
Refrain
O mes compagnes,
Chantons en chœur,
Par les villes et les campagnes,
Chantons en chœur,
O mes compagnes,
Chantons la chanson du bonheur.
2
Quand nous allons par les chemins
Nous tenant toutes par la main,
Nous savons la peine des hommes.
Cependant, telles que nous sommes,
Quand nous allons par les chemins
A la rencontre de demain,
Nous regardons la vie en face
Nous en franchissons le portail
En voulant pour chacun sa place,
Pour chacun sa part de travail.
Refrain
O mes compagnes,
Chantons en chœur,
Par les villes et les campagnes,
Chantons en chœur,
O mes compagnes,
Chantons la chanson du travail.
3
Quand nous allons par les chemins
Nous tenant toutes par la main,
Nous crions dans le vent qui passe
Dans l'espoir qu'on suivra nos traces,
Quand nous allons par les chemins
A la rencontre de demain.
Nous avons couronné nos têtes
D'olivier au feuillage épais,
Nous voulons que la terre en fête
Célèbre les temps de la paix.
Refrain
O mes compagnes,
Chantons en chœur,
Par les villes et les campagnes,
Chantons en chœur,
O mes compagnes,
Chantons la chanson de la Paix.
4
Quand nous allons par les chemins
Nous tenant toutes par la main,
Nos cœurs battent comme les sources,
Rien ne peut briser notre course
Quand nous allons par les chemins
A la rencontre de demain,
Car l'aube déjà nous apporte
Les bras chargés des fleurs des jours
Le grand espoir qui nous rend fortes
Pour les victoires de l'amour.
 
Variante :
Car l'aube déjà nous accueille
Avec l'offrande des fruits lourds
Comme l'espoir où se recueille
Chaque victoire de l'amour.
Refrain
O mes compagnes,
Chantons en chœur,
Par les villes et les campagnes,
Chantons en chœur,
O mes compagnes,
Chantons la chanson de l'amour.
 


 
 
Dansons la syndicale
Paroles de Maurice BOUCHOR
Air de La Carmagnole
 
I
J'en sais qui tremblent dans leur peau (bis)
Quand on arbore le drapeau (bis)
Il flambe, tout vermeil,
Comme un ardent soleil.
Dansons la Syndicale
Vivent les vrais, vivent les bons
Dansons la Syndicale
Vivent les vrais compagnons !
II
Son rouge appel doit nous unir (bis)
Pour nous ruer à l'avenir. (bis)
Sans fifres ni tambours
Il faut lutter toujours
Dansons la Syndicale
Vivent les vrais, vivent les bons
Dansons la Syndicale
Vivent les vrais compagnons
III
On a chassé des tas de rois (bis)
On a conquis des tas de droits (bis)
Mais, pour suer de l'or,
On est au bagne encor
Dansons la Syndicale, etc.
IV
Si tu t'es fait broyer les doigts, (bis)
Ça laisse calme ton bourgeois. (bis)
Mais nous te défendrons
Sans crainte des patrons.
Dansons la Syndicale, etc.
V
Quand c'est la grève, il faut souffrir (bis)
Malheur à qui voudrait trahir ! (bis)
Pour vaincre nos tyrans,
Mes gars, serrons les rangs.
Dansons la Syndicale, etc.
VI
Travail qui domptes le métal (bis)
Tu briseras le Capital. (bis)
Il faut, sans te lasser,
Apprendre à t'en passer.
Dansons la Syndicale, etc.
VII
Demain, peut-être après-demain, (bis)
Commencera un siècle humain. (bis)
Nous y travaillerons,
Mais pas pour des patrons.
Dansons la Syndicale, etc.
VIII
Un magnifique Floréal (bis)
Verra fleurir notre idéal. (bis)
Sous la splendeur des cieux
Tous libres et joyeux !
Dansons la Syndicale, etc.
 

 

En avant, paysans
Paroles de Jean-Baptiste CLÉMENT
Musique de P. FOREST

I
C'en est fini des complaintes mystiques,
Du pauvre Job et de l'homme à genoux ;
C'en est fini des légendes rustiques,
Du toit de chaume et des bœufs blancs et roux.
Car dans les prés, comme dans les ravines,
Dans la montagne et la vallée en fleurs,
Partout, enfin le sifflet des machines,
À remplacé le chant des moissonneurs.
Refrain
Avec la terre, paysan,
Il te faut la machine.
Donne la main à l'artisan,
Au prolétaire de l'usine
Et de la mine
En avant ! paysan !
II
Et plus tu vas, plus ton gain diminue,
Plus ton bien sert de pâture aux corbeaux.
Relègue enfin ton antique charrue,
Suis le progrès, marche avec la science,
Car, fatigué d'un travail routinier,
De tes efforts et de ton impuissance,
Le sol s'insurge, il veut des bras d'acier !
III
Vois la charrue, ardent automobile,
Fouiller la terre et creuser les sillons,
Et la faucheuse en sa force tranquille
Sabrer les blés comme des bataillons...
Vois la moisson sur la terre épandue
Et la batteuse en faire comme cent...
Alors, bonhomme à l'échine tordue,
Sens-tu combien ton bras est impuissant !...
IV
Jacques Bonhomme, enfant de la nature,
Ne reste pas réfractaire au progrès :
L'avenir est à la grande culture,
Va de I'avant et nous verrons après.
Regarde, au loin se lève un nouveau monde
Dont le progrès sera rédempteur.
Prends garde à toi ! car la terre féconde
Veut, elle aussi, produire à la vapeur...
V
Courbé sans cesse et toujours à l'ouvrage,
Tu restes sourd à nos cris d'union.
On te ramène à ton triste esclavage
D'où te sortit la Révolution.
Allons, Bonhomme, un peu de caractère,
Plus on se courbe et plus on est petit !
Prends pour devise : aux paysans la terre,
Place au travail, aux ouvriers l'outil !

 

Fraternité
Paroles d'Eugène BIZEAU
Musique de A. MIGNON

I
Petit enfant, dont la chair demi-nue
A la fraîcheur des roses du matin
Point n'est besoin d'interroger la nue,
Pour deviner quel sera ton destin.
Pour un salaire insuffisant, ton père
Vend chaque jour le force de ses bras.
À l'atelier, quand tu pourras le faire, (bis)
Petit enfant, tu l'accompagneras. (bis)
II
D'autres enfants, que tu vaux bien sans doute,
Venus au monde en même temps que toi,
Succèderont à ceux dont je redoute
L'inexorable et tyrannique loi.
À ces enfants, que le sort achemine
Vers les palais des maîtres d'ici-bas,
Bon gré, mal gré, sous peine de famine, (bis)
Petit enfant, tu leur obéiras. (bis)
III
Dans la douceur d'alcôves à dentelles
Qu'embaumera la flore des étés,
À leurs vingt ans les femmes les plus belles
Iront offrir d'exquises voluptés.
Toi, fatigué d'une longue détresse,
C'est dans un lit sans oreillers ni draps,
Avec, hélas ! la douleur pour maîtresse, (bis)
Petit enfant, que tu t'endormiras. (bis)
IV
Et quand la mort, chasseresse importune,
Tendra pour vous ses funèbres lacets,
En des tombeaux outrageant l'infortune
S'abriteront leurs cadavres glacés.
Loin d'eux alors, dans une fosse immense,
Des oubliés allant grossir le tas,
Au champ de calme et d'éternel silence, (bis)
Petit enfant, tu te reposeras !... (bis)


 
 
Hardi, camarades
(chant révolutionnaire russe)
Texte français de PARIJANINE
Harmonisé par VILLEJOIE
 
I
Marchons au pas, camarades,
Marchons au pas hardiment.
Par delà ces fusillades
La liberté nous attend.
Par delà ces fusillades
La liberté nous attend.
II
Place aux vrais fils de la terre,
Place aux enfants du labeur !
« Affranchissons tous nos frères ! »
Sera le cri des vainqueurs.
« Affranchissons tous nos frères ! »
Sera le cri des vainqueurs.
III
Longtemps rivés à la chaîne,
La faim nous a tourmentés
Assez, assez de nos peines !
Nous saurons nous racheter !
Assez, assez de nos peines !
Nous saurons nous racheter !
IV
Car les puissants de ce monde
N'œuvraient que par nos outils.
Dans la révolte qui gronde,
Nous chargerons les fusils !
Dans la révolte qui gronde,
Nous chargerons les fusils !
V
Brisons enfin l'insolence
Des nobles et des richards !
En terre plantons la lance
De notre rouge étendard !
En terre plantons la lance
De notre rouge étendard !



 

Hymne national de l'U.R.S.S.
Paroles de Sergueï MIKHALKOV (1944)
Musique d'Aleksandr ALEXANDROV

1er couplet
Durable est l'union des libres républiques
Scellée à jamais par la grande Russie.
Puissante, indivise est l'Union Soviétique,
Par la volonté de ses peuples bâtie !
 
Refrain
Gloire à toi, ma Patrie !
Gloire à toi, libre terre,
De l'amitié des peuples ferme rempart
Drapeau soviétique, drapeau populaire,
Conduis le pays de victoire en victoire !
2e couplet
Soleil-liberté, tu brillais dans l'orage,
Lénine a guidé vers les cimes nos pas.
Formés par Staline au travail, au courage,
Fidèles au peuple, volons à l'exploit !
 
3e couplet
Nous avons formé au combat notre armée,
De notre chemin balayons l'agresseur
Nos bras, de nos fils, forgent les destinées,
Et nous mènerons la Patrie à l'Honneur !
 

L'Hymne de l'Union soviétique (russe : Guimn Sovietskovo Soïouza) fut l'hymne national de l'URSS du 15 mars 1944, en remplacement de l'Internationale, jusqu'à l'effondrement du pays en 1991. En 1944, Staline choisit cette musique pour le nouvel hymne national de l'URSS, dont il fit composer les paroles par Sergueï Mikhalkov. Ce nouvel hymne, remplaçant l'Internationale (qui resta cependant l'hymne national de la RSFS de Russie), composé en plein pendant la guerre avec l'Allemagne nazie, fait largement référence à ce contexte historique. La musique est d'Aleksandr Alexandrov et a été, à l'origine, composée pour l'hymne du Parti bolchévique et, partiellement, pour une chanson de 1936 intitulée Jit' stalo loutchche, jit' stalo vesseleï!

À partir de 1955 et de la politique de déstalinisation lancée par Khrouchtchev, l'hymne, qui louait Staline, était censé être chanté sans paroles. Cependant, en l'absence de paroles de remplacement, les anciennes paroles de 1944 étaient encore souvent utilisées. Ceci jusqu'en 1977, où les paroles de l'hymne furent révisées par leur auteur, Sergueï Mikhalkov : le passage concernant Staline fut expurgé (lignes 3-4 de la deuxième strophe), ainsi que ceux faisant directement référence au contexte de la seconde guerre mondiale (lignes 3-4 du refrain et troisième strophe).

En 2000, plusieurs années après la disparition de l'URSS, la musique de l'hymne soviétique fut réutilisée pour créer l'Hymne national de la Russie, dont les paroles furent, encore une fois, composée par Sergueï Mikhalkov.

Sergueï Mikhailov est mort le 26 août 2009 à l'âge de 96 ans.


 

Jean Misère
Paroles d'Eugène POTTIER (1880)
Musique de V.-Joannès DELORME
A Henri ROCHEFORT

I
Décharné, de haillons vêtu,
Fou de fièvre, au coin d'une impasse,
Jean Misère s'est abattu.
«Douleur, dit-il, n'es-tu pas lasse ?»
Ah ! mais, ah ! mais,
Ça ne finira donc jamais ?...
II
Pas un astre et pas un ami !
La place est déserte et perdue.
S'il faisait sec, j'aurais dormi,
Il pleut de la neige fondue.
Ah ! mais, ah ! mais,
Ça ne finira donc jamais ?...
III
Est-ce la fin, mon vieux pavé ?
Tu vois : ni gîte, ni pitance,
Ah ! la poche au fiel a crevé,
Je voudrais vomir l'existence.
Ah ! mais, ah ! mais,
Ça ne finira donc jamais ?...
IV
Je fus bon ouvrier tailleur.
Vieux, que suis-je ? une loque immonde.
C'est l'histoire du travailleur,
Depuis que notre monde est monde.
Ah ! mais, ah ! mais,
Ça ne finira donc jamais ?...
V
Maigre salaire et nul repos,
Il faut qu'on s'y fasse ou qu'on crève,
Bonnets carrés et chassepots
Ne se mettent jamais en grève.
Ah ! mais, ah ! mais,
Ça ne finira donc jamais ?...
VI
Malheur ! ils nous font la leçon,
Ils prêchent l'ordre et la famille ;
Leur guerre a tué mon garçon,
Leur luxe a débauché ma fille !
Ah ! mais, ah ! mais,
Ça ne finira donc jamais ?...
VII
De ces détrousseurs inhumains,
L'Église bénit les sacoches ;
Et leur bon Dieu nous tient les mains
Pendant qu'on fouille dans nos poches.
Ah ! mais, ah ! mais,
Ça ne finira donc jamais ?...
VIII
Un jour, le ciel s'est éclairé,
Le soleil a lui dans mon bouge ;
J'ai pris l'arme d'un fédéré
Et j'ai suivi le drapeau rouge.
Ah ! mais, ah ! mais,
Ça ne finira donc jamais ?...
IX
Mais, par mille on nous coucha bas ;
C'était sinistre au clair de lune ;
Quand on m'a retiré du tas,
J'ai crié : Vive la Commune !
Ah ! mais, ah ! mais,
Ça ne finira donc jamais ?...
X
Adieu, martyrs de Satory,
Adieu, nos châteaux en Espagne !
Ah ! mourons !... ce monde est pourri ;
On en sort comme on sort d'un bagne.
Ah ! mais, ah ! mais,
Ça ne finira donc jamais ?...
XI
A la morgue on coucha son corps,
Et tous les jours, dalles de pierre,
Vous étalez de nouveaux morts :
Les otages de la misère !
Ah ! mais, ah ! mais,
Ça ne finira donc jamais ?...


 


 

Jeunesse
Paroles de Paul VAILLANT-COUTURIER
Musique d'Arthur HONEGGER

I
Nous sommes la jeunesse ardente
Qui vient escalader le ciel.
Dans un cortège fraternel
Unissons nos mains frémissantes,
Sachons protéger notre pain.
Nous bâtirons un lendemain
Qui chante.
Refrain
En avant ! jeunesse de France.
Faisons se lever le jour,
La victoire avec nous s'avance,
Fils et filles de l'espérance
Nous ferons se lever le jour
A nous la joie à nous l'amour.
II
Comme un torrent qui se déploie
Courons, dansons, rions, luttons,
Avec tous ceux que nous gagnons
Brisons la chaîne qui nous broie.
Vivent la paix, la liberté !
Notre printemps veut un été
De joie.
III
Un ciel rayonnant nous convie
A la conquête du bonheur.
Avec nos vingt ans d'un seul cœur
Le monde entier se lève et crie :
Place, place au travail vainqueur.
Chantons amis, chantons en chœur
La vie !
IV
Allons les filles, plus de larmes
Nous construirons notre foyer !
Pour la lutte il faut vous lier
A de braves compagnons d'armes.
Par nos efforts les temps nouveaux
Nous donnerons sur les berceaux
Leurs charmes !
V
Nous, les fils de quatre-vingt-treize
De la Commune aux noirs charniers,
Et des héros de Février
Pour que la haine enfin s'apaise
Sur nos chants et sur nos cités
Nous vous apportons l'unité
Française !

 


 

Kyrie des moines
Arrangé par Aristide BRUANT

I
Kyrie, Kyrie,
Dans les chambres de nos abbés,
On y boit, on y boit,
Que des vins bien cachetés.
Et nous autres,
Pauvres apôtres,
Pauvres moines,
Tripaillons de moines !
Sacré nom de Dieu de religieux !
Nous ne buvons que des vins frelatés,
É-é-é-é-é-é-éleison !
II
Kyrie, Kyrie,
Dans les chambres de nos abbés,
On se couche, on se couche,
Sur des matelas bien douillets,
Et nous autres,
Pauvres apôtres,
Pauvres moines,
Tripaillons de moines !
Sacré nom de Dieu de religieux !
Nous, nous couchons sur la paille de blé,
É-é-é-é-é-é-éleison !
III
Kyrie, Kyrie,
Dans les chambres de nos abbés,
On ne mange, on ne mange,
Que des poulets fricassés,
Et nous autres,
Pauvres apôtres,
Pauvres moines,
Tripaillons de moines!
Sacré nom de Dieu de religieux !
Nous ne mangeons que de la ripopée !
É-é-é-é-é-é-éleison !
IV
Kyrie, Kyrie,
Dans la chambre de nos abbés,
On n'embrasse, on n'embrasse,
Que des femmes de qualité,
Et nous autres,
Pauvres apôtres,
Pauvres moines,
Tripaillons de moines !
Sacré nom de Dieu de religieux !
Nous n'embrassons que des filles crottées !
É-é-é-é-é-é-éleison !


 

L'auge
Paroles d'Eugène POTTIER
Musique de P. FOREST

I
L'ordre bourgeois, c'est l'auge immense
Où de gros porcs sont engraissés
Tous les fumiers de l'opulence
Sous leurs groins sont entassés.
Ils se moquent du populaire
Ces déserteurs de capitaux,
Ce n'est pas avec de l'eau claire (bis)
Qu'on engraisse les aristos ! (bis)
II
Ils ont tout pris : les champs, la ville,
L'État, la Banque et le Trésor.
Des faux savants la clique vile
Exige un culte au cochon d'or.
Un vin pressuré du salaire
Les saoûle au fond de leurs châteaux...
Ce n'est pas avec de l'eau claire (bis)
Qu'on engraisse les aristos ! (bis)
III
Affamé, squelette qui navre
Vois-les digérer triomphants,
La chair qui manque à ton cadavre,
La cervelle de tes enfants.
Quand leur règne affreux se tolère,
Les peuples y laissent leurs os.
Ce n'est pas avec de l'eau claire (bis)
Qu'on engraisse les aristos ! (bis)
IV
Dans leur ordure ensoleillée,
Conchiant l'industrie et l'art,
La haute classe entripaillée
Fait des lois et se fait du lard.
Tout se faisande pour leur plaire,
Il leur faut larbins et châteaux.
Ce n'est pas avec de l'eau claire (bis)
Qu'on engraisse les aristos ! (bis)
V
Abrutis par les folles sommes
Qu'ils volent aux crève-de-faim,
Ces pourceaux ne seront des hommes
Que quand ils gagneront leur pain.
Bientôt leur auge séculaire
Va s'écrouler sous nos marteaux.
Ce n'est pas avec de l'eau claire (bis)
Qu'on engraisse les aristos ! (bis)



 

L'insurgé
Paroles d'Eugène POTTIER
Musique de Pierre Chrétien DEGEYTER

I
L'insurgé, son vrai nom c'est l'homme
Qui n'est plus la bête de somme,
Qui n'obéit qu'à la Raison
Et marche avec confiance,
Car le soleil de la science
Se lève rouge à l'horizon.
Refrain
Devant toi, misère sauvage,
Devant toi, pesant esclavage
L'insurgé se dresse,
Le fusil chargé.

 

II
On peut le voir aux barricades
Descendre avec les camarades,
Riant, blaguant, risquant sa peau.
Et sa prunelle décidée
S'allume aux splendeurs de l'idée,
Aux reflets pourpres de son drapeau.
III
En combattant pour la Commune,
Ils savent que la terre est une,
Qu'on ne doit pas la diviser.
Que la Nature est une source
Et le Capital une bourse
Où tous ont le droit de puiser.
IV
Il revendique la machine,
Il ne veut plus courber l'échine
Sous la vapeur en action,
Puisque l'exploiteur à main rude
Fait instrument de servitude
Un outil de rédemption.
V
Contre la classe patronale,
Il fait la guerre sociale
Dont on ne verra pas la fin,
Tant qu'un seul pourra sur la sphère
Devenir riche sans rien faire,
Tant qu'un travailleur aura faim.
VI
A la bourgeoisie écœurante
Il ne veut plus payer la rente,
Combien de milliards tous les ans !
C'est sur vous, sur votre viande
Qu'on dépèce un tel dividende,
Ouvriers, mineurs, paysans.
VII
Il comprend notre mère aimante,
La Planète qui se lamente
Sous le joug individuel ;
Il veut organiser le Monde,
Pour que de sa mamelle ronde
Coule un bien-être universel.


 

L'oiseau chantait la vie
Paroles de Madeleine VERNET
Musique de L.A. DROCCOS

I
L'oiseau dans la lumière
Disait son chant joyeux
Sa voix vibrante et fière
S'élevait vers les cieux
Il chantait l'allégresse
Du cœur à ses vingt ans
Il chantait la jeunesse,
L'amour et le printemps.
Refrain
C'était une chanson de vie
C'était un doux refrain d'espoir
De l'aurore aux rayons du soir (bis)
Il célébrait la vie (bis).
II
L'oiseau chantait encore
Sous le ciel assombri
Sa voix claire et sonore
Jetait un large cri.
Il disait le supplice
Des vaincus et des gueux,
Et demandait justice
Pour tous les miséreux.
Refrain
Il chantait le droit à la vie
Pour les petits, les sans-espoirs
Son chant, dans la fièvre des soirs (bis)
Clamait le droit de vie (bis).
III
Mais soudain la tourmente
De la guerre a passé,
Couvrant la voix qui chante
Le canon s'est dressé...
Fauchant sous la mitraille
L'espérance en sa fleur,
Sur le champ de bataille
Il coucha le chanteur.
Refrain
Il ne chantera plus la vie,
Il ne redira plus l'espoir,
Sa voix s'est tue avant le soir (bis)
Au chantre de la vie (bis).
IV
Cependant que notre âme
Triomphe des douleurs,
Que du passé la flamme
Survive dans nos cœurs
Et, sève salutaire,
Que le sang des martyrs
D'une juste colère
Féconde l'avenir.
Refrain
Nous chanterons encor la vie,
Nous chanterons encor l'espoir
L'aube renaît après le soir (bis)
Tournons-nous vers la vie (bis).


 

La chanson du semeur
Paroles de Jean-Baptiste CLÉMENT
Musique de Marcel LEGAY

I
Est-ce encore le corbeau vorace ?
Celui qui revient tous les ans
Se faire la panse bien grasse
Avec le blé des pauvres gens ?
Ah ! si c'est ça, mauvaise troupe,
J'en mettrai plus d'un d'un dans ma soupe !
Refrain
Landéri-déra... Je sème du blé
Qui le mangera... ? Qui le mangera ?

 

II
Est-ce encor, comme de coutume,
Les biens portants et fins matois
Oiseaux à gros bec et sans plume
Qui ne font rien de leurs dix doigts ?
Alors, que ce blé que je touche
N'ait pas d'épi dans sa cartouche !
Landéri-déra...
III
Si c'est tous les infatigables,
Si c'est vous les francs du collier,
Les affamés et les minables
De la terre et de l'atelier,
Alors, pousse comme de l'herbe,
D'un grain de blé fais une gerbe !
Landéri-déra...
IV
Est-ce les bandes affamées
Dont l'appétit nous guette encor ?
Est-ce les nombreuses armées
Du midi, de l'est ou du nord ?
Ah ! pour le coup dans leurs entrailles,
O grain de blé, fais-toi mitraille !
Landéri-déra...



 

La Commune
Paroles : auteur inconnu (1871)
Musqiue des "Carriers" de Piere DUPONT

I
Portant le droit sur ses vastes épaules,
Flattant le Christ et maudissant l'autel,
La Liberté allait au sein des Gaules
Ouvrir le monde au peuple universel
Quand de Judas la formidable escorte
À l'oppresseur prêta ses bras félons,
Allons, soldats, scalpez la grande morte
Et dans sa peau, taillez-vous des galons.
Refrain
Quand le sang dans les pierres
Tourbillonne avec fureur
Peuples, effacez vos frontières,
Et vous, phalanges guerrières,
Rendez le fer au laboureur. (bis)

 

II
Quatre contre un, capitulards infâmes,
Égorgez donc ces glorieux mutins ;
Foulez aux pieds les vieillards et les femmes,
C'est votre état, faites des orphelins !
Si des martyrs expirant sur les dalles
Vous adressaient un appel fraternel,
Tirez encore, il vous reste des balles,
Pavots de plomb du sommeil éternel.
III
Feu ! partout feu ! le bruit des canonnades,
Fait tressaillir la vaillante cité,
Peuple, debout ! C'est sur tes barricades
Que l'avenir fonde la liberté.
Si des tyrans la perfide parole
Pour commander prend la voix des canons,
Sur leurs palais, fais jaillir le pétrole,
Contre les rois tous les moyens sont bons.
IV
Quand les obus allumaient l'incendie
Comme un falot au poste du trépas,
Pauvre Commune à la lente agonie
La France calme assistait l'arme au bras.
Sois donc esclave, honnête valetaille
Et si les fers étouffent les remords,
Admire enfin la sublime canaille
Qui fit Paris capitale des morts.
V
Géant de bronze, âme de la bataille,
Repose-toi sur l'herbe des remparts,
Laisse le Droit se guérir de l'entaille
Que tes boulets ont fait de toutes parts.
Loin de la terre, ô victoire affamée,
Vas dévorer lauriers et croix d'honneur
Quand verrons-nous la République aimée,
L'or au travail et la poudre au mineur ?


 

La complainte du prolétaire
Paroles et musique de Lucien ROLLAND

I
Prolétaire, tes patrons
Aiment les beaux horizons.
Ils vont partir, les pauvres diables,
Fuyant les saisons effroyables,
Se mettre à l'abri des chaleurs,
Sous les arbres remplis de fleurs
En des campagnes adorables.
 
Mais qu'importe pour toi le parfum des champs,
Les fleurs du printemps.
L'usine t'appelle.
Tes patrons ont un coffre-fort,
Il faut que tu l'emplisses d'or,
Ne sois pas rebelle !
II
C'est pour eux que les ruisseaux
Chantent parmi les roseaux,
Que les blés poussent dans la plaine,
Que les grands bœufs dans ce domaine,
Préparent leurs flancs succulents,
Ces coteaux, leurs vins pétillants
Dont ils boiront à coupe pleine.
 
Pendant que toi, courbé tout le long du jour,
Tu peineras pour
Un faible salaire,
Ils puiseront au coffre-fort
Que pour eux, tu rempliras d'or
Avec ta misère !
III
Quand les patrons, bien gavés,
Reviendront, tout disposés,
A faire la cour à tes filles,
Elles sont jeunes et gentilles,
Tu accepteras cet honneur,
Reconnaissant du fond du cœur ;
C'est du bonheur pour les familles.
 
Ah ! ce n'est pas pour toi que rient les amours
Aux yeux de velours ;
Tes filles sont belles,
Tu dois t'estimer bien heureux
D'avoir su préparer pour eux
De jeunes pucelles !
IV
Fatigués par le plaisir,
Tes patrons vont repartir.
À force de faire bombance
Ils ont l'estomac en souffrance.
Et sur les plages en renom
Bientôt l'on connaîtra leur nom
Et l'on verra leur opulence.
 
Mais ce n'est pas pour toi que chante la mer,
Écoute l'enfer
Dont la cloche sonne.
Tes patrons ont un coffre-fort
Il faut que tu l'emplisses d'or
L'usine bourdonne.
V
Prolétaire, malheureux !
Quand un jour, devenu vieux,
Tu ne pourras plus dans l'usine,
Faire manœuvrer ta machine,
Tes patrons te mettront dehors.
Que te restera-t-il alors ?
La mort, hélas ! par la famine !
 
Cependant, tes patrons auront autour d'eux
Des bambins joyeux,
Heureuse vieillesse !...
Et le souffle des jeunes ans
Passera sur leurs cheveux blancs
Comme une caresse !



 

La jeune garde
Paroles de Gaston MONTÉHUS (1910)
Musique de SAINT-GILLES

I
Nous somm's la jeune garde
Nous somm's les gars de l'avenir,
Elevés dans la souffrance.
Oui, nous saurons vaincre ou mourir.
Nous travaillons pour la bonn' cause,
Pour délivrer le genre humain,
Tant pis si notre sang arrose
Les pavés sur notre chemin.
REFRAIN
Prenez garde! Prenez garde!
Vous les sabreurs, les bourgeois, les gavés,
V'là la jeune garde,
V'là la jeune garde,
Qui descend sur le pavé.
C'est la lutte finale qui commence,
C'est la revanch' de tous les meurt de faim,
C'est la révolution qui s 'avance,
C'est la bataille contre fous les coquins.
Prenez garde! Prenez garde!
V'là la jeune garde!
II
Enfants de la misère.
De forc', nous sommes les révoltés,
Nous vengerons nos pères
Que des brigands ont exploités.
Nous ne voulons plus de famine
A qui travaille il faut du pain.
Demain nous prendrons les usines,
Nous somm's des homm's et non des chiens.
III
Nous n'voulons plus de guerre
Car nous aimons l'humanité,
Tous les hommes sont nos frères,
Nous clamons la fraternité,
La république universelle.
Tyrans et rois tous au tombeau!
Tant pis si la lutte est cruelle,
Après la pluie le temps est beau.


La marche rouge (*)
Paroles de
Musique de

1
La liberté venait de naître,
89 s'élevait triomphant,
Dans le château de ses ancêtres,
Un grand seigneur écoute, palpitant,
Un chant étrange, une clameur immense,
La carmagnole dans toute sa puissance,
(...)
Sonnait le glas du pouvoir féodal.
Refrain
Quand on entendra les accents de la marche rouge,
Ah, comme on craindra cette voix d'un peuple qui bouge (**),
Et, qui simplement, pour son honneur et pour sa gloire,
Marche bravement, vers la mort ou vers la victoire !
 

 

(**) Nous avions en mémoire :
Quand vous entendrez les accents de la marche rouge,
Alors vous saurez ce que c'est qu'un peuple qui bouge
2
Nous sommes en 93,
C'est la Terreur, la patrie en danger,
C'est toute la gloire française,
Qui se défend et combat l'étranger,
Et tout à coup, au milieu du combat,
S'élève un chant, héroïque et vengeur,
La Marseillaise, à travers la mitraille,
Conduit l'assaut où le peuple est vainqueur !
Refrain
Quand on entendra les accents de la marche rouge
Ah, comme on craindra cette voix d'un peuple qui bouge
Et, qui simplement, pour son honneur et pour sa gloire,
Marche bravement, vers la mort ou vers la victoire

3
A travers l'Europe entière,
La marche rouge, a fait bien du chemin,
On la fredonne avec mystère
Et puis un jour, elle éclate soudain,
Et quand sa voix, déchaîne la tempête,
Un roi s'en va, pour ne plus revenir,
Victorieuse, alors, elle s'arrète,
On a senti plus d'un peuple frémir !
Refrain
Quand on entendra les accents de la marche rouge
Ah, comme on craindra cette voix d'un peuple qui bouge,
L'heure aura sonné, pour l'humanité toute entière,
Et la Libeté ne connaitra plus de frontières!

(*) Nous remercions M. René Freiche qui, suite à notre avis de recherche, nous a communiqué ce texte en mai 2005.


 

La nouvelle ronde
Paroles de Louis ARAGON
Musique de Robert CABY

1
Contre les voleurs du grand monde
Ligués pour t'arracher ton pain
Nous formons la nouvelle ronde
Donne-nous la main, camarade (bis)
Donne-nous la main ! (bis)
2
L'univers bourgeois qui vacille
Veut diviser les meurt-la-faim,
Unis au marteau ta faucille
Donne-nous la main, camarade (bis)
Donne-nous la main ! (bis)
3
Que tu travailles, que tu chômes
Athée ou croyant c'est du pain
Qu il te faut et non des pogromes
Donne-nous la main, camarade (bis)
Donne-nous la main ! (bis)
4
Contre les ouvriers, l'armée
Ils ne l'enverront pas en vain
Soldats brisez la croix gammée
Donne-nous la main, camarade (bis)
Donne-nous la main ! (bis)
5
Pour arrêter la peste brune
Travailleurs il n'est qu'un chemin
Bâtir la nouvelle commune
Donne-nous la main, camarade (bis)
Donne-nous la main ! (bis)



 

La valse de l'Huma
Paroles de GAMARRA
Musique de Jean WIENER

Un journal dans un matin de France,
A Marseille, à Brest ou à Nancy,
Un journal sous les toits de Paris,
Une fille, un gars, une romance.
Refrain
L'Huma sur tous les chemins
L'Huma dans toutes les mains,
Bonjour ! Bonsoir ! Bon matin !
Il y a le blé et le vin,
Il y a la laine et le lin,
Et L'Huma dans toutes les mains,
Sur tous les chemins, L'Huma !
Un vélo dans le jour qui va naître,
Une belle au seuil de sa maison,
Un salut au fil d'une chanson,
Du soleil au carreaux des fenêtres.
Des oiseaux près d'une source claire,
Des enfants qui chantent le ciel bleu,
Et des nids pour tous les amoureux,
Le bonheur n'est pas une chimère.
 

 
 
Le chant des ouvriers
Paroles et musique de Pierre DUPONT
 
I
Nous, dont la lampe le matin,
Au clairon du coq se rallume,
Nous tous qu'un salaire incertain
Ramène avant l'aube à l'enclume,
Nous, qui des bras, des pieds, des mains,
De tout le corps luttons sans cesse,
Sans abriter nos lendemains,
Contre le froid de la vieillesse.
II
Nos bras, sans relâche tendus,
Aux flots jaloux, au sol avare,
Ravissent leurs trésors perdus,
Ce qui nourrit et ce qui pare
Perles, diamants et métaux,
Fruits du coteau, grain de la plaine
Pauvres moutons, quels bons manteaux
Il se tisse avec notre laine !
III
Quel fruit tirons-nous des labeurs
Qui courbent nos maigres échines ?
Où vont les flots de nos sueurs
Nous ne sommes que des machines.
Nos Babels montent jusqu'au ciel,
La terre nous doit ses merveilles
Dès qu'elles ont fini le miel,
Le maître chasse les abeilles.
IV
Au fils chétif d'un étranger
Nos femmes tendent leurs mamelles,
Et lui, plus tard, croit déroger
En daignant s'asseoir auprès d'elles ;
De nos jours, le droit du seigneur
Pèse sur nous plus despotique
Nos filles vendent leur honneur
Aux derniers courtauds de boutique.
V
Mal vêtus, logés dans des trous,
Sous les combles, dans les décombres,
Nous vivons avec les hiboux
Et les larrons amis des ombres ;
Cependant notre sang vermeil
Coule impétueux dans nos veines
Nous nous plairions au Grand soleil
Et sous les rameaux verts des chênes.
VI
A chaque fois que par torrents
Notre sang coule sur le monde,
C'est toujours pour quelques tyrans
Que cette rosée est féconde ;
Ménageons-le dorénavant,
L'amour est plus fort que la guerre ;
En attendant qu'un meilleur vent
Souffle du ciel ou de la terre.
Refrain
Aimons-nous, et quand nous pouvons
Nous unir pour boire à la ronde,
Que le canon se taise ou gronde,
Buvons, buvons, buvons !
A l'indépendance du monde.



 

Le chant du bûcheron
Paroles de Maurice BOUCHOR
Musique de Jules de BRAYER

I
Je suis un pauvre bûcheron,
Il est de plus joyeux lurons,
Car j'ai beau faire,
C'est la misère
Qui toujours me suit dans les bois.
Ô vieille Terre
Toi notre mère
À tous,
Je t'appelle, entends-tu ma voix ?
II
J'ai trois gentils petits Poucets ;
Terre, ils ont faim et tu le sais !
Vois, sous le hâle,
Comme ils sont pâles !
Faut-il perdre au bois mes enfants ?
Ô vieille Terre
Sois notre mère
À tous !
Ah ! pitié pour les pauvres gens !
III
Ne fais-tu pas assez de pain
Pour en nourrir le genre humain ?
Hêtres et chênes,
Plaignant mes peines :
M'ont bien dit : Tout ça prendra fin...
Ô vieille Terre
Sois notre mère
À tous !
On est las de mourir de faim !
IV
Frappe, ma hache, et frappe fort !
Frappe à grands coups sur l'arbre mort !
Riche de sève,
Beau comme un rêve,
Le Printemps viendra tôt ou tard...
La vieille terre,
C'est notre mère
À tous !
Et chacun en aura sa part !


 
 
Le chiffon rouge



 
Accroche à ton cœur
Un morceau de chiffon rouge
Une fleur couleur de sang
Si tu veux vraiment
Que ça change et que ça bouge
Lève-toi car il est temps
Allons droit devant
Vers la lumière
En montrant le poing et en serrant les dents
Nous réveillerons la terre entière
Et demain, nos lendemains chanterons.
Compagnon de colère
Compagnons de combat
Toi que l'on faisait taire
Toi qui ne comptait pas
Tu vas pouvoir enfin le porter
Le chiffon rouge de la liberté
Car le monde sera ce que tu le feras
Plein d'amour de justice et de joie.
Accroche à ton cœur
Un morceau de chiffon rouge
Une fleur couleur de sang
Si tu veux vraiment
Que ça change et que ça bouge
Lève-toi car il est temps
Tu crevais de faim
Dans ta misère
Tu vendais tes bras pour un morceau de pain
Mais ne crains plus rien
Le jour se lève
Et il fera bon vivre demain.


 

 
 
Le drapeau rouge
D'après l'hymne au Drapeau rouge
de P. BROUSSE
Version nouvelle
par Lucien ROLAND
I.
Il apparut dans le désordre
Parmi les cadavres épars.
Contre nous, le Parti de l'Ordre
Le brandissait au Champ de Mars. (bis)
Refrain
Le voilà ! Le voilà ! Regardez !
Sur la foule immense qui bouge
Il jette ses flots empourprés
Osez, osez le défier !
Notre superbe drapeau rouge !
Rouge du sang de l'ouvrier ! (bis)
II
Mais planté sur les barricades
Par les héros de Février,
Il devint pour les camarades
Le drapeau du Peuple ouvrier ! (bis)
III
Quand la deuxième République
Condamna ses fils à la faim,
Il fut de la lutte tragique
Le drapeau rouge de Juin ! (bis)
IV
Sous la Commune il flotte encore
Il entraine ses bataillons
Et rougit sa dernière aurore
Du sang vermeil de ses haillons ! (bis)
V
Les braves marins de Russie,
Contre le tzarisme en fureur,
Ont fait flotter jusqu'en Asie
Notre drapeau libérateur (bis)
VI
Un jour sa flamme triomphale
Luira sur un monde meilleur.
Déjà l'Internationale
Acclame sa rouge couleur ! (bis)
Refrain
Le voilà ! Regardez !
Sur la foule immense qui bouge
Il jette ses flots empourprés
Osez, osez le défier !
Notre superbe drapeau rouge !
Rouge du sang de l'ouvrier ! (bis)
 

 

Les canuts
Paroles d'Aristide BRUANT
Musique de

I
Pour chanter "Veni Creator" (bis)
Il faut une chasuble d'or (bis)
Nous en tissons pour vous
Grands de l'Eglise,
Mais nous pauvres canuts
N'avons pas de chemises.
C'est nous les canuts
Nous sommes tout nus.
II
Pour gouverner, il faut avoir (bis)
Manteau et ruban en sautoir (bis)
Nous en tissons pour vous
Grands de la terre,
Mais nous pauvres canuts,
Sans drap on nous enterre.
C'est nous les canuts
Nous sommes tout nus.
III
Mais notre règne arrivera (bis)
Quand votre règne finira (bis)
Nous tisserons le linceul
Du vieux monde
Car on entend déjà
La révolte qui gronde.
C'est nous les canuts
Nous n'vivrons plus nus.


 

 
 
Les deux compagnons du devoir
Paroles et musique de Pierre DUPONT (1848)
I
Deux gais compagnons du devoir
Cheminaient sur le tour de France,
Ayant leurs bras pour tout avoir
Leur travail pour toute espérance.
De leurs cannes à long pommeau,
Ils étayaient leurs pas rapides
Et laissaient dans chaque hameau
Rires francs et bouteilles vides.
II
Tous deux ils s'étaient rencontrés
A l'embranchement d'une route.
Et comme ils étaient altérés,
Sous la tonnelle on but la goutte.
Mêlant aux plus joyeux propos
Un petit brin de politique.
On eût dit qu'ils vidaient les pots
Pour arroser la République.
 
III
Nous avons le gouvernement,
Disaient-ils en choquant les verres.
Mais il faut de l'entendement
Pour se consulter entre frères.
Nous sommes rois par le scrutin,
Mais il faut choisir le plus digne
On ne fait que du méchant vin
Quand on ne pioche pas la vigne.
IV
Méfions-nous du raisonneur
Qui tend à l'ouvrier un piège,
Parlant de famille et d'honneur
Pour restaurer le privilège.
Nous avons aussi femme, enfants,
Une mère, un père invalide,
Et dans nos deux bras triomphants
Une propriété solide.
V
Gardons-nous du faux ouvrier,
Qui se fait élire d'emblée,
Pour sa blouse et son tablier
Et nous renie à l'Assemblée.
Pour éviter la trahison,
Nommons des hommes à l'épreuve
De la balle et de la prison :
Déjà la République est veuve.
VI
Si la République périt
Nous serons à ses funérailles,
Car son droit divin est écrit
Au plus profond de nos entrailles.
Quelques-uns voudraient nous lier
Comme des bœufs à l'attelage
Mais nos cous ne savent plier
Et nos âmes pas davantage.
Refrain
Où marches-tu, gai compagnon, gai compagnon ?
Je m'en vais conquérir la terre.
J'ai remplacé Napoléon, Napoléon.
Je suis le Prolétaire.
Je suis le Prolétaire.
 

 

 

 
 
Les tisserands
Pour l'adaptation française de la Chanson du Linceul, dans Les Tisserands de Gérard HAUPTMANN
 
I
Leurs yeux sombres n'ont pas de larmes,
Mais leurs dents grincent de fureur
Car ils font passer dans la trame
Un triple souhait de malheur :
Ô pays que nous maudissons,
C'est ton linceul que nous tissons !
Vieille Allemagne, c'est ton linceul que nous tissons !
II
Dieu, soit maudit, toi qu'on implore
Dans le besoin toujours en vain
Qunad la misère nous dévore,
Qu'on gèle et qu'on n'a pas de pain,
Tu te ris de nos oraisons.
C'est ton linceul que nous tissons !
Ô dieu trompeur, c'est ton linceul que nous tissons !
III
Roi, soit maudit ! Prince des riches
Tu ricanes de nos tourments ;
Tu nous prends tout, même tu triches.
N'as-tu pas les vrais arguments :
Les bons fusils et les prisons ?
C'est ton linceul que nous tissons !
Roi sans pitié, c'est ton linceul que nous tissons !
IV
Sois maudite aussi, toi, patrie,
Car tu n'es qu'un fumier pourri
Où toute fleur est tôt flétrie,
Où la vermine se nourrit
De ta honte et de tes poisons.
C'est ton linceul que nous tissons !
Patrie infâme, c'est ton linceul que nous tissons !
V
Grince métier ! Navette glisse !
Tissons sans arrêt, jour et nuit,
Et mêlons aux fils de la lisse
Trois fois l'anathème inouï :
Ô pays que nous maudissons
C'est ton linceul que nous tissons !
Vieille Allemagne, c'est ton linceul que nous tissons !


 

 

Les vieux pavés
Paroles de Charles d'AVRAY
Musique de Charles d'AVRAY et de G. HAMEL

I
Sur les routes de mon village,
On dit qu'entre les vieux pavés,
Dans les temps les plus reculés,
Des bluets poussaient sous l'ombrage.
Sur ce coteau, dès le printemps,
Cette butte où tant tu rigoles,
Des grands bœufs tiraient des bagnoles,
Des bagnoles de paysans.
1er refrain
Les vieux pavés de mon village
Étaient si durs en vérité
Qu'ils supportèrent le servage
Pendant toute une éternité.
Les Grands, au temps du Moyen Age,
Les avaient tous inféodés,
À force, ils se sont dégradés
Les vieux pavés de mon village.
II
À la longue, de mon village,
On obstrua les horizons,
Bâtissant de hautes maisons
Au bord du chemin de halage.
Des ans et des ans ont passé,
De riches palais s'élevèrent,
Abritant ceux qui dirigèrent
Si longtemps un peuple insensé.
2ème refrain
Sur les pavés de mon village
Des chars dorés ont cahoté ;
L'homme, dit-on, connut cet âge
Sous l'empire et la royauté ;
Arrachés du sol par l'orage
Que déchaîna la liberté,
Un beau jour, on vit, se dresser
Les vieux pavés de mon village.
III
Vous connaissez tous mon village,
C'est Lutèce, ou plutôt Paris,
Paris ! Gloire de mon pays,
Qui flotte et point ne fait naufrage.
C'est le berceau de la beauté,
Il attire à lui le Génie
Et laisse à Paul et Virginie
Le droit d'aimer en liberté.
3ème refrain
Sur les pavés de mon village
La République vit toujours,
Ne trouvant rien qui soit plus sage,
L'homme protège ses vieux jours.
Si dans la gloire et le carnage
Notre siècle s'est endeuillé,
Pas un être n'a pu souiller
Les vieux pavés de mon village.


 

Loin du rêve
Paroles et musique de Charles d'AVRAY

I
J'ai vu l'homme sans préjugé,
De nos maux rechercher les causes
J'ai vu les compagnons longer
Les chemins semés de roses
Le monde était régénéré
Par une nouvelle jeunesse
Qui produisait pour assurer
Le bien-être de la vieillesse
 
Mais face à votre absurdité
Au petit jour quand je me lève
Je vois que la réalité
Est encor loin, est encor bien loin de mon rêve.
II
J'ai vu fondre les lingots d'or
J'ai vu l'existence facile,
J'ai vu, majestueux décor,
Chacun faire un travail utile.
J'ai vu des magasins communs
Ouverts à la grande famille.
Dans les bois remplis de parfums
J'ai vu l'amour sous la charmille.
 
Face à votre imbécillité,
Au petit jour quand je me lève
Je vois que la réalité
Est encor loin, est encor bien loin de mon rêve.
III
J'ai vu là-bas aux pays noirs
Se fermer tous les puits de mines,
J'ai vu la tristesse des soirs
S'enfuit derrière les collines,
J'ai vu le Progrès qui passait
Créant un monde féerique,
Tout métier dur disparaissait
Devant la loi scientifique.
 
Mais face à votre lâcheté,
Au petit jour quand je me lève
Je vois que la réalité
Est encor loin, est encor bien loin de mon rêve.
IV
J'ai vu crouler les vieux taudis
Et les palais rester sur terre,
J'ai vu construire un paradis
Où j'avais vu tant de misère.
J'ai vu tous les hommes nouveaux
Partout désireux de s'instruire,
Et j'ai vu ces puissants cerveaux
Pouvant librement se conduire.
 
Mais face à votre autorité,
Au petit jour quand je me lève
Je vois que la réalité
Est encor loin, est encor bien loin de mon rêve.
V
J'ai vu se briser les aciers,
J'ai vu brûler les Préfectures
J'ai vu crever les policiers
Et sombrer les magistratures.
J'ai vu les parlements sauter,
Disparaître la galonnaille,
J'ai vu le mot humanité
Remplacer celui de canaille.
 
Sur ce rêve je suis resté
J'y songe sans repos ni trêve
Confiant dans ma ténacité
Pour un beau jour, voir se réaliser mon rêve.



 

Marche du 1er Mai
Paroles de Ch. GROS
Musique de F. FENOUIL

I
Premier Mai ! c'est le renouveau ;
Comme aux arbres monte la sève,
L'idée aussi monte au cerveau
Et la Sociale se lève !
Plus haut que nos petits bourgeois,
O premier Mai, passant les ondes,
Par dessus frontières et lois,
Ton soleil luit, sur les deux mondes.
II
Prolétaires de tous les pays,
Avec les « trois-huit » pour devise,
Sous le même programme unis,
Rien aujourd'hui ne nous divise :
Le Français avec l'Allemand,
Ceux d'Europe et ceux d'Amérique.
Ah ! frères, croyez-vous vraiment
La fraternité chimérique ?
III
Sur le sol natal, c'est l'exil,
Partout où l'on vit de misère.
Au peuple ouvrier, que faut-il ?
Il faut la patrie ouvrière.
D'un bout du monde à l'autre bout,
Que le même cri retentisse :
Les prolétaires sont debout
Et leur patrie est la justice.
IV
Le Capital fait un enfer
De ce pauvre monde où nous sommes,
Et notre pain est plus cher
Qu'à l'exploiteur la chair des hommes.
Trop longtemps notre surtravail
Nous fut payé par la famine.
L'ouvrier n'est pas un bétail
Et moins encore une machine.
V
C'est pourquoi la main dans la main
Pour les « huit heures » on se lève...
Les « trois-huit » ne sont qu'un chemin
Vers l'avenir de notre rêve.
L'ordre social, ô patrons,
A vu d'autres métamorphoses !
Nous les voulons, nous les aurons
Les « trois-huit »... et bien d'autres choses.
VI
C'est pourquoi d'un cœur sûr et gai,
Comme une fête de l'Histoire,
Nous chantons notre Premier Mai :
Notre union, c'est la victoire.
Lorsque nous crions : En avant !
Sous notre élan, la terre bouge,
Et sur notre front claque au vent
Le grand frisson du drapeau rouge.
Même cœur a battu partout,
Même espérance triomphale
Dans cette clameur qui s'exhale ;
Debout !
Debout !
Debout !
Voici l'Internationale !


 
 
Marche funèbre
Traduction de PARIJANINE
Arrangement de R. CABY
 
I
Victimes du devoir dans nos luttes fatales,
Au peuple à tout jamais vaillants sacrifiés,
Vos cœurs ont tout donné pour la gloire finale,
La paix et le bonheur du grand peuple ouvrier.
 
Les temps sont révolus et ce peuple se lève,
Puissant et résolu, ivre de liberté.
Dormez, frères, dormez ! Mais qu'en l'ombre du rêve,
Eclate dès ce jour votre immortalité.
 
II
Victimes du devoir dans nos luttes fatales,
Au peuple à tout jamais vaillants sacrifiés,
Vos cœurs ont tout donné pour la gloire finale,
La paix et le bonheur du grand peuple ouvrier.
 
Oui, vous avez subi dans des geoles obscures
La haine et les rigueurs des tyrans ennemis.
Sublimes en tous temps, les affreuses tortures
N'ont pu vous abattre et vous n'avez pas frémi.
 
III
Victimes du devoir dans nos luttes fatales,
Au peuple à tout jamais vaillants sacrifiés,
Vos cœurs ont tout donné pour la gloire finale,
La paix et le bonheur du grand peuple ouvrier.
 
Qu'un maître en son palais ait sa fête dernière,
Qu'il abreuve de vin des bourreaux, des valets !...
Demain ! fête à demain ! fête en toute chaumière !
Et fête pour tous ceux qui traînent le boulet !
 

 

Marchons à la bataille
Air populaire, par Jacques TURBIN

I
Depuis le temps qu'on crève
De faim, de froid, de tout,
Autant faut faire grève,
Autant crever debout !
Marchons à la bataille,
Fronts hauts et poings serrés.
La terre au loin tressaille
Sous nos souliers ferrés.
II
Dans la splendeur florale
Du tiède mois de Mai,
La grève générale
Commence pour de vrai.
Marchons...

 

III
Torrent près de la source
Et fleuve un peu plus bas,
La grève dans sa course
Grossit à chaque pas.
Marchons...
IV
Partis à quelques hommes,
Sans armes, en haillons,
Voyez amis, nous sommes
Déjà des millions.
Marchons...
V
Que veulent nos cohortes
De libres travailleurs ?
- Frayer de leurs mains fortes
La route aux Temps meilleurs.
Marchons...
VI
L'Armée attend en ligne,
Mur aux créneaux d'acier,
Les chefs ont pour consigne :
Ne faire aucun quartier.
Marchons...
VII
Voici l'instant sublime :
- Ouvrez vos rangs, soldat !
On vous commande un crime ;
Nous vous tendons les bras.
Marchons...
VIII
Victoire ! Au lieu de mordre,
Le peuple en pleine chair,
Sourds aux bourreaux de l'ordre,
Ils ont mis crosse en l'air.
Marchons...
IX
Devant nous plus d'obstacle :
L'armée a fait son choix.
Elle aide à la débâcle
Du vieil ordre bourgeois.
Marchons...
X
Pour faire la conquête
D'un monde radieux,
Plus rien ne nous arrête :
Soyons nos propres dieux !
Marchons à la bataille,
Fronts hauts et poings serrés.
La terre au loin tressaille
Sous nos souliers ferrés.


 

Ouvrier, prends la machine
(La Jurassienne)
Paroles de Ch. KELLER
Musique de James GUILLAUME

I
Ouvrier, la faim te tord les entrailles
Et te fait le regard creux,
Toi qui, sans repos ni trêve, travailles
Pour le ventre des heureux.
Ta femme s'échine, et tes enfants maigres
Sont des vieillards à douze ans,
Ton sort est plus dur que celui des nègres
Sous les fouets abrutissants.
Refrain
Nègre de l'usine,
Forçat de la mine,
Hôte du champ,
Lève-toi, peuple puissant
Ouvrier, prends la machine ! (bis)
Prends la terre, paysan (bis)

 

II
Paysan, le sol que ton bras laboure
Rend son fruit dans sa saison,
Et c'est l'opulent bourgeois qui savoure
Le plus clair de ta moisson.
Toi, du jour de l'an à la Saint-Sylvestre,
Tu peines pour engraisser
La classe qui tient sous un lourd séquestre
Ton cerveau fait pour penser.
III
Mineur, qui descends dès l'aube sous terre
Et dont les jours sont des nuits,
Qui, le fer en main, dans l'air délétère,
Rampes au fond de ton puits,
Les riches trésors que ton pic arrache
Aux flancs des rocs tourmentés
Vont bercer là-haut l'oisif et le lâche
Dans toutes les voluptés.
IV
Qui forge l'outil ? Qui taille la pierre ?
Qui file et tisse le lin ?
Qui pétrit le pain ? Qui brasse la bière ?
Qui presse l'huile et le vin ?
Et qui donc dispose, abuse et trafique
De l'œuvre et du créateur ?
Et qui donc se fait un sort magnifique
Aux dépens du producteur ?
V
Qu'on donne le sol à qui le cultive,
Le navire au matelot,
Au mécanicien, la locomotive,
Au fondeur, le cubilot,
Et chacun aura ses franches coudées,
Son droit et sa liberté,
Son lot de savoir, sa part aux idées
Sa complète humanité !


 

Paysan ! Paysan !
Paroles de Jean-Baptiste CLÉMENT
Musique de G. PERDUCET

I
Paysan ! aussitôt le jour
La terre t'appelle au labour
Sans geindre tu vas à l'ouvrage ;
Que le temps soit mauvais ou beau
Le soleil te brûle la peau
Le froid te mord en plein visage.
II
Paysan ! es-tu bien certain,
Quand va venir la Saint-Martin,
De pourvoir aux frais de l'année ?...
N'as-tu pas peur qu'un Harpagon
Ne t'expulse de la maison
Où toute ta famille est née ?
III
Paysan ! un peu d'union :
La grande Révolution
A voulu que tu sois un homme.
Si l'on veut encore une fois
Te traiter comme au temps des rois,
Réveille-toi, Jacques Bonhomme !
IV
Paysan ! songe à l'avenir,
Le vieux monde est prêt de finir.
Si tous ceux qui piochent la terre
Donnaient la main aux artisans,
Nous pourrions voir avant dix ans
La République égalitaire.
Refrain
Paysan ! Paysan !
Pour tant de fatigue et de peine,
Que mets-tu dans ton bas de laine,
Bon an, mal an,
Au bout de l'an ?



 
 
Prolétaires, unissez-vous


 
I
Opprimés, vous êtes tous frères,
Et dans la joie et le malheur,
Vous devez, malgré les frontières
Vous aimer de tout votre cœur.
Que les haines de race à race
Qui déchurent l'humanité
S'éteignent sans laisser de trace,
Et vive la fraternité !
Pour que sur l'Univers règne la paix féconde
Et pour que le bonheur bientôt sourie à tous,
En ce jour solennel, prolétaires du monde
Unissez-vous ! Unissez-vous ! Unissez-vous !
 
II
La guerre a fait trop de ravages.
Elle faucha surtout vos rangs ;
Assez de ces luttes sauvages,
Que veut seul l'orgueil des tyrans !
N'êtes-vous pas las de répandre
Votre sang pour défendre ceux
Qui trouvent bon de tout vous prendre
Et qui vivent en paresseux ?
Pour que sur l'Univers règne la paix féconde
Et pour que le bonheur bientôt sourie à tous,
En ce jour solennel, prolétaires du monde
Unissez-vous ! Unissez-vous ! Unissez-vous !
 
III
Unissez-vous tous pour voir naître
Les temps de concorde et d'amour,
Pour goûte enfin le bien-être,
Pour que se lève le grand jour.
Unissez-vous pour que la terre
Se couvre d'épis et de fleurs,
Pour que périsse la misère
Et pour que se sèchent les pleurs
Pour que sur l'Univers règne la paix féconde
Et pour que le bonheur bientôt sourie à tous,
En ce jour solennel, prolétaires du monde
Unissez-vous ! Unissez-vous ! Unissez-vous !
 
 

 

Révolution
Paroles et musique de R. GUÉRARD

I
Révoltez-vous, parias des usines,
Revendiquez le fruit de vos travaux,
Emparez-vous des outils, des machines,
Comme à la peine, au gain soyez égaux.
C'est par vos bras, vos cerveaux qui fatiguent,
Que le bonheur ici-bas se résout.
Ne criez plus contre ceux qui l'endiguent.
Brisez la digue, il s'étendra partout.
II
Révoltez-vous ! paysans débonnaires,
Pour cette terre où vous prenez vos biens ;
Ne soyez plus au progrès réfractaires,
Pour vous, pour nous, soyez-en les gardiens.
Défrichez-la de ceux qui l'accaparent,
La terre doit n'être qu'aux travailleurs.
Que les sans-pain du monde s'en emparent
À nos efforts unissez vos labeurs.
III
Révoltez-vous ! les soldatesques masses,
Du chauvinisme abattez les champions,
Ne soyez plus la désunion des races
Ou, dans le sang, crouleront les nations.
Réfléchissez qu'en marchant dans les grèves
Vous combattez ceux qui luttent pour vous,
Ne soyez plus victimes de vos glaives,
La crosse en l'air ! frères, venez à nous !
 
IV
Révoltez-vous ! les amantes, les mères,
Ne soyez plus de la chair à plaisir,
N'enfantez plus d'avortons mercenaires,
C'est de l'enfant que dépend l'avenir ;
L'homme n'est pas ici-bas votre maître,
Nul n'a le droit de s'imposer d'ailleurs ;
Libres soyez, mais surtout restez l'être
Qui sait aimer, qui nous rendra meilleurs.
 
V
Révoltez-vous ! inconscients crédules,
Quittez la nuit où vous plongent les dieux,
Pour éviter leurs noires tentacules
À nos flambeaux désabusez vos yeux.
La vérité doit vaincre le mensonge,
Dans son grand livre apprenez tour à tour
Quand vous saurez, votre néfaste songe
Disparaîtra, faisant place à l'amour.
VI
Révoltez-vous ! enfin, tous ceux qui peinent,
Tous les volés, tous les déshérités,
Unissez-vous pour que les peuples prennent
Les droits, les biens qui leur sont contestés.
Si toujours grands les maîtres vous paraissent,
C'est qu'à genoux vous servez les tyrans,
C'est que la peur et l'erreur vous abaissent,
Relevez-vous, vous serez les plus grands !
Refrain
Révolution ! pour que la terre
Soit un séjour égalitaire.
Révolution pour renverser,
Tout ce qui peut nous oppresser !
Révolution pour que les sciences
En paix nous donnent leurs jouissances
Par la raison et par l'action.
Debout partout : Révolution !



 

Soleil levant
Paroles d'Eugène BIZEAU
Musique de G. ISABELLI

I
Debout ! ceux dont l'âpre détresse
Gémit sans espoir et sans pain ;
Ce n'est pas quand l'oisif s'engraisse
Que nous devons mourir de faim.
Jaillissant du cœur populaire,
Voici de farouches clameurs :
« On ne supprime la misère
Qu'en supprimant les affameurs !
II
Barons de la haute finance,
Repus du sang de l'ouvrier,
Nous briserons votre puissance
Qui nous étrangle d'un collier.
Et devant le réveil des hommes
Dont vous méprisez la douleur,
Vous fuirez comme des fantômes
Saisis d'angoisse et de terreur.
III
Hier, sur les champs de bataille,
Conduits comme un pauvre troupeau
Sous un ouragan de mitraille,
Les gueux ont creusé leur tombeau.
L'Église a béni la tuerie
Comme une œuvre chère à son Dieu.
Mais un jour la plèbe affranchie
Ne retournera pas au feu.
IV
Bourreaux de la classe ouvrière,
Nous voulons le désarmement,
Et le cri de guerre à la guerre
Est notre cri de ralliement.
En apprenant à se connaître
Les peuples seront des amis,
Et ce sera pour vous y mettre
Qu'ils dresseront des piloris.
Refrain
Compagnons de toute la terre
Le soleil se lève au ciel noir...
Et bientôt sa grande lumière
Chassera les ombres du soir.



 
 
Temps d'harmonie
Paroles : auteur inconnu
Air : Le Temps des Cerises
 
I
Quand nous en serons au temps d'harmonie,
Les hommes joyeux auront un grand cœur,
Et légère panse,
Car chacun saura, sainte récompense !
Dans l'amour d'autrui doubler son bonheur.
Quand nous en serons au temps d'harmonie,
Les hommes joyeux auront un grand cœur.
II
Quand nous en serons au temps d'harmonie,
On ne verra plus d'êtres ayant faim
Auprès d'autres ivres.
Sobres nous serons, mais riches en vivres ;
Des maux engendrés ce sera la fin.
Quand nous en serons au temps d'harmonie,
On ne verra plus d'êtres ayant faim.
III
Quand nous en serons au temps d'harmonie,
Le travail sera récréation
Au lieu d'être peine.
L'homme libre enfin, d'une âme sereine
Suivra des destins l'évolution.
Quand nous en serons au temps d'harmonie,
Le travail sera récréation
IV
Quand nous en serons au temps d'harmonie,
Les petits enfants auront au berceau
Les baisers des mères
Ils seront aimés, tous choyés, tous frères :
Ainsi grandira ce monde nouveau.
Quand nous en serons au temps d'harmonie,
Les petits enfants auront le même berceau.
V
Quand nous en serons au temps d'harmonie,
Nature sera paradis d'amour,
Femme souveraine ;
Esclave aujourd'hui, demain notre reine
L'univers entier deviendra ta cour.
Quand nous en serons au temps d'harmonie,
Nature sera paradis d'amour.
VI
Quand nous en serons au temps d'harmonie,
Les vieillards aimés, poètes, pasteurs,
Bénissant la terre,
S'éteindront béats sous le ciel mystère,
Ayant bien vécu, loin de ses hauteurs.
Quand nous en serons au temps d'harmonie,
Les vieillards seront de bien doux pasteurs.
VII
Il est encore loin, ce temps d'harmonie,
Mais si loin soit-il, nous le pressentons,
Une foi profonde
Nous fait entrevoir ce bienheureux monde
Qu'hélas ! notre esprit recherche à tâtons.
Il est encore loin, ce temps d'harmonie,
Mais si loin soit-il, nous le pressentons.



 

Volontaires de la liberté
J. DUMONT

A tes côtés peuple héroïque,
Fier de combattre et pour venger
Tes fils au courage stoïque
Ils sont venus tous se ranger.
Comme l'appât des mercenaires
La gloire n'emplit leur cerveau
Seul leur devoir de prolétaire
Les dresse devant les bourreaux
Refrain 1
Tes bataillons peuple de France
A l'appel de la solidarité
Sont venus porter l'espérance
Sauver la paix avec la liberté
Sous les obus, sous la mitraille
Sous les obus, sous la mitraille
Avec leurs frères du monde entier,
Et sur tous les champs de bataille
Ils chantaient l'hymne de Pottier.
Contre le fascisme et la guerre
Luttant sans trêve ni repos
Sans armes, de vêtements guère
Ils chantaient à tous les échos
Refrain 2
Frères de toutes les brigades
Debout et saluons nos morts,
Ceux des tranchées, des barricades
Tous ceux dont le suprême effort
N'avait pour but que la victoire
Et qui, sans reproche et sans peur
Sont entrés vivants dans la gloire
Comme ils vivront tous en nos cœurs.


Refrain 3
Salut aux vaillants camarades
Morts pour le peuple et pour la Liberté.
Salut héros de nos brigades
Morts pour la paix et pour l'humanité.

 

Retour à la page d'accueil des archives et souvenirs de Marius Autran

Retour à la page d'accueil des archives et souvenirs de Jean-Claude Autran

Retour à la page d'accueil du site



Marius AUTRAN et
Jean-Claude AUTRAN
jcautran.free.fr


Accès aux oeuvres complètes
de Marius AUTRAN
Biographie
de Marius AUTRAN
Biographies familiales
et autobiographie de Marius AUTRAN
Pages généalogiques
Forum du site
Encyclopédie des
rues de La Seyne
Lexique des termes
provençaux
Dictionnaire du
Mouvement ouvrier et social seynois
Documents divers sur l'histoire
de La Seyne
Les élections à La Seyne depuis 1945
Chronologie de
l'histoire de La Seyne
La Seyne de A à Z
Archives, souvenirs et écrits divers
de Marius AUTRAN
Archives, souvenirs et écrits divers
de Jean-Claude AUTRAN
Avis de recherches
Informations
légales sur le site

© Jean-Claude Autran 2016