Lettre C
Caban Gros crabe velu (ou
petite araignée de mer ?),
quasiment invisible au fond de l'eau (de caban, manteau
à manches et à capuchon ?). Cabanu Ai
cabanu : utilisé pour qualifier une personne sotte et
ignorante, équivalent de : âne bâté. Mais
étymologie douteuse car si le dictionnaire de
Frédéric Mistral indique bien pour ai cabanié
ou ase cabanié : « l'âne qui marche en
tête du troupeau, âne fieffé, butor, ignorant
», la racine de cabana, cabano, cabanié, etc. est
toujours liée à une cabane (?) ou à un grand
panier d'osier : cabau ou cavan (?). Il est
peut-être plus intéressant de noter que, dans le langage
des manadiers de Camargue, l'expression : « il a cabané
» (il a perdu la tête), ou « cabane-le
» (dit-on pour faire changer de direction un taureau), pourrait
être correspondre à la bonne explication car la notion de
tourner, de virer, correspondrait mieux à l'idée d'ai
cabanu : l'âne « fada », qui perd la tête,
qui tourne sur lui-même, et qui refuse d'obéir. Cabech,
cabeches Les
toilettes, les cabinets (cf. pàti, cagassière). Cabre Chèvre (prov. cabra)
: La cabre de Moussu
Seguin. La Cabre : surnom d'un célèbre joueur
de boules de La Seyne. Cabrette Petite
chèvre (prov. cabreto). Cabrian Frelon ou
également insecte hyménoptère à abdomen
relié au thorax par un fin pédoncule (genres Ammophile (Ammophila
sabulosa) et Pélopée (Sceliphron spirifex) qui
paralyse ses proies (araignées) pour alimenter son nid. Cabucelle,
cabucel Couvercle
(prov. cabucello, cabucèu, curbucèu) et, par
extension, la tête. Un simple d'esprit est un sinistré
de la cabucelle. Cabùrni Avoir
le cabùrni (prov. cavùrni ou caverno,
caverneux) : avoir la voix caverneuse, la gorge qui racle (cf. raclùn,
rascléger, s'escura). Cacalouchou Capuchon,
couvercle, chapeau, chignon (Du prov. coucoulucho, capuchon,
cône, couronnement, faîte ou cime d'une montagne, comble
d'une meule de paille). Le cacalouchou d'un citron givré. Cachimbau Pipe,
plus spécialement pipe ornée de figures, pipe des Turcs
ou des Noirs africains. Faire tuba lou cachimbau, fumer la pipe. Cachouflier Plante d'artichaut
(prov. cachouflié). (Cachoflo
désigne l'artichaut). Càcou Petit
voyou, frimeur, jeune qui se donne une allure d'affranchi (du prov. cacoua
?, cadet, dernier né). Faire le càcou. Cade (n.m.), cade
acadrié Nom vulgaire du
genévrier oxycèdre (Juniperus
oxycedrus). Cade (n.f.) Gâteau à base de
farine de pois-chiche (cese)
vendu aujourd'hui encore sur notre marché. La recette aurait
été apporté vers 1800 par les femmes de
travailleurs génois que Napoléon fit venir pour aider
à reconstruire la flotte. Ce gâteau était cuit
à l'origine avec de l'huile extraite du fruit du cade,
nom provençal du genévrier (voir définition
précédente). Cadgé,
caget,"cage" (n.m.) Épillet
de diverses graminées sauvages muni de longues arêtes qui
s'accrochent aux vêtements, particulièrement l'avoine
stérile, l'avoine folle ou le brome stérile (du prov. cais,
barbe de blé, ou calido, brome stérile). Il
est plein de cages sur son pull-over ! (Voir
également rapugué). A mon oncle qui avait
baptisé sa propriété de Mar Vivo Le Bocage,
alors que ce n'était qu'un campas, mon père dit :
« tu aurais dû l'appeler Le Beau Cage ! ». Cadière Chaise,
siège, chaire (prov. cadiero). Cafalo Imbécile,
bêta, cornichon, maladroit, etc. Terme encore très vivant
encore dans le français populaire des anciens Seynois. Vient
peut-être de cafelin, ou cafeli (pou du corps en
argot des galères), qui désigne également (en argot
du jeu) un pigeon, un joueur qui se laisse plumer. Cafournòli Petit
réduit, cache, recoin, débarras où l'on entasse
des objets sans valeur, foutoir, etc. (Du prov. cafournoun,
recoin, creux, cachot, ou cafourno, caverne, grotte, ou cafoucho,
recoin, cavité). Cagade Au
figuré : action ou entreprise manquée, pas de clerc,
ânerie ; lâcheté. Cagagne Relâchement
intestinal, forte diarrhée (prov. cagagno) ; grande peur. Cagassière Lieu d'aisance,
latrines, chalet de
nécessité, ou chalet de commodité (on
dit aussi cagadou, ou pàti) (prov. cagassiero
ou cagadouiro). On se souvient de l'air très populaire
« Oh ! Oh ! O Cangaceiro ! » extrait du film
brésilien O Cangaceiro (1953). Il n'en fallait pas plus
pour inspirer les écoliers de l'époque puisqu'ils se
rendaient aux latrines en chantant sur le même air : « Oh !
Oh ! Cagassières ! ». Caguer Aller à la selle,
déféquer (prov. caga
- forme méridionale de chier - du lat. cacare, même
sens) : « Semblé que soun cuou
cague pas dé merde ! » (langage des
poissonnières à l'égard de clientes hautaines,
prétentieuses ou méprisantes). « Iéu se
vouliou, mi cagariou ei brayes. Lou cuou es mio, li brayes soun
pagade... » (chanson populaire). « Vai te caga !
», ou « Vai caga à la vigno ! »
s'emploie pour envoyer paître quelqu'un. « Je m'en cague
» signifie : je m'en moque, je m'en fout. On dit d'un
écolier qui peine en classe : « Fa tout ce que
póu..., coum'un chin quand cague... ». On peut aussi
citer la mésaventure du dénommé Calixte,
qui, dit-on, « en cagant, perdié la visto...».
Le verbe s'emploie fréquemment au sens figuré : « acò
mi fa caga ». Il peut s'employer aussi dans le sens
d'échouer, tourner mal (pour un coup qui a raté, une
affaire manquée) : « La troisième mine, elle a
cagué » (La Fille du Puisatier). Cago-au-niou,
cago-niéu, cago-nis Le dernier éclos
d'une couvée, le dernier
né d'une famille. [L'un de nos
correspondants a proposé l'étymologie suivante : caganis
= cague + anis, l'anis étant une graine laxative que l'on
donnait à un enfant constipé...]. Caliandre Grosse
alouette, calandre (prov. caliandro, calandro). Caiòu Bizarre,
étrange, singulier, ambigu, qui manque de loyauté. Sente
caiòu (ou sente quicon) : Ça sent bizarre...
(s'appliquait plutôt à l'odeur des selles se
dégageant des couches du bébé). Cairon Sorte de
moellon tendre ; appellation du parpaing, dans le Sud. Du latin carius,
ou du celtique karn, pierre ?). Caisse Cercueil
(prov. caisso ou caisso de mort) Caladé (Prov. calado,
rue ou espace pavé).
Pavé de pierres plates, empierré (une rue caladée)
; cf. la rue Calade ou La Calade (actuelle rue Louis
Blanqui à La Seyne). Calamandrié Germandrée
petit-chêne (Teucrium chamaedrys),
sous-arbrisseau à fleurs roses, des terrains calcaires (cf. pichoun
rouve). Cale Long plan
incliné en bois, renforcé de cornières de fer,
construit dans les criques rocheuses (on en trouve encore à La
Verne et à Fabrégas) où un mouillage permanent
n'est pas envisageable, sur lequel on hisse les bateaux de pêche,
les pointus, à l'aide d'un treuil, pour les mettre
à l'abri des vagues déferlantes. Pendant la saison de
pêche, les bateaux ne sont remontés que de quelques
mètres, alors qu'en période de tempêtes, le bateau
est tiré « en terre » et sanglé
autour de la cale, tout à fait en haut de celle-ci. [Ce sens de cale,
en Provence maritime, est différent de celui de la langue
française pour laquelle une cale désigne un plan
incliné sur lequel on construit les navires (on se rappelle des cales
de nos anciens chantiers de construction navale)]. Calée Action de tendre les
filets, de placer une ligne de
pêche. Une calée de nuit (du prov. cala,
caler, baisser, jeter dans la mer, tendre les filets). Caligner, carigner Faire des caligneries
(en français,
câlineries). Des jeunes gens avaient commencé à caligner un
peu des jeunes filles. Les calignaïres
sont les fiancés ou les amoureux qui se font des caligneries. Calu Fada,
momo. « Il a son cousin, peuchère, qu'il est calu !
». Cambade Allée de vignes,
espace compris entre deux
rangées de ceps (du prov. cambado, enjambée). Cambo Jambe.
« Vòu mai qu'un còup de ped davans la cambo
» (Ça vaut mieux qu'un coup de pied devant la jambe)
[expression utilisée lorsqu'on éprouve du plaisir, par
exemple lorsqu'on déguste un verre d'une excellente liqueur]. Cambaròu,
cambarot, gambarot Crevette
de mer. Cambouler Transporter
une personne sur sa bicyclette, par exemple sur le porte-bagages (prov.
cambala, litt. enjamber, d'où porter une personne
à cheval sur un moyen de locomotion). Camèu Chameau.
Utilisé aussi bien pour désigner l'animal que comme
qualificatif insultant. Camèu ! est également une
exclamation de dépit devant une opération manquée,
un objet brisé, un plat de nourriture renversé, etc.,
parfois complété (sans doute en raison de la rime) en Camèu
de rastèu ! Camin de
ferre Train, chemin de
fer. Les enfants répétaient
autrefois : « Serre, Biderre [ou Boudere ?], Lou camin de
ferre », mais le sens de cette expression ne nous a jamais
paru très clair. Selon l'un de nos correspondants, M. R.C.,
Cette expression était utilisée par les
grands-mères berçant, dans un mouvement d'avant en
arrière, leurs petits enfants placés face à elles
sur leurs genoux, et en cadençant le mouvement par les paroles :
« sere, boudere, camin de ferre, touto l'aigo du moulin »
et en terminant par un « guili-guili-guili »
accompagné de chatouilles déclenchant des éclats
de rire des enfants. Il n'y aurait ainsi aucune signification
particulière à cette suite de mots, sinon l'aspect
ludique de la grand-mère jouant avec ses petits enfants. Camiso,
camié Chemise. Bagna
camiso, se mettre en nage. « Lou cuou mi tocavo pas la
camiso » : J'étais transporté de joie, je
frétillais de plaisir. Campas Champ inculte,
mauvaise friche, terrain impropre à
l'agriculture (de l'ancien prov. camp, champ). Can, chin Chien. « Genous d'ome, cuou de frumo, nas de can, soun
gela tout l'an ! ». Quand les jours commencent à
s'allonger, on dit aussi : « A la sainte-Luce, au pas d'une
puce ; au jour de l'an, au pas d'un can ». Caner,
canner Faire
canner quelqu'un, c'est le faire crever de dépit, le rendre
jaloux, le faire bisquer ou maronner (alors qu'en argot
français, caner c'est reculer, céder,
lâcher pied, et également mourir). Canestèu Corbeille en cannes
refendues ou en osier, utilisée
par exemple par les pêcheurs pour leurs coquillages ou pour le
rangement de leur palangre (canestèu de palangre), le
transport du raisin (canestèu de rasin), le linge (canestèu
de linge), etc. (cf. banaste). Canne Canne de Provence (Arundo
Donax), roseau à
quenouille, roseau refendu (cf. cannisse). [Arundo est
le nom latin du roseau ; Donax est son nom grec ; le mot Canne
est sémitique]. Les adolescents
fabriquaient autrefois des pipes avec les cannes de Provence, pipes
qu'ils bourraient avec des feuilles d'armoise séchée... Cannier Roselière, lieu
humide où se
développent les roseaux. Cannisse Sorte de claie,
confectionnée avec des cannes
assemblées. Canta Chanter. Lou
souluou mi fa canta (e la cèbo mi fa ploura...). Digo li
en cantan ! (Dit-on à un bègue...). Cantaire Chanteur,
choriste, crieur public. Cantoun Coin. « Lou
bouan cantoun », nom de
villa. Cantre
(n.f.) Nom
catalan de la Canthare (Cantharus cantharus, Linné 1758)
ou (Cantharus lineatus Montagu 1815), poisson sparidé
partiellement herbivore, au profil assez droit, dont le dos est d'un
gris métallique et les flancs sont argentés avec quelques
bandes longitudinales noirâtres diffuses. On le rencontre en
Atlantique, de la mer du Nord jusqu'aux îles Canaries. Il
pénètre parfois en Méditerranée le long des
côtes d'Espagne et très exceptionnellement dans le golfe
du Lion. On l'appelle aussi Griset ou Pironneau sur
l'Atlantique. Dans le Var, les poissonniers le nomment Dorade grise.
Avec la dorade rose et la dorée, c'est une espèce
prisée des poissonniers, et des restaurateurs, qui arrivaient
à les écouler auprès des estivants en lieu et
place des vraies daurades [Définition fournie par Serge Malcor]. Caoussido Chardon épineux,
cirse des champs (Cirsium arvense). Capélan Curé,
prêtre, ecclésiastique (terme plutôt
péjoratif). Capéou, capèu Chapeau. « L'as
paga lou capéou !
» est une moquerie que l'on lance à celui dont le chef est
couvert d'un chapeau ridicule ou trop grand (il est tellement moche
qu'il n'est pas possible que tu l'aies payé). Capéou
désigne aussi la couverture nuageuse d'un sommet montagneux :
« Quand la Bouano Maire a lou capéou pren ta capo et
vait'en lèou » (Quand Notre-Dame du Mai a le chapeau
(de nuages), prend ta cape et va-t-en vite), ou « ... s'a pas
plòugu, plòura lèu » (s'il n'a pas plu,
il pleuvra bientôt). Capoun Juron tiré du
substantif provençal capoun
(voyou, fripon, coquin, chenapan), exprimant l'étonnement,
souvent accompagné de bouan Diou (capoun de bouan
Diou !). Caque Lie de l'huile, sédiment,
ordure. « Ca sent la caque d'huile ! ». Car même Déformation de quand même. « Ces
nistons, car même, ils pourraient être un peu plus
polis ! ». « Ce que c'est, car même, de venir
vieux ! ». Caracou Gens du voyage
(prov. caràco, gitane), que le langage populaire
désigne aussi par romanichels, bohémiens, nomades, et que
l'on utilise aussi à l'adresse de quiconque est un peu ambigu
sur ses moyens d'existence, ou sur sa mise fantaisiste. Caramentran Nom
provençal dont le sens original est Carnaval (mannequin
que l'on brûle ou que l'on noie à la fin d'un carnaval
provençal), et qui est représenté par un
habillement burlesque. Traiter quelqu'un de caramentran (litt.
carême entrant), c'est se moquer de ses oripeaux aux couleurs
mal assorties. Au figuré, désigne une personne laide ou
débauchée : « Mais dis, caramentran, on va pas
perdre notre travail pour tes beaux yeux, non ! » (langage
des bugadières des Moulières). Cardelle Laiteron, plante
aimée des lapins (Sonchus oleraceus, ou Sonchus asper)
(prov. cardello). Carderine (n.f.) Chardonneret, oiseau qui se
nourrit des graines de chardon (prov. cardelino, cardalino,
cardarino).
Un passant avait autrefois demandé à Joséphine Hermitte, au quartier
Mar-Vivo : « Comment s'appellent ces deux oiseaux, madame
» ? « Un quinson et une carderine »
(Un pinson et un chardonneret). Carrèu Terme qui désignait
autrefois le carreau, ou tuberculose des ganglions
mésentériques des enfants, ou plus
généralement toutes les maladies abdominales infantiles
où le ventre était gros et dur. Avoir lou
carrèu (ou le carreau), c'est avoir gros ventre, par
suite d'une habitude de consommation excessive de féculents. Carretado (n.f.) Charretée,
charge d'une charrette. Cascavéou Grelot des
chiens de chasse, des chèvres ou du bouc du troupeau. Cassaïré,
cassaire Chasseur. Cassis Etre comme le
tambour de Cassis (à qui, disait-on, il fallait donner 1 sou
pour le faire commencer à jouer... et 5 francs pour
l'arrêter) : qualifie quelqu'un de bavard, une basarette
qu'on n'arrive plus à faire taire lorsqu'elle a commencé
de s'exprimer. Arbre de Cassis : appellation incorrecte de l'arbre
à cassie, espèce de mimosa à grosses fleurs,
dit Mimosa de Farnèse (Acacia farnesiana), famille des
légumineuses-mimosoïdées, originaire
d'Amérique centrale et utilisé en parfumerie. Une
légende disait de cet arbre de Cassis qu'il porte
malheur : celui qui en plante un, meurt dans l'année... Mais on
souvent confondu à tort cet arbre avec le Cassier ou Faux
Séné, dont on extrait la pulpe purgative
appelée casse - ou
encore avec le Cassissier, espèce de groseillier (Ribes
nigrum) dont les fruits servent à faire la liqueur connue
sous le nom de cassis. Cassoti Casse-pieds. « Qué cassoti !
». Cf. roumpi-pé, roumpi-couilloun, roumpi-tata,
etc. Castagnade Soirée,
réunion où l'on consomme des châtaignes
rôties, arrosées d'un bon vin blanc ou d'un vin cuit
traditionnel (prov. castagnado). Castagnaire Ramasseur de
châtaignes ; marchand de marrons ou de châtaignes
rôties. Castagne, castanha Châtaigne,
marron (prov. castagno ; latin castanea). Le terme
désigne aussi naturellement un coup (de poing) et une bagarre (ça
va castagner !), mais c'est de l'argot français qui n'est
pas spécifiquement provençal. Castagnié Châtaigner (Castanea
sativa), arbre de la famille des fagacées. Castagnettes Testicules (du prov. castagno,
même sens, dérivé de castagneto, petite
châtaigne). Ce petit, on dirait qu'il a les castagnettes un
peu molles... Castéou,
castèu Château. Au
sens fig., tira lou castèu : renifler ; tiras lou
castèu ! : mouchez-vous ! (Viendrait en fait de tira lou
candèu, tirer la chandelle). Catalan Chanter catalan : Sonner
le cassé (pour un objet en verre ou en porcelaine,
fêlé). Catane Sexe de la femme (cf. pachole,
mounine)
(étymologie ??). Caterinette, Catarinette Coccinelle, Bête-à-Bon-Dieu (prov. cacarineto,
de catarineto, Catherinette). Càti, couti, coti Marque de coup reçu par un
objet ; ébréchure, éraflure ; meurtrissure d'un
fruit. Terme toujours vivant en français populaire seynois et au
delà, apparemment provençal d'origine, mais certainement
apparenté au vieux verbe français cotir qui
(Littré) signifie « meurtrir, en parlant des fruits
» : La grêle a coti ces poires. Cauquer,
càuquer (Prov. cauca)
: Fouler (les gerbes de blé, la vendange, la terre) par
piétinement. D'où le nom de la rue Cauquière
où il y avait autrefois de grandes cuves à fouler le
raisin. On dit abusivement : « on cauque, ici », ou «
on cauque l'eau » lorsqu'on marche sur un sol humide, spongieux. Caud Chaud, chaudement
; chaleur. « Avèn bèu tèms, ma fa un
pòu caud ! » (Nous avons beau temps, mais il fait un
peu chaud). Cavaioun Désigne un
endroit perché, élevé (cf. le quartier Cavaillon
à La Seyne). Cavet, Cavé Insecte qui ronge le blé
dans les greniers ; bruche du pois (cf. baboua). Peut qualifier
aussi un imbécile : « Tu me prends pour un cavé
! ». Cèbe (n.f.) Oignon (prov. cebo,
lat. ceba, Allium cepa). « Pas proun de
faiou, li fou enca la cèbe ! », parole d'un avare (pas
assez qu'il a des haricots (dans son assiette), il lui faut encore un
oignon !). Celle Celle de... est un
sous-entendu pour désigner la petite amie ou la maîtresse
d'un personnage connu. « Celle de l'amiral M. ». Cénille Cese Pois-chiche (Cicer
arietinum). « Déman ventaren lei faiou mé
lei cese » (Demain nous vannerons les haricots et aussi les
pois chiches. Chabi Débiter, vendre, liquider,
se défaire d'une marchandise. (Dans notre région, chabi
a davantage le sens de : consommer, user, voire dilapider).
On dit d'une femme qui en est à son troisième mari :
« n'a deja chabi tres ! ». Chabigoti Probablement
dérivé de chabi sous une influence italienne pour
désigner, de façon péjorative, quelqu'un de
gaspilleur, de négligent dans ses dépenses, ou dans ses
affaires qu'il laisse se dégrader faute de soins. Cha-cha Litorne (grive à
tête grise et au ventre moins tacheté que les autres
espèces), ou draine (grive de grande taille, Turdus
viscivorus). « Il a pris un cha-cha pour une grive !
». Chaînette
(la) Cordon rocheux
sous-marin qui relie les Freirets (rochers des Deux
Frères) au continent. Chalet de
commodité, chalet de nécessité Autrefois,
édicule, lieu d'aisance, construit dans le jardin d'une maison
(cf. pàti, cagassière). Chambroun Petite chambre, chambrette ;
resserre, pièce attenante à la cuisine. Chantou Nom familier et affectueux
(prononcé 'tchantou) que les ouvriers seynois donnaient
à leurs Chantiers de construction navale. Chanu Adjectif
provençal (chanu, chanut, chanudo) désignant
quelque chose d'excellent, de première qualité, et, par
extension, quelqu'un de compétent dans une discipline, de fort,
de ferré. Ils sont chanus à La Seynoise (ce sont
des as, ce sont les meilleurs). Et d'un homme qui avait eu 8 ou 10
enfants, on disait aussi : « ero chanu... ». Chaple (n.m.) Dégât,
désastre, carnage, massacre, tuerie. Au figuré, faire
un chaple : mettre du désordre, faire du tintamarre, faire
un malheur, semer la zizanie et provoquer de la bagarre. « Son
chien a poursuivi mon chat, ils se sont battus au milieu du potager :
un chaple ! ». Charrer Causer, faire la conversation,
jaser, bavarder, "tchatcher" (prov. charra, parler, et charraire,
hâbleur). « Sur les deux heures que tu mets pour faire
le marché, tu charres au moins une heure ! » Charradisse Conversation animée,
longue causerie, conférence, entretien de plusieurs personnes
(prov. charradisso). Charreton Petite charrette
sans ridelles, charretin (du prov. carretoun, diminutif de carreto,
charrette). Chasper Palper, tâter,
tâtonner, fouiller avec les mains, pratiquer des attouchements
(prov. chaspa). Faire les bigorneaux à la chaspe
(en tâtant du pied dans les algues). Chaspavi dins la
mouscaio per trouva moun veiré (je fouillai avec les mains
au milieu des mouches pour trouver mon verre...). Châtaigne Prendre à la
châtaigne : frapper violemment, à coups de poing. Chavanne Orage, nuée d'orage, pluie
orageuse et passagère (du prov. chavano). Châtaigne-biscotte Farine de châtaignes-biscottes
: probablement, farine de châtaigne aromatisée. Pour
quelques sous, ils avaient une bonne mesure de poudre blanche qu'ils
absorbaient à même le papier gris des épiciers de
l'époque. Chèvre de mer Autre nom de l'araignée de
mer ou esquinade. Chiche ! Peut se traduire
par : « Et si je le faisais ? ». « T'es pas
chiche ! », t'es pas capable, tu n'oseras pas ! Chichette Pénis d'un enfant (cf. quiquette).
Maladroit, pataud. Aquel enfant es chichette (on dit aussi patè). Chichi Pénis, membre viril (cf. aucèu,
chichette, quico, quiquette, vié, vier).
Le chichi-de-ga et le couilloun-de-ga (du prov. ga,
chat) sont deux variétés de raisin blanc à gros
grains allongés. Chichi-bèli Lambeau de chiffon ou de papier
qu'on suspend au dos de quelqu'un pour faire rire à ses
dépens. Egalement, morceau de chemise qui passe au travers du
pantalon de quelqu'un qui a usé son fond de culotte. Chichi fregit,
chichi fragi Sorte de gros
beignet frit qui se vend à la fête foraine, ou au bas
du Cours, et dont la forme et le volume permettent les
plaisanteries faciles que l'on devine. Enroulé en spirale, le chichi
fregit est découpé par la marchande avec de grands
ciseaux à des longueurs variables, à la demande des
clients (cf. prov. fregi, ou fragi, frire). Voir
également le chapitre Place du Marché dans notre Tome III. Chichois (théâtre) Dans les années 1920 ou
1930, nom d'une baraque à la place de la Lune à La Seyne,
petit théâtre où se jouaient des sketchs comiques. Chichourle (n.f.) Jujube (prov. chichourlo),
fruit du chichourlié (jujubier). Cf. fan de
chichourle. Chicouloun Très petit coup de vin,
doigt de vin, gorgée (du prov. chicoula, boire avec
délices, siroter ; chiquet, petit coup de vin ; chiquetoun,
doigt de vin. S'applique aussi à l'eau-de-vie : un
chicouloun d'aigo-ardènt. Chilet Appeau, sifflet de chasse. Chilin-chilin Tout doucement. « Coumo vai ? ».
« Chilin-chilin ! ». Chin Chien (cf. can).
« Fa tout ce que póu..., coum'un chin quand cague...
». Chincharro Mésange bleue (Parus
caeruleus) (Chincharro est l'onomatopée du chant de
cet oiseau). Chique Chivau Cheval. A chivau :
à cheval. « Lou pichoun gibous, can anave a la casse,
a chivau su la limace, can anave o moulin, a chivau su lou lapin
» (chanson populaire). « A chivau douna, se regarda pas
lei dent », expression signifiant : quand on vous fait un
cadeau important, on ne va pas se plaindre pour des détails. Chopin Chopin de morue (choupin de
merlusse) : Tranches de pain sur lesquelles on a versé du
poisson bouilli, soupe de poisson. (cf. choupin, croûton
que chaque marinier a le droit de tremper dans le court-bouillon d'un
bateau de pêche). Chose Mot
employé pour désigner une personne dont on a
oublié le nom. « Tu le savais déjà ?
». « Eh vouei, oh, pauvre ! c'est... chose qui me l'a
dit, il y a cent ans de dimanche !!! ». Chouc Ivre, gai,
émoustillé. émoustillé. Du prov. chouco
jus de la treille, chuca, boire, et chucaire, celui qui
boit avec passion, qui savoure. Chuscle (n.f.) Poisson de mer du genre mendole,
famille des mendidés (Maena jusculum ou Maena maena),
à bouche très protractile, pouvant s'allonger en tube
(prov. juscle) (cf. gerle). Ciapacan, chapacan Fonctionnaire
préposé à la capture des chiens errants et
à leur transport à la fourrière. Ce nom
provençal (qui dériverait de l'italien acchiapacani)
servait aussi à désigner un individu un peu marginal qui
vivait du commerce des chiens qu'il attrapait dans les rues et
revendait pour leur peau. Cici Oiseau minuscule, tel que le
pipit des buissons, oiseau passereau insectivore du genre Anthus
(cf. vichou). Cicòri,
cicòri fèr, cicòria Chicorée
sauvage (Cicorium Intybus), l'une des salades sauvages les plus
recherchées. Ne pas confondre avec Cicòria amar,
ou chicorée amère (Urospermum Dalechampii). Cigale de mer (Prov. cigalo ou
cigaloun de mar, ou chambri de mar). Nom vulgaire de la
scyllare, crustacé décapode de nos côtes, à
abdomen rabattu en dessous, et reconnaissable à ses
écailles antennaires (sa paire d'antennes s'est
transformée en deux excroissances larges qui lui donnent la
physionomie d'une cigale). Il existe la grande cigale de mer
(qui peut atteindre les neuf cents grammes) et le cigalon qui
ne dépasse pas les 10 cm et qui vit dans les herbiers de
posidonies. C'est ce dernier qui est très estimé pour
décorer la bouillabaisse. A ne pas confondre avec la
galathée (Galathea squamifera) qui est un décapode
possédant de fortes pinces. Cisampe (n.f.) Courant d'air froid, vent coulis
(prov. cisampo, vent glacial, vent du nord, bise). Civada Avoine
cultivée (Avena sativa). Clafi (ou cafi),
clafide Rempli,
gorgé, farci, bondé, comble, infesté (du prov. cafi
ou clafi : remplir en pressant, farcir, gorger, combler).
« L'herbe était clafide de crottes de moutons et de
biques ». Clar Clair. D'aigo claro : de
l'eau claire. Le vin clair : le vin rosé. Clavelan Biòu
clavelan, ou Clavelan, ou Droite épine,
bigorneau dont le canal siphonal est plus long que l'ouverture (Murex
brandaris). Claver Clouer (prov. clavar),
percer de part en part. Exemple : capturer une seiche, un poulpe, un
poisson à l'aide de la fachouire (foëne). « D'un
peu, il me clavait le doigt ! ». Faire clave (prov. clave
ou clàvi), c'est se rendre, donner sa langue au chat (ce
que l'on exprime en passant son index dans un rond formé par le
pouce et l'index de l'adversaire). Clavèu Clou, pointe de charpentier Clergeon Petit clerc,
enfant de chœur (prov. clerjoun). Clovisse (n.f.) Coquillage
comestible (prov. clauvisso ; latin Tapes virgineus, ou
Tapes pullastra), voisin de la palourde de l'Océan. Cluisser Gémir, geindre, se
plaindre, soupirer ; glousser (prov. clussa). Cocagne ! « Oh ! Vous autres,
cocagne ! », signifie : « Vous n'êtes pas
à plaindre ! » (vous avez abondance de biens ou de
revenus). De : pays de cocagne, pays imaginaire où l'on
a tout en abondance et sans peine, où la vie est agréable
et facile. Cochon (pas) Pas cochon :
Généreux, large, ne regardant pas à la
dépense lorsqu'on invite quelqu'un, ou lorsqu'on fait un cadeau. Còli ! Imbécile, sot, ballot (du
prov. còli, colis, caisse, ballot ?). Collègue Ami, copain.
« Oh ! mon collègue, comment tu vas ? ». Comblage Zone de comblement (comblage
n'est pas un mot de la langue française). Pour les vieux
Seynois, le Comblage désignait la zone située
entre les Esplageols et les coteaux de Brégaillon,
autrefois composée de terres marécageuses, et qui a
été assainie et développée en zone
industrielle par comblement des marécages. Comme ! S'emploie, pour exprimer la
stupéfaction, à la place de comment ou de comment
se fait-il ? : « Comme ! T'es pas parti ! ».
Autre anecdote, à titre d'exemple : notre professeur de sciences
naturelles de terminale (Mlle L.), bien que célibataire,
essayait de nous donner quelques rudiments d'éducation sexuelle
et elle dit un jour : « Chez les jeunes, les premiers rapports
sexuels, c'est très bref, c'est comme une simple masturbation
». Alors, l'un des élèves de la classe (JLB) (qui
était, lui, marié, et avait un enfant), feignant
l'incompréhension, lui répondit : « Comme !
». Commission Dans le langage des
écoliers d'autrefois, demander à sortir de classe pour
faire la petite commission, c'était pour faire pipi
; quand c'était pour faire la grosse commission,
c'était pour faire caca. Comprenence Compréhension,
facilité à comprendre les choses (prov. coumprenenço).
« Çui-là, il est dur de la comprenence ! ». Con à la
voile Connaître Savoir, reconnaître,
deviner. « Çui-là, ça se connaît
que ses parents sont blonds ! ». Conque Bassin d'une fontaine, vasque,
cuvette, bassine de cuisine (prov. conco, du latin conca,
maie d'un pressoir, récipient pour collecter l'huile de
pressage). Cònsou Consul ; nom que
prirent les magistrats municipaux des communes du Midi aux XIIe et
XIIIe siècle, et qu'ils portèrent jusqu'en 1789. Còpi Quolibet, brocard, qualificatif
désobligeant. « Chaque personne qui passe a droit à son (sa)
còpi » (douno sa còpi en cadun) : chacun
reçoit son coup de langue. Cordonnier (Prov. courdounié)
Type d'insectes aquatiques qui marchent sur l'eau avec des mouvements
saccadés, tels que le gerris, l'hydromètre, le notonecte,
la "punaise à avirons". Cornue Cuve de bois
munie de deux poignées et servant au transport des grappes de
raisin ou du marc de vendange (raque). Corsoise Localement, une Corsoise
désigne une femme d'origine Corse. Còu, colle Colline (la Colle
d'Artaud - et non le col d'Artaud). Còu, couale Cou. « Oh
! Moun bèou, coumo va lou còu ? ». Couatte Taloche, calotte (coup
donné sur la tête avec une main ouverte) (du prov. coueta, calouta,
donner des taloches). Coucarin Voir à : Quaucarèn,
quoucarèn. Coucou (à), cou-cou
(à) En position accroupie, à
croupetons. Coucourde Courge, citrouille, potiron,
gourde ; mauvais melon ; homme vain et présomptueux (prov. coucourdo,
cougourdo). Coucourdié Plante de courge, lieu
ensemencé de courges. « Coumbien n'as cueilli ? » - « Tout
lou
coucourdié pourri ! » Coudoulet Caillou, galet, lieu rocailleux
où la marche est difficile (prov. code, còdou).
(cf. roumpi-cuou). (cf. le quartier de Six-Fours nommé La
Coudoulière ou Coudourière). Couffe Manne, grand panier, grand sac de
sparterie, sac à quatre poignées utilisé par les
charbonniers ; son contenu (généralement, 50 kg de
charbon) : « Il m'a livré une couffe qui faisait
à peine 40 kgs ! ». Couffe Sottise, bourde, bévue
(prov. coufo). « J'ai fait une brave couffe !
». Coufle, gounfle (adj.) Gonflé, repus. (N'en
sièu gounfle, j'en ai tout mon soûl). A
également le sens de : gros de larmes, très
affligé, le cœur gros. Couifo Coiffe (uno
couifo a canoun). Couillon,
couilloun, couioun, coulhoun Imbécile,
benêt. « Sies ben couilloun ! » (Tu es bien
couillon !). « C'est couillon ! ». (c'est
bête, c'est stupide !). « Sies trop couilloun per gagna
quauquarèn ! » (Tu es trop bête pour gagner
quelque chose). Au jeu de cache-cache, on se criait : « Bello
luno, bèou souluou, fai te vèire ! »,
pour s'entendre répondre : « Pas tant couilloun !
». Qualificatif désobligeant associé aux habitants
de divers villages varois : Lei couilloun de Cuers. Couilles (arbre
à) Désigne le
baguenaudier, arbuste. Voir aussi à aliboufier et
à l'expression « m'a roumpu lis alibòfi ». Couilles en l'air Dans le langage
de la construction de navires en bois, désignait une scie
à lame renversée, permettant de scier du bas vers le
haut, dans des recoins du navire d'accès difficile. Couillon de la
lune Une des variantes
de cet adjectif dévalorisant servant à traiter quelqu'un
d'imbécile. Comme autres injures populaires, citons aussi : Couillon
droit ! Couillon d'ai (d'âne) ! Un couillon dans un
siéton ! Ce n'était pas la moitié d'un
couillon ! (que l'on a pu interpréter soit par : ce
n'était qu'un imbécile, soit, au contraire par : ce
n'était pas un imbécile du tout). On connaît
aussi l'adage populaire : « Qui fait des vers sans le vouloir
est un couillon sans le savoir ! ». Couillonime (n.m.) Alors qu'une couillonade
est une sottise, une bétise, une bévue, une maladresse
ponctuelle, le couillonime (prov. couiounige, ou couiounun)
désigne la bétise intrinsèque, le caractère
de stupidité permanente d'un individu, le fait d'être couillon. Couilloti Petit couillon. « Qué
couilloti ! » (Cette expression est utilisée en
secouant la tête, en signe de dénégation, avec une
moue apitoyée). Couler Couler la lessive : verser
de l'eau bouillante sur le linge entassé dans une baille,
un cuvier. Couler les pommes de terre : introduire doucement
les pommes de terre dans l'eau bouillante. Couleur (n.m.) Le couleur : le linge de
couleur (dans le langage des bugadières). Coumprendre Comprendre. « Coumprenès
? » (Comprenez-vous ?). « As coumpré ?
» (Tu as compris ?). « Se manjavo, serié
guerido, digo lou medecin ; soulamen manjo pas, as coumpré ?
». Coun Con. Sies pas
un pou coun ? Aquéu de coun ! Coup de poing Arriver avec les coups de
poing tous faits : bouillir de colère, arriver furieux, la
colère prête à éclater. Coupe-pied Appellation locale du
perce-oreilles, ou forficule, insecte orthoptère
dermaptère qui attaque les légumes ou les fruits
mûrs (cf. également taille-cèbe). Couquin ! Coquin
(interjection à partir d'un adjectif pour exprimer la surprise
ou l'émoi) : Couquin de Diéu ! Couquin de pas
Diéu ! Couquin de bouan sang ! Par ailleurs, un couquin
de Diéu désigne un enfant particulièrement
insupportable, un vrai démon : « Ils ont une fillette, c'est
un vrai couquin de Diéu ! » (cf. tron de l'air). Couronner (se) Se couronner les genoux :
s'écorcher les genoux (cf. se descourouna, se
découronner, verbe que l'on applique aux chevaux qui, en
tombant, s'écorchent le devant de la patte). Courrejolo Liseron des champs (Convolvulus
arvensis) ou autre plante (par exemple, la Renouée
Faux-Liseron : Polygonum Convolvulus) à très
longue tige rampante ou grimpante (cf. prov. courreja, courir
de côté et d'autre, aller çà et là,
vagabonder). Coustelline,
cousteline Salade sauvage
amère, très recherchée, du genre Picridie (Picridium
vulgare, ou Reichardia picroides). Coustignous,
croustignous Fromage
fermenté, d'odeur particulièrement forte et piquante (du
prov. couissignous ou coussinous, cuisant, piquant),
préparé chez soi dans un bocal avec tous les restes de
fromages auxquels on ajoute un petit verre d'aigo ardent (pour
éviter aux vers de devoir se développer...). On rajoute
les restes de fromages au fur et à mesure, puis on laisse
reposer le mélange une bonne demi-douzaine d'années en
remuant de temps à autre pour bien mélanger les
ingrédients. Craindre Avoir honte, être penaud,
baisser les yeux, avoir l'oreille basse, accuser le coup (prov. faire
crento) : « Son père l'a grondé et il l'a
craint ! ». Autre sens : être inquiet (de la
réaction de qqun) : « Sa femme, elle l'a su et petan, pour
lui, ça craint ! » (Il peut être inquiet de sa
réaction !). Craniger, créniger Produire un bruit aigre, grincer,
ou également craqueter, crépiter (prof. creniha,
craneja, cracineja). Peut s'employer pour le bruit que l'on fait en
croquant un biscuit. On a dit aussi : « On fait cran-cran la
dent ». Creba Crever, éclater, percer,
mourir (en parlant des bêtes), s'arrêter ou s'apaiser (en
parlant du vent) : Lou mistraou a creba ! Cregnènt Craintif, timide (aquèu
pichoun, es cregnènt) ; qui a de la répugnance,
délicat sur le manger. Creissu Crû, accrû, grandi
(participe passé du verbe crèisse,
croître). « Aquèou a creissu ! », dit
le Provençal devant un individu de très grande taille
(qui n'est manifestement pas de race provençale), et il ajoute
« Dou veni d'un pays de mounte plou ! » (Il doit
venir d'un pays où il pleut...). Assimilant trop grande taille
et bêtise, le Provençal va même jusqu'à dire
: « Lou bouan Dièu, mai t'a fa grand, mai t'a fa
couilloun ! ». Crespèu Crêpe, pâtisserie
cuite à la poêle. Par extension, en langage vulgaire, peut
désigner un crachat épais particulièrement
dégoûtant, un graillon (cf. molard). Crespinettes Avoir les crespinettes :
être énervé, irrité, bouillir : « Cette
cliente m'a fait venir les crespinettes ! ». Terme
très vivant en français populaire seynois. A sans doute
un lien avec crespa, crispa, tu me crispes. Crier Gronder, réprimander
quelqu'un. « Il m'a crié après ». Cropatta Corbeau (ou corneille ?) (du
prov. croupatas, groupatas). Croumpa Acheter. Croumpa 'n chut
: se taire. Croustet Croûton,
morceau de pain grillé, parfois frotté d'ail, qu'on
apporte aux champs. Çui-là Celui-là. C'est
çui-là qui colle les affiches, la nuit. Cul cousu Personne qui ne rit jamais (prov. cuou
courdura). Cul-rousset Queue-rousse, rouge-queue,
fauvette des Alpes (?) (Phœnicurus phœnicurus) (prov. cuou-rousse,
cuou-rous). Cuou Cul,
derrière, fond, partie inférieure.
« Genous d'ome, cuou de frume, nas
de can, soun gela tout l'an ! ». « Se senti lou
cuou merdous (ou lou cuou paious) » : se sentir
coupable. « Lou cuou mi tocavo pas la camiso » :
J'étais transporté de joie, je frétillais de
plaisir.
Cachet
Avoir le cachet au derrière : Avoir le fond de culotte souillé d'excrément. Tu pourras jamais te perdre toi, tu as toujours le cachet au derrière (entendu autrefois au quartier Touffany par un voisin qui visait son ami LM).
Capian
Pièce
de bois, rehaussée de joues, terminant l'étrave des
pointus et
permettant leur amarrage. C'est aussi un symbole commun aux ports de la
Méditerranée occidentale. Souvent peint en rouge, de
forme phallique,
on le considère comme une allégorie de la force masculine.
Carré (n.m.)
Pièce de
tissu de forme carrée, souvent noir, qui, après que l'on eut noué les
coins diagonaux deux à deux, formait un baluchon et permettait
d'emballer et de transporter commodément des produits du marché.
Champignon
Champignon-de-la-grosse-jambe : Désignation familière du cèpe ou de divers bolets dont le pied est épais ou à base renflée.
Coumuno
Mairie, hôtel de ville, maison commune (Prov. coumuno). Anan à la coumuno.
Cris
Des cris !
Expression locale qui illustre ou exagère le récit d'une vive
discussion, d'une dispute, d'une querelle, où les participants ont crié
à qui mieux mieux. Expression qui revient aussi dans un
récit que quelqu'un veut rendre captivant ou haut en couleurs, mais qui
manquant de vocabulaire approprié, meuble ses lacunes par des Des cris ! ou des Ici ! Là-bas ! ou encore Qué scène !
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Jean-Claude Autran 2021