Lettre F
Fàbi |
Jarre. La fabi de l'òli : la jarre à huile. |
Fabrego |
Basilic (Ocimum Basilicum), plante aromatique de la famille des labiées. |
Fabrego |
Forge, atelier de forgeron, usine métallurgique (lat. fabricare ; prov. fabrega, forger, fabriquer). |
Fabregoulié, falabréguié |
Micocoulier (Celtis australis), arbre de la famille des Celtidées. Falabregoulo désigne la micocoule, fruit du micocoulier. |
Fabrègues |
Végétaux semblables au serpolet, aux essences odorantes (cf. fabrego, basilic). |
Fabrician |
Marguillier (laïc qui administrait les biens de la paroisse). |
Fachouire |
Foëne, ou fouine : harpon à plusieurs branches pointues pour claver les poissons plats, les seiches, les poulpes, etc. |
Fàci d'Or |
Face d'or (surnom d'un steam-boat La Seyne-Toulon (La Seyne n° 3) en raison de sa figure de proue dorée (par opposition au steam-boat La Seyne n° 1, dont le surnom était Mourre Nègre (Face noire)). |
Fada, fadade, fadòli |
Idiot, imbécile, niais (du prov. fado, fée) ; d'où fada, fadado, enchanté par les fées. (On ne naît pas fada, on le devient sous l'influence des fées). Quand le Maire exposait ses plans, ses adversaires ricanaient, le considéraient comme un utopiste et n'hésitaient pas à le traiter de fada. Le mot fada est également employé pour désigner un fanatique, dans le sens de mordu de : « Çui-là, il est fada de l'OM ». |
Fadé |
Terme mal expliqué; entendu dans l'expression : Il y a des gens qui sont pas fadés (?) dans la vie (Il y a des gens qui n'ont pas de chance, qui sont marqués par le destin). Peut-être y a-t-il un lien avec le prov. fado (fée), du lat. fatum, destin ? |
Faï bouilli |
Bouilleur de cru (du prov. fai, faire, et boui, bouillon, ébullition). |
Faiòu |
Haricot. |
Faire |
Peut avoir, entre autres, le sens de : planter (Cette année, je vais faire des haricots à dégrener) ; de ramasser, récolter (Faire de l'herbe pour les lapins. Où on ira faire les moules rouges maintenant ?) ; de dire (Alors, il me fait : « T'es pas madu de croire çà ? ») ; d'enseigner (C'est M. Muraccioli qui nous faisait la géographie) ou, plus généralement d'exercer un métier (Ma petite, elle veut faire professeur...) ; de fonctionner, de se déclencher (pour un signal) (Ce midi, la sirène a encore fait) ; de prendre, d'absorber (La bette faisait de l'eau) ; d'uriner (Il paraît que le Président va faire démolir toutes les pissotières de Marseille ! Et pourquoi ? Pour empêcher Gaston de faire !) ; de déféquer (cf. la phrase sibylline autrefois écrite sur un mur du W.-CN du cinéma Rex : « Ici, laissez parler celui qui doit le faire... ». « Va te faire... », sans préciser la suite, est aussi une expression très vulgaire. |
Faire petit |
Vivre chichement. L'expression fait petit ! est également utilisée à table, lorsque le repas d'un enfant est servi (et lorsqu'il s'agit d'un aliment qui a coûté cher), pour exiger qu'il fasse de petites bouchées, qu'il n'avale pas la ration d'un trait. |
Faiseur |
Fanfaron, fier-à-bras, hâbleur, olibrius, m'as-tu-vu (cf. arleli, estraio-braso). |
Faïsse |
(Prov. faisso). Bande de terre soutenue par un mur, gradin d'un terrain en pente (cf. bancau, restanque). |
Fait |
Enduit de, taché de : un papier fait de merde, un linge fait de sang. |
Fait tirer ! (fai tira !) |
Expression d'impuissance ou de résignation devant un évènement contre lequel on ne peut rien. Équivalent de : laisse tomber ! ou encore : continue ! avance tout de même ! |
Fan (Oh) ! |
Diminutif de enfant, très fréquemment utilisé dans des formules exclamatives, dans toutes sortes de situations : surprise, étonnement, admiration, désarroi, etc. : Fan de garce ! Fan de petan ! Fan de chichourle ! Fan des pieds ! Oh ! Fan ! etc. |
Fangue |
(Prov. fango). Fange, boue, crotte, vase (cf. s'enfanguer). |
Fanny (baiser) |
En Provence et dans la vallée du Rhône, il est de tradition qu'un joueur de pétanque battu par 13 à 0, avant de payer sa tournée, aille « baiser Fanny », c'est-à-dire embrasser le postérieur dénudé et rebondi d'une effigie féminine, en règle générale accrochée derrière le comptoir du jeu de boule. Il est intéressant de noter que, dans l'argot américain, le mot fanny signifie précisément « cul » ! |
Faoucado |
Groupe de personnes, famille, se déplaçant ensemble, le plus souvent pour une partie d'agrément au bord de mer. Le soir, les faoucado reprenaient le chemin de la maison. Du prov. foucado, baignade de famille, partie de pêche en famille. |
Farfouiller |
Fouiller en mettant tout sens dessus dessous. L'escavénier devait farfouiller patiemment dans la vase dans l'espoir de découvrir un mouredu. |
Farigoule, farigoulette |
Thym vulgaire (Thymus vulgaris), plante aromatique de la famille des labiées (prov. farigoulo). |
Farot |
Feu, système d'avertissements de pratique très ancienne, par la fumée pendant le jour, par la flamme pendant la nuit qui, allumé, signalait l'arrivée de bateaux ennemis ou suspects. |
Farot, faraud |
Fier, prétentieux ; élégant, coquet. Etre farot, ça peut être aussi : être bien installé, se trouver dans des conditions enviables, ne manquer de rien. On dit alors : « le roi d'Italie n'est pas ton cousin ! ». |
Farrat, ferrat |
Seau, plus spécialement seau en bois, cerclé de fer ; contenu d'un seau : un farrat d'aigo (cf. bouiòu). |
Fascine, faissine |
Petites branches, entassées, liées en fagots, autrefois utilisées pour chauffer les fours des boulangers (prov. faissino). |
Fatche |
Autre exclamation dérivée du provençal fàcho, fàci, face (cf. it. faccia), qui entre dans la composition de nombreux jurons marquant la surprise ou l'admiration, tels que fatche de con ! |
Fatigué |
Euphémisme pour gravement malade. « Oh ! Il a été bien fatigué ! » (Il a été à l'article de la mort). |
Fatiguer |
Fatiguer la salade : la retourner longuement dans l'assaisonnement. |
Faudiou, faudau |
Tablier, sarrau. |
Fausse-perruque |
Perruque, tout simplement. « J'ai rencontré Madame S., elle avait le faux-cul, la fausse-perruque, tout ! ». |
Faveloun |
Laurier Tin (Viburnum Tinus), aux baies d'un bleu métallique. |
Favouille (n.f.) |
Crabe (du prov. favouio,
crabe, écrevisse de mer). « Il est
momo, il est fada, il est jobastre ; il a une favouille là-dedans, qui
lui ronge le jugement ». |
Fède (n.f.) |
Brebis (prov. fedo). |
Fénestron |
Petite fenêtre, vasistas, lucarne ouvrant au nord (prov. fenestroun, dimin. de fenestro, fenêtre). |
Fénière |
Grange à foin, fenil (prov. feniero ; de fen, foin). |
Fère, ferre |
Sauvage, qui n'est pas cultivé (utilisé pour les salades ou chicorées sauvages : salade ferre) (prov. fèr, fèro) |
Festival |
Se faire un festival signifie : briller, très bien marcher (à une épreuve d'examen ou à une composition). « A la lecture du sujet, j'ai cru que j'allais me faire un festival ! Et puis non, ça a pas été ça ! ». |
Feu de Dieu |
Désigne, par antithèse, quelque chose de diabolique ou d'exceptionnel. Un aïòli du feu de Dieu, c'est un aïoli de tous les diables. Se trouver au feu de Dieu, c'est se trouver au diable. |
Fève |
Désigne, entre autres, le gland de la verge dans un certain nombre d'expressions imagées (prov. favo, même sens). « Avoir la fève » (avé la favo) signifie aussi : avoir la guigne, le guignon, la malchance. |
Ficous |
Délicat sur le choix des aliments, dédaigneux. Siés ben ficous ! Fasié lou ficous e semblavo qu'avé pòu de s'empouiouna. |
Fielas, Fielat |
Congre, anguille de mer (Conger vulgaris, ou Muraena Conger, famille des Anguillidés), poisson marin gris-bleu foncé atteignant 2 à 3 mètres, très vorace, qui vit dans les creux de rochers [du prov. fiela, filer, réduire en fil, effiler, ou fielas, filet), poisson de mer ainsi nommé parce qu'il est effilé comme une anguille, on bien parce qu'il entortille sa queue autour de ceux qu'il prend comme le ferait un filet (?)]. |
Fiéragno, darado |
Nerprun Alaterne, Bourgue-épine (Rhamnus alaternus), arbuste commun des maquis et garrigues du Midi (famille des Rhamnacées). (cf. aladèr). |
Filadou |
Celui qui file, fileur de profession (à La Seyne, la rue Marius Giran s'appelait autrefois rue du petit Filadou). |
Filles d'artichaut |
Nom sous lequel les jardiniers désignent les rejetons (œilletons) d'artichaut, utilisés pour la multiplication. |
Finocho |
Finaud, finaude. Es un finocho, c'est un malin. |
Fioupelan, fièu-pelan |
Sorte de crabe aux pattes velus (de fiéu, fils et pelan, poilu) (cf. caban, fòu, fòu-barrois, favouille). |
Fleurette |
"Fleur de vin", pellicule blanche, moisissure, qui se forme à la surface du vin dans une bouteille mal bouchée, ou stockée verticalement. (cf. chano, chouano, cano). |
Flopée |
Une flopée : une grande quantité, une tapée, une tripotée. « Ils sont arrivés une flopée (et) encore un peu ». |
Foire |
Terme utilisé pour fête foraine. « Ce soir, je vous mène à la foire ». |
Foncer |
Payer, fournir des fonds, rembourser une dette. « ... Et ce sont encore ses parents qui ont dû foncer ». |
Fòu |
Sorte de crabe velu à grosses pinces (cf. favouille, caban). Pourquoi disait-on un fòu barrois ?? - d'ailleurs déformé à tort en crabe faux-barrois. |
Fouale |
Fou, insensé, extravagant. « Aquéu es fouale ! », disaient les premiers spectateurs de Charles Trenet, qu'on appela d'ailleurs le Fou chantant. |
Fouant, fous, font |
Fontaine, eau vive, source. La Fouant dèi Can (dans la forêt de Janas). |
Fouaro, defouaro |
Dehors, en dehors de. Dire à quelqu'un : « Acò, ès caga fouaro lou pot et emmerda la manilho ! » (Ça, c'est caguer en dehors du pot et aller même jusqu'à souiller l'anse !), signifie qu'il a exagéré - et même dépassé les bornes... |
Fouasse |
Beaucoup, une grande quantité, un grand nombre (prov. fouarço, forço). Dei pignets ? N'avié pas fouasse ! |
Fouirous |
Foireux (du prov. fouiro, foire, diarrhée). « A fa un pet fouirous... ». |
Foulandre |
Extravagant, fantasque, folâtre (prov. foulastre). |
Fourbi |
Attirail embarrassant, grand nombre de choses sans grande valeur. Tout le fourbi (cf. bataclan, saint-frusquin). |
Fousc, fusco, fousque |
Couvert, voilé, nébuleux, trouble (lat. fuscus). La luno es fusco, deman ploù ou bouffe (la lune est voilée : demain, ou il pleut ou il fait du vent) - prévision que les plaisantains déformaient en : La luno es fusco, a lou cercèu, ou ploù ou bouffe,... ou ben fa beou. |
Foussat ! |
Reproche gentil à un enfant coquin, espiègle. Peut-être de fourçat, galérien, forçat (La Seyne était tout près du bagne de Toulon...). |
Fouti (m'en) |
Je m'en fous. « Habitants de Roquevaire, on ne vous voit jamais à la messe, vous serez tous damnés ! », disait un jour le prêtre. « Iéu m'en fouti, siéu d'Auruou... » (Moi, je m'en fous, je suis d'Auriol...). |
Frachan |
Terre mêlée de gravats, débris de matériaux de construction, menus décombres de démolition, plâtras. Dire à quelqu'un : au frachan ! c'est lui signifier qu'il est totalement incapable et bon pour le rebut. |
Frais |
Frêne (arbre) (lat. Fraxinus). |
Franciot, Francihot |
Nom donné par dérision à un Français du nord, ou à un Méridional qui affecte de parler français, ou qui prend l'accent du nord. |
Frégit, fragi |
Frit (cf. Chichi frégit). |
Freirets |
Petits frères. Désigne chez nous les rochers de Sicié : Les Deux Frères. |
Fréquenter (se) |
Etre presque fiancé. |
Frérastre |
Péjoratif (frérâtre, construit comme marâtre) de beau-frère. « C'était le fils de mon frérastre ! », dit un jour, en sanglotant, une parente du mort lors d'une veillée funèbre (provoquant l'hilarité de l'assistance...). |
Frier (se) |
Se briser en menus morceaux, partir en poudre (de friable, du lat. friare, réduire en morceaux). « Ces biscuits, on peut pas les manger : dès qu'on les touche, ils se frient ! ». |
Frisons |
Fins copeaux de menuisier (prov. frisoun ; vieux fr. frison ; bas lat. frisum, frange). |
Froumage, froumatge |
Fromage. « Un froumage coumo un mortier, lou manjaren in compagnié… ». |
Fromage (manger du) |
Faire une faute de pied, notamment à la pétanque (être trop avancé, avoir les pieds qui dépassent du rond, au moment où l'on joue sa boule). |
Frottadou |
Terme d'argot marseillais qui vient du provençal freta, frotter, équivalent de flirter. Les frottadous désignent donc des couples de jeunes gens qui s'affichent, qui flirtent ouvertement. Un frottadou désigne également un maniaque sexuel qui profite d'une cohue ou d'une promiscuité forcée pour se frotter contre les femmes (cf. pistachier). Certains étaient bien connus dans les tramways toulonnais, où les heures d'affluence étaient propices à leur manège. On peut dire aussi fretadou, qui est davantage conforme à l'étymologie. « Les pescadous de la Marsiale, sont les rois, voyez-vous, des frottadous... » (extrait de l'opérette Un de la Canebière, interprété par Alibert vers 1935). |
Frumo (n.f.) |
Femme, épouse. « Genous d'ome, cuou de frumo, nas de can, soun gela tout l'an ! ». |
Furer |
Draguer, flirter (du prov. fura, fouiller, fureter). |
Fusiù |
Fusil. L'expression : « Mi fas toumba la pèiro daù fusiù ! », qui se réfère à l'époque des fusils à pierre, signifie : « Tu me désespères, tu mets ma patience à bout, tu me désarmes ! ». |
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Jean-Claude Autran 2021