Lettre G
Ga |
Chat. L'exclamation : « Ga ! », sur un ton de hargne, équivalente à : sale chat ! ou sale bête ! était autrefois utilisée par ceux qui haïssaient les chats pour faire fuir l'animal qui s'était aventuré sur leur terrasse ou dans leur jardin. (cf. gàtou). |
Gabian |
Goéland, grand oiseau palmipède très commun, de la famille des laridés (genre Larus) (du prov. gàbi, cage, et également hune ou gabie, peut-être parce qu'à l'approche des bateaux, le gabian vole autour des hunes, des gabies et s'y perche aussi quelquefois. A distinguer de la mouette (gabianello). |
Gaga |
Gâteux (cf. fada, giblé, madu, etc.). |
Gaire |
Guère, peu, presque pas. « De leurs voix éraillées, ils commandaient leur pastis en ajoutant au cabaretier : Gaire d'aigo !... ». « Sièu fatiga, ai gaire de voio ! ». |
Galavard |
Goinfre, vorace, goulu, morfale (cf. faire de boufin). |
Galéjer |
Du prov. galejar. Plaisanter, badiner, railler. Une galéjade. |
Galère |
En galère : loin, à une très grande distance, à perpète. En galère ! Expression de dépit ou de renoncement (cf. au pégal ! ). |
Galinette |
Rouget grondin, lyre, poisson de mer de couleur rouge (Trigla lyra - ou Trigla lucerna ?). |
Galu |
Chapeau (de l'argot galurin, ou galure ; de l'ancien français galer, s'amuser). |
Gamacher |
Avoir du mal, éprouver des difficultés, essayer maladroitement de faire quelque chose (prov. gamacha). « Je t'ai vu gamacher au moins 5 minutes pour faire ce créneau ! ». |
Gamate |
Auge à ciment des maçons. |
Gambajoun, cambajoun |
Jambon, en particulier jambon cru de campagne. |
Gambette |
Faire la gambette : faire un croc en jambe (terme des cours de récréation) (du prov. cambeto, petite jambe et faire cambeto). |
Ganare |
Ivresse, ébriété, cuite : Se prendre une ganare. Saoul, émêché (du prov. ganarro, ivresse). « Qu'est ce qu'il boit ! Pas étonnant qu'il soit toujours ganare ! ». |
Gangasser |
Ébranler, agiter fortement, secouer : gangasser un prunier (pour faire tomber ses fruits) ; branler, avoir du jeu. Le petit, il a une dent qui gangasse. Se gangasser : se remuer vivement. |
Gangui |
Pêche au gangui : ancien mode de pêche, dévastateur des fonds marins : un filet volumineux. La pêche au gangui consistait à draguer les fonds d'herbiers non pas en poussant (comme le pousse-avant) mais en traînant un filet volumineux (le gangui) en forme de sac conique dont l'embouchure était tenue béante par une armature de fer et au fond duquel s'entassaient poissons, langoustes, poulpes, crabes, etc. Etre dans le gangui, c'est aussi être dans une situation inextricable, soit au sens propre (embrouillamini, emmêlement de fils de pêche), soit au figuré (être dans le pétrin) (cf. bousin). |
Ganchou, gantchou |
Ustensile de pêche ou de navigation : gaffe, simple crochet métallique fixé au bout d'une perche pour s'accrocher ou tirer à soi une épave. |
Gaoubi, gàubi (n.m.) | Adresse, don. Avoir du gàubi, c'est avoir de l'adresse, de la dextérité, du savoir-faire, une aisance naturelle. « Pour servir le Pernod ou le Vermouth, dans son bistrot du port, on peut dire qu'il a le gàubi ». |
Garça |
Jeter avec force, asséner, flanquer, lancer, ficher. « Garça mi lou camp, capoun dóu bouan diou ! » (Fiche-moi le camp, etc.). « Garça un bacèu (ou manda un bacèu) » (donner un soufflet). |
Garni |
Meublé, ou appartement que l'on loue meublé (du vieux français garni, hôtel où l'on loue des chambres meublées à la semaine, au mois). |
Garouille, garrouille |
Querelle. Chercher garouille : chercher noise, chercher la dispute, la querelle (prov. cerca garrouio). |
Gàrri, gàri |
Rat, gros rat commun, surmulot. Désigne aussi affectueusement un tout petit garçon : « Moun garri ! ». Dans le jeu de cache-cache, on disait aussi : « Garri ! Garri ! Souarti ! » pour faire sortir celui qu'on n'avait pas pu retrouver. |
Garou, San bois |
Nom du Daphne Gnidium ou thymélée, bois-gentil, sain-bois, arbuste à fleurs blanches odorantes et à baies rouges, commun dans la garrigue (famille des thyméléacées). |
Gaste |
Terre gaste : terre inculte (du prov. gast, dévasté, inculte ; ou du verbe gasta : gâter, détériorer, endommager, ravager). Les terres gastes, nom donné au versant nord qui précède l'arrivée au Sémaphore de Sicié. |
Gàtou |
Chat (plutôt dans le
langage des écoliers) (du prov. gatou, gatoun, chaton,
petit chat, et gato, chatte). « Se baigner à
la rivière, c'est dégueulasse ! Tu sais ce que j'ai
trouvé au fond ? Un gàtou mort ! » [G.G.]. (cf. ga) |
Gatoun |
Sorte de bâton, outil de cordier, permettant d'obtenir des torsades spiralées. L'altération de bâton a donné gaton, ou gatoun, d'où le nom de La Gatonne, peut-être donné à ce quartier de La Seyne où l'on fabriquait les cordages pour la construction navale et la Marine. |
Gau |
Coq, mâle de la poule. |
Gau, gaou |
Gué, passage, chenal. Il existe le Gaou du Brusc qui n'est autre que le passage qui sépare la première île des Embiez du continent. Également, avant que ne se forme l'isthme des Sablettes, il existait entre l'île de Marégau et sa voisine un passage étroit et dangereux que l'on baptisa marigaou, nom provençal signifiant mal gaou ou mauvais gaou (mauvais passage). |
Gàubi (n.m.) |
Fougère. Le terme bouan gàubi aurait aussi désigné un arbrisseau de nos bois. Ne serait-ce pas la Lavande stœchas ? |
Gauvi |
User, consommer (cf. chabi). « Lou pitchoun m'a gauvi tout lou petròli ! », dit la grand-mère Aubert à son petit-fils [Marius Autran] qui avait arrosé ses géraniums avec le pétrole pour la lampe. |
Gavèu, gaveou |
Javelle de sarments, petit faisceau de vigne ou de menus bois utilisés pour faire de la braise à cuire les aliments. |
Gavot |
Sobriquet qu'on donna en Provence aux montagnards des Alpes. Homme grossier, rustre. |
Genre masculin/féminin | Beaucoup
de vieux provençaux commetaient, lorrsqu'ils s'exprimaient en
français, une erreur de genre sur cerrtains mots qui
n'étaient pas du même genre en provençal par
rapport au français. Exemple : un pêche (lou pessegue, en provençal), la sulfate (). |
Gerle (n.f.) |
Poisson de mer du genre picarel, famille des mendidés (genre Smaris), à bouche protractile, voisin de la chuscle (Maena maena). |
Gibe |
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Gibous, giboua |
Bossu, bossue. « Peirin ! Rascous ! Lou pichoun vèndra gibous ! » (Parrain ! Avare ! Le petit sera bossu !) Phrase traditionnellement adressée au parrain par les gamins rassemblés à la sortie des baptêmes. Implicitement, cela voulait dire que l'enfant deviendrait bossu, si le parrain ne faisait pas des étrennes à l'assistance. |
Giblé |
Qui a perdu la raison, qui a un comportement anormal (du prov. gibla, plié, tordu) (cf. fada, foulandre, gaga, madu). |
Ginesto |
Genêt d'Espagne, ou Spartier (Spartium junceum), aux fleurs jaunes odorantes, plante très toxique (famille des légumineuses). |
Ginesto fèro |
Coronille à tige de jonc (Coronilla juncea), arbrisseau de Provence et du Languedoc (famille des légumineuses). |
Girelié, girellié |
Sorte de nasse, adaptée à la prise des girelles. |
Girelle |
(Prov. girello) Poisson de la famille des labridés, atteignant 15 à 25 cm, aux couleurs très vives et très jolies, très commun en Méditerranée (Julis vulgaris). Peut désigner, de façon péjorative, une personne dégingandée, une grande imbécile, ou simplement une compagne : « Il est arrivé avec sa girelle ». |
Giscler |
Gicler, jaillir, éclabousser. « Ce raisin, quand on le croque dans la bouche, il giscle ! ». |
Gisclet |
Petit jet et, par extension, homme maigre, petit, fluet. Le qualificatif gisclet tète-garri s'applique à un petit enfant qui se prend pour quelqu'un alors que, littéralement, il est encore suffisamment petit pour téter les rats. |
Glaire |
Blanc d’œuf, surtout cru. Mot français archaïque en ce sens, sous l' influence du provençal claro, même sens. Voir Roux. |
Gnotti, niotti |
Petits oiseaux (en termes de braconnage d'enfants ?), passereaux des toits, plus particulièrement le moineau commun ou tóulissié. |
Gobi |
En français gobie (n.m.), petit poisson du littoral marin, sorte de goujon de mer, pouvant se fixer aux rochers par ses nageoires ventrales formant ventouse (genre Gobius, famille des Gobiidés). Comme il est immobile et mord très facilement à l'appât, on l'appelle aussi le poisson-couillon. Dans un tout autre registre, le gobi de brailles, c'est (très vulgairement) le membre viril (cf. aucèu, chichette, quico, quiquette, vié, vier). |
Gòbi |
Quand il fait froid, avoir les doigts gòbi, ou avoir lou gòbi, c'est avoir les doigts gourds, engourdis (prov. gòbi, gourd, engourdi par le froid). |
Goï, goie |
Boiteux, boiteuse. Pitchoune frumette que s'es marridade emé un goï (Femme courtaude qui s'est mariée avec un boiteux). |
Gonfle, gounfle, coufle (adj.) |
Enflé (J'ai le doigt tout gonfle !). « En cinq minutes, tu viens gonfle : ça, c'est la bubonique » (H. Raymond, Pétanque de Toulon). A également le sens de : gonflé, repus (N'en sièu gounfle, j'en ai tout mon soûl). Et aussi celui de : très affligé, au bord des larmes (Ero gounfle, elle avait le cœur gros). |
Gonfler |
Tu me gonfles ! : Tu m'énerves ! Tu me fatigues ! Tu me saoules ! |
Gouttes (faire des) |
Faire une petite pluie. « Mets ton imper, je crois qu'y fait des gouttes ». (cf. il fait des blin-blin). |
Gouvèr |
Économie domestique, soin d'un ménage. Le dicton populaire : « De placards dubert, de marrit gouvèrs » stigmatise une maison où l'on néglige de refermer les portes des placards, témoignant d'un ménage mal tenu. |
Grafigner |
Égratigner, érafler (prov. grafigna). [A noter que le mot graffigner appartient aussi à l'argot français, mais signifie alors empoigner quelqu'un, ou voler quelque chose]. |
Grain |
Morceau (de sucre). « Je te mets un grain de sucre dans le café ? ». |
Grain de sel |
Lorsqu'un enfant s'amusait à courir après des pigeons pour essayer de les attraper (sans jamais y parvenir), on lui disait autrefois : « Pour attraper un pigeon, il faut lui mettre un grain de sel sur la queue, c'est radical ! ». On peut l'interpréter comme quelque chose d'impossible à réaliser. En effet si on était capable de mettre un grain de sel sur la queue de l'oiseau en question c'est qu'on était en mesure de l'approcher de très près, donc de pouvoir s'en saisir. « Ce raisonnement cartésien déplaisait à mon grand-père qui s'évertuait à vouloir me faire croire aux vertus anesthésiantes ou paralysantes du grain de sel posé précisément sur la queue du volatile ! » [Explication fournie par Serge Malcor]. |
Grame (n.m.) |
Chiendent (Cynodon dactyle), plante de la famille des graminées. Un ródou de grame (un endroit infesté de chiendent). Deraba lou grame (arracher le chiendent). |
Grapette |
Le plus précieux de tous les engins de l'aubijaïre : c'est un engin métallique à dents recourbées en forme de main, fixé à l'extrémité d'une perche en bois qui permet un grand nombre de prises à la surface des fonds ou même en profondeur. |
Gratons |
Au jeu de boules, petites pierres qui freinent ou font dévier une boule. « Gu, allez ah, sois brave ! lève-moi les gratons, que je risque de faire un nari !... ». Au contraire, quand on sent qu'on a pointé trop fort, on dit « gratte ! gratte ! » dans l'espoir que sa boule va passer sur des gratons et être ainsi freinée... |
Gratter |
Utilisé improprement pour démanger, c.a.d. avoir une irritation qui donne envie de se gratter. « J'ai le genou qui me gratte ». |
Gratto cuou |
Gratte-cul, fruit de l'églantier (Rosa canina), famille des rosacées. |
Grattué |
Avoir la grattué : avoir une crise de démangeaisons (prov. grata, gratter). Voir aussi la maxime : trop parler nuit, trop gratter cuit ! ou l'expression vulgaire : « Que veux-tu que je fasse ? Mi grata lou davans dei cambes ? ». |
Gravette (n.f.) |
Gravier fin, utilisé notamment dans le béton (prov. graveto). |
Grégaou, grégal |
Vent agréable qui vient d'Est à Nord-Est et dure parfois plusieurs jours, ainsi nommé ainsi parce qu'il souffle en Provence du côté de la Grèce. On le nomme aussi galerne. (cf. montagnero, tramontano). |
Grenadive |
Sorte de pomme de terre tardive, qu'on peut encore récolter comme pomme de terre nouvelle en début d'hiver [on disait aussi retardive]. Dans Lou tresor dou Felibrige, Frédéric Mistral assimile granadivo à renadivo, qui signifie remontant, tardif, qui repousse dans l'arrière-saison. Une cebo renadivo est un oignon remonté. |
Grinchou |
Avare, radin (cf. rapia, rascous, raspi, rastègue). |
Gros |
Employé dans la formule le gros de..., gros a un sens de superlatif, attaché à un substantif : « Maintenant, on a passé le gros de l'été ». Gros peut être également employé dans le sens de très : « On vous voit toujours en train de passer la pièce. Vous êtes une grosse propre ! » |
Grueilles |
Déchets de table (De grueio : enveloppes des fruits, tégument, écale, gousse, écorce). |
Grupi |
Râtelier des vaches, mangeoire pour les animaux. On crie familièrement : « A la grupi ! » pour appeler le reste de la famille à venir prendre le repas. |
Guère |
De guère un peu : Renforcement de l'expression de peu, de justesse. « De guère un peu, il me clavait le doigt ! ». |
Guercho, guincho |
Bigleux, qui louche, qui a un strabisme (prov. guercho, guènche) (cf. lucre). |
Guignole |
Guignol. |
Guincher |
Lorgner avec curiosité, guigner, cligner de l'œil (prof. guincha, dont le sens diffère de guincher, terme français du langage populaire qui signifie danser). |
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Jean-Claude Autran 2021